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les exactions de la division Brehmer en Mussidanais
les exactions de la division Brehmer en Mussidanais
« C’est la guerre madame !» :
les exactions de la division Brehmer en Mussidanais (26 mars 1944)(extrait)
« Le 26 mars vers 4 heures, des troupes allemandes (environ une division) sont arrivées à Mussidan et dans la région et ont cerné la ville.Dès le matin des incendies de forêt ont été constatés dans les communes de Saint-Front-de-Pradoux, Saint-Martin-l’Astier et Saint-Etienne-de-Puycorbier.
Le feu a sévi toute la journée et toute la nuit du 26 au 27 et actuellement à peu près tous les bois de ces communes sont brûlés […]
À 18 heures une […] rafle a été opérée dans la ville de Mussidan ; trois cents arrestations environ ont été opérées […]
À Saint-Front-de-Pradoux, les soldats poursuivent les femmes et leur demandent de coucher avec elles […] La population est partout affolée. »
Rapport de l’adjudant Nardot, commandant de la brigade de gendarmerie de Mussidan,27 mars 1944
« Je me sentais humiliée en voyant tous ces hommes marcher tête basse. Je me disais que parmi eux il y avait des chefs de famille, des ouvriers, des gens qui avaient de la dignité, de l’amour propre, qui gagnaient leur vie honnêtement, et ils étaient là, traités comme des chiens, comme des chiens…»
Témoignage de Marie-Solange Reynaud
Le début de l’année 1944 se caractérise par une radicalisation brutale de l’armée allemande dans sa lutte contre les « bandes terroristes », selon l’expression communément employée par l’occupant.Devant l’ampleur des actions menées par la Résistance en Dordogne au cours des premiers mois de l’année 1944 , l’état-major allemand décide d’employer les grands moyens en faisant intervenir la 325e division de Sécurité (Sicherungs-Division)
placée sous le commandement du général Walter Brehmer, unité que l’on désigne communément sous le nom de « division Brehmer » ou « division B ».
Un officier de la Sipo-SD (« Gestapo »), le Hauptsturmführer Hollert, est chargé d’assurer le lien entre la division Brehmer et le KdS de Limoges, dirigé par August Meier, dont dépend l’antenne de Périgueux .
L’objectif assigné à cette opération de répression est de mettre hors d’état de nuire la Résistance et ses soutiens présumés en terrifiant systématiquement les populations civiles.Les exactions de l’armée allemande sont largement couvertes par « l’ordonnance Sperrle » du 3 février 1944, confortée par un décret du 4 mars.
Ces directives encouragent
« l’« exécution » des « francs-tireurs », l’incendie de maisons, de fermes et de village entiers, et surtout l’élargissement des mesures de répression à la population civile . »
Dès son arrivée en Dordogne, le général Brehmer fait adresser un avis destiné aux communes de Dordogne .Son contenu préfigure très exactement le sillon sanglant tracé d’ouest en est par son unité du 26 mars au 3 avril 1944 dans le département.
L’opération de la division Brehmer débute dans la forêt de la Double dans la nuit du 26 mars dans un triangle qui inclut approximativement les communes de Ribérac,
Saint-Laurent-des-Hommes et Mussidan.
Les troupes allemandes investissent alors méthodiquement les différentes communes du secteur selon un mode opératoire bien rodé .
Des postes de commandement sont installés dans les bourgs ou les hameaux.
De là, de petites unités ratissent les environs dans le but d’y déloger les maquisards. Les communes de Saint-Etienne-de-Puycorbier, Saint-Michel-de-Double, Saint-André-de-Double, Beauronne, Saint-Laurent-des-Hommes sont investies selon ces modalités au cours de la journée.
Les exactions allemandes sont innombrables en cette journée printanière du 26 mars.Les bois sont systématiquement brûlés par l’utilisation de petits canons qui tirent des obus incendiaires. Tous les habitants de l’époque se souviennent du formidable incendie qui dévorait la forêt et des escarbilles qui retombaient jusqu’à Mussidan. André Faure, était agriculteur à la Grande Vacherie (sic), commune de Saint-Etienne-de-Puycorbier :
« Le 26 mars, nous avons vu des centaines, voire plusieurs milliers d’Allemands qui ont tout fait brûler. Ils mettaient le feu avec des petites fusées incendiaires. Ils ont commencé à Saint-Michel-de-Double puis cela a brûlé ici vers 14 heures. Ils ont tout fouillé. Ils disaient :
« Terroristes ! Terroristes ! ». Ils piquaient les meules de foin avec leurs baïonnettes. Personne n’a rien eu, mais nous avons perdu tous nos bois. Les soldats buvaient dans la cave. Ils avaient ouvert les robinets, ils buvaient, ça « pissait » partout par terre. Il ne nous restait plus qu’un hectare de bois de feuillus. Ils ont brûlé toute la Double, de Saint-Barthélémy-de-Bellegarde jusqu’à
Saint-Vincent-de-Connezac, à 95% .»
Cependant, la chasse -car il faut bien parler de chasse- aux maquisards n’est guère fructueuse pour les troupes allemandes. Informés peu de temps auparavant, les résistants ont en effet pu quitter la forêt de la Double par petits groupes.Ils ne reviendront dans le secteur qu’après le débarquement allié en Normandie au mois de juin 1944.
Par contre, c’est la population qui se trouve directement en prise à la violence des troupes allemandes, ce qui démystifie l’idée communément admise d’une Wehrmacht généralement « correcte » à la différence de la Waffen-SS.
Personnes et lieux cités, mots clésBeauronne, Marie Solange Bodet (née Raynaud), Division Brehmer, François Bouthier, Roger Broche, Etienne Cardona, Maurice Denoix, Joseph Didelon, René Didelon, Gustave-Armand Dreyfus, Marcel Eclancher, Jean Einhorn, André Faure, Léon Gounaud, René Heinen, Jacques Lachaud, Sébastien Leo, Georges Lestang, August Meier, Mussidan, Henri Rieublanc, Roger Rieublanc, Raymond Roffé, Saint André de Double, Saint Front de Pradoux, Saint Etienne de Puycorbier, Saint Laurent des Hommes, Saint Martin l'Astier, Saint Vincent de Connezac, Fritz Sauckel, Ribérac, Adrienne Vieilleville, Roger Vieilleville, Jacques Waldmann, Georges Weil
Tags : saint, division, brehmer, allemand, mars
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