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    LEBENSBORN - Depuis des décennies, les livrets dormaient dans les archives de l'Association catholique d'aide à la jeunesse du diocèse de Munich. Seuls quelques historiens et juristes allemands en soupçonnaient l'existence.

     

    Comptes secrets pour enfants "parfaits" !! ou LGBT avant l'heure !

     

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    Entre 1935 et 1945, les SS ont tenté de créer une "race supérieure" en élevant des bébés dans des maternités spécialisées.

     

    Ils ont aussi ouvert pour eux des livrets d'épargne que L'Express a retrouvés.

     

    Soixante-dix ans ans après, leurs titulaires en découvrent l'existence.

     

    [Exclusif] Ils sont bien là, rangés dans une armoire métallique fermée à clef. Des dizaines de petits carnets, semblables aux livrets d'épargne actuels.

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    Sur la couverture, le nom du bénéficiaire est consigné à l'encre bleue:

    Angermann, Enzi, Sturm, Zippel...

     

    A l'intérieur, des dates, des colonnes d'addition, ainsi qu'un montant total en reichsmarks, la monnaie en cours sous le régime hitlérien, puis son équivalent en deutschemarks, à compter de 1948.

     

    La plupart d'entre eux sont comme neufs:

     

    personne ne les a touchés depuis des décennies.

     

    Seulement une poignée d'historiens et de juristes allemands en soupçonnaient l'existence, sans les avoir jamais vus.

     

    Jusqu'à cette froide matinée d'octobre, où L'Express les a tirés de l'oubli, ces documents dormaient dans les archives de l'Association catholique d'aide à la jeunesse (KFS) du diocèse de Munich.

     

     

     

    > Lire aussi: France 1944: la fabrique des enfants parfaits


    Ces livrets d'épargne constituent probablement le dernier secret du Lebensborn, un terme de vieil allemand qui signifie "fontaines de vie", et renvoie à l'un des projets les plus terrifiants entrepris, entre 1935 et 1945, par les SS:

     

    donner le jour à des enfants "parfaits",

    blonds, aux yeux bleus, censés incarner la future élite du IIIe Reich.

     

     

     

    Une "race supérieure" destinée à régner sur le monde pendant mille ans...

     

     

    Dans ce but, une vingtaine de maternités furent ouvertes en Europe.

     

    Après avoir subi une "sélection raciale", des femmes, enceintes d'un SS ou d'un soldat de la Wehrmacht, venaient y accoucher dans un anonymat absolu. Le bébé pouvait être abandonné au Lebensborn, puis être adopté par une famille "modèle".

     

     

    Près de 20 000 SS-Kinder (enfants SS) sont ainsi nés - 10 000 en Norvège, 9000 en Allemagne, quelques centaines ailleurs, dont plusieurs dizaines en Belgique et en France, à Lamorlaye (Oise).

     

    En 2009, nous avions retrouvé quelques-unes de ces personnes, âgées de 68 ans à 76 ans. Certaines sont parvenues, au terme d'une longue quête, à dénouer le mystère de leurs incroyables origines.

    467 possesseurs de carnets d'épargne recensés
    Restait donc l'énigme des livrets d'épargne, ouverts à l'époque

    pour assurer l'avenir des poupons allemands.

     

    Les documents avaient-ils été conservés?

     

    Où l'argent était-il passé?

     

    Les bénéficiaires, toujours en vie, en savaient-ils quelque chose? C'est cette histoire inédite que nous dévoilons ici, au terme de plusieurs mois de démarches en Allemagne pour retrouver les livrets et leurs titulaires...

     

    Des hommes et des femmes qui furent, bien malgré eux, des enfants "parfaits".


    L'une d'elles se dénomme Heike Wehrle.

     

    Née le 25 mars 1941 dans une maternité SS située près de Vienne (Autriche), elle vit depuis les années 1960 avec Robert Wehrle, son mari, dans... l'Illinois, aux Etats-Unis.

     

    Or le nom de jeune fille de Mrs Wehrle apparaît dans une liasse d'archives allemandes qui recense 467 possesseurs de carnets d'épargne du Lebens- born. Enfant, Heike portait le patronyme de sa mère - Linda Enzi -, qui l'a élevée seule, après guerre.

     

    Sollicitée par téléphone, Mrs Wehrle raconte avec émotion ce qu'elle sait de son histoire. Elle n'a découvert sa véritable ascendance paternelle qu'à l'âge de 23 ans. Kurt Hoffmann, son père, était un lieutenant-colonel SS.

     

    C'était aussi, selon sa mère, un ami de Hitler.

     

    L'homme n'a jamais reconnu la petite fille, mais il avait proposé de l'"adopter" dans sa propre famille...

    Nous demandons à Heike Wehrle si elle a déjà entendu parler de son livret d'épargne. "Jamais, jamais de la vie... répond-elle, décontenancée.

     

    J'ai même du mal à y croire." Les documents se trouvent pourtant bien dans les archives du KFS. Le dossier n° 3000247/531 indique qu'elle était bénéficiaire, en 1945, d'une somme équivalant à 250 euros.

     

    Un joli pactole pour l'époque.

     

    Elle n'en a rien su.

     

    Et son cas est loin d'être une exception...

     

    Fils d'un colonel de la Wehrmacht (photo) et confié au Lebensborn en 1941, Michael Sturm n'a découvert la vérité sur ses origines qu'en 2009. Il était aussi titulaire d'un livret d'épargne, dont le montant avoisinait, en 1945, l'équivalent de plusieurs milliers d'euros.

    Fils d'un colonel de la Wehrmacht (photo) et confié au Lebensborn en 1941,

    Michael Sturm n'a découvert la vérité sur ses origines qu'en 2009.

     

    Il était aussi titulaire d'un livret d'épargne, dont le montant avoisinait, en 1945, l'équivalent de plusieurs milliers d'euros. 

     


    Au début de novembre, nous voici à Wernigerode (Allemagne), ville de style néogothique, au coeur du parc national du Harz.

     

    Une quarantaine de membres de Lebensspuren (Traces de vie), principale association d'anciens enfants du Lebensborn, assistent à leur réunion annuelle.

     

    Costume élégant, fines lunettes, Michael Sturm, bientôt 71 ans, en est le fringant président.

     

    Il n'a fait la lumière sur son histoire familiale qu'en 2009.

     

    Sa mère avait toujours refusé de lui indiquer le nom de son père. En fait, Heinz Langmann était colonel dans la Wehrmacht.

