•  

    Afficher l'image d'origine

     

    Jean Cocteau ni résistant, ni même attentiste mais

    plutôt complaisant avec les occupants

     

     

    Annonce des représentations de La Machine à écrire au Théâtre des Arts-Hébertot en 1941. Cocteau et Arno Breker le 18 mai 1942, au milieu des œuvres du sculpteur exposées à Paris.

     

     

    Afficher l'image d'origine

     

     

      Le « Salut à Breker » de Cocteau dans Comœdia du 23 mai lui attire les foudres de son ami. Arno Breker, que Cocteau semble avoir connu en 1925, est devenu le sculpteur favori de Hitler lorsqu’il reprend contact avec lui à l’automne 1940, pour lui offrir ses services en cas de péril grave (il est aussi l’ami du colonel Speidel, qui commande la place de Paris).

     

     arno breker sculpture - Hitler:

     

    arno breker sculpture - Hitler

     lettre-de-cocteau-a-breker-1

     

    Le comportement de Cocteau durant l’Occupation n’est pas à l’abri des malentendus, et lui attire successivement les éloges et les reproches de Mauriac.
     
     
     
    Afficher l'image d'origine
     
     
     
     

    Jean Cocteau, né le 5 juillet 1889 à Maisons-Laffitte et mort le 11 octobre 1963 dans sa maison de Milly-la-Forêt, est unpoète, graphiste, dessinateur, dramaturge et cinéaste français.

     

     

    Il est élu à l'Académie française en 1955. !

     

     

    Comptant parmi les artistes qui ont marqué le xxe siècle, il a côtoyé la plupart de ceux qui ont animé la vie artistique de son époque. Il a été l'imprésario de son temps, le lanceur de modes, le bon génie d'innombrables artistes. En dépit de ses œuvres littéraires et de ses talents artistiques, Jean Cocteau insista toujours sur le fait qu'il était avant tout un poète et que tout travail est poétique.

     

    Dans les années 1930, Cocteau aurait eu une liaison avec la princesse Nathalie Paley, fille morganatique d'un grand duc de Russie, elle-même modiste, actrice ou modèle et ancienne épouse du couturier Lucien Lelong.

     

    Elle aurait été enceinte, mais la grossesse n'aurait pu être menée à son terme, ce qui plongea Cocteau et la jeune femme dans un profond désarroi.

     

    Cocteau évoque la fausse couche de Nathalie dans Le passé défini, et dit que cet avortement serait la conséquence d'une scène violente avec Marie-Laure de Noailles :

     

    « Elle est responsable de l'avortement de Nathalie ».

     

    Cependant, Cocteau ayant initié la princesse à l'opium, il se peut qu'il y ait eu des répercussions dues à cette drogue sur la grossesse.

     

     

    Jean Cocteau a écrit dès le début de l’Occupation, dans l’hebdomadaire collaborationniste « La Gerbe » (fallait le faire…), créé par l’écrivain Alphonse de Châteaubriant.

     

    En décembre 1940 il y a lancé une « adresse aux jeunes écrivains », en fait, un message aux jeunes Français les appelant à prendre part au « Nouvel Ordre européen », autrement dit au national-socialisme, au fascisme et au pétainisme capitulard et collaborationniste. Cocteau a reçu à Paris durant l’été 1942 son ami Arno Breker, le sculpteur officiel du Troisième Reich, lors de sa grande exposition aux Tuileries.

     

     

    Son film de 1943 « L’éternel retour » – transposition moderne de la légende de Tristan et Yseult – inquiéta les critiques après la Seconde Guerre mondiale.

     

    Un quotidien britannique a écrit en 1945 que

    « Jean Marais avec ses cheveux blonds d’archange exterminateur, ses bottes de cuir y ressemble plus à un héros wagnérien ou à un SS qu’à un chevalier du Moyen Age ».

     

    Comme écrit plus haut, il a eu cette amitié entre Jean Cocteau et le collaborationniste Alphonse de Châteaubriant.

     

    Cocteau lui a rendu visite en 1950, alors qu’Alphonse de Châteaubriant, condamné à mort, vivait caché en Autriche.

     

    Deux ans plus tard, en 1952, après le décès d’Alphonse de Châteaubriant, Jean Cocteau est retourné en Autriche pour y rencontrer sa compagne, Gabrièle Castelot.

