• PALESTINE, 1947. Joanovici se rend et sable le champagne au quai des Orfèvres. Le chiffonnier milliardaire est accusé d'intelligence avec l'ennemi

     

     
    «Monsieur Joseph» s'est rendu hier. 
     
     
     

    PALESTINE, 1947. Joanovici se rend et sable le

    champagne au quai des Orfèvres.

    Le chiffonnier milliardaire est accusé d'intelligence avec l'ennemi

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    Le célèbre chiffonnier milliardaire, en fuite depuis le 7 mars, recherché par quatre juges d'instruction et inculpé d'infraction à la loi sur les changes, intelligence avec l'ennemi, collaboration économique, vol et recel,a fait une entrée triomphale au quai des Orfèvres.
     
     
    A 11h22, Joseph Joanovici est sorti des bureaux de la direction de la police judiciaire.
     
    On dit qu'il a fêté sa reddition dans la nuit en sablant le champagne avec le directeur de la PJ. Il a les cheveux peignés et frisés, le visage rasé de frais.
     
    «Je n'ai rien à cacher», lâche-t-il, souriant et se prêtant de bonne grâce aux exigences des photographes.
     
    Un inspecteur lui tend un stylo, il signe un autographe, murmure:
     
    «Quelle gloire!»
     
     
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    Depuis sa fuite, au nez de la police parisienne, on l'avait signalé en Espagne, au Maroc, en Irlande, en Amérique du Sud.
     
    Il était bourgeoisement installé en zone américaine d'occupation, près de Munich.
     
    Il attendait son heure.
     
    L'affaire Joanovici s'est-elle achevée hier?
     
    Va-t-elle enfin commencer?  
     
    La légende de Clichy.
     
    Nous ne savons de sa jeunesse que ce qu'il a bien voulu confier.
     
    1925, l'année de ses 20 ans, il vient de fuir Kichinev, capitale de la Bessarabie, et trouve refuge dans une ruelle de Clichy.
     
    Ses premières nuits en France, il les passe dans une baraque ouverte à tous vents, et ses journées dans les rues.
     
    Il pousse une voiture à bras, fait la tournée des poubelles.
     
    Il raconte à qui veut l'entendre sa triste enfance de petit orphelin juif roumain,
     
     
    l'usine à 12 ans, la misère, les pogroms.
     
    A force de récits édifiants, l'aventurier conquiert les trois hommes qui feront sa fortune.
     
    Krug, le chiffonnier, à l'origine de sa prospérité fulgurante dans la revente des vieux métaux.
     
    Pierre Barré, le futur général, compagnon du général Leclerc.
     
    Le troisième homme, enfin, est un policier.
     
    Henri Verdier, alors sous-directeur de la police parisienne, a expliqué comment Joanovici a frappé à sa porte en 1933, se proposant, en bon patriote, de renseigner les forces de l'ordre
    sur les affaires louches de Clichy,
     
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    Le milliardaire des années noires.
     
    La plupart des documents compromettants pour Joanovici ont disparu à la Libération.
     
     
    Je CITE :
     
    " J’ai lu ce qui suit sur le site juif.org qui l’a lui-même repris duFigaro. Apparemment, une série de bandes dessinées « historiques » relate l’histoire de Joseph Joinovici à sa sauce. Dans le registre : bon, c’est vrai, il a collaboré, mais enfin, quoi, les temps étaient durs.
     
    Et puis n’oublions pas qu’il a sauvé 150 juifs ! Finalement, il mériterait bien 150 médailles « du Juste », pas vrai ?"
     
     
     
     
     
    On comprend pourquoi il avait hier un «moral de fer».
     
    Cependant, un rapport de police, que nous avons consulté, a échappé au mystérieux coup de balai.
     
    De 1933 à 1939, par l'entremise de sa Société de récupération, il a ravitaillé l'Allemagne nazie en laiton, plomb et cuivres nécessaires aux fabrications de guerre.
     
    Toujours d'après ce document, il reçoit jusqu'en 1939 des «touristes» venus d'outre-Rhin, munis d'appareils de photographie, chargés de missions spéciales.
     
     
     
    De janvier 1941 à avril 1943, M. Joseph a vendu aux Allemands plus de soixante mille tonnes de vieux métaux.
     
     
     
    Chiffre d'affaires:
    six à huit milliards.
    Bénéfices personnels: quatre milliards.
     
     
    Le double jeu
     
    .Joanovici a raconté lui-même, comme un fait de gloire, l'achat de son certificat d'aryanisme.
     
     
    Convoqué par la police aux Questions juives pour une «visite médicale», le juif bessarabien était arrivé en
    compagnie de deux «camarades» armés, deux Allemands de la Gestapo, ses nouveaux amis.
     
     
     
     
    Mais, en 1940, juste après la déclaration de guerre, n'a-t-il pas fait parvenir à Edouard Daladier, président du Conseil, un chèque de 4 000 dollars de la National City Bank de New York?
     
     
     
     
    C'était sa contribution à l'effort de guerre français contre l'Allemagne.
     
     
     
     
    En janvier 1944, le réseau de résistance Honneur de la police ne le comptait-il pas comme l'un de ses agents?
     
     
    Il en a été son plus important financier.
     
    Aujourd'hui, il peut dire «c'est moi qui ai permis la libération de Paris», il avait fourni camions et armes .
     
     
     
     
    Le préfet Edgard Pisani a déclaré en 1946, alors qu'il était directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur, qu'il avait signé lui-même un certificat de combattant de la clandestinité au nom du chiffonnier.
     
     
     
    Les dossiers du juge Fayon.
     
     
    M. le juge Fayon ne lâchera pourtant pas prise, a-t-il annoncé hier. Il veut Joanovici dans son bureau.
     
    Il veut savoir pourquoi, en mars 1947, juste avant la fuite de son client à Munich, celui-ci avait son bureau à la préfecture de police. Il veut des comptes.
     
    Ces chèques qu'il a trouvés au domicile de Joanovici?
     
    Des ordres de paiement sans nom, ni chiffre. Joa, qui ne sait ni lire ni écrire, dessinait sur les talons: une semelle pour 100 000 F, un soulier, c'était 1 million, une botte, 10 millions. Le juge sait que ce sont des pots-de-vin versés à la police.
     
    Et il veut surtout que le chiffonnier réponde de l'affaire Scaffa. Robert Scaffa, un jeune résistant, a été exécuté par ses pairs de deux balles dans la tête à la veille de la Libération. C'était un «traître».
     
    M. Fayon est persuadé du contraire: Scaffa venait d'apprendre que Joanovici dénonçait les réseaux de résistance aux Allemands.
     
    Joanovici l'a su et a fait éliminer ce témoin gênant.
     
    Mais le juge a ses propres témoins, et des preuves.
     
    Lui aussi attend son heure.
     
     
    Epilogue.
     
    En 1949, Joanovici est condamné à cinq ans de prison, à l'indignité nationale à vie et à la confiscation de ses biens jusqu'à concurrence de 50 millions.
     
    Le dossier Fayon ne sera pas ouvert par la cour de justice.
     
    Le fisc et les douanes lui infligent une amende de un milliard pour non-paiement de taxes sur les métaux non ferreux exportés vers le IIIe Reich.
     
    Libéré en août 1951, il meurt en 1965.
     
     
     
     
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    L'avortement sous le régime de Vichy

     

     

    Comme nous le savons tous, la France a été occupée par l'Allemagne au cours de la deuxième guerre mondiale.

     

    Elle a été divisée en deux, le nord occupé directement par les Allemands et le sud formellement sous la supervision du gouvernement conservateur de Pétain dont la capitale était la ville de Vichy.

     

    Je dis 'formellement' parce que le gouvernement de Vichy ne suivait aucune politique indépendante.

     

     

    Elle essayait toujours de faire ce qui plairait aux Allemands. La France a été, comme on dirait en Allemand, gleichgeschaltet avec la politique, les mœurs et les idéaux allemands.

     

     

    Le gouvernement de Vichy, comme le gouvernement de ses chefs allemands, a été motivé dans sa politique intérieure par les idéaux conservateurs de "travail, famille, patrie".

     

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    L'idéologie nazie consistait dans une grande partie de la politique de la population; il fallait purifier l'Europe des races dégradées et la remplir d'enfants des races nobles.

     

    En plus de ces motivations non réalistes, les deux pays avaient intérêt à remplacer les jeunes soldats morts sur le champ de bataille avec des nouveaux-nés.

     

    Bien qu'Hitler n'avait pas une très bonne impression de la 'race française', son gouvernement a essayé de le suivre en faisant croître les naissances dans le territoire français.

     

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    Un moyen de faire croître les taux de naissances est de limiter les possibilités de contraception, c'est-à-dire d'interdire l'avortement.

     

    L'avortement était déjà interdit en Allemagne (sauf dans le cas d'une juive); il l'était aussi en France.

     

    Cela était d'accord avec les mœurs conservatrices et bourgeoises du régime pétainiste et de ses supporteurs.

