55 enfants de moins de 5 ans
147 enfants de 5 à 14 ans
193 adultes masculins
240 adultes féminins.
Pas un seul enfant ne sortit vivant de l’église.
Trois enfants seulement échappèrent au rassemblement de l’école.
Une seule femme rescapée de l’église.
Trois femmes échappèrent au rassemblement et
sept hommes.
Quant aux constructions, tout fut rasé :
l’église, quatre écoles, la gare…
328 bâtiments de tous ordres.
Le groupe de reconnaissance qui commet, le 9 juin, le massacre de Tulle, et deux régiments de Panzergrenadier, investissent la région de Limoges pour préparer le positionnement de la division dans le secteur afin de réduire les maquis.
Le 1er bataillon du 4e régiment Der Führer, sous les ordres du commandant Adolf Diekmann, est cantonné autour de Saint-Junien, à 12 km d'Oradour.
D'après l'enquête menée par le commissaire Arnet en septembre 1944 , le 10 juin au matin, convoqués par le général Heinz Lammerding, le sous-chef de la Gestapo de Limoges, l'Oberscharführer Joachim Kleist et son interprète, Eugène Patry, quatre miliciens, sous la conduite de Pitrud, rencontrent leSturmbannführer Adolf Diekmann, à l'hôtel de la Gare à Saint-Junien :
-----------------« C'est là, sur une banale table de café, dans la salle du rez-de-chaussée de ce petit hôtel […] que fut décidée et réglée la destruction d'Oradour, au cours d'une conversation qui dura plus d'une heure »----------------
Vers treize heures trente, deux colonnes quittent Saint-Junien, la plus importante d'entre elles, qui comporte huit camions, deux blindés à chenilles et un motocycliste de liaison prenant la direction d'Oradour-sur-Glane ;
elle est commandée par le Sturmbannführer Adolf Diekmann, qui prend la tête du convoi à bord d'un blindé à chenille .
Trois sections de la 3ecompagnie, auxquelles il fait ajouter la section de commandement de la compagnie et celle du bataillon, soit un total d'environ deux cents hommes munis d'armes légères, grenades, mitrailleuses, fusils lance-fumigène et lance-grenade et une section de mitralleuses lourdes, se dirigent vers Oradour.
Un kilomètre avant l'arrivée au village, la colonne s'arrête pour la distribution des ordres aux officiers et sous-officiers .
Un premier groupe de cinq à huit véhicules entre dans le village par l'est, via le pont de la Glane, vers 13 h 45 : à ce moment, l'encerclement du village est déjà effectué par 120 hommes environ.
Ce déploiement de forces ne suscite aucune panique, ni appréhension particulière : si le pharmacien et d'autres commerçants baissent leurs stores métalliques, le coiffeur va s'acheter du tabac pendant que son commis s'occupe d'un client.
Les habitants du bourg, qui n'avaient pratiquement jamais vu d'Allemands, regardaient arriver les SS sans plaisir, certes, mais avec plus de curiosité que de crainte.
Le rassemblement :
Convoqué par le commandant Adolf Diekmann, le docteur Desourteaux, président de la délégation spéciale désigné par le régime de Vichy qui fait office de maire, fait appel au crieur public pour ordonner aux habitants et aux personnes de passage au bourg, particulièrement nombreuses en raison d'une distribution de viande et de tabac , de rejoindre le champ de foire ; la majorité de la population obéit aux ordres persuadée qu'il s'agit d'un contrôle de routine .
L'inquiétude des habitants est encore mesurée pendant le rassemblement et avant la séparation des hommes et des femmes et des enfants.Les SS forcent les habitants de la périphérie à aller vers le centre en direction de la place du champ de foire.
Des survivants témoignent. Marcel Darthout, âgé de vingt ans et marié depuis dix mois , tente de fuir par les jardins en direction de la Glane :
« arrivé au bout du jardin, je me suis aperçu que les Allemands déployés en tirailleurs cernaient le bourg, ce qui m'a obligé à revenir à la maison. Peu de temps après, un Allemand est venu faire irruption dans notre cuisine. Il tenait un fusil à la main et, avec son canon, il nous a poussés dehors, ma femme, ma mère et moi, sans ménagement » ;
Mathieu Borie, diffuseur des journaux clandestins du Mouvement de Libération Nationale , constate que « au fur et à mesure de leur avance, ils ont ramassé tous les habitants grands et petits, jeunes et vieux, d'Oradour pour les conduire place du Champ de Foire.
