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    La Libération (des autres) et l'après-guerre …

     

    La guerre …

    Sa rencontre avec Jean DelannoyJean Delannoy fait naître chez Mireille Balin l'espoir d'une nouvelle carrière, et si «La Vénus de l'or» (1938) ne laisse pas un très grand souvenir, «Macao, l'enfer du jeu» (1939) lui donne une nouvelle occasion de croiser le fer et les feux d'un amour impossible avec celui qui est devenu son ami, Erich Von Stroheim.

     

      

      

    Mais, au moment de sa distribution, en 1940, le film sera interdit dans les salles parisiennes par les autorités devenues allemandes.

      

    Refait avec Pierre Renoir, il dut attendre la Libération pour pouvoir être distribué dans sa version originale.

     photo mireille_balin_gueule_damour-01.jpg

     

    Le 1er septembre 1939, jour de l'ouverture de ce qui aurait dû être le premier Festival de Cannes, les Allemands envahissent la Pologne et la manifestation culturelle est interrompue.

      

      

    Après un passage par Paris, Mireille Balin tourne à Rome un film réalisé par Augusto Génina, «Le siège de l'Alcazar», une oeuvre

      

    commandée par Le DuceLe Duce, en hommage aux combattants franquistes espagnols.

     

    L'Armistice signé, l'actrice rejoint son amant corse à Catari où, lassée d'une liaison désormais sans surprise, elle ne tardera pas à lui signifier son congé (septembre 1941).

      

    Dans Paris occupée, cherchant peut-être à retrouver les fastes d'antan, elle fréquente assidûment les soirées de l'Ambassade d'Allemagne.

      

    Lors d'une réception chez l'ambassadeur Otto AbetzOtto Abetz, elle fait la connaissance d'un officier viennois un peu plus jeune qu'elle, Birl Desbok.

      

    Très rapidement s'ébauche ce qui n'allait pas tarder à devenir une liaison passionnée.

      

    Mais s'afficher au bras d'un officier ennemi n'est jamais sans conséquence, et vouloir ignorer les événements politiques ressemble davantage à une politique que l'on attribue plus facilement aux autruches qu'aux vedettes de cinéma.

     

    Mireille Balin a beau tourner «La femme que j'ai le plus aimée» (1942), désormais cataloguée comme une collaboratrice, elle l'est de moins en moins …

      

    Enfermée avec son nouvel amant dans une passion qui ne pouvait trouver d'autre issue que dans une “fuite en avant”, elle choisit de prendre ses distances avec le cinéma , une fois ses derniers contrats honorés.

     

     

    Parmi ceux-ci, «Dernier atout» (1942), lui laisse un souvenir agréable dont le point d'orgue est sa rencontre avec le metteur en scène

     

    Jacques BeckerJacques Becker, qui l'aide à apprivoiser ce qui demeure l'une de ses meilleures interprétations. Plus belle sera la chute : définitivement retirés à Catari, Mireille et son officier de la Wermacht, ne s'autorisant que quelques rares escapades parisiennes, se coupent du monde …

     mireillebalin.jpg

    Le 25 août 1944, Paris est libéré.

      

    Mireille et Birl tentent de rejoindre la frontière italienne, espérant se réfugier au Moyen-Orient.

     

    Le 28 septembre 1944, ils sont repris par un groupe de partisans FFI.

      

    Séparée de son amant, la jeune femme, battue et violée, échoue à la prison de Nice.

      

    Nul ne sait ce qu'il est advenu de Birl Desbok.

     

    Rapatriée à la prison de Fresnes, Mireille Balin est interrogée.

     

    Sa libération, en janvier 1945, laisse penser que l'on ne put lui reprocher que sa liaison sentimentale avec un officier d'une armée devenue ennemie et sa participation au film de Genina.

     

      photo mireille_balin_gueule_damour-08.jpg

    Mais, en 1945, cela n'était pas une broutille.

      

    Recluse dans son appartement de l'avenue d'Iéna, contrainte à vendre les derniers objets de valeur qu'il lui restait, abandonnée de (presque) tous, elle ne tarde pas à s'adonner à la boisson.

     En 1946, le réalisateur Léon Mathot tente de remettre sa carrière en route en l'engageant pour son film «La dernière chevauchée».

      

    Mais l'actrice, traumatisée par tant de souffrances, n'est plus que l'ombre d'elle-même.

      

    Le cinéma fait désormais partie de son passé …

     

    Poursuivie par le fisc, elle doit vendre Catari et son appartement parisien.

     

      

    Désormais locataire d'une petite villa cannoise, elle est successivement victime d'une congestion cérébrale, d'une méningite, de la fièvre de Malte … avant de connaître des troubles de la vision.

     

     

    On lui connaît au moins cinq liaisons :

    1. Le boxeur poids mouche Victor Younki, dit Young Perez, plus jeune champion du monde tunisien, né le 18 octobre 1911 dans le quartier juif de La Hara à Tunis, déporté en tant que juif, tué lors de l'évacuation du camp d'Auschwitz.

    1. Raymond Patenôtre, député, ministre et patron de presse. Il la couvrit de bijoux, mais elle refusa toujours de l'épouser.

     

    1. Jean Gabin, si leur relation fut éphémère, leur duo dans Gueule d'amour et Pépé le Moko est resté légendaire.

     

    1. Tino Rossi, une grande passion enflamma ces deux êtres, sans les emmener jusqu'au mariage. Ils se quittèrent en septembre 1941.

     

    1. Birl Desbok, officier dans la Wehrmacht, son dernier compagnon qui l'accompagna dans sa fuite tragique.

     

     

    En 1957, elle s'installe à Paris, auprès d'une cousine accueillante.

      

    Mais, celle-ci périssant dans un accident d'avion, la voici de nouveau à la rue.

      

    Sauvée de la misère grâce à l'intervention de l'association La roue tourne,

    fondée par Paul Azaïs pour venir en aide aux vieux comédiens nécessiteux, elle vit ainsi plus d'une dizaine d'années dans une quasi solitude.

     

     

     

     

    Le 9-11-1968, sous le regard ému de Paul Azaïs, la dame qui fit

    sortir Pépé le Moko de la Casbah et battre le cœur

    de Lucien Bourache / Gueule d'Amour décède à Clichy-La-Garenne

    (Hauts-de-Seine), dans l'oubli général.

      

    Sa dépouille repose au cimetière de Saint-Ouen, dans la même tombe que celle

    de Jean TissierJean Tissier, financièrement érigée par Tino Rossi.

     

    Elle repose maintenant au cimetière de Saint Ouen, carré 31, et depuis 1973 elle n’est plus seule.

