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Par Dona Rodrigue le 7 Janvier 2017 à 20:25
les exactions de la division Brehmer en Mussidanais
« C’est la guerre madame !» :
les exactions de la division Brehmer en Mussidanais (26 mars 1944)(extrait)
« Le 26 mars vers 4 heures, des troupes allemandes (environ une division) sont arrivées à Mussidan et dans la région et ont cerné la ville.Dès le matin des incendies de forêt ont été constatés dans les communes de Saint-Front-de-Pradoux, Saint-Martin-l’Astier et Saint-Etienne-de-Puycorbier.
Le feu a sévi toute la journée et toute la nuit du 26 au 27 et actuellement à peu près tous les bois de ces communes sont brûlés […]
À 18 heures une […] rafle a été opérée dans la ville de Mussidan ; trois cents arrestations environ ont été opérées […]
À Saint-Front-de-Pradoux, les soldats poursuivent les femmes et leur demandent de coucher avec elles […] La population est partout affolée. »
Rapport de l’adjudant Nardot, commandant de la brigade de gendarmerie de Mussidan,27 mars 1944
« Je me sentais humiliée en voyant tous ces hommes marcher tête basse. Je me disais que parmi eux il y avait des chefs de famille, des ouvriers, des gens qui avaient de la dignité, de l’amour propre, qui gagnaient leur vie honnêtement, et ils étaient là, traités comme des chiens, comme des chiens…»
Témoignage de Marie-Solange Reynaud
Le début de l’année 1944 se caractérise par une radicalisation brutale de l’armée allemande dans sa lutte contre les « bandes terroristes », selon l’expression communément employée par l’occupant.Devant l’ampleur des actions menées par la Résistance en Dordogne au cours des premiers mois de l’année 1944 , l’état-major allemand décide d’employer les grands moyens en faisant intervenir la 325e division de Sécurité (Sicherungs-Division)
placée sous le commandement du général Walter Brehmer, unité que l’on désigne communément sous le nom de « division Brehmer » ou « division B ».
Un officier de la Sipo-SD (« Gestapo »), le Hauptsturmführer Hollert, est chargé d’assurer le lien entre la division Brehmer et le KdS de Limoges, dirigé par August Meier, dont dépend l’antenne de Périgueux .
L’objectif assigné à cette opération de répression est de mettre hors d’état de nuire la Résistance et ses soutiens présumés en terrifiant systématiquement les populations civiles.Les exactions de l’armée allemande sont largement couvertes par « l’ordonnance Sperrle » du 3 février 1944, confortée par un décret du 4 mars.
Ces directives encouragent
« l’« exécution » des « francs-tireurs », l’incendie de maisons, de fermes et de village entiers, et surtout l’élargissement des mesures de répression à la population civile . »
Dès son arrivée en Dordogne, le général Brehmer fait adresser un avis destiné aux communes de Dordogne .Son contenu préfigure très exactement le sillon sanglant tracé d’ouest en est par son unité du 26 mars au 3 avril 1944 dans le département.
L’opération de la division Brehmer débute dans la forêt de la Double dans la nuit du 26 mars dans un triangle qui inclut approximativement les communes de Ribérac,
Saint-Laurent-des-Hommes et Mussidan.
Les troupes allemandes investissent alors méthodiquement les différentes communes du secteur selon un mode opératoire bien rodé .
Des postes de commandement sont installés dans les bourgs ou les hameaux.
De là, de petites unités ratissent les environs dans le but d’y déloger les maquisards. Les communes de Saint-Etienne-de-Puycorbier, Saint-Michel-de-Double, Saint-André-de-Double, Beauronne, Saint-Laurent-des-Hommes sont investies selon ces modalités au cours de la journée.