     

    Délaissée par l'officier, la mère de Michael avait confié son fils au Lebensborn, avant de venir le récupérer en 1945.

     

     

    Soixante-sept ans plus tard, en découvrant des photographies de son livret d'épargne, de couleur ocre et frappé d'une croix gammée,

     

     

     

    Michael Sturm n'en croit pas ses yeux: sa date de naissance, le 17 décembre 1941, est bien inscrite au-dessous de son nom.

     

    A l'ouverture du compte, le 24 octobre 1942,

     

    772,50 reichsmarks (RM), soit environ 1850 euros, y sont versés.

     

    Avec les intérêts, le livret affichait, au 15 mars 1945, un total de 1915,31 RM:

    près de 4600 euros...

     

    "C'est ahurissant, souffle-t-il.

     

    Et je sais qu'aucun de nos adhérents n'a jamais eu la moindre

    information sur l'existence de cet argent."

     

    Il se reprend, d'une boutade: "Je suis riche, maintenant..."

     

     

    Des victimes du nazisme jamais reconnues
     

     

    Pas tout à fait, car les livrets sont périmés.

     

    Pourtant, de façon très surprenante, ils sont restés valables jusqu'en...

    1978, soit trente-trois ans après la chute du IIIe Reich.

     

    Voici pourquoi.

     

    Le 3 mai 1945, des soldats américains découvrent la "maison mère"

    du Lebensborn, en Bavière.

     

    Quelques semaines plus tard, Caritas, une organisation catholique d'aide sociale, obtient l'usage des lieux et prend en charge 200 enfants abandonnés à leur sort.

     

    La branche bavaroise de Caritas hérite de certains avoirs financiers du Lebensborn.

     

    Notamment des 67 331,22 RM - soit 1,6 million d'euros

    - destinés aux petits pensionnaires.

     

    Juin 1948: le deutschemark (DM) remplace le reichsmark.

     

    La valeur des livrets est alors recalculée à la baisse.

     

    Celui de Michael Sturm est désormais crédité de 83,46 DM:

    environ 200 euros.

     

    Mais les intérêts vont continuer d'être versés pendant trente ans, délai légal au terme duquel les livrets non réclamés tomberont en désuétude.

     

    Ainsi, en 1978, M. Sturm, âgé de 37 ans, aurait pu percevoir l'équivalent de 560 euros.

     

    Mrs Werhle, elle, aurait pu disposer de près de 250 euros.

    De fait, de rares bénéficiaires ont touché leur pécule, dans un secret absolu.

     

    "Il y a deux raisons à cela, explique l'historien allemand

    Georg Lilienthal.

     

    Tout d'abord, il était difficile d'identifier, si longtemps après, des personnes dont le nom avait pu être modifié du fait d'une adoption ou d'un mariage.

     

    Mais, surtout, venir réclamer cet argent revenait à désigner ses parents comme ayant été liés aux SS..."

     

    Après 1978, les sommes non restituées furent reversées

    au budget d'aide sociale de la Caritas en Bavière.

     

    Il reste cependant une zone d'ombre:

    pourquoi ne subsiste-t-il qu'une liste de 467 bénéficiaires

    parmi les 9000 SS Kinder nés en Allemagne?

     

    Mystère.

     

     

    Quoi qu'il en soit, la redécouverte de ces carnets pourrait réveiller l'histoire tragique et taboue des enfants du Lebensborn.

     

    Lesquels représentent en effet la dernière catégorie de victimes - vivantes - du nazisme, jamais reconnue par l'Etat allemand.

     

    Ils n'ont bénéficié d'aucun dédommagement, d'aucune aide. "Nous ne réclamons pas d'argent, reprend Michael Sturm.

     

     

    En revanche, pourquoi l'administration n'a-t-elle pas annoncé ce qu'elle savait de ces livrets et de leur contenu?

     

    La loi garantit à chaque citoyen l'égalité d'accès à l'information et à l'exercice de ses droits."

     

    Loin de revendiquer une quelconque "cagnotte", les ex-enfants "parfaits" aimeraient juste qu'on leur rende cette part oubliée de leur histoire.

     

     

    Notre collaborateur Boris Thiolay est l'auteur d'un livre de référence sur ces maternités:

     

    Lebensborn. La fabrique des enfants parfaits (Flammarion, 2012).

     

    http://www.lexpress.fr/…/comptes-secrets-pour-enfants-parfa…

     

     

     

     

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  • RESISTANCE

    LA COMPAGNIE FRED SCAMARONI

    Source: Collection Vincent Dussutour avec son aimable autorisation. Insigne de la compagnie Fred Scamaroni.

    Source: Collection Vincent Dussutour avec son aimable autorisation. Drapeau de la compagnie Fred Scamaroni.

    Le drapeau d'origine sur lequel avait été cousu une croix de Loraine, pour la cérémonie du 9 juillet 1944, est en cours de restauration.

    "Photo Collection Résistance et Mémoire". Photo prise très certainement le 4août 1944, on reconnait les partcicpants voir ci-dessous.

    Au remier rang de gauche à droite: Serge Goguel, Jules Hollier-Larousse, Léonard Gille, Pierre Daure, Riby, René Duchez et Léon Dumis.

    "Source: photo Serge Goguel"  De gauche à droite: Serge Goguel (futur directeur de "Liberté de Normandie" , Léon DumisLéonard Gille et René Duchez.

           

    A gauche: "Photo Keystone". Des hommes de la Compagnie Scamaroni en tête Léonard Gille, avec les drapeaux français et anglais René Duchez. A droite: une patrouille de la Compagnie Scamaroni devant le bâtiment administratif de la gare.

        

    Source. Les hommes ( à gauche, sous réserve, en blouson Serge Goguel) sont rive gauche devant le pont Bailey Churchill bridge que l'on aperçoit à droite, ce pont construit par la 5th Field Co RCE le 20 juillet juste en amont du pont des Abattoirs relie le quai de Juillet au quai Amiral Hamelin en face des abattoirs municipaux dont on aperçoit le toit entre les deux casquesA droite source, ils sont rue de Vaucelles derrière eux le pont ferroviaire détruit.

     "Photo Mémorial de Caen " Source: page 105 de ce livreLa compagnie Fred Scamaroni défile rue Guillaume le Conquérant, au centre Léonard Gille, à droite casqué, vareuse claire, René Duchez. 

