• Réseaux d’exfiltration nazis

     

     

    Les réseaux d’exfiltration nazis désignent les filières d’exfiltration utilisées par les nazis et les fascistes fuyant l’Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ces filières conduisaient essentiellement vers des abris sûrs situés en Amérique latine, en particulier en Argentine, au Paraguay, au Brésil, au Chili et également au Moyen-Orient, principalement en Égypte. D’autres destinations peuvent avoir inclus les États-Unis et le Canada.

     

    Ces filières ont été rendues célèbres par le thriller publié par l’écrivain Frederick Forsyth sous le nom de The Odessa File 

    (Le Dossier Odessa).

     

    La réalité était à la fois plus prosaïque et peut-être plus choquante :

     

    des gouvernements et des institutions internationales ont joué un rôle plus important que les organisations secrètes.

     

    Liste de nazis qui s’échappèrent au moyen de filières

    De célèbres criminels de guerre nazis tels que Adolf Eichmann, Josef Mengele, Klaus Barbie, Erich Priebke, Aribert Heim, Ante Pavelić « utilisant des papiers dont on dit qu’il furent fournis par le Vatican et déguisés en prêtres », trouvèrent refuge en Amérique latine et au Moyen-Orient

     

     

     

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    La « libération » de la Pologne

     

    L'attitude ambigüe de l'URSS

    lors de la reconquête de la Pologne

     

    17 janvier 1945 

     L'attitude du « libérateur » soviétique est pour le moins ambiguë lors de la reconquête de laPologne.

    Ainsi, arrivée aux portes de Varsovie en décembre 1944, l'Armée rouge laisse les forces du Troisième Reich venir à bout de la résistance polonaise avant de réellement libérer la ville des nazis.

    Staline souhaitait donc se débarrasser des troupes nazies mais aussi de la résistance populaire polonaise qui aurait pu constituer un frein à la future domination soviétique.

    L'Armée Rouge entre dans Varsovie en ruines. La capitale polonaise est libérée après plus de cinq ans d'occupation allemande.

     

    Les Juifs qui constituaient une grande partie de la population ont été exterminés par centaines de milliers dans les camps de concentration ou à l'intérieur même du ghetto. Varsovie compte à sa libération dix fois moins d'habitants qu'à la veille de la guerre.

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  • Selon une circulaire émise le 16 janvier 1942 sous la référence 42/Sü/9 873 par le Service central de sécurité du Reich (RSHA), plus de 30 000 évadés parcouraient en permanence les territoires allemands ou contrôlés par le Reich.

    Suite à ce constat, les autorités estiment le temps venu de mettre un terme à cet état de fait et décrètent que « l’évasion n’est plus un sport »1.

     

    L'entrée du camp pendant la guerre

    On reconnaît bien l'entrée du camp, telle qu'elle apparaît, à l'envers, dans l'aquarelle de Vanderheyde (détail à gauche).

    Le fait qu'il s'agit d'une photo de propagande se manifeste par le caractère impeccable des uniformes des prisonniers, distribués pour l'occasion

    Précisons au préalable que les déportés de Rawa Ruska étaient tous de nationalité française ou belge (en très grande majorité française).

    Ils avaient été mobilisés en 1939 (certains étaient même sous les drapeaux depuis 1936) et avaient participé à la très dure et très meurtrière bataille de France de 1940 (environ 100 000 tués en seulement 2 mois) jusqu'à ce que nos troupes submergées par un ennemi infiniment plus puissant en matériel mécanique et aérien, soient contraintes à cesser le combat en juin 1940.

    Deux millions de ces combattants furent faits prisonniers, dont la plupart d'ailleurs, après l'armistice, en violation des conventions internationales (et même des conditions d'armistice édictées par les nazis), exténués, démoralisés, accablés par la défaite. Les jours et les semaines qui suivirent la capture furent terribles : - longues marches épuisantes (40 à 50 km par jour) sans ravitaillement pendant plusieurs jours, couchant la nuit, parfois complètement trempés par suite d'orages, dans des pâtures à vaches boueuses, tout cela accompagné de mauvais traitements, coups de crosses et coups de baïonnettes ; il y eut même des exécutions au cours de tentatives d'évasion ou dans les cas d'impossibilité physique de suivre la colonne.