      

    Triste histoire, n’est-ce pas ?

     

    Un livre a été publié sur la vie de cette actrice.

     

    Il s’agit de

      

    « Mireille Balin ou la beauté foudroyée» paru aux Éditions de la Manufacture en 1989 et écrit par Daniel Arsand. Hélas, ce livre est devenu introuvable !

     

     

     Mireille Balin

     

     

    Sources : biographie de Daniel Arsand,

    «Mireille Balin ou la beauté foudroyée», parue aux édition La Manufacture (1989), documents personnels, plusieurs images glanées çà et là, dans divers ouvrages ou sur la toile, au cours de nombreuses années de vagabondage, et dont je n'ai pas toujours gardé trace de l'origine.

     

     

      photo mireille_balin-05.jpg

     

     http://kebekmac.blogspot.fr/2013/11/gremillon-1937-gueule-damour.html

     

     

     

     

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    Enquête sur un tabou la collaboration «horizontale»

     

    “Tondues un jour, meurtries toujours” s’inscrit dans une démarche qui est la mienne depuis de nombreuses années.


    Si la Libération fut un moment de joie intense pour les français, elle fut également le théâtre de ce que l’on a appelé l’épuration sauvage.

     

    Les années 1940-1945, années érotiques ?   

    Patrick Buisson a osé.

     

     

     

    Et il a convaincu, l'an dernier, avec Vichy ou les infortunes de la vertu (Albin Michel).

      

    Le directeur général de la chaîne Histoire et conseiller écouté de Nicolas Sarkozy poursuit aujourd'hui sa lecture historico-libidinale de l'Occupation, avec De la Grande Prostituée à la revanche des mâles, second tome de son diptyque, dont L'Express publie des extraits en avant-première.

     

     

     

    Il y est surtout question de ce qu'il est convenu d'appeler la «collaboration horizontale».

      

    (j'ajoute - que certains Hommes nous parlent de leur PERE...

    qui sous l'occupation ont été pire que ces femmes ! )

     

     

     

    Celle de vedettes comme Arletty, bien sûr, mais aussi et surtout celle, plus anonyme, de toutes ces adolescentes ou femmes mûres des villages de France à l'heure allemande.

      

    Sans manichéisme, Patrick Buisson en dévoile l'ampleur et les ressorts cachés, ainsi que le sort, souvent tragique, qui sera réservé à ces «embochies» à la Libération.

     

    Elles se croyaient amoureuses, elles sont soudain «collabos».

     

    Donc tondues.

     

    " les salopes"

    diront certains hommes, et

    surtout les femmes !

     

    FEMME_TONDUE 

     

    Dans une langue charpentée et chatoyante, toujours portée par des exemples éloquents, l'auteur n'hésite jamais à pointer les paradoxes de cette époque trouble, fussent-ils

     

    «historiquement incorrects»

     

    ainsi, c'est Vichy qui a légalisé les maisons closes en France, mais c'est, selon lui, la Résistance qui aurait parachevé le «redressement moral», en stigmatisant publiquement les femmes fautives d'avoir couché avec les «Boches».

     

    Dérangeant mais passionnant. Jérôme Dupuis

     

     

    La «haute» tient salon


    Au sommet de la pyramide des vanités trône la Franco-Américaine Florence Gould, à qui échoit le rayonnement sinon la sagesse du sphinx.

      

    Epouse du milliardaire des chemins de fer Frank Jay Gould, qui pousse le tact et la bonne éducation jusqu'à ne jamais l'encombrer de sa présence, Florence possède au plus haut point l'art de composer une table - la sienne, somptueuse, fait fi des restrictions - et de réunir autour d'elle cette petite coterie qui se reconnaît, par-delà les frontières, dans une internationale du goût et de l'esprit, se coopte et pratique intellectuellement une stricte endogamie.

      

     

     

    Les «jeudis» de Florence, qui se tiennent d'abord à l'hôtel Bristol, puis dans son fastueux appartement du 129, avenue Malakoff, rassemblent la fine fleur parisienne des arts et lettres et de l'intelligentsia francophile d'outre-Rhin, représentée notamment par le capitaine Ernst Jünger, le lieutenant Gerhard Heller, maître censeur de la Propagandastaffel de Paris, et le journaliste Friedrich Sieburg. [...]

     

     

     

    A deux reprises au moins, pour ce qu'on en sait, Florence a mis bas les armes.

    Une première fois devant Ludwig Vogel, un major de l'armée de l'air, robuste gaillard de 30 ans, ingénieur de l'aviation et pilote hors pair. Pour plus de commodités, il s'installera dans un immeuble contigu à celui de sa maîtresse. [...]

      

    Le second béguin - par ordre chronologique - de l'insatiable Florence n'est autre que le capitaine Ernst Jünger, la coqueluche des salons parisiens.

     

    C'est Gerhard Heller qui, le 28 mars 1942, a introduit l'auteur d'Orages d'acier dans le sanctuaire du Bristol et l'a présenté à Florence.

     

     

      

    La milliardaire fantasque et le héros de la guerre de 1914-1918, qui porte, ce soir-là, son uniforme de capitaine, ont exactement le même âge. Le port aristocratique de Jünger, droit dans ses bottes sans être pour autant figé par la raideur prussienne, son regard plein d'intelligence et de curiosité, sa culture prodigieuse impressionnent vivement la dame des «jeudis».

     

     

    Mireille Balin, de Tino Rossi à un jeune officier du Reich


    Mireille Balin, vedette consacrée depuis cette année 1937, s'est imposée à l'écran dans trois grands succès populaires consécutifs: Naples au baiser de feu, Pépé le Moko et Gueule d'amour.

     

    Sage et fidèle fiancée de Tino Rossi, campant un chanteur napolitain dans le premier de ces trois films, elle incarnait à l'opposé, dans les deux autres, des figures mythiques de la garce au côté d'un Gabin que le cinéma faisait apparaître pour la première fois sous les traits d'un héros tragique, vaincu par le sort. [...]

      

    Il n'est pas indifférent que Mireille Balin ait été successivement, à la ville comme à l'écran, la maîtresse de Jean Gabin et de Tino Rossi, autrement dit des deux vedettes masculines les plus adulées du public de l'époque, incarnant jusqu'à la caricature les pôles les plus extrêmes de la séduction à la française. [...]

     

    A l'automne 1941, lors d'une réception à l'ambassade d'Allemagne, Mireille fait la rencontre d'un jeune officier viennois, Birl Desbok : une prestance qui en impose au premier coup d'oeil, une aisance qui désarme ses interlocuteurs, en rien nazi mais un amoureux inconditionnel de l'idée qu'il se fait de la grandeur allemande, musicien et raffiné comme il se doit. Il est en outre célibataire et riche.

