• La résistance polonaise (1939 - 1945)

    La résistance polonaise (1939 - 1945)

     

     

     

    Pour la Pologne, la Seconde Guerre mondiale reste un épisode tragique marqué par un effondrement politique et militaire lors de l'invasion conjointe de l'Allemagne et de l'URSS en septembre 1939. 

     

    Ce fut peut être l'un des seuls pays qui n'a plus existé lors de cette guerre. De plus la terreur, la famine, l'antisémitisme et le totalitarisme intensifièrent le découragement de la population.

     

    Cependant, des milliers de Polonais ont voulu échapper à ce destin tragique en résistant comme ils le pouvaient à l'Allemagne nazie; malheureusement beaucoup y laisseront leurs vies.

     

    Nous verrons tout d'abord le courage de ces Polonais quittant leur pays pour une résistance extérieure, puis nous étudierons la résistance intérieure par le biais de l'Armia Krajowa.

     

     

    1 - Une résistance extérieure…

    1.1 - D'abord avec l’armée Française

     

     

    Après le partage de la Pologne entre les Allemands et les Soviétiques, un gouvernement polonais en exil s'établit en France faute de territoire. Il est constitué le 30 Septembre 1939, avec à sa tête le général Sikorski (1), nommé premier ministre de ce gouvernement. Il reconstitue une armée en regroupant des soldats évacués de Pologne par la Roumanie et des Polonais mobilisés en France.

     

     

    En effet, en voyant leurs compatriotes martyrisés et leurs territoires envahis, de nombreux Polonais résidant sur le territoire français veulent s'engager pour aider leur pays au nom de la liberté. C'est  pourquoi le 17 novembre 1939 débute la mobilisation de recrues polonaises.

    Nous l'ignorons souvent, mais des Polonais sont présents dans les Deux-Sèvres lors de la Seconde Guerre Mondiale.

     

    C'est en effet le 16 novembre 1939, que sont implantés à Veluché des soldats polonais, près de la commune d'Airvault. Le but de cette implantation, est d'intégrer les forces armées polonaises à l'Armée Française mais surtout de leur proposer un entrainement militaire avec des champs d'exercices aménagés, des champs de tir...

     

    Ce camp est visité par Sikorski lors d'une tournée d'inspection. En ce qui concerne les liens entre l'armée Polonaise et les habitants de la Gâtine, d'après  les témoignages de ces derniers, ils ont été frappés par leur nombre et leur omiprésence, en effet un passant sur deux était polonais.

     

    Les témoignages évoquent aussi des contacts chaleureux, ou encore de beaux chants de Noël.

     

     

      

    La croix des Polonais sur la route du bois de Valendin à Veluché (Deux-Sèvres).

     

     

    Les divisions polonaises participent à de nombreuses batailles. Attardons nous, par exemple sur la bataille de Narwik qui se trouve en Norvège; la première brigade polonaise du Nord (podnale) débarque le 8 mai aux cotés des alliées. Lors de cette bataille l'Allemagne subit de grosses pertes grâce notamment à la marine polonaise qui apporte son soutien lors de cet engagement.

    Afficher l'image d'origine

    Il ne faut pas oublier aussi que les Polonais participent à bon nombre de combats en mai-juin 1940.

     

     

    Après la débâcle de l'armée française et la demande d'armistice de Pétain,  27 000 soldats polonais prennent dès le 18 juin 1940 le chemin de l'Angleterre pour continuer la lutte.

     

     

    1.2 -  Puis en Angleterre

    Dès l'armistice prononcé, le général Sirkoski exile son gouvernement polonais à Londres, et demande aux troupes polonaises présentes dans l'hexagone de faire de même d'où la reconstitution d'une armée polonaise qui totalise pas moins de 225 000 soldats hommes en 1945.

     

    L'armée polonaise après la campagne de Pologne

     

    L'armée polonaise en France.

    L'armée polonaise , est anéantie, mais pas tout ta fait ! Cinquante mille hommes ont réussie à s'échapper pour rejoindre la France et l'Angleterre pour poursuivre la lutte . Un gouvernement provisoire diriger par le général Władysław Sikorski les commandent. Que restent-ils à ces polonais exiler sinon le désire de mourir en combattant pour leur terre ?

    Armée polonaise reconstituer en France.
     
     
     
     
     
    LIEN - http://laguerre-1939-1945.skyrock.com/34.html

    Les unités polonaises sont donc intégrées à l'armée britannique. En août 1940, il y a six unités de combat polonaises dans l'aviation, en 1943, les forces aériennes polonaise se composent de 14 unités dont 10 de chasse. Durant la bataille d'Angleterre, 201 victoires aériennes sont comptabilisées dont 135 pour l'escadrille polonaise Kosciusko. Les Polonais sont aussi mobilisés en tant que parachutistes ainsi que dans les divisions blindées. En 1944, la division blindée du général Maczek intégrée à la 1ère Armée canadienne participe à la Libération de la France, livrant de durs combats en Normandie, avant de pousuivre son avance en Belgique et en Allemagne. La 1ère brigade parachutiste est engagée en Hollande en septembre 1944.

    En Angleterre, des ingénieurs polonais parviennent à décoder les massages cryptés à l'aide de la machine Enigma par les Allemands et permettent aux Alliés de disposer de renseignements décisifs pour la victoire. D'autre part, le gouvernement polonais organise d'important réseaux de résistance en Pologne et à l'Ouest, notamment en France (réseau F2 et POWN : Polska Organizajca Walki o Niepodleglosc, Organisation polonaise de lutte pour l'indépendance)

    Après l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, Staline autorise Sikorski à recruter une armée parmi les soldats prisonniers en URSS depuis septembre 1939.  Cette armée,  commandée par le général W. Anders (2), rejoint les Anglo-saxons en transitant par l'Iran. Elle s'illustre dans les combats en Italie, notamment lors de la bataille de Monte-Cassino en mai 1944.

