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    Aéro-Bank 1941

     

     

    L'Aéro-Bank fut fondée à Paris le 2 octobre 1941, sous la forme d'une société anonyme française au capital de 200 millions de francs par la Bank der Deutschen Luftfarth. Celle-ci détenait 199.400.000 frs du capital qui fut porté à 300 millions en décembre 1943. Le siège social était 3, rue Scribe, Paris IX".

     

    Le Conseil d'administration était composé comme suit :

    Fritz Rudorf Président
    Cari Schaefer Reichskommissar auprès de la Banque de France, vice-président
    Walther Dûring Administrateur
    Ernst-Robert Harcke Administrateur


    En vertu des statuts, le président Rudorf qui était aussi président du Conseil d'administration de la Bank der Deutschen Luftfahrt, à Berlin avait la responsabilité de la gestion de la Société.

     

    En fait il déléguait tous ses pouvoirs au directeur général Walther Winkler, assisté d'un directeur Georg Rogalski.

    Dûring et Harcke étaient également administrateurs de la Bank der Deutschen Luftfahrt, mais le premier demeurait constamment à Berlin cependant que le second assurait la liaison entre Berlin et Paris. Un sous-directeur, Johannès Winkler, prokurist de la Bank der Deutschen Luftfahrt fut adjoint à la direction de Paris en 1943.

    Quatre mandataires se partageaient les diverses sections de la Banque :

    Engel (Suisse) la section lettres de crédit ; Obertufer (Suisse), la section Caisse, Dépôts, Effets ; Langer et Jûrg (Allemands), la section Crédit, que dirigeait plus particulièrement Rogalski.

     

    L'activité essentielles de l'Aero-Bank consistait :

    A faire des avances aux entreprises françaises ou aux entreprises allemandes, ayant leur siège à Paris, sur production d'avis de versement de RM. au clearing franco-allemand par les entreprises allemandes ayant transféré des commandes ;
    A octroyer des crédits aux entreprises allemandes ayant leur siège à Paris, sur ordres de crédit de la Bank der Deutschen Luftfahrt ou d'autres banques allemandes :
    A octroyer des crédits normaux aux entreprises françaises d'aviation, comme S.E.C.M. (Amiot) et S.N.C.A. Sud-ouest ;


    A faire des avances aux entreprises françaises travaillant avec des firmes allemandes sur le vu des factures françaises reconnues par le représentant à Paris des firmes allemandes ;


    A faire des avances sur les engagements des services officiels allemands.


    Lorsque les délais de la poste ou du clearing n'amenaient pas un gonflement momnetané des crédits, leur importance était à peu près la suivante, aux termes d'une déclaration du directeur Rogalski.

    Avances sur avis de versements au 50.000.000 clearing
    Crédits sur ordre allemands 450.000.000
    Crédits aux entreprises d'aviation et 500.000.000 avances en excédent de crédits
    Avances sur factures certifiées 300.000.000
    Avances sur engagements officiels 150.000.000


    Total 1.600.000.000

    La banque avait toujours de très importantes réserves liquides (341 millions au bilan du 31 décembre 1943) ou immédiatement mobilisables (2.190 millions de bons du trésor à la même date). Les dépôts qu'elle recevait n'était pas toujours volontaires, il est vrai.

     

    Le directeur Rogalski se souvient que le Dr Schaefer et le directeur général Winkler se firent livrer les avoirs des banques anglo-américaines (Feindbanken) malgré l'opposition du séquestre allemand de celles-ci, Câesar, qui dût céder à l'intervention du vice-président de la Reichsbank, Lange, également administrateur de la Bank der Deutschen Luftfahrt.

     

    Ces avoirs furent d'ailleurs restitués sur la demande de Caésar, lorque l'Aero-Bank réussit à se faire confier les 1.750 millions de francs de la Treuhand-und Revisionsstelle auparavant déposés auprès du Militârbefehlshaber in Frankreich.

     

    Là encore Berlin intervint et Rogalski note des discussions non amiables (erhebliche Kàmpfe) entre Berlin et le Militârbefehlshaber, qui dut finalement s'incliner.

    Selon Rogalski, ces précautions étaient assez inutiles étant donné le très court termes de la plupart des avances consenties par la Banque. De son côté l'ELBAG (Luftfahrt AG), la ROGES et le Rustungskontor entretenaient des comptes courants créditeurs importants, atteignant respectivement au 31 mars 1944, 63, 337 et 552 millions de francs.

     

     

     

    L'ELBAG avait en outre consenti un prêt à échéance fixe de 101,7 millions à la même date. En outre l'Aéro-Bank disposait d'un crédit courant de 400 à 600 millions de francs auprès de l'Office des changes.

     

     

    Ce dernier avançait en effet des fonds à l'Aéro-Bank sous la seule condition que les fonds soient remboursés si, dans les 14 jours ou dans les 4 semaines, celle-ci ne pouvait présenter les documents prouvant l'exportation.

     

     



    De son côté, l'Aéro-Bank créditait les bénéficiaires en comptes bloqués (Sperrkonten) s'il s'agissait de particuliers, ou en comptes réservés (Vorbehaltskonten) s'il s'agissait d'autres banques.

     

     

    Lorsqu'aux mois de juillet et d'août 1944 les perturbations du trafic postal et des virements par le clearing attinrent leur maximum, cependant que les sommes virées atteignaient elles aussi des montants très élevés, et que la tenue de la comptabilité de la banque était entravée par le manque de courant électrique, le montant des avances sur avis de versement au clearing devait approcher selon Rogalski 1.200 millions de francs.

     

     



    La banque avait à l'époque de 400 à 600 millions de francs de factures qui, après vérification par l'office des changes devaient libérer une somme correspkndante sur les comptes bloqués, de ses clients, car il s'agissait de clients bénéficiant tous soit de crédits, soit d'avances sur avis de versement au clearing.

     

     

    Les crédits documentaires, la banque avaient une moyenne constante de 300 lettres de crédit en portefeuille, n'étaient accordés, conformément aux prescriptions de l'Office des Changes, que lorsque l'Aéro-Bank avait la couverture nécessaire, ou sur confirmation du crédit par une autre banque allemande.

     

    Selon Rogalski, l'Aéro-Bank n'a jamais acheté ni vendu de valeurs mobilières.