    Uranus de Claude Berri - http://www.ifrance.com/DOSSIERSCINEMAETCIE/AYME%20MARCEL.htm

     

    Le roman Uranus de Marcel Aymé, qui se situe en France à l'époque de l'épuration (après la libération), présente un bon exemple des mœurs bourgeoises traditionnelles au moment de la création d'une nouvelle société

     

    Au début du roman, le personnage principal de M. Archambaud dit à propos de sa fille qui vient de coucher avec un jeune homme et en répondant à sa femme qui a peur que sa fille tombe enceinte:

     

     

    Évidemment, c'est la chose à ne pas faire. Il faut absolument éviter d'avoir des enfants. Ça coûte cher, c'est un embarras, une cause de soucis, de tracas, et pour une jeune fille, c'est un handicap très lourd.
    Ta mère s'inquiète à juste titre de ta promenade au bois des Larmes. Ce n'est pas un endroit où céder à un jeune homme. Il ne faut le faire que dans une chambre. (p. 10)

    M. Archambaud trouve qu'il n'est pas mauvais que sa fille ait une liaison avec un jeune homme dont le père s'est enrichi pendant l'occupation; en plus, il trouve qu'il peut y avoir autant de profit d'être la maîtresse d'un homme riche que d'être sa femme.

     

    C'est un bourgeois assez pessimiste et extrême dans son insistance sur la seule importance de l'argent, mais il partage le sentiment de sa femme qu'il ne faut avoir des enfants qu'au bon moment.

     

    On s'imagine que dans le cas où sa fille tomberait enceinte, il lui payerait l'avortement pour éviter les autres ennuis. C'est un homme pratique.

     

    Mais il peut quand même plaisanter un peu sur le sujet, tandis que sa femme se fâche. M. Archambaud est un bourgeois moderne et désillusioné qui se rend parfaitement de l'importance de l'argent:

     

    "La seule chose qui compte, c'est l'argent" (p. 10), mais ce ne veut pas dire que c'est la seule chose qui compte dans le domaine humain, car il se met en danger plus tard pour protéger la vie d'un milicien.

     

    Cela veut simplement dire que l'argent est la seule chose qui donne du pouvoir.

     

    Mme Archambaud ne partage pas l'avis de son mari sur le sujet de leur fille.

     

    C'est une bourgeoise des mœurs traditionnelles qui frappe sa fille pour avoir menti et pour avoir couché avec un garçon.

     

    Dans la société traditionnelle, il faut qu'une fille soit vierge pour qu'elle puisse trouver un bon mari.

     

    Ce sont ces mœurs-là que reflètent les lois sur l'avortement, parce qu'on croit illogiquement que si la contraception et l'avortement sont possible, les filles non mariées vont se sentir libre de faire l'amour encore plus.

     

    Ce n'est peut-être pas la logique du gouvernment, mais c'est la pensée qui est dans la tête des mères françaises.

     

    Le personnage de Madeleine, dans Au bon beurre de Jean Dutourd, est encore une femme qui ne se fait pas avorter, mais dans ce cas, ce n'est pas elle qui fait la décision, mais son copain, Léon.

     

    Son ami Lemercier offre de lui donner l'argent pour l'avortement, mais Léon se décide de se marier avec Madeleine parce que c'est la chose honorable et son devoir. Il se dit que Madeleine trouverait l'avortement barbare, ce qui est peut-être vrai, mais on ne le sait pas. En tout cas, ce sont des petits bourgeois éduqués, alors ils ont les mœurs bourgeoises.

     

    Dans encore un autre cas, dans le roman Le coeur des vivants de Bernard Clavel, la copine du héros Julien tombe enceinte.

     

    C'est la volonté de Julien, parce qu'il veut garder sa copine Sophie.

     

    Naturellement, Sophie, qui est fiancée à un garçon beaucoup plus riche que Julien, est très fachée et ne veut plus voir Julien.

     

    Elle se fait avorter et continue sa vie comme avant.

     

    C'est une fille moderne qui veut bien coucher avec son amant Julien, mais elle ne veut pas être controlée par lui, et surtout elle ne veut pas perdre son avenir avec un mari riche, alors il ne faut pas qu'elle ait un enfant.

     

    C'est une fille pareille à M. Archambaud, qui fait ce qu'elle veut et non pas ce qu'on veut d'elle.

     

    Desfois, dans les films ou les livres, l'avortement n'est pas explicit. Par exemple, dans Les violons du bal, la sœur du personnage principal tombe enceinte d'un garçon aristocrate dont la mère ne lui permet de l'épouser parce qu'elle est juive.

     

    Donc elle va à Paris où elle se fait avorter et devient mannequin.

     

    Personne ne dit qu'elle s'est fait avorter, mais c'est évident, parce qu'elle n'est plus enceinte et elle ne pourrait pas avoir un enfant dans ces circonstances.

     

    MODE sous l'occupation - Années 40:

    Le film Une affaire de femmes nous présente une nouvelle perspective en nous introduisant à une série de femmes qui se font avorter pour différentes raisons.

     

    Pour les prostituées comme Lulu c'est une question de métier; on ne trouve pas de clients quand on a le ventre comme un ballon de basket.

     

    Pour Ginette, dont le fiancé est parti en Allemagne pour le STO (service de travail obligatoire), c'est tout simplement qu'elle n'a pas les moyens de soutenir un enfant, et aussi son fiancé ne veut pas qu'elle le garde.

     

    Bien sûr, elle aurait aussi eu à supporter le regard approbateur de la société conservatrice française de l'époque.

     

    Dans encore un autre cas, le mari de Jasmine, une femme désespérée qui a déjà dix enfants encore jeunes, lui demande de se faire avorter au lieu d'avaler du poison, parce qu'il croit qu'elle serait en plus de sécurité avec une faiseuse d'anges.

     

    Malheureusement, ce n'est pas le cas et elle meurt à la suite, préférant la mort à sa vie misérable.

     

    Toutes ces femmes ont des raisons différentes pour l'avortement, mais ce qu'elles ont de commun est qu'elles veulent à tout prix éviter d'avoir un enfant.

     

     

    Le personnage principal d'Une affaire de femmes est Marie Latour, une femme de travailleur qui devient faiseuse d'anges pour gagner plus d'argent. La première fois, c'est sa voisine Ginette qu'elle aide à se débarasser de l'enfant non voulu, bien qu'elle ne sache absolument rien de ce qu'il faut ou ne faut pas faire.

     

    Elle fait bouillir l'eau, met un peu de savon dedans et la injecte dans le vagin de Ginette en disant, "Ça doit être bon."

     

    Elle ne sait rien de ce qu'elle fait. Puis elle a demandé de garder le savon, chose très cher à l'époque.

     

    Le lendemain, Ginette, très heureuse, vient lui dire que l'avortement a marché et qu'elle a saigné beaucoup la nuit dernière.

     

    Marie ne se rend pas compte que le sang veut dire que l'avortement n'a pas été correct.

     

    En fait, tout ce qui lui importe est que Ginette lui donne son gramophone pour la remercier; elle ne se soucie pas plus de la santé de Ginette.

     

    Plusieurs jours plus tard, Marie rencontre une prostituée, Lulu.

     

    Voulant se faire plus dangereuse et intéressante qu'elle ne l'était, elle dit qu'elle est faiseuse d'anges. Lulu commence alors à lui envoyer des clientes qu'elle n'a pas demandées, mais qu'elle ne refuse pas.

     

    Cela continue et elle devient de plus en plus riche à travers les femmes qui demandent ses services.

     

    Mais elle est toujours si peu soigneux de ses clientes; par exemple, elle laisse une fille avec sa femme de ménage pendant qu'elle va faire l'amour avec son amant.

     

    Le pire est sa réaction à la mort de Jasmine.

     

    La belle-sœur de cette malheureuse vient lui donner les nouvelles et l'argent; encore une fois, Marie ne prend aucune conscience du danger des avortements qu'elle fait en disant que ce n'est pas de sa faute, que rien ne s'était passé avant.

     

    Cela montre qu'elle ne sait rien des pratiques de la médicine; n'importe quelle procédure, si petite et courante qu'elle soit, peut mal tourner.

     

    En plus, elle prend l'argent de cette femme qui doit élever les dix enfants de Jasmine et de son mari qui s'était suicidé de désespoir après la mort de sa femme.

     

    L'avarice de Marie est plus forte que sa compassion humaine, si elle en a.

     

     

    Marie et son avocat

    Marie devient faiseuse d'anges pour gagner de l'argent, non pas pour aider les femmes sans autre recours. Mais elle a raison quand elle dit à son avocat à Paris, après son arrestation, qu'au lieu d'exécuter les faiseuses d'anges il faudrait resoudre les problèmes sociaux des femmes qui se font avorter parce qu'ils n'ont rien à manger ou parce que leurs maris sont en Allemagne.

     

    Elle a raison, mais ce n'est pas un argument qui puisse lui sauver la vie. Elle est mise à mort comme Marie-Louise Giraud, qui a été guillotinée le 30 juillet 1943, la dernière femme guillotinée en France.

     

     

    Le régime de Vichy voulait faire croître les taux de naissance en non pas seulement interdisant l'avortement mais en punissant très fort ceux qui le faisaient, mais avec le Service de Travail Obligatoire le gouvernement a introduit une force contraire.

     

    Si les hommes ne sont pas à la maison, les femmes ne feront pas l'amour ou ne le feront pas avec leurs maris; dans le premier cas, elles ne seront pas enceinte et dans le deuxième, elles ne voudront pas garder l'enfant.

     

     

     

    En tout cas, il n'y a pas d'argent pour nourrir un autre bouche, et si la femme doit travailler pour gagner de l'argent, elle ne peut pas prendre le temps d'être enceinte.

     

    Alors il n'y a qu'une solution: l'avortement. Elles s'avortent; l'interdiction fait simplement profiter les faiseuses d'anges comme Marie qui n'en savent peut-être pas plus que leurs clientes.

     

    La vraie solution pour le gouvernement aurait été de faire rentrer tous les hommes; alors il y aurait eu beaucoup plus de naissances et moins de femmes se feraient avorter.

