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    Le 11 juin 1944 vécu par un jeune maquisard de 17 ans

      

    témoignage d’André Balès, alias « Mickey »

    (extrait)


    André Balès, alias Mickey, est originaire de Saint-Front-sur-Lémance, un petit village

    du Lot-et-Garonne situé à quelques kilomètres du département de la Dordogne,

    près de Biron et de Villefranche-du-Périgord.

      

    Il est âgé de 17 ans lorsqu’une unité SS de la Division Das Reich procède, le 21 mai 1944,

    à une grande rafle des habitants au village voisin de Lacapelle-Biron.

      

    André Balès décide alors de rejoindre le groupe Bayard, de l’Armée secrète,

     

    un maquis qui stationne à proximité.

      

    Il y reste peu de temps, car il découvre qu’il y règne une ambiance délétère à cause de la personnalité brutale de son chef Bayard, alias Charles Martin, dont on apprendra peu de temps après qu’il s’agit en fait d’un repris de justice qui a commis des crimes de droit commun sous couvert de Résistance. André Balès et d’autres camarades, qu’il a retrouvés chez Bayard,

     

    décident de quitter le groupe et de rejoindre les FTP du Mussidanais

    qui cantonnent dans le secteur depuis le mois de mai.

      

    C’est à Marminiac, dans le Lot, qu’ils entrent dans le groupe commandé par Robert Crouzille, alias Roland.

      

    À peine viennent-ils d’intégrer les FTP que le groupe apprend la nouvelle du débarquement allié en Normandie.

      

    Les résistants reçoivent alors l’ordre de leurs supérieurs de faire mouvement immédiat et de réintégrer leur secteur initial du Mussidanais.

      

    Dès que les maquisards arrivent, le 8 juin, au village de Saint-Georges-Blancaneix,

     

    ils sont engagés dans des combats au Fleix.

     

    André Balès y prend part, ainsi qu’à l’opération menée à Mussidan le 11 juin.

     

    Il évoque cette terrible journée ainsi que les conditions de vie précaires

     

    des maquisards dans leur camp.

     

     

     

     

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    Antoine Bourguilleau

     

     

    Dans la longue liste des villes et des villages martyrs du printemps et de l’été de la Libération, il n'y a pas eu qu'Oradour-sur-Glane et Tulle.

     

     

    Le 25 août, jour pour jour après la libération de Paris, Un hommage est rendu aux 124 victimes du village de Maillé (Indre-et-Loire).

      

    Les Français prenaient soudainement conscience que la Libération de la France, en 1944, s’était accompagnée de nombreux massacres.

      

    Le massacre d'Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944, avait-il donc tout écrasé?

     

    Le matin du 25 août 1944, tandis que Paris est sur le point d’être libéré, des soldats allemands encerclent le petit village de Maillé.

     

    Pendant un peu plus de deux heures, la soldatesque se déchaîne.

     

    Sur les 500 habitants, 124 seront tués, par balles, à la baïonnette ou par le feu.

     

    A midi, tout est fini, mais des sentinelles bloquent les accès et empêchent d’éventuels secours d’arriver.

     

    Une pièce d’artillerie de 88mm est déployée sur une hauteur et pilonne le village. Dans la nuit, des coups de feu sont tirés contre le village par des convois militaires allemands qui circulent à proximité.

     

    Entre les incendies et le bombardement, cinquante-deux des soixante maisons que compte le village sont détruites ou gravement endommagées.

     

    Les âges des victimes vont de trois mois à 89 ans.

     

    Les soldats allemands ont tué tout ce qui passait à leur portée: hommes, femmes, enfants, animaux domestiques.

     

     

    Comment expliquer Maillé?

     

    Qui est responsable?

     

    La justice allemande, par le biais du procureur de Dortmund Ulrich Maass, a ouvert une enquête en 2004, car en Allemagne, les crimes du IIIe Reich ont été déclarés imprescriptibles.

      

    S’il ne fait aujourd’hui plus guère de doute que parmi les assassins, on comptait des éléments de la 17e division de panzergrenadiers SS Götz von Berlichingen, si un certain Gustav Schlüter (l’orthographe de son nom varie) semble avoir joué un grand rôle dans cette triste affaire, la vérité sur les circonstances du massacre de Maillé seront-elles jamais connues?

     

     

     

      

      

    Ce que l’on en sait avec précision se résume aux témoignages bouleversants des rescapés qui décrivent un calvaire, des soldats déchaînés tuant de sang-froid.