     



    Elle a seulement pris en garde les valeurs des Juifs qui lui furent remises par les banques françaises sur les ordres de l'administrateur allemand des biens juifs auprès du Militârbefelshaber, Ferdinand Niedermeyer.

     

     

    La plus grande partie de ces valeurs fût emportée en juillet 1944 par deux officiers du Militârbefehlshaber, sur l'ordre de Niedermeyer, vraissemblablement pour être transférée en Allemagne.

     

     

    L'autre partie fût déposée à la Société Générale au nom de Niedermeyer pour être vendue.

     

     

    Les dirigeants de l'Aéro-Bank quittèrent Paris le 17 août 1944 pour Nancy où la banque fut inscrite au Registre du Commerce.

     

    La comptabilité ainsi qu'un certain nombre de caisses déposées dans la salle des coffres de l'Aéro-Bank par la ROGES au nom de Niedermeyer et contenant des objets en or furent laissés à Paris sous la garde des mandataires.

     



    Un avoir estimé à 1.300 millions de francs par Rogalski avait été laissé à la Banque de France et à la Société Générale pour le remboursement des sommes en comptes bloqués n'appartenant pas à l'Aero-Bank et pour le payement des lettres de crédit confirmé. Tous les créditeurs français avaient été priés de retirer leurs dépôts.

     

    Après le départ de la direction allemande les mandataires devaient rembourser par chèque sur la Banque de France les dépositaires qui ne s'étaient pas présentés à ses guichets.

     

    Il ne restera à la Libération que 25 millions de francs appartenant à des entreprises françaises sous séquestre allemand.

     

    La Reichskreditkasse Paris qui était partie de nuit avant l'Aero-Bank transporta à Nancy, puis à Berlin un avoir de 800 millions de francs appartenant à celle-ci.

     

    En outre Rogalski emporta 10 millions de francs pour couvrir les frais de repli.



    Après payement de ceux-ci, de divers traitements et quelques mouvements de comptes à Nancy, il lui restait au départ de la France 6,7 millions de francs qui furent remis à Berlin à la Bank der Deutschen Luftfahrt pour le compte de la Reichsbank fonctionnant comme office des devises (Devisenstelle).

     

     

    La Deutsche Treuhand und Revisionsgesellschaft devait vérifier les comptes de l'Aero-Bank à Nancy, mais n'a pas eu le temps de le faire. L'Aero-Bank n'a fait aucun trafic d'or, de devises ou de marchandises selon Rogalski ; elle n'a eu de rapports directs avec aucun trafiquant de marché noir.

     

    Les fonds qui passaient par l'Aero-Bank provenaient en majeurs partie du Clearing ; 25% du chiffre d'affaires de ce dernier semble être passés par l'Aero-Bank.

     



    Celle-ci a reçu en outre des chèques sur la Banque de France (au nom du Général-Luftzeugmeister et d'autres services officiels allemands notamment) et a bénéficié de virements de la Banque de France ou de la Reichskreditkasse.

     

     

    L'Aero-Bank investissait l'excédent de ses disponibilités en Bons du Trésor. Lorsque les temps devinrent incertains, et que le fonctionnement de la Reichskreditkasse présenta des défaillances, l'Aero-Bank déposa ses fonds à la Banque de France puis retourna à la Reichskreditkasse lorsque le danger s'accrût. Se Ion Rogalski, le Dr Schaefer avait alors décidé avec le Dr Schulte, directeur de la Reichskreditkasse, de créer un clearing Berlin-Nancy, et par suite l'encaisse en Francs de l'Aero-Bank fut laissé à la Reichskreditkasse qui devaît être l'élément française du clearing.

     

     

    Rogalski estime de la façon suivante le bilan de l'Aero-Bank à Nancy

    (en millions de francs) :

     

    Actif

    Banque de France et Société Générale

    1.300 Reichskreditkasse

    800 Bons du Trésor Paris 400

    Débiteurs 2.600


    Passif

    Office des Changes 1.200
    Créditeurs allemands 1.700
    Treuhands und Revisionsstelle 1.800
    Capital & réserves 400

     

     


    A leur arrivée à Berlin, le président Rudorf fit nommer le Dr Schaefer administrateur de l'Aero-Bank par le commissaire allemand aux biens ennemis, Rogalski lui fut adjoint, mais ne reçut qu'un simple pouvoir pour signer la correspondance, sans disposer du droit de conclure des contrats.

     

    Il procéda à diverses opérations de régularisation avec les débiteurs allemands de la banque, opérations qui conduisirent à la situation suivante (en millions de francs) :

    Versements à la Deutsche Verrechnungskasse, non  parvenus à Paris 585
    Versements destinés au clearing bloqués par la Bank der Deutschen Luftfahrt 144
    Sommes bloquées par la Bank der Deutschen Luftfahrt et cédées à l'Aéro-Bank 37
    Versement au compte de l'administrateur allemand de l'Aéro-Bank, auprès de la Bank der Deutschen Luftfahrt 16

     


    Montants disponibles auprès de banques ou d'entreprises industrielles 541
    Versement au compte créditeur 1775 de Paris, qui devait être soldé par le Ministère de l'Air du Reich 59

     


    créances non douteuses sur des services officiels allemands 19
    Créances sur des grosses entreprises comme Deutche Waffen, Bosch, BMW d'après les factures reconues 234


    Soit un total de 1629 millions

    A noter que le compte 1775 susvisé (Konto Nr 1775, General-Luftzeugmeister fur Frontreparaturen) était alimenté uniquement sur les frais d'occupation par virement de la Banque de France ou de la Reichskreditkasse (25 millions à chaque fois).

     

    Ce compte servait à payer les entreprises françaises effectuant des travaux de réparations pour la Luftwaffe.

     

    Le personnel dirigeant à disparu à l'exclusion de Georg Rogalski.

     

    Rudorf a été arrêté par les Russes, le directeur général Winkler, qui était officier de réserve de la Luftwaffe fut emprisonné par les Anglais ; le sous directeur Winkler est mort à Berlin avant la capitulation.