    Au bout de quelques semaines, il est devenu impossible d'ignorer leur liaison.

     

     

    Elle l'exhibe comme un trophée sexuel, ( expression masculine )

     

     

    il l'escorte comme une icône érotique, un pas en arrière, toujours impeccablement sanglé dans son uniforme. ( expression de l'auteur )

     

    Pas une création théâtrale, pas une table prestigieuse où elle ne s'affiche en sa compagnie.

      

    En janvier 1942, au théâtre des Champs-Elysées, lors de la représentation de Jeanne avec nous, une pièce de Claude Vermorel, l'entrée du couple fait se retourner les spectateurs de l'orchestre.

      

    Les noceurs plus blasés n'ont pas la même curiosité lorsque l'actrice et son sigisbée font leur apparition, toujours vers la même heure, Chez Eve ou au Grand Jeu, Chez Shéhérazade ou au Tabarin.

      

    Au petit matin, ils rentrent dans le superbe appartement de l'avenue d'Iéna, avec vue sur la Seine, qu'elle a acheté après que celui qu'elle occupait, boulevard Suchet, eut été réquisitionné par les Allemands.

     

     

    Un mâle chasse l'autre


    Femme de ménage, bonne à tout faire, fille de salle, cuisinière, lingère, institutrice, infirmière, demoiselle des Postes, hôtelière, commerçante, vendeuse, femme de prisonnier, lycéenne exaltée, gamine perverse: elle a mille visages mais une seule figure.

     

    Elle est celle qui couche avec l'ennemi.

      

    Le langage populaire n'est guère plus clément, qui parle de «saucisses» pour désigner les compagnes d'Allemands.

      

    Autrement dit encore une fois: de la chair à plaisir, un simple objet de consommation sexuelle, rien d'autre. [...]

      

    Entre 500 000 et 1,2 million de soldats allemands stationnent en France selon les périodes.

     

    Le pic est atteint au début de l'année 1944 avec la concentration des troupes d'opération destinées à contenir un débarquement allié dont tout laisse présager l'imminence.

    A ses débuts, la collaboration horizontale est donc moins affaire d'alchimie que d'arithmétique.

     

    [...] L'histoire de Ginette S., 30 ans, qui tient boutique dans un petit village de la Manche, illustre bien le fil en aiguille de ces rapports qui, insensiblement, jour après jour, glissent d'un domaine à l'autre, mélangent progressivement les genres et finissent au bout du compte par faire tomber les tabous et les inhibitions:

      

    «On s'est rencontrés à la boutique, c'était en 1942.

      

    Y venait avec les autres m'acheter de la marchandise.

      

    Son cantonnement se trouvait de l'autre côté de la place, je l'voyais souvent. J'avais bien remarqué qu'y m'regardait gentiment. Un jour, y me demande des allumettes. J'en avais plus qu'une boîte.

     

    Je lui ai dit: "Je les vends pas, je les donne... une par une! " Alors, chaque fois qu'il voulait s'en allumer une, y venait me voir. Y avait que la place à traverser...

      

    Au début, on se parlait presque pas, vu qu'y savait pas le français et moi, pas l'allemand. Mais quand on veut, on peut. J'avais fait quelques études dans le but de devenir professeur de mathématiques. Lui aussi, probablement.

      

    Au début, on faisait des maths ensemble en baragouinant.

    C'est comme ça qu'on s'est aimés et qu'on a décidé de se marier.»

     

    [...] Le cas de Micheline Bood, 15 ans en 1941, est autrement plus grave et symptomatique. Les Allemands qui peuplent sa vie affective ne sont ni des créatures oniriques ni des êtres idéalisés, juste des garçons un peu plus âgés qu'elle et qui ont l'incomparable attrait du fruit défendu. Elle aussi déteste par principe le «Boche» qu'elle s'est longtemps représenté sous les traits d'un reître.

     

    Au lycée Racine, elle s'affiche comme une gaulliste active, autant par conviction que par bravade.

     

    Par un après-midi de février 1941, deux camarades de classe l'entraînent à la piscine Neptuna du boulevard Poissonnière qui fait face au Rex, transformé en Soldatenkino.

    Ce qu'elle y découvre - un essaim de jeunes filles en apnée dans un océan de blondeur teutonne - heurte à la fois sa pudeur et son sens patriotique.

     

      

      

      

    Mais l'ambivalence se lit déjà entre les lignes de son journal intime:

      

    «Autour de nous, nous voyons: deux femmes, qui n'ont qu'un slip et un mouchoir tout à fait transparent en guise de soutien-gorge, dans les bras de deux Boches... si ce n'est trois.

      

    Deux autres individus s'embrassent sur le bord. A côté d'eux, une femme déguisée en zèbre est tendrement dans les bras d'un autre Boche, qui la laisse tout à coup tomber dans l'eau au milieu des rires de l'assistance.

      

    Un maillot de bain rouge qui a une tête de singe est assis à côté d'un jeune Boche, très bien celui-là, mieux qu'elle en tout cas. Elle lui parle de très près, et soudain lui colle sur la bouche un long baiser. Il a l'air un peu dégoûté, le Boche.

      

    Alors, elle en entreprend un autre, placé tout près d'eux.

     

    Derrière le dos du premier, la voilà qui l'embrasse.

    Et personne n'a l'air de trouver ces manières étonnantes! Je dis à Yvette:

      

    "Ce n'est pas une piscine, c'est un..." (je me comprends mais je respecte mon journal).»

     

    L'ultime âge d'or des maisons closes


    Confrontés à un développement massif de la prostitution lié à l'anomie de guerre, les hommes de la Révolution nationale, faute de pouvoir s'attaquer aux causes sociales et morales du mal, se préoccupent surtout d'en circonscrire les effets.

      

    Favoriser la prostitution close, plus facile à contrôler du point de vue sanitaire, c'est d'abord satisfaire aux exigences hygiénistes des Allemands, qui entendent limiter les relations sexuelles de la troupe aux seules maisons de tolérance.

      

     

     

    Philippe Pétain ne sera pas le plus difficile à convaincre.

    Militaire (très) longtemps célibataire, il ne conserve, à titre personnel, que de bons souvenirs des maisons qui ont jadis égayé sa vie de garnison.

     

     

      

    Ne dit-on pas qu'il en fit découvrir les joies au jeune lieutenant de Gaulle ? C'était avant 1914.

