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    Postoloprty : massacre en catimini

     Jaroslava Gissübelová

     

          

     

     

    Postoloprty, Postelberg en allemand, est une ville d’un peu plus de 5000 habitants, dans la région d’Ústí nad Labem, en Bohême du nord.

     

    Ses origines remontent à l’an 1125.

     

    Le nom de la commune est tristement connu pour avoir été, en juin 1945, le lieu du plus grand massacre commis contre les Allemands des Sudètes sur notre territoire.

     

    64 ans après, l’histoire sombre qui s’inscrit dans le cadre de l’expulsion sauvage des Allemands des Sudètes du territoire de la Tchécoslovaquie d’après-guerre, est partiellement dévoilée. La police a retrouvé deux des auteurs du massacre qui fut pendant plus de 40 ans un tabou du régime communiste.

     
    Télécharger: MP3
     

     

    Plusieurs milliers de citoyens allemands de la région de Postoloprty ont été rassemblés, fin mai 1945, dans les casernes locales pour être ensuite envoyés dans un camp provisoirement aménagé dans l’ancienne faisanderie.

     

    Là bas, ils ont du attendre leur expulsion ‘dans les règles’ établies par la conférence de Potsdam, hors du territoire des anciennes Sudètes.

     

    Ce fut le cas des femmes, des enfants et des personnes âgées.

     

    Mais plus de 760 hommes ont été fusillés sans jugement, dans la faisanderie, et leurs corps jetés dans des fosses communes. Parmi eux, cinq garçons étaient âgés de 12 à 15 ans. Aujourd’hui, on connaît les noms des assassins de ces cinq garçons.

     

    Ils étaient deux : le capitaine de l’armée tchécoslovaque Vojtěch Černý et le commandant de police Bohuslav Marek.

     

    L’enquête ouverte aussitôt après 1989 par la police tchèque a été trois fois suspendue, faute de preuve.

     

    On écoute Šárka Poláčková porte-parole de la police criminelle de Žatec qui a fini par retrouver les deux hommes :

     

     

     

    Bohuslav Marek (le deuxième à gauche), photo: ZDF

     

    « L’enquête a été rouverte en 2006 à l’initiative de la police allemande. En trois ans, on est parvenu à réunir suffisamment de preuves permettant d’identifier les auteurs des cinq meurtres. Ni l’un ni l’autre ne seront traduits en justice car ils sont morts, tous les deux. »

    Bohuslav Marek est décédé en 1969, Vojtěch Černý en 1991. Lors de l’enquête, la police tchèque s’est adressée aux survivants allemands expulsés après la guerre en Allemagne. Entre 2007 et 2009, elle a entendu 37 témoins. La plupart d’entre eux étaient présents dans la faisanderie au moment de l’exécution.

     

    A l’exception de quelques détails, ils ont témoigné à l’unanimité de ce qui s’était passé, en identifiant sur des photographies Bohuslav Marek.

     

    De leurs dépositions, il ressort que les garçons ont été arrêtés lors d’une tentative de fuite du camp d’internement. Des gardes les ont battus, puis, sur ordre du capitaine Černý, exécutés sous les yeux des autres détenus.

     

    Le site du serveur Aktualne.cz est le premier à avoir publié les résultats de l'enquête et les noms des coauteurs du massacre de Postoloprty.

     

    Prokop Tomek, photo:

     

    Des multiples excès commis en cette période agitée d’après guerre, le massacre de Postoloprty a été le plus dramatique, observe l’historien Prokop Tomek :

     

     

    « Entre 800 et 1000 personnes y ont été tuées. Les évaluations les plus modérées dénombrent 10 000 homicides commis lors de l’expulsion sauvage : le nombre de victimes lors du massacre de Postoloprty représente donc un dixième des civils allemands ayant trouvé la mort sur notre territoire. En plus de cela, il faut distinguer le cas de Postoloprty des excès relevés ailleurs. Ici, ce fut l’armée tchécoslovaque implantée dans la région qui a procédé à ‘l’épuration’ du territoire. La situation était tout autre par exemple dans le cas de la marche de mort de Brno tristement connue : cette marche a elle-aussi été à l’origine d’un véritable drame humain mais il s’agissait alors d’un acte spontané, d’un débordement de haine après la guerre.