      

    L’historien Sébastien Chevereau, responsable de la Maison du souvenir de Maillé, le déclarait devant les caméras d’Arte:

     

    «Tous les enfants de Maillé ont été tués à bout portant. Il n’y a pas eu de fusillés à Maillé, ce qui rajoute encore à l’horreur. Toutes les personnes, à Maillé, ont été tuées les yeux dans les yeux.»

     

    Mais quelle «justification» à ce massacre?

    Comment l’expliquer?

    Maillé est loin d’être un petit village tranquille.

      

    Sur le territoire de la commune passe en effet une ligne de chemin de fer stratégique pour les armées du Reich en pleine déconfiture:

      

    la ligne Bordeaux-Paris, dont les Allemands ont besoin pour évacuer leurs troupes menacées par la percée des Alliés au nord et par le débarquement de Provence.

      

    A plusieurs reprises, la Résistance a fait sauter des voies près de Maillé, peut-être un peu trop près du village, comme s’en accusera bien des années plus tard un ancien Résistant auprès du maire: simple exécutant alors, il lui dira qu’il se sent responsable des représailles allemandes.

     

    Mais ces plasticages répétés sont-ils la cause de la réaction des occupants?

      

    On rapporte aussi que, la veille du massacre, deux voitures allemandes en patrouille sur le territoire de la commune ont été prises pour cible par des résistants.

      

    Deux soldats SS ont été touchés.

    Tués?

    Grièvement blessés?

    Là aussi, c’est le mystère. Cette attaque a-t-elle déclenché le massacre?

    Les soldats n’étaient ils pas plutôt en repérage pour le massacre du lendemain?

     

    Encore aujourd’hui, on ignore les raisons précises de ce drame, ce qui ajoute encore à la souffrance. Ce qui est certain, c’est que 124 des 500 habitants de Maillé ont été tués un beau matin d’août 1944.

     

     

    Les terribles «exploits» de la Das Reich

    Au mois de juin, les soldats de la 2e division Panzer SS «Das Reich» s'étaient déjà tristement distingués. Le 9 juin, à Tulle, après la prise d’une partie de la ville par des résistants, les soldats —appuyés par des hommes de la Milice— prennent des otages et font bientôt savoir qu’ils vont en pendre 120, soit trois pour chaque soldat allemand tué lors de l’assaut de la ville la veille. Une pratique courante sur le front de l’Est.

    C’est une journée d’horreur. Les malheureux sont séparés en groupes de dix et pendus aux balcons de la ville, tandis que l’organisateur des massacres assiste aux pendaisons depuis la terrasse d’un café en trinquant avec ses subordonnés. Au final, 99 habitants de Tulle seront pendus.

      

    De nombreux autres seront déportés.

     

    Le lendemain, la même division commet le terrible massacre d’Oradour-sur-Glane. La justification? La Résistance aurait enlevé un officier du régiment «Der Führer». Les Waffen-SS auraient décidé de faire un exemple.

     

    Mais il semble que tout ceci ne soit qu’un prétexte, si tant est que l’enlèvement a vraiment eu lieu. Car la Das Reich est une unité d’un genre particulier, qui a servi sur le front de l’Est, y a été presque décimée à l’été 1943 et a été déplacée début 1944 dans la région de Montauban pour y être entièrement reconstituée.

     

    En juin 1944, elle manque encore cruellement de blindés et est donc déployée dans le Limousin pour lutter contre les partisans.

    Elle a commencé à le faire avant même le Débarquement. Une partie des soldats qui la composent a été habituée, en Russie, à ne pas faire dans le détail.

     

    A Oradour, elle tue 642 personnes. Les hommes sont fusillés et achevés sommairement. Les femmes et les enfants meurent dans l’église du village que les soldats ont tenté de faire sauter mais qui s’embrase. Le village est ensuite incendié.

     

     

    Inconscient collectif

    Comment expliquer que ce massacre d’Oradour-sur-Glane a écrasé, dans l’inconscient collectif, le massacre de Tulle et celui de Maillé?

      

    Ils ont pourtant bien des points communs: effectués par des unités de la Waffen-SS, le bras armé du régime nazi, ils ont un caractère méthodique, systématique et manifestement valeur d’exemple.

    L’objectif est moins de tuer des résistants que de provoquer un choc pour terroriser les populations civiles afin qu’elles se tiennent tranquilles.

    La première différence est naturellement, hélas, celle du nombre: aucun massacre effectué par l’armée allemande n’a eu une telle ampleur sur le sol français.