Ils passaient dans chaque immeuble se trouvant dans le quartier de leur passage, défonçant portes et fenêtres si c'était nécessaire » .
La rafle inclut également les quatre écoles de la commune, soit 191 enfants,
2 instituteurs et 5 institutrices :
bien que l'on soit un samedi après-midi, les enfants sont rassemblés dans les écoles, en raison d'une visite médicale ;
elle concerne également les habitants des fermes et maisons situées à l'extérieur du bourg.
Les fuyards ou ceux qui ne peuvent se déplacer sont immédiatement abattus.
Le rassemblement a été violent, avec de la casse, bris de portes et fenêtres, avec des coups de feu et des morts.
Tout le monde n'a pas obéi » et si certains habitants réussissent à passer au travers des mailles du filet, la majorité de la population est rassemblée sur le champ de foire.Le rassemblement des habitants achevé vers 14 h 45, un des Waffen-SS alsaciens traduit aux 200 à 250 hommes présents les propos du commandant Diekmann : les SS ont entendu parler d'une cache d'armes et de munitions à Oradour et demandent à tous ceux qui possèdent une arme de faire un pas en avant. Il y a une absence de réaction.
Vers 15 heures, les femmes et les enfants sont conduits dans l'église après des scènes d'adieux déchirantes.
L'interprète réitère la demande de dénonciation :
« nous allons opérer des perquisitions.
Pendant ce temps, nous allons vous rassembler dans les granges.
Si vous connaissez quelques-uns de ces dépôts, nous vous enjoignons de les faire connaître ».
Hors il n'y en a aucun dans ce petit village tranquille.
Après une heure d'attente, les hommes sont conduits dans divers locaux repérés par les SS.
Vers 15 h 40, une motrice de tramway en essai arrive de Limoges, avec trois employés à bord, et stoppe peu avant le pont sur la Glane. Une cale doit être placée afin de maintenir l'engin immobile. L'un d'eux descend au moment où passe un groupe d'hommes raflés dans les hameaux alentour, groupe encadré par quelques soldats. Cet employé qui est descendu est immédiatement abattu et son corps jeté dans la rivière. Les deux autres sont emmenés auprès d'un officier qui, après examen de leurs papiers, leur ordonne de rejoindre leur machine et de retourner à Limoges.
Le massacre :
Les hommes devaient vider chacun de ces locaux de tous les objets qu'ils contenaient, un SS balayait soigneusement un large espace devant la porte, puis y installait une mitrailleuse et la mettait en batterie face au local.
Malgré cette situation inquiétante, chacun reprenait confiance, certain qu'il n'existait aucun dépôt d'armes dans le village.
La fouille terminée, le malentendu serait dissipé et tout le monde serait relâché. Ce n'était après tout qu'une question de patience.
Vers 16h, le tir des mitrailleuses en batterie devant les lieux de rétention des hommes se déclenche . Marcel Darthout témoigne : « nous avons perçu le bruit d'une détonation venant de l'extérieur, suivi d'une rafale d'arme automatique. Aussitôt, sur un commandement bref, les six Allemands déchargèrent leurs armes sur nous. En quelques secondes, j'ai été recouvert de cadavres tandis que les mitrailleuses lâchaient encore leurs rafales ; j'ai entendu les gémissements des blessés.
Lorsque les rafales eurent cessé, les Allemands se sont approchés de nous pour exterminer à bout portant quelques-uns parmi nous »
Les corps sont ensuite recouverts de paille, de foin et de fagots auxquels les SS mettent le feu.
Le même scénario se répète dans tous les lieux où sont assassinés les hommes :
le garage Potaraud, le chai Denis, le garage Desourteaux, et les granges Laudy, Milord et Bouchoule ; partout trois ordres se succèdent :
le début des tirs, l'achèvement des blessés et le déclenchement de l'incendie .
Dans la plupart des lieux d'exécution, le feu a été allumé sur des hommes encore vivants.
