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Le système de répression allemand
1) Le système de répression allemandEn juin 1940, les autorités allemandes s'installent à Paris et mettent en place un important système administratif et répressif en zone occupée, représenté par un commandement militaire instauré pour le maintien de l'ordre et la répression.Ce commandement militaire (MBF) possède des unités chargées de veiller au respect de l'ordre, mais aussi une police secrète chargée des enquêtes (GFP), une police chargée d'arrêter les résistants (Abwehr) et des tribunaux de mort.Mais, à partir de mai 1942, le MBF cède ses pouvoirs aux services policiers de la SS.En effet, la SS, milice d'Adolf Hitler, possède différentes polices en Dordogne comme le Sipo-SD, police de sécurité dirigée par Michel Hambrecht, dans laquelle on retrouve la Kripo, police criminelle, et la Orpo, chargée du maintien de l'ordre.Doc.4: Michel Hambrecht, chef du Sd de Périgueux accompagné de collaborateursSource: Collection Hammertin in G. Penaud, Histoire de la Résisitance en Périgord, p.Doc.5: Des membres du SD accompagnés de leur traducteur Willy.En plus de l'administration, on trouve aussi des forces purement militairesde repression. Ainsi, à la caserne du 35ème régiment d'artillerie, se trouve une garnison composée essentiellemnt de "georgiens", en fait des prisonniers de l'armée russes enrôlés dans la Wehrmacht. A cela s'ajoutent les troupes de passage souvent en repos dans le Sud-Ouest après s'ête battues sur le front russes. Citons les divisions Wilde, Bode ou la Das Reich tristement célèbre.Surtout, avec l'augmentation des actions résistantes, vont être créées de véritables divisions dont la mission essentielle sera la répression des maquis:- La division Brehmer dont nous évoquerons plus tard l'action.- La brigade nord-africaine (Hilfspolizei): constituée de repris de justice et de nationalistes d'origine nord-africaine, une section se trouvait à Périgueux et servait aux missions de répressions organisées par les Allemands eux-mêmes. Ces officiers, d'origine française, peuvent porter l'uniforme allemand et les soldats un uniforme noire identique à la Milice mais avec un ceinturon de la Waffen-SS.Doc.6: Des membres de la brigade nord-afrcaine devant les locaux du SD à PérigueuxSource: G. Penaud, Histoire de la Résistance en Périgord, p.2) Le système de répression vichysteLe gouvernement de Vichy s'appuie alors sur trois administrations pour organiser la répression :l'administration préfectorale : des gens sont emprisonnés sans jugement, par décision du préfet (M. Popineau à partir de 1943), c'est l'internement administratif.l'administration policière : la Milice, force de répression vichyste la plus dangereuse est créée le 28/02/1943 avec pour chef Tomasi puis Victor Denoix. Son but est officiellement "le maintien de l'odre à l'intérieur". Les GMR (Gardes Mobiles de Réserve), c'est l'armée du régime de Vichy spécialisée dans la chasse aux résistants, et enfin la Gendarmerie avec la Garde pour traquer les résistants, le reste est pour ou contre la Résistance.l'administration judiciaire : elle s'appuie sur des lois de la IIIème République de juin à septembre 1939 qui réprimaient toutes actions d'espionnage, toutes atteintes à la sureté de l'Etat ou actions visant à soutenir les communistes alors ennemis de la France. Dés la defaite, la justice française est subordonnée à l'occupant allemand mais la collaboration se renforce en juillet 1942 avec les accords Bousquet-Oberg: la justice française s'engage à "livrer à l'occupant toute personne dont il juge pouvoir tirer des renseignements ou dont les actes sont considérés attentatoires aux troupes d'occupation".Les prisons ou centrales: avec des lois vagues et la superposition de deux justices (allemandes et françaises), les prisons se sont vites retrouvées