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    Bureau Pimetex Lille

     

    Épuration sauvage, légale :

     

    vengeance ou soif de justice de la Résistance ?
    Par Max Lagarrigue


     

    lynchage à la liberation
     
     
    Cette répression improvisée prend parfois un tour plus tragique.
     
     
     
    Sans s’embarrasser de scrupules juridiques, certains résistants assassinent des victimes convaincues – parfois sans preuves matérielles – de collaboration.
     
    sur RUMEURS RAGOTS et JALOUSIE !
     
     
     
    Dès la Iibération de Cavaillon, par exemple, un imprimeur qui a travaillé pour les Allemands est passé par les armes.
     
     
     
     

    pendaison à la liberation

     
     
    Dans cette même ville, deux jeunes miliciens sont fusillés le 1er novembre 1944, bien que le préfet et le président du Comité de Libération aient tenté de s’interposer.
     
     
     
     
     
    Circonstance aggravante, un lynchage a précédé leur exécution.

     

    L’épuration a longtemps été un sujet tabou dans l’histoire française.

     

    Elle recouvre l’ensemble des actions contre les personnes considérées comme coupables de Collaboration.

     http://galerie.unblog.fr/2009/01/02/un-martyr-labbe-niort/

     

     

    A Perpignan, quatre mille suspects sont soumis à des traitements horribles.

     

    L'abbé Niort, de Tantavel, âgé de 65 ans, a le thorax enfoncé et les côtes cassées.

     

    On lui arrache les ongles, les cheveux et des morceaux de chair avec des tenailles.


    Condamné par une cour martiale, on doit lui faire des piqûres pour qu'il tienne jusqu'au poteau.

     

    Dès qu'il s'effondre, la foule se précipite sur son cadavre.

     

    Des femmes frappent le mort.

    D'autres urinent sur lui.  

    Il sera REABILITE par la suite d'une enquête....

    ce pauvre pretre était INNOCENT !

     

     

     

    Épuration extrajudiciaire

    La Libération prend dans certaines régions des allures d'émeute ou de guerre civile. Il existe des territoires où les représentants de l'État, fraîchement investis, ne peuvent pénétrer et qui sont dominés par des seigneurs de la Résistance. Cependant toutes les régions françaises fraîchement libérées ont connu une épuration extrajudiciaire, tout d’abord durant l’occupation où des collaborateurs furent exécutés.

     

    Lorsque les collaborateurs sont tués par des résistants organisés, la décision émane la plus souvent d’une « cour martiale » ou d'un « tribunal » de fait.

     

    Dans le cas d’actes individuels, l’auteur ne s’embarrasse pas de semblant de légalité.

     

    D’autres collaborateurs sont menacés de représailles s’ils ne cessent pas leurs activités.

     

    Durant la Libération, dans le feu de l’action, des collaborateurs avérés ou supposés subissent la vindicte populaire. Ils peuvent être tués, ou séquestrés en attendant un jugement.

     

     

    On y distingue deux épisodes :une épuration dite « sauvage » ou extra-judiciaire qui échappe à toute règle juridique et donne lieu à nombre de règlements de comptes (tant politiques que personnels), et l’épuration légale qui se clôture avec les lois d’amnistie des années 50.

     

    Ces deux épurations ont laissé des traces profondes dans une partie du pays.



    L’épuration représente l’ensemble des actions entreprises contre les Français qui ont collaboré, trahi ou ont eu avec l’ennemi un comportement jugé répréhensible.

     

    La période de l’épuration a souvent été cantonnée aux années 1944-1945.

     

    Or, si certaines condamnations ne sont rendues qu’en 1953 avec la dernière loi d’amnistie générale, l’épuration débute bien avant la Libération.


    Selon Pierre Laborie, 25 % des exécutions « sauvages » effectuées par la Résistance sont antérieures au 6 juin 1944.

     

    Dans les zones de maquis, ce pourcentage moyen

    est dépassé :

    45 % pour la Saône-et-Loire,

    40 % pour l’Ain et le Jura,

    37 % pour le Lot et la Haute-Garonne.

     

    Cette épuration, qualifiée de « sauvage », a pu être justifiée par les conditions très dures du combat de la Résistance, surtout dans l’année qui précède la Libération, face à la Milice et à la répression accrue du régime de Vichy aux abois.

     

    Mais elle a pris souvent une tournure très contestable, recouvrant en réalité des règlements de compte soit politiques, comme l’assassinat de cinq militants trotskistes par un maquis communiste en Haute-Loire en octobre 1943,

    soit personnels comme le rappelle l’historien périgordin Jacky Tronel pour la Dordogne :

     

    « les exécutions sommaires de légionnaires sont nombreuses, le pillage de leurs biens est banalisé ».

