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    Paris occupé, Paris occulté

     

     

     

    Ne vous êtes vous jamais demandé, en marchant dans Paris, quel secret se cachait derrière la façade de tel ou tel immeuble ?

    Cette interrogation a maintes fois travaillé Cécile Desprairies.

    Avec Ville lumière, années noires - les lieux du Paris de la Collaboration (éditions Denoël), cette philosophe et germaniste fait parler les murs de la ville. Son travail, qui repose à la fois sur les archives et sur la littérature produite pendant cette période, éclaire les zones d’ombres de la ville lumière.

    Pour écrire Ville lumière, années noires (deux ans de travail, sept jours sur sept) Cécile Desprairies a consulté des milliers de documents :

     

    « Je suis allée au Centre de Documentation Juive Contemporaine, puis auxarchives de Coblence, en Allemagne.

     

    Là-bas, il y a deux millions de négatifs. L’Allemagne effectue un vrai travail de mémoire. Ce pays va bien parce qu’il y a eu ce travail de mémoire.

     

    En France, on n’en parle pas.

    Parce que trop de gens ont été impliqués.

     

    L’Occupation a été l’avènement de toute une caste.

    Ce passé ne passe pas, mais on peut le toucher, grâce à la pierre, aux façades ».

    Son livre est inclassable. Et il fait peur.

     

    Plus de 70 ans après les faits qu’est-ce que représente la Collaboration aujourd’hui ?

    Rien et beaucoup. Trop, en fait.

     

    Trop ancien pour les jeunes. NON !

    les Jeunes s'intéressent au passé, souvent, très souvent méconnu

    et mis sous silence....

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    Trop court pour ceux qui aimeraient oublier.

     

    Mais déjà les acteurs disparaissent, tandis que les cadets peuvent si facilement ne rien savoir de l’histoire qui se joua dans cette ville.

    Oui, ce livre effraie. Il sort au mauvais moment ?

    Parler de la guerre aujourd’hui.

     

    Parler des fantômes qui errent par les rues parisiennes ?

    On ne sait pas par quel bout le prendre.

     

    C’est sans doute pourquoi il s’est trouvé si peu de journalistes pour en rendre compte alors que les libraires, tout au long de l’année, consacrent toujours un bout de table aux livres sur Paris, sujet en or pour l’édition.

    On sent bien que pour Cécile Desprairies, aussi, le sujet a été difficile à aborder, à négocier, tant l’angle est fermé :

     

    « C’est un sujet dur et difficile" explique-t-elle. "La meilleure distance, poursuit-elle, c’était d’objectiver et de parler des lieux plutôt que des personnes ».

     

     

    Cette distance, c’est l’exact opposé de l’indifférence, c’est l’exact opposé du déni.

    Ville lumière, années noires n’est pas un livre d’histoire, mais une sorte de mémorial, une tentative de description de lieux parisiens qui, pendant quatre ans, ont été placés entre parenthèses.

     

    Cela commence par une intuition :

     

    « J’ai toujours eu un 6ème sens.

    Je me disais « là, il s’est passé quelque chose ».

    Mais ce n’était écrit nulle part ».

    Entre 1940 et 1944, pendant que les Allemands occupent, les Parisiens sont partagés.

     

     

    Certains s’empressent d’accompagner les « vainqueurs »

    dans leur tâche quand d’autres, la majorité, se débrouillent.

     

    « Les réquisitions sont officiellement françaises, mais l’impulsion est presque toujours allemande.

     

    Les allemands sont partout, mais n’apparaissent nulle part »,

    précise Cécile Desprairies.

    A l’époque, on parlait volontiers d’aryanisation économique.

     

    La Collaboration fut d’abord cela :

    économique : expropriation, vol, trafics en tous genres.

    Pour ceux qui en sont les victimes il n’y a pas eu de choix.

     

    Ce fut l’extermination, pendant qu’au Palais Berlitz, école de langue devenue salle d’exposition dévolue à la propagande antisémite, on occupe le temps de cerveau disponible du gogo avec

     

    « Le Juif et la France », expo qui ne désemplira pas…

     

    Cécile Desprairies aurait pu inscrire en exergue de Ville lumière, années noires cet extrait du livre d’Herbert R. Lottman, La Rive gauche, du front populaire à la guerre froide

    (Le Seuil, 1981) :

     

    « Lorsqu’on relit les mémoires des grands acteurs de ces années-là, on risque d’en être amené à conclure que presque tout le monde à Paris résistait.

     

    Mais on pourrait aussi établir que « tout le monde collaborait ».

     

    Idée qui s’explique sans doute par les efforts des collaborateurs eux-mêmes, pour qui il était réconfortant, et même utile (afin d’échapper à la prison et même pire) de prouver qu’ils n’avaient pas été seuls impliqués dans des activités

    coupables et peut-être criminelles ».

     

    Paris fut bien celui que photographia André Zucca :

     

    on y vécut pendant que la police française

    envoyait à la mort des enfants.

     

    Comme partout dans le monde, de tous temps on vit à côté des rafles. L’auteur résume la situation d’une phrase :

     

    « Dans les bottins de l’époque on voit les noms changer ».



    Mais Cécile Desprairies, par peur sans doute d’être aveuglée par la rage et la colère, n’a pas voulu évoquer frontalement ce scandale.

     

    Son ouvrage ne détourne pourtant pas le regard des victimes.

     

    Quand elle évoque le journal Le Pilori (aujourd’hui siège du maroquinier Vuitton), elle rappelle que ce journal, peut-être le pire de toute cette période, pire encore que Je suis partout (ce qui n’est pas peu dire) lança en janvier 1941 un « grand concours » sur le thème :

     

    « où fourrer les Juifs, toute mesure de destruction raciale étant admise ».

     



    Lorsqu’elle parle de l’Entreprise de déménagement du 308 de la rue Lecourbe, elle rappelle que « cette entreprise relève du Comité d’organisation des entreprises de déménagement (COED), sorte de corporation des déménageurs fondée à Vichy en octobre 1940 » et précise que son plus gros client est le service de l’Ouest d’Alfred Rosenberg.

     

    En mai 1942 ce service organisa « l’Opération meuble », c’est-à-dire le « déménagement de biens mobiliers spoliés », voilà de quoi donner du travail aux déménageurs.

     

    De fait, 80 camions de déménagement circulent alors quotidiennement dans Paris.