    "Photos OFIC" page 80 de ce livre. La compagnie Scamaroni rue Saint-Laurent. De nos jours.

    Source page 240 de ce livre, patrouille avec des soldats alliés.

     Source, cérémonie place Gambetta, le 4 août 1944, le second à gauche le premier prédisent intérimaire de la Cour d’Appel Riby, derrière le mât Léonard Gille, puis René Duchez, Serge Goguel, Jules Hollier-Larousse, ?, Léon Dumis. Localisation de la photo.

    L'article du journal Liberté de Normandie sur cette cérémonie.

    Des résistants du Calvados, appartenant à différents mouvements et réseaux, coupés de leurs responsables par les bombardements et les premiers combats de la bataille de Normandie, se regroupent sous la responsabilité de Léonard Gille  à Caen, pour assumer des missions de renseignement, de liaison et d'action de guérilla. Le PC des FFI  est caché au fond de la Vinaigrerie, rue de la Haie-Vigné.

    Caen est libérée partiellement le 9 juillet 1944. Partant de ce groupe, se constitue un état-major FFI sous la responsabilité ducapitaine Gille, et une compagnie de FFI sous les ordres du capitaine Georges Poinlane , tué le 25 août 1944 lors de la libération de Lisieux. Cette compagnie, incorporée à la Mission de liaison opérationnelle près de la 2nd Army , assume des missions aux côtés des troupes britanniques, canadiennes et du BCRA : reconnaissances, combats, sécurité, protection des biens et des personnes, actions de commando. Elle a pris le nom de compagnie Scamaroni en hommage à Fred Scamaroni , chef de cabinet du préfet du Calvados en 1939. Il rejoint le général de Gaulle  à Londres en 1940. Il assume alors de nombreuses missions. Envoyé en Corse en 1943, pour unifier la Résistance, il est arrêté par l'OVRAitalienne. Torturé, il se suicide pour ne pas parler. Il a été fait Compagnon de la Libération.

    Le 8 août 1944, une trentaine de membres de la Compagnie rejoint dans la Manche le bataillon de renfort de la division Leclerc intégrée à la 3e Armée américaine . Ces hommes, déjà formés militairement avec l'expérience de la guerre, partent d'Avranches le 9 août 1944, avec Maurice Schumann , pour rejoindre le Régiment de Marche du Tchad et le 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains de la 2e DB devant Alençon. En forêt d'Écouves et devantArgentan, ces volontaires participent à la campagne de Normandie, à la fermeture de la poche de Falaise, à la libération de Paris, à la campagne des Vosges et d'Alsace, à l'élimination de la poche de Royan, à la campagne d'Allemagne jusqu'à lacapitulation le 8 mai 1945. Quelques autres restent dans l'armée canadienne (comme Jean Métier) ou l'armée britannique.

    La compagnie casernée 1 rue Grusse à la Maison de la Résistance (au Nouvel Hôtel) est dissoute fin septembre 1944.

    Source. La caserne de la Scamaroni. De nos jours.

    Liberté de Normandie des 8 et 9 octobre 1944

    Dans les rangs de la 2e DB  :

    André Courban   affecté au Régiment de Marche du Tchad, est tué le 17 août à Mauvaisville devant Argentan. . Il a été longtemps inhumé au cimetière de Mauvaisville, puis rassemblé avec d'autres soldats de la 2ème D.B. au cimetière des Gateysà la sortie sud de la Forêt d'Ecouves.

    Marcel Letellier affecté au Régiment de Marche du Tchad, est grièvement blessé devant Strasbourg le 13 novembre 1944. Il séjournera dans divers hôpitaux et décède à l'hôpital de Caen le 10 mai 1945.

     Guy Dedouvre affecté au 12e Régiment de Cuirassiers est tué près de Boofzheim en Alsace, le 30 novembre 1944.

    Article de Liberté de Normandie du 30 décembre 1944

    Dans les rangs de la compagnie « Scamaroni »:

    Robert Castel  est tué le 10 juillet 1944 sur la rive droite de l'Orne..

    Camille Bunel est tué le 13 juillet .

     Raymond Chatelain est tué le 18 juillet 1944 au pont de Vaucelles à Caen. (Note de MLQ: lire ce témoignage)

    Capitaine Roger Dechambre est gravement blessé le 17 août 1944 à Crozy près de Falaise et meurt à l'hôpital de Bayeux le 25 

     

    Capitaine Georges Poinlane  est tué le 23 août à Lisieux .

    Maurice Loridant  (27 ans en 1940, horloger-bijoutier - Organisation : Action PTT ; OCM - Domicile :Ouistreham), ancien du maquis PTT de Beaucoudray (Manche) est blessé à Lisieux le 25 août 1944.

    Parmi ceux qui rejoignirent la Compagnie on peut citer en plus: Henri Almire , André Bossée (25 ans en 1940, moniteur de sports, organisation: Mithridate, domicilié à Vire), Gil Delamare Charles Groult, Hardy, Henryon,Thierry Hollier-Larousse (13 ans en 1940, aide agricole - Organisation : OCM - Domicile : Louvigny), Charles Huard  (31 ans en 1940, employé des eaux - Organisation : OCM - Domicile : Caen), Jamet, Leroy  (sous réserve: Marcel Leroy, 19 ans en 1940, dessinateur - Organisation : Armée des Volontaires ; OCM - grade de sergent, Domicile : Caen), caporal Leroyer, sergent René Lesec'h  (19 ans en 1940, chauffeur mécanicien - Organisation : Armée des Volontaires ; OCM -  Domicile : Ouistreham), sergent Le Lohe, Merle (sous réserve: Guy Merle, 15 ans en 1940, étudiant - Organisation : OCM - Domicile : Bretteville-sur-Odon), Michaut, Mousset, René Streiff (21 ans en 1940, maître d'internat) - Organisation : OCM - Domicile : Caen), Henri Tribouillard ,Véron, Jacques  et  Jean-Marie  Vico,Henri Le Veillé Jean Jouvel (selon Raymond Ruffin). Paul Cingras, mitrailleur canadien, Aspirant Alexandre Le Tellier, Désiré Deloor, Jean Gohin, Sous-Lt André sauvage, Aspirant Tanneguy D'Oilliamson, Henri Gascoin, Lt Roger Leblond (25 ans en 1940, Profession : secrétaire de police- Organisation : OCM - Domicile : Caen), Michel Guilbert ainsi que Simone Himbert, Louise Boitard, Henriette Henry et Marcelle Haricot. Liste non exhaustive.