     


     

     
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  • Guérir l’homosexualité,

    le projet fou de Carl Vaernet

     

    guérir l'homosexualité

     

     

    Il y a quelques mois, j’ai reçu le livre « Les guérir » d’Olivier Charneux, sur Carl Vaernet. Le mec est danois, père de famille et médecin. Spécialisé dans les hormones, il va devenir le copain d’Himmler et va tenter de guérir l’homosexualité àBuchenwald, le camps de concentration. Découvrez son histoire…

    Carl Vaernet, le médecin danois

    Carl Vaernet est issu d’une famille d’agriculteurs du Jutland. Au Danemark. Tous les fils se sont partagés les terres, mais Carl, lui, ça ne l’intéresse pas. Il veut faire des études. Il veut être médecin. Après de longues et périlleuses disputes avec son père et quelques années d’études, il y parvient. Il est brillant et installe son cabinet de consultation à Copenhague. Loin de sa famille, des chevaux et du purin. Ça pue le purin. Carl s’est créé un beau réseau à la fac, parmi ses meilleurs amis, on peut noter Frits Clausen, le mec va être à la tête du parti nazi danois. Ah bin c’est classe hein, y’a pas à dire.

    Carl Værnet

    Ça marche bien pour Carl, il a des copains, du boulot, du fric et de nombreux soutiens, mais aussi une famille : de sa première épouse, il va avoir trois enfants. Et de la seconde : deux garçons. Le problème, c’est que Gurli, sa deuxième épouse va devenir un peu alcoolique. Beaucoup en fait. Elle ne gère pas très bien la mondanité, le champagne, puis la faillite et le départ en Allemagne de toute la famille. 

    L’arrivée en Allemagne de Carl Vaernet

    Eh oui, la famille va finir par s’exiler. Au Danemark, c’est assez moche, il y a les nazis et les résistants, et pour son business, Carl Vaernet a tout intêret à partir se mettre à l’abri du coté des nazis. Vu que personne ne pipe un mot d’allemand, la fille du premier mariage de Carl Vaernet, Aase, va les accompagner et va servir d’interprète durant quasiment tout le projet pour guérir les homosexuels.

     

    A Berlin non plus la vie n’est pas douce, ça bombarde à tout va. Personne n’est à l’abri. Rapidement, le médecin, Gurli et les gosses sont envoyés à Prague.

     

    Près de Buchenwald.

     

    Soit disant la vie est pépouz là-bas. Lol.

     

    Pendant que son épouse termine de devenir complètement ivrogne, Carl cherche des financements pour ses capsules d’hormones.

     

     

    Personne ne veut investir. Faut dire que c’est pas courant, et pourtant, pour Carl Vaernet, c’est la seule possibilité.

     

    Il faut implanter des capsules qui libèrent de la testostérone dans le corps des malades pour guérir les homosexuels. Ouais, bonne ambiance.

     

     

     

    tours

     

     

     

    Il se trouve que ce projet plaît tout particulièrement à Himmler (depuis le début je dis que ce mec est grave cinglé), il veut faire entrer Carl Vaernet dans le milieu nazi, la Waffen-SS et dans les camps afin de faire quelques expériences sur les homosexuels emprisonnés.

     

    C’est vrai, à les avoir sous la main, autant les torturer. Ça va être le cas à partir de juin 1944.

    Les expériences à Buchenwald pour guérir l’homosexualité

    Avant même l’arrivée de Carl Vaernet dans les camps, l’idée de guérir l’homosexualité fait partie des priorités de Himmler. C’est comme ça, il peut pas saquer les PD, ils vont à l’encontre de la prolifération aryenne alors ça l’emmerde. Il alterne entre : les tuer ou tenter de les soigner. Concrètement, rien de bon quoi. Plusieurs techniques ont déjà été mises en place, on peut parler de la lobotomie, de la stérilisation et plus radicalement : la castration. C’est sûr, les homosexuels sont homosexuels à cause de la bite. Tu la leur coupes et direct ils veulent se taper une gonzesse. Ça tombe sous le sens. Bref, ça leur permet au moins de se dire que ceux qui n’ont pas de bite ne pourront plus pénétrer d’autres hommes. Et c’est réconfortant. Ah ça oui. Avec l’arrivée du médecin danois, on passe aux capsules de testostérone implantées sous le bras. Merci qui ? Merci Carl Vaernet !

    table 093 USHMM

    Il va opérer une quinzaine d’hommes avec différents dosages, afin de voir les différences. L’intervention dure une vingtaine de minutes, maximum. L’anesthésie se fait à l’éther.

     

    Enfin, lorsqu’il y en a. Les cobayes ont entre 23 et 55 ans.

     

    Ils sont homosexuels, fatigués, décharnés et affamés, mais ils sont malins. Trois semaines après l’intervention, ils doivent rendre des comptes au médecin Carl Vaernet.

     

    Persuadés d’être libérés s’ils ne sont plus homosexuels, les cobayes ne signalent aucun effet négatif et au contraire, ils font croire qu’ils ne pensent plus aux hommes et ont des envies pour des femmes.

     

    Certains affirment avoir eu des érections en pensant à des femmes. Carl Vaernet est fier comme un coq ! Son intervention fonctionne, il a trouvé comment guérir les homosexuels ! Malgré tout, deux des cobayes vont mourir d’infections.

     

    Et évidemment, ça ne fonctionne pas, il ne parvient pas du tout à guérir l’homosexualité.

     

    Bien qu’il soit couvert par ses supérieurs, Carl Vaernet perd de nombreux soutiens. Mais de toute façon, c’est le début de la fin pour lui mais aussi pour l’Allemagne

     

    .

    L’exil en Amérique du Sud

    La capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945 signe l’arrestation de Carl Vaernet. Alors qu’il est parti se planquer chez son frère au Danemark, comme un bon lâche, un matin, quatre jeunes résistants viennent l’arrêter.

     

    Finalement libéré en payant grassement la police danoise, il va réussir à s’enfuir avec une fausse identité vers le Brésil, puis le Paraguay et finalement l’Argentine.

    Toute sa vie, il en sera certain : il n’a rien fait de mal, il a juste souhaité guérir l’homosexualité.

     

     

    Marine GASC

    http://www.racontemoilhistoire.com/2016/05/18/guerir-l-homosexualite/

     

     

     

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    Dans un ouvrage récemment traduit en français,

    la journaliste Gitta Sereny

    raconte son expérience dans l'Allemagne d'après-guerre qui a consisté

    à enquêter sur les enfants enlevés à l'Est par les Nazis et

    adoptés par des couples allemands.

    Plongée dans une histoire tragique et approche d'une écrivaine de grand talent

     

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    Entre culpabilité, étonnement, colère ou déni, l'Allemagne en arrache toujours avec ce très lourd passé, dit-elle.