    Un journal, une entreprise de déménagement... Quel rapport sinon que ce sont deux même aspects de la Collaboration. Chaque entrée de ce livre est une histoire.

    Chaque histoire nourrit le même fleuve, charrie les mêmes cadavres.

    Mais Ville lumière, années noires se lit plutôt comme un guide. Il est d’ailleurs construit de cette façon.

     

    Comme l’itinéraire invisible, souterrain, effacé, gommé, d’un Paris disparu.

     

    Un Paris qui n’a laissé aucune trace dans les mémoires. De l’historien, Cécile Desprairies l’avoue elle-même, elle n’a pas la méthode. Ville lumière s’approche plus d’un récit en image.

     

    Livre de photographies, livre de témoignages, c’est presque un catalogue dans lequel elle retrace l’histoire éphémère de tel ou tel immeuble parisien entre 1940 et 1944. Des immeubles Hausmanniens, situés à des angles de rues, si possible comportant deux entrées, au cas où…

     



    Appartements (tel celui du ministre Georges Mandel) réquisitionnés par les Allemands, immeubles entiers transformés en lieux de pouvoir (Hôtels Continental, Ritz et Meurice), de propagande (Radio-Paris, Paris-presse), lieux supposés de l’intelligence (Librairie Rive-Gauche, éditions Grasset), lieux de rassemblements politiques (Maison de la chimie) sans oublier le Vel’ d’hiv’, emblématique entre tous, démoli en 1959.

    Et puis, enfin, ne pas omettre les lieux de plaisirs de toutes sortes.

     

    Car ce n’est un secret pour personne :

    on s’amusait  bien à Paris en cette époque.

     

     

    La Coupole tournait à plein, les cinémas le Français ou le Gaumont Palace projetaient les derniers succès à la mode, le cabaret le Shéhérazade était plein, comme les bordels le Chabanais ou le One two two, la salle Wagram, le Théâtre de l’Empire, le restaurant Maxim’s et tant d’autres endroits.



    Cécile Desprairies ne les cite pas tous. Impossible d’être exhaustive.

    Elle n’en a gardé « que » 200 dans ce livre de 350 pages environ.

    200 lieux économiques, politiques, stratégiques, intellectuels.

    La présentation est systématique. Comme un catalogue.

    Chaque lieu est décrit sur deux pages.

    Une photo ou un plan cadastral sert à l’identifier visuellement où à le situer sur le plan parisien.

     

    L’autre page décrit précisément l’affectation de ce bâtiment pendant la Collaboration.

     

    Quelques lignes expliquent ce qu’il devint ensuite.

     



    Pour éclairer cette présentation, l’auteur attribue un verbatim généralement tiré de mémoires, carnets, écrits d’auteurs allemands ou français, collaborationnistes ou non : Ernst Jünger, Arno Breker, Gerhard Heller, Lucien Rebatet, Fabienne Jamet, jusqu’à Hélène Berr dont le journal a paru l’an passé, préfacé par Patrick Modiano.

    Comment en effet ne pas penser à Modiano en parcourant Ville lumière,années noires ? Pierre Assouline l’évoque d’ailleurs, peut-être avec trop d’insistance dans son introduction. Ses remarques à propos de l’auteur de Place de l’Etoile sont cependant bien senties. Notamment celle-ci :

     

    « Avec lui, le cadastre a trouvé un poète ».

    S’il faut définir ce livre disons que c’est une sorte de récit.

     

    Un récit, pas une fiction. Les lieux, les personnages - bourreaux, complices et victimes -, les faits, tout est vrai.

     

    Mais tout est vu à travers le regard d’un témoin fascinant : la ville.

     

    Paris qui a tout vu, mais qui se tait. Cécile Desprairies, patiemment, a choisi d’écouter la ville, de sonder les façades de pierres, de révéler ce secret d’autant plus troublant qu’il est là, sous nos yeux.

     

    SOURCES / article écrit par BABAR 

    mardi 23 décembre 2008

    http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/paris-occupe-paris-occulte-49113

     

     

     

     

     

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    Guerre 1939-1945. Paris sous l'Occupation. Drapeaux allemands, rue de Rivoli, sur la façade de l'hôtel Meurice, siège de la Kommandantur allemande. ( Photo André ZUCCA)

     

     

    Cet HOTEL de LUXE... crée par Mr MEURICE au XIXè siècle...
     
     
     
    Durant la Seconde Guerre mondiale, le général allemand Von Choltitz occupa l'hôtel comme gouverneur militaire de Paris, chargé par Hitler de brûler la capitale.
     
    De son dialogue bien réel avec le consul suédois Nordling est née une pièce de théâtre puis un film,
     
    "Diplomatie"
    dont certaines scènes furent naturellement filmées au Meurice.
     
    Niels Arestrup et André Dussollier dans Diplomatie.
     
     
    Silence, on tourne! Le principal site retenu est le salon Pompadour dominé par une représentation de la favorite de Louis XV enchâssée dans son cadre rocaille.
     
    Le décor souligne la solennité des enjeux et l'intimité des deux hommes engagés dans une lutte sourde pour sauver Paris.
     
    La suite 213 qu'occupait Von Choltitz sous l'Occupation n'existant plus, les équipes reproduisirent en studio l'actuelle suite présidentielle telle qu'on la voit dans le film.
     
     
     
     

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    Le Meurice est un hôtel de luxe parisien, situé rue de Rivoli au 228, dans le premier arrondissement, et appartenant au groupe Dorchester Collection Hotels.

    Durant la Seconde Guerre mondiale, le Meurice servit de quartier général aux forces d'occupation allemandes.

     

    Dietrich von Choltitz en 1940.

     

     

    Dietrich von Choltitz, né le 9 novembre 1894 à Wiese Gräflich (Silésie) et mort le 5 novembre 1966 à Baden-Baden, est un General der Infanterie allemande qui a servi au sein de la Heer dans la Wehrmacht pendant laSeconde Guerre mondiale. Il fut en particulier gouverneur militaire du « Grand Paris » au moment de la libération de la ville en août 1944.

    Il a été récipiendaire de la Croix de chevalier de la Croix de fer.

    Cette décoration est attribuée pour récompenser un acte d'une extrême bravoure sur le champ de bataille ou un commandement militaire avec succès.

    À Paris, la Kommandantur est installée place de l'Opéra, tandis que von Choltitz prend ses quartiers à l'hôtel Meurice, palace situé rue de Rivoli, en face du jardin des Tuileries.