    La seconde est le choix qui a été fait de conserver «intactes», si l’on peut dire, les ruines d’Oradour-sur-Glane. A Tulle, les pendus ont été décrochés et ont reçu une sépulture, mais le souvenir de la tragédie y est resté vivace. A Maillé, le village a été reconstruit et sans oublier, les habitants ont voulu que la vie continue. Près de soixante-dix ans après, Oradour-sur-Glane a la même apparence que celle que le village avait le 10 juin au soir, après le massacre. A l’entrée du site, des panneaux invitent les visiteurs au silence. Il n’en est guère besoin: l’atmosphère est si pesante qu’il se fait tout seul.

    La troisième est que le massacre est bien documenté. On connaît les noms des responsables, les circonstances. On les connaît d’autant mieux qu’un retentissant procès s’est tenu en 1953 à Bordeaux, qui a vu une petite vingtaine de prévenus répondre des accusations portées contre eux, dont une quinzaine de «Malgré-Nous», ces Français d’Alsace-Moselle enrôlés de force dans la Wehrmacht (et parfois la Waffen-SS). Tous ces Alsaciens seront condamnés, le 12 février 1953, à des peines diverses (mort pour le seul engagé volontaire, peines de travaux forcés ou de prison pour les autres), provoquant une vague de protestation immense.

    En Alsace, on s’estime montrés du doigt, mis au ban de la communauté nationale et l’émotion est vive, relayée par les députés et maires. Dans le Limousin, on est indigné car on estime que tous les accusés auraient dû être condamnés à mort, une indignation qui sera renforcée par l’amnistie votée le 19 février 1953, libérant de fait les Alsaciens condamnés. Les Allemands, eux, seront bientôt libérés, le rapprochement franco-allemand paraissant à ce prix. Près de soixante-dix ans plus tard, la pilule ne passe toujours pas en Haute-Vienne.

    Une litanie de massacres

    Si, avec l’allocution qu’y prononça Nicolas Sarkozy, le 25 août 2008, les médias se sont emparés du sort de Maillé, ils ont fort peu insisté sur le fait que si Maillé était un autre Oradour, il y avait aussi d’autres Maillé.

    Qui sait que le 11 juin 1944, alors que les Alliés viennent de débarquer dans le village de Graignes, en Normandie, occupé par des parachutistes américains, des soldats de la 17e Panzergrenadier SS, après avoir repris la commune, massacrent 32 Américains et 31 civils accusés de leur avoir prêté main-forte?

    Qui a entendu parler du massacre d’Argenton-sur-Creuse, où 53 habitants et maquisards furent fusillés, encore une fois par les tueurs de la 2e Panzer-SS «Das Reich», le 9 juin 1944, le jour même du massacre de Tulle?

    Qui se souvient que la ville de Bagnères-de-Bigorre fit l’objet d’une opération punitive des Allemands, qui tuèrent 32 habitants de la ville en représailles à des actes «terroristes», le 11 juin 1944?

    Qui a tendu parler du massacre de Dun-les-Places, où 27 civils furent tués et le village partiellement détruit, le 27 juin 1944?

    Qui sait que le 11 juin 1944, à Mussidan, dans le département de la Dordogne, les Allemands fusillèrent 52 personnes en représailles à un sabotage sur la voie ferrée voisine?

    Qui connaît le massacre de Saint-Sixte, dans le Lot-et-Garonne, où quatorze tziganes, dont six mineurs, furent fusillés par une unité de SS qui pendit 11 personnes le même jour dans le village de Dunes?

    Qui se souvient de Vassieux-en-Vercors ou, à la fin du mois de juillet 1944, des Allemands débarqués par planeurs, appuyés par des Miliciens qui verrouillaient les accès, encerclèrent le village où se tiennent retranchés des Résistants et en tuèrent 101, ainsi que 73 civils, dont certains furent torturés avant d’être assassinés?

    Qui a entendu parler du massacre d’Ascq, dans le département du Nord, où, dans la nuit du 1er au 2 avril 1944, deux mois avant le Débarquement, des éléments de la 12e division de panzer SS Hitlerjugend, furieux que leur convoi ait été victime d’un attentat sur la voie ferrée près de la petite ville d’Ascq, pillèrent, brutalisèrent les populations et massacrèrent en tout 86 habitants, et en auraient sans doute massacré davantage si des autorités supérieures n’étaient pas intervenues pour mettre fin à la tuerie? Le massacre provoquera une grève immense (60.000 grévistes à Lille et ses environs), la plus importante qu’ait connu la France occupée.

    Un passé qui ne passe toujours pas

    La liste est longue et, pour ne parler que du printemps et de l’été 1944, le nombre des civils massacrés par des soldats allemands se chiffre en milliers. Mais comme en témoigne le massacre d’Ascq, l’armée allemande n’a pas attendu d’être en déroute pour s’adonner à des massacres sur le sol français (elle en commit d’ailleurs quelques autres en mai-juin 1940, au moment de la débâcle française).