     

     

    1.3 - En URSS

    En avril 1943, après la rupture entre le gouvernement de Londres et l'URSS consécutive à la découverte des charniers de Katyn, Staline ordonne la création d'une « Armée populaire polonaise » combattant au côté de l'Armée rouge, en vue de la prise du pouvoir par les communistes en Pologne. Les 75 000 hommes (ex-prisonniers du Goulag) du général Berling sont engagés dès octobre 1943. L'Armée populaire participe à la libération de la Pologne puis, avec des effectifs portés à 300 000 hommes,  à l'invasion de l'Allemagne jusqu'à Berlin.

    En Pologne occupée, une résistance communiste s'organise, mais d'une faible importance par rapport à la résistance nationaliste fidèle au gouvernement de Londres dont il va être question dans la seconde partie.

     

     

    2 - Une résistance intérieure

    2.1 - Origine et équipement de la Armia krajowa

    Après la formation d'un gouvernement polonais en France, le général Sikorski crée le 13 novembre 1939 une « Union de la lutte Armée » en Pologne, qui devient par la suite en février 1942, l'AK, « Armia Krajowa » (Armée de l'intérieur), après fusion avec plusieurs autres mouvements de résistance. Les effectifs de l'Armia Krajowa varient entre 250 000 à 350 000 résistants dont plus de 10 000 officiers. L'AK est commandée par Tadeusz Bor Komorowski (3) du 1er juillet 1943 au 2 octobre 1944. De plus, un drapeau est crée à l'effigie de l'AK et il est utilisé comme symbole de la résistance en Pologne (ci-contre). 

    En ce qui concerne l'équipement des combattants, l'Armia Krajowa doit faire face à un problème épineux : comment se procurer des armes discrètement ? Malgré un contexte hostile, elle réussit à dépasser ces difficultés et équipe ses hommes avec des armes légères, malheureusement en quantités insuffisantes pour équiper tous les Polonais résistants. Alors ils diversifient leurs sources, en récupérant des armes aux Allemands morts, ou ils les achètent au marché noir. Mais il y a aussi des ateliers secrets, où des centaines de personnes participent à l'effort de guerre en fabriquant des grenades, des lances flammes… Ces armes sont enterrées pour être cachées mais les mauvaises conditions de conservation font que pour l'action « Tempête » seulement 30% des armes sont utilisables.

     

     

    2.2 - Actions menées par l'Armia Krajowa

    Le principal but de la AK est évidemment la libération de la Pologne. Pour cela l'Armia Krajowa met toutes ses forces dans des sabotages économiques et militaires. En effet, ce mouvement de résistance ne laisse aucun repit à l'armée allemande : ponts, voies ferrées, routes sont dynamités, des prisonniers de la prison d'Arsenal sont délivrés en 1943, de nombreux sabotages d'usines d'armement ont lieu ainsi que des assassinats de soldats allemands. En deux ans, environs 5000 attentats et sabotages ont lieu, provoquant  la mise hors service de trains, de ponts, de bâtiments, de convois. L'Armia Krajowa est aussi très présente au niveau de la propagande et elle met sur pied un vrai réseau de renseignements.

     

     

    2.3 - L'insurrection de Varsovie (août-octobre 1944)

    L'insurrection de Varsovie est lancée sous le nom d'Opération Tempête, « Burza », le 1er Août 1944. Bor Komorowski dispose alors de 46000 résistants armés  et de 200000 civils  sympathisants. À l'approche des Soviétiques, il s'agit d'installer un pouvoir nationaliste et de tenter d'éviter la prise du pouvoir par les communistes.

    Monument commémoratif de l'insurrection à Varsovie

     

    Ce soulèvement permet de faire évader quelques centaines de prisonniers d'un camp de concentration voisin. Ils mènent une guerre de rue féroce contre les Allemands, avant que ceux-ci ne renforcent leurs régiments SS et n’écrasent le soulèvement de Varsovie, sous les yeux des Soviétiques qui refusent toute aide des insurgés. Le 2 octobre 1944, le général Bor Komorowski capitule.

     

    L'Armia Krajowa compte 18000 morts-soldats et 150000 victimes civils. Après cette répression féroce, Hitler ordonne aux Allemands de raser la ville : Varsovie n'est plus qu'un point sur une carte, un champ de ruines, lorsque les Soviétiques franchissent la Vistule en janvier 1945.

    Ruines du château royal de Varsovie en 1945.

     

    L'AK est dissoute le 19 janvier.

    Le Comité de Lublin formé par les communistes à l'instigation des Soviétiques, s'installe à Varsovie et devient le gouvernement polonais. Il est reconnu par les pays occidentaux à la suite de la conférence de Yalta (février 1945).

    Conclusion

    La résistance polonaise lors de la seconde guerre mondiale a donc un double aspect. D’un part, nous avons une présence militaire au sein des armées alliées, sur plusieurs fronts, à l'Ouest et à l'Est. D’autre part, nous avons une résistance à l’interieur même de la Pologne qui a pris de l’ampleur au fil de la guerre. 