    Dans ce livreGérard Fournier affirme: "Abusivement dénommée "compagnie" après la guerre cette formation FFI, crée par Léonard Gille, n'a guère rassemblé plus de trois dizaines d'hommes."

    Cité dans ce document page 69:

    "En juillet 1944, après la prise de Caen, le responsable de la police, le commissaire Dubois -dit "Duroc"- (de l'équipe deFrançois Coulet  ) fera état de ses inquiétudes vis à vis des FFI de la compagnie "Scamaroni". Même singulièrement exagérées, elles démontrent la crainte et la méfiance des autorités gaullistes à l'égard de la résistance intérieure : "Dans la ville de Caen, où les éléments actifs de la résistance ne devaient pas dépasser une trentaine de personnes, a surgi au moment de la Libération un groupement de 200 hommes, dotés d'armes en grande partie fournies, sans arrière-pensées, par les Alliés. Cette force est incontestablement plus forte que celle des services de police. . . La discipline et la moralité d'un certain nombre de ces résistants étant assez faible, cette situation présente un danger auquel il conviendrait de remédier... La résistance à Caen forme un État dans l'État... Si des groupements armés continuent à exister dans leur forme présente, leur présence constituera un jour prochain un danger pour le Gouvernement provisoire" (Rapport du 22 juillet 1944, A. N. Fia4004-4008)."

     

    Sources:

    Archives de Jacques Vico

    Merci à Michel Corvé pour la photo.

    Merci à Vincent Dussutour pour la photo de l'insigne.

    Merci à François Robinard

     

    Merci à Gérard Pigache

     

     SOURCES

    http://sgmcaen.free.fr/resistance/compagnie-fred-scamaroni.htm

     

     

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    Alors que Paris devient lieu de débauche pour l'Occupant et que la France est livrée au pillage généralisé des troupes allemandes, des chansons joyeuses percent malgré tout le paysage. Certaines sont innocentes comme "Ah ! le petit vin blanc", créée en 1943 par Lina Margy.

    D'autres relèvent de la propagande comme le fameux "Maréchal, nous voilà !" Mais d'autres encore versent dans l'insouciance ("ça sent si bon la France" de Chevalier, "La Tour Eiffel est toujours en place", de Mistinguett) ou frisent carrément la bêtise et l'obscénité :

    "ça va beaucoup mieux" après le franchissement par l'ennemi de la ligne de démarcation.

    Un irresponsable écrit même "alors, ça gaze ? 

     

    La courageuse Joséphine Baker s'engage dans la Résistance active dès 1940. Mais elle représente une exception ; la plupart des artistes sont plutôt dans l'attentisme ou l'insouciance. Rares sont cependant ceux qui fricotent réellement avec les Allemands. Les artistes veulent que le spectacle continue et que l'on continue de chanter.

    Tout comme les gens en général. Comme eux, ils sont plus attentistes que fanatiques. D'où les pressions importantes sur les artistes de la part des deux bords et les reproches, souvent malveillants venant de ces deux bords. Le rôle plus que trouble d'Arletty est cependant à souligner.

     

    Joséphine Baker, la Résistante

     

    oséphine Baker, la Résistante

    Dès le début de la Guerre, Joséphine Baker est agent du contre-espionnage. Profitant de ses relations dans la haute société parisienne, elle agit pour la Croix-Rouge. Puis, elle s'engage le 24 novembre 1940 dans les services secrets de la France libre : en France métropolitaine et ensuite en Afrique du Nord. Elle ne fait pas de la figuration ; elle joue un rôle important. C'est ainsi qu'elle code ses partitions musicales pour faire passer des messages. C'est comme engagée volontaire qu'elle débarquera à Marseille en octobre 1944. Elle fait partie des forces féminines de l'armée de l'air.

    À la Libération, elle chante pour les soldats et les résistants près de la ligne de front. Joséphine Baker sera décorée de la croix de guerre, de la Médaille de la résistance puis de la Légion d'honneur des mains du Général de Gaulle. L'ensemble de son action en tant que résistante au service de la France libre est détaillé dans un ouvrage intitulé Joséphine Baker contre Hitler.

    Arletty "pas très résistante"

    (ci contre : Hans Jürgen Soehring, l'officier allemand compagnon d'Arletty) A l'opposé de Joséphine Baker, l'actrice et chanteuse Arletty fera comme les "saucisses", ces femmes qui flirtent avec les soldats allemands, qui se livrent à une forme de "collaboration horizontale". Arletty s'afficha avec un officier allemand sans aucun complexe. Elle en tombera même enceinte et avortera. Et, quand on lui demandait "Alors, comment ça va ?", elle répondait : "Pas très résistante..." En effet !

    Quand Tristan Bernard (qui est juif) est arrêté, c'est quand même Arletty qui le fait libérer en utilisant ses relations avec l'Occupant. Guitry, qui jouera un rôle plus secondaire dans cette bonne action, s'en attribuera tout le mérite.

    A la Libération, Arletty ne subit pas le sort des "saucisses". Elle n'est pas tondue. Elle subira néanmoins des nuits d'interrogatoire et de cachot à la Conciergerie. Elle sera également internée à Drancy. Mais on ne l'y laissera croupir que quelques semaines. Elle est alors assignée à résidence, avec interdiction de tourner (elle n'avait pourtant fait aucun film avec la société allemande La Continentale). Elle s'en tire avec un "blâme".

    Finalement, Arletty résume en une phrase peu élégante sa conduite durant les années d'Occupation : "Mon coeur est français, mais mon cul est international !"

    André Dassary chante "Maréchal, nous voilà !"

    Il chantera successivement "Maréchal nous voilà !", "Le temps des cerises", et la chanson-titre du film "Le Jour le plus long". Son meilleur succès : Ramuntcho (1944), une chanson de Vincent Scotto pour la musique et Jean Rodor pour les paroles. "Les Allumettes", de Prévert et Kosma. Il commence véritablement sa carrière au sein des Collégiens de Ray Ventura. Captif en Allemagne au début de la Seconde Guerre mondiale, il est libéré et atteint véritablement la notoriété sous l'Occupation, notamment avec l'opérette "L'Auberge qui chante" (1941) et une chanson tout à la gloire de Pétain, "Maréchal, nous voilà !", devenue emblématique du régime de Vichy — et qui, après guerre, lui attire quelques critiques. Son succès n'aura toutefois pas à en souffrir. 

