• VIOLS massifs dès la libération ?

     

     

    1944-1945 : la Libération par le sexe ?

    1944-1945 : la Libération par le sexe ?

     

    le 15 juin 2013

    C’est l’une des pages sombres de la Libération de la France qui demeura longtemps un tabou. Il a fallu attendre longtemps avant que des historiens n’ouvrent le dossier – et encore étaient-ils pour la plupart américains, tel J. Robert Lilly

     

    (Taken by Force: Rape and American GIs in Europe during World War II) qui fit un certain bruit en France mais eut du mal à trouver un éditeur américain car il impliquait une “trop” grande proportion de noirs parmi les fauteurs. (publié en France en 2003, il ne paraîtra qu’en 2007 aux Etats-Unis). On l’aura compris, il s’agit du comportement des troupes alliées après leur débarquement en Normandie.

      

    Tous les libérés n’ont pas conservé un souvenir égal des libérateurs.

      

    Une étude paraît ces jours-ci aux Etats-Unis qui enfonce le clou en osant présenter des GI’s comme des « bandits », voleurs, pilleurs et violeurs :

      

    What Soldiers Do: Sex and the American G.I. in World War II France (University of Chicago Press). Son auteur Mary Louise Roberts enseigne l’histoire de France à l’université du Wisconsin (Madison). Elle en avait déjà donné un avant-goût fortement teinté d’esprit « gender » il y a plusieurs années dans une analyse déconstruisant les photos de GI’s accueillis par des baisers, et la situation de ce photojournalisme dans le registre de la propagande.

     

      

      

    A partir de recherches dans des sources de première main qui ont été manifestement peu consultées, et en tout cas rarement croisées avec des données analogues américaines, elle assure que la libération de la France a été “vendue” aux GI’S davantage comme une expédition érotique que comme un combat pour la liberté ;

      

    on conçoit dès lors que, dans certains endroits, leur passage ait été vécu comme une seconde offense à la dignité et à l’honneur par un certain nombre de Françaises.

      

    Une vision des choses assez féministe qui tranche avec l’épopée virile, héroïque et immaculée le plus souvent présentée au public ;

      

    l’éditeur s’attend d’ailleurs à ce que celui-ci reçoive le livre moins bien que les historiens. En examinant le matériel de propagande militaire à destination des soldats, l’historienne n’en croyait pas ses yeux :

      

    la France y était parfois évoquée comme une maison de tolérance habitée par 40 millions d’hédonistes ! Une boutade courait alors la Normandie :

      

    »Avec les Allemands, les hommes devaient se camoufler. Quand les Américains sont arrivés, il a fallu cacher les femmes ». Interview.

     

    La République des livres : Qui et de quelle manière dans l’US Army a vendu aux soldats la Libération comme une escapade exotique et sentimentale ? Dans quel but ?

     

    Mary Louise Roberts :

      

    « C’est en lisant la collection du journal Stars and Stripes que j’ai découvert comment l’armée américaine présentait la Libération comme une expédition sexuelle. Il s’agissait après tout du plus important des journaux militaires, produit par l’armée américaine et largement lu par les GI’s en France. C’était pour l’essentiel un outil de propagande ; un simple coup d’œil à ses pages suffisait à comprendre qu’on leur vendait une campagne militaire comme une bonne occasion de s’envoyer à l’air avec des Françaises. Il n’avait pas été difficile de motiver les soldats pendant la guerre du Pacifique car le Japon avait attaqué leur pays ; ça l’était beaucoup plus sur le théâtre européen, et le sexe était un bon moyen d’y parvenir.

     

    RDL : Qu’est-ce qui vous a poussé à focaliser vos recherches sur la dimension, disons, « sexuelle » de la Libération, si toutefois ce terme vous paraît adapté s’agissant de crimes tels que des viols ?

     

    M.L. Roberts : Pendant que j’effectuais des recherches pour mon livre, j’ai été convaincue que tout ce qui touchait à la question sexuelle, principalement la prostitution et le viol- était une question pivot dans les rapports conflictuels entre les autorités locales (maires, préfets, etc) et l’armée américaine dans le nord de la France.

      

    Dès lors je voulais montrer qu’on ne pouvait se contenter de décrire leur comportement sexuel sur le mode « ce que les soldats ont fait » mais que cela avait joué un rôle dans la négociation du pouvoir entre les deux nations. Sur ce point, j’ai été principalement influencée par Michel Foucault, notamment la notion qu’il a développée selon laquelle le sexe est une question cruciale dans la relation et le transfert de pouvoir entre les gens.

     

    RDL : Quelles typologies et catégorisations de sexualité avez-vous effectuées ?

     

    M.L. Roberts : Je me suis concentrée essentiellement sur les relations hétérosexuelles entre les GI’s et les Françaises. Je n’ai pas pu trouver que des sources superficielles concernant les homosexuels.

      

    J’ai donc construit mon livre autour de trois types, chacun en relation avec le sexe :

    l’amour, la prostitution et le viol.