     

     

    Aujourd’hui, après la disparition d’Edouard Dermit, dernier compagnon de Cocteau,

     

    c’est Pierre Bergé qui serait, me dit-on, l’exécuteur testamentaire ou le titulaire du droit moral sur l’œuvre de Cocteau et le coordinateur des manifestations du cinquantenaire de sa mort.

     

    Pierre Bergé se souvient-il que Cocteau avait écrit, en parlant des dirigeants français d’avant la Seconde Guerre mondiale :

     

    « Chez Hitler, c’est le poète qui échappait à ces âmes de pions ».

    Les « pions » étant les dirigeants français, imparfaits mais libres,

    d’avant Pétain

     

     

     

     

     Afficher l'image d'origine

     

    Inauguration de l’exposition Arno Breker à l’Orangerie des Tuileries, mai 1942.
    Discours d’Abel Bonnard, en présence de Benoist Méchin, Cocteau, S. Lifar, A. Breker et... d’officiers allemands.

     

     

    Jean Cocteau joue un rôle ambigu durant la Seconde Guerre mondiale, les résistants l'accusent de collaboration avec les Allemands, une partie de son passé (1939-1944) reste mystérieuse16. Jean Cocteau écrira dès le début de l’Occupation dans l’hebdomadaire collaborationniste « La Gerbe » créé par le célèbre écrivain breton Alphonse de Châteaubriant.

     

    En décembre 1940 il y lance une « adresse aux jeunes écrivains », sorte de message pour les jeunes Français les appelant à prendre part au « Nouvel Ordre européen "


     

    Cocteau est d'ordinaire assez réservé quant à l'affirmation de son engagement politique. Pendant l'Occupation, il fait preuve d'un certain pacifisme

     

    « L'honneur de la France, écrit-il dans son Journal du 5 mai 1942, sera peut-être, un jour, d'avoir refusé de se battre »), mais surtout, il n'hésite pas à accueillir Arno Breker, sculpteur officiel du troisième Reich, lors de son exposition à Paris, pendant l'été 1942. Leni Riefenstahl bénéficie de sa protection après la guerre pendant sept ans.

     

     

    « L'Allemagne nazie n'est pas non plus sans le séduire, surtout son chef, dont il se fait une représentation qu'il faut placer au musée des Hitler imaginaires. […] Il est fasciné par l'idée du chef-artiste, politique tout-puissant en même temps que mécène et protecteur des arts, à la fois Napoléon et poète (« Chez Hitler, c'est le poète qui échappait à ces âmes de pions », écrit-il en parlant des dirigeants français de l'avant-guerre). »

    — Philippe Burrin, La France à l'heure allemande, Seuil, 1995, p. 352

     
     

    En 1941, la reprise La Machine à écrire au Théâtre des Arts-Hébertot suscite une campagne de diffamation très violente dans la presse collaborationniste (La Gerbe, Le Pilori, Je suis partout).
     
    D’abord refusée par la censure allemande, qui y voit une critique de l’Occupation, puis autorisée après de nombreux remaniements, à nouveau interdite dès le lendemain de la première le 29 avril, puis autorisée deux jours plus tard après suppression d’une scène, la pièce était partie pour faire des remous.
     
    Alain Laubreaux notamment, influent critique dramatique pro-collaboration, consacre trois articles de plus en plus polémiques à la pièce et à l’auteur.
     
     
     
     
    Son article du 16 juin lui vaut le soir même une réplique de Jean Marais qui lui crache au visage dans un restaurant et le frappe à plusieurs reprises dans le restaurant et dans la rue où il l’a jeté à terre.
     
     
    Mauriac, présent à la représentation du 16 juin, est aussi témoin d’une partie de la scène.
     
     
    Il écrit le lendemain à Cocteau son approbation :
     
     
    « La France est devenue la petite ville que tu évoques et une bande de salauds a volé la machine et s’en sert… Et ce n’est pas un acte gratuit, fichtre non ! »

     


    L’année suivante cependant, le « Salut à Breker » de Cocteau dans Comœdia du 23 mai lui attire les foudres de son ami. Arno Breker, que Cocteau semble avoir connu en 1925, est devenu le sculpteur favori de Hitler lorsqu’il reprend contact avec lui à l’automne 1940, pour lui offrir ses services en cas de péril grave (il est aussi l’ami du colonel Speidel, qui commande la place de Paris).
     
     
     
    Début mai 1942, Breker revient à Paris pour une exposition de ses œuvres.
     
    Cocteau est sollicité par le gouvernement français pour faire le discours d’accueil au moment du vernissage :
     
     
    « Tout le monde est suspect. Ils doivent estimer qu’il n’y a que moi d’assez libre et d’assez fou pour prendre la parole.
     