     

    [...] En lieu et place de l'ordre moral tant redouté, c'est la «divine surprise» d'une légalisation en bonne et due forme qui est bénévolement octroyée aux «tôliers».

      

    Le système, déjà impuissant en temps de paix à contenir la prostitution clandestine et à faire appliquer une stricte prophylaxie, n'ayant que trop montré ses limites, on le renforcera en l'adaptant aux circonstances. Tel sera l'esprit de l'arrêté du 23 décembre 1940 signé par le ministre de l'Intérieur, Marcel Peyrouton, véritable projet de statut officiel de la prostitution, allant de la fille publique à la pensionnaire des maisons.

     

     

    «Jamais, en France, les bordels n'ont été mieux tenus qu'en leur présence.»

      

    Ce constat de Fabienne Jamet, tenancière du One-Two-Two, nombre de tôlières ont dû y souscrire à l'époque, manifestant à l'égard des occupants une reconnaissance et une gratitude qui n'eurent d'égales que celles des pensionnaires des maisons. [...] Très prisé par cette pègre d'un nouveau genre, le One-Two-Two est un point de passage obligé dans le circuit de l'affairisme véreux.

      

    On y croise les Allemands des «bureaux Otto» et singulièrement le chef de cette centrale d'achats, Otto Brandl, dit «Otto», installé en France depuis septembre 1940 et devenu, au profit de l'Abwehr, le roi du marché noir parisien.

      

    Avec, dans son sillage, toute une faune cosmopolite, «une nouvelle génération d'hommes d'affaires», ainsi que la désigne pudiquement la tenancière du 122, rue de Provence, jouant le rôle d'intermédiaire entre les acheteurs allemands et les vendeurs.

      

    Quelques trafiquants de haut vol cherchent à s'ériger en protecteurs de la maison: Brennos, un Russe blanc qui vient là autant pour les facilités que procure la maison que pour les beaux yeux de la tôlière.

      

    Ou encore Frédéric Martin, alias Rudy de Mérode, alias von Montaigne, français de naissance mais agent allemand depuis 1933 et, pour l'heure, directeur de l'officine du 70, boulevard Maurice-Barrès, plus connue sous le nom de «Gestapo de Neuilly», dont la spécialité est la traque des communistes et l'extorsion de fonds.

      

    Mais les seigneurs des lieux s'appellent respectivement Mandel Szlolnikoff, dit «M. Michel», le plus gros fournisseur des Allemands, dont l'opulence ostentatoire s'accorde avec celle des lieux, et Joanovici, «M. Joseph», un ancien chiffonnier d'origine roumaine auquel les autorités d'occupation ont conféré le statut de «Juif économiquement précieux» (WWJ).

      

    Quand il ne trafique pas avec les bureaux d'achats allemands, «Joino» tient table ouverte, rue de Provence, pour la cour de ses obligés: hauts fonctionnaires, policiers, industriels, tous copieusement arrosés comme les repas qu'il y fait servir.

     

    Pourquoi tond-on?


    «Changeons, changeons. Qu'une chevelure impure abreuve nos ciseaux»

    (La République de Pau, 3-4 septembre 1944).

     

    Effacer la souillure. Les épurateurs changent, pas le projet hygiéniste.

    L'Etat français avait le sien.

     

    Au cours de l'été 1944, celui de la Résistance prend le relais.

      

    Le projet de «redressement moral» auquel Vichy aspirait, c'est finalement à la Résistance victorieuse qu'il revient de l'accomplir; tâche dont elle s'acquittera «virilement», dans un climat contagieux de violence guerrière. [...]

      

    Au moins 20 000 femmes furent tondues à la Libération, selon l'évaluation faite par l'historien Fabrice Virgili, soit environ 1 femme âgée de plus de 15 ans sur 1 000. [...]

     

    Afficher l'image d'origine

    En réalité, comme le précisera par la suite la Direction des affaires criminelles à la demande de certains préfets, aucun texte législatif ne permet de poursuivre du fait même de relations sexuelles avec les membres de l'armée allemande.

     

    [...] Exemplaire est à ce titre l'affaire de Mme Polge, épouse d'un footballeur bien connue à Nîmes.

      

    Devenue la maîtresse du commandant allemand de la place, qui arbore le patronyme authentiquement français de Saint-Paul et qui se réjouit de ce retour inattendu aux sources cévenoles de sa famille protestante, elle s'est servie de son influence d'alcôve pour monnayer de multiples services contre du ravitaillement.

      

    Son train de vie, l'un des plus fastueux de la ville, a déjà scellé son sort lorsqu'elle comparaît, le 22 septembre 1944, devant la cour martiale de Nîmes. Attiré par la personnalité de l'accusée, le public est venu en masse comme à une corrida. Voici ce qu'en rapporte Le Populaire du Bas-Languedoc, du Rouergue et du Roussillon, organe fraîchement issu de la Résistance:

      

    «Sait-on que Mme Polge a avoué recevoir tous les jours de Mme G., bouchère à La Placette, 1 kilo de viande, recevoir régulièrement 2, 3 litres de lait par jour, recevoir du commandant boche Saint-Paul, très régulièrement, et ceci deux ou trois fois par semaine, du gibier, se faire chausser, se faire coiffer sans qu'il lui en coûte 1 centime?

      

    Tout cela en récompense de certains services.

      

    Et pendant ce temps-là, la classe ouvrière et ses enfants crevaient de faim...»

      

    La peine de mort vient finalement sanctionner cette transgression patriotique dont on ne sait plus très bien ce qui, de la collaboration sexuelle avec l'ennemi ou de l'accaparement au préjudice de la collectivité, la caractérise au premier chef. Le 2 octobre est jour de carnaval funèbre dans la cité des Arènes.

     

     

    L' «arrogante» Mme Polge, après avoir été tondue, est promenée à travers la ville jusqu'au poteau d'exécution.

     

    Son cadavre, devant lequel défile une foule nombreuse, est couvert de crachats.

    Epilogue hautement symbolique: on lui fera subir les derniers outrages à l'aide d'un manche à balai.

     

    [...] Dans la plupart des cas, la tonte aura donc été un châtiment sexué, mis en oeuvre et exécuté par la Résistance locale.

     

    Son intégration au processus de libération est telle que l'ordre de raser les «embochies» constitue souvent la première décision des chefs de groupe FTP et FFI, soucieux d'imposer leur pouvoir par une démonstration de force et d'affirmer leur autorité auprès des populations fraîchement libérées.

      

    C'est ainsi qu'en Bretagne 80% des tontes recensées (217 sur 272) ont eu pour exécutants des hommes du maquis et de la Résistance militaire.