    Lorsque l'insurrection éclate, les Allemands sont encore 20 000 dans la capitale. Outre un régiment de sécurité appuyé par des chars français hors d'âge, la garnison comprend essentiellement des états-majors et des services inaptes au combat. Cependant, des colonnes d'unités étrillées en Normandie qui se replient sur la Somme traversent la capitale exempte d'attaques aériennes alliées.

     

    La retraite de ces unités est couverte par un certain nombre de chars Panther.

     

     

    Dans l'après-midi du 19 août, von Choltitz accepte le cessez-le-feu négocié par le consul de Suède Raoul Nordling avec les gaullistes. I

     

    l sursoit à l'exécution de trois résistants,

     

    Alexandre Parodi, Roland Pré et Emile Laffon,

     

    représentants directs du général de Gaulle arrêtés le 20 août par la Gestapo, et les libère.

     

     

     
    Dietrich von Choltitz en 1940.

    Le 23 août 1944, il reçoit l'ordre d'Hitler de défendre Paris par la destruction de pâtés de maisons et des ponts de la capitale.

    « Paris ne doit pas tomber entre les mains de l'ennemi, ou alors que ce soit un champ de ruines ».

    Conscient que la destruction des infrastructures de Paris serait inutile, que la guerre est perdue pour son camp, et soucieux de ménager son avenir de futur prisonnier,

     

    il négocie pour remettre sa reddition à un officier allié.

    Le 25 août, après un combat en forme de baroud d'honneur, il se rend au soldat espagnol Antonio González de la compagnie La Nueve de la 2edivision blindée.

     

    Il est conduit à la Préfecture de police de Paris où il capitule devant le général Leclerc. Il est ensuite conduit à la gare Montparnasse,

    PC de commandement de Leclerc, où le nom et la signature du colonel Rol-Tanguy, commandant communiste des FFI de l'Île-de-France, sont rajoutés à l'ordre de reddition.

    Adolf Hitler, dans un accès de rage, lui aurait téléphoné en demandant si Paris brûlait (« Brennt Paris ? »). Avant de prendre sa décision de refuser de détruire Paris, von Choltitz avait pris la précaution de mettre sa famille à l'abri desreprésailles collectives familiales10. Il tenta également de protéger les auxiliaires féminines allemandes situées à Paris.

    Captivité[modifier | modifier le code]

    Immédiatement emprisonné, Choltitz est conduit en Normandie puis prend l'avion pour l'Angleterre. Il y est enfermé avec d'autres hauts officiers allemands. Ses conversations sont enregistrées à son insu. Il évoque dès le 29 août 1944 sa rencontre avec Hitler du début du mois, présentant Hitler comme très diminué physiquement mais l'ayant harangué plus de quarante-cinq minutes sans se laisser interrompre, « se dévidant comme un disque de gramophone », et comme s'il était devant un large public. Choltitz en garde la sensation que Hitler n'a plus tous ses moyens, et n'a guère de respect pour l'armée. Choltitz répètera une version similaire dans ses Mémoires ou au cours d'entretiens avec des journalistes

    RELACHE par les ALLIES en 1947 !

    sources WIKIPEDIA 

     

     

    Le Général Dietrich von Choltitz, dernier commandant du « Groß- Paris », y dirigea ses troupes pendant l'insurrection de la capitale du 19 au 25 août 1944, et y reçut le consul de Suède Raoul Nordling pour tenter de négocier par l'intermédiaire de ce dernier, une trève avec la Résistance.

     

    Le 25 août en début d'après-midi, après un ultime combat aux

    portes de l'immeuble, von Choltitz et son Etat-Major furent capturés par les hommes de la 2e DB du général Leclerc, alliés aux FFI.

     

     

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    Guerre 1939-1945. Paris sous l'Occupation. Drapeaux allemands, rue de Rivoli, sur la façade de l'hôtel Meurice, siège de la Kommandantur allemande.

    © Pierre Jahan / Roger-Viollet

     

     

    Conduit à la préfecture de Police puis à la gare Montparnasse, il y signa la reddition de toutes les forces allemandes de la capitale.

     

    À l’approche des troupes alliées, la Résistance déclenche un soulèvement armé le 19 août 1944. La Libération de Paris se fait le 25 août avec l’entrée dans la capitale de la 2e division blindée du général Leclerc, qui commande au capitaine Raymond Dronne de percer les lignes ennemies avec sa neuvième compagnie

    (Régiment de marche du Tchad).

    Le général von Choltitz capitule alors sans exécuter les ordres d’Hitler demandant sa destruction. Paris est l’une des rares communes de France à se voir décerner le titre de compagnon de la Libération.

     

    ( Le Meurice, de la maîtresse de Napoléon III à Dali :

    Installé en 1835 rue de Rivoli pour accueillir les riches touristes

    anglais (dont Miss Howard, maîtresse et mécène du futur Napoléon III),

     

     

    le Meurice est surtout célèbre pour avoir été entre 1940 et 1944 le quartier général des forces d’occupation allemandes.

     

    Ce qui lui valu de servir de décor au film « Paris brûle-t-il ?« en 1960.

     

     

    Ce qu’on sait moins, c’est que le palace fut la demeure un mois par an de l’artiste  Salvador Dali pendant plus de 30 années. )

     

    Drapeau de l'Hotel Meurice

    @ Musée de L'Ordre de la Libération

     

    Siège du gouverneur militaire allemand du Grand-Paris, l'hôtel Meurice

    est situé au 228 rue de Rivoli dans le 1er arrondissement,

    en face du jardin des tuileries.

     

    Cinq gouverneurs militaires se sont succédés durant l'occupation:

    - Alfred von Vollard-Bockelberg (juin 1940)
    - Kurt von Briesen (septembre 1940)
    - Ernst Schaumburg (nov 1940 / 28 juil 1943)
    - Hans von Boineburg-Lengsfeld (aout 1943 / 7 aout 1944)
    - Dietriech von Choltitz (10 au 25 aout 1944)


     
     



    Fanion du véhicule du Kommandant Von Gross-Paris Dietrich Von Choltitz
    @ Musée de l'Ordre de la Libération

     

     

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    Je vous présente ici deux grands plats, en faience de Sarguemines, récupérés à la libération par un résistant et provenant de la vaisselle de l'hôtel Meurice.