     

    1.  Général Władysław Eugeniusz Sikorski (20 mai 1881 à Tuszów Narodowy - 4 juillet 1943 à Gibraltar), militaire et homme politique polonais, général et chef des forces armées polonaises, et premier ministre du Gouvernement polonais en exil de 1939 à 1943.
    2.  Władysław Anders (11 août 1892 à Błonie, Pologne - 12 mai 1970 à Londres), général de l’armée polonaise, Chef suprême de l’armée polonaise 1942-1945.
    3.  Tadeusz Bór-Komorowski est un officier général polonais né le 1er juin 1895 à Chorobrow. Le général Komorowski est surtout connu comme commandant en chef de l'armée de l'intérieur polonaise. Il dirigea l'insurrection de Varsovie à l'été 1944. Fait prisonnier le 5 octobre 1944 après la capitulation des insurgés (le 2 octobre). Il est interné dans un camp de prisonniers de guerre, l'oflag 73. Libéré par les alliés en 1945, il part s'installer à Londres ou il termina sa vie le 24 août 1966

     

    SOURCES

     

    http://www.lycee-jeanmace.fr/Projets/pologne_2010/ch3/ch3.html

     

     

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  • Secret Nazi Breeding Program:

    The Lebensborn Project

     

    The Lebensborn project was one of most secret and terrifying Nazi projects. Heinrich Himmler founded the Lebensborn project on December 12, 1935. For decades, Germany’s birthrate was decreasing. Himmler’s goal was to reverse the decline and increase the Germanic/Nordic population of Germany to 120 million. Himmler encouraged SS and Wermacht officers to have children with Aryan women. He believed Lebensborn children would grow up to lead a Nazi-Aryan nation.

    The purpose of this society (Registered Society Lebensborn - Lebensborn Eingetragener Verein) was to offer to young girls who were deemed “racially pure” the possibility to give birth to a child in secret. The child was then given to the SS organization which took charge in the child’s education and adoption. Both mother and father needed to pass a “racial purity” test. Blond hair and blue eyes were preferred, and family lineage had to be traced back at least three generations.

    Of all the women who applied, only 40 percent passed the racial purity test and were granted admission to the Lebensborn program. The majority of mothers were unmarried, 57.6 percent until 1939, and about 70 percent by 1940.

    In the beginning, the Lebensborn were taken to SS nurseries. But in order to create a “super-race,” the SS transformed these nurseries into “meeting places” for “racially pure” German women who wanted to meet and have children with SS officers. The children born in the Lebensborn nurseries were then taken by the SS. Lebensborn provided support for expectant mothers, we or unwed, by providing a home and the means to have their children in safety and comfort.

    The first Lebensborn home was opened in 1936 in Steinhoering, a tiny village not far from Munich. Furnishings for the homes were supplied from the best of the loot from the homes of Jews who had been sent to Dachau. Ultimately, there were 10 Lebensborn homes established in Germany, nine in Norway, two in Austria, and one each in Belgium, Holland, France, Luxembourg and Denmark. Himmler himself took a special interest in the homes, choosing not only the mothers, but also attending to the decor and even paying special attention to children born on his birthday, October 7th.

    By 1939, the program had not produced the results Himmler had hoped. He issued a direct order to all SS and police to father as many children as possible to compensate for war casualties. The order created controversy. Many Germans felt the acceptance of unwed mothers encouraged immorality. Eventually Himmler backpedaled, but he never condemned illegitimacy outright. Himmler himself had two illegitimate children.

    Lebensborn soon expanded to welcome non-German mothers. In a policy formed by Hitler in 1942, German soldiers were encouraged to fraternize with native women, with the understanding that any children they produced would be provided for. Racially fit women, most often the girlfriends or one-night stands of SS officers, were invited to Lebensborn homes to have their child in privacy and safety.

    Ultimately, one of the most horrible sides of the Lebensborn policy was the kidnapping of children “racially good” in the eastern occupied countries after 1939. Some of these children were was orphans, but it is well documented that many were stolen from their parents’ arms. These kidnappings were organized by the SS in order to take children by force who matched the Nazis’ racial criteria (blond hair and blue or green eyes).

    Thousands of children were transferred to the Lebensborn centers in order to be “Germanized.” Up to 100,000 children may have been stolen from Poland alone.In these centers, everything was done to force the children to reject and forget their birth parents. As an example, the SS nurses tried to persuade the children that they were deliberately abandoned by their parents. The children who refused the Nazi education were often beaten. Most of them were finally transferred to concentration camps (most of the time to Kalish in Poland) and exterminated. The others were adopted by SS families.

    In 1942, in reprisals of the assassination of the SS governor Reinhard Heydrich in Prague, a SS unit exterminated the entire male population of a small village called Lidice. During this operation, some SS made a selection of the children. Ninety-one of them were considered good enough to be “Germanized” and sent to Germany. The others were sent to special children camps (i.e. Dzierzazna & Litzmannstadti) and later to the extermination centers.

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  • RÉSISTANCE - 1944-1945 :

    Les Combattants de l'ombre

    Publié le 23 juillet 2013 par Galaxien

    Illusions et désillusions de la Résistance, est un documentaire (0h48) de la série Les Combattants de l'ombre, qui retrace l'histoire des résistants lors de la Seconde Guerre mondiale en Europe, quelques mois avant la Libération, lorsque la Résistance oscille mais espère que la Libération provoquera une nouvelle donne politique et sociale, malgré l'implication des Alliés.  Episode 6 sur 6.

     

    Ce sixième et dernier épisode, Illusions et désillusions de la Résistance, se déroule en 1944-1945, et se résume ainsi : Durant les mois qui précèdent la Libération, les attentes sont immenses, mais entre conflits internes et unification, la Résistance oscille. Une majorité espère que la Libération provoquera une nouvelle donne politique et sociale. Une partie redoute le poids des communistes, mais par leurs décisions, les grands Alliés ont déjà réglé le sort de bien des pays...

    Cette série documentaire offre un nouveau regard sur la Seconde Guerre mondiale, construite autour de témoignages exceptionnels des derniers acteurs de l’époque, illustrée d’archives inédites et de scènes de reconstitution, vue cette fois du côté de la Résistance et dans une dimension pour la première fois européenne.