    Et, comme Breker m’a rendu service, je le ferai.
     
    Le drame, c’est sa sculpture.
     
     
     
    Elle doit être médiocre » (Journal 1942-1945, 6 mai 1942).
     
    Remplacé par Abel Bonnard pour le discours d’accueil, le poète dîne avec Breker le 18 mai et lui promet un article (« Mon goût des mauvaises postures »,
     
    écrit-il dans son journal), qu’il écrit presque aussitôt et envoie à Comœdia, sans mesurer les reproches qu’il va immanquablement s’attirer dans les milieux résistants ni les ennuis que cela lui vaudra à la Libération.
     
    Mauriac fait partie de ceux qui ne peuvent pas accepter ou pardonner un tel geste. Il ne semble pas cependant l’avoir fait savoir directement à Cocteau, qui ne l’apprend qu’en avril 1944 par un tiers, et réagit en laissant entendre l’existence d’un donnant donnant avec Breker et en faisant valoir les persécutions dont il a été l’objet :
     

    « André Dubois me rapporte que François Mauriac est très monté contre moi. Il trouve que je n’ai pas opté politiquement et me reproche mon article sur Breker. Ceci est encore de la bile et il ferait mieux de se souvenir, comme moi, de notre amitié si grande et si ancienne. L’article sur Breker a sauvé d’Allemagne Patrice de La Tour du Pin.
     
    En outre — et si je me place sur ce terrain absurde — quels gages a donnés Mauriac ?
     
    Moi, on m’a ruiné dans l’affaire des Parents terribles, on m’a frappé et blessé l’œil, etc. » (Journal 1942-1945, 5 avril 1944).
     
     
     
    Afficher l'image d'origine
     
     Jean Marais,1963 - Arno Breker
     
     
    (Mise en graph. JEA / DR).
     
     


    Eluard à Cocteau :

    "Que vous avez eu tort de vous montrer soudain parmi les censeurs"...
     
     
    Arno Breker. Retrato de Cocteau:
     
     
     
     


    Si vous revenez à la Page 157 de ce blog :
    "Août 1945, Pierre Dac face à Leni Riefenstahl",
     
     
    vous (re)lirez ce commentaire de Claire :
     

    - "... si un jour l'envie vous prend, cela m'intéresserait que vous puissiez nous instruire davantage sur l'ambiguïté politique de Cocteau."
     


    Vont suivre quelques tentatives de réponses.
     
    Plus exactement des esquisses. Pas de jugements. Sans évocations esthétiques. Mais se posent la question de choix moraux. Et d'engagements publics.
    Quand la politique et l'art sont dans le lit d'un même fleuve vert de gris.
     
     
     
     
    Jean Cocteau by by Arno Breker (German 1900-1991):
     
     

    Jean Cocteau by by Arno Breker (German 1900-1991)

     


    Cocteau fut-il antisémite ? Tira-t-il profit de la mise au ban de la société vichyste ou même de l'extermination d'autres créateurs lui portant ombrage ?
     

    La réponse est sans équivoque : non.
    Son père, Georges, était certes un antisémite notoire mais Cocteau se garda bien de s'inscrire dans sa lignée (le suicide de ce père - le 5 avril 1898 - fut d'ailleurs couvert par une chappe de non-dits).
    Dans les montagnes d'écrits racistes et injurieux quand ils ne contenaient pas des délations et/ou des appels au meurtre des juifs, dans cette montagne qui reste une honte pour nombre d'intellectuels français, jamais la signature de Cocteau n'a été relevée.

    Cocteau compta-t-il au nombre des artistes collaborateurs ?
    La balance de l'histoire présente deux plateaux.


    Oui, Cocteau servit de cible à quelques chevaliers blancs de la Révolution nationale ainsi qu'à des cireurs des bottes allemandes.

    Son homosexualité et sa toxicodépendance n'entraient pas exactement dans les cadres des serviteurs de l'ordre nouveau. Inutile d'insister.

    Mais la lecture de journaux de ces années noires apprend que parmi ceux rédigés en Français par des Français, figurent des articles d'anthologie, haineuse vis-à-vis de Cocteau s'entend.

    Deux pièces de Cocteau servent de paratonnerres :
    - La Machine à écrire
    et
    - Les Enfants terribles.