     

    Et il ajoute :

    « Les milices patriotiques – encore appelées service d’ordre patriotique – ont en charge l’épuration.

    Tous ceux qui, de près ou de loin ont « collaboré », sont la cible des milices, émanation du Parti communiste ».



    Pire, certains opposants politiques font les frais de cette épuration tous azimuts :

     

    « Ainsi dans la nuit du 1er septembre 1944, Maurice Babin, militant du PSF et ancien candidat aux élections de 1937, est arrêté par le groupe FTP Sam-Jaurès de Couze-Saint-Front.

     

    Après avoir été martyrisé, il est exécuté, le 6 septembre ».

     

    L’enquête des RG conclut :

     

    « Le défunt était un sympathisant de la Résistance, et a rendu des services à cette cause par l’établissement de fausses cartes d’identité, et par la livraison des produits de sa ferme à des groupes de maquis.

    On se trouve devant une affaire de vengeance politique, Babin était anticommuniste et il représentait une valeur sûre capable de battre, après guerre, le représentant du PCF. »

     



    Les chiffres les plus récents de cette épuration extra-judiciaire oscillent entre 8 000 et 11 000 exécutions sommaires, assez loin donc des premiers chiffres publiés par Robert Aron, qui faisaient état de 30 000 assassinats.

     


    Dans les jours qui ont suivi la Libération, on assista également à la tonte et à l’exhibition publique de femmes accusées de

    « collaboration horizontale » avec des soldats allemands, actions lamentables souvent menées par des

    « résistants de la dernière heure » et encouragées par les foules de badauds.

     

    Pour endiguer l’épuration « sauvage », le gouvernement provisoire met en place trois juridictions spéciales qui s’ajoutent aux tribunaux militaires :

     

    les cours de justice, les chambres civiques et la Haute- Cour de justice.

     


    La relative clémence de cette dernière institution, qui a en charge le jugement des principaux caciques de l’État français – 41 % sont acquittés ou obtiennent un non lieu et moins de 2% sont exécutés (de Brinon, Darnand, Laval)

     

    – ne se retrouve pas dans les deux autres instances qui ont en charge 310 000 dossiers.

     

    Elles condamnent plus de 50 000 personnes à l’indignité nationale (privation des droits civiques et politiques) et 40 000 à des peines de prison ou de travaux forcés.


    Les peines de mort représentent à peine 2 % du total mais concernent tout de même 6 763 prévenus. De Gaulle en commue 1303 (20 %) et le total des exécutions effectives s’élève à 11 % (767 exactement).

    Ainsi, l’épuration légale, à laquelle il faut ajouter près de 800 prévenus passés par les armes après condamnation des tribunaux militaires, concerne un peu plus de 1 500 personnes.

     

    La France est le pays d’Europe occidentale qui a requis le plus l’exécution au détriment de la prison ; elle est également la seule, avec l’Italie, à avoir connu une épuration extra-judiciaire.

     

    L’épuration s’étend également aux différents secteurs professionnels, administratifs et politiques.

     

    Bon nombre de parlementaires qui ont voté « oui » au maréchal Pétain le 10 juillet 1940 sont exclus de leurs partis respectifs.

     

    Certains secteurs sont fortement sanctionnés comme l’enseignement et les Postes dont 14 000 fonctionnaires sont révoqués ou mis à la retraite.

     

    Le besoin de cadres et de fonctionnaires rend certaines décisions d’exclusion inapplicables.

     

    Ainsi, les magistrats sont finalement épargnés devant l’urgente nécessité de leur concours dans… l’épuration.

     

    Entre les tenants du « toujours plus d’épuration », dont la figure de proue est le PCF, et ceux qui préfèrent la réconciliation nationale, souhaitée notamment par le général de Gaulle, la France a été profondément déchirée par cet épisode.



    Extrait de l’ouvrage de Max Lagarrigue "99 questions... La France durant l’Occupation" (CNDP, 2007).

     

     

    La collaboration féminine est souvent sanctionnée par la tonte des cheveux des femmes jugées coupables (quelques cas d'hommes collaborateurs tondus sont également recensés). Les femmes tondues à la Libération sont accusées par la foule de « collaboration horizontale » (relation sexuelle avec l'occupant), un fait qui n'est pas incriminé dans le code pénal.