    Pour ce qui est des autres affaires jamais élucidées, elles sont toujours relativement nombreuses. »

     

     

    Photo: www.nacionaliste.comPhoto: www.nacionaliste.com

     

    Lors de la marche de mort de Brno, les 30 et 31 mai 1945, près de 20 000 Allemands ont été sauvagement expulsés de la métropole morave, parmi lesquels 1700 sont morts.

     

    Le 9 juin 1945 à Chomutov, au nord de la Bohême, 140 Allemands ont été tués.

     

    Le 18 juin, dans la commune morave de Horní Moštěnice près de Přerov, une expulsion sauvage a fait 300 victimes.

    Même avant le coup de Prague de février 1948, une enquête sur le cas de Postoloprty avait été ouverte, avant que ne règne un long silence, observe l’historien Tomek :

     

     

    Les casernes de Postoloprty

     

    Les casernes de Postoloprty

     

    « Une commission parlementaire a été créée en 1947 pour enquêter sur l’affaire. On a procédé à l’exhumation de 763 corps, mais en réalité c’était plutôt une tentative de balayer les traces. Les corps ont été ramenés au crématoire et incinérés secrètement. De ce fait on ne pourra plus jamais identifier les personnes mortes ici, connaître leurs noms, savoir combien elles étaient. La loi 115 en vigueur en 1946 justifiait, en fait, des actes motivés par le sentiment de revanche pour les crimes nazis. »

    Dans quelle mesure, le fait de retrouver, 64 ans après, les personnes concrètes responsables du massacre de Postoloprty, est-il important pour Peter Barton, directeur du bureau du Rassemblement sudéto-allemand à Prague ?

    Peter Barton, photo: www.sks-praha.com

     

    Peter Barton, photo: www.sks-praha.com 

     

    « Je dirais, tout d’abord, Dieu merci qu’il en soit ainsi, que 64 ans après, on ait pu en arriver là, mais bien entendu, pour les familles qui y ont perdu leurs proches, leurs amis, il est peu important de savoir qui avait pris part aux assassinats, rien ne peut les justifier. Mais c’est, au moins, une partie de la justice, et il est important, à mon sens, de s’occuper de ces affaires, même après tant d’années, pour faire triompher la justice, quand même. »

     

     

    Un mémorial des victimes civiles de guerre allemandes mais aussi tchèques sera érigé à Postoloprty.

     

    Selon le maire Miroslav Hýlek, il faut mettre un point final aux tristes souvenirs du passé.

     

    L’idée d’un mémorial commun a toutefois ses opposants qui se demandent si cela constitue réellement un pas vers une mise au point historique.

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Cette brochure sur la tragédie des Sudètes est une œuvre d'amour en même temps qu'un appel à la vérité et à la justice.

      

    Avant la Première Guerre mondiale, les Allemands de cette terre devenue tchécoslovaque en 1919 comptaient parmi les plus heureux des hommes.

      

    La tragédie commença en 1919, quand les "champions de la démocratie" arrachèrent les Sudètes à l'Autriche.

     

    Puis, après une autre croisade alliée pour la "liberté", les Sudètes subirent les pires atrocités quand les "démocrates" tchèques chassèrent de leur patrie trois millions d'entre eux et en firent mourir 241 000.

     

      

     

    Ces événements s'inscrivent dans l'immense drame humain constitué par l'expulsion, après la Seconde Guerre mondiale, d'environ 15 millions d'Allemands d'Europe centrale et orientale et la mort de plus de 2 millions d'entre eux.

     

    Publié en 1979, le présent ouvrage conserve une étonnante actualité avec la récente ratification du traité de Lisbonne par le président tchèque Vaclav Klaus.

     



    Docteur ès-lettres, Austin J. App (1902-1984) fut professeur d'anglais dans diverses écoles et universités américaines. Il est l'auteur de centaines d'articles, de huit livres (.) et de nombreux pamphlets. Il a fait partie du comité éditorial de la revue révisionniste américaine The Journal of Historical Review.

     

     

     

     

     

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