    Ses enquêtes auprès des jeunes Allemands nés 30 ou 40 ans après la guerre ainsi que ses dénonciations d'ouvrages et de documentaires prenant des écarts sur certaines réalités sont particulièrement intéressantes.

    Pour appuyer sa recherche, Sereny va à la rencontre de quelques têtes dirigeantes du nazisme dont Albert Speer, Leni Riefenstahl et Franz Stangl, commandant des camps d'extermination de Sobibor et Treblinka.

     

    À ce chapitre, l'auteure ne fait aucune concession quant à l'horreur perpétrée. Et même si elle se perd parfois dans une foule de détails, l'ensemble demeure extrêmement troublant.

     Les éditions Plein Jour viennent de publier en français Dans l'ombre du Reich, un livre de Gitta Sereny, sorti en 2000, jamais traduit jusqu'alors.

     

    Cet ouvrage de plus de 500 pages regroupe plusieurs articles de la journaliste dont l'un présenté ici, qui aborde un sujet peu traité, celui des enfants volés par les Nazis dans les pays de l'Est et donnés à des familles allemandes.

     

    lebensborn-programlebensborn-program

     

    Certes, on connaît les Lebensborn ["fontaines de vie"] où des femmes allemandes venaient mettre au monde, dans les maternités SS, des enfants pour le IIIème Reich, pour que le régime d'Hitler dispose de bras dans les usines et de chair à canon sur les champs de bataille.

     

    Mais ce que décrit Gitta Sereny c'est l'enlèvement délibéré, dans des familles russes ou polonaises, d'enfants dont l'apparence "aryenne" pouvait convenir au dogme racialiste et convaincre les familles adoptantes que leur progéniture provenait bien de familles allemandes vivant, opprimées, dans ces contrées ennemies.

     

    L'objectif était double :

    appauvrir la démographie des pays conquis et renouveler la population germanique. Ces enfants passaient aussi par les Lebensborn, qui accueillirent 250 000 enfants de l'Est afin de les germaniser et, après tri et soins,

    les redistribuer à des familles allemandes.

    Gitta Sereny, d'origine hongroise, ayant vécu son enfance à Vienne, puis suivi des études à Londres, assista au Congrès nazi de Nuremberg en 1934 suite à un incroyable hasard (son train était tombé en panne dans cette ville). Elle n'a alors que 13 ans et est fascinée par le décorum :

     

    elle l'avoue tout en disant sa honte d'avoir pu éprouver un tel sentiment.

     

    Quatre ans plus tard, de retour à Vienne, elle est là quand le Führer, après l'Anschluss, prononce un discours tonitruant dans la capitale autrichienne.

    Après avoir vécu à Paris où elle exerce pendant l'Occupation une fonction d'infirmière bénévole dans une organisation humanitaire, L'Auxiliaire sociale, et participe à des actes de Résistance, elle quitte Paris en 1942 pour New-York. Elle revient en Europe dans les bagages de l'armée américaine, au titre de l'UNRRA, l'Administration des Nations Unies pour le secours et la reconstruction, chargée de la protection de l'enfance.

    "Protection de l'enfance" dans l'Allemagne vaincue

    Sa première mission consiste à soigner des enfants du camp de concentration de Dachau, récemment libéré. Il s'agissait d'enfants de toutes nationalités, même des Allemands, mais très peu de Juifs, déjà mis à mort.

     

    Les Allemands étaient pour la plupart des enfants d'officiers accusés de trahison, incarcérés ou exécutés.

     

    dans-l-ombre-du-reichdans-l-ombre-du-reich

     Gitta Sereny appartient à une équipe de spécialistes dans l'accompagnement d'enfant souffrant de troubles affectifs graves, mais cette équipe ne se contente pas de faire dans la protection sociale :

     

    elle est amenée à dénoncer des criminels de guerre, des anciens gardiens SS, qui se cachent dans les camps de personnes déplacées.

     

    Un de ces camps, où Gitta va intervenir, est celui de Regensburg, qui abrite 20 000 hommes, femmes et enfants, anciens travailleurs-esclaves du Reich,

     

    forcés ou volontaires, venus de Pologne, d'Ukraine, des Pays Baltes, de Yougoslavie et de Grèce.

     

     

     

    Sont recueillis là, également, des mineurs isolés,

    qui après le démantèlement des camps de concentration, ayant perdu leurs parents,

     

    "formèrent des bandes et écumèrent les campagnes en volant et en semant la destruction, tant chez les Allemands qu'ils haïssaient que chez les Alliés".

     

    Si aucun enfant juif ne survécut aux camps d'extermination, tels que Chelmno, Belzec, Sobibor et Treblinka, beaucoup avaient été cachés par des familles allemandes catholiques ou protestantes, et à la fin de la guerre avaient vagabondé dans les campagnes.

     

    Considérés comme des "animaux humains" par les Nazis, beaucoup de ces jeunes en errance refusaient toute solution de mise à l'abri.

     

    Il était difficile de les récupérer et aussi de les punir, car leur destinée tragique, selon Gitta Sereny, les sanctifiait et empêchait toute sanction.

     

    Il fallut attendre l'été 1945 pour que des travailleurs sociaux juifs venus des USA parviennent à les apprivoiser et à les

    convaincre de les suivre en Amérique ou en Israël.

    Quant aux autres, Gitta Sereny raconte qu'une Agence centrale de recherche recevait, en provenance de Pologne, d'Ukraine ou des Pays Baltes, des milliers de clichés d'enfants, avec indication de date et des conditions de leur disparition.

    Des "agents enquêteurs de l'aide à l'enfance"

     

    furent chargés d'effectuer les recherches.

     

    Quiconque, suspecté, ne collaborait pas aux enquêtes pouvait être sévèrement puni (l'avis officiel précisait : "à l'exclusion de la peine de mort").  

    Les Soviétiques, de leur côté, voulaient récupérer les enfants russes qui séjournaient dans les maisons d'enfants ou qui avaient été adoptés par des familles allemandes.

     

    C'est ainsi que Gitta raconte l'histoire de deux enfants de six ans

    qu'elle nomme "Johann" et "Marie" :

     

    un couple de paysans, ayant perdu leur fils dans les combats sanglants de Stalingrad, avait recueilli ces deux enfants trois ans et demi plus tôt.

    La famille, grand-père compris, se ligue pour expliquer que ces enfants

    ne peuvent être "de l'Est", sous-entendu de ces dégénérés polonais :

     

    "il suffit de les regarder" !