     

    Que les relations entre ces femmes et les Allemands soient de nature sexuelle ou pas, la tonte peut servir d’exutoire pour une population frustrée durant quatre ans, mais est plus une cérémonie de reconquête du corps des femmes et du territoire (urbain ou rural) via le cortège qui promène la tondue dans les rues et les chemins

     

     

     

     

     

     

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     Collaborateurs Horizontales, 1944:

     

    Un épisode de l’Épuration « sauvage » :

    les femmes tondues de Mussidan,
    boucs émissaires de la Libération (2 septembre 1944)

    (extrait)


    « Ce que j’ai trouvé atroce, ce sont les femmes qui ont été tondues après la Libération.

    Nous savions que cela allait se passer ce jour-là sur la place de la République. Je revois encore le camion plateau et les enfants. […]

    J’étais malade comme un chien. J’avais envie de vomir et je suis remontée chez moi. Il y avait eu toutes ces fusillades, ces morts, ces déportés…

    Je comprends, mais il ne fallait pas le faire. »

     

     

    A French woman has her head shaved as punishment for having had personal relations with the Germans. Montelimar area, August 29, 1944.:

    M. D., entretien avec l’auteur

    À partir de l’été 1944, un étrange rituel qui semble venu du fond des temps se produit dans le sillage des scènes de liesse populaire de la Libération.

      

    Accusées d’avoir fraternisé avec l’occupant ou ses collaborateurs, des femmes sont tondues en public sous les huées d’une foule avide de vengeance.

      

    Ce phénomène a tant marqué les esprits que les photographies de ces femmes dénudées font désormais partie, tout comme les groupes de maquisards posant fièrement avec leurs armes, de l’imagerie populaire des scènes de la Libération.
     

      Robert Capa - Chartres, France, August 18th, 1944: Just after the liberation of the town, this French woman who had had a baby with a German soldier has her head shaved as punishment.  During the middle ages, this mark of shame, denuding a woman of what was supposed to be her most seductive feature, was commonly a punishment for adultery. Shaving women's heads as a mark of retribution and humiliation was reintroduced in the 20th century and was widespread post WW2.:

     

     

    Robert Capa - Chartres, France, August 18th, 1944: Just after the liberation of the town, this French woman who had had a baby with a German soldier has her head shaved as punishment. During the middle ages, this mark of shame, denuding a woman of what was supposed to be her most seductive feature, was commonly a punishment for adultery. Shaving women's heads as a mark of retribution and humiliation was reintroduced in the 20th century and was widespread post WW2.

     

    Dès l’arrivée des FFI à Mussidan, le 22 août 1944, plusieurs femmes sont arrêtées et enfermées dans la petite prison du tribunal de la ville. Il leur est reproché un lien intime avec l’occupant ou des collaborateurs locaux.

      

    Le 2 septembre, soit dix jours après leur arrestation, ces femmes sont extraites de leur cellule pour être conduites sur la grande place centrale de la ville.

      

    Il semble qu’une jeune fille se soit pendue le matin même pour ne pas avoir à subir les foudres de la vindicte populaire .
    En effet, une foule importante s’est rassemblée sur la grande place.

      

    La mise « en scène » pratiquée à Mussidan correspond aux pratiques généralement constatées en Dordogne et en France à la même époque.

      

    Les femmes sont installées sur un camion plateau pour

    qu’elles soient visibles de tous.

     

     

    A French woman who conceived a baby with a German soldier, punished by having to have her head shaved as a form of humiliation for her acts.  Her mother also was subjected to the punishment - June 1944:   

    Les enfants des écoles ont même été conviés et ont prit place au premier rang. Le lieu choisi, la place de la République , constitue un lieu symbolique de la vie politique et sociale de la communauté .

     

    Les femmes sont tondues par un FFI sous le regard approbateur de ses camarades et les quolibets de la foule.

      

    Elles sont ensuite exhibées en musique dans les rues de la ville avant d’être ramenées en cellule.

      

    La violence et l’humiliation subies par ces femmes sont absolument inouïes.
    Pourtant, si nombreux sont ceux qui approuvent une pratique qu’ils considèrent comme une juste vengeance, d’autres la réprouvent.

      

    Ainsi, M. D., pourtant proche de la Résistance, décide de rentrer chez elle, écoeurée par le spectacle auquel elle assiste :

     

      

    « Ce que j’ai trouvé atroce, ce sont les femmes qui ont été tondues après la libération. Nous savions que cela allait se passer ce jour-là sur la place de la République. Je revois encore le camion plateau et les enfants.

     

    La première personne que j’ai vue était une petite qui avait des anglaises. J’étais malade comme un chien. J’avais envie de vomir et je suis remontée chez moi. Il y avait eu toutes ces fusillades, ces morts, ces déportés…

    Je comprends, mais

    il ne fallait pas le faire…»

     

     

     

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