    Ces longues marches furent suivies du transport vers l'Allem

    Cette décision vise à impressionner les détenus, prévenus qu’ils perdent la protection de la convention de Genève, déjà peu scrupuleusement appliquée, en cas d’utilisation d’habits civils et de faux documents. Le message est également adressé aux gardiens des prisonniers, menacés d’être affectés sur le front de l’Est en cas de relâchement de leur attention.

    Mirador à Rawa-Ruska

     

    Mirador à Rawa-Ruska
    D'après La Déportation, sous la dir. d'André Leroy, Paris, 1967, p. 235.

    Surtout, cette circulaire permet de prendre conscience de l’ampleur du phénomène d’évasion.

    GAILLAC (81)

    - Histoire. Deux Gaillacois sont passés en 1942 par un camp disciplinaire d'Ukraine.

     

    À l'est d'Auschwitz, aux confins de la Pologne et de l'Ukraine, les nazis avaient transformé une ancienne caserne de l'Armée Rouge en camp disciplinaire.

     

    À partir d'avril 1942 et jusqu'en 1943, le camp 325 de Rawa-Ruska, destiné

    aux « fortes têtes », aux prisonniers évadés récidivistes.

    Plus de 20 000 Français mais aussi des Belges y ont séjourné.

     

    Agriculteur à Montans, Élie Bousquet a franchi le portail de son premier camp de prisonniers en avril 1940.

     

    L'année suivante, première évasion avec un copain pour quelques jours seulement et la sanction : sept semaines de commando disciplinaire dans une carrière de pierre.

    Peu après, Elie et deux autres prisonniers reprenaient le large après avoir scié les barreaux de leur baraquement :

     

    « Nous nous sommes fait prendre bêtement par un groupe de bûcherons allemands qui nous avaient repérés ».

    De Rawa-Ruska, il se rappelle d'abord cet avertissement placardé à l'entrée du camp :

     

    « S'évader n'est plus un sport ».

     

    Intégré à un commando de 500 hommes pour refaire des routes (avec des outils pour 300 travailleurs) :

     

    « Nous étions logés dans une écurie. Il y avait un robinet d'eau pour tout le camp, alors nous nous abreuvions parfois dans les flaques de pluie. Le matin, on nous servait du café, infusé avec des branches de sapin et la soupe de midi était à peine améliorée avec cinq ou six grains de millet… Toutes les semaines, nous subissions une fouille qui durait 24 heures. On ne pouvait pas s'évader. J'ai entendu parler d'un tunnel mais il a été vendu par un espion des Allemands ».

     

    « Le commandant du camp s'appelait Fournier

    Il se baladait tout le temps avec un pétard »

     

    « Le 14 juillet 1942, nous avons fait une mauvaise farce aux Allemands, en défilant avec des drapeaux français que nous avions fabriqués en cachette. »

     

    LE TRIANGLE de la MORT 

     

    Le Triangle de la mort

     

    UN TRAIN TROP LOIN

    Comme Élie Bousquet, Raymond Roque avait 24 ans en 1942 lorsque son périple des camps l'a conduit à R awa-Ruska pour une dizaine de jours.

    « Avec deux prisonniers, je me suis évadé d'un camp de Saxe, en février 1942. Nous avions repéré des trains en partance pour la France. Nous nous sommes enfermés dans un wagon à destination de Fontainebleau. Les Allemands étaient méfiants ; le général Giraud venait de s'évader. A la frontière française, près de Belfort, les Allemands ont pesé le wagon et nous ont dénichés. »

    « Nous avons été conduits à Colmar, puis Nancy, Strasbourg et en Allemagne, à Ludwigsburg, parqués à 500 dans d'anciennes écuries. C'était le centre de rassemblement avant le départ pour Rawa-Ruska.