     

    Mais les vrais parents, des jeunes fermiers de Lodz, non seulement reconnurent leurs enfants mais donnèrent une précision imparable (un petit grain de beauté,

    qui, s'il avait été à peine plus gros, aurait, d'emblée,

    empêché à l'enfant d'être adoptée, car indigne d'être "germanisée").

     

    Gitta Sereny dut enlever ces deux enfants à ce couple pour les rendre à leurs parents.

     

    Des drames de cette sorte (car ces enfants arrachés à leurs "parents", le plus souvent, avaient perdu leur langue maternelle et ne se souvenaient plus du passé)

    eurent lieu par milliers.

     

     

     

     

    Dans cet ouvrage, Gitta Sereny aborde bien d'autres sujets :

    comme l'état d'esprit des jeunes Allemands à la fin des années 60 par rapport à ce passé de leurs parents ayant collaboré avec le pouvoir nazi, en ayant été

    complices ou en l'ayant toléré.

     

    Ces textes fourmillent d'informations, de réflexions, de questionnements, de réponses à de nombreuses interrogations, le tout par l'entremise d'une écriture captivante, fluide et par une maîtrise parfaite de la construction d'ensemble.

     

    Elle ne s'attarde pas sur certains aspects de sa vie exceptionnels.

     

    Par ailleurs, elle passe de New York à l'Allemagne occupée d'un trait de plume.

    Gitta Sereny et les enfants volés du Reich

     

     

    Elle était l'épouse d'un grand photographe, Don Honeyman, qui travaillait à Vogue et au Daily Telegraph, mais surtout connu pour avoir fait le célèbre poster avec la photo de Che Guevara sur fond rouge.

     

     

    (1) Les Lebensborn : voir Lebensborn, la fabrique des enfants parfaits, Enquête sur ces Français nés dans les maternités SS, de Boris Thiolay, Flammarion, 2012 (J'ai lu) et Au nom de la race, de Marc Hillel, Fayard, 1975.

     

    Les maternités SS ne fonctionnaient pas uniquement pour

    les femmes allemandes vivant en Allemagne.

     

    Une personne de la région stéphanoise, ayant eu 20 ans le jour de la déclaration de guerre, en 39, m'a raconté jadis avoir eu une jeune collègue de travail, d'origine allemande, qui était partie en Allemagne le temps de faire un enfant pour le Führer.

     

    Dans l'ombre du Reich, enquêtes sur le traumatisme allemand (1938-2001),

    éd. Plein Jour, 2016.

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    Aujourd'hui on va parler de la Seconde Guerre mondiale et de la face cachée de celle-ci, mais aussi des camps de concentration.
     
    En effet, j'ai découvert dans ce documentaire, que le Troisième Reich a rapidement mis en place un système de bordels.
     
    On emprisonne des filles, puis on les prostitue. D'abord pour les militaires, ensuite pour les prisonniers de camp de concentration.
     
    Enfin, certains prisonniers...
     
    Voici l'Histoire.
     
     
    Les bordels nazis militaires
     
     
    La prostitution fait partie du milieu militaire depuis toujours. Les hommes partent à la guerre durant des mois, parfois des années, sans voir leurs épouses et pour éviter les insubordinations, les rebellions et autres révoltes, on tolère la présence de filles sur les camps, voire, on l'autorise et on met en place des bordels. C'est le cas dès 1939 pour la Wehrmacht et les SS, on appelle ça Soldatenbordell.
     
     
     
     
     
    Les bordels en Europe de l'est
     
    En Europe de l'est, on fabrique des bordels, on squatte un hôtel, un vieil immeuble, qu'importe tant qu'il y a des chambres et des meufs ! En Pologne, les filles dans les bordels ne sont pas des prostituées, ce sont des prisonnières. Elles sont rebelles, jeunes et opposées au régime... En 1941, le gouvernement polonais est en exil mais il veut démontrer la violence de la Wehrmacht, il décrit dans un document les rafles de jeunes filles polonaises ayant pour seul but la prostitution.
     
    Certaines ont tout juste 15 ans et sont envoyées dans tous les bordels nazis présents en Europe. Lorsqu'elles se révoltent, on les traîne par les cheveux, on leur casse un bras, et dans le pire des cas... Vous savez ce qu'il se passe.
     
    En URSS, c'est pareil. On choisit les filles parce qu'elles sont belles, parce qu'elles sont bien faites ou parce qu'elles sont vicieuses (entendre par là : soit prostituées soit lesbiennes).
     
    En 1942, il existe plus de 500 bordels dans le territoire européen occupé par les nazis.
     
     
    Et en France ?
     
    En Europe de l'ouest et principalement en France, les bordels sont réquisitionnés directement avec les filles dedans.
     
    A s'installer, autant garder les meubles hein. De toutes façons, pour ce genre de filles associales et perverses, c'est soit le bordel, soit le camp ! Il est évident que toutes les filles juives sont chassées des bordels.
     
    Au nom de la protection du sang et de la race.
     
     
     
    Ici, les soldats reçoivent des cartes de visite, en fait, il s'agit d'une sorte de guide touristique. Pour le bordel 1, tu prends la première (rue) à gauche, puis tu longes le boulevard. Pour le deuxième, tu marches 3 km et tu prends bien garde de pas coucher avec une autre meuf sur le trajet.
     
    Afficher l'image d'origine
     
    Eh oui, les soldats nazis n'ont pas le droit de pécho d'autres meufs que celles dans les bordels (du coup, elles peuvent recevoir plus de 20 soldats par jour...).
     
    Pourquoi ?
    Une question d'hygiène.
     
    Les filles dans les bordels sont contrôlées, soignées ou emprisonnées lors qu'elles sont malades, alors peu de risque de choper la syphilis.
     
     
     
    En revanche, dans les rues, tout le monde peut être malade, et on peut pas prendre le risque de disséminer une armée avec la chtouille.
     
    Ça fait grave désordre.
     
    D'ailleurs, toutes les femmes susceptibles d'avoir contaminé des soldats allemands doivent comparaître devant le conseil de guerre. Les prostituées doivent présenter une carte précisant leur statut de prostituée (au cas ou), et un préservatif.
     
    Préservatif que personne n'utilise car c'est aussi agréable que de baiser dans du carton.
     
    En 1941, une visite par semaine dans les bordels nazis est obligatoire pour les jeunes soldats.
     