     

     

    HOTEL MEURICE sous l'occupation

     

     

     

     

     

    HOTEL MEURICE sous l'occupation

     

     

     

     

    HOTEL MEURICE sous l'occupation 

     

     

     

     

     

     

     

    HOTEL MEURICE sous l'occupation

     

    L’état-major du "Gross-Paris" fait prisonnier à l'Hotel Meurice.

    25 août 1944, l’état-major du « Gross-Paris » fait prisonnier à l’Hotel Meurice, quartier général allemand
    sous le commandement du gouverneur militaire de la garnison de Paris, Dietrich von Choltitz.

     

     

     

    SOURCES !

    super blog

    http://www.occupation-de-paris.com/2012/04/der-kommandant-von-gross-paris.html

     

     

     

     

     

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    L’historienne américaine Tilar Mazzeo a pu accéder à des archives secrètes françaises, allemandes et américaines touchant l’histoire du palace de la place Vendôme durant la Seconde Guerre mondiale.

    Dans les suites et les salons d’apparat d’opulente splendeur voisinaient les officiers de la Wehrmacht, des collabos, des espions et des privilégiés de la jet-set qui ont été épargnés par le conflit armé.

     

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    Avec 15 place Vendôme: le Ritz sous l’Occupation, l'historienne américaine Tilar Mazzeo nous offre un livre-document truffé de révélations qui éclaire de façon crue cette période dramatique de la Seconde Guerre mondiale à Paris.

     

    Contrairement à certains grands hôtels de la capitale, le Ritz est resté ouvert pendant l’Occupation car les propriétaires, César et Marie-Louise Ritz, leurs associés et les cadres étaient suisses, c’est-à-dire neutres, non engagés dans la guerre.

     

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    Si Hitler n’a pas été vu dans l’enceinte du Ritz, Hermann Göring, morphinomane, habite la suite impériale et enrichit tous les jours sa collection de bijoux et de tableaux: un pillage en règle.

     

     High Shot On The Grand Staircase Of The Hotel Ritz In Paris, 1948.

     

     

    Les officiers, certains d’une culture raffinée, veulent profiter des plaisirs de la Ville Lumière, du confort du palace, du luxe, des spectacles de Paris, des petites femmes, des défilés de mode, du trafic d’œuvres d’art et de «l’insouciance glamour» de la place Vendôme, selon les mots de Tilar Mazzeo.

     

     

     

    En 1941, le maréchal Pétain et l'amiral Darlan

    avec le maréchal du Reich Hermann Göring.

     

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    Le 14 juin 1940, Paris est envahi par le IIIe Reich, la ville tombe aux mains des envahisseurs –il y aura jusqu’à 300.000 Allemands dans la capitale.

     

    Le Ritz ne sera jamais bombardé, tout comme le ministère de la Justice adjacent.

     

    Avant d’être assassiné par la Milice française, l’ancien ministre de

    l’Intérieur Georges Mandel, l’un des résidents permanents (une douzaine), a persuadé Marie-Louise Ritz de ne pas fermer l’hôtel «sinon il sera réquisitionné et vous ne le récupérerez jamais».

     

    C’était bien vu.

     

    ----------------------

     

    Georges Mandel, député de la Gironde, en 1932.

     

    Georges Mandel, de son vrai nom Louis Georges Rothschild, né le 5 juin 1885 à Chatou et assassiné le 7 juillet 1944 en forêt de Fontainebleau par des miliciens, est un homme politique majeur de l’entre-deux-guerres et un résistant français.

    S’il a été décrit comme le fils naturel d’une fille Rothschild, il est sans parenté avec la famille de banquiers du même nom.

    Jeune journaliste collaborateur de Georges Clemenceau à L’Homme libre, il le suit sur les chemins de la politique en devenant un de ses attachés de Cabinet en 1908. Lorsque son vieux directeur accède à laprésidence du conseil en novembre 1917, il devient son chef de cabinet.

    Une longue carrière politique lui est ouverte dans le camp conservateur après la Grande Guerre.

     

     ---------------------------------------------

     

    Ce jour de la mi-juin, Otto de Habsbourg, prince héritier du défunt empire austro-hongrois, écrit:

    «La ville était aux deux-tiers encerclée par les troupes allemandes, les tirs d’artillerie illuminaient le ciel et là, au Ritz, tout se passait comme toujours: les serveurs en rang, les plats, les vins.»

     

     Description de cette image, également commentée ci-après

     

    Otto de Habsbourg-Lorraine (en allemand : Otto (von) Habsburg-Lothringen1), archiduc d'Autriche, prince royal de Hongrie et de Bohème, est né le 20 novembre 1912 à

    Reichenau an der Rax, et mort le 4 juillet 2011 à Pöcking en Bavière, Allemagne.

    Fils aîné de Charles Ier, dernier empereur d'Autriche et dernier roi de Hongrie et de Bohême, il était le chef de la maison de Habsbourg-Lorraine (branche aînée de la maison de Lorraine) et prétendant aux trônes d'Autriche et de Hongrie.

    Il était président du Comité international pour le français langue européenne,

    du Mouvement pan-européen (1973-2004) et député au Parlement européen (1979-1999).

    En janvier 2007, il renonce à son rôle de prétendant au trône et c'est son fils aîné, l'archiduc Charles de Habsbourg-Lorraine, qui lui succède

     

    °°°°°°°°°°°

     

    Le Ritz, ouvert en 1898, compte encore 450 employés pour 150 chambres, les Allemands de l’état-major paient 90% des notes et les 10% restants sont envoyés au gouvernement de Vichy.

     

    Peu à peu, le grand hôtel va se dépeupler et à la fin du conflit, il ne restera plus qu’une vingtaine d’employés.

     

    Pour les hôtes américains permanents en majorité, il n’y a aucune raison pour que l’Occupation soit un calvaire et que l’on renonce au Ritz et à ses plaisirs.

     

    Le dimanche soir, le protocole offre une soirée dansante, les officiers de la Wehrmacht en civil (armes et uniformes interdits) font valser ces dames et demoiselles de la gentry internationale.

     

     

    Le menu est composé par le maître Auguste Escoffier

    qui a pour maîtresse Sarah Bernhardt:

    langouste au champagne,

    poulet rôti et desserts aux fruits.

     

     

     

     

    Il y a 140.000 bouteilles dans les caves ou

    planquées dans le XVe arrondissement.

     

     

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    Qui sont ces privilégiés qui vont passer à travers les horreurs de la guerre et de la déportation?