en saturation comme le montre le graphique ci-dessous sur la centrale d'Eysses dans le Lot-et-Garonne:Doc.7: L'augmentation des prisonniers dans la centrale d'Eysses pendant la guerre.Source: C. Jaladieu, La prison politique sous Vichy, p.34Doc.8: La centrale d'Eysses à Villeneuve sur Lot (47), principale prison des résistants en 1943-1944.Source: C. Jaladieu, La prison politique sous VichyLes conditions de détentions y sont épouvantables et les centrales sont rapidement inadaptées pour recevoir un tel nombre de détenus.3) Les logiques de répressionEn Dordogne, la répression tout comme la Résistance ont évolué en fonction du contexte de la guerre et aussi en fonction des politiques allemande et collaboratrice.1943:Ainsi, à partir de 1943, la collaboration se renforce avec le ministre Laval et le STO(service du travail obligatoire) est crée. Les réseaux de Résistants reçoivent alors de plus en plus de réfractaires et se structurent en maquis.En réaction, le SD met en place l'ORI (office de recherche et d'informations) dirigé par Lapuyade dont le but est de mettre en place une véritable service d'espionnage et de délation qui aboutit à l'arrestation de Raymond Berggren, chef de l'Armée Secrète (AS). On assiste alors à une véritable guerre entre Français avec d'un côté "les forces de l'ordre" de Vichy et "les terroristes" de la Résitance.En octobre 1943, les résistants attaquent le SD de Périgueux et un certain Robert Mathé tue sur la route de Cadouin l'adjudant-chef allemand Munch. Dans une logique d'action/réaction, le village de Cadouin est encerclé le lendemain de l'assassinat et le père de Robert Mathé déporté. A cela s'ajoutent les couvre-feux de 20h à 6h pour contrôler les mouvements de population.La lutte armée s'engage alors. Par exemple, le 3 novembre 1943, le 6ème escadron de la Garde et le GMR du Périgord organisent une opération de ratissage à Saint-Vincent-de-Connezac, au lieu-dit «Le Maine du Puy», où se sont réfugiés des membres de l'Armée Secrète. Le camp est attaqué de vive force pendant vingt minutes. On relève deux blessés chez les assaillants. Les maquisards comptent trois blessés et un mort.Il faut noter ici le poids de la délation (ou dénonciation) qui a permis aux services des SD et de la Milice de retrouver les maquis et de constituer rapidement les listes rassemblant les Juifs, les communistes et les dissidents. Ceci explique pourquoi les résistants multiplie les actions visant les collaborateurs comme Victor Denoix par exemple dont la femme est enlevée.1944:L'Allemagne nazie connait de nombreuses défaites en Europe et son action se renforce contre la Résistance. De son côté, Vichy a renforcé sa collaboration et désire aller "jusqu'au bout".L'armée allemande prend de plus en plus conscience de l'importance de la réistance en Dordogne et décide de marquer les esprits. En mars 1944 proche de Brantôme, une traction conduisant des officiers allemands est attaquée par le maquis. La réponse est brutale et violente comme le montre ce récit:Mais les nazis, se refusant à admettre l’échec militaire vont, comme ils en ont maintenant pris l’habitude, se retourner contre de paisibles citoyens, semant la mort et la terreur suppliciant notamment une cargaison d’otages amenés de Limoges...Le maire étant accouru, il est aussitôt traité avec sauvagerie. Jeté lui aussi à terre, roué de coups de pieds, il est accusé de complicité avec les "terroristes ". Alors qu’il se relève le visage tout ensanglanté le septuagénaire est contraint de participer au chargement des cadavres dans la voiture ambulance que le sous-chef des pompiers, Roger Dujarry, conduira sous bonne escorte, jusqu’au chef-lieu du département.Emmené comme otage, M. Duvillard s’entend prédire son exécution imminente ainsi que la destruction de la ville... Puis le sinistre cortège repart vers Périgueux tandis que