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    L'avortement sous le régime de Vichy

     

     

    Comme nous le savons tous, la France a été occupée par l'Allemagne au cours de la deuxième guerre mondiale.

     

    Elle a été divisée en deux, le nord occupé directement par les Allemands et le sud formellement sous la supervision du gouvernement conservateur de Pétain dont la capitale était la ville de Vichy.

     

    Je dis 'formellement' parce que le gouvernement de Vichy ne suivait aucune politique indépendante.

     

     

    Elle essayait toujours de faire ce qui plairait aux Allemands. La France a été, comme on dirait en Allemand, gleichgeschaltet avec la politique, les mœurs et les idéaux allemands.

     

     

    Le gouvernement de Vichy, comme le gouvernement de ses chefs allemands, a été motivé dans sa politique intérieure par les idéaux conservateurs de "travail, famille, patrie".

     

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    L'idéologie nazie consistait dans une grande partie de la politique de la population; il fallait purifier l'Europe des races dégradées et la remplir d'enfants des races nobles.

     

    En plus de ces motivations non réalistes, les deux pays avaient intérêt à remplacer les jeunes soldats morts sur le champ de bataille avec des nouveaux-nés.

     

    Bien qu'Hitler n'avait pas une très bonne impression de la 'race française', son gouvernement a essayé de le suivre en faisant croître les naissances dans le territoire français.

     

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    Un moyen de faire croître les taux de naissances est de limiter les possibilités de contraception, c'est-à-dire d'interdire l'avortement.

     

    L'avortement était déjà interdit en Allemagne (sauf dans le cas d'une juive); il l'était aussi en France.

     

    Cela était d'accord avec les mœurs conservatrices et bourgeoises du régime pétainiste et de ses supporteurs.

    Uranus de Claude Berri - http://www.ifrance.com/DOSSIERSCINEMAETCIE/AYME%20MARCEL.htm

     

    Le roman Uranus de Marcel Aymé, qui se situe en France à l'époque de l'épuration (après la libération), présente un bon exemple des mœurs bourgeoises traditionnelles au moment de la création d'une nouvelle société

     

    Au début du roman, le personnage principal de M. Archambaud dit à propos de sa fille qui vient de coucher avec un jeune homme et en répondant à sa femme qui a peur que sa fille tombe enceinte:

     

     

    Évidemment, c'est la chose à ne pas faire. Il faut absolument éviter d'avoir des enfants. Ça coûte cher, c'est un embarras, une cause de soucis, de tracas, et pour une jeune fille, c'est un handicap très lourd.
    Ta mère s'inquiète à juste titre de ta promenade au bois des Larmes. Ce n'est pas un endroit où céder à un jeune homme. Il ne faut le faire que dans une chambre. (p. 10)

    M. Archambaud trouve qu'il n'est pas mauvais que sa fille ait une liaison avec un jeune homme dont le père s'est enrichi pendant l'occupation; en plus, il trouve qu'il peut y avoir autant de profit d'être la maîtresse d'un homme riche que d'être sa femme.

     

    C'est un bourgeois assez pessimiste et extrême dans son insistance sur la seule importance de l'argent, mais il partage le sentiment de sa femme qu'il ne faut avoir des enfants qu'au bon moment.

     

    On s'imagine que dans le cas où sa fille tomberait enceinte, il lui payerait l'avortement pour éviter les autres ennuis. C'est un homme pratique.

     

    Mais il peut quand même plaisanter un peu sur le sujet, tandis que sa femme se fâche. M. Archambaud est un bourgeois moderne et désillusioné qui se rend parfaitement de l'importance de l'argent:

     

    "La seule chose qui compte, c'est l'argent" (p. 10), mais ce ne veut pas dire que c'est la seule chose qui compte dans le domaine humain, car il se met en danger plus tard pour protéger la vie d'un milicien.

     

    Cela veut simplement dire que l'argent est la seule chose qui donne du pouvoir.

     

    Mme Archambaud ne partage pas l'avis de son mari sur le sujet de leur fille.

     

    C'est une bourgeoise des mœurs traditionnelles qui frappe sa fille pour avoir menti et pour avoir couché avec un garçon.

     

    Dans la société traditionnelle, il faut qu'une fille soit vierge pour qu'elle puisse trouver un bon mari.

     

    Ce sont ces mœurs-là que reflètent les lois sur l'avortement, parce qu'on croit illogiquement que si la contraception et l'avortement sont possible, les filles non mariées vont se sentir libre de faire l'amour encore plus.

     

    Ce n'est peut-être pas la logique du gouvernment, mais c'est la pensée qui est dans la tête des mères françaises.