    L'humour résiste

    En 1942, Fernandel joue les simplets, comme on le voit sur cette vidéo de la délicieuse scène où il chante dans un arbre. Jusqu'ici, il ne s'était affublé que de prénoms ridicules comme "Ignace" (voir extrait chanté du film) ou "Barnabé", qui donnèrent lieu à deux films du même nom avant la guerre. A présent, c'est officiel, il se déclare simplet, donc innocent en ces temps de graves irresponsables perpètrent des crimes. Fernandel fait l'idiot mais faire l'idiot ne veut pas dire qu'il n'est pas conscient de ce qui se passe autour de lui.

     

    C'est en reprenant "Ignace" de Fernandel que Bourvil remporta un radio-crochet de Radio-Cité en 1938 et endossa à son tour le costume du chanteur idiot, stéréotype déjà lancé à la Belle Epoque, lancé par Dranem et Fortugé.

    Dans les années 1940, Jacques Pills (par ailleurs mari de la grande chanteuse Lucienne Boyer), qui n'était jamais en reste pour plaisanter, sans tomber cependant dans l'idiotie de Fernandel ou de Bourvil, devient peu à peu sérieux. Comme si son humour en avait pris un coup. Lui qui avait tourné dans toute l'Europe en duo avec son acolyte Georges Tabet, et qui avait repris notamment à Mireille et à Jean Nohain des chansons comme "Couchés dans le foin", voilà qu'il se met à évoquer la soltude de la femme du soldat avec "Seul dans la nuit" (1945), une reprise de la chanson de Léo Marjane. Ayant pris comme impresario Bruno Coquatrix, il continuera dans la voie sérieuse en collaborant plus tard avec Coquatrix pour la conception de spectacles à l'Olympia. Ses chansons de l'Occupation gardent quand même encore une bonne teinte d'humour : : "Avec son ukulélé", 1941, "Elle était swing , 1941, "Cheveux dans le vent", 1943

    Jacques Pills avait pris Gilbert Bécaud comme pianiste pour l'accompagner pour une tournée en Amérique. Suzy Solidor, elle, a pour pianiste le père (russe) de Michel Polnareff :il s'appelle Leib Polnareff mais son nom d'artiste, c'est Léo-Poll.

    1945, le temps des comptes

    Charles Trenet et son ex-complice duettiste Johnny Hess furent inquiétés à la Libération (voir "Chansons de la Douce France"). D'autres artistes le furent aussi.

    - Suzy Solidor chante chaque jour la version française de Lily Marlene dans son cabaret rempli d'Allemands. Elle participa à des galas politiques et elle eut une liaison avec un haut dignitaire nazi. A la Libération, on lui réclame des comptes.

    Piaf chante beaucoup de nouvelles chansons pendant l'Occupation. En 1940 : "y'en a un de trop", "L'accordéoniste", "on danse sur ma chanson". En 1941 : c'était un jour de fête", "j'ai dansé avec l'amour". En 1942 : "c'était une histoire d'amour". En 1943 : "de l'autre côté de la rue", "tu es partout". Etc. Certains ont prétendu que "tu es partout" était un acte de résistance par référence à "je suis partout" mais il n'en est rien. L'analyse du texte montre qu'il s'agit d'une simple chanson d'amour. Piaf a maille à partir avec la commission d'épuration. Elle s'en sort facilement et même avec les félicitations de ses juges. En effet, sa secrétaire était une résistante qui aida les clandestins et prisonniers avec l'aide passive de la chanteuse.

    Lys Gauty. À la Libération on lui reproche ses interventions sur Radio Paris et une tournée avec Fréhel et Raymond Souplex organisée par l'association Kraft durch Freude (la Force par la Joie) en Allemagne pendant laquelle elle chante devant les ouvriers du S.T.O et les prisonniers des Stalags en 1942. Elle ne reviendra jamais sur le devant de la scène. Son plus grand succès restera la valse "Le chaland qui passe" (1933), version française de la chanson italienne Parlami d'amore Mariu, chantée par Vittorio de Sica. 

    - Léo Marjane. Née en 1912, elle vient d'avoir 101 ans le 27 aout 2013. À la Libération, elle fut poursuivie par les Comités d’épuration pour avoir chanté dans des établissements fréquentés par des officiers allemands « Je ne pouvais pas empêcher les Allemands d’entrer..." Elle est arrêtée et jugée, puis finalement acquittée, mais pour elle le mal est fait et son image s'en ressentira durablement. Son premier grand succès "La Chapelle au clair de lune" - traduit de l'anglais - l'avait propulsée en 1937 au devant de la scène. En 1942, elle remporte un immense succès avec la chanson "Seule ce soir", dans laquelle se reconnaissent les centaines de milliers de femmes françaises dont le mari est prisonnier de guerre en Allemagne ("Je suis seule ce soir / Avec mes rêves / Je suis seule ce soir/ Sans ton amour"). Cette chanson la rend célèbre. Elle sera reprise par Chevalier ainsi que par Jacques Pills.

    - Danielle Darrieux est contrainte de se produire en Allemagne pour faire libérer son mari. Puis le couple s'efface par prudence.

    - Tino Rossi grossit. Tino Rossi gagne des cachets astronomiques. Ou plutôt gastronomiques devrait-on dire car il grossit alors que tout le monde vit de privations. Il profère des propos inquiétants mais qui semblent plus liés à un délire passager (grisé par son succès ou grisé tout court ?) que par une adhésion aux thèses de Vichy.

    D'autres chansons et interprètes inoubliables de ces années-là

    La chanson française n'a pas connu d'exode.

    Elle est restée. Apolitique, elle se fait pourtant l'écho des préoccupations du moment  : "Elle a un stock" (Georgius), "Les jours sans" (Fernandel), "la symphonie de semelles en bois" (Chevalier), "la marché rose" (Jacques Pills), par exemple, en témoignent. Les Allemands financent les spectacles de divertissement pour assurer le "gai Paris". Paris est devenue la principale vedette Paris et Francis Lemarque en fait son sujet de prédilection. Le public se presse pour aller aux spectacles, à la fois pour oublier les soucis mais aussi parce que les chanteurs de rue ont disparu (interdiction des attroupements sur la voie publique). C'est un Français, Pierre Laval, qui va censurer les ondes à partir de 1942.