     
    Parce qu'avoir la chtouille, c'est la honte, mais toucher les couilles de son copain nazi parce qu'on a trop la dalle, c'est vraiment pas tolérable !
     
    Photos d’un bordel à Brest, en 1942. On dirait que ça rigole bien, mais ça rigole pas toujours.
     
    Entre les bordels nazis et les bordels dans les camps de concentration (que nous allons découvrir),
     
    plus de 35 000 femmes européennes ont été forcées à se prostituer. Quand même hein...
     
     
    Les bordels dans les camps de concentration
     
    Si les bordels militaires sont connus, pas super super mis en avant, mais en tout cas de notoriété publique, ce n'est pas du tout le cas des bordels dans les camps de concentration. Les camps n'étaient pas que des camps d'extermination, il y avait aussi des camps de travail, des centres de recherches médicales et enfin, il existe aussi des blocs de prostitutions.
     
    Qui en a eu l'idée ? Qui sont les filles, et enfin, qui fréquentent les bordels dans les camps de concentration ?
     
     
     
     
    Les bordels nazis
     
    Les bordels dans les camps, c'est pas la grosse marade avec levrette et roulages de pelle qui terminent en histoire d'amour. Non, ce n'est pas ça. Le premier bordel a été mis en place en 1942, dans le camp de Mauthausen-Gusen, puis Auschwitz, puis Buchenwald, Neuengamme, Dachau, Dora-Mittelbau et puis tous les autres...
     
    Il s'agit de sorte de maisons au sein des camps.
     
    Des maisons entourées de fils barbelés, on compte une vingtaine de petites chambres dans chaque maison.
     
    Tout est surveillé par une surveillante, une Aufseherin, comme ils disent...
     
    Les hommes sont invités à rester seulement 15 ou 20 minutes dans la chambre avec les prostituées, ils payent 2 reichsmarks et n'ont droit qu'au missionnaire. Les gardes vérifient et peuvent intervenir en cas de non respect des règles.
     
     
    Les clients des bordels des camps
     
     
    Les clients des bordels nazis dans les camps de concentration sont des prisonniers, mais certainement pas les juifs. Plutôt les Kapo, ces allemands qui ont fait des conneries ou s'opposaient au régime, et se retrouvent internés, avec des privilèges que les juifs et les russes n'ont pas.
     
    Soit moins de 5% des prisonniers. Ils doivent s'inscrire sur un calendrier et attendre que la demande soit validée, ou non. Selon qu'ils ont bien gardé leurs prisonniers, ou non.
     
    L'accès au bordel est une sorte de récompense, mais aussi un moyen de tenir les rangs.
     
    Les kapos ont accès aux filles, ce sont des privilégies, alors les prisonniers ne peuvent pas les saquer, et ainsi, ça évite des manigances entre les mecs de la hiérarchie et les prisonniers.
     
    Moins de tentatives de rebellions, moins de répression, plus de travail. Bin oui, tout est bien pensé.
     
     
     
    Autre chose, il existe des clients forcés. Oui oui. Ceux dits au triangle rose.
     
    En effet, les prisonniers homosexuels sont obligés de rendre visite à une fille et à coïter une fois par semaine.
     
    C'est pour Himmler un moyen efficace de les guérir. Ben voyons.
     
     
    Les prostituées, contraintes et forcées
     
    Évidemment, les filles ne sont pas juives non plus.
     
    On ne mélange pas les torchons et les serviettes, même au bordel.... Il s'agit de filles entre 15 et 30 ans, dites anti-sociales, comme pour les bordels militaires.
     
    Des prostituées, des lesbiennes, des meufs un peu rebelles déjà emprisonnées dans les camps.
     
    Certaines se portent volontaires pour se prostituer, en effet, les nazis leur font miroiter une libération au bout de 6 mois de loyaux services. Mais que nenni.
     
    Les prostituées sont aussi les mieux portantes,
    car elles ont droit à un peu plus de nourriture et d'hygiène, et enfin, elles sont habillées en civil.
     
    Alors, ça fait rêver un peu.
     
     
    Mais rapidement, après leurs journées de travail « classique » dans le camp, les filles se retrouvent épuisées dans les bordels. Un homme, puis deux, puis trois puis...
     
    A la fin de la soirée, les prostituées sont humiliées, fatiguées, et mises de coté par certains autres prisonniers. C'est vrai, elles se retrouvent complices en quelques sortes....
     
    Et puis les filles qui ne sont pas choisies peuvent se montrer très violentes envers celles qui ont le privilège du quignon de pain en plus : passage à tabac, mutilation...
     
    Sans parler des essais de contraception, de stérilisations et des avortements forcés qui les mènent le plus souvent à la mort.
     
    Les maladies sexuelles sont aussi très présentes dans les bordels.
     
    Les prostituées sont généralement rapidement remplacées, car épuisées ou malades.
     
    Plus de 2000 filles ont ainsi été des prostituées de bordels nazis dans les camps de concentration.
     
    Certaines ont sans doute connu la libération, mais aucune d'entre elles ne s'est manifestée.
     
    De honte sans doute.
    Honte d'avoir espéré une vie meilleure, honte d'avoir été trahies, et salies.
     
    A la libération, aucune des femmes victimes de prostitution dans les bordels nazis n'a pu être aidée, reconnue.
     
    Pour se rendre compte des atrocités -pour beaucoup inconnues- commises lors de la Seconde Guerre mondiale, je vous invite à lire l'article sur la famille Ovitz.
     
    Une famille composée de nains, juifs, ou encore celui sur Aktion T4, visant à l'élimination des handicapés et autres..
     
     
     
     
     
     
     
     
     Aujourd'hui on va parler de la Seconde Guerre mondiale et de la face cachée de celle-ci, mais aussi des camps de concentration. En effet, j'ai découvert dans ce documentaire, que le Troisième Reich a rapidement mis en place un système de bordels. On emprisonne des filles, puis on les prostitue. D'abord pour les militaires, ensuite pour les prisonniers de camp de concentration. Enfin, certains prisonniers... Voici l'Histoire.

    Les bordels nazis militaires
    La prostitution fait partie du milieu militaire depuis toujours. Les hommes partent à la guerre durant des mois, parfois des années, sans voir leurs épouses et pour éviter les insubordinations, les rebellions et autres révoltes, on tolère la présence de filles sur les camps, voire, on l'autorise et on met en place des bordels. C'est le cas dès 1939 pour la Wehrmacht et les SS, on appelle ça Soldatenbordell.