l’inquiétude gagne. La nuit passera sans autre alerte mais, le lendemain après-midi, une terreur décuplée s’abat soudain sur la paisible bourgade,Mettant leurs menaces à exécution, les nazis commencent à lâcher dans les rues plusieurs dizaines de cruels mercenaires arrivés récemment en Dordogne. Il s’agit des troupes de la "phalange nord-africaine ". En réalité des individus des bas-fonds, de nationalités diverses, sans foi ni loi, truands prêts à toutes les besognes, tueurs sans pitié et unis par une même idéologie celle de l’argent et du pillage. Entièrement au service de la Gestapo et de ses œuvres les plus basses.Cette "phalange " a son siège à Tulle depuis le mois de février et son chef, Lafont, a constitué des groupes de 36 hommes, détachés là où la Gestapo les réclame. A Périgueux, l’un de ceux-ci, commandé par un ancien joueur de football nommé Villeplana, a fait son apparition dans la première quinzaine de mars et Brantôme va être le théâtre de ses exploits sanglants.Hambrecht, qui a la haute main sur la sinistre police nazie à Périgueux, dirige les opérations contre Brantôme, assisté par quelques-uns de ses collaborateurs. Il est appuyé par un sérieux encadrement de nationalité allemande et par un contingent de la Wehrmacht, placé en "couverture ".Se répandant dans les rues de la petite cité, les mercenaires et leurs gradés provoquent la panique et l’affolement, en tirant des rafales d’armes automatiques contre les façades des immeubles, les devantures de magasins... Les gens se réfugient là où ils peuvent, cherchant désespérément à se mettre à l’abri. Le jeune Naboulet, de Valeuil, qui court près du cinéma, est tiré comme un lapin et une balle lui déchire la jambe.Ayant semé la panique et la peur durant de longues minutes les hommes de main aux uniformes foncés vont se livrer à leur sport favori la mise à sac sans retenue et le viol lorsque l’occasion s’en présente. Les vautours savent qu’ils ont toute licence et l’encadrement allemand assiste avec satisfaction aux plus horribles scènes, lorsqu’il n’y participe pas lui-même.De nombreux habitants sont dépouillés de leurs bijoux et argent liquide. Des objets de valeur sont entassés dans une camionnette, L’opération est accompagnée de beuveries car il y avait encore de bonnes bouteilles au fond des placards... Plusieurs femmes ou jeunes filles subissent des violences sexuelles. Parmi elles l’épouse d’un prisonnier de guerre qui appellera en vain au secours, Chacun se demande avec angoisse quand ce cauchemar prendra fin, car cela fait plus de deux heures que l’essaim criminel s’est abattu sur la ville,Après le pillage, le massacre annoncé va-t-il commencer ? Tout le laisse craindre. Un réfugié alsacien, Jules Kichler, âgé de 47 ans, ne vient-il pas d’être sommairement abattu. Il agonisera longtemps dans une mare de sang, au vu de plusieurs personnes, parmi lesquelles des enfants, Le lendemain, le corps de ce malheureux sera jeté dans les flammes de son domicile incendié,Pendant ce temps, le maire, ligoté comme pour aller au supplice, a été ramené dans sa ville et il attend son sort à la gendarmerie...Mais voici que le diabolique processus est brusquement interrompu et la horde, vivement rappelée à coups de sifflets stridents. Que se passe-t-il ? L’épreuve prendrait-elle fin ? Un espoir auquel nul n’ose trop adhérer. Avec juste raison d’ailleurs comme la suite des événements va le montrer.Un autocar vient en effet de stopper à proximité du pont. A l’intérieur on distingue des passagers en civil et aussi des uniformes allemands. Mais le plus insolite, ce sont les deux automitrailleuses placées à l’avant et à l’arrière du bus. Et, lorsque les sinistres auxiliaires de Villeplana sont rameutés, ils grimpent dans le camion qui les avait amenés et celui-ci prend place à la suite du car et des véhicules de combat. Puis Le convoi s’ébranle en direction d’Angoulème..,Momentanément soulagée, la population n’apprendra la vérité que le lendemain. Ce cortège d’engins motorisés n’était qu’une horrible caravane funèbre. 