    - Lucienne Delyle : "Mon amant de Saint-Jean" C'est une chanson qu tout le monde connaît, sans savoir pour autant que Lucienne Delyle en est la créatrice sur la scène. Et pendant qu'Arletty aurait pu chanter "mon amant allemand", Lucienne Delyle chante "mon amant de Saint-Jean". C'est tout de même mieux...Cette chanson sera le grand succès de 1942. "Mon amant de Saint-Jean", une chanson tellement symbolique de son époque que Truffaut en fera la bande-son du Dernier métro. Sa carrière décline à la fin des années 1950, en raison d'une leucémie qui finira par l'emporter.. A écouter aussi : "Nuages", 1942 sur la musique de Django.

    - Lina Margy : "Ah ! le petit vin blanc". Son nom est associé à la chanson qu’elle crée en 1943 : "Ah ! le petit vin blanc", paroles de Jean Dréjac et musique de Charles Borel-Clerc. On lui doit aussi d’avoir popularisé "Voulez-vous danser grand-mère ?" (reprise ensuite par Chantal Goya), paroles de Jean Lenoir sur une musique de Raymond Baltel et Alex Padou.

    - Mâchez danois avec Ulmer ! Sa chanson "J'ai changé ma voiture contre une jeep "devient la chanson fétiche de la 2ème DB de Leclerc. Il écrit aussi "Pigalle" qui devient un succès. "Un monsieur attendait" est typique de son humour. L'accent danois de George Ulmer passe bien en période d'américanophilie. Son ami Pierre Dudan perce également avec Clopin-clopant","Le café au lait au lit", "la tête à l'ombre et les pieds au grand soleil".

    - L’américanisme est mal toléré mais Yves Montand aime l'Amérique et il chante grimé en cow boy.En octobre 1944, Edith Piaf lui a donné sa chance et il passe justement en..."vedette américaine" ! 

    Raymond Legrand fait office de remplaçant de Ray Ventura parti s'aérer en Amérique du Sud en attendant que la guerre passe. Il fait de la musique brillante et joyeuse.

    - Un chant circule dans l'ombre : le Chant de la libération dont le titre sera très tôt changé en "Chant des partisans". Une chanson écrite par Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon sur une mélodie d'Anne Marly qui devait au départ servir d'indicatif à Radio Londres.Germaine Sablon (soeur aînée de Jean Sablon et résistante) la crée.

    Juliette Greco est plus litéraire. Elle a comme premier paroliers Queneau (Si tu t'imagines"), Sartre (Rue des blancs-manteaux), Mauriac...

    Georges Guétary

    Cet athlète égyptien venu en France étudier la comptabilité et la gestion, sera vite célèbre grâce au compositeur Francis Lopez qui lui écrira, entre autres, "Robin des bois", "Caballero", "Chic à Chiquito". Spécialisé dans l'opérette et le film musical comme "La Route fleurie", Guétary joue aux côtés de Gene Kelly dans "Un Américain à Paris" de Vicente Minelli. Il est aussi célèbre pour son tube "Le pt'it bal du samedi soir".

    Radio-Paris ment, Radio-Londres parodie La propagande joue à plein. Radio-Paris est la radio du Maréchal. Y viennent chanter Chevalier et Fernandel. A Radio-Londres, Pierre Dac parodient des chansons pour s'en prendre à des vedettes, ainsi "tout ça fait d'excellents Français" est détournée par ses soins.

    Marie-José connut un certain succès pendant et après la Seconde Guerre mondiale. "Le bar de l'escadrille" fut gravé en 1942.

    Plutôt que coller des liens partout, j'ai confectionné cette playliste de plus de 70 vidéos musicales sur YouTube :

    PLAYLISTE DES CHANSONS DES ANNEES 1940 - 1944


     

     

     

     

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  • LOUIS VUITTON, UN SILENCE ORDINAIRE

     
     
     
     
    Louis Vuitton, c'est une histoire ordinaire.  
     
    Faite de lâcheté, de travail acharné, de sacrifices, de silence, de mépris, de haine.
    Haine entre un fils et son père, haine entre les Vuitton et Bernard Arnault qui prit le contrôle de l'entreprise en 1989 "en y entrant avec l'air d'un premier communiant",
    comme le dira avec amertume Henri Racamier (alors propriétaire de LVMH). 
     
    Je croyais tout savoir de Vuitton jusqu'à la lecture de "Louis Vuitton, une saga française".  
     
    L'auteur, Stéphanie Bonvicini, est journaliste.
     
    Elle a rassemblé une somme incroyable de témoignages, compulsé les archives de la Maison, fouillé dans  les bibliothèques municipales et les registres des mairies, remontant le fil de la famille Vuitton depuis 1821 jusqu'à son rachat par Bernard Arnault.
     
    En 1989, celui-ci en fit la pierre angulaire du géant LVMH que l'on connaît tous.

     
    Louis Vuitton
     
    Ce livre raconte d'abord Louis Vuitton. L'exposition De Louis Vuitton à Marc Jacobs présentée aux Arts Décoratifs mettait en avant les évolutions de la toile et les innovations du fondateur mais pas du tout sa personnalité. Ici l'auteur parle de l'homme, de ses enfants, de la façon dont une famille ordinaire s'est inscrite dans l'histoire de son pays jusqu'à en devenir un symbole.

    Qui est Louis Vuitton ?
     
    Un travailleur acharné, parti de rien. Arrivé à Paris à l'âge de 16 ans, après avoir parcouru des centaines de kilomètres à pied, Louis Vuitton se place comme apprenti chez Monsieur Maréchal, layetier-emballeur.
     
    Au XIX° siècle, ces artisans confectionnent des caisses en bois blanc sur mesure, dans lesquelles les élégantes emmènent leur garde-robe, voire leur maison! Manteaux, brosses, chapeaux, robes à tournures, carafe de parfum, chaque objet a son écrin pour voyager de Paris à Deauville, de Lyon à Moscou. Soigneux, discret, Vuitton devient l'emballeur favori de l'impératrice Eugénie. 

     
     
    En 1854, encouragé par sa femme Emilie, il monte sa propre maison. Auréolé du prestigieux titre "d'emballeur impérial", Louis Vuitton a la confiance d'une clientèle choisie.
     
    Son idée de génie est de passer de la caisse à la malle et de transformer un objet laid et jetable (une caisse de bois) en objet durable, pratique et élégant. Jamais il n'a sacrifié la technique ou l'esthétique. Il voulait allier les deux.