    En ce qui concerne la France, les résistants étaient des hommes et des femmes de tous âges mais souvent jeunes voire très jeunes. Moins nombreuses que les hommes, les femmes y étaient souvent cantonnées dans des rôles subalternes. Ils  étaient issus de toutes les couches sociales. Toutes les sensibilités politiques de gauche comme de droite, toutes les sensibilités philosophiques et religieuses étaient représentées au sein de la résistance.

    Des étrangers ont combattu aux côtés des résistants français : Antifascistes italiens, antinazis allemands et républicains espagnols réfugiés en France; immigrés polonais et arméniens; juifs apatrides.


    Volontaires engagés dans l'action clandestine, les résistants risquaient à tout moment d'être dénoncés, arrêtés, torturés, emprisonnés, exécutés ou déportés. Ils constituaient une toute petite minorité courageuse, qui a suscité à la fin de l'Occupation un mouvement social beaucoup plus vaste, entraînant l'adhésion de la majorité des français.


    L'engagement dans la résistance a été plus ou moins précoce, dès 1940-1941 ou au contraire plus tardif, en 1943-1944.

    Les motivations des résistants étaient le refus de la défaite et de l'occupation allemande, refus du régime de Vichy et de la collaboration, refus de la répression et des mesures antisémites, volonté de combattre pour libérer la France.

    La résistance a revêtu des formes multiples qui allaient de l'attentisme prudent ou l'écoute de la BBC, jusqu'à la l'action directe, attentats, sabotages, ou la lutte armée dans les maquis, en passant par les manifestations patriotiques, le renseignement, la diffusion de la presse clandestine, la participation à des réseaux d'évasion, le refus du STO, Service du travail obligatoire, mis en place à la fin de 1942 et au début de 1943.
    Les résistants étaient isolés. Ils ne pouvaient guère compter sur la population accablée par la défaite, soucieuse d'assurer d'abord sa survie et terrorisée par les menaces de représailles, ni sur l'aide des Alliés qui a tardé à venir et est restée limitée. Ils ont dû surmonter leurs propres divisions.


    Quatre facteurs extérieurs à la résistance l'ont favorisé : En juin 1941, l'attaque allemande contre l'Union soviétique a levé les équivoques qui pouvaient subsister chez certains militants communistes depuis le pacte germano-soviétique d'août 1939, et a renforcé la détermination des résistants communistes qui constituaient, depuis 1940, la cible privilégiée de la répression nazie et vichyste.

    En septembre 1942, l'établissement du STO a poussé les réfractaires à rejoindre les maquis.
    En novembre 1942,l'invasion de la zone Sud par la Wehrmacht a discrédité le régime de Vichy incapable de s'y opposer, anéanti le mythe d'un Vichy-bouclier, État indépendant et souverain jouant le double-jeu pour le plus grand intérêt de tous les français, et elle a uniformisé les conditions de la résistance dans les deux zones.

    En février 1943, la capitulation de la VIe Armée allemande à Stalingrad a fait s'effondrer le mythe de l'invincibilité de la Wehrmacht et de la victoire définitive du Reich hitlérien auquel le régime de Vichy avait adhéré.


    La France libre avait besoin de se faire reconnaître par la résistance intérieure et la résistance intérieure avait besoin de l'aide de la France libre. En janvier 1942, de Gaulle a envoyé Jean Moulin en France avec pour mission d'unifier la résistance intérieure. Au printemps 1943, les mouvements de la zone Sud ont fusionné dans les Mouvements Unis de Résistance MUR, et ceux de la zone Nord ont commencé à coordonner leur action.
    Présidé par Jean Moulin puis après son arrestation en juin 1943,

    par Georges Bidault, le Conseil National de la Résistance, CNR, a élaboré un programme qui a été adopté en mars 1944.

     

    Ce programme fixait les conditions de la lutte immédiate pour la libération du territoire français et les mesures à appliquer après la Libération pour rétablir la légalité républicaine et promouvoir de profondes réformes sur le plan économique et social. Au début de 1944, a été créé le Mouvement de Libération Nationale, le MLN, qui regroupait les MUR et plusieurs mouvements de la zone Nord.


    Lorsque s'achève la libération de la France au printemps 1945, avec la réduction des dernières poches tenues par les allemands, le bilan est lourd :  20.000 FFI ou FTP tués au combat, 30.000 fusillés, plus de 60.000 déportés, dont près de la moitié sont morts dans les camps.
    Cependant, le sacrifice des résistants n'a pas été inutile et l'action de la résistance, même si elle n'a été qu'une force d'appoint, a bien servi la France. Cette action a été reconnue par le commandant en chef des armées alliées en Europe, le général Eisenhower, et a contribué ainsi à épargner à la France d'être soumise à l'AMGOT, pour Allied Military Government for Occupied Territories, ou Administration militaire alliée des territoires occupés.

    (cndp.fr/crdp-reims)

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    Les Unes 
    de la presse nationale
    et parisienne
    Classement alphabétique 

     

     

     

    France-Soir, 8 mai 1945
    Journal qui a pris la suite, en novembre 1944, de Défense de la France,
    journal fondé dans la clandestinité à Paris en juillet 1941

     

    Franc-Tireur, 8 mai 1945

    Franc-Tireur, 9 mai 1945
    Journal fondé dans la clandestinité à Lyon en en décembre 1941

    Front National, 8 mai 1945
    Journal du " Front national de lutte pour l'indépendance de la France ",
    mouvement de Résistance créé en mai 1941
    dans la mouvance du Parti communiste

     

    La Croix, 9 mai 1945
    Journal catholique, replié en zone sud, a continué de paraître jusqu'en juin 1941
    et a été autorisé à reparaître à partir de février 1945

     

    L'Aube, 8 mai 1945

    L'Aube, 9 mai 1945
    Journal démocrate-chrétien, s'est sabordé en juin 1940, a reparu en juin 1944, est devenu l'organe du Mouvement Républicain Populaire, parti fondé
    à la Libération par des démocrates-chrétiens issus de la Résistance

