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2 - La répression des femmes coupables d'avoir "collaboré" pendant l'Occupation
La répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation
Françoise LECLERC et Michèle WEINDLINGLa répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation ne fut pas un fait mineur de l'épuration.
Au 1er Janvier 1946, 21% des détenus pour faits de collaboration sont des femmes, 68% d'entre elles seront condamnées, certaines à de lourdes peines dont la peine de mort.
Les femmes traduites devant la Cour de justice de la Seine sont pour trois quart d'entre elles, délatrices.
La plupart n'avaient jamais été condamnées avant la guerre, mais une première condamnation de droit commun pendant l'Occupation s'avéra parfois être le point de départ d'une collaboration avec l'occupant.
D'autres condamnées par les Allemands pour dénonciation calomnieuse se retrouvent condamnées une seconde fois, pour ces mêmes dénonciations, à la Libération.
L'impact de la guerre et de l'occupation allemande sur la « délinquance » féminine fut considérable :
7 fois plus de femmes qu'avant-guerre sont détenues dans les prisons françaises, non seulement des femmes écrouées pour faits de collaboration, mais aussi des détenues de droit commun, alors que la population carcérale masculine quadruple pendant cette même période.
L'exécution sommaire des femmes à la Libération ne fut pas non plus un fait mineur.
454 au moins furent exécutées.
Si certaines d'entre elles paient les crimes de leur mari, de leur amant, de leur fils ou de leur employeur, d'autres sont exécutées pour avoir eu des relations intimes avec des membres de l'armée d'occupation ou avec des collaborateurs, mais aussi pour prostitution, dénonciations ou appartenance à la Milice ou à la Gestapo.
Le silence qui a entouré l'épuration des femmes procède de l'occultation ordinaire de l'histoire des femmes, mais plus encore de la difficulté de sortir de l'histoire apologétique ou victimaire, pour inscrire dans l'histoire cette irruption sur la scène publique de celles qui eurent à rendre compte de leurs actes à la Libération.
Les exécutions de femmes, les arrestations, leurs condamnations par les tribunaux, bousculent la représentation habituelle de l'épuration des femmes.
La représentation emblématique de la « femme tondue » nous a masqué jusqu'ici, la diversité des délits et des sanctions ; comme si cette cristallisation sur des délits de type sexuel opérait ici comme un filtre empêchant d'advenir toute autre forme de représentation de l'épuration et de la collaboration des femmes.
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Françoise LECLERC et Michèle WEINDLINGarticle dans sa totalité http://clio.revues.org/519
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Tags : femme, occupation, pendant, repression, coupables
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