     

    Le personnage de Madeleine, dans Au bon beurre de Jean Dutourd, est encore une femme qui ne se fait pas avorter, mais dans ce cas, ce n'est pas elle qui fait la décision, mais son copain, Léon.

     

    Son ami Lemercier offre de lui donner l'argent pour l'avortement, mais Léon se décide de se marier avec Madeleine parce que c'est la chose honorable et son devoir. Il se dit que Madeleine trouverait l'avortement barbare, ce qui est peut-être vrai, mais on ne le sait pas. En tout cas, ce sont des petits bourgeois éduqués, alors ils ont les mœurs bourgeoises.

     

    Dans encore un autre cas, dans le roman Le coeur des vivants de Bernard Clavel, la copine du héros Julien tombe enceinte.

     

    C'est la volonté de Julien, parce qu'il veut garder sa copine Sophie.

     

    Naturellement, Sophie, qui est fiancée à un garçon beaucoup plus riche que Julien, est très fachée et ne veut plus voir Julien.

     

    Elle se fait avorter et continue sa vie comme avant.

     

    C'est une fille moderne qui veut bien coucher avec son amant Julien, mais elle ne veut pas être controlée par lui, et surtout elle ne veut pas perdre son avenir avec un mari riche, alors il ne faut pas qu'elle ait un enfant.

     

    C'est une fille pareille à M. Archambaud, qui fait ce qu'elle veut et non pas ce qu'on veut d'elle.

     

    Desfois, dans les films ou les livres, l'avortement n'est pas explicit. Par exemple, dans Les violons du bal, la sœur du personnage principal tombe enceinte d'un garçon aristocrate dont la mère ne lui permet de l'épouser parce qu'elle est juive.

     

    Donc elle va à Paris où elle se fait avorter et devient mannequin.

     

    Personne ne dit qu'elle s'est fait avorter, mais c'est évident, parce qu'elle n'est plus enceinte et elle ne pourrait pas avoir un enfant dans ces circonstances.

     

    MODE sous l'occupation - Années 40:

    Le film Une affaire de femmes nous présente une nouvelle perspective en nous introduisant à une série de femmes qui se font avorter pour différentes raisons.

     

    Pour les prostituées comme Lulu c'est une question de métier; on ne trouve pas de clients quand on a le ventre comme un ballon de basket.

     

    Pour Ginette, dont le fiancé est parti en Allemagne pour le STO (service de travail obligatoire), c'est tout simplement qu'elle n'a pas les moyens de soutenir un enfant, et aussi son fiancé ne veut pas qu'elle le garde.

     

    Bien sûr, elle aurait aussi eu à supporter le regard approbateur de la société conservatrice française de l'époque.

     

    Dans encore un autre cas, le mari de Jasmine, une femme désespérée qui a déjà dix enfants encore jeunes, lui demande de se faire avorter au lieu d'avaler du poison, parce qu'il croit qu'elle serait en plus de sécurité avec une faiseuse d'anges.

     

    Malheureusement, ce n'est pas le cas et elle meurt à la suite, préférant la mort à sa vie misérable.

     

    Toutes ces femmes ont des raisons différentes pour l'avortement, mais ce qu'elles ont de commun est qu'elles veulent à tout prix éviter d'avoir un enfant.

     

     

    Le personnage principal d'Une affaire de femmes est Marie Latour, une femme de travailleur qui devient faiseuse d'anges pour gagner plus d'argent. La première fois, c'est sa voisine Ginette qu'elle aide à se débarasser de l'enfant non voulu, bien qu'elle ne sache absolument rien de ce qu'il faut ou ne faut pas faire.

     

    Elle fait bouillir l'eau, met un peu de savon dedans et la injecte dans le vagin de Ginette en disant, "Ça doit être bon."

     

    Elle ne sait rien de ce qu'elle fait. Puis elle a demandé de garder le savon, chose très cher à l'époque.

     

    Le lendemain, Ginette, très heureuse, vient lui dire que l'avortement a marché et qu'elle a saigné beaucoup la nuit dernière.

     

    Marie ne se rend pas compte que le sang veut dire que l'avortement n'a pas été correct.

     

    En fait, tout ce qui lui importe est que Ginette lui donne son gramophone pour la remercier; elle ne se soucie pas plus de la santé de Ginette.

     

    Plusieurs jours plus tard, Marie rencontre une prostituée, Lulu.

     

    Voulant se faire plus dangereuse et intéressante qu'elle ne l'était, elle dit qu'elle est faiseuse d'anges. Lulu commence alors à lui envoyer des clientes qu'elle n'a pas demandées, mais qu'elle ne refuse pas.