     

     

    http://www.mtholyoke.edu/~lbmelton/fren331/avortement.html

     

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    La collaboration des intellectuels français durant l’Occupation.

     

     

     

    « Le 14 janvier 1941, grande première sur les écrans parisiens :

     

     

    Le Juif Süss du réalisateur Veit Harlan, produit par la firme Terra, est présenté au public. Annoncé par une campagne publicitaire intense, notamment par d’immenses affiches dans le métro, le fil est accueilli favorablement.

     

    Un célèbre comédien du Théâtre français, Jean Darcante, en assure le doublage. L’objectif de la propagande est clair :

     

    il s’agit de vulgariser d’une façon historique, donc indéniable, la vilenie du Juif, dans le genre déjà rendu immortel par Shakespeare.

     

     

    Cet antisémite éminent avait agi de même avec Shylock, le

    « marchand de Venise ».

     

     

    Les « braves gens » s’y laissent prendre, le personnage du Juif

    est présenté comme au Guignol :

     

    il est le fourbe qui doit être rossé par le gendarme, pour le plus grand plaisir du spectateur.

     

    D’autres productions de la même veine, comme Les Rapaces,

    excitent aussi la haine antijuive par le cinéma, pourtant merveilleux moyen d’éduquer en distrayant.

     

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    À la même époque reparaît "Je Suis Partout"

     

    Il est temps que les intellectuels français apportent leur pierre à l’édifice de la Collaboration.

     

    Brasillach, Rebatet, Laubreaux en assurent la direction.

     

     

     

    Tous les auteurs « bien pensants » se précipitent dans les colonnes du journal :

     

     

         

    Marcel Aymé, Jean Anouilh, Marcel Jouhandeau, Drieu La Rochelle,

    le dessinateur Ralph Soupault, etc.

     

    En examinant la bibliothèque d’un ami de ma famille,

    l’ingénieur Jacques Gelman, je fus sidéré.

     

    En effet, il m’apparut que tous les auteurs présents sur les rayons étaient passés du côté de l’occupant :

     

     

    Jean Giraudoux, Pierre Benoit, Henri Bordeaux, Paul Morand, André Gide, Jacques Chardonne, Jean Giono, Pierre Gaxotte, Henri de Montherlant,

    Alfred Fabre-Luce, Pierre Mac Orlan, Bertrand de Jouvenel.

     

    Les élites qui symbolisaient le pays aux yeux du monde civilisé défiguraient délibérément la France.

     

    Ces grands écrivains pouvaient enfin assouvir leur aversion commune pour les Juifs. Les « ronds de jambe »

     

    de Jean Cocteau, de Sacha Guitry, de Steve Passeur et autres esclaves de la mode et du « parisianisme » furent si vulgaires dans la flagornerie et l’allégeance aux vainqueurs, qu’il serait indécent de rappeler ici leurs débordements.

     

     

    Le cas de Louis-Ferdinand Céline est particulier.

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    Cet individu avait besoin pour vivre de « bouffer du Juif » quotidiennement. Sa haine tenait de l’anthropophagie.

     

    Une étude approfondie serait nécessaire pour expliquer les raisons intimes de son comportement.

     

    Cette déviation sadique chez un « médecin » en dit long sur le personnage.

     

     

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    Au printemps 1941, dans La Gerbe, Céline exigeait

    « un véritable statut d’exclusion pour les Juifs », celui imposé par le gouvernement de Vichy lui paraissant très insuffisant.

     

    À la même époque, au rayon librairie des Magasins Réunis, place de la République, je lus par hasard quelques pages de Les Beaux Draps du susdit, qui venait de paraître.

    La rage, le dégoût, l’indignation qui me saisirent ne m’ont jamais quitté. »

     

     

    Armand Gliksberg. Kaddish pour les miens. Chronique d’un demi-siècle d’antisémitisme (1892 – 1942). Paris, Mille et Une Nuits, 2004, pp. 219 – 221.

     

    Sources

    https://clio-texte.clionautes.org/La-collaboration-des-intellectuels-francais-durant-l-Occupation.html

     

     

     

     

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  • LE COURAGE

    LE COURAGE dans LA RÉSISTANCE 1940-1945 artfichier_729028_1828702_201303011244250

    "Madame Flaubert"

     

    Le Général de Gaulle créa le 17 novembre 1940, à Brazzaville,

    l’ordre de la Libération ;

    il instaura la Croix de la Libération comme insigne des Compagnons

    et définit le cadre de son attribution:

    artfichier_729028_1828703_201303011459991 dans LA RÉSISTANCE 1940-1945

    Croix de la Libération

    Récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se sont signalées dans l’œuvre de la Libération de la France et de son empire.

    Croix de la Libération

    Récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se sont signalées dans l’œuvre de la Libération de la France et de son empire.

    Cette croix fut décernée jusqu’au 23 janvier 1946 à 1036 personnes, militaires et civiles, ainsi qu’à 5 villes et 18 unités combattantes.

    Certains compagnons sont très célèbres,

    c’est le cas de Jean MOULIN, Pierre MESSMER, André MALRAUX, Jacques CHABAN-DELMAS, Jean de LATTRE de TASSIGNY,

    Philippe LECLERC de HAUTECLOQUE, Winston CHURCHILL,

    Dwight EISENHOWER OU le roi GEORGES VI d’Angleterre.

     

     

    D’autres en revanche, sont des Français anonymes, issus de tous les milieux et de toutes les régions de France ;

    Rien ne les distinguait avant qu’ils eurent tout donné, tout risqué et parfois sacrifié leur vie pour leurs convictions et leur attachement à la Patrie.

     

    le COURAGE

     

    Six femmes seulement se virent décerner cette distinction exceptionnelle.

     

    L’une d’entre elles est Franc-Comtoise.

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    Il s’agit de Mademoiselle Simone Joséphine Françoise Irma MICHEL-LÉVY, née à CHAUSSIN (Jura) le 16 janvier 1906, fille de Jules Séraphin MICHEL-LÉVY,

    et de Marguerite Joséphine PETITPERRIN.

     

     

    Après une excellente scolarité ponctuée par un brevet élémentaire

    passé à 14 ans à SALINS-LES-BAINS,

    Simone suit la migration de son père ouvrier-plâtrier à CHAUNY dans l’AISNE. C’est ici qu’elle entre à 16 ans et demi dans l’administration des P.T.T.

     

    Mutée de CHAUSSIN à PARIS, Simone y poursuit une carrière

    qui s’annonce brillante lorsque l’Armistice de 1940 est signé.

     

    Elle a alors 34 ans et refuse d’emblée de subir le joug de l’envahisseur sans réagir.

     

     

    La fière devise Franc-Comtoise qu’elle a faite sienne Comtois rends-toi, Nenni ma foi ! lui dicte une conduite patriote – elle édite des tracts, participe à l’écriture et la diffusion de brochures antiallemandes – et courageuse – elle établit de fausses cartes professionnelles pour de jeunes réfractaires du S.T O. – puis son action devient vite héroïque, et déterminante pour le commandement allié et l’issue du débarquement.

     

     

    En effet, avec une poignée de fonctionnaires du Ministère des P.T.T., elle fonde le mouvement Résistance P.T.T. où elle occupe les fonctions

    d’adjointe au chef d’état-major Ernest PRUVOST.

    Ce réseau est moins connu que Résistance Fer mais se révèle tout aussi efficace ;

     

    les moyens de transmission, les véhicules et les agents munis de laissez-passer dont il dispose le rendent extrêmement opérant, et très redoutable pour les Allemands.

    Simone accède rapidement au grade de commandant dans les Forces Françaises Combattantes et ne se contente pas d’un rôle passif; tout en poursuivant son activité professionnelle, elle assume secrètement la responsabilité du très dangereux secteur radio au sein de Résistance P.T.T. 

     

     

    Sous les pseudonymes

    d’ EMMA, Madame FLAUBERT, Madame ROYALE, FRANÇOISE.

     

    On la retrouve préparant des zones de parachutage dans l’AISNE,

    livrant des postes radio en NORMANDIE ou en BRETAGNE et organisant l’exploitation de stations radio-électriques en banlieue sud de PARIS.

     

     

    Elle assure également la liaison avec les réseaux C.N.D. Confrérie Notre Dame du Colonel alias RÉMY et O.C.M.

     

    Organisation Civile et Militaire du Colonel Alfred TOUNY auxquels elle apporte l’appui logistique dont ils ont besoin.

     

     

    Le message

     

    Les dés sont sur le tapis qui déclenche le 5 juin 1944 les sabotages prévus par LONDRES pour faciliter le débarquement de NORMANDIE fut émis par de nombreux postes dont Simone avait personnellement assuré la mise en place.

     

     

    Son activité fut interrompue en plein essor le 5 novembre 1943 par la trahison de Robert BACQUE alias TILDEN, lequel fut également la cause de 90 autres arrestations et de l’anéantissement du réseau de RÉMY dont il était l’un des chefs-radio.

     

     

     

    Malgré les ignobles tortures infligées par la bande du sinistre MASUY qui opérait 101, Avenue Henry MARTIN, Simone tint bon et sus souffrir sans dénoncer ses camarades, permettant ainsi au reste de l’état-major de Résistance P.T.T. de ne pas être inquiété.

     

     

    Après une des séances du supplice de la baignoire qu’elle subit 8 fois, alors qu’à bout de force, elle ne se débat plus, son tortionnaire ne lui jette :

     

     

    Ah ! Emma, tu es bien une sale caboche de Franc-Comtoise, tu fais exprès de mourir !