     

    RDL : Votre recherche a-t-elle un quelconque rapport avec l’esprit des « gender studies » (études sur le genre et les inégalités entre les sexes ?

     

    M.L. Roberts : Etant une « gender historian », je m’intéresse à la manière dont la norme du genre structure (et est structurée par) les relations de pouvoir.

     

    RDL : Le politiquement correct a-t-il influencé jusqu’à présent la vision des historiens sur cette question s’agissant de la surreprésentations des soldats noirs dans les viols ?

     

    M.L. Roberts : Non, je ne crois pas que le silence qui a couvert les accusations de viol ait été causé par le politiquement correct.

     

      

    RDL : Il semble que les archives municipales du Havre vous aient été essentielles. Lesquelles précisément et en quoi vous ont-elles révélées des informations qui n’étaient pas ailleurs ? Et que vous a apporté la consultation des archives américaines ?

     

    M.L. Roberts : Le plus important, ce fut les Archives municipales de la ville du Havre, les Archives départementales de la Marne, les Archives départementales et du patrimoine de la Manche, ainsi que les archives nationales américaines de College Park, Maryland. Côté français, j’ai trouvé des rapports de préfets, des lettres échangées entre entre officiels frnçais et américains, des dossiers de justice et des rapports de police.

      

    A partir de là, j’ai appris qu’il y avait eu un grand nombre de cas de mauvaise conduite chez les GI’s (vols, attaques, accidents de voitures, viols etc) ; je ne crois pas que leur niveau ait été une nouveauté aux yeux des Français dans les villes où se trouvaient des forces américaines, et même aux yeux des Français en général ; mais c’est nouveau pour les lecteurs américains, à qui on a toujours présenté une vision propre et épurée de la campagne militaire en Normandie.

      

    J’ai été non pas le premier mais l’un des premiers chercheurs à consulter ces documents depuis leur ouverture en 2005 ; ils sont corroborés par les dossiers sur la violence sexuelle de GI’s trouvés aux National Archives. Le plus important d’entre eux est le rapport Lineman qui raconte en détail une enquête sur les efforts du général Gerhardt pour monter un bordel en Bretagne.

      

    A ma connaissance, ce document, longtemps recherché, n’avait jamais été retrouvé. J’ai pu également obtenir grâce au Freedom of Information Act les transcriptions de quinze procès en cour martiale de soldats américains accusés de viols.

     

    RDL : Les résultats de votre recherche concernent-ils la France ou la région du Havre ?

     

    M.L. Roberts : Ils concernant tout le nord de la France, en débordant car mes recherches touchent aussi bien la Normandie, la Marne, la Bretagne que Paris.

     

    RDL : Un éditeur français doit-il publier votre livre?

     

    M.L. Roberts : Plusieurs éditeurs sont actuellement penchés dessus.

     

    RDL : Votre recherche modifie-t-elle votre vision de la Libération ?

     

    M.L. Roberts ; Oui. Ce fut beaucoup plus compliqué que je ne le croyais… »

     

    Cela dit, les troupes des autres pays ne sont pas en reste.

     

    On sait déjà par différentes études que l’Armée rouge n’a pas été la seule à laisser un souvenir atroce aux Allemandes.

     

    Les troupes françaises aussi, précédées par la légende noire attachée aux éléments de l’armée d’Afrique (goumiers marocains, tirailleurs sénégalais etc) que la propagande allemande annonçait comme étant coutumiers d’une grande sauvagerie.

      

    En Italie également :

      

    La Peau de Curzio Malaparte s’en fait l’écho dans le sud du pays ; et dans son adaptation à l’écran, Liliana Cavani met en scène la prositution des enfants affamés dans des images insoutenables qui déchainèrent la polémique du côté de Naples.

      

    On en aura une idée plus précise à la rentrée (16 septembre) avec le livre de Julie Le Gac Vaincre sans gloire. Le corps expéditionnaire français en Italie (novembre 1942-Juillet 1944) (500 pages, 27 euros, Les Belles Lettres).

      

    L’historienne y étudie le comportement des troupes sous le commandement du général Juin.

      

    A propos des batailles de Monte Cassino et du Garigliano, qui ont permis la libération de Rome, le livre propose

      

    « une analyse renouvelée des nombreux viols et pillages perpétrés à l’encontre des civils italiens qui ternirent les victoires remportées. Dépassant les explications trop souvent manichéennes des historiographies française et italienne, il souligne la pluralité des facteurs ayant provoqué ce déferlement de violence »…

     

     

    (Photos US Signal Corps)

    Cette entrée a été publiée dans Histoire.
     
    sources
    http://larepubliquedeslivres.com/1944-1945-la-liberation-par-le-sexe/
     
     
     
     
     
    « Les FEMMES TONDUES ? les FEMMES ADULTERES à la NATION !!EPURATION SAUVAGE en BRETAGNE »
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