Les exactions allemandes sont innombrables en cette journée printanière du 26 mars.Les bois sont systématiquement brûlés par l’utilisation de petits canons qui tirent des obus incendiaires. Tous les habitants de l’époque se souviennent du formidable incendie qui dévorait la forêt et des escarbilles qui retombaient jusqu’à Mussidan. André Faure, était agriculteur à la Grande Vacherie (sic), commune de Saint-Etienne-de-Puycorbier :
« Le 26 mars, nous avons vu des centaines, voire plusieurs milliers d’Allemands qui ont tout fait brûler. Ils mettaient le feu avec des petites fusées incendiaires. Ils ont commencé à Saint-Michel-de-Double puis cela a brûlé ici vers 14 heures. Ils ont tout fouillé. Ils disaient :
« Terroristes ! Terroristes ! ». Ils piquaient les meules de foin avec leurs baïonnettes. Personne n’a rien eu, mais nous avons perdu tous nos bois. Les soldats buvaient dans la cave. Ils avaient ouvert les robinets, ils buvaient, ça « pissait » partout par terre. Il ne nous restait plus qu’un hectare de bois de feuillus. Ils ont brûlé toute la Double, de Saint-Barthélémy-de-Bellegarde jusqu’à
Saint-Vincent-de-Connezac, à 95% .»
Cependant, la chasse -car il faut bien parler de chasse- aux maquisards n’est guère fructueuse pour les troupes allemandes. Informés peu de temps auparavant, les résistants ont en effet pu quitter la forêt de la Double par petits groupes.Ils ne reviendront dans le secteur qu’après le débarquement allié en Normandie au mois de juin 1944.
Par contre, c’est la population qui se trouve directement en prise à la violence des troupes allemandes, ce qui démystifie l’idée communément admise d’une Wehrmacht généralement « correcte » à la différence de la Waffen-SS.
Personnes et lieux cités, mots clésBeauronne, Marie Solange Bodet (née Raynaud), Division Brehmer, François Bouthier, Roger Broche, Etienne Cardona, Maurice Denoix, Joseph Didelon, René Didelon, Gustave-Armand Dreyfus, Marcel Eclancher, Jean Einhorn, André Faure, Léon Gounaud, René Heinen, Jacques Lachaud, Sébastien Leo, Georges Lestang, August Meier, Mussidan, Henri Rieublanc, Roger Rieublanc, Raymond Roffé, Saint André de Double, Saint Front de Pradoux, Saint Etienne de Puycorbier, Saint Laurent des Hommes, Saint Martin l'Astier, Saint Vincent de Connezac, Fritz Sauckel, Ribérac, Adrienne Vieilleville, Roger Vieilleville, Jacques Waldmann, Georges Weil
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Par Dona Rodrigue le 29 Décembre 2016 à 13:55
La montée en puissance de la Résistance
en DORDOGNE
(Extrait)
« J’insiste très vivement sur la gravité d’une situation qui devient chaque jour plus alarmante. Le tableau que je viens de brosser n’est pas noirci à dessein. Il n’est plus que le reflet de la stricte réalité. Si on attend trop longtemps pour prendre les mesures qui s’imposent, les hors-la-loi et les bandes communistes finiront par devenir entièrement les maîtres du terrain ».
L’activité de la Résistance fut relativement modeste dans le département jusqu’au début de l’année 1943.
Elle se manifestait essentiellement dans les domaines de la propagande et du renseignement, les sabotages étant encore relativement rares.
Pourtant, la situation évolua rapidement à partir du 16 février 1943.
En effet, à cette date, le chef du gouvernement Pierre Laval, sous la pression du Gauleiter Fritz Sauckel, le plénipotentiaire général pour l'emploi de la main-d'œuvre européenne en Allemagne également surnommé le « négrier de l’Europe »,instaura le Service du travail obligatoire (STO).
Le STO remplaçait ainsi le peu attractif système de la Relève qui avait été mis en place en juin 1942 sur le principe du volontariat et envoyait de la main d’oeuvre française travailler pour l’effort de guerre allemand.