     

    [...] Les pièces de l'instruction ouverte à la suite d'une plainte déposée par deux victimes en Indre-et-Loire montrent bien dans quel cadre extrajudiciaire mais paralégal - entre châtiment et sanction - le processus des tontes a cherché à se situer dès les premières heures de la Libération. Le 2 septembre 1944, Blanche L. (50 ans), couturière, et sa fille Yvette (24 ans), employée de bureau, sont appréhendées par deux FFI en armes à leur domicile de Château-Renault.

    Sans ménagement, elles sont conduites à la salle des fêtes communale transformée en PC des FFI.

      

    Les rejoignent au fil des heures sept autres femmes du village arrêtées dans les mêmes conditions.

    Vers minuit, Blanche et sa fille comparaissent en compagnie des autres suspectes devant un tribunal de résistants.

     

    Blanche et sa fille sont accusées d'avoir ravitaillé deux Allemands.

     

    Les preuves à charge sont inexistantes, hormis le témoignage, cité au cours

    de l' «audience», d'un enfant de 9 ans qui a rapporté à son père des propos tenus par le mari de Blanche et celui, plus dérisoire encore, d'un voisin, Marcel P., qui a vu deux soldats allemands boire du rhum dans le jardin des L.

      

    Au matin, les deux femmes sont tondues par le coiffeur du village, membre des FFI, et promenées à travers les rues du village en compagnie de leurs soeurs d'infortune.

     

      

    Acte insensé voire téméraire dans ce contexte, les deux tondues déposent plainte le 10 octobre auprès de la gendarmerie de Château-Renault en désignant nommément l'artiste capillaire.

     

    Fait plus inouï encore, une enquête est diligentée et les chefs de la Résistance locale sont auditionnés dans les formes.

    Il en ressort que l'ordre d'arrêter les femmes ayant collaboré avec l'ennemi a été donné à tous les chefs de groupe par Marceau, de son vrai

    nom Marceau Monprofit, le commandant des FTPF d'Indre-et-Loire.

      


     

      

    http://www.lexpress.fr/culture/livre/1940-1945-annees-erotiques-de-la-grande-

    prostituee-a-la-revanche-des-males_823431.html#UP0G9KBu6jQAr1JG.99

      

     

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    Lacombe Lucien est un film français réalisé par Louis Malle sorti en 1974.

     

    En juin 1944, Lucien Lacombe retourne chez ses parents.

    Son père est prisonnier de guerre en Allemagne et sa mère vit avec le maire du village.

    Il demande à son instituteur, devenu résistant, d'entrer dans le maquis mais ce dernier refuse, le trouvant trop jeune.

    Lorsqu'il est arrêté par hasard, par la police, il dénonce son instituteur et rejoint alors la Gestapo française, corps auxiliaire français de la Gestapo, vivant la vie d'un agent de la police allemande.

     

    Durant la Seconde Guerre mondiale, Lucien Lacombe, un jeune paysan, cherche à entrer dans les rangs de la Résistance.

    Rejeté parce que considéré comme incapable, il accepte de jouer les mouchards pour une antenne française de la gestapo.

    Il mène une vie de prince jusqu'au jour où il livre aux ennemis le père de sa fiancée.

     

     

     

    Quelques scènes furent tournées à Figeac dans l'ancien hôtel du Viguier, rue Delzens.

     

      

    Il tombe amoureux d'une femme juive, France Horn.

    Lucien finit par s'enfuir à la campagne avec la jeune femme et sa grand-mère.

     

     

    Lacombe Lucien de Louis Malle, 1974, film franco-germano-italien avec Pierre Blaise, Aurore Clément, Holger Löwenadler, Stéphane Bouy, Jean Rougerie, Gilberte Rivet, Jean Bousquet, Pierre Saintons. durée: 138 minutes.

     

     

    Un film qui fait époque. Avant Lacombe Lucien le cinéma français avait littéralement inventé, et produit comme savonnette, le sous-genre Film de Résistance.

      

    Mais ce cinéma d’après-guerre, compensateur, réparateur, déculpabilisateur, véhiculait une imagerie héroïque cultivant faussement l’idée d’une généralisation de la sensibilité résistante au sein de la population française occupée.

      

    La traversée de Paris de Claude Autan-Lara (1956) avec Louis de Funès, Bourvil et Jean Gabin avait fait entendre le premier grincement cynique, grotesque, dérisoire et presque surréaliste sur toute cette période. On en reparlera certainement.

      

    C’est cependant Louis Malle qui, trente ans après la Libération, va introduire une nouvelle émotion, à la fois plus sincère, plus ambivalente mais surtout plus profondément douloureuse dans l’évocation des années de l’Occupation.

      

    Louis Malle avait douze ans en 1944.

      

    Pour lui, il l‘a dit souvent, l’occupation allemande fut le grand traumatisme de l’enfance.

      

    Cela dicte inexorablement une sensibilité toute nouvelle à la cinématographie et au traitement du drame français des années d’occupation. L’émotion, douloureuse et plurivoque, que Malle fera culminer avec Au revoir les enfants (1987), est intégralement introduite et campée dans Lacombe Lucien.

      

    Le public français de 1974 en restera bouche bée et le cri contradictoire de la bête blessée qui expie dans la douleur se fera alors entendre, dans la critique et dans le public. Encore aujourd’hui, un recul impartial s’impose face à ce cas problème artistique. Aussi, il était important d’installer Mademoiselle Lindsay Abigaïl Griffith de Milton (Canada) devant Lacombe Lucien.

      

    Née trois ans après la sortie de ce film, canadienne anglophone, cinéphile aguerrie s’asseyant pourtant, l’œil et le cœur purs, devant son tout premier film de Louis Malle, Mademoiselle Griffith se fit soumettre par la portion française de la compagnie de son cinéma de poche le dilemme suivant:

      

    À cause de l’irrésistible et mystérieux sentiment d’attachement que nous suscite le jeune collaborateur Lucien Lacombe, on accusa en son temps ce film de complaisance extrême-droitière. Une autre analyse suggère pourtant que c’est justement le charme ambivalent du personnage qui fait accéder le rejet du nazisme et de sa banalisation à un douloureux degré de profondeur critique, débarrassant la réflexion et l’émotion de son simplisme manichéen réducteur. Qu’en diriez-vous, vous qui incarnez la distance historique face à l’Occupation ?

    Mademoiselle Griffith prit sa mission avec sérieux et gravité et on s’installa. 