     

    Nous avons chanté « La Marseillaise » et notre hymne « Dans le c… »

     

    « Après huit jours de train, à 50 bonhommes par wagon, un pain, une boîte de conserve chacun, nous sommes arrivés à Rawa à la tombée de la nuit. »

    Pour Raymond, les prochaines étapes ont été le chantier d'une gare de triage, près de Cracovie, et pire un chantier en Ukraine, à -30°C, puis à partir de février 1943, une compagnie disciplinaire de nettoyage des zones de bombardement, près de Berlin.

    Henri Beulay


    En savoir plus sur

    http://www.ladepeche.fr/article/2005/02/01/311382-ils-racontent-la-vie-a-rawa-ruska.html#IISdSOwuHpGzkpYb.99

     

     

     

     

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  • Coco Chanel, agent du Reich


     
    Aude Lancelin
     
     
    Paru l’an dernier aux Etats-Unis, «Dans le lit de l’ennemi», livre de révélations sur les années d’Occupation de la couturière, a fait l’effet d’une bombe.
     
    Le 4 octobre, cette biographie signée Hal Vaughan arrivera en France.
     
     

     Elle est d'abord chanteuse de music-hall :

    un soir de 1905, elle chante

    « Qui qu'a vu Coco dans le métro »

    et en gardera son surnom.

     

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    Extraits exclusifs.

    On en savait déjà beaucoup sur la collaboration de Coco Chanel, son antisémitisme invétéré et sa tentative infructueuse d’évincer les frères Wertheimer du capital de sa maison.

    Paru fin 2011 aux Etats-Unis, le livre d’Hal Vaughan, ancien grand reporter et vétéran de la Seconde Guerre mondiale, apporte pourtant les preuves qui manquaient encore au dossier – l’Américain ayant eu accès à des archives nazies récemment ouvertes au public. 

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    «C’est un vrai scoop, des pièces jamais produites», affirme Edmonde-Charles Roux, auteur de la biographie de référence sur Gabrielle Chanel, l’Irrégulière (Grasset, 1974).

     

    Bien davantage qu’une «collaboratrice horizontale», amoureuse d’un agent allemand, comme certains veulent encore le penser avec indulgence, le livre met en scène une lionne irréparablement blessée par la vie, mais aussi extraordinairement dure, prête à tout pour sauver sa fortune et ses proches, y compris au pire :

    festoyer à Paris avec des délateurs de juifs, utiliser les lois d'ayrianisation contre ses rivaux en affaires, ou se rendre à Berlin en 1943 pour soudoyer un proche d'Himmler.

    Pro allemande à la manière d'Hélène, la femme de Paul Morand, un des intimes

    de la couturière ?

    Pas exactement.

    Plutôt pro-Chanel, envers et contre le sort du monde entier.

     

    Ainsi que la créatrice de génie l’affirma un jour à l’écrivain dans une confidence extraordinaire aux échos presque sadiens, mêlant inextricablement les diktats de la mode à ceux de l’idéologie totalitaire : 

     

    «Je veux être de ce qui va arriver. J’irai pour cela où il faudra. Je suis prête à crever sous moi des sociétés entières comme on crève un cheval».

    Reste à savoir le sort que cette biographie captivante, écrite sans excès d’acrimonie et encensée jusque dans l’exigeante New York Times Books Review, connaîtra en France, où l’on n’aime pas voir écorner les mythes quand ils sont aussi lucratifs.

    Les éditions Albin Michel s’attendent à un silence presque complet de la presse nationale sur le sujet.

    EXTRAITS:

    Chanel – jadis orpheline sans le sou, puis maîtresse d’un homme fortuné, devenue la grande dame de la mode – a gagné une fortune en libérant le corps des femmes pendant la guerre de 1914-1918.