Désormais, pratiquement tous les jeunes nés entre 1920 et 1922 étaient requis comme travailleurs forcés au cœur du Reich.
La création du STO entraîna la constitution de maquis de réfractaires au travail en Allemagne. Ceux-ci, de plus en plus nombreux au cours de l’année 1943, furent pris en charge par différents mouvements de la Résistance tels que les Francs-tireurs et partisans (FTP), l’Armée secrète (AS) et l’Organisation de résistance de l’armée (ORA). Ces réfractaires furent progressivement militarisés après la réception de parachutages d’armes et de matériels grâce à l’action du Special operation executive (SOE).
(La suite est dans l'ouvrage)
Rapport spécial du préfet de la Dordogne Jean Popineau au chef du gouvernement,
16 mars 1944
« Dès mon arrivée en Dordogne, le 3 juillet 1943, la Dordogne était connue comme le coin le plus mauvais de toute la région du Kommando de Limoges ».
Déclaration de Michaël Hambrecht, chef de la « Gestapo » de Périgueux,
6 septembre 1947
Jusqu’au début de l’année 1943, l’activité de la Résistance fut relativement peu importante dans le département.
Elle se manifestait essentiellement dans les domaines de la propagande et du renseignement, les sabotages étant encore rares.
Pourtant, la situation évolua notablement à partir du 16 février 1943.
En effet, à cette date, le chef du gouvernement Pierre Laval, sous la pression du Gauleiter Fritz Sauckel, le plénipotentiaire général pour l'emploi de la main-d'œuvre européenne en Allemagne également surnommé le « négrier de l’Europe », instaura le Service du travail obligatoire (STO).
Effectivement, jusqu’alors les Allemands étaient peu satisfaits des maigres effectifs de main-d'œuvre française obtenus par le système de la Relève mis en place en juin 1942.
Désormais, tous les jeunes nés entre 1920 et 1922 -sauf rares exceptions- étaient requis comme travailleurs forcés au cœur du Reich.
La création du STO avait entraîné la constitution de maquis de réfractaires au travail en Allemagne. Ces réfractaires, de plus en plus nombreux au cours de l’année 1943, furent pris en charge par les différents mouvements de la Résistance tels que les Francs-tireurs et partisans (FTP), l’Armée secrète (AS) et l’Organisation de résistance de l’armée (ORA). Ces réfractaires furent ensuite militarisés après la réception de parachutages d’armes et de matériels grâce à l’action du Special operation executive (SOE). Ce service secret anglais avait été créé par Winston Churchill pour « mettre le feu à l’Europe », c’est à dire déstabiliser les troupes allemandes en Europe occupée en aidant les réseaux de résistance à lutter contre l’occupant[1]. Avec la réception de ces parachutages, les maquisards pouvaient désormais passer à une phase active de la lutte contre les troupes d’occupation et les représentants du gouvernement de Vichy.
Les premières grandes opérations de sabotages de l’été 1943 visèrent tout autant les batteuses -afin d’empêcher les livraisons de blé aux Allemands[2]- que les voies ferrées et les usines ou plus généralement toutes les infrastructures nécessaires au fonctionnement de la machine de guerre allemande.
Les réquisitions de matériels et de vivres, que cela soit au sein des Chantiers de jeunesse ou chez des individus réputés hostiles à la Résistance, avaient considérablement augmenté. Les cas d’intimidation des membres des forces de l’ordre les plus zélés,
ou d’individus considérés comme des collaborationnistes au service de la politique de Vichy et de l’occupant, en particulier les membres du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot[4] et de la Milice se multiplièrent et les exécutions augmentèrent fortement.
Cette montée en puissance de la Résistance fut d’autant plus spectaculaire qu’elle bénéficiait du soutien de la majorité de la population comme le reconnaissait lui-même le préfet Jean Popineau dans ses comptes-rendus mensuels adressés à Limoges au Préfet régional Marc Freund-Valade.