     

    Cela continue et elle devient de plus en plus riche à travers les femmes qui demandent ses services.

     

    Mais elle est toujours si peu soigneux de ses clientes; par exemple, elle laisse une fille avec sa femme de ménage pendant qu'elle va faire l'amour avec son amant.

     

    Le pire est sa réaction à la mort de Jasmine.

     

    La belle-sœur de cette malheureuse vient lui donner les nouvelles et l'argent; encore une fois, Marie ne prend aucune conscience du danger des avortements qu'elle fait en disant que ce n'est pas de sa faute, que rien ne s'était passé avant.

     

    Cela montre qu'elle ne sait rien des pratiques de la médicine; n'importe quelle procédure, si petite et courante qu'elle soit, peut mal tourner.

     

    En plus, elle prend l'argent de cette femme qui doit élever les dix enfants de Jasmine et de son mari qui s'était suicidé de désespoir après la mort de sa femme.

     

    L'avarice de Marie est plus forte que sa compassion humaine, si elle en a.

     

     

    Marie et son avocat

    Marie devient faiseuse d'anges pour gagner de l'argent, non pas pour aider les femmes sans autre recours. Mais elle a raison quand elle dit à son avocat à Paris, après son arrestation, qu'au lieu d'exécuter les faiseuses d'anges il faudrait resoudre les problèmes sociaux des femmes qui se font avorter parce qu'ils n'ont rien à manger ou parce que leurs maris sont en Allemagne.

     

    Elle a raison, mais ce n'est pas un argument qui puisse lui sauver la vie. Elle est mise à mort comme Marie-Louise Giraud, qui a été guillotinée le 30 juillet 1943, la dernière femme guillotinée en France.

     

     

    Le régime de Vichy voulait faire croître les taux de naissance en non pas seulement interdisant l'avortement mais en punissant très fort ceux qui le faisaient, mais avec le Service de Travail Obligatoire le gouvernement a introduit une force contraire.

     

    Si les hommes ne sont pas à la maison, les femmes ne feront pas l'amour ou ne le feront pas avec leurs maris; dans le premier cas, elles ne seront pas enceinte et dans le deuxième, elles ne voudront pas garder l'enfant.

     

     

     

    En tout cas, il n'y a pas d'argent pour nourrir un autre bouche, et si la femme doit travailler pour gagner de l'argent, elle ne peut pas prendre le temps d'être enceinte.

     

    Alors il n'y a qu'une solution: l'avortement. Elles s'avortent; l'interdiction fait simplement profiter les faiseuses d'anges comme Marie qui n'en savent peut-être pas plus que leurs clientes.

     

    La vraie solution pour le gouvernement aurait été de faire rentrer tous les hommes; alors il y aurait eu beaucoup plus de naissances et moins de femmes se feraient avorter.

     

     

    http://www.mtholyoke.edu/~lbmelton/fren331/avortement.html

     

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    La répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation

    Françoise LECLERC et Michèle WEINDLING

     

     

     

    La répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation ne fut pas un fait mineur de l'épuration.

      

    Au 1er Janvier 1946, 21% des détenus pour faits de collaboration sont des femmes, 68% d'entre elles seront condamnées, certaines à de lourdes peines dont la peine de mort.

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    Les femmes traduites devant la Cour de justice de la Seine sont pour trois quart d'entre elles, délatrices.

      

    La plupart n'avaient jamais été condamnées avant la guerre, mais une première condamnation de droit commun pendant l'Occupation s'avéra parfois être le point de départ d'une collaboration avec l'occupant.

      

    D'autres condamnées par les Allemands pour dénonciation calomnieuse se retrouvent condamnées une seconde fois, pour ces mêmes dénonciations, à la Libération.

     

    L'impact de la guerre et de l'occupation allemande sur la « délinquance » féminine fut considérable :

      

    7 fois plus de femmes qu'avant-guerre sont détenues dans les prisons françaises, non seulement des femmes écrouées pour faits de collaboration, mais aussi des détenues de droit commun, alors que la population carcérale masculine quadruple pendant cette même période.

     

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    L'exécution sommaire des femmes à la Libération ne fut pas non plus un fait mineur.

      

    454 au moins furent exécutées.

      

    Si certaines d'entre elles paient les crimes de leur mari, de leur amant, de leur fils ou de leur employeur, d'autres sont exécutées pour avoir eu des relations intimes avec des membres de l'armée d'occupation ou avec des collaborateurs, mais aussi pour prostitution, dénonciations ou appartenance à la Milice ou à la Gestapo.

