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    La Libération (des autres) et l'après-guerre …

     

    La guerre …

    Sa rencontre avec Jean DelannoyJean Delannoy fait naître chez Mireille Balin l'espoir d'une nouvelle carrière, et si «La Vénus de l'or» (1938) ne laisse pas un très grand souvenir, «Macao, l'enfer du jeu» (1939) lui donne une nouvelle occasion de croiser le fer et les feux d'un amour impossible avec celui qui est devenu son ami, Erich Von Stroheim.

     

      

      

    Mais, au moment de sa distribution, en 1940, le film sera interdit dans les salles parisiennes par les autorités devenues allemandes.

      

    Refait avec Pierre Renoir, il dut attendre la Libération pour pouvoir être distribué dans sa version originale.

     photo mireille_balin_gueule_damour-01.jpg

     

    Le 1er septembre 1939, jour de l'ouverture de ce qui aurait dû être le premier Festival de Cannes, les Allemands envahissent la Pologne et la manifestation culturelle est interrompue.

      

      

    Après un passage par Paris, Mireille Balin tourne à Rome un film réalisé par Augusto Génina, «Le siège de l'Alcazar», une oeuvre

      

    commandée par Le DuceLe Duce, en hommage aux combattants franquistes espagnols.

     

    L'Armistice signé, l'actrice rejoint son amant corse à Catari où, lassée d'une liaison désormais sans surprise, elle ne tardera pas à lui signifier son congé (septembre 1941).

      

    Dans Paris occupée, cherchant peut-être à retrouver les fastes d'antan, elle fréquente assidûment les soirées de l'Ambassade d'Allemagne.

      

    Lors d'une réception chez l'ambassadeur Otto AbetzOtto Abetz, elle fait la connaissance d'un officier viennois un peu plus jeune qu'elle, Birl Desbok.

      

    Très rapidement s'ébauche ce qui n'allait pas tarder à devenir une liaison passionnée.

      

    Mais s'afficher au bras d'un officier ennemi n'est jamais sans conséquence, et vouloir ignorer les événements politiques ressemble davantage à une politique que l'on attribue plus facilement aux autruches qu'aux vedettes de cinéma.

     

    Mireille Balin a beau tourner «La femme que j'ai le plus aimée» (1942), désormais cataloguée comme une collaboratrice, elle l'est de moins en moins …

      

    Enfermée avec son nouvel amant dans une passion qui ne pouvait trouver d'autre issue que dans une “fuite en avant”, elle choisit de prendre ses distances avec le cinéma , une fois ses derniers contrats honorés.

     

     

    Parmi ceux-ci, «Dernier atout» (1942), lui laisse un souvenir agréable dont le point d'orgue est sa rencontre avec le metteur en scène

     

    Jacques BeckerJacques Becker, qui l'aide à apprivoiser ce qui demeure l'une de ses meilleures interprétations. Plus belle sera la chute : définitivement retirés à Catari, Mireille et son officier de la Wermacht, ne s'autorisant que quelques rares escapades parisiennes, se coupent du monde …

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    Le 25 août 1944, Paris est libéré.

      

    Mireille et Birl tentent de rejoindre la frontière italienne, espérant se réfugier au Moyen-Orient.

     

    Le 28 septembre 1944, ils sont repris par un groupe de partisans FFI.

      

    Séparée de son amant, la jeune femme, battue et violée, échoue à la prison de Nice.

      

    Nul ne sait ce qu'il est advenu de Birl Desbok.

     

    Rapatriée à la prison de Fresnes, Mireille Balin est interrogée.

     

    Sa libération, en janvier 1945, laisse penser que l'on ne put lui reprocher que sa liaison sentimentale avec un officier d'une armée devenue ennemie et sa participation au film de Genina.

     

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    Mais, en 1945, cela n'était pas une broutille.

      

    Recluse dans son appartement de l'avenue d'Iéna, contrainte à vendre les derniers objets de valeur qu'il lui restait, abandonnée de (presque) tous, elle ne tarde pas à s'adonner à la boisson.

     En 1946, le réalisateur Léon Mathot tente de remettre sa carrière en route en l'engageant pour son film «La dernière chevauchée».

      

    Mais l'actrice, traumatisée par tant de souffrances, n'est plus que l'ombre d'elle-même.

      

    Le cinéma fait désormais partie de son passé …

     

    Poursuivie par le fisc, elle doit vendre Catari et son appartement parisien.

     

      

    Désormais locataire d'une petite villa cannoise, elle est successivement victime d'une congestion cérébrale, d'une méningite, de la fièvre de Malte … avant de connaître des troubles de la vision.

     

     

    On lui connaît au moins cinq liaisons :

    1. Le boxeur poids mouche Victor Younki, dit Young Perez, plus jeune champion du monde tunisien, né le 18 octobre 1911 dans le quartier juif de La Hara à Tunis, déporté en tant que juif, tué lors de l'évacuation du camp d'Auschwitz.

    1. Raymond Patenôtre, député, ministre et patron de presse. Il la couvrit de bijoux, mais elle refusa toujours de l'épouser.

     

    1. Jean Gabin, si leur relation fut éphémère, leur duo dans Gueule d'amour et Pépé le Moko est resté légendaire.

     

    1. Tino Rossi, une grande passion enflamma ces deux êtres, sans les emmener jusqu'au mariage. Ils se quittèrent en septembre 1941.

     

    1. Birl Desbok, officier dans la Wehrmacht, son dernier compagnon qui l'accompagna dans sa fuite tragique.

     

     

    En 1957, elle s'installe à Paris, auprès d'une cousine accueillante.

      

    Mais, celle-ci périssant dans un accident d'avion, la voici de nouveau à la rue.

      

    Sauvée de la misère grâce à l'intervention de l'association La roue tourne,

    fondée par Paul Azaïs pour venir en aide aux vieux comédiens nécessiteux, elle vit ainsi plus d'une dizaine d'années dans une quasi solitude.

     

     

     

     

    Le 9-11-1968, sous le regard ému de Paul Azaïs, la dame qui fit

    sortir Pépé le Moko de la Casbah et battre le cœur

    de Lucien Bourache / Gueule d'Amour décède à Clichy-La-Garenne

    (Hauts-de-Seine), dans l'oubli général.

      

    Sa dépouille repose au cimetière de Saint-Ouen, dans la même tombe que celle

    de Jean TissierJean Tissier, financièrement érigée par Tino Rossi.

     

    Elle repose maintenant au cimetière de Saint Ouen, carré 31, et depuis 1973 elle n’est plus seule.

      

    Triste histoire, n’est-ce pas ?

     

    Un livre a été publié sur la vie de cette actrice.

     

    Il s’agit de

      

    « Mireille Balin ou la beauté foudroyée» paru aux Éditions de la Manufacture en 1989 et écrit par Daniel Arsand. Hélas, ce livre est devenu introuvable !

     

     

     Mireille Balin

     

     

    Sources : biographie de Daniel Arsand,

    «Mireille Balin ou la beauté foudroyée», parue aux édition La Manufacture (1989), documents personnels, plusieurs images glanées çà et là, dans divers ouvrages ou sur la toile, au cours de nombreuses années de vagabondage, et dont je n'ai pas toujours gardé trace de l'origine.

     

     

      photo mireille_balin-05.jpg

     

     http://kebekmac.blogspot.fr/2013/11/gremillon-1937-gueule-damour.html

     

     

     

     

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