    Les procès ont été rares, le gouvernement français ne s’étant guère montré empressé de trouver les coupables de ces massacres. Le fameux Gustav Schlüter, considéré longtemps comme responsable du massacre de Maillé, fut retrouvé et brièvement interrogé par des policiers français en 1950, à Hambourg. Il disparut ensuite de la circulation et se réfugia en RDA. Un procès se tint à huis-clos en 1952 et Schlüter fut condamné à mort par contumace. Les habitants de Maillé ne furent informés de la tenue de ce procès que des années plus tard.

    La procédure enclenchée en Allemagne il y a plus de cinq ans piétine. Si environ 300 soldats qui auraient pu participer au massacre ont pu être identifiés, le fameux Schlüter est mort depuis longtemps et son supérieur hiérarchique aussi.

    A Maillé, on espère qu’un jour un responsable ou un participant voudra soulager sa conscience avant de disparaître.

     

    Cela n’en prend guère le chemin.

     

    L’un des responsables de l’amicale des anciens de la 17e PzGr SS n’a récemment pas hésité, devant les caméras de la télévision française, à attribuer les 124 morts à un bombardement des Alliés.

      

    Alors à Maillé, comme à Ascq, à Graignes, à Dun-les-Places ou à Argenton-sur-Creuse, chaque été, même si les rangs des survivants se clairsèment, on serre toujours les poings. Parce qu’il est impossible de pardonner à ceux qui ne demandent pas pardon.

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    Malheur aux vaincus, tel est le mot d'ordre de l'été 44, dans une France tout juste libérée. Il suffit d'avoir eu des contacts, pas forcément intimes, avec des militaires allemands, d'être victime de la délation qui prolifère, pour aller au pilori.

      

    Taxées de collaboration horizontale, des femmes par milliers sont promenées dans les rues, la plupart tondues, quelquefois nues, sous les huées d'une foule haineuse.

     



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    Source : http://www.histoire-en-questions.fr/deu ... ncues.html

    Le lynchage ...



    Cette répression improvisée prend parfois un tour plus tragique. Sans s’embarrasser de scrupules juridiques, certains résistants assassinent des victimes convaincues

      

    – parfois sans preuves matérielles – de collaboration.

      

    Dès la Iibération de Cavaillon, par exemple, un imprimeur qui a travaillé pour les Allemands est passé par les armes.

     

    Dans cette même ville, deux jeunes miliciens sont fusillés le 1er novembre 1944, bien que le préfet et le président du Comité de Libération aient tenté de s’interposer.

     

    Circonstance aggravante, un lynchage a précédé leur exécution.

     

    Dans le Midi, les manifestations de joies ou de colère sont évidemment plus colorées, mais aussi plus cruelles que dans le Nord.

     

     


    A Sarlat, note un témoin, une sorte de folie règne partout.

      

    La contrepartie du régime d'occupation est terrible.

     

    Les femmes qui ont "été" avec les Allemands souffrent le plus.

     

     

    Nues jusqu'à la ceinture, une croix gammée douloureusement tatouée

    ou scarrifiée, sur la poitrine, elles sont promenées dans la ville.

     

    On leur coupe les cheveux à ras. Le cuir chevelu avec, car le sang coule.



    A Perpignan, quatre mille suspects sont soumis à des traitements horribles.

     

     

    L'abbé Niort, de Tantavel, âgé de 65 ans, a le thorax enfoncé et les côtes cassées.

      

    On lui arrache les ongles, les cheveux et des morceaux de chair avec des tenailles.


    Condamné par une cour martiale, on doit lui faire des piqûres pour qu'il tienne jusqu'au poteau.

    Dès qu'il s'effondre, la foule se précipite sur son cadavre.

    Des femmes frappent le mort.

    D'autres urinent sur lui.

    Quelques mois plus tard, l'abbé sera réhabilité à titre posthume.

     

     

     


    A Aix-en- Provence, sur le majestueux cours Mirabeau, les cadavres de trois jeunes miliciens pendus se balancent plusieurs jours.

     

    Dessous, on fait défiler les enfants des écoles.

    Il n'est jamais trop tôt pour apprendre.



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    Source : http://www.histoire-en-questions.fr/deu ... resud.html




    Massacres à Nîmes ...

    A Nîmes, le maître des cérémonies est le commandant Boulestin, de son vrai nom, Teussier, ivrogne notoire qui, jusque-là, vendait des cacahuètes et des lacets dans les rues.