     

    1944. C’est le beau mois de juin et les anglo-américains viennent de débarquer dans le nord de la France. Mais le nord, c’est encore bien loin. Nous sommes dans la petite commune de Souleillac dans l’Aveyron. Nous la quittons à vélo avec Lucien et nous nous retrouvons à la ville (on ne précise pas quelle ville).

      

    Lucien Lacombe (joué par Pierre Blaise, une prestation purement magistrale), seize ans, récure les planchers d’un hospice. Taciturne, renfermé, déjà ténébreux, il parle peu. Le premier trait que l’on découvre de lui c’est qu’il a ce que les québécois appellent du visou. Il sait viser avec une arme. Il s’approche d’une fenêtre et terrasse à bonne distance un petit passereau jaune qui pépie dans un arbre, avec son lance-pierre.

      

    Moment suivant, le revoici au village, il prend le fusil de chasse de son père (prisonnier en Allemagne) et, malgré les protestations de sa mère (jouée brillamment par Gilberte Rivet) qui lui rappelle que c’est interdit, il part cartonner des garennes.

      

    Et il fait cartons sur cartons, quasi infailliblement.

      

    Il a vraiment du visou. On le voit casser le cou des garennes lardés de plomb qui frétillent encore. Puis on le voit caresser l’encolure d’un cheval mort que des paysans chargent sur une charrette. Puis on le voit casser le cou d’une poule et la plumer en compagnie des femmes du village.

      

    Louis Malle n’a pas lésiné sur la castagne animale en ouverture pour nous montrer en toute simplicité que cet enfant peut tuer froidement, comme n’importe quel paysan, probablement...

      

    Puis, on sent graduellement la frustration sourde de Lucien. Sa mère, qui ne sait pas si elle est vraiment veuve ou non, vit quand même en concubinage avec le patron de la ferme.

      

    On parle ici et là du maquis et Lucien sait que le point de contact avec les maquisards, c’est l’instituteur du village (joué par Jean Bousquet). Lucien lui apporte donc un gros garenne et lui demande l’autorisation de joindre la résistance.

    L’homme refuse, faisant valoir que c’est la vraie guerre là-bas et que Lucien est trop jeune.

      

    La réaction du jeune homme est insondable.

      

    Frustration, indifférence, timidité, continuité du désoeuvrement? Mystère.

      

    Lucien continue de faire la navette entre Souleillac et «la ville» mais bosser à l’hospice lui plait de moins en moins. Un soir, une crevaison sur sa bécane l’obligera à marcher des kilomètres et, fatigué, il transgressera involontairement le couvre-feu et s’approchera d’une étrange villa. Il vient de mettre le pied dans le quartier général de la gestapo locale.

      

    Il n’y a que des français. L’ambiance est aussi glauque que bon enfant et bizarroïde.

      

    On ouvre des piles de lettres de dénonciations (dont au moins une où l’auteur se dénonce lui-même), on procède à des tabassages scrupuleux, mais aussi, on joue au tennis de table, se fait couper les cheveux et on prend le petit déjeuner, le tout dans un décor somptuaire.

      

    Le tableau est surréaliste. Visiblement les gestapistes, des hommes et des femmes ordinaires, utilisent ce vaste domaine réquisitionné à la fois comme lieu de travail et de résidence.

    Lucien fait la connaissance de celui qui deviendra son futur chef, Monsieur Tonin (joué par Jean Rougerie), un policier dézingué pour extrémisme idéologique sous Léon Blum et ayant repris du galon sous Pierre Laval.

    Paterne, roublard, bonhomme, l’homme amène Lucien, comme en se jouant, à dénoncer l’instituteur de Souleillac comme tête d’un réseau de résistants. Encore une fois, les motivations de Lucien sont impénétrables. Mademoiselle Griffith grommelle, avec son joli accent:

      

    Ce n’est pas qu’il trahit par dépit. C’est qu’il déconne par manque de repères…

      

    Pendant qu’on amène et passe consciencieusement à tabac l’instituteur de Souleillac, deux gestapistes goguenards approchent Lucien et lui mettent un Luger allemand dans les pattes. Ils lui demandent alors de tirer sur un grand portrait du Maréchal Pétain.

    Lucien loge une balle sur le noeud de cravate, une balle sur le nez et une dans chacun des yeux du portrait du chef de l’État Français. Les gestapistes, qui croyaient impressionner un enfant en le faisant jouer du flingue, sont finalement plutôt admiratifs.

      

    Il a vraiment, mais vraiment du visou, ce garçon. Il n’en faut pas plus.

      

    Le voici, sans façon et sans cérémonie, comme si c’était un jeu, enrôlé dans la «police allemande». 

     

    Lacombe Lucien va se retrouver le sbire attitré d’un aristocrate facho, tranquille, longiligne et dédaigneux, le très drieux-larochellesque Jean-Bernard de Voisin (solidement campé par Stéphane Bouy).

      

    Luger au poing, ils vont œuvrer au démantèlement des réseaux locaux de résistance.

      

    Les miliciens qui les accompagnent portent des chapeaux criards, des costards voyants, des cravates à gros noeuds et des mitrailleuses en bandouillère.

      

    Il y a même parmi eux un noir, d’allure très duke-ellingtonesque (Hippolyte, joué avec élégance et classe par Pierre Saintons). Mademoiselle Griffith a alors ce mot: These so called German policemen look more like American gangsters than anything else…

      

    C’est l’idée de Malle, certainement, de montrer que l’occupant assoit son contact avec l’hinterland local en mobilisant des réseaux de malfrats…

    En suivant Jean-Bernard de Voisin dans tout son circuit de magouilles et de combines, Lucien va finir un beau jour par se retrouver dans une sorte de planque genre Annexe d’Anne Frank et y faire des connaissances qui vont enfin faire bouillonner quelque émotion en lui.

    Le récit prend alors toute sa formidable ampleur. Monsieur Albert Horn (campé, dans une prestation absolument extraordinaire, par l’acteur suédois Holger Löwenadler) est un riche tailleur parisien qui sa cache en compagnie de sa mère et de sa fille et espère passer en Espagne (l’Espagne franquiste est «neutre», c’est déjà un peu moins dangereux pour les réfugiés juifs que la France directement occupée).

      

    Jean-Bernard de Voisin extorque petit à petit le riche tailleur en lui faisant miroiter non pas des châteaux mais des refuges en Espagne. Monsieur Horn parle français avec un fort accent mais s’enorgueillit du fait que sa fille (jouée superbement par Aurore Clément) est une vraie française. Sa fille s’appelle d’ailleurs France

      

    Une relation complexe, désaxée, biscornue et douloureuse va alors s’établir entre Albert Horn, France Horn et Lucien Lacombe. C’est le tailleur qui la résumera un jour en disant : Malgré tout, je n’arrive pas à complètement vous détester. Le contraste entre ce jeune homme non dégrossi mais plénipotentiaire, et ces deux bourgeois, raffinés mais complètement aux abois, est saisissant, désarmant, paniquant, terrible. Lucien fait la cour à France et, là aussi, ça déconne complètement. Elle finit par se donner à lui parce qu’elle en a marre d’être juive.