Leur lecture témoigne de l’inquiétude grandissante des autorités qui furent en quelques mois complètement dépassées par la situation comme l’attestent les extraits suivants.
http://francisfoxonet.free.fr/Resistance/Barney1.htm
[1] Ainsi, le réseau Author-Digger, dirigé à partir du mois de mars 1944 par le capitaine Jacques Poirier, s’étendait sur la Dordogne, la Corrèze et le Lot. À la fin de la guerre, le réseau comptabilisait à son actif 60 opérations de parachutages qui incluaient le largage de 1336 containers d’armes et de matériel réceptionnés par la Résistance (AD 24 : 14 J 4).
[2] L’exemple suivant, parmi tant d’autres, de cette lettre retrouvée sur la porte d’une étable à Firbeix illustre bien la campagne de sabotage des batteuses menée au cours de l’été 1943 en Dordogne : « Patriotes français ! Le blé que vous battez va permettre aux traîtres de Vichy d’alimenter la machine de guerre hitlérienne. Unissez-vous ! Réclamez le vin qu’on vous vole ! Pas un grain de blé pour Hitler. Mort à l’envahisseur allemand et à ses valets de Vichy ! Agissez français. », Rapport du Préfet, 26 août 1943 (AD 24 : 1 W 1815-1).
[3] Les membres de la Résistance adressaient des messages clairs aux forces de l’ordre, en particulier à la Gendarmerie, comme cette lettre glissée sous la porte d’une habitation à Angoisse :
« Elle est adressée aux gendarmes, leur recommandant de ne pas gêner les opérations et les menaçant de l’article 75 du code pénal.
Elle est signée : « l’armée française de la libération. », Rapport du Préfet, 26 août 1943 (AD 24 : 1 W 1815-1).
[4] Le Parti populaire français, ouvertement fasciste et antisémite, avait été fondé par Jacques Doriot (1898-1945) en 1936.
Il constitua l’un des deux plus importants partis collaborationnistes sous l’Occupation.
http://leperigorddanslasecondeguerre.centerblog.net/71-2-la-montee-en-puissance-de-la-resistance-en-dordogne
http://www.les-films-du-leberou.com/pages/nos-productions/resistance-1.html
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Par Dona Rodrigue le 27 Décembre 2016 à 13:06
« De Gaulle, dites-vous bien que quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! »
(Winston Churchill)
- « La France a été traitée comme un paillasson !
- Churchill m’a convoqué comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. »
Alain Peyrefitte (l’air candide) :
« Croyez-vous, mon Général, que les Français comprendront que vous ne soyez pas présents aux cérémonies de Normandie ?
Charles-de-Gaulle (sévèrement) :
– C’est Pompidou qui vous a demandé de revenir à la charge ?
(Je ne cille pas).
Eh bien, non ! Ma décision est prise ! La France a été traitée comme un paillasson !
Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel.
Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer.
Nous nous sommes affrontés rudement.
Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne(il appuie).
Il m’a crié de toute la force de ses poumons :
« De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt !
Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains !
Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large,
nous choisirons toujours le grand large ! »
(Il me l’a déjà dit. Ce souvenir est indélébile.)
- « Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ?
- Non, non, ne comptez pas sur moi ! »
Charles-de-Gaulle :
« Le débarquement du 6 juin, ç’a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue.
Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi !
Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne !
Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.
NOTE :
AMGOT = « Allied military government for occupied territories »,
gouvernement militaire allié pour les territoires occupés
NOTE : Comme le révèlent leurs coloris et leur graphisme – très voisins de ceux du dollar – ces billets libellés en francs furent imprimés aux États-Unis, de février à mai 1944, par le Bureau of Engraving and Printing, qui est normalement chargé d’imprimer les dollars américains et les autres documents officiels du gouvernement fédéral.