    Sa formation de menuisier lui a permis de trouver des bois plus légers, des structures plus résistantes aux intempéries et aux chocs. 

    La plus grande partie de l'ouvrage remet en perspective avec l'époque les perfectionnements apportés par Louis Vuitton aux malles et bagages : de 1850 à 1900, la vision du fondateur est inspirée par l'énergie économique du Second Empire, l'avènement du tourisme, le changement des modes de consommation (l'arrivée des grands magasins) et les nouveaux moyens de locomotion : automobiles, transatlantiques, trains express.
     
    Chaque modèle est adapté à un besoin émergeant : les dessus plats permettent d'entasser les malles, les sacs souples de transporter le linge sale ou les affaires de nuit, etc.

     
    L'auteur relie aussi le destin de Louis Vuitton à celui de Worth et Goyard.
     
    Louis Vuitton seul n'aurait pas été grand chose.
     
    C'est grâce au soutien de Worth et à l'émulation avec d'autres concurrents qu'il a pu se démarquer en innovant constamment. 
     
    Dès qu'un autre maletier proposait un nouveau modèle, Vuitton renchérissait.
     
    On peut dire qu'il a placé la Recherche et le Développement au coeur de l'entreprise.

    Malheureusement, Louis Vuitton pense toute sa vie vers un but qui devient presque obsessionnel : assoir sa suprématie ou plus exactement, celle de son nom, puisque lorsqu'il vend (sic!) son entreprise à son fils, il exige que celui-ci garde comme nom commercial "Louis Vuitton".
     
    Pas Vuitton, ni Vuitton et Fils, mais Louis Vuitton.

    Et là, l'histoire devient triste. Obnubilé par son objectif, Louis Vuitton n'a vu ses enfants qu'à travers l'entreprise.
     
    Son fils Georges mènera toute sa vie une guerre larvée pour exister, lui aussi, et partager sa vision personnelle.
     
    Les générations suivantes conserveront cette ambition du nom au-dessus de tout.
     
    L'omniprésence du logo chez Vuitton n'est pas dicté que par le marketing : il découle aussi de cette propension à vouloir exister.
     
    Ils ont le souci extrême de satisfaire leurs clients mais pas par empathie : par fierté, pour qu'on ne disent pas qu'ils ont manqué

    C'est ce terrible manque d'amour qui m'est resté dans la bouche quand j'ai refermé le livre.
     
    L'écriture de Stéphanie n'y est pour rien : à aucun moment, elle ne prend parti et on la sent plutôt admirative de cette saga industrielle. Même lorsqu'elle évoque le Vuitton des années noires, elle reste extrêmement neutre. 

    Et nous voilà face au vilain petit secret de la maison. J'ai toujours été intriguée par le silence sur les années 1935 à 1945 chez Vuitton : jamais la Maison ne parle des années 40 ni ne présente aucun modèle de cette époque.
     
    Etonnant trou noir, pour une entreprise qui vante son indéfectible innovation.
     
    Elle aurait donc stagné pendant 10 ans ? 

    Au contraire, elle s'est diversifiée. S'installant à Vichy, les Vuitton travaillent pour Pétain. Toujours accrochés à leur nom, ils sont prêts à tout pour garder le haut du pavé pendant la Guerre. Ils y parviennent si bien que Henry Vuitton est décoré de la francisque en 1942.  


    L'histoire pourrait s'arrêter là car les entreprises ayant collaboré de près ou de loin avec le régime de Vichy et / ou les Nazis ne se comptent plus, mais peu d'entre elles mettent autant d'énergie à le cacher. 

    En 2011, Médiapart et Arrêt sur Image dévoilent que LVMH a fait pression via la régie publicitaire du groupe Prisma sur les journalistes de ...
     
    Géo Histoire pour censurer un dossier de 5 pages consacré à la collaboration économique. Extrait :
    "Lorsque Philippe Pétain installe son gouvernement dans les murs de l'hôtel du parc, à Vichy, toutes les enseignes de luxe qui, comme les joailliers Van Cleef & Arpels, y tiennent boutique, en sont chassées.
    Toutes, sauf une : le bagagiste Vuitton. La maison, fondée en 1854 par Louis Vuitton et mise à la mode par l'impératrice Eugénie (l'épouse de Napoléon III), est, en 1940, dirigée son petit-fils Gaston.
    Ce dernier demande à son frère aîné Henry d'afficher de façon claire sa fidélité au nouveau régime afin d'assurer la pérennité de la marque. La maison Vuitton va ainsi fabriquer, dans des ateliers expressément constitués à cette fin, des objets à la gloire du maréchal Pétain et notamment 2500 bustes officiels. Henry Vuitton entretient par ailleurs de fortes amitiés avec les officiers de la Gestapo. 
    Il est même l'un des rares industriels à être décoré par les nazis, en remerciement de sa loyauté. Une cérémonie durant laquelle les officiers de la SS et de la Wehrmacht arborent des uniformes dessinés par un tailleur de Metzingen, un certain Hugo Boss, et confectionnés par des déportés et des travailleurs du STO".
    OK. Ca fait un peu désordre. 

    Dans une interview à The Guardian, Stéphanie Bonicini explique qu'elle a d'abord reçu la pleine coopération de la firme quand elle leur a présenté le projet de son livre, LVMH lui proposant même de la soutenir pour une diffusion en anglais et en japonais. 
     
    Mais lorsqu'elle approche des activités durant la guerre, le ton change ; on lui dit que les documents de la société pour les années 1930 à 1945
    ont été détruits dans un incendie.
     

    Louis Vuitton a établi une véritable chape de plomb sur son histoire. 
     
    Publié par Fayard en 2004, Louis Vuitton une saga française a subi en France un boycott total de la presse (excepté le Canard Enchaîné).
     
    L'auto-censure est telle que Michel Zaoui, alors porte-parole du CRIF, n'apprend l'existence de l'ouvrage que par la presse étrangère.
     
    Avec un peu d'amertume, il dit que ce qui le choque le plus, ce ne sont pas les faits rapportés mais le silence des médias hexagonaux.
     
    Et conclut, désabusé : "que voulez-vous, c'est la presse française".
     
    Bien qu'il soit certainement l'un des plus exhaustifs sur l'histoire de Vuitton (et sans doute à cause de cette exhaustivité), le livre de Stéphanie a également été censuré en 2010 de la librairie du Musée Carnavalet lors de l'exposition "Voyage en Capitale", organisée entièrement par Vuitton, ne présentant que des objets Vuitton... 
     