    Il se déplace en voiture sur laquelle il a fait peindre son nom de guerre en lettres énormes.


    Le noyau des F.T.P. de la ville est constitué d'Espagnols rouges, d'Indochinois du Mouvement Ouvrier International et de Russes de l'armée Vlassov qui ont changé de camp.


    L'exploit principal de Boulestin est l'organisation des tueries sur la place des arènes de NÎmes, le 28 août 1944.



    Ce jour-là, il prend livraison de neuf miliciens à la prison populaire. Il les fait aligner les bras levés, puis il organise un défilé à travers la ville.

      

    On jette sur les malheureux des détritus et on les frappe. Un haut-parleur convie les honnêtes citoyens à participer aux réjouissances. Arrivés aux arènes, les suppliciés sont collés au mur.

    Couvrant les cris de la foule, les fusils crépitent. Des énergumènes se précipitent. Ils écrasent les corps à coups de talon.


    Des femmes hystériques trempent leur mouchoir dans leur sang. La scène dure deux bonnes heures.


    C'est là que sera exécuté dans d'atroces conditions, Angelo Chiappe, préfet régional d'Orléans, ancien préfet de NÎmes où, à la Libération, on le réclama.


    A partir du 9 septembre, toujours à Nîmes, une cour martiale juge les suspects par paquets de 20.

    La foule se rue sur les accusés à leur arrivée pour les frapper.

    Ce jour-là, il y a 6 exécutions. Le 11 septembre, on en tue 5 autres, ainsi que le 14 et le 18. On exécute aussi en dehors de cette procédure. On exécute après un simulacre de jugement le président du Tribunal de Nîmes, le préfet de la Lozère, Dutruch, ou le commandant de gendarmerie Brugnère, que l'on réhabilitera ensuite.


    Les corps des victimes sont entreposés dans la cour du lycée avant d'être jetés à la fosse commune. On en dénombre parfois 34 ensemble.



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    Source : http://www.histoire-en-questions.fr/deu ... nimes.html

     

     




    Le petit Godard ...

    A Paris, il y a plusieurs prisons clandestines mais la geôle la plus sinistre est installée à l'Institut dentaire de l'avenue de Clichy, où sévissent d'authentiques truands, tel José Redrossa, et des spécialistes de la torture .

      

    L'un des anciens pensionnaires de l'établissement en a conté les scènes hallucinantes…


    Les F.T.P. ont amené Godard. Godard, c'était le jeune homme qui s'était jeté du second étage, la veille, parce qu'on le torturait trop. Il n'avait que vingt ans.

      

    Mais il avait appartenu à la L.V.F., le petit imbécile.

      

    Et les F.T.P. n'aimaient pas ça. Ils l'ont battu et torturé plusieurs fois, là-haut, au second étage, avec je ne sais quelle science chinoise.

      

    « C'était trop pour ce petit Godard de vingt ans.

    A un moment, sans doute, il n'a pu en endurer plus, de tout son corps d'enfant qui souffrait, qui saignait.


    Il a voulu s'échapper, n'importe comment. Il s'est jeté à travers la fenêtre, emportant au passage du bois, des vitres. Et ils l'ont ramassé en bas, les jambes brisées. Un d'eux l'a rapporté dans la salle, sur son épaule. Et les jambes de Godard lui pendaient dans le dos, comme des choses mortes.

    Ils l'ont jeté sur une paillasse, dans un coin. Il est resté là toute la nuit.

      

    Et ce fut une drôle de nuit.


    Personne n'a pu dormir. Les prisonniers jusqu'au matin ont entendu le petit Godard qui avait voulu fuir la torture et qui n'avait pas réussi. Il a souffert toute la nuit par ses jambes brisées. Il criait de douleur.


    Il appelait sa mère. Ou bien il râlait, longuement, comme s'il allait mourir. Nul ne l'a soigné, puisqu'il devait être fusillé au matin.

    C'eût été du temps perdu. Les F.T.P., parfois, en passant, le traitaient de salaud, et lui ordonnaient de se taire.


    Au matin, donc, ils l'ont amené jusqu'au mur, sur un brancard. Ils ont essayé de le mettre debout, de le faire tenir, tant bien que mal, en l'appuyant au mur, pour le fusiller, selon les règles. Mais le petit Godard s'est aussitôt effondré, sur ses jambes brisées. Alors ils l'ont remis sur le brancard et ils l'ont tué dessus.


    C'est ainsi qu'a fini de souffrir le petit Godard.



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    La chasse aux notables ...