Étant fabriqués aux États-Unis, c’est le papier, l’encre, la matière, la présentation et le format des dollars américains qui servirent de référence.
Dès les premiers jours suivant le débarquement du 6 juin 1944, les armées américaines commencèrent à distribuer ces billets de banque pour remplacer les billets français émis durant l’Occupation.
Dès le 14 juin 1944, le Commissaire de la République François Coulet, présent en Normandie, fut confronté à cette circulation de monnaie, qui était d’ailleurs mal accueillie par la population.
Il recommanda aux banques de les encaisser et de ne pas les remettre en circulation.
Dès le 27 juin 1944, le général de Gaulle
– arrivé entretemps sur le sol français – tapa du poing sur la table en dénonçant cette « fausse monnaie »,
et en en interdisant la circulation, dès son installation au pouvoir au sein du Gouvernement provisoire de la République française.
Cette interdiction alla de pair avec l’effondrement du projet de commandement militaire imposé à la France(AMGOT).
Charles-de-Gaulle :
« C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération !
Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi !
Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n’est pas là !
« Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu’aux Américains.
Ça reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter ces vues.
Il ne faut pas y céder !
- « M’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non ! »
Charles-de-Gaulle :
« En revanche, ma place sera au mont Faron le 15 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en Provence, que notre première armée y a été associée dès la première minute, que sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer tout le midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance.
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Par Dona Rodrigue le 27 Décembre 2016 à 12:10
Pour l'affaire de la Gestapo de la rue de la Pompe le tribunal militaire de Paris a inculpé 23 personnes de trahison, espionnage, assassinat et complicité, association de malfaiteurs.
L'acte d'accusation stipule que ce groupe a collaboré entièrement avec les services allemands de la rue des Saussaies et, surtout, du 31 bis avenue Foch.
Il évoque aussi la carrière d'espion de Friedrich Berger, son chef.
Né en Saxe en 1911, il entre à l'Abwehr en 1933. Il s'engage dans la légion étrangère française, en 1934. Réformé en 1937 il retourne en Allemagne. A la fin de 1940, il est envoyé en France avec pour mission de s'infiltrer dans le Deuxième Bureau. Il est presque immédiatement démasqué et condamné à mort. Envoyé à la prison d'Oran, il est rendu aux Allemands le 31 mai 1942. Il s'installe alors à Paris et vit du marché noir, notamment en travaillant pour le bureau Otto. Ses affaires devenant florissantes, il ouvre un bureau d'achats au 14 rue du Colonel Moll. Berger a un système efficace pour gagner du temps et de l'argent : il torture les vendeurs pour leur faire avouer les cachettes de leurs dépôts.
Le 17 avril 1944, il s'installe au 180 rue de la Pompe. Il décime une quantité très importante de réseaux de résistance. Lors de la capitulation de l'Allemagne, il part pour l'Italie. Le 7 mai 1945, il est arrêté à Milan par les Anglais.
En 1947, il s'évade de prison. Le 22 décembre 1952, il est condamné à mort par contumace, car il n'a jamais été repris. Berger est mort le 10 février 1960 à munich. Il existe des liens étroits entre Allemands et auxilliaires français et des étrangers. Le personnel de ce service étaient dotés de papiers les mettant « a l'abri de toute intervention de la police française » et leur permettant « d'intimider les personnes à qui ils s'adressaient ». Ils recurent des armes, et les permis nécessaires. Pour son financement on donna l'autorisation àBerger d'ouvrir son propre bureau d'achat, rue du Colonel-Moll à Paris.
Grâce à l'appui des Allemands, la Gestapo du 180 rue de la Pompe peut exercer de grands ravages dans les rangs de la Résistance : ce bilan s'établit à plus de 300 arrestations, plus de 160 déportations (50 de ces déportés décéderont en Allemagne), 40 fusillés lors des guets-apens du 16 août 1944. !