    Maintenant, dans les premiers jours de ce conflit [en 1940], elle considère que la guerre est une affaire d’hommes.

    Mais elle lui offre également l’occasion de punir ses employées pour avoir osé faire grève, trois ans auparavant.

     

    Elle licencie près de 3 000 ouvrières :

    les couturières qui taillent les robes, les petites mains qui cousent chacun de ses modèles et les vendeuses qui s’occupent des boutiques.

     

    Ainsi se venge-t-elle de ces femmes déterminées qui, en 1936, avaient exigé de meilleurs salaires, des journées de travail plus courtes, et l’avaient chassée de ses ateliers et de ses boutiques.

     

    C’est une revanche contre les grèves massives provoquées, d’après elle, par le gouvernement SFIO de Léon Blum, soutenu, au début, par les communistes. [...] Pour Chanel, Blum et ceux qu’elle appelle «les politiciens juifs de gauche» sont des bolcheviks qui menacent l’Europe.

     

    Les convictions extrémistes de la styliste ont été affûtées au cours des années par ses amants – les hommes qui l’ont arrachée à la pauvreté et l’ont aidée à lancer sa carrière.

    En outre, Paul Iribe [amant de Chanel brutalement décédé en 1935] a alimenté sa phobie du judaïsme.

     

    Son antisémitisme se révèle tellement virulent qu’Edmonde Charles-Roux le considère comme «répugnant».

    Bendor [surnom du duc de Westminster, autre ancien amant] et ses célèbres diatribes antisémites y ont également contribué.

    A 57 ans, Chanel se sent prête à tomber de nouveau amoureuse.

    Et voilà qu’en cette année tragique une nouvelle aventure s’annonce au moment où Dincklage, devenu un officier de haut rang dans l’armée d’occupation, entre dans sa vie et s’apprête à lui faire la cour.

     

    C’est la dernière grande histoire d’amour de Chanel.

     

    Il ne reste qu’un unique témoin vivant qui ait connu de façon intime cette romance au cours de la guerre. Gabrielle Palasse-Labrunie, 15 ans, rend visite à Auntie Coco lorsqu’elle rencontre le baron, fin 1941, dans Paris occupé.

    Elle se souvient :

     

    «Spatz [le surnom de Dincklage] était sympa, séduisant, intelligent, toujours bien habillé et agréable – il souriait beaucoup et parlait couramment français et anglais... Un bel homme, bien né. Il est devenu notre ami».

     

    Au cours des années suivantes, Dincklage va favoriser les relations de Chanel avec les dignitaires nazis à Paris et à Berlin.

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    Il jouera de ses contacts au sein du haut commandement pour lui permettre de vivre au septième étage du Ritz. Un lieu de résidence pratique, car les entrées et les sorties de service donnent sur la rue Cambon, à quelques mètres de la boutique et de l’appartement luxueux du 31.

     

    La curieuse histoire mettant en scène un général allemand qui aurait reconnu une Chanel désespérée dans le hall du Ritz et lui aurait offert spontanément d’y loger semblerait n’être qu’une nouvelle affabulation de la créatrice.

     

    Seul Dincklage ou un autre personnage haut placé aurait pu lui obtenir une suite dans la Privatgast, la section réservée aux amis du Reich.

     

    L’occupant autorise Cocteau, Serge Lifar, le fameux danseur né en Ukraine,

    et René de Chambrun, le gendre de Laval, à fréquenter le Ritz.

    Ils y déjeunent et dînent, souvent à la table de Chanel.

    Ils côtoient Joseph Goebbels, l’ancien supérieur de Dincklage, et Hermann Göring.

     

    Chanel estime que «les Allemands sont plus cultivés que les Français. Ils se fichaient complètement de ce que faisait Cocteau parce qu’ils savaient que son œuvre, c’était de la frime».

    Notons le nom d’un autre invité et protégé de Dincklage :

    un certain baron Louis de Vaufreland [agent de la Gestapo].