     

    La liste serait interminable de ces notables ...assassinés en raison de leur fonction sociale : le général Nadal ; Lacroix, syndic de la corporation paysanne de Haute-Savoie ; Daniel Bedaux, ancien adjoint du général de Castelnau. Le baron Henri Reille-Soult, notable de la Vienne et authentique résistant, est assassiné le 19 octobre 1944.


    En Haute-Savoie, le comte de Sales est abattu en pleine rue, alors que deux gendarmes le conduisent au tribunal. Dans le Puy-de-Dôme, le grand aviateur Jean Védrines est abattu sous les yeux de sa femme et de ses enfants.

      

    Il avait été attaché pendant quelques semaines au cabinet du maréchal Pétain en1940...



    Le comte Christian de Lorgeril, âgé de 59 ans, combattant des deux guerres, est propriétaire d'un vaste domaine et d'un château historique. Sous le prétexte qu'il a toujours professé des idées monarchistes, les F.T.P. l'arrêtent le 22 août 1944. Complètement dévêtu, le malheureux est d'abord contraint de s'asseoir sur la pointe d'une baïonnette.


    Puis les tortionnaires lui sectionnent les espaces métacarpiens, et lui broient les pieds et les mains. Les bourreaux lui transpercent le thorax et le dos avec une baïonnette rougie au feu. Son martyre n'est pas fini.

    Il est plongé dans une baignoire pleine d'essence. Leur victime s'étant évanouie, ils le raniment en l'aspergeant d'eau pour répandre ensuite sur ses plaies du pétrole enflammé. Le malheureux vit encore. Il ne mourra que cinquante-cinq jours plus tard, dans des souffrances de damné.


    Les responsables de ce crime et de bien d'autres, commis notamment sur la personne de détenus à la prison de Carcassonne, seront traduits plus tard devant les juges. Trois furent condamnés à 10, 7 et 5 ans de prison. Les autres furent acquittés. Leurs avocats avaient invoqué les instructions du général de Gaulle comme les défenseurs de miliciens invoquèrent celles de Pétain.



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    Madame Polge ...

    Le procès de Mme Polge est un épisode culminant des journées nîmoises.

     

    Cette jeune femme très belle était devenue l'amie du commandant allemand de la place. Beaucoup de Nîmois eurent recours à elle pour arranger nombre d'affaires.

     

     

    Son procès est attendu par la population avec autant d’impatience qu'une corrida. L'accusée est condamnée à être tondue et promenée dans la ville avant d'être fusillée.

    La foule s'acharnera plusieurs heures sur son cadavre qui sera transpercé, de la manière qu'on imagine, avec un manche à balai.



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    Le salon de l'épicier ...

    Voici le « collabo » jeté dans une pièce qui a dû être le salon de l'épicier.

    S'y trouvent déjà un gendarme portant au front la mention « vendu », tracée à l'encre, un négociant de Marmande dont le visage tuméfié dit le traitement qu'il a da subir, trois dames légères au crâne rasé et un garçon de quatorze ans, qui s'est inscrit aux Jeunes du P.P.F.


    Au cours de la nuit, le « salon » reçoit un nouvel hôte.

     

    Un garagiste de La Réole.

     

    Il a été sérieusement tabassé pour avoir effectué des réparations aux voitures des officiers allemands.

     


    L'un de ses cousins, accusé d'avoir vendu sa marchandise aux occupants, a été, avec sa femme et son fils, collé à un mur et abattu à la mitraillette.

     

     

    Un des gardes-chiourme leur apporte du pain. Ce sera le seul ravitaillement durant les trois jours et les trois nuits passées dans cette première geôle.

     

    Le gardien leur annonce l'arrivée d'une grosse prise.

     

    Un dénonciateur capturé à Nérac. Vous allez entendre ce que vous allez entendre...


    L'homme est enfermé dans la cave. On entend les coups mats de gourdins et de nerfs de boeuf assenés sur son corps nu.

     

    Cela dure des heures.

    Parfois les hurlements cessent. Mais le supplice n'est pas achevé.

     

    De longs râles disent qu'il n'a pas fini de souffrir. Il sera achevé au matin.

     



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    Source : http://www.histoire-en-questions.fr/deu ... icier.html

     

     

     

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    1944-1945 : la Libération par le sexe ?

    1944-1945 : la Libération par le sexe ?

     

    le 15 juin 2013

    C’est l’une des pages sombres de la Libération de la France qui demeura longtemps un tabou. Il a fallu attendre longtemps avant que des historiens n’ouvrent le dossier – et encore étaient-ils pour la plupart américains, tel J. Robert Lilly

     

    (Taken by Force: Rape and American GIs in Europe during World War II) qui fit un certain bruit en France mais eut du mal à trouver un éditeur américain car il impliquait une “trop” grande proportion de noirs parmi les fauteurs. (publié en France en 2003, il ne paraîtra qu’en 2007 aux Etats-Unis). On l’aura compris, il s’agit du comportement des troupes alliées après leur débarquement en Normandie.