    Les bordels en Europe de l'est
    En Europe de l'est, on fabrique des bordels, on squatte un hôtel, un vieil immeuble, qu'importe tant qu'il y a des chambres et des meufs ! En Pologne, les filles dans les bordels ne sont pas des prostituées, ce sont des prisonnières. Elles sont rebelles, jeunes et opposées au régime... En 1941, le gouvernement polonais est en exil mais il veut démontrer la violence de la Wehrmacht, il décrit dans un document les rafles de jeunes filles polonaises ayant pour seul but la prostitution. Certaines ont tout juste 15 ans et sont envoyées dans tous les bordels nazis présents en Europe. Lorsqu'elles se révoltent, on les traîne par les cheveux, on leur casse un bras, et dans le pire des cas... Vous savez ce qu'il se passe. En URSS, c'est pareil. On choisit les filles parce qu'elles sont belles, parce qu'elles sont bien faites ou parce qu'elles sont vicieuses (entendre par là : soit prostituées soit lesbiennes).

    En 1942, il existe plus de 500 bordels dans le territoire européen occupé par les nazis.

    Et en France ?
    En Europe de l'ouest et principalement en France, les bordels sont réquisitionnés directement avec les filles dedans. A s'installer, autant garder les meubles hein. De toutes façons, pour ce genre de filles associales et perverses, c'est soit le bordel, soit le camp ! Il est évident que toutes les filles juives sont chassées des bordels. Au nom de la protection du sang et de la race.

    Ici, les soldats reçoivent des cartes de visite, en fait, il s'agit d'une sorte de guide touristique. Pour le bordel 1, tu prends la première (rue) à gauche, puis tu longes le boulevard. Pour le deuxième, tu marches 3 km et tu prends bien garde de pas coucher avec une autre meuf sur le trajet. Eh oui, les soldats nazis n'ont pas le droit de pécho d'autres meufs que celles dans les bordels (du coup, elles peuvent recevoir plus de 20 soldats par jour...). Pourquoi ? Une question d'hygiène. Les filles dans les bordels sont contrôlées, soignées ou emprisonnées lors qu'elles sont malades, alors peu de risque de choper la syphilis. En revanche, dans les rues, tout le monde peut être malade, et on peut pas prendre le risque de disséminer une armée avec la chtouille. Ça fait grave désordre. D'ailleurs, toutes les femmes susceptibles d'avoir contaminé des soldats allemands doivent comparaître devant le conseil de guerre. Les prostituées doivent présenter une carte précisant leur statut de prostituée (au cas ou), et un préservatif. Préservatif que personne n'utilise car c'est aussi agréable que de baiser dans du carton. En 1941, une visite par semaine dans les bordels nazis est obligatoire pour les jeunes soldats. Parce qu'avoir la chtouille, c'est la honte, mais toucher les couilles de son copain nazi parce qu'on a trop la dalle, c'est vraiment pas tolérable !


    Photos d’un bordel à Brest, en 1942. On dirait que ça rigole bien, mais ça rigole pas toujours.
    Entre les bordels nazis et les bordels dans les camps de concentration (que nous allons découvrir), plus de 35 000 femmes européennes ont été forcées à se prostituer. Quand même hein...

    Les bordels dans les camps de concentration
    Si les bordels militaires sont connus, pas super super mis en avant, mais en tout cas de notoriété publique, ce n'est pas du tout le cas des bordels dans les camps de concentration. Les camps n'étaient pas que des camps d'extermination, il y avait aussi des camps de travail, des centres de recherches médicales et enfin, il existe aussi des blocs de prostitutions. Qui en a eu l'idée ? Qui sont les filles, et enfin, qui fréquentent les bordels dans les camps de concentration ?


    Les bordels nazis

    Les bordels dans les camps, c'est pas la grosse marade avec levrette et roulages de pelle qui terminent en histoire d'amour. Non, ce n'est pas ça. Le premier bordel a été mis en place en 1942, dans le camp de Mauthausen-Gusen, puis Auschwitz, puis Buchenwald, Neuengamme, Dachau, Dora-Mittelbau et puis tous les autres... Il s'agit de sorte de maisons au sein des camps. Des maisons entourées de fils barbelés, on compte une vingtaine de petites chambres dans chaque maison. Tout est surveillé par une surveillante, une Aufseherin, comme ils disent... Les hommes sont invités à rester seulement 15 ou 20 minutes dans la chambre avec les prostituées, ils payent 2 reichsmarks et n'ont droit qu'au missionnaire. Les gardes vérifient et peuvent intervenir en cas de non respect des règles.

    Les clients des bordels des camps
    Les clients des bordels nazis dans les camps de concentration sont des prisonniers, mais certainement pas les juifs. Plutôt les Kapo, ces allemands qui ont fait des conneries ou s'opposaient au régime, et se retrouvent internés, avec des privilèges que les juifs et les russes n'ont pas. Soit moins de 5% des prisonniers. Ils doivent s'inscrire sur un calendrier et attendre que la demande soit validée, ou non. Selon qu'ils ont bien gardé leurs prisonniers, ou non. L'accès au bordel est une sorte de récompense, mais aussi un moyen de tenir les rangs. Les kapos ont accès aux filles, ce sont des privilégies, alors les prisonniers ne peuvent pas les saquer, et ainsi, ça évite des manigances entre les mecs de la hiérarchie et les prisonniers. Moins de tentatives de rebellions, moins de répression, plus de travail. Bin oui, tout est bien pensé.

    Autre chose, il existe des clients forcés. Oui oui. Ceux dits au triangle rose. En effet, les prisonniers homosexuels sont obligés de rendre visite à une fille et à coïter une fois par semaine. C'est pour Himmler un moyen efficace de les guérir. Ben voyons.

    Les prostituées, contraintes et forcées
    Évidemment, les filles ne sont pas juives non plus. On ne mélange pas les torchons et les serviettes, même au bordel.... Il s'agit de filles entre 15 et 30 ans, dites anti-sociales, comme pour les bordels militaires. Des prostituées, des lesbiennes, des meufs un peu rebelles déjà emprisonnées dans les camps. Certaines se portent volontaires pour se prostituer, en effet, les nazis leur font miroiter une libération au bout de 6 mois de loyaux services. Mais que nenni. Les prostituées sont aussi les mieux portantes, car elles ont droit à un peu plus de nourriture et d'hygiène, et enfin, elles sont habillées en civil. Alors, ça fait rêver un peu.