     

    L’hiver 1940-1941 se montre particulièrement rigoureux – mais beaucoup moins au Ritz.

     

    Chanel «s’affiche avec un serviteur du IIIe Reich et d’Hitler»

    A Berlin, Dincklage connaît un singulier honneur : il est reçu par Hitler et Goebbels, le ministre de la Propagande, son ancien supérieur lorsque Spatz était en poste à l’ambassade d’Allemagne à Paris, en 1934. Un rapport du contre-espionnage français sur cette réunion au sommet évoque son rôle crucial en France.

    Dincklage se réjouit de l’humeur triomphale qui règne à Berlin au cours de l’hiver 1941. La Wehrmacht a conquis l’Europe de l’Ouest et va bientôt s’emparer de la Yougoslavie et de la Grèce. En secret, Hitler planifie l’invasion de l’Union soviétique ; elle devrait intervenir au printemps.

    Nous ne savons rien des activités de Vaufreland à Berlin durant son voyage avec Dincklage. Cependant, un document des archives du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), les services de renseignements gaullistes à Londres, explique qu’après Berlin «Louis de Vaufreland a été envoyé en Tunisie. Il prétendait être alsacien et utilisait son alias de “Richmond”».

    Entre-temps, Vaufreland a gagné le titre de V-Mann : c’est un homme de confiance, l’agent no F-7667, nom de code «Piscatory». Dincklage organise alors une rencontre entre Vaufreland et Chanel.

    Cette première réunion semble si naturelle que Chanel ne réalise pas immédiatement que l’aventure qui va suivre a, en réalité, été planifiée par son amant et qu’elle va l’entraîner à travailler, de fait, pour les Allemands.

    Toujours aussi opportuniste, Chanel croit savoir comment manœuvrer dans Paris occupé et faire libérer son neveu André Palasse du stalag où il est interné. C’est un problème urgent.

    A Corbère, elle a appris qu’André avait peut-être contracté la tuberculose. Le renseignement militaire allemand va l’aider, mais il y aura un prix à payer. Chanel semble une cible parfaite pour les recruteurs allemands : elle a besoin de quelque chose que l’Abwehr [le service de renseignements de l’armée allemande] peut lui offrir et elle a des relations haut placées à Londres, en Espagne et à Paris.

    Vaufreland et Chanel forment, semble-t-il, une paire d’agents plutôt improbable. Le baron, dandy nonchalant, affiche ouvertement son homosexualité. Un rapport des Français libres de Londres le décrit en ces termes : «Trente-neuf ans, blond roux, un play-boy aristocrate ; alias connus : Pescatori [sic], marquis d’Awygo, de Richmond». 

     

    Dans un autre document, on parle d’un «homosexuel grassouillet de taille moyenne et toujours impeccablement vêtu». Plus tard, un autre rapport de la France libre expliquera qu’au moment où il rencontre Chanel Vaufreland est déjà responsable de l’arrestation de résistants gaullistes travaillant clandestinement à Casablanca.

    Le supérieur de Vaufreland à l’Abwehr est un certain Neubauer qui intervient bientôt pour conclure le marché avec Chanel. Comme Dincklage, il s’habille en civil et parle un excellent français. Au cours du printemps 1941, Neu- bauer rencontre Vaufreland et Chanel dans la boutique de la rue Cambon.

     

    Neubauer assure à la créatrice qu’il l’aidera à faire libérer André si elle permet aux Allemands d’obtenir des informations politiques sensibles à Madrid.

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    Dès 1941, l’Abwehr inscrit Gabrielle Chanel dans ses registres berlinois sous le nom d’agent F-7124, nom de code «Westminster».

    Chanel sait que les Allemands font respecter avec la plus grande rigueur les lois antisémites, en particulier celles touchant à l’aryanisation du commerce et des affaires.