     

    Gabrielle Chanel dite Coco habite une suite depuis 1930, elle n’a que la rue à traverser pour rejoindre sa boutique (fermée en 1940) de la rue Cambon.

     

    Elle a habillé les femmes les plus célèbres de Paris et les Américaines fortunées, «les nanties du Ritz comme Florence Jay Gould, Barbara Hutton, Clare Boothe Luce, propriétaire des magazines Time et Life, qui animent les fêtes nocturnes comme si de rien n’était».

     

     

    Au moment où Clare Boothe Luce quitte la France en plein exode, elle questionne Hans Elmiger, le directeur suisse du Ritz:

     

    «Comment avez-vous su que les Allemands arrivaient?»

    «Parce qu’ils ont réservé»,

    lance le directeur, imperturbable.

     

     Coco Chanel

    Déjà très riche, Coco Chanel vit essentiellement des revenus des flacons de Chanel N°5 vendus à Paris, elle n’aime pas les juifs, elle déteste Blanche Auzello, l’épouse juive du manager du Ritz, Claude Auzello, torturée par l’occupant.

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    Coco aura deux amants allemands dont un agent double,

     

    l’officier Hans von Dincklage, attaché d’ambassade, avec lequel elle quittera la France après l’Armistice, échappant de peu à la traque des FFI,

    pour se réfugier à Lausanne – Winston Churchill l’aurait aidée.

    '"The young Baron von Dinklage circa 1935 at the German Embassy in Paris when he was working for the Gestapo, already a close friend of Chanel." Source: NY Social Diary.http://www.newyorksocialdiary.com/node/1907697/print

    “The young Baron von Dinklage circa 1935 at the German Embassy in Paris when he was working for the Gestapo, already a close friend of Chanel.” Source: NY Social Diary.

     

     

    Hans Günther von Dinklage

    est un attaché d'ambassade allemand,

    né le 15 décembre 1896 à Hanovre. Mort en 1974 à Majorque.

     

     

     

    Parallèlement à ses fonctions d'attaché d'ambassade,

    il aurait été un espion au service des renseignements militaires allemands (l'Abwehr) jusque pendant la Seconde Guerre mondiale,

     

    il sera l'un des amants de Coco Chanel qu'il rencontre en 1941.

    coco chanel 1

     

     

    Ils auront une liaison passionnée au cours de laquelle cette dernière tentera d'organiser une médiation entre l'Allemagne et la Grande-Bretagne en 1943, mais l'opération « Chapeau de couture » échouera.

     

     

    Chanel and Dincklage. in 1951 at Villars sur Ollon, Canton de Vaud,

    Switzerland. Source:

    fashionatto.literatortura.com via Paris Match &
    Bibliotheque des Arts Decoratifs, Paris, France/ Archives Charmet/ The Bridgeman Art Library

     

     

    Elle ne reviendra à Paris qu’en 1955 quand la paix effacera peu ou prou les affres sanglantes du conflit.

     

     

     

    «Quand je rêve de l’au-delà, cela se passe toujours au Ritz de Paris»,

    écrit Ernest Hemingway en 1944.

     

     

    Paris est occupé depuis près de cinq ans et pour nombre de journalistes américains présents en Europe au printemps de cette année, l’essentiel est de rentrer dans Paris à travers les bombardements.

    Et pour Hemingway d’être le premier à libérer le Ritz, ses caves et le bar.

     

     

    Le grand romancier écrit des articles pour Collier’s, un magazine américain pour lequel il est accrédité comme correspondant de guerre.

     

     

    Ernest «Papa» a pour compagnons l’illustre photographe Robert Capa qu’il a connu pendant la guerre d’Espagne et Mary Welsh, une enquêtrice pour Time Life, qui deviendra sa femme.

     

     

    Paris libéré, «Papa Hemingway pèse 100 kilos, il habite la chambre 31 du Ritz, il alterne les whiskys, les Martini et le champagne Perrier-Jouët, partage sa chambre avec deux résistants qui nettoient leur fusil entre deux gorgées de brut».

     

    Hemingway et sa clique ont alors rendu visite à Pablo Picasso dans son atelier de la rue des Grands Augustins où il vit avec Dora Maar.

     

     

    Plusieurs fois, le grand peintre dont les toiles sont jugées décadentes par les dignitaires allemands est venu déjeuner au Ritz, convié par les marchands de tableaux convoitant des chefs-d’œuvre pour Göring et Hitler

     

    –«une razzia, jusqu’à trois millions d’œuvres d’art volées ou bradées aux Allemands», écrit Tilar Mazzeo.

     

    Un soir, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir rejoignent dans sa chambre Ernest Hemingway qui est en pyjama.

     

    Assez vite, Simone et lui se mettent à échanger des regards éloquents.

    «Ecoute, pourquoi ne rentres-tu pas?»,

    finit par dire Beauvoir à Sartre, médusé.

     

    Sartre s’en va dépité, et Simone ne laissera Hemingway qu’au matin, gisant parmi les bouteilles de scotch et les draps froissés.

     

    Il restera sept mois au Ritz.

    La guerre n’est pas finie.

     

    On se bat encore à moins de 80 kilomètres de Paris.

     

    «J’ai remarqué que les bombes ne tombaient jamais sur les

    gens qui logent au Claridge ou au Ritz»,

     

    écrit Clare Boothe Luce.

     

    Dans la cohorte des célébrités, piliers du palace cher à «Proust du Ritz»,

     

    Jean Cocteau, ami d’Arno Breker, le sculpteur allemand tant vanté par Hitler, dont la femme Demetra a posé pour Picasso, Sacha Guitry, détenu quelques mois après la guerre, Serge Lifar, caché un temps dans un placard de l’hôtel, Arletty, Coco Chanel, tous étaient proches de l’écrivain Max Jacob, arrêté par la Gestapo, mort à Drancy.

     

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    Cocteau, décidé à agir pour le sauver, avait fait circuler une pétition adressée à Otto Abetz, l’ambassadeur allemand à Paris.

     

    Cela n’a pas suffi.

     

     

    «La ville a perdu l’esprit dans les réjouissances», dira Mary Welsh.

     

    «Tout le monde avait dix-huit ans, se libérait des entraves, explosait de joie.» Jean Cocteau s’offusque de voir«des officiers américains déjeuner avec des putains de trottoir».

     

    Près de 18.000 prostituées dans Paris.