    De la première, dans Je suis Partout, Lucien Rebatet écrivit :
    - "Nous ne pouvons plus que mépriser Cocteau, le truqueur, l’énervé, le cuisinier de l’équivoque, des artifices les plus soufflés et les plus écoeurants (…). Il est responsable de tout ce qu’il a cassé et flétri, du cortège de jobards mondains, de pédérastes, de douairières excitées qui gloussaient au génie derrière ses pas (…). De palinodies en mensonges, de tarabiscotages en turlupinades, il a touché le bas de la pente." (1)
    Fernand de Brinon, "délégué du Gouvernement français auprès des autorités d’occupation", avait marqué sa totale opposition à la mise à l'affiche de cette pièce au Théâtre Hébertot et ceci, au nom de la "morale".
    Néanmoins autorisée le 29 avril 1941 par la Propaganda-Staffel, n'hésitant pas à ingliger ce camouflet au "délégué", La Machine à écrire se trouva interdite dès le lendemain pour cause de scandale.
    Jean Marais, acteur principal, se distinguera en offrant un mauvais quart d'heure à Alain Laubreaux (2) qui avait signé, dans Je suis partout (3), cette répugnante allusion :
    - "Marais ? L’homme au Cocteau entre les dents". (4)

    Les Parents terribles connurent aussi une interdiction d'affiche le 8 décembre 1941. Toujours en conséquence d'une levée de boucliers de collabos dénonçant une pièce "contraire à l’œuvre de résurrection nationale". Pour mieux muscler leur opposition vertueuse, ces serviteurs zélés de l'ordre nouveau attaquèrent en règle la salle de théâtre...
     
     
    Puis, au nom sacré du "service de l’ordre", pour un motif "avant tout raciste", le même Alain Laubreaux, dans le même Je suis partout, y alla de son venin.
     
     
    Avec l'approbation et l'appui de Céline :
    - "Sur le plan raciste, alors je vous suis à cent pour cent.
    Raison de race doit surpasser la raison d’Etat.
    Aucune explication à fournir." 

     
    Afficher l'image d'origine
     
     
     
    Paris aux bottes d'Adolf Hitler.
    A sa droite, le sculpteur
    en uniforme (Cadr. JEA / DR).
     
     
    Afficher l'image d'origine
     
    Adolf Hitler, le 23 juin 1940 devant la Tour Eiffel à Paris.
    Il est entouré de l'architecte Albert Speer et du sculpteur Arno Breker. AFP/HO

     
     
     
    Arno Breker (1940), rechts Albert Speer

    Cocteau ne fut pas pour autant un innocent persécuté.

    Ainsi, rien qu'en 1943, sa pièce Renaud et Armide est jouée à la Comédie-Française. Il met en scène, décore et habille Antigone à l’Opéra.
     
    Il supervise la musique de L’Éternel retour. Il tient un rôle dans le film de Guitry La Malibran

    S'il comptait des censeurs acharnés mais français, du côté allemand nazi, il put compter sur une protection efficace et sans faille.
     
    En réalité, il donna plus que des gages et au Vichysme et à la collaboration littéraire.
     

    Ce relevé personnel ne se veut pas exhaustif. Il se passe de commentaires :

    - Comparant les politiques d'avant l'invasion avec Hitler, le poète estima : "Chez Hitler, c'est le poète qui échappait à ces âmes de pions"... 
     
     


    - Cocteau participa aux débuts de La Gerbe, journal financé par l’Ambassade allemande et la Propaganda-Staffel.
     
     
    Jean Anhouil et Charles Dullin, pour ne citer qu'eux, adoptèrent le même engagement.

    - Il a rejoint les auteurs d'un complaisant :
     
    "De Jeanne d’Arc à Philippe Pétain", livre luxueux placé sous la direction de Sacha Guitry.

    - A la NRF, version collabo, Cocteau écrivit "suffisamment pour donner une apparence de légitimité à l’entreprise de Drieu". (7)

    - Il se plaça sous la protection officielle d'Ernst Jünger, officier (chargé de la censure) à l'Etat-Major de la Wermacht à Paris.

    Il fréquenta avec assiduité l'ambassade allemande à Paris et sut s'attirer les sympathies de l'épouse de l'ambassadeur, Otto Abetz.

    L'Institut Allemand était également incrit à son agenda. De même que des rencontres avec Albert Speer, l'architecte chouchou d'Hitler (au Maxim’s).
     