      

    Tous les libérés n’ont pas conservé un souvenir égal des libérateurs.

      

    Une étude paraît ces jours-ci aux Etats-Unis qui enfonce le clou en osant présenter des GI’s comme des « bandits », voleurs, pilleurs et violeurs :

      

    What Soldiers Do: Sex and the American G.I. in World War II France (University of Chicago Press). Son auteur Mary Louise Roberts enseigne l’histoire de France à l’université du Wisconsin (Madison). Elle en avait déjà donné un avant-goût fortement teinté d’esprit « gender » il y a plusieurs années dans une analyse déconstruisant les photos de GI’s accueillis par des baisers, et la situation de ce photojournalisme dans le registre de la propagande.

     

      

      

    A partir de recherches dans des sources de première main qui ont été manifestement peu consultées, et en tout cas rarement croisées avec des données analogues américaines, elle assure que la libération de la France a été “vendue” aux GI’S davantage comme une expédition érotique que comme un combat pour la liberté ;

      

    on conçoit dès lors que, dans certains endroits, leur passage ait été vécu comme une seconde offense à la dignité et à l’honneur par un certain nombre de Françaises.

      

    Une vision des choses assez féministe qui tranche avec l’épopée virile, héroïque et immaculée le plus souvent présentée au public ;

      

    l’éditeur s’attend d’ailleurs à ce que celui-ci reçoive le livre moins bien que les historiens. En examinant le matériel de propagande militaire à destination des soldats, l’historienne n’en croyait pas ses yeux :

      

    la France y était parfois évoquée comme une maison de tolérance habitée par 40 millions d’hédonistes ! Une boutade courait alors la Normandie :

      

    »Avec les Allemands, les hommes devaient se camoufler. Quand les Américains sont arrivés, il a fallu cacher les femmes ». Interview.

     

    La République des livres : Qui et de quelle manière dans l’US Army a vendu aux soldats la Libération comme une escapade exotique et sentimentale ? Dans quel but ?

     

    Mary Louise Roberts :

      

    « C’est en lisant la collection du journal Stars and Stripes que j’ai découvert comment l’armée américaine présentait la Libération comme une expédition sexuelle. Il s’agissait après tout du plus important des journaux militaires, produit par l’armée américaine et largement lu par les GI’s en France. C’était pour l’essentiel un outil de propagande ; un simple coup d’œil à ses pages suffisait à comprendre qu’on leur vendait une campagne militaire comme une bonne occasion de s’envoyer à l’air avec des Françaises. Il n’avait pas été difficile de motiver les soldats pendant la guerre du Pacifique car le Japon avait attaqué leur pays ; ça l’était beaucoup plus sur le théâtre européen, et le sexe était un bon moyen d’y parvenir.

     

    RDL : Qu’est-ce qui vous a poussé à focaliser vos recherches sur la dimension, disons, « sexuelle » de la Libération, si toutefois ce terme vous paraît adapté s’agissant de crimes tels que des viols ?

     

    M.L. Roberts : Pendant que j’effectuais des recherches pour mon livre, j’ai été convaincue que tout ce qui touchait à la question sexuelle, principalement la prostitution et le viol- était une question pivot dans les rapports conflictuels entre les autorités locales (maires, préfets, etc) et l’armée américaine dans le nord de la France.

      

    Dès lors je voulais montrer qu’on ne pouvait se contenter de décrire leur comportement sexuel sur le mode « ce que les soldats ont fait » mais que cela avait joué un rôle dans la négociation du pouvoir entre les deux nations. Sur ce point, j’ai été principalement influencée par Michel Foucault, notamment la notion qu’il a développée selon laquelle le sexe est une question cruciale dans la relation et le transfert de pouvoir entre les gens.

     

    RDL : Quelles typologies et catégorisations de sexualité avez-vous effectuées ?

     

    M.L. Roberts : Je me suis concentrée essentiellement sur les relations hétérosexuelles entre les GI’s et les Françaises. Je n’ai pas pu trouver que des sources superficielles concernant les homosexuels.

      

    J’ai donc construit mon livre autour de trois types, chacun en relation avec le sexe :

    l’amour, la prostitution et le viol.

     

    RDL : Votre recherche a-t-elle un quelconque rapport avec l’esprit des « gender studies » (études sur le genre et les inégalités entre les sexes ?