    Mais rapidement, après leurs journées de travail « classique » dans le camp, les filles se retrouvent épuisées dans les bordels. Un homme, puis deux, puis trois puis... A la fin de la soirée, les prostituées sont humiliées, fatiguées, et mises de coté par certains autres prisonniers. C'est vrai, elles se retrouvent complices en quelques sortes.... Et puis les filles qui ne sont pas choisies peuvent se montrer très violentes envers celles qui ont le privilège du quignon de pain en plus : passage à tabac, mutilation... Sans parler des essais de contraception, de stérilisations et des avortements forcés qui les mènent le plus souvent à la mort. Les maladies sexuelles sont aussi très présentes dans les bordels. Les prostituées sont généralement rapidement remplacées, car épuisées ou malades. Plus de 200 filles ont ainsi été des prostituées de bordels nazis dans les camps de concentration. Certaines ont sans doute connu la libération, mais aucune d'entre elles ne s'est manifestée. De honte sans doute. Honte d'avoir espéré une vie meilleure, honte d'avoir été trahies, et salies.

    A la libération, aucune des femmes victimes de prostitution dans les bordels nazis n'a pu être aidée, reconnue.

    Pour se rendre compte des atrocités -pour beaucoup inconnues- commises lors de la Seconde Guerre mondiale, je vous invite à lire l'article sur la famille Ovitz. Une famille composée de nains, juifs, ou encore celui sur Aktion T4, visant à l'élimination des handicapés et autres...
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  • Mon grand-père était un soldat allemand, et

    ma mère une enfant de la honte

     

    Ce n’est qu’à la mort de ma grand-mère, en 2005, que j’ai pu briser le secret porté par ma mère pendant 60 ans : elle était la fille d’un soldat allemand, prisonnier en France pendant la Seconde guerre mondiale.

     

    Paris sous l'occupation allemande, 1944 (LIDO/SIPA)

    Paris sous l'occupation allemande, 1944 (LIDO/SIPA).

     

    J’entreprends alors de retrouver la trace de mon grand-père. Je veux savoir qui il est, ce qu’il fait, est-il encore en vie ? On n’avale pas le non-dit, on le subit. Jusqu’à l’écœurement. Par sa faute, ma mère est le fruit d’un péché originel et moi, le ver obligé de tisser la toile de la vérité. Le grand absent. Le point d’interrogation que je souhaite transformer en exclamation.

     

    Vivre avec un fantôme

     

    J’envoie des mails en anglais à des administrations allemandes, en m’appuyant sur les adresses postales contenues dans ses lettres, seuls indices que j’avais de lui. Après quelques échanges, je le retrouve enfin, alors que pendant 60 ans, ce "Hans K." n’a été qu’un mystère, un inconnu, un simple nom.

     

    J’apprends qu’il est décédé en 1962, soit quand ma mère avait 15 ans. Elle a vécu toute sa vie avec un fantôme. Je fais ces recherches pour trouver des réponses, je me retrouve avec davantage de questions. Je ne saurai jamais s’il avait entrepris des démarches de son côté pour retrouver ma mère. J’apprends que sa femme, en Allemagne, attend un deuxième enfant au moment même où ma grand-mère était enceinte.

     

    J’ai écrit une lettre à sa fille née la même année que ma mère, Irene. Ça a été un choc pour elle, elle ne connaissait pas cette histoire. Quatre ans plus tard, je suis toujours en contact avec cette dernière. On m’a reproché de m’imposer dans une vie, de ne chercher qu’à me décharger. J’ai voulu prouver que ma démarche a eu un côté positif. Irene m’a assuré que mon existence a enrichi sa vie : c’est un secret de famille qui se finit bien.

     

    "Fille de Boche"

     

    Ma mère a été élevée dans le secret de ses origines, et en a été très fragilisée. Elle a été abandonnée par ma grand-mère et élevée par ses grands-parents. Dans les cours de récré, on la traitait de "fille de Boche". J’ai grandi seule avec elle, j’étais la fille qui sèche les larmes de sa mère.

     

    Ma grand-mère est morte avec des souvenirs encombrants qu’elle a tout fait pour garder enfouis jusqu’à la fin. Si elle a gardé son secret jusqu’au bout, nous, la deuxième génération, devons nous libérer de tout ça. Aujourd’hui, peu importe le passé militaire de mes aïeux, je n’ai pas à baisser les yeux. C’est leur histoire, pas la mienne.

     

    Femmes tondues à La Libération, à Paris, dans la rue de Passy, le 25 aout 1944 (LIDO/SIPA).

    Femmes tondues à la Libération, à Paris, dans la rue de Passy, le 25 août 1944 (LIDO/SIPA).

     

    Il n’y a pas de honte à avoir être la petite fille d’un soldat allemand de la Wehrmacht et d'une Française à un poil d’être tondue. Ce qui est honteux, c’est d’avoir pour mère une victime non déclarée de la Seconde guerre mondiale.

     

    Dans les livres d’histoire, en effet, il n’y a pas de place pour les hommes et les femmes comme elle. A peine une note en bas de page et encore. Les enfants de la Wehrmacht n’existent pas. Personne ne veut se souvenir d’eux.

     

    Les enfants de la Wehrmacht oubliés

     

    Pour s’être approchées un peu trop de l’ennemi, quelque 20.000 Françaises ont subi l’une des pires humiliations publiques. Et ma grand-mère aurait dû en faire partie. De ces alliances maudites, 200.000 enfants seraient nés dans l’Hexagone. Un lourd héritage… partagé par de nombreux jeunes de ma génération.

     

    Combien le savent ?

    Mystère.

     

    Combien sont-ils ?

    Difficile à dire précisément.

     

    Si l’on se réfère aux statistiques françaises de natalité, nous sommes peut-être un peu plus de 400 000 aujourd’hui. C’est l’équivalent du nombre d’habitants à Lyon, troisième ville la plus peuplée de France… C’est énorme.

     

    Et personne ne parle de nous.

     

    Personne ne pense à nous comme autre clé possible au devoir de mémoire…

     

     

     

     

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/214055-mon-grand-pere-etait-un-soldat-allemand-et-ma-mere-une-enfant-de-la-honte.html

     

     

     

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