      

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    Le silence qui a entouré l'épuration des femmes procède de l'occultation ordinaire de l'histoire des femmes, mais plus encore de la difficulté de sortir de l'histoire apologétique ou victimaire, pour inscrire dans l'histoire cette irruption sur la scène publique de celles qui eurent à rendre compte de leurs actes à la Libération.

      

    Les exécutions de femmes, les arrestations, leurs condamnations par les tribunaux, bousculent la représentation habituelle de l'épuration des femmes.

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    La représentation emblématique de la « femme tondue » nous a masqué jusqu'ici, la diversité des délits et des sanctions ; comme si cette cristallisation sur des délits de type sexuel opérait ici comme un filtre empêchant d'advenir toute autre forme de représentation de l'épuration et de la collaboration des femmes.

     

    Extrait article

    La répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation

    Françoise LECLERC et Michèle WEINDLING

     article dans sa totalité http://clio.revues.org/519   

     

     

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    Le bilan officiel de l'épuration ne mentionne pas la répartition par sexe des condamnations prononcées à la Libération.

     

    ( je cite - Pour illustrer notre typologie qui émerge des dossiers d'archives, nous nous appuierons sur quelques exemples de femmes condamnées à de lourdes peines par la Cour de justice de la Seine. Sur les 901 femmes traduites devant cette cour, 687 soit 76 % l'ont été pour dénonciation dans le cadre de la sphère privée ou de la sphère publique. La dénonciation constitue bien le premier motif d'inculpation. )

      

    Pourtant, au 1er janvier 1946, 6091 femmes sont détenues pour fait de collaboration dans les prisons françaises, soit 21% des personnes incarcérées pour ce motif, et 54% de la population carcérale féminine.

      

      

      

    Ces chiffres nous obligent à penser la collaboration au féminin dans un cadre plus large que celui de la « collaboration de sexe », même si elle fut considérée par certaines cours de justice comme un crime d'intelligence avec l'ennemi.

      

      

      

    L'histoire de ces femmes ne s'inscrit pas dans une quelconque tentative de réhabilitation, mais bien dans une perspective de visibilité, de lecture et d'analyse de la nature des faits qui leur sont reprochés et des mobiles qui les ont fait agir.

    À la Libération, des femmes accusées d'avoir entretenu des relations intimes avec l'ennemi, ont été tondues, dénudées, exhibées sur la place publique.

      

    Ces châtiments humiliants infligés aux femmes, aussi pour des délits de type non sexuel, semblent faire oublier qu'elles furent, au même titre que les hommes, exécutées sommairement et condamnées pour infraction aux articles 75 à 86 du Code pénal, à la peine capitale, aux travaux forcés, à des peines de réclusion, de prison.

      

    Ceci nous oblige à penser la collaboration des femmes dans un cadre plus large que celui de la « collaboration de sexe », même si des femmes furent exécutées sommairement ou condamnées par des Chambres civiques et des Cours de justice, pour ce seul délit.


    La défaite, l'Occupation et surtout la politique de collaboration d'État menée par le maréchal Pétain à la tête du gouvernement de Vichy participent du brouillage des repères habituels. Des hommes sont prisonniers de guerre, d'autres requis pour le STO.

      

    Les demandes de l'occupant se font de plus en plus pressantes, le ravitaillement se fait rare, la propagande distille les valeurs de l'ordre nouveau.

      

    Les juifs, les communistes, les résistants, les réfractaires sont pourchassés.

      

    Groupe de femmes tondues, photographiées devant l’entrée principale
    du Palais de Justice de Bergerac, septembre 1944

      

      

    Les mouvements collaborationnistes recrutent, la Gestapo et la Milice opèrent, le marché noir prospère, la délation devient « monnaie courante ».

      

    Les femmes vivent tous ces bouleversements socio-politiques qui autorisent et légitiment de nouveaux appétits, la transgression des normes sociales et des valeurs morales.

      

    Certaines se firent délatrices, indicatrices, livrant aux forces de répression des hommes, des femmes qui furent ainsi arrêtés, emprisonnés, torturés, déportés...

      



    L'intégralité de cet article est diponible en cliquant le lien ci-dessous

      

    http://clio.revues.org/index519.html

     

     

    Référence électronique

    Françoise LECLERC et Michèle WEINDLING, « La répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation », Clio. Femmes, Genre, Histoire [En ligne], 1 | 1995, mis en ligne le 31 mai 2005,

    consulté le 14 décembre 2014. URL : http://clio.revues.org/519 ; DOI : 10.4000/clio.519

     

     



    Pour citer cet article

    Françoise LECLERC et Michèle WEINDLING,
    « La répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation »,
    Clio, numéro 1-1995, Résistances et Libérations France 1940-1945
     
     
     
     
     
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