     

     

    Au terme de 4 mois de sévices abominables ponctués de transferts entre sa prison de FRESNES et l’avenue Henry MARTIN, elle est envoyée en février 1944, via COMPIÈGNE au camp de concentration de RAVENSBRÜCK

    (Mle 27481) d’où elle sera rapidement dirigée vers un

    kommando de travail à HOLLEISCHEN dans les SUDÈTES 

    en TCHÉCOSLOVAQUIE (Mle 50422).

     

     

     

    Ne pouvant se soustraire au travail qui lui est imposé et désirant poursuivre son idéal, elle décide de saboter chaque fois que cela lui est possible la chaîne de montage de munitions anti-aériennes à laquelle elle est affectée. Après plusieurs sabotages réalisés dans des conditions particulièrement dangereuses, elle est démasquée en octobre 1944, punie, et cruellement bastonnée pour l’exemple.

    Un rapport spécial envoyé à HIMMLER revient de BERLIN au printemps 1945, porteur de la sentence de mort. Simone doit être immédiatement transférée au camp de FLOSSENBÜRG avec deux de ses jeunes camarades qui ont participé aux sabotages (Hélène Millot épouse Lignier mle 50414, Mimie Suchet). Les trois femmes y seront pendues le vendredi 13 avril 1945, alors que les canons américains tonnent déjà alentour.

    Trois jours plus tard, devant l’avancée alliée, l’ordre d’évacuation générale du camp est donné. Le 23 avril, le 538e régiment de la 3e  armée américaine libère les quelques derniers internés de FLOSSENBÜRG, dix jours après la pendaison, quinze jours seulement avant la signature de la capitulation allemande et 17 jours avant le suicide d’Hitler.

    L’arrestation de Simone MICHEL-LÉVY et son admirable tenue, courageuse et fière, ont incité tous ses camarades des P.T.T à continuer avec acharnement la lutte. Le réseau P.T.T. est devenu ainsi un chaînon de la délégation du Général de Gaulle en territoire occupé. En effet, c’est par son intermédiaire que le courrier, l’argent et les armes étaient distribués à diverses organisations de la Résistance, principalement au réseau Action et aux F.F.I. et répartis, en vue du débarquement, à la satisfaction générale des alliés.

    Edmond DEBEAUMARCHÉ, 1958. Compagnon de la Libération

    Le Service des Recherches et du Contrôle Technique, dernière affectation de Simone, rue du Général BERTRAND à PARIS, et le C.N.E.T. qui lui succéda, ont très largement honoré sa mémoire au travers de cérémonies du souvenir et de la pose de plaques commémoratives.

    La ville de CHAUNY où elle fit ses premiers pas dans l’administration des P.T.T. rappelle son action par une plaque apposée sur le mur extérieur de la maison des postes.

    Son village natal de CHAUSSIN qui donna son nom à une rue et installa une plaque sur le mur de la maison qui l’a vu naître, abrite également son cénotaphe dans le carré militaire du cimetière.

    De nombreuses associations à PARIS, en BRETAGNE ont honoré et honorent encore sa mémoire (comité des fusillés de BEAUCOUDRAY en juin 2000).

    Une résidence des P.T.T. à TRÉBEURDEN (22) porte son nom ; son entrée est ornée d’une stèle rappelant aux visiteurs le courage dont elle a fait preuve.

    L’administration des P.T.T. a édité un timbre et une enveloppe premier jour à son effigie en 1958. Plusieurs auteurs citent son action, en particulier Christian BERNADAC (Kommandos de femmes aux éditions France-Empire 1973), Henry RUFFIN (Résistance P.T.T. aux Presses de la Cité, 1983), le colonel RÉMY (Une affaire de trahison aux éditions Raoul SOLAR, Mémoires d’un agent secret aux éditions France-Empire 1998), enfin, un ancien du C.N.E.T. travaille depuis plusieurs années à reconstituer les moindres détails de son parcours.

    De nombreuses revues d’associations de résistants ou de déportés ont fait son éloge. Les journaux ont commenté son action lors de commémorations (25e, 50e anniversaire de sa disparition, parution du timbre etc.).

    Enfin, plusieurs musées (INVALIDES, BESANÇON, PLEUMEUR-BODOU) lui consacrent une partie de leurs vitrines dédiées à cette époque dramatique.

    Simone est également titulaire de la Légion d’Honneur, de la Croix de Guerre 39-45 avec Palmes et de la Médaille de la Résistance, mais il manquait encore pour couronner les hommages qui lui sont dus la reconnaissance de la terre de ses ancêtres.

    Le sobriquet LÉVY accolé au nom MICHEL n’est pas relatif à une ascendance ou une alliance sémite. Il est apparu sans explication particulière, un peu avant la révolution, et représente l’une des nombreuses variantes patronymiques des diverses familles MICHEL de CHAUX-du-Dom bief.

    Ainsi, le plus ancien des ancêtres connus de Simone en ligne agnatique se nommait Claude MICHEL dit NOÉ né vers 1650 et mort à CHAUX-du-DOMBIEF en 1719.

    Simone MICHEL-LÉVY Commandant EMMA dans la Résistance, Compagnon de la Libération, Chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre avec palmes, Médaille de la Résistance, Matricule 50422 au camp de déportation de Flossenbürg.

    Il y a soixante huit ans, jour pour jour  Simone MICHEL-LÉVY était pendue par les S.S. au camp d’extermination de Flossenbürg pour le crime d’avoir trop aimé son pays.

    Elle aurait pu faire comme beaucoup de Français : attendre que les Alliés viennent de l’extérieur pour chasser l’occupant allemand ; elle aurait pu mettre son intelligence et son savoir, qui étaient grands, à profit pour vivre cette sombre période en pantouflarde aisée, soucieuse seulement de la passer le mieux possible en ne pensant qu’à son bien-être personnel ; elle aurait pu enfin se lancer comme certains, dans une collaboration avec nos ennemis d’alors, qui lui eut apporté leur considération et une ascendance dominatrice sur ses compatriotes.

    Au lieu de tout cela, Simone-MICHEL-LÉVY avait choisi la voie, exaltante certes, mais ô combien dangereuse de la rébellion et de la résistance au totalitarisme. Avec un collègue haut fonctionnaire, Ernest PRUVOST, elle avait fondé le réseau Action P.T.T. qui s’était donné pour tâche d’organiser un service de renseignement, et des liaisons radio avec Londres. Elle avait, en outre, créé une unité de transport utilisant le parc automobile des P.T.T. pour véhiculer et transmettre les informations. Et parfois des aviateurs amis, tombés en Zone occupée furent rapatriés en Angleterre, via l’Espagne, par ses filières. De même grâce à elle, de nombreux émissaires alliés eurent la possibilité d’atterrir en France et d’en repartir sans être interceptés par les Allemands pourtant aux aguets. Elle acheminait le courrier clandestin et les armes parachutées vers les maquis.

    Simone MICHEL-LÉVY, EMMA dans la clandestinité, savait ce qu’elle encourrait si elle tombait entre les mains de ceux qu’elle combattait ainsi.

    En 1943, les actions de la Résistance se multipliant, la tristement célèbre police secrète allemande en Zone occupée, connue sous le nom de GESTAPO, organisa, en étroite collaboration avec la WEHRMACHT armée occupante une riposte qui consistait à s’assurer des indicateurs dans la population française même, et à infiltrer les réseaux. Malgré la vigilance de ceux des nôtres qui surveillaient le courrier arrivant à la GESTAPO, malgré l’élimination dans les centres de tri des lettres de dénonciation, les arrestations de patriotes décuplèrent.

    Celle dont nous honorons la mémoire aujourd’hui fut appréhendée à son poste d’Inspectrice du Service des Recherches et du Contrôle Technique des P.T.T. à Paris, le 5 novembre 1943. Conduite à la prison de Fresnes, puis au dépôt de Royallieu près de Compiègne, elle fut envoyée au camp de déportation de Ravensbrück, en Allemagne orientale, le 30 janvier 1944. Le 1er septembre 1944, Simone MICHEL-LÉVY faisait partie du convoi de 661 femmes déportées, qui arriva à Flossenbürg, petite ville située en Bavière, dans le Haut Palatinat et adossé à la frontière tchécoslovaque.

    Flossenbürg, c’est la carrière de granit et les kommandos extérieurs en usines, dont certains sont réservés aux femmes. Les brimades, les coups, la faim, la maladie épuisent les détenus. On dénombrera 300 décès par jour en février 1945. À cette mort lente s’ajoutent les exécutions sommaires, les pendaisons.

    Simone est affectée au kommando de Holleschein qui travaille, en Tchécoslovaquie, dans une fabrique de munitions. Elles sont 331 femmes dans cette usine. Notre héroïque compatriote ne peut accepter de monter des projectiles qui tueront ceux qui se battent pour nous ramener la liberté, parmi lesquels est peut-être des Français des Forces Combattantes. Alors elle conçoit un plan de sabotage qu’elle met en oeuvre avec deux de ses compagnes de misère, Hélène LIGNIER matricule 50414), et Noémie SUCHET (matricule 50279).

    Malheureusement, comme il se trouve toujours, en tous lieux et en toutes circonstances, des âmes assez basses pour dénoncer, Simone et ses compagnes sont trahies. Battues, torturées, elles ne donneront aucun autre nom à leurs bourreaux.

    Le 13 avril 1945, les trois pauvres Femmes, dévêtues, les mains liées derrière le dos, sont conduites au lieu des exécutions et pendues à de simples anneaux scellés dans un mur. L’horreur de ces mises à mort a été rapportée par le capitaine danois LUNDIC, dont la cellule se trouvait à proximité de cet endroit maudit. De novembre 1944 à février 1945, il a compté 5000 corps qui sont passés devant sa fenêtre.