     

    Arletty, née Léonie Bathiat, la Garance d’Hôtel du Nord qui a passé la guerre à batifoler au Ritz avec son amant diplomate allemand, maintiendra jusqu’au bout son attitude crâneuse et amère.

     

    Soupçonnée de prostitution, elle s’en tire à bon compte après quelques semaines en prison «indiquant que son cœur était français, mais son cul international».

     

     

    Il y a le cas Chanel.

    Sa conduite cynique dérange encore les Parisiens aujourd’hui. Elle abrite dans un deux pièces de l’hôtel relié à une chambre mansardée ses amours avec Hans von Dincklage, un séducteur bien plus jeune qu’elle, âgée alors de 60 ans.

    Elle s’est mêlée aux machinations internes de la politique allemande: a-t-elle espionné pour le compte des Nazis?

    Mystère.

     

     

    Elle va deux fois à Berlin, sous l’œil des Nazis, elle fréquente le duc et la duchesse de Windsor, sympathisants fascistes qui ont passé l’été 1939 au Ritz.

     

    Et elle reçoit le soutien du comte de Chambrun, gendre de Laval, qui a eu ce mot:

    «C’est dur, la collaboration.»

     

     

    L’écrivain américain John Updike résumera dans les années 1990 l’attitude de Coco Chanel pendant la guerre:

     

    «Tout semble prouver l’indifférence totale de Chanel au sort de ses voisins juifs, ou même aux privations et humiliations vécues par la vaste majorité des Parisiens… Elle était heureuse dans un monde où des montagnes de malheur s’accumulaient autour d’elle… dans le quartier juif, à quinze minutes à pied du Ritz.»

     

    Il reste qu’à l’hôtel fort bien tenu, le barman juif Frank Meier a caché des résistants, aidé par les directeurs français et suisses dont le dévoué Claude Auzello tandis que le palace accueille jusqu’en 1951 Marlène Dietrich, Ingrid Bergman et que le duc de Windsor songe grâce à un complot obscur à monter sur le trône de Grande-Bretagne et à évincer la princesse Elizabeth, à la mort du roi George V.

     

    L’auteur de l’ouvrage cite cette phrase singulière d’Elizabeth II:

     

    «Les deux personnes qui m’ont causé le plus d’ennuis sont Wallis Simpson et Hitler.»

     

    Dans les années 1970, Charles Ritz se démène pour maintenir le palace délabré à flots, la faillite menace, la vente est inévitable.

    Il meurt en 1976.

     

    Un magnat égyptien de 59 ans, Mohamed Al Fayed, habitué du George V, s’est toqué du palace suisse qu’il acquiert pour 20 millions de dollars, un cadeau.

     

    La rénovation s’étalera sur neuf années, soit un million de dollars par chambre, plus la piscine couverte et le spa romain au sous-sol.

    En 1987, le Ritz retrouve sa splendeur néoclassique et sa légende dorée, «l’antichambre du paradis», ainsi que le disait Ernest Hemingway, qui s'est suicidé en 1961.

    Après plus de deux ans de travaux gigantesques commencés en 2013, le Ritz à la façade classée sera réouvert à la fin 2015.

     

     

     

    15 place Vendôme: le Ritz sous l’Occupation

    par Tilar Mazzeo, 300 pages, Éditions La Librairie Vuibert

    Note de l'édition: une première version de cet article faisait une référence peu claire à Olivier Dabescat, maître d'hôtel et à Marcel Proust, alors que Marcel Proust est mort en 1922, soit bien avant l'Occupation.

     

     
     http://www.slate.fr/story/94659/ritz-occupation
     
     
     
     
     
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  • Le Ritz sous l’Occupation allemande, un miroir de la société de l’époque

     

     

     

     

    L’historienne américaine Tilar Mazzeo a pu accéder à des archives secrètes françaises, allemandes et américaines touchant l’histoire du palace de la place Vendôme durant la Seconde Guerre mondiale.

    Dans les suites et les salons d’apparat d’opulente splendeur voisinaient les officiers de la Wehrmacht, des collabos, des espions et des privilégiés de la jet-set qui ont été épargnés par le conflit armé. Avec 15 place Vendôme: le Ritz sous l’Occupation, l'historienne américaine Tilar Mazzeo nous offre un livre-document truffé de révélations qui éclaire de façon crue cette période dramatique de la Seconde Guerre mondiale à Paris.

    Contrairement à certains grands hôtels de la capitale, le Ritz est resté ouvert pendant l’Occupation car les propriétaires, César et Marie-Louise Ritz, leurs associés et les cadres étaient suisses, c’est-à-dire neutres, non engagés dans la guerre. Si Hitler n’a pas été vu dans l’enceinte du Ritz, Hermann Göring, morphinomane, habite la suite impériale et enrichit tous les jours sa collection de bijoux et de tableaux: un pillage en règle.

    Les officiers, certains d’une culture raffinée, veulent profiter des plaisirs de la Ville Lumière, du confort du palace, du luxe, des spectacles de Paris, des petites femmes, des défilés de mode, du trafic d’œuvres d’art et de «l’insouciance glamour» de la place Vendôme, selon les mots de Tilar Mazzeo.

     

     

     

    Le 14 juin 1940, Paris est envahi par le IIIe Reich, la ville tombe aux mains des envahisseurs –il y aura jusqu’à 300.000 Allemands dans la capitale.

     

     

    Le Ritz ne sera jamais bombardé, tout comme le ministère de la Justice adjacent.

     

    Avant d’être assassiné par la Milice française, l’ancien ministre de l’Intérieur Georges Mandel, l’un des résidents permanents (une douzaine), a persuadé Marie-Louise Ritz de ne pas fermer l’hôtel «sinon il sera réquisitionné et vous ne le récupérerez jamais».

     

    C’était bien vu.

     

     

     

    Georges Mandel, de son vrai nom Louis Georges Rothschild, né le 5 juin 1885 à Chatou et assassiné le7 juillet 1944 en forêt de Fontainebleau par des miliciens, est un homme politique majeur de l’entre-deux-guerres et un résistant français.

    S’il a été décrit comme le fils naturel d’une fille Rothschild, il est sans parenté avec la famille de banquiers du même nom.

    Jeune journaliste collaborateur de Georges Clemenceau à L’Homme libre, il le suit sur les chemins de la politique en devenant un de ses attachés de Cabinet en 1908. Lorsque son vieux directeur accède à la présidence du conseil en novembre 1917, il devient son chef de cabinet.