    A la Noël 1941, elle explique qu’avec les nazis au pouvoir elle espère reprendre le contrôle de sa société, pour l’instant aux mains des Wertheimer, qui ont fui aux Etats-Unis. Chanel et Dincklage prévoient probablement que, si Hitler remporte la victoire – comme le croit le monde entier ou presque –,

     

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    Chanel reviendra à la tête de la société des Parfums Chanel «aryanisée».

     

    Pour elle, la récompense serait incommensurable.

     

    A l’instar de nombre d’Anglais et d’Allemands, dont Bend’or, duc de Westminster, Chanel et son amant espèrent sans doute la signature d’une paix séparée entre Londres et Berlin. Avant-guerre, ils ont tiré profit du commerce avec l’Allemagne et ils veulent le voir restauré.

    Rares sont ceux qui ont oublié qu’Hitler a promis de remettre sur le trône le précédent roi devenu duc de Windsor.

    Or Edouard est un intime de Chanel. Avec le retour des échanges commerciaux entre les deux nations, les deux pays formeraient une force considérable et les parts de Chanel dans sa société deviendraient inestimables.

    Chanel est rassurée : l’Abwehr a rempli ses promesses quant à la libération de son neveu André. Comme promis, Vaufreland contacte alors l’un de ses amis, un dignitaire allemand, le prince Ernst Ratibor-Corvey. Celui-ci suggère à Vaufreland de présenter Chanel au Dr Kurt Blanke qui supervise l’aryanisation et la confiscation des biens juifs depuis ses bureaux de l’hôtel Majestic. Chanel va donc lui demander conseil.

    Dès le début de l’Occupation, Berlin a nommé Blanke, 40 ans, juriste et membre du parti, à la tête du bureau parisien responsable de l’Entjudung, l’«élimination de l’influence juive».

     

    Jusqu’en 1944, il jouera un rôle clé dans la spoliation des biens juifs et le transfert des commerces et entreprises juives dans d’autres mains.

    Chanel et Blanke se rencontrent à l’hôtel Majestic au début de l’hiver 1941-1942. Après cet entretien, elle pense qu’elle se rapproche de la victoire sur les Wertheimer et qu’elle va reprendre le plein contrôle des Parfums Chanel.

     

    Mais elle a lamentablement sous-estimé la clairvoyance et la finesse des deux frères.

     

    De longue date, ils ont conçu un plan pour sauver leurs affaires si les nazis mettaient la France à genoux.

    L’hiver 1943 est extrêmement rigoureux. Les températures chutent, la bise souffle sur Paris. L’humeur plonge en même temps que les thermomètres. L’image de l’ennemi, le bel et fier aryen défilant sur les Champs-Elysées en flirtant avec de jolies demoiselles, se transforme : il s’agit maintenant de soldats autoritaires, arrogants, trop âgés pour se battre sur le front russe. A la réticence résignée du Parisien succède le renoncement lugubre de l’occupé.

    A la fin de l’année, une franche hostilité se manifeste plus ouvertement. En 1943, un dignitaire nazi rapporte à Berlin qu’il n’est plus temps de nier «le rejet de tout ce qui est allemand» et l’espoir partagé par les Français «d’un effondrement imminent de l’Allemagne et d’une victoire alliée au cours de l’année».

     

    Dincklage et Chanel se demandent s’ils pourront échapper à la fureur de la Résistance. Les relations de Chanel avec les nazis, son antisémitisme virulent et sa déclaration :«La France a eu ce qu’elle méritait», faite lors d’un déjeuner sur la Côte d’Azur en 1943, sont enregistrés dans les dossiers des renseignements français de Londres. Ainsi Chanel, Jean Cocteau et Serge Lifar [nommé par Göring à la tête des ballets parisiens] sont-ils désignés à la vindicte. Dincklage sait sa vie menacée.

    Les agents clandestins britanniques et français travaillant en France et les Français libres de Londres possèdent des dossiers relatifs à ses missions sur la Côte d’Azur, à Paris et en Suisse.