    La chose a fait grincer certaines dents, l'utilisation d'un musée public à des fins de communication gênant un peu les puristes.

     
     

    Comme le précisent avec beaucoup de bon sens Stéphanie et Michel Zaoui, le passé de Vuitton n'a plus aucun rapport avec la maison actuelle. 
     
     
    Personne ne pense à organiser un boycott et le craindre, c'est faire peu de cas de l'intelligence des clients ; 
     
    c'est même douter du pouvoir d'attraction de ses produits.
     
    Personne ne boycotte Chanel, Hugo Boss, Renault ou Wolkswagen. L'attitude de LVMH manque cruellement d'élégance. Si Louis Vuitton a des choses à se reprocher, il serait plus sain d'assumer son passé et de s'en excuser en créant, par exemple, une fondation pour les victimes du nazisme. 

     
    Bizarrement, cette histoire n'est pas remontée à la surface lors du scandale Galliano mais elle explique peut-être certaines choses.
     
    Les journalistes s'étaient alors fait un plaisir de racler les fonds de tiroirs pour ressortir tous les collabos de service : de la nièce de Christian Dior (aucun rapport avec la choucroute, Christian Dior n'étant pas sa nièce) à Hugo Boss en passant par Coco Chanel (dont la Maison Chanel ne nie pas l'antisémitisme viscéral, puisque les propriétaires en ont été les premières victimes). Mais de Gaston et Henry Vuitton, collaborateur actifs et décorés, nenni.
     
    Ou comment on gratte le fond des tiroirs pour éviter d'ouvrir les placards...

     
    Sources : 
    Censure dans la presse - Arrêt sur Image
    The Guardian
    Scandale Vuitton au musée Carnavalet Louvre pour Tous

    Louis Vuitton, une saga française - de
    Stéphanie Bonvicini. 364 pages, 22,30 € - 
     
     
    http://stelda.blogspot.fr/2013/09/les-secrets-de-louis-vuitton.html
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    Le siège de la Kommandantur, place de l’Opéra, 25 août 1944
    Photographie anonyme
    © Lapi/Roger-Viollet 

     

    À Paris, les Allemands réquisitionnent plus de mille immeubles.

     

    Pour installer leurs états-majors, ils investissent les beaux quartiers,

    les plus grands hôtels, le Ritz,

     

    le Crillon

     

    Hotel de Crillon, 10 Place de la Concorde, Paris:  

     

    le Meurice, le George V, le Majestic, le Lutetia… mais aussi les hôtels particuliers.

     

     

     

    Le Paris capitale allemande, siège de l'Administration militaire allemande, de la SS et de la Gestapo, s'étend ainsi de l'Opéra à l'avenue Foch, de la place Vendôme à l'avenue Henri-Martin. Mais les autres quartiers sont aussi occupés.

     Afficher l'image d'origine

    Dans l'Est parisien, ce sont surtout les équipements collectifs, écoles, casernes, stades, et les petites usines qui sont réquisitionnés.

     

    Accaparant l'espace, l'occupant tente de conquérir les esprits.

     

    Il interdit à la vente les ouvrages d'un millier d'auteurs, finance et dirige la presse parisienne, la fournit gracieusement en photographies faussement anodines, couvre les murs de ses affiches de propagande, colonisant la langue française. 

     

    Pillage

    Dès son arrivée, l'occupant pille les meubles et les œuvres d'art, s'acharnant d'abord sur les biens des Parisiens juifs.

     

     

    Les passants observent ces vols organisés, de même qu'ils constatent l'enlèvement des statues dont les Allemands récupèrent le métal.


    Rapporté au montant global du pillage économique et financier de la France, celui du pillage des biens des victimes de la persécution antisémite est minime.

     

    En revanche, il reste inoubliable pour ce qu'il signifie.

     

    En vertu de la « Möbel Aktion », près de 38 000 appartements de juifs déportés ou réfugiés en province sont vidés de leur contenu pour être envoyé en Allemagne.

     

    En 1943, les Allemands créent trois bagnes de juifs à Paris, chargés de trier le matériel volé.

     

    Environ 800 hommes et femmes sont passés par ces camps nommés d'après les lieux réquisitionnés à cette fin, « Bassano », « Austerlitz » et « Lévitan ».

     

    1

     

    Inventaire de la galerie Wildenstein, 57, rue la Boétie
    Photographie anonyme, avril 1941
    © Lapi/Roger-Viollet

     

    Le Paris des collaborations

    Capitale de la France allemande, Paris a perdu les lieux symboliques de la légitimité nationale.

    Le Palais de l'Élysée est fermé, la Chambre des députés est occupée par l'administration militaire allemande (MBF) et par la Kommandantur du Gross-Paris, et le Sénat, au Palais du Luxembourg, sert de quartier général à la Luftwaffe.


    Autour du pouvoir national-socialiste gravite un nouveau « Tout-Paris », société composite formée de Français de conviction nazie, d'opportunistes et d'hommes de main parfois libérés des prisons de la République par l'occupant.

     

    Des groupes et des partis rémunérés par les Allemands ont pignon sur rue, comme le Parti populaire français de Doriot ou le Rassemblement national populaire de Déat.

     

    Ils s'appellent eux-mêmes les collaborationnistes.


    Le gouvernement siégeant à Vichy, il lui faut ouvrir une ambassade à Paris.

    C'est le rôle de la Délégation générale du Gouvernement français dans les Territoires occupés (DGTO), qui occupe le ministère de l'Intérieur, place Beauvau.

    Ceux des ministères qui n'ont pas été réquisitionnés par l'occupant conservent leurs locaux et les ministres font la navette entre Vichy et Paris.

     

     


    Le ministère de l'Information finance une partie de la propagande.

    Le Paris des collaborations

    À regarder ses affiches, la souveraineté du gouvernement de Vichy semble réduite à l'action familiale et sociale.

    1

    Livraison de rouleaux de papier pour La France au Travail

    Quotidien collaborationniste publié de juin 1940 à novembre 1941
    Photographie anonyme, avril 1941
    © Lapi/Roger-Viollet

     

    Les moyens de la Propaganda Abteilung sont autrement plus amples.

    Ils assurent le financement de campagnes d'affiches mais aussi d'expositions imposantes, conçues dans l'esprit et le style nazis.

     

     

     

     

     

     

     

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