    Il est à noter que c’est à Flossenbürg qu’ont été exécutés les conjurés de l’attentat du 20 juillet 1944 contre HITLER, et notamment l’amiral CANARIS ex-chef de la Marine allemande (Kriegsmarine). Des célébrités y ont séjourné. Parmi elles, citent André BOULLOCHE, ancien maire de Montbéliard, Léon BLUM et son épouse, Monsieur et Madame SCHUSCHNIGG, chancelier autrichien, le prince Xavier de BOURBON et beaucoup d’Allemands hostiles au régime nazi.

    Le Mémorial érigé par l’Association des Déportés et Familles des Disparus du Camp de Concentration de Flossenbürg et Kommandos fait état d’un total de 89.964 entrées au camp où on enregistrera 21.378 décès, soit 23,7 %. La France s’y classera au premier rang en ce qui concernera le pourcentage des morts, avec 5312 entrées et 2046 décès, soit 38,5 %.

    Une stèle du souvenir, en granit tout exprès importé de Flossenbürg, a été dressée et inaugurée au cimetière du Père LACHAISE  à Paris, le 3 octobre 1988, à la mémoire des Déportés du Camp de Flossenbürg, de ses 95 Kommandos. Une urne y a été déposée contenant des cendres recueillies dans l’enceinte du four crématoire de Flossenbürg libéré par la 3e  armée américaine le 23 avril 1945.

    En conclusion, je voudrais m’adresser aux jeunes gens qui sont dans cette salle, et à tous ceux qui n’ont pas connu le dernier conflit mondial pour leur dire :

    Attention, en 1945, on n’a coupé qu’une tête ou deux de l’hydre infernale. Si nous ne veillons pas à enrayer la nouvelle montée du totalitarisme, du sectarisme, du racisme et de l’intolérance, nous risquons de revivre tôt ou tard ces horreurs. L’ex-Yougoslavie n’est qu’à quinze cents kilomètres de la France, après tout ! 

    Allocution (extraits) prononcée par M. Henri LAMBERT, Délégué régional de la Société Littéraire des P.T.T., en la Salle des Fêtes de Chaussin, le 13 avril 1995.

    BIOGRAPHIE RÉSUMÉE DE SIMONE MICHEL-LÉVY

    Alias : Emma Françoise  Madame Royale.

    Simone MICHEL-LÉVY est née le 19 janvier 1906 à Chaussin (Jura). Son père était plâtrier.

    En 1939, elle est rédactrice dans l’administration des P.T.T. au centre de recherches et de contrôle technique, rue Bertrand à Paris.

    Dès l’armistice, elle s’élève contre la capitulation de la France et entre dans la Résistance dès le mois de décembre 1940, sous la direction de Pruvost, chef national de la résistance P.T.T. elle devient un élément de tout premier plan. Télégraphiste très habile elle est l’opératrice qui essaye de joindre Londres avec les premiers postes de T.S.F. fabriqués par le groupe de résistance des P.T.T.

    C’est au réseau C. N, D. (Confrérie Notre-Dame) du Colonel Rémy, puis à l’O.C.M. (Organisation Civile et Militaire), qu’elle fournit ses premiers renseignements. Puis son activité fut orientée vers l’établissement de faux papiers, le transport, l’installation de postes émetteurs à Paris et en Province. Malgré sa santé chancelante, elle n’est jamais aussi heureuse que lorsque ses responsabilités s’accroissent. Elle s’accroche à la mission la plus périlleuse une fois qu’elle l’a acceptée, méthodiquement, tenacement, jusqu’à la réussite totale, ses chefs comptent sur elle. Tout ce qu’elle promet est tenu. Cependant, après des nuits de veille, des voyages épuisants, elle est à l’heure le matin à sa table de travail, les traits tirés, mais le visage souriant.

    Dès les premières heures du S.T.O. en 1943, elle établit plus de cent cartes professionnelles des P.T.T. à des jeunes réfractaires. Elle est chargée de monter à l’intérieur des P.T.T. le réseau E.M.­P.T.T. analogue à celui de Résistance-Fer.

    À Londres, l’agent MICHEL-LÉVY est enregistré sous le pseudonyme d’Emma. De sa propre initiative elle monte un admirable système de transport, de poste d’armes et de parachutages, qui fonctionne par l’intermédiaire des services ambulants des P.T.T. Elle assure la liaison générale.

    Elle réalise également, sous les pseudonymes de Françoise et deMadame Royale, un excellent système d’acheminement du courrier à travers la France, qui marche à la perfection, soit par voie maritime, c’est-à-dire jusqu’aux chalutiers, soit par voie aérienne, et cela dans les deux sens. Évidemment, cette existence est dangereuse et dans la France occupée, l’ennemi a ses espions, la Résistance hélas, ses traîtres.

    Au soir du 5 novembre 1943, elle est appelée d’urgence dans un café voisin pour un entretien de quelques minutes et quitte sa table de travail en y laissant son stylo et ses affaires. Elle ne reviendra jamais. Cet appel était un guet-apens.

    Malgré les pires épreuves morales et physiques qui la laissent brisée dans sa cellule, car elle est suppliciée par la Gestapo, elle n’oublie pas son travail professionnel brusquement interrompu. Par une voie jusqu’ici inconnue elle fait parvenir à son chef de service un rapport détaillé sur toutes les questions administratives dont elle est chargée et qu’elle a laissées en suspens ; Il n’est guère d’exemple plus émouvant de conscience professionnelle.

    Au début de février 1944, Simone MICHEL-LÉVY est déportée à Ravensbrück où, pendant la quarantaine, elle aide une camarade musicienne à organiser une magnifique chorale qui fait un moment oublier leurs peines aux prisonnières.

    Envoyée ensuite en Tchécoslovaquie au camp de Holleschein pour travailler dans une usine d’armement, elle continue son action de résistante en sabotant. Le 1 septembre 1944, le Kommando de Holleschein est rattaché administrativement au camp de Flossenbürg.

    Les tortures font blanchir ses cheveux, voûtent ses épaules. La faim et la fatigue l’amaigrissent à l’extrême. A l’usine, elle est chargée de faire passer sous une énorme presse des chariots chargés de cartouches remplies de poudre. Elle ralentit la chaîne, la désorganise, ce qui se solde parfois pour la production du Grand Reich, par un manque de 10.000 cartouches. Elle fait fonctionner la presse à vide, ce qui l’endommage et constitue, pour elle-même, un danger immédiat malgré la protection d’une tour en maçonnerie. C’est ainsi que finalement la presse sauta.

    La surveillante allemande fait un rapport de sabotage qui ira jusqu’à Berlin. La réponse de Himmler revient plusieurs mois après, dans le courant d’avril 1945, alors que tonnent alentour les canons américains.

    Simone MICHEL-LÉVY et deux autres camarades doivent partir immédiatement pour le camp de Flossenburg, où elles sont pendues par les Allemands, le 13 avril 1945.

    Compagnon de la Libération – décret du 26 septembre 1945

    Chevalier de la Légion d’Honneur

    Croix de Guerre 39/45

    Médaille de la Résistance

    L’action de Simone MICHEL-LÉVY, héroïne et martyre de la Résistance.

    Gaston Letellier :

    J’évoquerai l’action de Simone MICHEL-LÉVY parce que, comme ingénieur à la D.R.C.T. (Direction des recherches et du contrôle technique), j’étais pendant les dures années de son action, en 1942-1943, son chef direct et fus, hélas, son dernier chef administratif jusqu’au soir du 5 novembre 1943. Parmi beaucoup d’autres, elle est l’une des figures les plus caractéristiques de la Résistance dans les PTT.

    Née en 1906, entrée dans l’administration en 1924, Simone MICHEL-LÉVY fut en 1941 reçue brillamment au concours de rédacteur. Elle fut nommée à la D.R.C.T., de création récente et alors divisée en plusieurs départements :

    Département matériel postal, dirigé par M. Hemery, lui-même résistant, et dont le fils fut fusillé par les Allemands.

    Département transmissions où était mon collègue René Sueur qui participa à l’opération Keller en mettant au point les amplificateurs à haute impédance nécessaires aux écoutes de cette si audacieuse opération.

     

    Département dit commutation dont j’étais chargé pour mener les études et travaux neufs des installations téléphoniques et télégraphiques de centraux et d’abonnés. Simone MICHEL-LÉVY fut affectée à ce département dont la gestion administrative et financière lui fut confiée.

     

    Le pays étant occupé, elle comprit vite le parti qu’elle pouvait tirer de sa présence à la D.R.C.T., car, dans l’administration des P.T.T., aux télécommunications, à la poste, rien de nouveau, de délicat, d’important ne se faisait plus sans l’intervention de ce service, même en zone côtière où pouvaient se rendre certains agents munis du laissez-passer nécessaire.

     

    Le bureau de Simone, proche du mien, au deuxième étage du 24 rue Bertrand, devint alors une véritable agence d’informations clandestines. 

    En janvier 1942, Ernest Pruvost, rédacteur au ministère des P.T.T., réussit avec Debeaumarchais à coordonner les opérations de résistance dans l’administration des P.T.T., en particulier en Normandie avec Henri Le Veillé.

     

    C’est alors qu’une certaine Mademoiselle Flaubert, tailleur noir, écharpe verte – qui n’était autre que Simone MICHEL-LÉVY – arrive en Normandie pour coordonner l’ensemble des opérations de Résistance P.T.T. dans les cinq départements : Calvados, Orne, Manche, Seine Inférieure, Eure.