     

    L'Aurore, 9 mai 1945
    Journal fondé dans la clandestinité en 1943

     

    Le Figaro, 8 mai 1945

    Le Figaro, 9 mai 1945
    Journal replié à Lyon en juin 1940 , s'est sabordé le 11 novembre 1942
    lorsque la zone sud a été envahie par la Wehrmacht
    a reparu en août 1944

     

    L'Époque, 8 mai 1945

    L'Époque, 9 mai 1945
    Quotidien du matin, s'est sabordé en juin 1940,
    a reparu le 3 mai 1945

     

    L'Express, 9 mai 1945
    Journal du soir

     

    L'Humanité, 8 mai 1945

    L'Humanité, 9 mai 1945
    Organe central du Parti communiste français,
    suspendu en août 1939, s'est maintenu dans la clandestinité,
    a reparu le 21 août 1944

     

    Le Monde, 9 mai 1945
    Quotidien du soir fondé en décembre 1944

     

    Le Parisien Libéré, 9 mai 1945
    Journal fondé le 22 août 1944

     

    Le Populaire, 8 mai 1945

    Le Populaire, 8 mai 1945
    Organe central du Parti socialiste
    Section française de l'Internationale ouvrière ( SFIO )
    s'est sabordé en juin 1940, 
    a reparu dans la clandestinité en 1942 en zone sud et en 1943 en zone nord

     

    Libération, 8 mai 1945
    Journal fondé dans la clandestinté à Clermont-Ferrant en juillet 1941

     

    Libération Soir, 9 mai 1945

     

    Libres, 9 mai 1945
    Journal fondé sous l'Occupation
    par le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés

     

    L'Ordre, 8 mai 1945

     

    Paris-Presse, 10 mai 1945

     

    Résistance - La Voix de Paris, 8 mai 1945

     

    Volontés, 9 mai 1945
    Hebdomadaire du mouvement " Ceux de la Résistance "

     

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  • Histoire cachée : "Lebensborn" en France

     
     
      
     
    Entre février et la Libération, en août, un manoir de l'Oise, près de Chantilly, a abrité l'unique Lebensborn créé par les nazis en France.
     
    Nous avons retrouvé plusieurs personnes nées dans ces maternités où une " race supérieure " devait voir le jour. Voici leur histoire. 

      
    Le carillon de la pendule tinte dans le salon : 14 heures. Assis devant une tasse de café, cheveux blancs mi-longs, le regard bleu un peu perdu, Erwin Grinski tire sur son cigarillo et se lance.
     
    Cette histoire, ce mécanicien à la retraite ne l'a jamais racontée. A personne. "Le peu que je sais, je le tiens de ma mère, prévient-il avec son accent chantant du Midi. Elle ne répondait pas à mes questions mais, deux ou trois fois, elle m'a lâché un détail." Elisabeth Grinski est décédée en 2007.
     
     
    Depuis, Erwin, 65 ans, divorcé, vit seul avec son secret, dans un appartement HLM un peu défraîchi, en Avignon.
     
    Ce secret, celui de sa naissance, renvoie à l'un des projets les plus effrayants entrepris par les nazis: des maternités, les Lebensborn ("source de vie" en vieil allemand), où devaient naître des enfants "parfaits", grands, blonds aux yeux bleus. La future élite du IIIe Reich. 
     
    Erwin a vu le jour le 21 mai 1944, à Lamorlaye (Oise), à 40 kilomètres au nord de Paris.
     
    Là, au manoir de Bois-Larris, caché dans la forêt de Chantilly,
    les SS avaient installé l'une de ces maternités.
     
     
     
    On y accueillait des femmes enceintes de SS ou de membres des services de police nazie. Les deux parents, soumis à une rigoureuse sélection, devaient correspondre aux critères raciaux "aryens" définis par le régime hitlérien. L'objectif était de créer une race "supérieure de Germains nordiques". 
     
    L'organisation Lebensborn a commencé à fonctionner à partir de 1935 en Allemagne. Puis, pendant la guerre, les nurseries SS ont essaimé en Norvège, en Autriche, en Pologne, au Luxembourg, en Belgique et... en France. Le foyer Westwald ("forêt de l'Ouest" - en fait la forêt de Chantilly), à Lamorlaye, fut ainsi l'unique pouponnière nazie ouverte sur le sol français. Son histoire reste malgré tout méconnue: seuls deux livres d'historiens, l'un publié en 1975, l'autre cette année, lui consacrent quelques pages.
     
     
    En 2004, l'Association Lamorlaye mémoire et accueil a organisé une conférence sur le sujet, mais sans pour autant apporter de nouveauté.

     
    L'Express est parti à la recherche des enfants français des Lebensborn, des hommes et des femmes aujourd'hui âgés d'au moins 65 ans.
     
    Retrouver leur trace n'est pas évident. Leurs noms de famille ont parfois été modifiés pour brouiller les pistes, quand ils furent emmenés à la hâte en Allemagne, à la fin de 1944.
     
    Certains, rapatriés après la guerre, ne connaissent même pas leurs véritables origines.
     
    Ou ne veulent pas les connaître. Un rapport établi en 1948 par les services français en Allemagne, que nous avons pu consulter, permet toutefois d'affirmer que "23 enfants sont nés" ou ont transité à Lamorlaye. "Le nombre de femmes y ayant séjourné n'a pas dépassé 21", précise le document. A cette époque, trois bébés étaient morts en bas âge.
     
     
    Parmi les 20 autres enfants, nous avons retrouvé sept noms :
     
    Ingrid, Helga, Edith, Gérard, Jean-Pierre...
     
    Deux sont décédés: Ingrid et Songard.
     
    Quatre autres n'ont pu être localisés.
     