     

    M.L. Roberts : Etant une « gender historian », je m’intéresse à la manière dont la norme du genre structure (et est structurée par) les relations de pouvoir.

     

    RDL : Le politiquement correct a-t-il influencé jusqu’à présent la vision des historiens sur cette question s’agissant de la surreprésentations des soldats noirs dans les viols ?

     

    M.L. Roberts : Non, je ne crois pas que le silence qui a couvert les accusations de viol ait été causé par le politiquement correct.

     

      

    RDL : Il semble que les archives municipales du Havre vous aient été essentielles. Lesquelles précisément et en quoi vous ont-elles révélées des informations qui n’étaient pas ailleurs ? Et que vous a apporté la consultation des archives américaines ?

     

    M.L. Roberts : Le plus important, ce fut les Archives municipales de la ville du Havre, les Archives départementales de la Marne, les Archives départementales et du patrimoine de la Manche, ainsi que les archives nationales américaines de College Park, Maryland. Côté français, j’ai trouvé des rapports de préfets, des lettres échangées entre entre officiels frnçais et américains, des dossiers de justice et des rapports de police.

      

    A partir de là, j’ai appris qu’il y avait eu un grand nombre de cas de mauvaise conduite chez les GI’s (vols, attaques, accidents de voitures, viols etc) ; je ne crois pas que leur niveau ait été une nouveauté aux yeux des Français dans les villes où se trouvaient des forces américaines, et même aux yeux des Français en général ; mais c’est nouveau pour les lecteurs américains, à qui on a toujours présenté une vision propre et épurée de la campagne militaire en Normandie.

      

    J’ai été non pas le premier mais l’un des premiers chercheurs à consulter ces documents depuis leur ouverture en 2005 ; ils sont corroborés par les dossiers sur la violence sexuelle de GI’s trouvés aux National Archives. Le plus important d’entre eux est le rapport Lineman qui raconte en détail une enquête sur les efforts du général Gerhardt pour monter un bordel en Bretagne.

      

    A ma connaissance, ce document, longtemps recherché, n’avait jamais été retrouvé. J’ai pu également obtenir grâce au Freedom of Information Act les transcriptions de quinze procès en cour martiale de soldats américains accusés de viols.

     

    RDL : Les résultats de votre recherche concernent-ils la France ou la région du Havre ?

     

    M.L. Roberts : Ils concernant tout le nord de la France, en débordant car mes recherches touchent aussi bien la Normandie, la Marne, la Bretagne que Paris.

     

    RDL : Un éditeur français doit-il publier votre livre?

     

    M.L. Roberts : Plusieurs éditeurs sont actuellement penchés dessus.

     

    RDL : Votre recherche modifie-t-elle votre vision de la Libération ?

     

    M.L. Roberts ; Oui. Ce fut beaucoup plus compliqué que je ne le croyais… »

     

    Cela dit, les troupes des autres pays ne sont pas en reste.

     

    On sait déjà par différentes études que l’Armée rouge n’a pas été la seule à laisser un souvenir atroce aux Allemandes.

     

    Les troupes françaises aussi, précédées par la légende noire attachée aux éléments de l’armée d’Afrique (goumiers marocains, tirailleurs sénégalais etc) que la propagande allemande annonçait comme étant coutumiers d’une grande sauvagerie.

      

    En Italie également :

      

    La Peau de Curzio Malaparte s’en fait l’écho dans le sud du pays ; et dans son adaptation à l’écran, Liliana Cavani met en scène la prositution des enfants affamés dans des images insoutenables qui déchainèrent la polémique du côté de Naples.

      

    On en aura une idée plus précise à la rentrée (16 septembre) avec le livre de Julie Le Gac Vaincre sans gloire. Le corps expéditionnaire français en Italie (novembre 1942-Juillet 1944) (500 pages, 27 euros, Les Belles Lettres).

      

    L’historienne y étudie le comportement des troupes sous le commandement du général Juin.

      

    A propos des batailles de Monte Cassino et du Garigliano, qui ont permis la libération de Rome, le livre propose

      

    « une analyse renouvelée des nombreux viols et pillages perpétrés à l’encontre des civils italiens qui ternirent les victoires remportées. Dépassant les explications trop souvent manichéennes des historiographies française et italienne, il souligne la pluralité des facteurs ayant provoqué ce déferlement de violence »…

     

     

    (Photos US Signal Corps)

    Cette entrée a été publiée dans Histoire.
     
    sources
    http://larepubliquedeslivres.com/1944-1945-la-liberation-par-le-sexe/
     
     
     
     
     
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