     

    Les résistants normands, dont Henri Le Veillé, sont d’abord très sceptiques sur l’intervention de cette Mademoiselle Flaubert ; mais bien vite ils se rendent compte qu’elle mène au mieux ses missions avec un dynamisme, un courage et une volonté remarquables.

     

    Simone devient alors responsable de la radio clandestine du réseau P.T.T. en liaison avec le réseau C.N.D. du colonel Rémy.

     

    C’est ainsi que furent installés par elle des postes radio en Normandie et ailleurs, par exemple en banlieue parisienne, à Montgeron, dans la propriété du général Lelong et dont la rue porte maintenant ce nom. En février 1942, Simone retourne en Normandie accompagnée de deux opérateurs spécialistes de radio pour y installer et desservir un nouveau poste émetteur. En novembre 1943, ces deux opérateurs (Courteaud dit Jacquot et Coly dit Olaf) furent arrêtés en même temps que Simone. Mais, comme elle, malgré les souffrances endurées, ils n’ont pas livré de noms à la Gestapo. Sous le nom d’Emma, Simone participe à un transport de postes radio et d’armes reçus par parachutage en utilisant les voitures et les services ambulants des PTT. Cela donne alors un système d’acheminement du courrier clandestin vers l’Angleterre, soit par voie maritime jusqu’aux chalutiers, soit par voie aérienne et dans les deux sens.

    En juillet 1943, l’état-major de Résistance-P.T.T. était constitué ainsi chef, Ernest Pruvost ; adjoint responsable de l’organisation, Horvais ; adjoint responsable des transports et du courrier, Debeaumarchais ; adjoint responsable de la radio, Simone MICHEL-LÉVY.

    Pendant les dures années 1942-1943, Simone se consacre à ses tâches de résistante avec toute sa foi et tout son coeur, et sans que ses fonctions administratives n’en souffrent jamais. Chargée de la gestion administrative et financière, elle participa à l’action de son service avec pour buts de :

    1) soustraire ou camoufler le plus possible de matériel téléphonique et télégraphique de façon à éviter son incorporation dans les stocks de l’Occupant ;

    2) mener des études et mises au point des différents matériels pour usages militaires ou résistants, mais alors sous des appellations différentes, par exemple un poste militaire de campagne, créé à la D.R.C.T. en même temps que le poste ordinaire U43, fut dénommé poste portatif pour ouvrier des lignes.

    Le général Juin a adressé un témoignage de satisfaction pour ces opérations du service de la D.R.C.T. où Mademoiselle MICHEL-LÉVY avait sa part, indépendamment de ses actions de résistante que je faisais semblant d’ignorer, tout en déclarant sur l’honneur qu’il n’y avait pas de résistant dans le service (voir circulaire du 17 juillet 1942 du secrétariat d’Etat aux communications).

    Après des nuits de veille, des voyages épuisants, au retour de missions périlleuses de parachutage, on revoit Simone à sa table de travail, les traits tirés, mais souriante. Elle ne tenait aucun compte des conseils de prudence qu’on lui donnait et elle sollicitait très fréquemment des missions pour la zone côtière. Rien ne pouvait entamer son ardeur et la véritable flamme qui l’animait. Elle avait fait son choix et le sacrifice de sa sécurité et de sa vie à la cause d’une France libre. Le 5 novembre 1943, vers 16 h 30, Simone reçoit un coup de téléphone d’un correspondant, certainement bien connu d’elle, qui lui demande de venir la rejoindre au café voisin, le François Coppée, à l’angle du boulevard Montparnasse et de la rue de Sèvres. Elle s’y rend aussitôt sans méfiance, laissant son stylo et des affaires personnelles sur son bureau où elle pense revenir bientôt. Mais la Gestapo l’attendait et l’emmène avenue Henri-Martin. Un dénommé Tilden, pour éviter la torture, l’avait dénoncée ainsi que beaucoup d’autres résistants de son équipe. Soumise à des supplices, dont celui de la baignoire, Simone, elle, ne donna aucun nom. Quelques jours après son arrestation, elle réussit, on ne sait par quel moyen, à faire parvenir à son chef de service un rapport détaillé sur les questions administratives et financières dont elle était chargée et qu’elle avait dû laisser en suspens.

    Ainsi donc, malgré les pires tortures physiques et morales qu’elle endure, martyrisée par la Gestapo, elle garde intacte dans son esprit la préoccupation du fonctionnement du service que son arrestation lui a fait quitter malgré elle. Voici quelques passages de sa lettre dans leur touchante simplicité:

    J’ai l’honneur de vous adresser tous mes regrets pour les ennuis que je vous cause en quittant brusquement mon service. Permettez-moi de vous indiquer ce qui suit :

    1) La caisse se monte à (on reconnaît là toute la conscience d’une ancienne postière).

    2) Pour l’outillage, j’ai fait le nécessaire au dépôt central.

    3) En ce qui concerne les crédits (ci-joint ce qui reste à faire).

    J’espère que je serai remplacée bientôt, afin que vous ne soyez pas gêné trop longtemps.

    Veuillez agréer, Monsieur l’ingénieur en chef, avec toutes mes excuses, l’expression de mon respectueux dévouement.

    Signé : Simone MICHEL-LÉVY

    Ce fut le dernier acte de sa vie administrative.

    Comme exemple de courage, double de soi-même, de conscience professionnelle, il n’en est guère de plus émouvant.

    Le matin du 6 novembre, lendemain de l’arrestation de Simone, je reçus un coup de téléphone d’Ernest Pruvost, chef de Résistance-P.T.T., m’annonçant que Simone avait été arrêtée et me demandant de récupérer au plus tôt tous les documents : plans, listes, adresses concernant la Résistance et qui étaient dans le bureau de Simone, voisin du mien. Je me suis empressé de dissimuler tous ces nombreux et compromettants documents pour les remettre ensuite à des envoyés sûrs, dont M. Debeaumarchais, que j’ai revu beaucoup plus tard comme chef de cabinet du ministre des P.T.T. Eugène Thomas.

    Après son arrestation, Simone fut envoyée en Allemagne. Elle était dans le camion de femmes déportées qui chantèrent La Marseillaise en traversant Compiègne. En mars 1944, Simone est au camp de Ravensbrück, et ensuite dans une usine d’armement, à Holleschein, où elle est chargée du contrôle des postes radio fabriqués par cette usine. Mais la plupart des postes sortis de cette usine sont défectueux. Elle est soupçonnée de les avoir trafiqués. Elle est transférée au camp de Flossenburg où elle est jugée, condamnée à mort pour sabotage et pendue le 13 avril 1945. Elle avait 39 ans. La veille de son exécution, elle écrivait à sa malheureuse maman à Chaussin, en son Jura natal :

    Ne pleurez pas, c’est un ordre. Ne soyez pas tristes. Moi je ne le suis pas. Mon coeur est calme autant que mon esprit. Dans ma petite cellule, j’interroge le ciel, je pense à tout ce qui est beau, à tout ce qui est clair.

    Ces phrases si simples expriment bien la sérénité que donne le véritable sentiment du devoir accompli jusqu’au bout.

    Grâce à l’impulsion donnée par Simone MICHEL-LÉVY, grâce à l’organisation qu’elle avait mise sur pieds, grâce aussi à son silence, tous ses camarades résistants P.T.T. ont continué avec acharnement à mener leur action pour que circulent et soient distribués le courrier clandestin, l’argent, les armes nécessaires à diverses équipes de résistants. L’organisation et les moyens radio-électriques mis en place par Simone à partir de 1942 furent particulièrement utiles et efficaces au moment du débarquement. C’est ainsi que le message secret Les dés sont sur le tapis, émis le 5 juin 1944 par ces postes radio clandestins de Normandie, déclencha les opérations de sabotage par les équipes P.T.T. des liaisons de l’Occupant et cela selon des instructions bien précises diffusées auparavant par une circulaire de l’état-major de Résistance-P.T.T. où Simone avait été elle-même adjoint-responsable pour la radio jusqu’à son arrestation.

    Les mérites de Simone MICHEL-LÉVY sont, à mon avis, trop peu connus, mais ont été récompensés par les titres suivants – croix de guerre avec palmes, chevalier de la légion d’honneur et compagnon de la Libération. Un juste hommage lui a été rendu par l’émission d’un timbre à son effigie en 1958 et la pose d’une plaque en son pays natal, dans le Jura, inaugurée à Chaussin le 6 juillet 1952 par le ministre des P.T.T. Duchet. Enfin, une plaque posée au service des P.T.T. où elle était affectée pendant les années 1942-1943 veut montrer qu’aux valeurs techniques qui sont la raison d’être de ce service, devenu le C.N.E.T., doivent s’ajouter les valeurs morales dont Simone MICHEL-LÉVY a donné le plus pur exemple.  

    À la liste des héros de la résistance que les P.T.T. ont tenu à glorifier en 1957 par un  timbre poste (Jean Moulin, Honoré d’Estienne d’Orves, Robert Keller, Pierre Brossolette, Jean-Baptiste Lebas) sont venus s’ajouter quatre noms d’hommes et de femmes ayant le même idéal patriotique, la même abnégation de soi et le même héroïsme.