    Le septième nous a reçus:
    Erwin Grinski. 
     
    Sa mère, Elisabeth, s'est retrouvée à Lamorlaye par un terrible enchaînement de circonstances.
     
    Née dans une famille de mineurs polonais venus s'installer dans le Gard en 1921, elle ne parlait qu'allemand, comme la plupart des habitants de Poméranie occidentale. En 1941 ou 1942, la jeune femme monte à Paris. Elle travaille d'abord dans un orphelinat avant, semble-t-il, de devenir interprète au service de l'occupant.
     
    C'est ainsi qu'elle aurait rencontré Erwin Schmidt, un officier originaire des Sudètes.
     
    Travaillait-il pour la Croix-Rouge allemande?
     
    C'est en tout cas ce qu'elle racontera, bien plus tard, à leur fils, également prénommé Erwin. L'unique trace de son séjour à Lamorlaye figure dans les registres d'état civil de la commune: Elisabeth Grinsky a reconnu l'enfant le 31 mars 1948. La date de naissance a été ajoutée au crayon à papier.

    Les Français? Un peuple abâtardi, racialement sans intérêt
     
    Le projet d'ouvrir une maternité SS en France avait germé dans l'esprit des nazis au printemps de 1942. "Jusqu'alors, ils considéraient les Français comme un peuple abâtardi, issu de sang mélangé et donc racialement sans intérêt", précise l'historien Fabrice Virgili, auteur de Naître ennemi (Payot, 2009), un livre consacré aux enfants franco-allemands conçus pendant la guerre.
     
     
    Leur position évolue en 1942, en raison de la multiplication des naissances. "A cette date, en France, 50 000 enfants étaient déjà nés de père allemand", indique Fabrice Virgili. Même le jugement sur les Français change: certaines femmes du Nord sont désormais considérées comme " aptes " à procréer des Aryens. Le 29 mai 1942, le secrétaire d'Etat à la Santé du Reich, Leonardo Conti, écrit au Reichsführer SS Heinrich Himmler:
     
     
    "Ces enfants ne sont pas mauvais [...]. Je propose que le Lebensborn [s'en] occupe énergiquement."

    Interdiction formelle d'approcher du manoir
     
    Reste à trouver un lieu adéquat : proche de Paris, mais suffisamment retiré, dans un cadre champêtre, bénéfique pour les petits "pensionnaires". Le choix se porte sur le manoir de Bois-Larris, une jolie demeure de style anglo-normand, avec écuries et dépendances. Cette propriété, réquisitionnée à la famille Menier (celle des chocolats), est occupée par la SS depuis 1942. 
     
     
     
    La suite de l'histoire oblige à se plonger dans les archives du Service international de recherches de la Croix Rouge (SIR).
     
     
    A Bad Arolsen, une petite ville de Hesse, le SIR conserve 50 millions de documents, concernant 17,5 millions de victimes du nazisme.
     
     
     
    Dans la salle de lecture, le visiteur est prié d'enfiler des gants de tissu blanc pour manipuler les feuillets jaunis, à en-tête du Lebensborn et de l'état-major SS. Une vingtaine de courriers et de télégrammes évoquent le foyer Westwald de Lamorlaye.
     
     
    Le 2 novembre 1943, l'Oberführer SS Gregor Ebner, médecin en chef des Lebensborn, spécialiste de la " sélection raciale " et ami personnel de Heinrich Himmler, écrit au commandant Fritze, tout juste nommé responsable de l'établissement :
     
    "Le lieu devra être aménagé à la manière du foyer de Steinhöring [la maison mère, en Bavière]. J'espère pouvoir venir à Paris au cours de l'hiver [1943-1944]." Faute de temps, Ebner ne pourra pas honorer ce rendez-vous. Finalement, Westwald sera inauguré le 6 février 1944. 
     
    La plupart des femmes accueillies ici sont françaises, comme la maman de la petite Edith de V., née le 11 avril 1944. Mais il y a aussi quelques étrangères. Ainsi, la mère de Helga M., née le 20 juin 1944, est une Flamande, enceinte d'un SS belge; celle d'Ingrid de F. (31 juillet 1944) est probablement néerlandaise. Par souci de discrétion, elles préfèrent accoucher dans un Lebensborn éloigné de leur région ou de leur pays d'origine.
     
    Afficher l'image d'origine 
    Toutes vivent en communauté dans cette maternité gardée en permanence.
     
    Il est formellement interdit d'approcher du manoir perché sur les coteaux.
     
    "Pourtant, à Chantilly, beaucoup de gens savaient qu'il y avait une nurserie nazie, là-haut, et que les Allemands recrutaient de grandes femmes blondes pour faire des enfants aryens",
     
    raconte Michel Bouchet, 83 ans, ex-journaliste hippique qui habite toujours dans les environs. 
     
    La vie quotidienne à Westwald, c'est l'Oberführer SS Gregor Ebner lui-même qui l'évoque dans un rapport de trois pages dactylographiées, après sa visite d'inspection du 24 avril 1944. Passant en revue les lieux et le personnel, il écrit: "Les chambres non attribuées ont été correctement reconverties et servent de salle d'accouchement, note-t-il. Une activité impressionnante règne au rez-de-chaussée, où se trouvent la salle de visite, les chambres des mères et le réfectoire." En revanche, le matériel laisse à désirer: les meubles sont de mauvaise qualité, les berceaux "sont fabriqués dans un matériau très sommaire, ce qui les rend dangereux ". 
     