    Ces moments sont époustouflants, extraordinaire, hallucinants, maximalement déroutants.

    Et ici je vais faire une chose que je ne fais pas souvent. Je vais renoncer à vous les résumer.

     

    C’est tout simplement qu’il faut les voir. Il faut s’imprégner de cette cuisante et déroutante ambivalence.

    Il faut aller là où Louis Malle nous entraîne avec ce remarquable quatuor d’acteurs. 

    Un texte discret en point d’orgue du film nous signale que Lucien Lacombe fut éventuellement capturé et fusillé après la libération du sud de la France. Bilan de Mademoiselle Griffith (

    je traduis).

    Le personnage est effectivement ambivalent. Il tue des animaux, abuse de son pouvoir policier, se vautre dans sa petite puissance de toc mais aussi, il est gentil et doux avec sa mère, aime France sincèrement et n’est pas exactement antisémite (il ne comprend rien à tout ce charabia doctrinal obscurantiste et s’en fiche totalement).

    Bon, fondamentalement, il n’est pas sympathique et je ne suis pas d’accord avec ceux qui auraient prétendu qu’il l’était. Il est et reste suprêmement odieux et exécrable, pas parce que c’est un nazi sectaire, comme le sont certains des gestapistes «théoriciens» qu’il côtoie dans cette«police allemande» si franco-française, mais parce que c’est un nazi bête et un enfant dérouté, privé d’une figure paternelle vraiment responsable.

    Ce qu’on nous apprend ici, c’est que le nazisme s’empare de jeunes gens ignorants comme Lucien et, jouant de leur fibre violente tout en les maintenant dans leur infantilisme, endoctrine leur action et meuble leur esprit de sornettes nocives sans les éduquer. Ils sont alors comme des chiens mal entraînés et conséquemment sourdement incontrôlable.

    C’est époustouflant de profondeur et de vérité Il n’y a absolument rien de pronazi là dedans. Je seconde totalement ce commentaire. Trente ans séparent Lacombe Lucien des événements qu’il évoque. Trente-cinq ans le séparent désormais de nous.

      

    Le film n’a pas pris une ride. Sa réflexion est sublimement actuelle, intemporelle en fait.

      

    Tant pour sa qualité artistique, sa cinématographie superbe, sa direction d’acteur magistrale que pour la force d’évocation du drame qu’il impose à notre devoir de mémoire, il est indubitable que Lacombe Lucien est un des chef-d’œuvres du cinéma français.

     

     Paul Laurendeau
    mai 2010

     

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    Félix-Victor-Henri Martin, dit le « Docteur Martin », était un médecin et militant nationaliste français, né en 1895, décédé en 1969.

     

    Martin Félix
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    Ancien interne des hôpitaux, le docteur Martin avait combattu volontairement au front pendant la Grande Guerre.

      

    À la fin du conflit, il devient médecin spécialiste des voies respiratoires à la Salpetrière et aux enfants malades à Paris, puis ouvre son propre cabinet.

      

    Dans les années 1920, il est membre de l'Action française de Charles Maurras, et est le secrétaire général adjoint de la Ligue d'AF dans la région parisienne.

      

    Il en fut exclu en 1929 pour avoir soupçonné Pierre Lecœur, rédacteur au journal monarchiste, d'être un indicateur de la police.

      

    Ce départ coïncida de peu avec celui des frères Claude et Gabriel Jeantet. Après avoir été le conseiller de Henri Dorgères, le dirigeant du mouvement paysan des « chemises vertes », il est en 1935 l'un des fondateurs de CSAR, organisation nationaliste clandestine plus communément appelée La Cagoule, dirigée par Eugène Deloncle.

      

    Celui-ci le charge du 2ème Bureau, c'est-à-dire les services de renseignements de l'organisation, et son surnom est alors « le Bib ». Son travail consistait à mener des filatures, répertorier des information personnelles et établir des fiches sur les adversaires politiques de la Cagoule.

     

    En 1937, tandis qu'une rafle frappe les membres de la Cagoule, il réussit à s'enfuir avec Jean Filliol, et s'exile à San Remo en Italie, accompagné de sa femme et de ses enfants. Suite à une grâce d'Édouard Daladier, il revient en France pour devenir capitaine médecin à l'hôpital de Bicêtre.

      

    Après la défaite de 1940, il participe aux Groupes de Protection (GP), une organisation dépendant du Centre d'informations et d'études (CEI) de François Métenier et du colonel Groussard.

      

    Saluant l'arrivée au pouvoir du maréchal Pétain, mais hostile à toute forme de collaboration (elle épiait notamment les agissements de la Gestapo et des autorités militaires allemandes), elle regroupait majoritairement d'anciens cagoulards.

      


    En décembre 1940, dans le fil de son antigermanisme, il monte l'opération visant à enlever Pierre Laval, jugé trop proche des Allemands.

      

    Laval est libéré peu après par Otto Abetz, tandis que le CEI et les GP sont dissous peu après (même s'ils continuaient à fonctionner officieusement).

      

    Arrêté en mars 1942, il est transféré à Castres, Vals, puis Évaux-les-Bains, où il rencontra notamment Roger Stéphane, dont il fut l'ami malgré leurs divergences politiques.

      

    Après s'être évadé, il rejoint le maquis et le « réseau Roy », participe à la libération de Lyon, et s'engage dans la Septième Armée du général Alexander Patch, où il accomplit plusieurs missions spéciales et dangereuses en Alsace et sur le Rhin.

    Lors du procès de La Cagoule en 1948, le docteur Martin est condamné à une peine de déportation, qu'il n'accomplira pas, étant de nouveau en cavale. Il reprendre ses activités clandestines, désormais contre La IVème République pour le maintien de l'Algérie française.

      

    Il participe dans les années 1950, avec les généraux Lionel-Max Chassin et Paul Cherrière, à l'organisation appelée « Grand O », active de 1954 à 58.

      

    En juin 1957 à la gare Saint-Lazare de Paris, il est arrêté par la police.

      

    Considérant qu'il ne constitue pas une menace pour le régime, il est mis en liberté provisoire en novembre. Après le premier putsch d'Alger, dont il est l'un des instigateurs, il rejoint le Mouvement populaire du 13 mai, dit MP-13.