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    Jean CAVAILLES 1903-1944

    Formé par les siens à l’école du caractère et du devoir, Jean CAVAILLES réglera sa vie d’après un seul impératif : servir son Pays. Philosophe et logicien de valeur, il était en 1939, Maître de conférences à la Faculté de Strasbourg. Lieutenant d’infanterie coloniale au front, il est cité. Prisonnier en mai 1940 et emmené en Allemagne, CAVAILLES profite d’un arrêt en  Belgique pour s’évader et va retrouver a Clermont-Ferrand sa chère Faculté de Strasbourg repliée. Des son arrivée, il fonde u n groupe de résistance, puis un réseau de renseignements militaires, un groupe de sabotage et, plus tard, un noyau d’armée secrète ; magnifique combattant il mène contre l’envahisseur une lutte constant et sans merci. Fin 1942, il veut se rendre à Londres, arrêté et interné il s’évade encore.

    Mais le 28 août 1943,  CAVAILLES est arrête de nouveau ; interrogé et cruellement frappé il restera silencieux. Fresnes. Compiègne.

    CAVAILLES devait être dirigé sur Buchenwald, quand il fut rappelé à Paris pour supplément d’enquête.  On ne le revit plus. Les archives de Wiesbaden révélèrent que Jean CAVAILLES avait été fusillé à Arras au début de 1944. C’est dans le cimetière de la ville que le corps du héros fut identifié sur la terre qui le recouvrait une humble croix portait l’inscription : Inconnu n° 5.

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    Fred SCAMARONI 1914-1943

    Personnalité ardente, Godefroi, (Fred) SCAMARONI était en août 1939, chef de cabinet du Préfet du Calvados. Lieutenant d’infanterie, il demande l’aviation ; blessé en combat aérien en mai 1940, il rallie l’Angleterre. Catapulté de l’Ark Royal le 21 septembre 1940, il prend part a l’Opération de Dakar, mais il est capturé. Il va de prison en prison à travers l’Afrique Noire et l’Algérie et est ramené mourant en France. Sa santé retrouvée, il devient l’un des militants les plus actifs de la Résistance et se porte volontaire pour les missions les plus périlleuses. Désigné pour opérer en Corse sous le nom du Capitaine SEVERI, il débarque d’un sous-marin dans la baie d’Ajaccio, le 6 janvier 1943 et se met à l’oeuvre pour tenter de réaliser son rêve : libérer son île natale. Sa mission est presque terminée lorsque le 18 mars 1943 il est arrêté. Malgré les pires tortures. SCAMARONI ne dira rien. Mais il a trop souffert et le lendemain il avale la pastille de cyanure qu’il avait sur lui ; le poison absorbé SCAMARONI s’ouvre la gorge avec un fil de fer trouvé dans sa cellule. Il emportait dans la mort le mystère de son identité et les secrets de sa mission, permettant ainsi à ses camarades, par son sublime sacrifice, de continuer la lutte libératrice.

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    Simone MICHEL-LÉVY 1906-1945

    Après d’excellentes études, Simone MICHEL-LÉVY entra dans l’Administration des P.T.T. en 1924. Dès 1940 elle se jette dans la Résistance, ses fonctions de rédacteur au Centre de recherches et contrôles techniques lui permettent d’obtenir de nombreux renseignements qui sont fournis aux réseaux dont elle fait partie puis transmise à Londres. Chargée en 1942 d’installer des postes émetteurs en zone occupée, elle s’acquitte de ces dangereuses missions avec la plus grande audace. Arrêtée le 5 novembre 1943 elle est torturée mais ne parlera pas. Emprisonnée d’abord à Fresnes, Simone MICHEL­LÉVY est déportée à Ravensbrück en mars 1944 d’où on l’envoie à Holleischen dans une usine de guerre. Rendue responsable de deux arrêts de travail de plusieurs heures chacun qui font perdre a l’usine une production importance de munitions, elle est condamnée à mort pour sabotage. Le 13 avril 1945 devant ses compagnes de captivité du camp de Flossenburg où elle avait été transférée, Simone MICHEL-LÉVY est pendue. Elle aimait souvent répéter la fière devise de sa Franche-Comté natale Comtois rends-toi ! Nenni ma foi !, Simone MICHEL-LÉVY, l’héroïque postière a préféré suivre la voie qui l’a conduite au martyre plutôt que d’abandonner.

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    Jacques BINGEN 1908-1944

    Ancien élève de l’École des Mines et de l’École des Sciences Politiques, Jacques BINGEN était à la veille de la guerre, directeur d’une société d’armement naval de transports maritimes ; jeune patron, c’est déjà un grand administrateur. Officier de liaison, il est blessé en juin 1940 et cité ; malgré ses blessures, il gagne le Maroc puis l’Angleterre. À Londres, il dirige les services de la marine marchande de la France libre ; en marge de ses hautes fonctions, il suit jour après jour l’activité des mouvements de résistance a travers l’énorme quantité de rapports reçus de la Métropole. Délégué du Comité français de libération pour la zone Sud, en août 1943, puis Délégué général par intérim. Jacques BINGEN se dépense sans compter et met au service de la cause qu’il défend les ressources exceptionnelles de son intelligence et de sa foi. Victime d’un agent double et arrêté le 13 mai 1944, BINGEN réussit à s’échapper en assommant deux de ses gardiens; rejoint après une poursuite mouvementée. Il n’est capturé qu’avec l’aide de nombreux soldats ennemis. Mais il est détenteur des secrets les plus importants de la Résistance et plutôt que de s’exposer à les livrer par la torture. Jacques BINGEN, avec un courage héroïque, se donne la mort.

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    Simone Michel Lévy

    Elle était courageuse et obstinée, réfléchie et réservée, derrière son calme souriant se cachait la fière et inébranlable volonté qu’exprime avec tant de malicieuse pudeur la célèbre formule : Comtois, rend toi. Nenni, ma foi. Citation d’Anne Fernier, rescapée du kommando d’Holleischen. Après des nuits de veille, des voyages épuisants, au retour de missions périlleuses de parachutage, on revoit Simone à sa table de travail, les traits tirés mais souriante.

    Citation de Gaston Letellier, chef de service de Simone aux P.T.T.

    C’est alors que, par Horvais, je rejoins l’E.M.-PTT, animé par Pruvost, administrateur au ministère. Simone MICHEL-LÉVY (Françoise) en est l’agent de liaison avec le réseau C.N.D. Castille du colonel Rémy dont dépend le réseau PTT. Mon engagement est enregistré en qualité de radio par Boris, alias Beaumont qui ne manque pas de me faire entrevoir les risques encourus par cet engagement auquel je souscris. Sur ce point, il convient de souligner que l’organisation de la résistance intérieure se décomposait en réseaux Action – c’est-à-dire aux actions purement militaires – et Renseignements qui comportaient en particulier le service Radio, indispensable pour les renseignements de toute nature. Je précise aussi qu’en m’intitulant pianiste, j’emploie une qualification courante qui n’a rien à voir avec cet instrument, mais qui s’applique aux opérateurs doués d’une ouïe sensible et d’une manipulation correcte, ce qui somme toute n’est pas très éloigné de l’art musical. Du fait de l’arrestation de mon ami Courtaud, dit Jacot – que je retrouverai à Buchenwald – c’est son remplaçant en qualité de chef du service radio, Robert Bacqué, dit Tilden, qui me confie le poste émetteur américain.

    (Témoignage de Jean-André La chaud).

    En effet, ma grand-mère Mme Gabrielle Guignot épouse Millot ainsi que ma grand-tante Hélène Millot épouse Lignier furent arrêtées par la Gestapo à Dijon le 1er octobre 1943 pour avoir caché chez elles des résistants et des armes.

     

    Elles partirent ensuite toutes les deux par le convoi des 27000 du 3 février 1944 de Compiègne à Ravensbrück, où elles restèrent peu de temps puis elles furent envoyées créer un Kommando à Holleischen (Tchéquie).

     

    Ce Kommando étant rattaché au camp de Flossenburg, elles prirent donc des matricules sur les listes de ce camp, Gabrielle Millot matricule 50423,

    Hélène Lignier 50414.

     

    Suite aux sabotages des machines avec lesquelles elles fabriquaient des munitions pour l’armée allemande, Hélène et deux de ses camarades Mimie Suchet et Simone MICHEL-LÉVY (Compagnon de la Libération) furent bastonnées, puis emmenées au camp de Flossenburg ou elles furent pendues le 13 avril 1945. Ma grand-mère est donc rentrée seule de ces camps.

     
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    Propagande et censure du régime de Vichy

    – Contre pouvoir: la Résistance et la voix de la France Libre

     

     

    Pendant l’occupation, la population française subit non seulement la propagande nazie mais aussi la propagande et la censure du régime de Vichy, à travers la presse, les campagnes d’affichages, la radio, les actualités et documentaires cinématographiques. Pour la contrer la résistance s’organise, de l’étranger par le biais d’émissions radio, et sur place avec les moyens du bord

     

     
     
     

    Propagande et censure du régime de Vichy

    – Contre pouvoir: la Résistance et la voix de la France Libre

    Pendant l’occupation, la population française subit non seulement la propagande nazie mais aussi la propagande et la censure du régime de Vichy, à travers la presse, les campagnes d’affichages, la radio, les actualités et documentaires cinématographiques.

    Pour la contrer la résistance s’organise, de l’étranger par le biais d’émissions radio, et sur place avec les moyens du bord.



    Propagande et censure du régime de Vichy – Contre pouvoir: la Résistance et la voix de la France Libre
     
     

    Propagande vichyste et censure en France occupée

    L’une des particularités de la propagande du régime autoritaire populiste et guerrier de Vichy c’est l’accent mis sur la figure emblématique du maréchal Pétain, l’imagerie maréchaliste.
     