    Autre problème: la maternité est mal gérée. Son responsable, le commandant Fritze, passe son temps à Paris et ne vient "qu'une ou deux fois par semaine". Surtout, une querelle oppose le sergent SS Grünwald et son épouse - qui veillent sur le domaine depuis l'hiver 1943 - au reste du personnel, le régisseur SS Engelien, l'infirmière en chef, Josefa Knoll, la sage-femme et les trois autres infirmières. Gregor Ebner termine cependant son rapport sur une note positive: "Les six mères présentes à Westwald font bonne impression sur le plan racial et pour ce qui concerne leur intégration. Les quelques enfants du foyer sont en bonne santé, seul un d'entre eux laisse apparaître une légère dégénérescence." Erwin Grinski, né en mai, ne restera pas longtemps à Lamorlaye. Quelques semaines plus tard, ses parents partent en effet avec lui vers Dortmund. "Nous avons passé les derniers mois de la guerre dans cette ville, terrés dans des abris souterrains, pour échapper aux bombardements alliés", raconte-t-il. 
     
    En ce printemps 1944, les Lebensborn, qui sont d'ordinaire bien approvisionnés, connaissent des pénuries. L'Oberführer SS Gregor Ebner s'en inquiète dans une note du 2 mai: "La plupart des foyers manquent de solution vitaminée [pour les enfants]. Ils manquent de produits alimentaires de toutes sortes, comme la semoule, le riz, les flocons d'avoine et le cacao." Le manoir de Lamorlaye est au plus mal, lui aussi. Surtout après le débarquement allié en Normandie, le 6 juin. Engelien, le régisseur, est si préoccupé qu'il alerte Ebner: Fanny M., la sage-femme, a "appris la nouvelle de l'invasion [le débarquement] et en a informé les mères". De plus, elle passe toute la journée dans sa chambre, vu "le peu d'accouchements qui se produisent". Quant au commandant Fritze, il est toujours aux abonnés absents. Autre souci: il devient de plus en plus difficile de nourrir correctement les 12 bébés encore présents. "Le jardin ne fournit pas assez de carottes et d'épinards", relève Ebner. A son tour, celui-ci informe son supérieur, le colonel SS Max Sollman, l'administrateur en chef des Lebensborn. Les jours de la maternité sont comptés... 
     
    7 août 1944. Le commandant Fritze sait qu'il est temps de filer. De Paris il envoie un télégramme de cinq lignes à l'état-major personnel de Heinrich Himmler, à Berlin: "Evacuation du foyer Westwald prévue le 10 août, sous la direction du sous-lieutenant SS Decker. Le mobilier sera transporté par train jusqu'à Munich [...]."

    Des bambins transbahutés d'une maternité nazie à l'autre
     
    C'est ainsi qu'une semaine avant la libération de Paris la maternité ferme en urgence. Ses pensionnaires - une dizaine d'enfants, dont Edith de V., Helga M., Gérard S., né le 28 juin ou Ingrid de F., âgée d'à peine 10 jours, ainsi que quelques mères volontaires - sont transférés au Lebensborn Taunus de Wiesbaden, près de Francfort. Début septembre, une dizaine d'autres bébés, évacués du Lebensborn Ardennen, de Wégimont (Belgique), les y rejoignent. Parmi ces derniers se trouvent Gisèle Niango et Walter Beausert. 
     
    Au fil de la débâcle, ces bambins sont transbahutés d'une maternité nazie à l'autre. Leur périple à travers le Reich s'achève le 3 avril 1945, à Steinhöring, près de Munich. C'est là, dans la maison mère, ouverte dix ans plus tôt, que des soldats américains découvrent, au début de mai 1945, environ 300 enfants et une poignée de mamans livrés à eux-mêmes. Les maîtres de l'organisation ont pris la fuite après avoir brûlé les archives. Pour identifier les gosses, il ne reste que des fiches très succinctes. Un prénom germanique, un patronyme, parfois modifié, une date de naissance, le nom de code du lieu où ils ont vu le jour : Westwald, Ardennen... Les petits, confiés à une équipe de secours des Nations unies (l'Unrra), sont regroupés et soignés dans un couvent désaffecté. Le 14 décembre 1945, le père Ludwig Koeppel, curé de Steinhöring, les baptise collectivement. Photographiés, reconnus, certains sont rendus à leur mère. D'autres sont rapatriés, un an plus tard, vers leur pays d'origine. Du moins le croit-on. Car plusieurs bébés belges et néerlandais, nés à Wégimont ou à Lamorlaye, sont envoyés par erreur en France. 
     
    Aux mois d'août et octobre 1946, deux trains affrétés par la Croix-Rouge, en provenance d'Allemagne, s'arrêtent ainsi à Bar-le-Duc (Meuse). Sur les 37 enfants confiés aux services locaux de l'Assistance publique, 17 sont encore bébés. Un an plus tard, la justice décide de les déclarer "nés à Bar-le-Duc". Les prénoms trop allemands sont francisés. Ingrid s'appellera Irène, Gizela sera Gisèle, Songard et Ute deviennent Dominique... Plusieurs d'entre eux sont accueillis par des familles de la région, certains sont adoptés. Tous gardent en mémoire les injures des autres gamins, voire de l'instituteur: "A l'école, on me traitait de 'sale boche'", raconte Gisèle Niango, 65 ans, de Nancy. Nous sommes déchirés entre le fait d'être des victimes innocentes et la honte d'avoir été conçus pour servir cette idéologie monstrueuse." 
     
    En 1946, Erwin a 2 ans à peine quand il est rapatrié en Avignon et récupéré - avec son nom inscrit sur un écriteau accroché autour du cou - par l'une de ses tantes. Sa mère les rejoint un an plus tard. Erwin n'a plus jamais revu son père. Il a découvert son nom par hasard, en 1987, en tombant sur son propre certificat de baptême, daté de 1945. Le document mentionnait ceci: "Père: Erwin Konstant Johannes Schmidt." "Ma mère me l'a arraché des mains avant de le déchirer et de le jeter au feu", poursuit Erwin.