      

    Collaborateur au journal Salut public de l'Algérie française), organe du MP-13, il est le conseiller de Robert Martel, avec lequel il finit par se brouiller.

     

    Proche de l'Organisation armée secrète (OAS), il est à nouveau recherché pour sa participation à la « Semaine des barricades » à Alger en janvier 1960, puis, encore une fois, pour son rôle dans le Putsch des Généraux du 23 avril 1961.

      

    Cette fois, son anti-gaullisme ne lui est pas pardonné : arrêté pour de bon, il est condamné à 10 ans de travaux forcés en octobre 1963 par la Cour de sûreté de l'État.

      

    Il est décédé le 6 juin 1969 à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, où il avait été mobilisé en 1939 comme médecin. Il est le père de Danièle Martin, journaliste au bimensuel nationaliste Monde & Vie et veuve de Pierre de Villemarest.

      

    Le parcours d'Henri Martin reste un symbole de l'activisme politique, ayant passé la totalité de sa vie dans une semi-clandestinité, et étant l'une des rares personnes à avoir été traquées par la police sous quatre régimes différents.

     

     

    Publié dansPersonnalités Politiques, Officiers SS et Collaborateurs

     

     

    SOURCES

    http://la-loupe.over-blog.net/article-martin-felix-39914056.html

     

     

     

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    Légion nord-africaine

    Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
     
        

    La Légion nord-africaine (LNA), ou Brigade nord-africaine (BNA), ou Phalange nord-africaine (en Dordogne), était une unité de collaboration paramilitaire opérant pour le compte de l'Allemagne nazie pendant la

     

    Seconde Guerre mondiale.

    Elle ne doit pas être confondue avec la Phalange africaine.

     

    EN  FRANCE  des maghrebins ont collaboré avec les nazis. en 1943 le nationaliste algérien mohamed el-maadi fonde la brigade nord-africaine avec henri lafont, composée de musulmans recrutés parmi les arabes présents en france en particulier en région parisienne. ils etaient 300 membres organisés en 5 sections.

      

    En juillet 1944 la troupe se disperse et certains membres suivent mohamed el-maadi en allemagne, d'autres rejoignent la ss freies indien legion, unité de volontaires indiens de la Waffen-SS.

     

     

    Histoire

    La Légion nord-africaine est créée au début de l’année 1944

     

    par Henri Lafont, responsable français de la Gestapo,

    ( Henri Lafont, de son vrai nom Henri Louis Chamberlin, est né dans le 13e arrondissement de Paris le 22 avril 1902[1] et mort fusillé au fort de Montrouge à Arcueil le 26 décembre 1944. Durant la Seconde Guerre mondiale, il fut le chef de la Gestapo française (la Carlingue) sous l’occupation allemande.)

    et le

    nationaliste algérien Mohamed el-Maadi (ancien officier français membre du mouvement d'extrême-droite la Cagoule)

    sous les ordres

    du colonel SS Helmut Knochen, no 2 de la police allemande en France

    (Sipo et SD, incluant la Gestapo).

     

    La légion nord-africaine, aussi appelée « Phalange », constitue une force supplétive au service de l’armée allemande composée de musulmans recrutés parmi la communauté nord-africaine présente en France, en particulier en région parisienne.

      

    Elle ne doit pas être confondue avec la Phalange africaine

    créée par le gouvernement de Vichy pour

    lutter contre les troupes alliées en Tunisie

    après leur débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942.

     

    En janvier-février 1944, la Brigade nord-africaine comprend 300 membres d'origines nord africaine et organisés en cinq sections dirigés par Henri Lafont qui porte le grade d'Hauptsturmführer (capitaine) dans la SS. Son adjoint est Pierre Bonny, l'ex « premier flic de France », lui aussi membre éminent de la « Gestapo française », avec le grade d'Obersturmführer (lieutenant).

      

    Les chefs des 5 sections sont Paul Maillebuau, Charles Cazauba, Alexandre Villaplane, Paul Clavié et Lucien Prévost, tous promus sous-lieutenants SS (Untersturmführer) tout comme Louis Pagnon le chauffeur de Lafont, nommé officier de réserve (ces hommes n'ont rien à voir avec les Waffen SS français, ils sont aux ordres d'une autre branche de la SS, le Sipo-SD, police allemande de la SS, souvent appelée par erreur « Gestapo»).

    La troupe comprend également une vingtaine de sous-officiers français dont Abel Danos, Raymond Monange, Louis Haré, Jean Baptiste Chaves, Jean Sartore, Paul Victor, Jean Vinas, Jean Delchiappo, Mathieu Fioraventi, Jean Thilmont, Charles Fels, Eugène Slovenski etc.

    Les officiers et sous-officiers portent l'uniforme SS, type SD. Les hommes de troupe portent un équipement ressemblant assez à celui de la Milice, ceinturon et poignard de la Waffen SS en prime. Tous ont reçu une carte verte de l'avenue Foch (SD) de Paris, certifiant leur appartenance à la SS.

    La brigade prend part à des combats contre la résistance intérieure française, en Corrèze (trois sections participent aux combats contre le maquis), en Dordogne (une section) et en Franche-Comté (une section).

    Dans les faits, la légion nord-africaine, dès son arrivée en Dordogne, et durant les cinq mois de sa présence, s’illustre surtout par ses innombrables exactions et massacres parmi lesquels ceux de Brantôme (26 mars 1944), Sainte-Marie-de-Chignac (27 mars 1944), Saint-Martin-de-Fressengeas, Mussidan (52 fusillés), Saint-Germain-du-Salembre et des Piles à Cornille.

    La légion est dissoute en août 1944 quand la troupe se disperse.

    Certains des anciens membres suivent Mohamed el-Maadi en Allemagne qui en août 1944, se réfugie avec son épouse en Allemagne où il est accueilli par le

    Grand Mufti de Jérusalem Amin al-Husseini.

    Sources

    • Gregory Bouysse, Dictionnaire biographique des volontaires de la Légion des Volontaires Français, du Bezen Perrot et de la Brigade Nord-africaine, Lulu.com, 2011, ISBN 9781447593584
    • Patrice Rolli, La Phalange nord-africaine (ou Brigade nord-africaine, ou Légion nord-africaine) en Dordogne: Histoire d'une alliance entre la Pègre et la Gestapo (15 mars-19 août 1944), Éditions l'Histoire en Partage, 2013, 189 pages (Sur Alexandre Villaplane et Raymond Monange essentiellement)

      

      

      SOURCES

    WIKIPEDIA

     

     

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