    Une longue carrière politique lui est ouverte dans le camp conservateur après la Grande Guerre.

     

     

    Ce jour de la mi-juin, Otto de Habsbourg, prince héritier du défunt empire austro-hongrois, écrit:

    «La ville était aux deux-tiers encerclée par les troupes allemandes, les tirs d’artillerie illuminaient le ciel et là, au Ritz, tout se passait comme toujours: les serveurs en rang, les plats, les vins.»

     

    Le Ritz, ouvert en 1898, compte encore 450 employés pour 150 chambres, les Allemands de l’état-major paient 90% des notes et les 10% restants sont envoyés au gouvernement de Vichy. Peu à peu, le grand hôtel va se dépeupler et à la fin du conflit, il ne restera plus qu’une vingtaine d’employés. Pour les hôtes américains permanents en majorité, il n’y a aucune raison pour que l’Occupation soit un calvaire et que l’on renonce au Ritz et à ses plaisirs.

    Le dimanche soir, le protocole offre une soirée dansante, les officiers de la Wehrmacht en civil (armes et uniformes interdits) font valser ces dames et demoiselles de la gentry internationale. Le menu est composé par le maître Auguste Escoffier qui a pour maîtresse Sarah Bernhardt: langouste au champagne, poulet rôti et desserts aux fruits. Il y a 140.000 bouteilles dans les caves ou planquées dans le XVe arrondissement.

    Qui sont ces privilégiés qui vont passer à travers les horreurs de la guerre et de la déportation? Gabrielle Chanel dite Coco habite une suite depuis 1930, elle n’a que la rue à traverser pour rejoindre sa boutique (fermée en 1940) de la rue Cambon. Elle a habillé les femmes les plus célèbres de Paris et les Américaines fortunées, «les nanties du Ritz comme Florence Jay Gould, Barbara Hutton, Clare Boothe Luce, propriétaire des magazines Time et Life, qui animent les fêtes nocturnes comme si de rien n’était».

    Au moment où Clare Boothe Luce quitte la France en plein exode, elle questionne Hans Elmiger, le directeur suisse du Ritz: «Comment avez-vous su que les Allemands arrivaient?» «Parce qu’ils ont réservé», lance le directeur, imperturbable.

    Déjà très riche, Coco Chanel vit essentiellement des revenus des flacons de Chanel N°5 vendus à Paris, elle n’aime pas les juifs, elle déteste Blanche Auzello, l’épouse juive du manager du Ritz, Claude Auzello, torturée par l’occupant. Coco aura deux amants allemands dont un agent double, l’officier Hans von Dincklage, attaché d’ambassade, avec lequel elle quittera la France après l’Armistice, échappant de peu à la traque des FFI, pour se réfugier à Lausanne –Winston Churchill l’aurait aidée. Elle ne reviendra à Paris qu’en 1955 quand la paix effacera peu ou prou les affres sanglantes du conflit.

    «Quand je rêve de l’au-delà, cela se passe toujours au Ritz de Paris», écrit Ernest Hemingway en 1944.

    Paris est occupé depuis près de cinq ans et pour nombre de journalistes américains présents en Europe au printemps de cette année, l’essentiel est de rentrer dans Paris à travers les bombardements. Et pour Hemingway d’être le premier à libérer le Ritz, ses caves et le bar.

    Le grand romancier écrit des articles pour Collier’s, un magazine américain pour lequel il est accrédité comme correspondant de guerre. Ernest «Papa» a pour compagnons l’illustre photographe Robert Capa qu’il a connu pendant la guerre d’Espagne et Mary Welsh, une enquêtrice pour Time Life, qui deviendra sa femme.

    Paris libéré, «Papa Hemingway pèse 100 kilos, il habite la chambre 31 du Ritz, il alterne les whiskys, les Martini et le champagne Perrier-Jouët, partage sa chambre avec deux résistants qui nettoient leur fusil entre deux gorgées de brut». Hemingway et sa clique ont alors rendu visite à Pablo Picasso dans son atelier de la rue des Grands Augustins où il vit avec Dora Maar.

    Plusieurs fois, le grand peintre dont les toiles sont jugées décadentes par les dignitaires allemands est venu déjeuner au Ritz, convié par les marchands de tableaux convoitant des chefs-d’œuvre pour Göring et Hitler –«une razzia, jusqu’à trois millions d’œuvres d’art volées ou bradées aux Allemands», écrit Tilar Mazzeo.

    Un soir, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir rejoignent dans sa chambre Ernest Hemingway qui est en pyjama. Assez vite, Simone et lui se mettent à échanger des regards éloquents. «Ecoute, pourquoi ne rentres-tu pas?», finit par dire Beauvoir à Sartre, médusé. Sartre s’en va dépité, et Simone ne laissera Hemingway qu’au matin, gisant parmi les bouteilles de scotch et les draps froissés. Il restera sept mois au Ritz.

    La guerre n’est pas finie. On se bat encore à moins de 80 kilomètres de Paris. «J’ai remarqué que les bombes ne tombaient jamais sur les gens qui logent au Claridge ou au Ritz», écrit Clare Boothe Luce.

    Dans la cohorte des célébrités, piliers du palace cher à «Proust du Ritz», Jean Cocteau, ami d’Arno Breker, le sculpteur allemand tant vanté par Hitler, dont la femme Demetra a posé pour Picasso, Sacha Guitry, détenu quelques mois après la guerre, Serge Lifar, caché un temps dans un placard de l’hôtel, Arletty, Coco Chanel, tous étaient proches de l’écrivain Max Jacob, arrêté par la Gestapo, mort à Drancy. Cocteau, décidé à agir pour le sauver, avait fait circuler une pétition adressée à Otto Abetz, l’ambassadeur allemand à Paris. Cela n’a pas suffi.

    «La ville a perdu l’esprit dans les réjouissances», dira Mary Welsh.

     

    «Tout le monde avait dix-huit ans, se libérait des entraves, explosait de joie.» Jean Cocteau s’offusque de voir«des officiers américains déjeuner avec des putains de trottoir». Près de 18.000 prostituées dans Paris.

     

    Arletty, née Léonie Bathiat, la Garance d’Hôtel du Nord qui a passé la guerre à batifoler au Ritz avec son amant diplomate allemand, maintiendra jusqu’au bout son attitude crâneuse et amère. Soupçonnée de prostitution, elle s’en tire à bon compte après quelques semaines en prison «indiquant que son cœur était français, mais son cul international».