     
    Cocteau veillait à ses entretiens avec Gerhardt Heller (chez Prunier), ce responsable de la section littéraire de la Propaganda qui affirmait aux autorités allemandes :
     
    "Vous ne comprenez pas qu'en interdisant, en internant, vous fabriquez des martyrs. Cela nuit à votre cause bien plus que l'activité des gens que vous frappez ainsi. Jamais vous n'obtiendrez de cette façon votre Europe nouvelle". 
     
     
     
    Afficher l'image d'origine
     
     
    Mai 1942, inauguration de l'exposition Breker, à l'Orangerie des Tuileries (Photo : LAPI/Roger-Viollet. DR).

    Si l'on en croit le Centre Pompidou, dans son "Parcours pédagogique pour les enseignants", le seul problème posé par le poète sous toute l'occupation se résumerait à une "imprudence" :

     
     
     
     "Cocteau commet une imprudence qui lui sera vivement reprochée.
    Au printemps 1942, Laval décide d’organiser une exposition du sculpteur officiel du Reich, Arno Breker, et Cocteau sans la moindre pression publie dans Comœdia du 23 mai un "Salut à Breker".

    Ce faisant, le Centre évite soigneusement soigneusement de rappeler des réactions à cet article où le salut à Breker, sculpteur officiel du IIIe Reich, passe par la mise en valeur du "trésor du travail national".

    Or Paul Eluard ne mâcha pas ses mots :
     

    - "Freud, Kafka, Chaplin sont interdits par les mêmes qui honorent Breker. On vous croyait parmi les interdits. Que vous avez eu tort de vous montrer soudain parmi les censeurs ! Les meilleurs de ceux qui vous admirent et qui vous aiment en ont été péniblement surpris."(9)
    Ni Mauriac :
    - "L’infâme article de Cocteau." (10).

     
    Comœdia, 23 mai 1942 (DR).

    Enfin, le plus triste. L'arrestation comme juif de Max Jacob. Il écrit à Cocteau le 24 février 1944. Donc il a toute confiance en celui qu'il considère comme l'un de ses plus précieux amis :
     
    - "Cher Jean,

    Je t'écris dans un wagon par la complaisance des gendarmes qui nous encadrent. Nous serons à Drancy tout à l'heure. C'est tout ce que j'ai à dire. Sacha, quand on lui a parlé de ma sœur (11), a dit :
     
    « Si c'était lui, je pourrais quelque chose ! » Eh bien, c'est moi. Je t'embrasse.
    Max"
     

    Le 5 mars, Max Jacob s'éteint à Drancy.
     
    Cocteau a tenté en vain de faire jouer ses relations nazies.
     
    La Shoah ne s'encombrait pas de copinages...

    Jean-Claude Brialy résumait ainsi ce drame :

    - "Le fait est qu'il y a eu une vraie lâcheté de la part de Guitry.
     
    Cocteau, lui au moins, avait des remords. Il faut dire qu'il était très occupé à surveiller Marais dans toutes ses frasques.
     
    Guitry et Cocteau se sont bougés mais pas assez tôt, pas assez vite.
     
    Picasso, lui, n'a rien fait du tout et c'est sans doute ce qui a le plus blessé Max Jacob, même s'il savait que Picasso était moins bien introduit dans le milieu. mais a bien vendu ses oeuvres aux nazis.
     
    De toutes façons, à part lui-même, personne ne l'intéressait.
     
    Cocteau, en revanche, s'en voulait de ne pas avoir fait davantage pour Max car il l'adorait." 

    Ainsi se termine un bilan forcément réducteur.

    Cocteau a effectivement été malmené par quelques collabos.
     
    Il est passé à travers ces tempêtes sans entrer en clandestinité, sans jamais faire un pas vers la résistance.
     
    Il a préféré la fréquentation assidue des occupants.
     
     
    Ces derniers en tirèrent profit qui préféraient ne pas affronter les intellectuels français mais au contraire les amadouer, les flatter, les compromettre, susciter des tumeurs à l'intérieur même de la culture. Paris, quel symbole de la revanche sur 14-18, devait être le club de vacances des troupes mises au repos loin du front. Et Paris devait garder son maquillage de ville lumière avec ses théâtres, ses cinémas, ses journaux, ses cabarets... avec des artistes sans allergies aux uniformes venant grossir le public.

    S'il fallait résumer : Cocteau, un opportuniste de l'occupation. Mais cet avis n'est que personnel.

     
     
    Non, ils ne regrettèrent rien : Breker et Cocteau, le sculpteur qui porta l'uniforme nazi et celui qui salua son "travail national" (DR).
     
    Partager via Gmail DeliciousGoogle Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique