• les femmes et la Seconde Guerre mondiale

    Les femmes dans la résistance italienne


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    Pour t’aider : la Seconde Guerre Mondiale en Italie en quelques dates :

    • Quand commence la participation des femmes à la résistance, en Italie ?

    Depuis la guerre, les hommes sont des soldats ou des prisonniers et les femmes, livrées à elles-mêmes, doivent s’occuper du quotidien.

     

    Face à la difficulté de trouver des vivres pour leurs enfants et leur famille, le soutien des femmes au fascisme commence à s’effriter.

     

    A partir de 1941, des manifestations et des mouvements de protestation se multiplient face aux privations quotidiennes.

     

    Les femmes prennent l’assaut des magasins ou des institutions chaque fois que les rations alimentaires sont trop peu conséquentes.

     

    Mais, face aux manifestations sur les lieux de travail, dans les files d’attente ou lors de la fête du travail, la répression est très sévère.

     

     

    Le cas de Maria Zanotti illustre bien les risques que couraient les femmes en prenant position contre la guerre et contre leur régime :

    elle est tuée le 1er mai 1944 à Imola.

     

    Les premiers mouvements organisés par les femmes débutent le 8 septembre 1943 : elles veulent empêcher que leurs proches tombent aux mains des allemands. En effet, l’Italie a signé l’armistice avec les Alliés et le pays est désormais occupé par l’Allemagne. La résistance à proprement parlé va commencé à s’organiser.

     

    • « Les femmes en pantalons » :

    • l’entrée dans la guerre des estafettes

     

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    De nombreuses femmes entrent dans la Résistance armée et deviennent des partisanes « combattantes ». Le rôle des estafettes est de porter des informations ou des vivres aux groupes de résistants qui vivent cachés.

     

    Ces femmes choisissaient d’adhérer à un mouvement clandestin ce qui les conduisaient à mener une double vie.

     

    A travers leur rôle maternel ou domestique, la séduction ou de fausses grossesses simulées, elles pouvaient plus facilement contourner les contrôles et éviter d’éveiller les soupçons. Une telle participation à la Résistance active à longtemps été ignorée ou laissée de côté tandis qu’était exaltée la figure de l’homme résistant.

     

    Néanmoins, les femmes ont aussi agi de manière autonome en s’organisant dans les groupes de défense des femmes et d’assistance aux combattants : Gruppi di Difesa della Donna e per l’assistenza ai Combattenti della Libertà (GdDD).

     

    Il s’agit d’une organisation politique qui n’appartient à aucun parti et qui fut fondée en novembre 1943. A la fin de la guerre, elle compte 70,000 inscrites.

    • Le drammatique bilan du rôle des femmes dans la guerre :

     

    Les données officielles concernant la participation des femmes à la Résistance font état de 46,000 femmes arrêtées, torturées et condamnées.

     

    2,750 furent déportées dans des camps allemands, 623 exécutées ou tuées aux combats et seulement 19, parmi les 35,000 femmes « combattantes », reçurent la médaille d’or de la défense nationale. Il est toutefois certains qu’elles furent bien plus nombreuses à prendre part, d’une façon ou d’une autre, à la lutte contre l’occupant allemand.

     

     

    SOURCES / 

    https://lesfemmesetlasecondeguerremondiale.wordpress.com/2014/04/26/les-femmes-dans-la-resistance-italienne/

     

     

     

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    55 enfants de moins de 5 ans

    147 enfants de 5 à 14 ans

    193 adultes masculins

    240 adultes féminins.

    Pas un seul enfant ne sortit vivant de l’église.

    Trois enfants seulement échappèrent au rassemblement de l’école.

    Une seule femme rescapée de l’église.

    Trois femmes échappèrent au rassemblement et

    sept hommes.

    Quant aux constructions, tout fut rasé :

    l’église, quatre écoles, la gare…

    328 bâtiments de tous ordres.

     

     

    Le groupe de reconnaissance qui commet, le 9 juin, le massacre de Tulle, et deux régiments de Panzergrenadier, investissent la région de Limoges pour préparer le positionnement de la division dans le secteur afin de réduire les maquis.

     

    Le 1er bataillon du 4e régiment Der Führer, sous les ordres du commandant Adolf Diekmann, est cantonné autour de Saint-Junien, à 12 km d'Oradour.

     

    D'après l'enquête menée par le commissaire Arnet en septembre 1944 , le 10 juin au matin, convoqués par le général Heinz Lammerding, le sous-chef de la Gestapo de Limoges, l'Oberscharführer Joachim Kleist et son interprète, Eugène Patry, quatre miliciens, sous la conduite de Pitrud, rencontrent leSturmbannführer Adolf Diekmann, à l'hôtel de la Gare à Saint-Junien  : 

     

    -----------------« C'est là, sur une banale table de café, dans la salle du rez-de-chaussée de ce petit hôtel […] que fut décidée et réglée la destruction d'Oradour, au cours d'une conversation qui dura plus d'une heure »----------------

     

     

    Vers treize heures trente, deux colonnes quittent Saint-Junien, la plus importante d'entre elles, qui comporte huit camions, deux blindés à chenilles et un motocycliste de liaison  prenant la direction d'Oradour-sur-Glane ;

    elle est commandée par le Sturmbannführer Adolf Diekmann, qui prend la tête du convoi à bord d'un blindé à chenille .

     

     

     

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    Trois sections de la 3ecompagnie, auxquelles il fait ajouter la section de commandement de la compagnie et celle du bataillon, soit un total d'environ deux cents hommes munis d'armes légères, grenades, mitrailleuses, fusils lance-fumigène et lance-grenade et une section de mitralleuses lourdes, se dirigent vers Oradour.

     

    Un kilomètre avant l'arrivée au village, la colonne s'arrête pour la distribution des ordres aux officiers et sous-officiers .

     

    Un premier groupe de cinq à huit véhicules entre dans le village par l'est, via le pont de la Glane, vers 13 h 45 : à ce moment, l'encerclement du village est déjà effectué  par 120 hommes environ.

     

    Massacre_d'Oradour-sur-Glane2

     

     

     

    Ce déploiement de forces ne suscite aucune panique, ni appréhension particulière : si le pharmacien et d'autres commerçants baissent leurs stores métalliques, le coiffeur va s'acheter du tabac pendant que son commis s'occupe d'un client. 

     

    Les habitants du bourg, qui n'avaient pratiquement jamais vu d'Allemands, regardaient arriver les SS sans plaisir, certes, mais avec plus de curiosité que de crainte.

     

    Le rassemblement : 

    Convoqué par le commandant Adolf Diekmann, le docteur Desourteaux, président de la délégation spéciale désigné par le régime de Vichy qui fait office de maire, fait appel au crieur public pour ordonner aux habitants et aux personnes de passage au bourg, particulièrement nombreuses en raison d'une distribution de viande et de tabac , de rejoindre le champ de foire ; la majorité de la population obéit aux ordres persuadée qu'il s'agit d'un contrôle de routine .

     

    L'inquiétude des habitants est encore mesurée pendant le rassemblement et avant la séparation des hommes et des femmes et des enfants.Les SS forcent les habitants de la périphérie à aller vers le centre en direction de la place du champ de foire.

     

    Des survivants témoignent. Marcel Darthout, âgé de vingt ans et marié depuis dix mois , tente de fuir par les jardins en direction de la Glane : 

     

    « arrivé au bout du jardin, je me suis aperçu que les Allemands déployés en tirailleurs cernaient le bourg, ce qui m'a obligé à revenir à la maison. Peu de temps après, un Allemand est venu faire irruption dans notre cuisine. Il tenait un fusil à la main et, avec son canon, il nous a poussés dehors, ma femme, ma mère et moi, sans ménagement »  ;

     

    Mathieu Borie, diffuseur des journaux clandestins du Mouvement de Libération Nationale , constate que « au fur et à mesure de leur avance, ils ont ramassé tous les habitants grands et petits, jeunes et vieux, d'Oradour pour les conduire place du Champ de Foire.

     

    Ils passaient dans chaque immeuble se trouvant dans le quartier de leur passage, défonçant portes et fenêtres si c'était nécessaire » .

     

    La rafle inclut également les quatre écoles de la commune, soit 191 enfants,

     2 instituteurs et 5 institutrices  :

    bien que l'on soit un samedi après-midi, les enfants sont rassemblés dans les écoles, en raison d'une visite médicale  ;

    elle concerne également les habitants des fermes et maisons situées à l'extérieur du bourg.  

     

    Les fuyards ou ceux qui ne peuvent se déplacer sont immédiatement abattus.  

     

    Le rassemblement a été violent, avec de la casse, bris de portes et fenêtres, avec des coups de feu et des morts.

     

    Tout le monde n'a pas obéi » et si certains habitants réussissent à passer au travers des mailles du filet, la majorité de la population est rassemblée sur le champ de foire.Le rassemblement des habitants achevé vers 14 h 45, un des Waffen-SS alsaciens traduit aux 200 à 250 hommes présents  les propos du commandant Diekmann : les SS ont entendu parler d'une cache d'armes et de munitions à Oradour et demandent à tous ceux qui possèdent une arme de faire un pas en avant. Il y a une absence de réaction. 

    Vers 15 heures, les femmes et les enfants sont conduits dans l'église après des scènes d'adieux déchirantes.

     

     L'interprète réitère la demande de dénonciation : 

     

    « nous allons opérer des perquisitions.

     

    Pendant ce temps, nous allons vous rassembler dans les granges.

    Si vous connaissez quelques-uns de ces dépôts, nous vous enjoignons de les faire connaître ».

     

    Hors il n'y en a aucun dans ce petit village tranquille. 

     

    Après une heure d'attente, les hommes sont conduits dans divers locaux repérés par les SS.

    Vers 15 h 40, une motrice de tramway en essai arrive de Limoges, avec trois employés à bord, et stoppe peu avant le pont sur la Glane. Une cale doit être placée afin de maintenir l'engin immobile. L'un d'eux descend au moment où passe un groupe d'hommes raflés dans les hameaux alentour, groupe encadré par quelques soldats. Cet employé qui est descendu est immédiatement abattu et son corps jeté dans la rivière. Les deux autres sont emmenés auprès d'un officier qui, après examen de leurs papiers, leur ordonne de rejoindre leur machine et de retourner à Limoges.

     

    Le massacre : 

    Les hommes devaient vider chacun de ces locaux de tous les objets qu'ils contenaient, un SS balayait soigneusement un large espace devant la porte, puis y installait une mitrailleuse et la mettait en batterie face au local. 

     

    Malgré cette situation inquiétante, chacun reprenait confiance, certain qu'il n'existait aucun dépôt d'armes dans le village.

     

    La fouille terminée, le malentendu serait dissipé et tout le monde serait relâché. Ce n'était après tout qu'une question de patience.

    Vers 16h, le tir des mitrailleuses en batterie devant les lieux de rétention des hommes se déclenche . Marcel Darthout témoigne : « nous avons perçu le bruit d'une détonation venant de l'extérieur, suivi d'une rafale d'arme automatique. Aussitôt, sur un commandement bref, les six Allemands déchargèrent leurs armes sur nous. En quelques secondes, j'ai été recouvert de cadavres tandis que les mitrailleuses lâchaient encore leurs rafales ; j'ai entendu les gémissements des blessés.

     

    Lorsque les rafales eurent cessé, les Allemands se sont approchés de nous pour exterminer à bout portant quelques-uns parmi nous » 

     

    Les corps sont ensuite recouverts de paille, de foin et de fagots auxquels les SS mettent le feu. 

     

    Le même scénario se répète dans tous les lieux où sont assassinés les hommes :

     

    le garage Potaraud, le chai Denis, le garage Desourteaux, et les granges Laudy, Milord et Bouchoule ; partout trois ordres se succèdent :

     

    le début des tirs, l'achèvement des blessés et le déclenchement de l'incendie .

     

    Dans la plupart des lieux d'exécution, le feu a été allumé sur des hommes encore vivants. 

     

    Les SS qui ne participent pas aux meurtres, soit quatre à cinq hommes de chaque peloton, parcourent le village en se livrant au pillage, emportant argent et bijoux, tissus et produits alimentaires, instruments de musique et bicyclettes, ainsi que les animaux. 

     

     Au fur et à mesure du pillage, les bâtiments sont systématiquement incendiés, ce qui nécessite de multiples départs de feu .

     

    Débusqués par les pillards ou chassés de leur cachette par les incendies, de nombreux habitants qui avaient échappé à la rafle sont massacrés isolément ou en petits groupes, hommes, femmes et enfants confondus.

     

    Dans le même l'apse de temps,les femmes et enfants ont été rassemblés dans l'église.Une de celle-ci raconte:

     

    "Entassés dans le lieu saint, nous attendîmes, de plus en plus inquiets, la fin des préparatifs auxquels nous assistions.

     

    Des soldats âgés d'une vingtaine d'années placèrent dans la nef, près du chœur, une sorte de caisse assez volumineuse de laquelle dépassaient des cordons qu'ils laissèrent traîner sur le sol.

     

    Ces cordons ayant été allumés, le feu fut communiqué à l'engin dans lequel une forte explosion se produisit et d'où une épaisse fumée noire et suffocante se dégagea.

     

    Les femmes et les enfants à demi asphyxiés et hurlant d'épouvante affluèrent vers les parties de l'église où l'air était encore respirable.

     

    C'est ainsi que la porte de la sacristie fut enfoncée sous la poussée irrésistible d'un groupe épouvanté. J'y pénétrai à la suite et, résignée, je m'assis sur une marche d'escalier.

     

    Ma fille vint m'y rejoindre.

     

    Les Allemands, s'étant aperçus que cette pièce était envahie, abattirent sauvagement ceux qui venaient y chercher refuge.

     

    Ma fille fut tuée près de moi d'un coup de feu tiré de l'extérieur.

    Je dus la vie à l'idée de fermer les yeux et de simuler la mort.

    Une fusillade éclata dans l'église.

     

    Puis de la paille, des fagots, des chaises furent jetés pêle-mêle sur les corps qui gisaient sur les dalles.

    Ayant échappé à la tuerie et n'ayant reçu aucune blessure, je profitai d'un nuage de fumée pour me glisser derrière le maître-autel. Il existe dans cette partie de l'église trois fenêtres.

     

    Je me dirigeai vers la plus grande qui est celle du milieu et, à l'aide d'un escabeau qui servait à allumer les cierges, je tentai de l'atteindre.

     

    Je ne sais alors comment j'ai fait, mais mes forces étaient décuplées.

     

    Je me suis hissée jusqu'à elle, comme j'ai pu.

     

    Le vitrail était brisé, je me suis précipitée par l'ouverture qui s'offrait à moi. J'ai fait un saut de plus de trois mètres, puis je me suis enfuie jusqu'au jardin du presbytère.

     

    Ayant levé les yeux, je me suis aperçue que j'avais été suivie dans mon escalade par une femme qui, du haut de la fenêtre, me tendait son bébé.

     

    Elle se laissa choir près de moi. Les Allemands alertés par les cris de l'enfant nous mitraillèrent.

     

    Ma compagne et le poupon furent tués.

     

    Je fus moi-même blessée en gagnant un jardin voisin"

     

     

     

    Après 18 heures, un ingénieur des chemins de fer, Jean Pallier, arrive en camion en vue du village. Il raconte : 

     

    « Au sommet d'une côte, nous avons pu apercevoir le bourg qui n'était plus qu'un immense brasier ».

     

    Il est arrêté avec ses compagnons de voyage à trois cents mètres de l'entrée du village et autorisé à rester sur place après une fouilleIl est ensuite rejoint par les passagers du tramway parti de Limoges habitant Oradour ou s'y rendant.

     

    En tentant de rejoindre le bourg à travers champs, J. Pallier constate que la localité est complètement cernée par un cordon de troupes en armes.

     

    Le groupe d'une quinzaine de personnes est arrêté vers 20 heures et, après plusieurs vérifications d'identité, relâché avec ordre de s'éloigner du village ;

     

    un sous-officier parlant correctement le français déclare aux membres de la petite troupe : 

    « Vous pouvez dire que vous avez de la chance ».

     

    Le massacre est terminé.

     

    À l'exception d'une section de garde, les SS quittent Oradour entre 21 heures et 22 h 30.

     

    Les SS passent la nuit dans la maison Dupic, dans laquelle seront retrouvées plusieurs centaines de bouteilles de vins vieux et de champagne récemment vidées.

     

     

     

     

     

     

     http://vudehaut.canalblog.com/pages/oradour-sur-glane/31034296.html

     

     

     

     

     

     

     

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  • Histoire de la Shoah: La formation d’un historien ne se fait pas seulement à coup d’études documentées (Retour sur l’Affaire Martin Gray)




    (Le Monde, 29/30 janvier 1984, p. 11.)

    Après la publication, dans le Monde daté 27-28 novembre 1983 d’un article intitulé « M. Gray, le camp de Treblinka et M. Max Gallo – Roman et brouillard », dans lequel M. Pierre Vidal-Naquet, historien, accusait M. Martin Gray d’avoir « inventé de toutes pièces un séjour dans un camp d’extermination où il n’avait jamais mis les pieds », M. Vidal-Naquet nous écrit :
    Le Monde des 27 et 28 novembre dernier avait publié, au milieu d’un article de J.-M. Théolleyre, le fragment d’une lettre que je vous avais adressée à la fin de juillet 1983 au sujet de M. Max Gallo et de M. Martin Gray. Reprenant les conclusions d’une enquête anglaise publiée dans le Sunday Times le 2 mai 1973 et qui s’était prolongée dans le New Statesman du 2 novembre 1979, je révoquais en doute, pour m’exprimer en termes modérés, le séjour de M. Martin Gray au camp d’extermination de Treblinka, et portais contre lui l’accusation grave d’avoir exploité un drame familial.

    Quand on se trompe, il est d’une élémentaire loyauté de le reconnaître. J’ai vu à deux reprises M. Martin Gray. Il m’a fourni un nombre important d’attestations qui, à moins d’être à leur tour mises en doute, établissent, sans conteste, la réalité de son séjour à Treblinka et de sa présence au ghetto de Varsovie. Je présente donc sur ce point mes excuses à M. Martin Gray et aux lecteurs du Monde.

    Je ne puis malheureusement en faire autant pour M. Max Gallo. Dans la préface où il indique ce qu’il appelle sa « méthode », il écrit : « J’ai recomposé, confronté, monté des décors, tenté de recréer l’atmosphère. » Cette méthode l’a mené loin : utilisant, comme l’a établi sans conteste l’enquête du Sunday Times, des ouvrages sur Treblinka qui n’étaient pas les meilleurs possibles, il a fait décrire à Martin Gray des lieux et des temps qu’il n’avait pas vécus. Il porte lui-même la responsabilité des soupçons qui ne pouvaient pas ne pas naître à la lecture de ce livre.
    Le moins qu’on puisse dire, en effet, est que le rapport entre ce qu’a vécu M. Martin Gray et ce qu’a écrit M. Max Gallo n’est pas clair. Martin Gray m’a, du reste, dit devant témoin qu’il n’avait pas lu son propre livre. Il m’a aussi affirmé avoir montré à Max Gallo un manuscrit de onze cents pages. Max Gallo n’y fait allusion ni dans sa préface ni ailleurs. Il pourrait pourtant être intéressant de confronter ces deux textes. Enfin, si M. Martin Gray peut à juste titre se plaindre d’être présenté comme un marchand de fausses antiquités alors que les documents qu’il m’a montrés établissent qu’il ne dissimulait pas le caractère récent des objets qu’il vendait, il ne peut que s’en prendre à M. Max Gallo, qui le présente effectivement comme fabriquant et faisant fabriquer des « antiquités ». Je regrette donc sur ce point de maintenir mon jugement : un historien, fût-il aussi romancier, ne devrait pas mêler les genres.

    [M. Max Gallo, à qui nous avons donné connaissance de cette lettre, nous a fait savoir qu'il s'en tenait aux termes de sa réponse en douze points publiée dans notre article daté du 27-28 novembre 1983. M. Gallo, porte-parole du gouvernement, y indiquait notamment : « J'ai recueilli en 1970-1971 les souvenirs de M. Martin Gray, survivant du ghetto de Varsovie et du camp de Treblinka. J'ai écrit avec lui Au nom de tous les miens, utilisant à la fois mon métier d'historien et ma vocation de romancier. » M. Gallo concluait sa réponse ainsi : « Quant à moi, ceci est ma première et ma dernière mise au point. »]

    « Au nom de tous les miens, de Gray, écrit-elle, est l’œuvre de Max Gallo, qui fut aussi le coauteur discret (“ghostwriter”) de Papillon. Pendant que je faisais pour le Sunday Times une enquête sur le livre de Gray, M. Gallo m’informa froidement qu’il ‘avait eu besoin’ d’un long chapitre sur Treblinka parce que le livre requérait quelque chose de fort pour retenir les lecteurs. Quand je dis moi-même à Gray, l’ ‘auteur’, que manifestement, il n’avait jamais séjourné à Treblinka et ne s’en était jamais évadé, il finit par demander, en désespoir de cause : « Mais quelle importance ? » Gitta Sereny (Sunday Times, 2 mai 1973, et New Statesman, 2 novembre 1979, pp. 670-673)

    Le Monde, 27-28 novembre 1983, rappelle certains arguments de l’enquête du Sunday Times de 1973, notamment que Martin Gray affirmait avoir vu la fausse gare de Treblinka, alors que, selon son récit, il n’avait séjourné dans le camp que trois semaines à partir de septembre 1942 et que la fausse gare ne fut construite qu’au mois de décembre suivant.
    Cet article du Monde reproduit une lettre où Pierre Vidal-Naquet, se référant à l’article du Sunday Times, reproche à Martin Gray d’avoir, en « exploitant un drame familial », « inventé de toutes pièces un séjour dans un camp d’extermination où il n’a jamais mis les pieds », et à Max Gallo d’avoir, en se prêtant à la réécriture de ce pseudo-témoignage, fait le jeu de « l’abjecte petite bande de ceux qui nient le grand massacre ».
    Le Monde, qui avait communiqué cette lettre de P. Vidal-Naquet à Max Gallo, publie dans le même numéro une réponse de Max Gallo en douze points, dont on retiendra ceux-ci :
    « 2. – J’ai écrit avec lui [= Martin Gray] Au nom de tous les miens, utilisant à la fois mon métier d’historien et ma vocation de romancier.
    6. – Mme Gitta Sereny, journaliste, qui préparait alors un livre sur Treblinka, fut l’âme de l’accusation.
    7. Elle me prêta des propos que je n’ai pas reconnus.
    8. Martin Gray a, je crois, intenté à l’époque une action en justice.
    12. (…) Quant à moi, ceci est ma première et dernière mise au point. »

    Voir aussi:

    Il y a quelques années, M. Max Gallo a réécrit (en franglais rewrité) un pseudo-témoignage de M. Martin Gray, qui, exploitant un drame familial, a inventé de toutes pièces un séjour dans un camp d’extermination où il n’a jamais mis les pieds. Dans le Sunday Times, il y a déjà plusieurs années, la journaliste anglaise Gitta Sereny avait démasqué cette imposture, qui fut publiée sous ce titre menteur: Au nom de tous les miens, en mettant en cause personnellement M. Max Gallo. Celui-ci aurait-il voulu rendre service à l’abjecte petite bande de ceux qui nient le grand massacre et qui se sont naturellement rués sur cette trop belle occasion, qu’il n’aurait pas agi autrement. Vidal-Naquet
    (Le Monde, 27-28 novembre 1983)

    NOTE à l’usage et à l’intention de Serge Thion

    (Pierre Vidal-Naquet, 6 février 1985)

    Serge Thion m’a fait parvenir un petit dossier intitulé : “Faussaires sans frontières” et dans lequel il se gausse de ma naiveté au sujet de Martin Gray. J’ai en effet affirmé successivement que Martin Gray n’avait pas été à Treblinka et qu’il y avait été. Je n’ai pas été le seul à penser ainsi : au vue (sic) du dossier d’attestation apporté par Monsieur Martin Gray, et qui était loin d’être tout en polonais, Brigitte Friang a eu la même réaction que moi. Elle me l’a dit en termes formels. En tout état de cause, d’une lettre au Monde à l’autre, mon opinion sur le livre intitulé Au nom de tous les miens est restée la même. Ai-je été naïf ? Il est bien possible, en effet, que je me sois trompé. Guitta (sic) Sereny et Michel Borwicz, qui connaissent tous deux bien ce dossier, le pensent. Pour ma part, désormais, sur cette affaire, je me tairai, puisque je me suis trompé au moins une fois. Cela étant dit, la note de Serge Thion n’en demeure pas moins stupéfiante. Serge Thion le note : “Les survivants de Treblinka sont hélas peu nombreux et assez bien connus des historiens spécialisés”. Pourquoi sont-ils peu nombreux ? Il est passé à Treblinka aux environs d’un million de personnes, comprenant notamment la quasi-totalité de la population du ghetto de Varsovie. Si Treblinka n’avait été, comme l’affirme M. Butz, qu’un camp de triage, les survivants auraient dû être extrêmement nombreux. S’ils sont si peu nombreux, c’est pour des raisons bien connues de tous, sauf malheureusement de M. Serge Thion et de la petite bande abjecte avec laquelle il persiste à s’associer. Ou bien faut-il voir dans cette constatation d’un fait une renonciation à soutenir les thèses révisionnistes ? Quoi qu’il en soit, en fait de falsification, il est difficile de dépasser les exploits de la petite bande en question. Je viens encore d’entendre avec une certaine stupéfaction, M. Pierre Guillaume affronter une ancienne déportée d’Auschwitz qui lui disait avec tranquillité ce qu’elle avait vu. Qu’importe ce qu’ont vu les témoins, pourvu que l’idéologie triomphe.

    Voir enfin un extrait de Pierre Vidal-Naquet:
    Qui sont les assassins de la mémoire?
    in Réflexions sur le génocide. Les juifs, la mémoire et le présent, tome III

    (…) Certes, il est clair que la prise de conscience, par les historiens eux-mêmes, de la spécificité du judéocide à l’intérieur de la Seconde Guerre mondiale n’a pas été immédiate du tout. Au point de départ, je veux dire à l’époque du procès de Nuremberg, on ne peut parler d’une conscience générale de ce qu’avait été la Shoah. Celle-ci était noyée dans l’ensemble des crimes du nazisme. Quand Chaïm Weizmann voulut faire entendre une voix juive à la barre de ce procès, il lui fut répondu que c’était inutile et que les juges avaient bien assez de matériel sur ce sujet. La guerre contre les Juifs est passée de la périphérie au centre de la réflexion sur la Seconde Guerre mondiale[15] après une longue période d’incubation.

    Il suffit, par exemple, de remarquer ceci: le symbole de la déportation, dans un pays comme le mien dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, était, pour les hommes, Buchenwald ou Dachau, pour les femmes, Ravensbrück. La raison en est évidente. C’était de Buchenwald, de Dachau et de Ravensbrück qu’étaient revenus, en 1945, le maximum de survivants. Or, ces camps, à l’exception de Ravensbrück, n’avaient pas de chambres à gaz et la chambre à gaz de Ravensbrück elle-même n’a joué qu’un rôle relativement marginal dans l’histoire du camp. Il faut même ajouter qu’il y a eu comme une « migration du récit » entre Auschwitz et Buchenwald, comme il y avait eu une migration des hommes en janvier-février 1945 entre ces deux camps. C’est ainsi que certains témoignages attestèrent l’existence d’une chambre à gaz à Buchenwald, chambre à gaz purement imaginaire et ce conte a, bien entendu, été exploité par Rassinier, puis par Faurisson.

    Si Auschwitz a, ensuite, pris le relais dans la conscience des Européens, c’est, bien entendu, parce que c’est à Auschwitz que les installations d’extermination fonctionnèrent de la façon la plus durable, mais c’est aussi parce qu’il est revenu beaucoup plus de survivants d’Auschwitz que des centres de mise à mort: Belzec, Chelmno, Sobibor, Treblinka. Auschwitz était un camp mixte, camp d’extermination, camp de concentration, camp-usine. Si l’on excepte les très rares survivants des Sonderkommandos, les survivants d’Auschwitz qui ont témoigné pour l’histoire nous renseignent moins sur la mort que sur la vie à Auschwitz. Tel est le cas, par exemple, de celui qui, à mon avis, a été le plus remarquable peintre des relations humaines à Auschwitz, Primo Levi. Il n’est d’ailleurs pas mauvais de rappeler qu’il a eu quelque difficulté à publier le premier de ses livres, Se questo è un uomo. Primo Levi était un chimiste italien, qui fut employé comme chimiste-esclave à Auschwitz III-Monowitz. Son témoignage sur l’extermination de ses compagnons de voyage tient en quelques lignes. Peut-être verrons-nous un jour une nouvelle migration du récit d’Auschwitz vers Belzec ou Treblinka?

    Si je prends maintenant ma propre expérience de fils de deux Français juifs qui trouvèrent la mort à Auschwitz, je dirai que pendant plusieurs années, je n’ai pas fait de vraie distinction entre camps de concentration et camps d’extermination. Le premier livre qui m’ait vraiment appris ce qu’était le camp d’Auschwitz fut La Nuit, d’Elie Wiesel, livre publié en 1958 aux Éditions de Minuit. J’avais déjà vingt-huit ans. Il se trouve que je déteste l’oeuvre d’Elie Wiesel, à la seule exception de ce livre. C’était pour moi une raison supplémentaire de le mentionner. Huit ans plus tard était publié chez Fayard, à grand lancement et à grand scandale le livre exécrable de Jean-François Steiner, Treblinka, et c’est pourtant ce livre qui m’a fait comprendre ce qu’était un camp de pure extermination. La formation d’un historien ne se fait pas seulement à coup d’études documentées. Même dans l’oeuvre d’un historien et, naturellement, dans sa vie, il y a une part d’irrationnel. Quand je parle du mouvement de la conscience historique, je ne puis raisonner comme si l’histoire de la destruction des Juifs en Europe avait constamment progressé depuis le simple recueil de témoignages et de documents jusqu’à l’élaboration scientifique telle qu’on la trouve dans la demière édition du livre de Hilberg. Cela serait une vue archisimpliste de l’évolution de l’historiographie. La notion de progrès doit être mise en question dans l’étude de l’historiographie comme elle doit être mise en question dans l’étude de l’histoire. Un livre comme The Holocaust, de Martin Gilbert [16], chronique plutôt qu’histoire, peut être utile, mais, comme cela a été souvent souligné, il marque une énorme régression par rapport à des livres très antérieurs, y compris à des livres ou à des recueils de documents écrits sur le terrain. Comme l’écrit Arno Mayer: « Aucun recueil de souvenirs, aucune oeuvre littéraire, aucune analyse historique n’atteindra jamais la précision et la pénétration qui distingue des ouvrages comme la Chronique du ghetto de Varsovie d’Emmanuel Ringelblum, le Journal du ghetto de Varsovie d’Adam Czerniakow ou la Chronique du ghetto de Lodz, 1941-1944, qui est une oeuvre collective. Ces trois chroniques de première main, écrites à l’intérieur des cités des mourants et des morts, sont d’une conception résolument modeme par la façon dont leurs auteurs établissent les faits, la chronologie, le contexte historique et décrivent la dynamique de la collaboration et de la résistance dans des conduites d’extrême impuissance. Chose plus remarquable encore, ces chroniques enregistrent l’impact qu’eut sur la vie quotidienne et le destin des ghettos le cours de l’histoire mondiale, et en particulier, celui de la guerre[17]. »

    L’extermination des Juifs, ce que beaucoup d’historiens ont tendance à oublier, se déroulait, en effet, non pas en marge de la Seconde Guerre mondiale, mais au coeur de celle-ci. En revanche, l’historiographie de cette extermination s’est développée, elle, pendant les décennies qui ont suivi, c’est-à-dire, en gros, pendant la guerre froide, et, naturellement, sans être épargnée par le mouvement de l’histoire elle-même. Cela peut être dit de toute entreprise historique, même lorsqu’elle porte sur un passé très lointain comme la Grèce ancienne, qui est mon domaine scientifique propre ; à plus forte raison est-ce vrai pour des événements aussi près de nous que ne l’est la Shoah.

    Raul Hilberg, qui est tout le contraire d’un « révisionniste », a dit un jour que ces canailles pouvaient être utiles dans la mesure où ils obligent les historiens de métier à exercer un sérieux contrôle sur leurs méthodes et leurs résultats. Est-ce vrai? Pouvons-nous dire qu’il y a des failles dans l’historiographie de la Shoah, des failles qui peuvent expliquer le très relatif succès des négateurs parmi des personnes qui ne sont pas toutes des gangsters?

    La réponse est positive et je vais essayer d’expliquer pourquoi.

    a) L’histoire peut, parfois, être hypercritique. C’est le cas, par exemple, de certaines pages du livre d’Arno Mayer, La Solution finale dans l’histoire. Le plus souvent, pourtant, l’histoire de la Shoah a été hypocritique. En particulier, bien des historiens ne se sont pas montrés suffisamment critiques quant à la valeur de leurs sources. En disant cela, je ne suis pas en train de suggérer que nous devrions supprimer des archives de la Shoah tout ce qui nous a été donné, oralement, par les témoins. Je pense même que nous n’avons pas encore assez exploité ce type de documents et que l’historien se doit de devenir un disciple de Marcel Proust, dans la mesure où la mémoire est inscrite, elle aussi, dans l’histoire. Mais la mémoire n’est pas nécessairement mémoire du vrai et nous avons à donner sa place et son importance à la fabulation. La mémoire doit être examinée en tant que telle. Nous avons beaucoup à apprendre d’elle, beaucoup de « faits », bien sûr, mais pas uniquement des faits. Je dirais volontiers que l’historiographie de la Shoah comporte deux chefs-d’oeuvre. La Destruction des Juifs en Europe, d’une part, livre qui repose dans sa quasi-totalité sur des documents écrits et des archives administratives, et Shoah, de Claude Lanzmann, un film qui est une oeuvre d’art et s’appuie exclusivement sur la mémoire vivante des témoins. Les faits sont, je pense, exacts, mais ils sont vus à travers l’écran de la mémoire, et c’est dans cette direction que doit s’orienter l’historien d’aujourd’hui.

    Je ne suis pas en train de suggérer que la Shoah appartient aux historiens, et aux historiens seulement. (…)

    * Nous devons traquer la preuve, même lorsqu’elle nous paraît écrasante. Par exemple, sur la question des chambres à gaz comme instruments techniques de meurtre, jusqu’à une époque très récente, notre documentation était pauvre, assez riche, bien sûr, pour que nous sachions qu’elles ont existé et fonctionné, mais pas assez pour savoir avec exactitude quand, comment, où elles ont fonctionné. C’est un ancien « révisionniste », Jean-Claude Pressac, pharmacien de son métier, qui a comblé cette lacune. Son livre, dont le sujet est résumé par son sous-titre: Technique and Operation of the Gaz Chambers, n’est certainement pas un bon livre d’histoire[21]. Pressac ne montre de véritable compréhension ni pour les victimes, ni même pour les bourreaux, mais il s’est donné une bonne connaissance technique du système qui était en fonction à Auschwitz, des entreprises qui l’ont fait fonctionner et des problèmes techniques qu’elles ont eu à résoudre. Cet ancien « révisionniste » visita Auschwitz pour prouver que les chambres à gaz, même là, n’avaient jamais existé. Quand il découvrit, dans les archives du musée – il travaille maintenant sur les archives de Moscou – la preuve du contraire, il fut terrassé par l’évidence ; malheureusement, cet ensemble disponible avait été, avant lui, négligé par les historiens.



    Cette entrée a été publiée le Lundi 4 Février 2008 à 6:39 et est classée dans antisionisme/antisémitisme, guerre et paix, histoire, livres.



    source
    http://jcdurbant.wordpress.com/

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  • «Survivre avec les loups» : la supercherie

    • Par Propos recueillis par Valérie Sasportas
    «Le succès de mon livre était pour moi un cri d'espoir, de rejet de l'horreur, et il aidait, surtout les jeunes, à comprendre ce qu'avait été le cauchemar des années de guerre. Aujourd'hui, je me sens traquée de nouveau et c'est un sentiment effroyable», confie Misha Defonseca (ici, avec Mathilde Goffart, la jeune actrice du film tiré de son roman «Survivre avec les loups»).

     

     

    EXCLUSIF - Dans une interview au Figaro, Misha Defonseca avoue qu'elle a inventé son histoire et dit enfin «sa» vérité sur son enfance.» LIRE AUSSI - Retour sur le roman «Survivre avec les loups»

    LE FIGARO. Comment vous appelez-vous vraiment ?

    Misha DEFONSECA. Je m'appelle Monique Dewael, mais depuis que j'ai 4 ans je veux l'oublier. Mes parents ont été arrêtés quand j'avais 4 ans. J'ai été recueillie par mon grand-père, Ernest Dewael, puis par mon oncle, Maurice Dewael. On m'appelait «la fille du traître» parce que mon père était soupçonné d'avoir parlé sous la torture à la prison de Saint-Gilles. À part mon grand-père, j'ai détesté ceux qui m'avaient accueillie. Ils me traitaient mal. Je me sentais «autre». C'est vrai que, depuis toujours, je me suis sentie juive et plus tard, dans ma vie, j'ai pu me réconcilier avec moi-même en étant accueillie par cette communauté.

    Alors, c'est vrai que je me suis raconté, depuis toujours, une vie, une autre vie, une vie qui me coupait de ma famille, une vie loin des hommes que je détestais. C'est aussi pour cela que je me suis passionnée pour les loups, que je suis entrée dans leur univers. Et j'ai tout mélangé. Il est des moments où il m'est difficile de faire la différence entre ce qui a été la réalité et ce qu'a été mon univers intérieur. Je demande pardon à tous ceux qui se sentent trahis.

    Comment réagissez-vous à la polémique qui enfle en France et qui remet en cause la véracité de Survivre avec les loups ?

    Je suis profondément triste. Cette histoire, je l'ai gardée si longtemps en moi !... Un jour, dans une synagogue, où je me sentais si bien, on m'a demandé de parler de moi, de mon histoire, à l'occasion de Yom Hashoa h, jour du souvenir.

    De retour chez moi, mon mari m'a convaincue de le faire, me disant que ça me libérerait. Lorsque je suis montée à la bima (chaire, NDLR), j'ai pris soudain conscience que j'allais parler pour la première fois. J'ai fondu en larmes et puis, doucement, par bribes, je me suis mise à raconter. L'assistance et les miens qui me réchauffaient de leur présence pleuraient.

    Mon histoire, je ne la livrais pas au grand public. Si j'ai commencé à parler dans plusieurs universités américaines, c'était à leur demande. C'est alors que j'ai été harcelée par une femme, Jane Daniel, qui se disait éditrice et qui voulait faire un livre sur ma vie. Pendant plus de deux ans, j'ai refusé, mais ma communauté et mes amis me disaient : «Grandis, Misha, fais-le pour les générations futures.» J'ai rassemblé mes souvenirs et le livre a été écrit. Je me suis partiellement reconnue dans cette histoire. C'était la mienne, même si sur certains événements, des dates notamment, j'ai dû accepter les suggestions de l'éditrice.

    Le succès de mon livre était pour moi un cri d'espoir, de rejet de l'horreur, et il aidait, surtout les jeunes, à comprendre ce qu'avait été le cauchemar des années de guerre. Aujourd'hui, je me sens traquée de nouveau et c'est un sentiment effroyable.

    N'avez-vous jamais été surprise que personne ne remette vraiment en cause l'authenticité de votre récit et ses invraisemblances ?

    J'ai raconté tout ce qui me revenait et comme cela me revenait. Sans jamais pouvoir vérifier, car j'étais une enfant. De tout mon être, j'ai ressenti, jour après jour, que mon histoire est vraie. Mes nuits ont été peuplées de cauchemars, la réalité s'y mêlait. Mais aujourd'hui une telle haine…

    Le fait que votre livre soit présenté comme une biographie et non une fiction a-t-il eu un impact, selon vous, sur son accueil ?

    Je n'en sais rien, et puis pour moi ce n'était pas une fiction. Mon avocat m'a dit que c'était «ma» vérité. Il a raison, c'est ma vérité et vous savez, moi, je n'ai jamais voulu l'écrire, faire de l'argent avec tout cela. Je ne voulais rien publier. C'est mon éditrice américaine, Jane Daniel, qui a vu dans ma vie une mine d'or, et c'est elle seule qui en a profité !!!

     

     

     SOURCES / Propos recueillis par Valérie Sasportas

    http://www.lefigaro.fr/culture/2008/02/28/03004-20080228ARTFIG00667-survivre-avec-les-loups-la-supercherie-.php

     

     

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  •  

    Miklos Gruner avait 15 ans quand il fut déporté de Hongrie à Auschwitz-Birkenau, en mai 1944, avec sa mère, son père, un frère plus jeune et un frère plus âgé que lui. Selon lui sa mère et son plus jeune frère auraient été tués dès leur arrivée dans le camp. Les trois restant furent ensuite tatoués sur le bras et envoyé dans une usine produisant du carburant de synthèse appartenant à IG Farben.

     

    Son père y mourut après six mois. Le frère aîné fut ensuite envoyé à Mauthausen. Et deux autres juifs hongrois, amis de feu son père, prirent Miklos sous leur protection.

    Ces deux protecteurs étaient les frères Lazar et Abraham Wiesel.

    Dans les mois qui suivirent Miklos Gruner et Lazar Wiesel devinrent amis. Lazar avait 31 ans en 1944. Miklos n’oublia jamais le nombre tatoué sur le bras de Lazar : A-7713. En janvier 1945 l’armée rouge s’approchait, les déportés furent transférés à Buchenwald. Ce transfert dura trois mois, par train et à pied. Durant ces trois mois, la moitié des déportés en transfert moururent, et parmi eux Abraham Wiesel.

     

    En avril 1945 Buchenwald fut libéré par l’armée américaine.

     

    Miklos et Lazar étaient parmi les survivants. Miklos avait la tuberculose et fut envoyé dans un sanatorium en Suisse et donc séparé de Lazar. Il émigra alors en Australie tandis que son frère aîné, survivant lui aussi, s’établit en Suède.

    Des années plus tard, en 1966, Miklos fut contacté par un journal suédois qui l’invita à venir en Suède pour rencontrer « un vieil ami » nommé Elie Wiesel. Miklos répondit qu’il ne connaissait personne ayant ce nom ; on précisa alors que ce Elie Wiesel était celui qu’il avait connu dans les camps sous le nom de Lazar Wiesel et que son tatouage était A-7713….Miklos se souvenait bien de ce nombre et fut alors convaincu qu’il rencontrerait son vieil ami Lazar ; il accepta alors l’invitation et prit l’avion pour la Suède, le 14 décembre 1986.

    Miklos :

    « L’idée de revoir Lazar me rendit très heureux, mais lorsque je débarquai de l’avion, je fus étonné de rencontrer un homme que je ne connaissais pas du tout, qui ne parlait même pas hongrois et parlait l’anglais avec un fort accent français…et notre rencontre fut terminée après quatre minutes…

     

    Comme cadeau d’adieu, il me remit un livre avec le titre « Night » [nuit] dont il était, dit-il, l’auteur. Je pris le livre que je ne connaissais pas à cette époque, mais déclarais à toutes les personnes présentes que cet homme n’était pas celui qu’il prétendait être ».

    Miklos se rappelle que durant cette étrange rencontre, Wiesel refusa de lui montrer son tatouage, disant qu’il ne voulait pas montrer son corps. Mais Wiesel montra ensuite son tatouage à un journaliste israélien que Miklos rencontra, et ce journaliste dit qu’il n’eut pas le temps de reconnaître le nombre, mais qu’il était certain que ce n’était pas un tatouage.

    Miklos :

    « Après cette rencontre avec Wiesel, je fis des recherches partout où cela fut possible, pendant vingt années et découvris que cet homme se nommant Elie Wiesel n’avait jamais été dans un camp nazi, car il ne figure sur aucune liste de déportés ».

    Miklos découvrit aussi que le livre qu’Elie Wiesel lui donna en 1986 avait en réalité été écrit en hongrois, en 1956, par son vieil ami Lazar Wiesel et publié à Paris avec le titre "A Világ Hallgat" , ce qui signifie "Le silence du monde".

     

    Le livre fut abrégé et réécrit en français avec le titre "La nuit", en anglais "Night", et publié avec le nom d’auteur d’Elie Wiesel.

     

    Dix millions d’exemplaires furent vendus dans le monde et Elie Wiesel eut même le prix Nobel en 1986, alors que, selon Miklos – le véritable auteur avait mystérieusement disparu.

    Et Elie Wiesel ne voulut plus jamais revoir Miklos et devint un personnage très connu. Il se fait payer 25 000 dollars pour parler pendant 45 minutes sur l’holocauste. Miklos informa le FBI que Wiesel était un imposteur mais n’eut pas de réponse. Il porta aussi plainte à l’académie royale des sciences de Suède, mais n’obtint pas de réponse non plus. Les journaux américains et suédois qu’il contacta ne voulurent rien savoir .

     

    Il eut des appels téléphoniques anonymes qu’il serait tué s’il ne se taisait pas, mais déclara qu’il n’avait pas peur de la mort, et qu’il avait déposé le dossier dans quatre pays différents pour que, si jamais il lui arrivait quelque chose, il puisse être publié. Le monde doit savoir, dit Miklos, que ce Elie Wiesel est un imposteur et qu’il allait dire la vérité dans un livre dont le titre serait "L’identité volée d’un prix Nobel" .
    ________________
    http://www.henrymakow.com/translated_from_the_hungarian.html
    traduction rapide de l'anglais par Manfred Stricker
    ________________
    Elie Wiesel sur ZioPedia.org
    Eliezer Wiesel (communément connu sous le prénom d’Elie), né le 30 septembre 1928, est un romancier américain de réputation mondiale,

     

    Prix Nobel de la Paix et activiste sioniste. Il est l’auteur de plus de quarante ouvrages, le plus célèbre d’entre eux – Nuit – étant des mémoires dans lesquels il décrit ce qu’il est censé avoir vécu durant l’Holocauste.