Les SS qui ne participent pas aux meurtres, soit quatre à cinq hommes de chaque peloton, parcourent le village en se livrant au pillage, emportant argent et bijoux, tissus et produits alimentaires, instruments de musique et bicyclettes, ainsi que les animaux.
Au fur et à mesure du pillage, les bâtiments sont systématiquement incendiés, ce qui nécessite de multiples départs de feu .
Débusqués par les pillards ou chassés de leur cachette par les incendies, de nombreux habitants qui avaient échappé à la rafle sont massacrés isolément ou en petits groupes, hommes, femmes et enfants confondus.
Dans le même l'apse de temps,les femmes et enfants ont été rassemblés dans l'église.Une de celle-ci raconte:
"Entassés dans le lieu saint, nous attendîmes, de plus en plus inquiets, la fin des préparatifs auxquels nous assistions.
Des soldats âgés d'une vingtaine d'années placèrent dans la nef, près du chœur, une sorte de caisse assez volumineuse de laquelle dépassaient des cordons qu'ils laissèrent traîner sur le sol.
Ces cordons ayant été allumés, le feu fut communiqué à l'engin dans lequel une forte explosion se produisit et d'où une épaisse fumée noire et suffocante se dégagea.
Les femmes et les enfants à demi asphyxiés et hurlant d'épouvante affluèrent vers les parties de l'église où l'air était encore respirable.
C'est ainsi que la porte de la sacristie fut enfoncée sous la poussée irrésistible d'un groupe épouvanté. J'y pénétrai à la suite et, résignée, je m'assis sur une marche d'escalier.
Ma fille vint m'y rejoindre.
Les Allemands, s'étant aperçus que cette pièce était envahie, abattirent sauvagement ceux qui venaient y chercher refuge.
Ma fille fut tuée près de moi d'un coup de feu tiré de l'extérieur.
Je dus la vie à l'idée de fermer les yeux et de simuler la mort.
Une fusillade éclata dans l'église.
Puis de la paille, des fagots, des chaises furent jetés pêle-mêle sur les corps qui gisaient sur les dalles.
Ayant échappé à la tuerie et n'ayant reçu aucune blessure, je profitai d'un nuage de fumée pour me glisser derrière le maître-autel. Il existe dans cette partie de l'église trois fenêtres.
Je me dirigeai vers la plus grande qui est celle du milieu et, à l'aide d'un escabeau qui servait à allumer les cierges, je tentai de l'atteindre.
Je ne sais alors comment j'ai fait, mais mes forces étaient décuplées.
Je me suis hissée jusqu'à elle, comme j'ai pu.
Le vitrail était brisé, je me suis précipitée par l'ouverture qui s'offrait à moi. J'ai fait un saut de plus de trois mètres, puis je me suis enfuie jusqu'au jardin du presbytère.
Ayant levé les yeux, je me suis aperçue que j'avais été suivie dans mon escalade par une femme qui, du haut de la fenêtre, me tendait son bébé.
Elle se laissa choir près de moi. Les Allemands alertés par les cris de l'enfant nous mitraillèrent.
Ma compagne et le poupon furent tués.
Je fus moi-même blessée en gagnant un jardin voisin"
Après 18 heures, un ingénieur des chemins de fer, Jean Pallier, arrive en camion en vue du village. Il raconte :
« Au sommet d'une côte, nous avons pu apercevoir le bourg qui n'était plus qu'un immense brasier ».
Il est arrêté avec ses compagnons de voyage à trois cents mètres de l'entrée du village et autorisé à rester sur place après une fouilleIl est ensuite rejoint par les passagers du tramway parti de Limoges habitant Oradour ou s'y rendant.
En tentant de rejoindre le bourg à travers champs, J. Pallier constate que la localité est complètement cernée par un cordon de troupes en armes.
Le groupe d'une quinzaine de personnes est arrêté vers 20 heures et, après plusieurs vérifications d'identité, relâché avec ordre de s'éloigner du village ;
un sous-officier parlant correctement le français déclare aux membres de la petite troupe :
« Vous pouvez dire que vous avez de la chance ».
Le massacre est terminé.
À l'exception d'une section de garde, les SS quittent Oradour entre 21 heures et 22 h 30.
Les SS passent la nuit dans la maison Dupic, dans laquelle seront retrouvées plusieurs centaines de bouteilles de vins vieux et de champagne récemment vidées.
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