     

    Il y a le cas Chanel. Sa conduite cynique dérange encore les Parisiens aujourd’hui. Elle abrite dans un deux pièces de l’hôtel relié à une chambre mansardée ses amours avec Hans von Dincklage, un séducteur bien plus jeune qu’elle, âgée alors de 60 ans.

     

    Elle s’est mêlée aux machinations internes de la politique allemande: a-t-elle espionné pour le compte des Nazis? Mystère.

     

    Elle va deux fois à Berlin, sous l’œil des Nazis, elle fréquente le duc et la duchesse de Windsor, sympathisants fascistes qui ont passé l’été 1939 au Ritz. Et elle reçoit le soutien du comte de Chambrun, gendre de Laval, qui a eu ce mot: «C’est dur, la collaboration.»

     

     

    L’écrivain américain John Updike résumera dans les années 1990 l’attitude de Coco Chanel pendant la guerre:

     

    «Tout semble prouver l’indifférence totale de Chanel au sort de ses voisins juifs, ou même aux privations et humiliations vécues par la vaste majorité des Parisiens… Elle était heureuse dans un monde où des montagnes de malheur s’accumulaient autour d’elle… dans le quartier juif, à quinze minutes à pied du Ritz.»

     

    Il reste qu’à l’hôtel fort bien tenu, le barman juif Frank Meier a caché des résistants, aidé par les directeurs français et suisses dont le dévoué Claude Auzello tandis que le palace accueille jusqu’en 1951 Marlène Dietrich, Ingrid Bergman et que le duc de Windsor songe grâce à un complot obscur à monter sur le trône de Grande-Bretagne et à évincer la princesse Elizabeth, à la mort du roi George V.

     

     

    L’auteur de l’ouvrage cite cette phrase singulière d’Elizabeth II:

     

    «Les deux personnes qui m’ont causé le plus d’ennuis sont Wallis Simpson et Hitler.»

     

     

    Dans les années 1970, Charles Ritz se démène pour maintenir le palace délabré à flots, la faillite menace, la vente est inévitable. Il meurt en 1976. Un magnat égyptien de 59 ans, Mohamed Al Fayed, habitué du George V, s’est toqué du palace suisse qu’il acquiert pour 20 millions de dollars, un cadeau. La rénovation s’étalera sur neuf années, soit un million de dollars par chambre, plus la piscine couverte et le spa romain au sous-sol.

     

     

    En 1987, le Ritz retrouve sa splendeur néoclassique et sa légende

    dorée, «l’antichambre du paradis», ainsi que le disait Ernest Hemingway, qui s'est suicidé en 1961.

     

    Après plus de deux ans de travaux gigantesques commencés en 2013, le Ritz à la façade classée sera réouvert à la fin 2015.

     

     

     

    15 place Vendôme: le Ritz sous l’Occupation

    par Tilar Mazzeo, 300 pages, Éditions La Librairie Vuibert

     

     

    SOURCES / http://www.slate.fr/story/94659/ritz-occupation

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    Trop longtemps le débat public concernant la Deuxième Guerre mondiale s'est concentré sur la responsabilité des puissances de l'Axe.

     

    Les contours de ce débat, aujourd'hui, sont en train de changer.

     

    Le monumental ouvrage d'Annie Lacroix-Riz sort donc au moment juste.

    Il a été écrit presque exclusivement à partir du dépouillement des archives originales françaises et allemandes. Il fera date dans l'historiographie européenne de la guerre de 1940-1945. La richesse des sources, l'érudition de l'auteur sont proprement stupéfiantes.

     

    Le livre est écrit, malgré son lourd appareil scientifique, en une langue brillante, vivante, qui rend la lecture en permanence passionnante. Et surtout, l'auteur tire clairement des conclusions.

    En été 1940, les banquiers et industriels français participent avec conviction à la liquidation des institutions républicaines. Ils s'installent dans la collaboration comme poussés par une sorte de loi naturelle.

    D'abord, dans les années 30, la minorité d'opérateurs économiques qui contrôle la France nourrit une admiration solide pour les prouesses techniques du Reich.

     

    Vichy n'a pas eu besoin de pousser les capitalistes à la collaboration : des cartels européens (dominés par les entreprises nazies), des sociétés mixtes franco-allemandes poussent comme des champignons. Les livraisons industrielles françaises au Reich et à sa machine de génocide, les crédits astronomiques, tout se met en place avec une rapidité et une bonne volonté impressionnantes...

     

    Un chapitre particulièrement révoltant du livre est consacré à l'aryanisation des fortunes mobilières, immobilières, industries et participations bancaires appartenant à des Français de confession israélite, mués en quelques heures et brutalement en parias.

    Par endroits ce livre se lit comme un roman policier, mais la plupart du temps - et malgré la rigueur absolue de la recherche historique qui le nourrit - il est un traité fascinant des moeurs, mensonges et pratiques inavoués du grand patronat traumatisé par le Front populaire. Jean Ziegler.

     

     

    Biographie:


    Annie Lacroix-Riz est ancienne élève de l'Ecole normale supérieure, agrégée d'Histoire, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Paris VII. Elle a déjà publié, entre autres ouvrages, Le choix de Marianne : les relations franco-américaines de 1944 à 1947 et Le Vatican, l'Europe et le Reich.

    Sommaire:
    PROBLEMATIQUE, METHODOLOGIE ET PROLEGOMENES DE LA COLABORATION ECONOMIQUE

    • La collaboration économique en débat, concepts et sources
    • De l'apaisement économique à la collaboration


    LES DIVERS NIVEAUX DE LA COLLABORATION BANCAIRE ET INDUSTRIELLE, DU COURT TERME AU LONG TERME

    • Les commandes allemandes , 1940-1941, vers la couverture de l'ensemble du territoire
    • L'ère de gloire des commandes allemandes , 1941-1944
    • Le sens des cartels
    • Les cessions de titres aryens et juifs
    • L'association de capitaux, la France, royaume de la chimie allemande
    • L'association de capitaux, diversité des branches, dominante aryanisatrice et camouflage


    LA COLLABORATION ECONOMIQUE, ANALYSE POLITICO-MILITAIRE ET SOCIALE

    • De l'alliance allemande à l'alliance américaine, les étapes
    • Collaboration économique et rapports sociaux

     

     

     

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