    Jamais reconnus en tant que victimes
     
    A l'adolescence, il faisait le coup de poing quand on se moquait de son physique, mais personne n'a jamais eu connaissance de ses origines.
     
    "Ma mère m'avait fait jurer de ne jamais raconter que mon père était allemand.
     
    Elle ne voulait pas que j'apprenne cette langue", souffle-t-il.
     
    Je ne dois pas être tout seul dans ce cas. Souvent je me demande où sont passés les autres enfants...
     
    "Pour la première fois depuis le début de son récit, une larme coule sur son visage. Pourquoi être ainsi sorti du silence?
     
    "Peut-être que quelqu'un me reconnaîtra."
     
    Quelqu'un capable de le faire sentir moins seul avec son histoire.
     
    Quelqu'un capable de lui répéter que les bébés des Lebensborn - jamais reconnus en tant que victimes - ne sont coupables de rien. Nés d'un père SS ou non, ils n'étaient que des enfants.

    " Des géniteurs grands, blonds, aux yeux bleus "
     
    La procréation d'enfants de " pure race aryenne " dans les Lebensborn est au coeur même du fanatisme eugéniste des idéologues SS. L'historien allemand Georg Lilienthal, spécialiste du sujet, y voit le résultat d'une stratégie double : " D'un côté, éliminer les êtres considérés comme ?inférieurs?, ce qui a conduit à l'extermination des juifs et des Tsiganes ; de l'autre, renforcer une supposée élite raciale en sélectionnant des géniteurs grands, blonds, aux yeux bleus. " 
     
    En 1935, la première maternité de ce type est ouverte à Steinhöring (Bavière). Heinrich Himmler, qui rêve de fonder un Etat SS peuplé de 120 millions de Germains nordiques, place l'institution sous son autorité.
     
    La direction est confiée au colonel SS Max Sollman, administrateur en chef, et à l'Oberführer SS et médecin Gregor Ebner, chargé de la sélection.
     
    Le but est d'éviter 1million d'avortements annuels, en permettant à de futures filles-mères d'accoucher en secret.
     
    C'est l'un des aspects les plus mystérieux du programme : les naissances ne sont pas déclarées à l'état civil, l'identité du père est cachée. 
     
    Les maternités accueillent des femmes enceintes de membres de l'ordre noir SS, éventuellement de cadres de la Wehrmacht et du Parti nazi. Les SS, en particulier, se doivent d'avoir une nombreuse progéniture, y compris hors mariage. Ces enfants sont " offerts " à Hitler et confiés à des familles d'adoption. Plus tard, ils constitueront l'élite d'un IIIe Reich
    censé durer mille ans... 
     
    Objets de multiples fantasmes, " les Lebensborn n'étaient ni des haras humains ni des bordels, poursuit Georg Lilienthal.
     
    Ils prétendaient être des établissements modèles, exploitant du matériel génétique ".
     
    En 1940, on en compte 10 en Allemagne.
     
     
    D'autres sont créés durant la guerre : 9 en Norvège - sanctuaire supposé de la " race nordique " - 3 en Pologne, 2 en Autriche, 1 au Danemark, aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg et en France. Environ 9 000 SS-kinder (enfants SS) seraient nés en Norvège, presque autant en Allemagne, quelques centaines ailleurs. 
     
    Les responsables du Lebensborn, obsédés par le fait de récupérer le " sang aryen " disséminé en Europe, ont aussi kidnappé près de 200 000 enfants en Pologne.
     
    Ils furent placés dans des familles, envoyés au front ou contraints au travail forcé.
     
    En 1947-1948, Sollman, Ebner et leurs complices ont été jugés à Nuremberg, mais le tribunal allié n'a pas retenu le " caractère criminel " du Lebensborn : ils furent libérés à l'issue du procès.

     
    La quête sans fin d'une famille
     
    Pour les enfants des Lebensborn, la recherche de leurs origines est une quête vertigineuse. Certains d'entre eux, rendus à leur mère après guerre, ont obtenu ainsi des bribes d'informations sur leur père.
     
    D'autres, de parents inconnus, ont été confiés à l'assistance publique ou adoptés, et cherchent à " savoir ". C'est le cas de Walter Beausert et de Gisèle Niango. 
     
    Nés au Lebensborn de Wégimont (Belgique), ils sont français depuis 1947, après leur rapatriement - par erreur - en France. Tous deux ont appris l'existence de ces maternités en ouvrant leur dossier personnel à la Ddass (ex- Assistance publique). Depuis, ils ont sillonné la France, la Belgique, l'Allemagne, pour suivre des pistes, vérifier des hypothèses, souvent floues.
     
    " Beausert n'est peut-être même pas mon vrai nom et je pense être né en juin 1943 plutôt que le 1er janvier 1944 ", explique Walter, en regardant une photo prise en 1945, par les Américains, à Indersdorf (Allemagne). Sur le cliché, un blondinet blessé à l'oeil fixe le photographe. C'est lui. 
     
    En 1993, il retrouve en Belgique une femme nommée Rita P., qu'il pense être sa mère. " Elle ne me l'a jamais dit, mais elle m'a donné tant d'indices... " Walter connaît aussi l'identité de son père allemand, un certain Hugo Lunderstedt. Rita, elle, est décédée en 1998. 
     
    De son côté, Gisèle Niango - bébé, elle s'appelait Gizela Magula - a identifié une partie de sa famille maternelle, également en Belgique.
     
    Elle croyait avoir ainsi découvert le nom de sa mère jusqu'au moment où, en avril 2009, un nouveau document lui a démontré qu'il y avait erreur sur la personne.
     
    Gisèle a fini par trouver la véritable identité de sa mère en 2010.
     
     
    http://echelledejacob.blogspot.fr/2015/02/histoire-cachee-lebensborn-en-france.html
     
     
     
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