    Sa coopération avec la Gestapo, les juifs qu’il a dénoncés en France et le fait qu’il ait rencontré un jour Hitler, tout est consigné. C’est désormais inévitable : Chanel et Dincklage subiront des représailles. Ils savent que le rideau descend sur leur petit monde.

    Mais ils ont un plan. Elle doit rencontrer son vieil ami l’ambassadeur britannique sir Samuel Hoare, à Madrid. Il s’agit d’une répétition de sa mission madrilène avec Vaufreland, mais cette fois c’est une cause en laquelle elle croit. Chanel sait, grâce à Sir Samuel, qu’elle pourra correspondre avec le duc de Westminster à Londres via le réseau de communication de l’ambassade britannique à Madrid.

     

    Avec l’aide de Bend’or, elle espère informer le Premier ministre Churchill que certains dignitaires nazis voudraient renverser Hitler et cesser les hostilités avec la Grande-Bretagne.

    Churchill doit le comprendre : il serait désastreux que l’Allemagne tombe aux mains de l’Union soviétique. [Cette opération baptisée«Modelhut» mènera Chanel jusqu’à Berlin fin 1943, à la rencontre de Schellenberg, homme de confiance d’Himmler.]

    Depuis 1942, la couturière figure sur les listes noires officielles des Forces françaises de l’intérieur. En cette première semaine de septembre 1944, une poignée de jeunes FFI la conduisent devant un comité d’épuration.

    Les biographes de Chanel révèlent qu’elle méprise ces jeunes en bras de chemise, chaussés de sandales.

     

    Cependant, le groupe qui l’interroge ne sait rien de son travail clandestin ; ils ignorent tout de sa collaboration avec l’Abwehr ou de sa mission en 1941 avec Vaufreland à Madrid.

     

    En outre, ils ne connaissent pas son rôle clé dans la mission «Modelhut».

     

    D’après tous les récits, Chanel se sent plus insultée par la grossièreté et la conduite des FFI que par son arrestation.

     

    Après quelques heures d’un interrogatoire mené par le comité d’épuration, elle revient rue Cambon.

     

    Selon sa petite-nièce, Gabrielle Palasse-Labrunie, lorsque Chanel rentre chez elle, elle explique à sa fidèle Germaine : 

    «Churchill m’a fait libérer».

    Bien qu’il n’y ait pas de preuve, Mme Labrunie et certains biographes de Chanel pensent que le Premier ministre [ami de la créatrice avant-guerre] est intervenu en personne pour la faire relâcher, par l’intermédiaire de Duff Cooper, l’ambassadeur britannique auprès du gouvernement provisoire de De Gaulle.

     

    Paul Morand écrit à ce propos que Churchill a ordonné à Cooper de «protéger Chanel». Germaine, la femme de chambre, s’est livrée à la petite-nièce de Chanel : 

    «Après le départ de Mademoiselle de la rue Cambon, elle a reçu un message urgent [du duc] de Westminster» par l’entremise d’une personne inconnue qui lui a dit : 

    «Ne perdez pas une minute, [...] quittez la France».

    Quelques heures plus tard, Chanel part dans sa Cadillac avec chauffeur en direction de la Suisse, et plus précisément de Lausanne.
     

    • Article paru dans le numéro 805 de Marianne, daté du 22 septembre 2012.

     

    et ces liens

    http://fr.timesofisrael.com/coco-chanel-espionne-des-nazis-sous-loccupation/

    http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20110824.OBS9081/coco-chanel-agent-de-l-allemagne-nazie.html

     

     Elle est d'abord chanteuse de music-hall :

    un soir de 1905, elle chante

    « Qui qu'a vu Coco dans le métro »

    et en gardera son surnom.