    Son portrait décliné sous la forme du vainqueur de Verdun, du sauveur, du père, du grand père, est tiré a des millions d’exemplaires, sur differents supports (timbres postes, affiches…) et sert de base à une propagande collaborationniste qui vise à normaliser l’occupation mais qui aussi accompagne les discours d’un régime qui monte en épingle le passé national glorieux et prône la révolution nationale (travail famille patrie) pour rassembler tous les français.

    • Propagande et censure dans la presse écrite


    • En septembre 1939 l'ensemble des services chargés de la police administrative des moyens de diffusion, et notamment de la presse, sont réunis en un seul département placé sous l'autorité d'un chef de service de presse et de censure le commissariat général à l’information .
    • De 1939 à 1944 ce chef de service assure la fonction de relation publique auprès de la presse et fait pression pour qu'elle soutienne la politique gouvernementale.
    • Après juin 1940 l'agence Havas est démembrée. Une agence de presse d'état est créée en zone sud: l'Office Français d'Information (O.F.I.). En zone nord est mise en place une Agence Française d'Information de Presse (A.F.I.P.) dont la mission première est la propagande.

      S'agissant de la censure, la zone nord ainsi que l'Alsace-Lorraine et la zone "interdite" (les départements du Nord et du Pas-de-Calais), sont sous la seule autorité des services allemands.
    • En zone sud, le gouvernement de Vichy met progressivement en place des services de censure aux niveaux régional, départemental et local, qui quadrillent tout le territoire.

     

    • BRUXELLES pareil
    • Aucune publication ne peut y échapper


    • Le régime de Vichy codifie la censure sous forme de "consignes" écrites imposées à la presse.
    • S'y ajoutent des "consignes verbales", des notes confidentielles et secrètes. Ces milliers de consignes, certaines permanentes d’autres temporaires, visent les mises en page, intitulés, choix des sujets, choix des caractères typographiques. Non respectées elles peuvent conduire à des mesures temporaires de suspension voire à l'interdiction de publication.
    • A cela s’ajoute les restrictions de tirage (2 feuilles petit format) dues aux distributions arbitraires de papier dépendant des services allemands de la Propaganda Abteilung, et les difficultés économiques rencontrées.

      Apres l’occupation en 1942 de la zone sud et surtout à partir de 1943 les autorités allemandes s'engagent elle-même dans une politique de plus en plus agressive et répressive, qui mine la presse écrite et contribue à son effondrement. C'est par la voie des ondes que les français cherchent le plus souvent à obtenir ce que les journaux ne sont plus en mesure de leur fournir depuis bien longtemps: des informations. Mais là aussi Vichy veille.
    • Propagande vichyste sur les ondes

      Après la débâcle et la défaite, la radio doit devenir le principal instrument de propagande du nouvel "Etat français" et de sa politique réactionnaire. Cependant les émetteurs sont aux mains des allemands en zone nord occupée. Donc une onde unique et à caractère national va émettre installée au casino de Vichy: "Radio Vichy". Plusieurs ministères ou structures vichystes auront leurs propres chroniques radiodiffusées. L'audience reste faible cette radio est trop orientée vers la politique intérieure du Maréchal, et dédaigne la politique extérieure et les évènements liés à la poursuite de la guerre. Pour y remédier, des émissions de divertissement sont mises en place, dont des émissions musicales, qui dépassent en volume en juin 1941 celui de l’information.

      Pendant ce temps, en zone occupée La Propaganda Abteilung in Frankreich lance Radio Paris dès le 18 juillet 1940. Avec des moyens financiers importants, cette radio allemande en langue française recrute de nombreux journalistes collaborationnistes. Elle joue sur le même créneau divertissement que sa consoeur de Vichy profitant des nombreux concerts et spectacles donnés à Paris.

      Le retour de Laval au gouvernement en 1942, et l'invasion de la zone libre par les allemands, marque un nouvel élan de la radiodiffusion. Le 07 novembre 1942, la loi sur la radiodiffusion est révisée: les services sont centralisés, les émetteurs modernisés, le financement devient plus souple afin de rendre l'outil propagandiste radiophonique plus efficace. Un conseil supérieur de la Radiodiffusion est mis en place, et en 1943 les services de la Radio sont regroupés à Paris. Sous l'influence allemande et sous le poids de la guerre, le discours se radicalise et devient de plus en plus virulent.
    • Propagande vichyste dans les documentaires cinématographiques juillet 1940-novembre 1942

      Pendant l’occupation, les films projetés sont précédés d’un journal d’actualités et d’un documentaire. Entre fin juillet 1940 et novembre 1942, les actualités de la zone Sud sont produites par France-Actualités et Pathé-Gaumont, sous le contrôle de Vichy. En zone Nord une version française des actualités allemandes est diffusée, complétée par quelques reportages spécifiques à la France. Après l’occupation de la zone Sud, il n’y a plus qu’un journal franco-allemand, France-Actualités.

      Entre juillet 1940 et novembre 1942 Le régime de Vichy met en place à travers des documentaires une propagande d’intérêt national sur des thèmes rassembleurs:
    • le passé glorieux de la nation, les discours du gouvernement français, le thème de la Révolution nationale (travail, famille, patrie), et l’imagerie maréchaliste. Ces documentaires sont diffusés dans les salles du cinéma traditionnel, en complément des actualités et du film.

     

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    • Dans la zone Sud, ils sont aussi proposés dans le cadre de séances éducatives, destinées aux écoles et aux entreprises. Ils sont également diffusés dans les camps et les centres de formation de la jeunesse. Enfin, des salles de cinéma sont aménagées dans le cadre des grandes expositions organisées en zone occupée.


      Ces films de propagande sont présentés comme des documentaires faits de témoignages basés sur des informations réelles. Ils sont diffusés avant le film de fiction, comme les documentaires d’avant-guerre, et se présentent sous la forme d’un documentaire "classique". Ils font appel à une imagerie consensuelle de séduction, des images harmonieuses, qui s’emploient à gommer l’occupation, prônent un retour à la normale, à la paix, la cohésion la fraternité sur fond de voix off. Ces documentaires sont fondés sur une technique d’interpellation du spectateur, et sur un aller-retour constant entre un ton très affectif et une approche plus factuelle (graphiques, chiffres précis...), le tout présenté comme réel. D’autres documentaires visent à discréditer la résistance en présentant des résistants au patriotisme douteux, agissant par intérêt financier.

      L’occupation de la zone Sud en 1942 entraîne des changements radicaux, sur les écrans où seule la propagande allemande demeure, dominée par un discours d’exclusion et de dénonciation de l’ennemi. A noter que les français de la zone sud n’ont connu la propagande allemande qu’à partir de cette date de même qu’en zone occupée les français n’ont pas connu la propagande vichyste qui a disparu de tous les écrans de cinéma en 1943.
     

    La Résistance et la Voix de la France Libre

    La résistance en France s’organise et met en scène de jeunes patriotes nationaux sur des tracts des affiches souvent imprimées avec des moyens rudimentaires au pochoir ou avec des gravures sur bois pressées à la main, pour redonner confiance au peuple et capter son attention sur un futur ou la victoire est au bout du tunnel. Les français à l’affût du moindre signe d’espoir contre l’occupation vont se tourner ver la voix des ondes pour chercher une information qui leur fait cruellement défaut.

    • La voix de La France Libre

      Le 16 juin 1940 De Gaulle arrive en Grande-Bretagne en tant que sous-secrétaire à la Défense nationale. Le 18 peu avant 20h00 le cabinet britannique l'autorise à lire à la radio un texte pour le bulletin d'informations de 20h15 « Les français parlent aux français ». Les britanniques autorisent ensuite l'émission d'un programme français à la B.B.C. d'une demi-heure. Les responsables sont Darcie Gillie, Cecilia Reeves. L'émission originelle "Ici la France" débute dès le 19 juin 1940. Puis Michel de St Denis, sous le nom de Jacques Duchesne réunit une équipe dans le but d'organiser un programme radiodiffusé sur la B.B.C qui démarre le 14 juillet à 20h30. Cette émission prend bientôt le nom de "Les Français parlent aux Français". Au début de chaque émission, Jacques Duchesne lançait cette phrase "Aujourd'hui, (xeme) jour de la résistance du peuple français à l'oppression" qui se transforma en "Aujourd'hui (xeme) jour de la lutte du peuple français pour sa libération".

      Dès le printemps 1941, on écoute beaucoup la B.B.C dans les foyers français. malgré le brouillage et les sanctions sévères encourues. Le succès est dû au fait que les bulletins d'informations (12 par jour en 1944) rapportent assez fidèlement la réalité et sont plutôt objectifs dans les renseignements portant sur le déroulement de la guerre. Y sont associés également quelques divertissements : sketches, musique, témoignages. Des chansons et des maximes deviennent célèbre : le fameux "Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand" sur l'air de la "Cucaracha" par exemple.

      Au début de 1941, l'équipe française de la B.B.C. lance la campagne des V devant être peint partout en signe de victoire. Devant l'ampleur du phénomène, les allemands et Vichy tentèrent de le récupérer à leur avantage en dressant un V immense sur la tour Eiffel. Autre campagne : l'appel à la résistance au S.T.O. (Service de Travail Obligatoire) a permis de rassembler les réfractaires en maquis organisés en 1943. C'est par la biais des mêmes programmes que les "messages personnels" de la résistance sont transmis. L'information sur les actions des maquis est aussi relatée par la B.B.C.

      Par cette radio, la France Libre légitimise son action et sa raison d'être. Ses programmes ont joué comme un effet de contre-pouvoir face à la propagande vichyste et à celle encore plus puissante des nazis. Ainsi, n'étant pas totalement coupée des réalités, la population française a pu conserver un espoir et, pour certains, la volonté d'agir contre l'occupant.
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