25 hommes, condamnés à mort sans jugement, des Français patriotes comptant parmi les meilleurs, étaient ainsi acheminés sur le lieu du supplice, à I 500 mètres du bourg, au lieu-dit "les Fontaines Noires ". A proximité de l’endroit où les deux officiers nazis avaient été tués.Peu après-midi, en ce dimanche 26 mars, Ils avaient été extraits de la prison de Limoges où ils se trouvaient incarcérés sous toutes sortes d’accusations en rapport avec la Résistance. Depuis leur arrestation, effectuée presque toujours par les policiers ou miliciens de Vichy pourvoyeurs de la répression, ils s’attendaient au pire, même si la prison de Limoges ce n’était pas encore les camps de la mort.Source: Faucon Martial, Francs-Tireurs et Partisans en PérigordDe plus, les Nazis mettent en place des divisions spécialement créées pour combattre le maquis périgourdin. Parmi elle, la division Brehmer qui rase le village de Rouffignac le 2 avril 1944. Sa tactique, qui sera utilisée à Oradour sur Glane plus tard, consiste à terroriser la population afin de la retrouner contre la résistance.Doc.9 : Rouffignac après le 2 avril 1944source photo : Inconnucrédit photo : D.RLa milice, elle, utilise de plus en plus les techniques de l'armée allemande: pillage, vols, arrestations arbitraires et violence.Le 9 mai 1944, une grande opération est menée à Périgueux par le lieutenant-colonel Hachette. 200 Personnes sont arrêtées et rassemblées authéâtre rue Bodin: 95 sont internées au camp de Saint Paul d'Eyjeaux, 30 sont déportés et le reste envoyés à la base sous-marine de Bordeaux en travaux forcés. On peut noter que la Milice a toujours agi sans l'aide des nazis de manière indépendante.Après le débarquement en Normandie, la résistance multiplie les actions pour empêcher le retrait des forces allemandes vers le front plus au nord. Le 11 juin 1944, un train est attaqué par les FTP (Francs-tireurs et Partisans) àMussidan. La Wehrmacht répond en executant des otages dans la cour de la mairie.Doc.10: Les otages devant la mairie de Mussidan lors de la Rafle du 11 juin 1944. A l'arrière (bras sur la tête), lmes hommes qui seront fusillés le soir-même.Source: G Penaud, Histoire de la Résistance en Périgord, p.225A partir du 12 juin, Périgueux et Bergerac restent les deux seuls points contrôlés par les Allemands et Vichy. Dans un geste désespéré, ils mutiplient les executions et les violences. Saint Cyprien est pillé et incendié. Les maquis tentent alors de négocier la paix, 40 résistants sont fusillés à Périgueux entre le 12 et 17 août 1944 en guise de réponse de Vichy. Le 20 août, alors que Saint-Astier est quasiment au main des Résistants, l'armée allemande éxecutent 21 otages au lieu-dit les 4 routes pour punir la population de soutenir les libérateurs.Au final, on remarque que l'action répressive est un cercle vicieux. Plus il y a de répression, plus la résistance grandit. D'autre part, des moyens de lutte ressortent:- la lutte armée- la propagande: faire passer les résistants pour des terroristes organisés en "armée du crime" comme le montre la célèbre affiche rouge:- terroriser la population afin de la retourner contre la résistance et favoriser la délation.Mais au final, la résistance s'adapte tant dans son organisation (le triangle: un résistant ne connait qu'une faible partie du réseau auquel il appartient) que dans la stratégie de combat, la guerillsources :http://www.college-la-roche-beaulieu.fr/images/stories/pedagogie/histoiregeo/concoursresistance/ii__l_organisation_de_la_repression__060.htm« La montée en puissance de la Résistance en DORDOGNE Vers la Zone Libre et bientôt la Résistance armée »
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