    Wiesel vit aux Etats-Unis où il enseigne, à l’Université de Boston, et où il assure la fonction de président de la Fondation Elie Wiesel pour l’Humanité [Elie Wiesel Foundation for Humanity]

    La vie et l’œuvre littéraire d’Elie Wiesel ont été profondément marquées par son vécu d’Auschwitz, qui diffère de tous les récits qui en ont été faits par des témoins oculaires sur un point majeur : les victimes n’auraient pas été exécutées dans des chambres à gaz homicides, mais – pire encore, peut-être – elles auraient été brûlées vives, lentement, dans d’immenses bûchers en plein air [1].



    « Pas très loin de nous, des flammes s’élevaient d’une tranchée – des flammes gigantesques. On brûlait quelque chose, là-bas. Un camion s’approcha du trou et la benne se releva, déversant sa cargaison : des petits enfants. Des bébés ! Oui, je l’ai vu – je l’ai vu de mes propres yeux ! Ces enfants, dans les flammes. (Doit-on s’étonner si j’ai totalement perdu le sommeil, après cela ?

     

    Le sommeil s’était envolé de mes yeux.) Ainsi, c’est ça, qui nous attendait. Un peu plus loin, il y avait une autre tranchée, plus grande, destinée aux adultes. « Père », dis-je. « Dans ces conditions, je ne veux pas rester ici, à attendre. Je vais me précipiter sur les fils de fer barbelés électrifiés.

     

    Cela serait préférable à cette lente agonie dans les flammes ». »

    L’original en français dit en réalité : « à végéter, des heures durant, dans les flammes » [2], ce qui est une description à laquelle la traduction anglaise n’a pas fait entièrement droit.

    « Les flammes s’échappaient d’une haute cheminée, dans le ciel plombé. Vous voyez cette cheminée, là-bas ? Vous la voyez ? Vous voyez ces flammes ? » [3]

    Heureusement, Wiesel a été sauvé, par miracle [4] :

    « Notre rang n’avait désormais plus que quinze pas à franchir. Je me mordais les lèvres pour que mon père n’entende pas claquer mes dents. Encore dix pas… Huit… Sept… Nous marchions lentement, comme si nous suivions un convoi, mais le convoi de notre propre enterrement. Plus que quatre pas... Trois…

     

    Et voilà : nous étions arrivés. Juste en face de nous : la tranchée, et ses flammes. Je rassemblai tout ce qui me restait de forces, pour pouvoir briser les rangs et me jeter sur les barbelés électrifiés. Au fond de mon cœur, je dis au revoir à mon père, et à l’univers entier. Et, malgré moi, les mots se formèrent et un murmure s’échappa de mes lèvres : « Yitgadal veyitkadach shmé raba » :

     

    « Puisse Son nom être célébré et béni ! » Mon cœur était sur le point d’éclater. Le moment était arrivé. J’étais face à face avec l’Ange de la Mort. Non ! Arrivés à deux pas de la fosse, on nous donna l’ordre de tourner à gauche, et on nous reconduisit à nos baraquements. »

    Le témoignage d’Elie Wiesel continue jusqu’à ce jour à entraîner la confusion chez ses lecteurs. Il décrit comment, alors que l’Armée Rouge était sur le point de libérer le camp d’Auschwitz en janvier 1945, les Allemands qui évacuaient ce camp laissèrent aux détenus malades le choix : soit ils prenaient la fuite avec eux ; soit ils attendaient sur place l’arrivée de l’Armée Rouge. Voici les propos authentiques rapportés par Wiesel, sur la manière dont lui-même et son père prirent leur décision [5] :



    « Le choix était entre nos mains. Pour une fois, nous pouvions prendre une décision nous-mêmes. Nous pouvions rester tous les deux à l’hôpital, où j’avais pu, grâce à mon médecin, le faire entrer tantôt en tant que patient, tantôt en tant qu’infirmier. Ou bien, nous pouvions suivre les autres, qui partaient. « Eh bien ; qu’allons-nous faire, Père ? » Il ne répondait rien. « Partons avec les autres évacués ! », tranchai-je. »



    Plusieurs années durant, Elie Wiesel et son père avaient vécu dans un véritable enfer, où des gens avaient été brûlés vifs, en masse.

     

    Les détenus survivants avaient été brutalisés et maltraités de toutes les manières imaginables.

     

    Et puis, au début 1945, il y eut une chance de s’échapper des griffes de ces criminels de masse et d’être libérés par les soldats russes, qui avançaient. Et que décident Wisie et son papa ? Ils décident de fuir leurs libérateurs, en compagnie de leurs assassins monstrueux ! Ils décident de demeurer des esclaves dans l’enfer créé par les Allemands diaboliques. Ils décident de s’enfuir, de sortir dans l’incertitude d’une nuit glaciale et noire, sous la garde de leurs Satans teutons… Il semble qu’Elie Wiesel et son père eussent plus redouté leur libération par l’Armée Rouge que les Allemands, ou le sort vraisemblablement fatal qu’ils encouraient en s’enfuyant.

    Leur cas n’est pas unique ;

     

    il est étayé par les déclarations de Primo Levi. A la journée du 17 janvier 1945, Levi écrit, dans son ouvrage intitulé Survivre à Auschwitz, qu’il aurait voulu suivre une sorte d’instinct collectif, et se joindre aux autres détenus qui s’étaient enfuis avec les SS, s’il n’avait pas été terriblement malade [6] :

    « Ce n’était pas une question de raisonnement. Moi aussi, j’aurais probablement suivi l’instinct du troupeau, si je n’avais pas été si faible : la peur est suprêmement contagieuse, et la réaction immédiate qu’elle provoque, c’est de vous pousser à fuir ».

    La peur qu’évoque ici Primo Levi, c’est cette peur qui s’empara des détenus – il évoque l’instinct grégaire – et qui les poussa à fuir avec les Allemands. Il semble que tant Wiesel que Levi n’avaient pas réellement peur des Allemands. Il ne semble pas qu’ils aspiraient à être libérés par les Russes, ni qu’ils auraient absolument tout tenté afin d’échapper aux Allemands.

    Et Levi nous donne même le résultat de ce referendum avec les pieds : 800 détenus – de surcroît : pratiquement tous invalides – décidèrent de rester à Auschwitz. Mais ce ne sont pas moins de 20 000 déportés qui suivirent les assassins de masse nazis dans leur fuite.

    Notes

    1. E. Wiesel, Night, Hill and Wang, New York 1960, p. 30
    2. E. Wiesel, La Nuit, éditions de minuit, Paris 1958, p. 58f.
    3. E. Wiesel, op. cit (note 1), pp. 25, 28.
    4. Ibid. p. 31
    5. Ibid. p. 78
    6. P. Levi, Survival in Auschwitz, Summit Books, New York 1986

     

     

     

     

    SOURCES / http://ostfront.forumpro.fr/t2000-elie-wiesel-est-il-un-imposteur-2012

     

     

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