     

    Elle ouvre sa première boutique de chapeaux en 1909 à Deauville, puis à Biarritz et Paris. Indépendante, résolument libre de ses idées et de ses choix, elle est aussi ingénieuse et audacieuse. A ses mannequins, coiffés à la garçonne, comme elle, elle fait porter des pantalons, et raccourcit considérablement leurs jupes.

     

    Très vite, elle se retrouve à la tête d'une équipe de centaines d'employées, et de cinq immeubles.

    Parmi ses créations phare, le cultissime parfum N°5, en 1921, dont Marilyn Monroe avait dit qu'elle le portait pour dormir. Le double C qui est apparu sur son flacon est resté le symbole de la maison. Aux événements de mai 1968, la vague hippie change la donne de la mode.

     

    Chanel devient tyrannique, s'enferme dans son monde, fait d'essayages, de défilés, de mannequins et de courtisanes

    Le 10 janvier 1971, à l'âge de 87 ans, elle meurt dans sa suite de l' Hôtel Ritz à Paris. Elle est enterrée au cimetière du Bois-de- Vaux à Lausanne, Suisse.

     


    Son auteur, Hal Vaughan, un journaliste américain installé en France, affirme s'être appuyé sur de très nombreuses archives françaises, anglaises, allemandes et américaines.

     

     

    Dans «Sleeping with the enemy, Coco Chanel's secret war» (Au lit avec l'ennemi, la guerre secrète de Coco Chanel), il affirme qu'en 1940, à 57 ans, Gabrielle Chanel, dite Coco, est recrutée par l'Abwehr, les services de renseignements de l'état-major allemand. Elle devient alors l'agent F-7124, nom de code Westminster, du nom de son ancien amant et ami le duc de Westminster.

    «Elle estimait après 1933 que Hitler était un grand européen»

    «Férocement antisémite bien avant que cela soit un moyen de plaire à l'occupant allemand, elle devint riche en se faisant apprécier des très riches et partageait leur détestation des juifs, des syndicats, des francs-maçons, des socialistes et du communisme. Elle estimait après 1933 que Hitler était un grand européen», écrit l'auteur, spécialiste de la Seconde guerre mondiale. 

    Pour l'Abwehr, raconte-t-il, elle se rend en mission en Espagne en août 1941 avec un autre agent, le baron Louis de Vaufreland, chargé de recruter de nouveaux agents. Elle espère, précise l'ouvrage, obtenir en échange la libération d'un neveu emprisonné dans un camp allemand, André. Elle est alors très amoureuse d'un officier allemand et agent nazi, le baron Hans Gunther von Dincklage, dit «Spatz», avec lequel elle entretiendra une très longue liaison.

    C'est lui qui, selon Hal Vaughan, lui permet durant ces années d'occupation de vivre au 7e étage du Ritz à Paris, hôtel de luxe fréquenté notamment par Hermann Goering et .

    Grâce aux nazis, elle aurait tenté de prendre le contrôle du parfum Chanel

    Coco Chanel (1883-1971) fut interrogée par les FFI à la Libération sur des soupçons de collaboration liés à sa prestigieuse adresse du Ritz. Mais elle a farouchement nié. Un autre livre («Les comtesses de la Gestapo»), paru en 2007 en France, accréditait déjà cette thèse.

    L'auteur la dédouane aussi, un peu, la présentant plus comme une femme passionnément amoureuse qu'une collaboratrice convaincue. Avant de l'égratigner férocement : elle aurait tout de même utilisé ses nouvelles relations pour ravir la propriété de Chanel n°5 des mains de la famille juive Wertheimer, avec qui elle s'était associée en 1924, six ans après la naissance du parfum le plus célèbre de la planète, pour le produire et le distribuer dans le monde entier. En vain : la maison aux deux C enlacés appartient toujours, et intégralement, à Alain Wertheimer et Gérard Wertheimer, les petits-fils de Pierre.

    Un deuxième livre, «Coco Chanel : an intimate life», à paraître en novembre, évoque aussi, moins largement semble-t-il, cette partie de la vie de la créatrice. 

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