Sans parler des expéditions de Roanne, Lille, Péronne, les arrestations de résistants des réseaux « Les Cloches des Halles », « Phalanx », « N.A.P. », « Voix du Nord », « Libération Nord », « O.C.M. », « F2 », « M.L.N. », « Résistance polonaise », « Organisation juive de combat », « Groupe de Chelles et de Draveil », « Jeunesses catholiques combattantes »... Sans parler des sévices, des tortures inqualifiables des gestapistes français, sans pitiés et les morts, sous les coups reçus. Le 16 août 1944, des résistants sont ainsi attirés, le même jour, passage Doisy, porte Maillot, au Ballon des Ternes et rue Leroux (n°4).
La majorité de ces français sera assassinée près de la cascade du Bois de Boulogne, sans parler des exécutions dans les locaux du 42, avenue Victor Hugo...
L'activité criminelle de la Gestapo de la rue de la Pompe se poursuit dans l'est de la France, après son repli de Paris, à Sainte-Menehould, dans la région des Islettes, d'Auzerville... Les arrestations de résistants sont opérés, contrôlées par les Allemands et, sur 27 patriotes arrêtés, 18 sont déportés et 5 meurent en camp de concentration.
En septembre 1944, 12 personnes meurent à Celles-sur-Plaine, d'autres drames éclatent, ici et là, avant que la bande ne gagne l'Italie à San Rémo.
Huit peines de mort sont prononcées, d'autres de travaux forcés à perpétuité, des peines de 20 à 5 ans et, par contumace, 7 condamnation à mort, dont celle deBerger.
Sources
- Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n° 3641 CJ 46 affaire Reymond Jacques - 3955 CJ 47 affaire Gestapo de la rue de la Pompe - Berger Friedrich - Kley -Stanziano Mario - Stcherbina Manuel - Zimmer Jean-Baptiste - Wentzel Fred - Schnell Christian - Vieillevoye Pierre, dossier comprenant divers états, notamment des inculpés français et étrangers, des principales opérations criminelles du groupe.
- Parquet Général - Non lieu - Article 64 dossier 52430 affaire Cristol Joseph (Gestapo de la rue de la Pompe).
- Sources : Archives de la Seine 1808 W Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n° 3641 CJ 46 affaire Reymond Jacques (secrétaire de Friedrich Berger).
- Parquet Général - Cour de Justice de la Seine dossier n° 2896 CJ 45 affaire de laGestapo de la rue de la Pompe - Gestapo de l'Avenue Foch.
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Par Dona Rodrigue le 27 Décembre 2016 à 01:33
Femmes sous l'Occupation
n'est pas seulement une description du quotidien veule, frileux ou héroïque des femmes de 1940 à 1945.
Bien sûr, Célia Bertin y inventorie cette " vie au féminin " dans ses aspects les plus modestes - de l'improbable quête du cuir pour ressemeler les chaussures à la confection de la soupe aux orties - comme les plus dramatiques - l'avortement, la collaboration, la Résistance. Le livre abonde ainsi en témoignages humbles ou prestigieux sur ces années de plomb, et se nourrit des études les plus fouillées.
Mais Célia Bertin n'a pas sur cette époque le regard distancié de l'historienne : engagée dans la Résistance pour transmettre les messages clandestins, elle-même a connu la peur, les soudaines disparitions, les départs précipités. En même temps que la rigueur historique, la force d'une mémoire sensible et vivante.
La résistance intérieure française, appelée en France la Résistance, désigne l'ensemble des mouvements et réseaux clandestins qui durant la Seconde Guerre mondiale ont poursuivi la lutte contre l'Axe et ses relais collaborationnistes sur le territoire français depuis l'armistice du 22 juin 1940 jusqu’à la Libération en 1944.
Cette lutte a consisté en des actions de renseignement, de sabotage ou des opérations militaires contre les troupes d'occupation (essentiellement allemandes) et aussi contre les forces du régime de Vichy.
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