• Aéro-Bank 1941

     

     

     

    Aéro-Bank 1941

     

     

    L'Aéro-Bank fut fondée à Paris le 2 octobre 1941, sous la forme d'une société anonyme française au capital de 200 millions de francs par la Bank der Deutschen Luftfarth. Celle-ci détenait 199.400.000 frs du capital qui fut porté à 300 millions en décembre 1943. Le siège social était 3, rue Scribe, Paris IX".

     

    Le Conseil d'administration était composé comme suit :

    Fritz Rudorf Président
    Cari Schaefer Reichskommissar auprès de la Banque de France, vice-président
    Walther Dûring Administrateur
    Ernst-Robert Harcke Administrateur


    En vertu des statuts, le président Rudorf qui était aussi président du Conseil d'administration de la Bank der Deutschen Luftfahrt, à Berlin avait la responsabilité de la gestion de la Société.

     

    En fait il déléguait tous ses pouvoirs au directeur général Walther Winkler, assisté d'un directeur Georg Rogalski.

    Dûring et Harcke étaient également administrateurs de la Bank der Deutschen Luftfahrt, mais le premier demeurait constamment à Berlin cependant que le second assurait la liaison entre Berlin et Paris. Un sous-directeur, Johannès Winkler, prokurist de la Bank der Deutschen Luftfahrt fut adjoint à la direction de Paris en 1943.

    Quatre mandataires se partageaient les diverses sections de la Banque :

    Engel (Suisse) la section lettres de crédit ; Obertufer (Suisse), la section Caisse, Dépôts, Effets ; Langer et Jûrg (Allemands), la section Crédit, que dirigeait plus particulièrement Rogalski.

     

    L'activité essentielles de l'Aero-Bank consistait :

    A faire des avances aux entreprises françaises ou aux entreprises allemandes, ayant leur siège à Paris, sur production d'avis de versement de RM. au clearing franco-allemand par les entreprises allemandes ayant transféré des commandes ;
    A octroyer des crédits aux entreprises allemandes ayant leur siège à Paris, sur ordres de crédit de la Bank der Deutschen Luftfahrt ou d'autres banques allemandes :
    A octroyer des crédits normaux aux entreprises françaises d'aviation, comme S.E.C.M. (Amiot) et S.N.C.A. Sud-ouest ;


    A faire des avances aux entreprises françaises travaillant avec des firmes allemandes sur le vu des factures françaises reconnues par le représentant à Paris des firmes allemandes ;


    A faire des avances sur les engagements des services officiels allemands.


    Lorsque les délais de la poste ou du clearing n'amenaient pas un gonflement momnetané des crédits, leur importance était à peu près la suivante, aux termes d'une déclaration du directeur Rogalski.

    Avances sur avis de versements au 50.000.000 clearing
    Crédits sur ordre allemands 450.000.000
    Crédits aux entreprises d'aviation et 500.000.000 avances en excédent de crédits
    Avances sur factures certifiées 300.000.000
    Avances sur engagements officiels 150.000.000


    Total 1.600.000.000

    La banque avait toujours de très importantes réserves liquides (341 millions au bilan du 31 décembre 1943) ou immédiatement mobilisables (2.190 millions de bons du trésor à la même date). Les dépôts qu'elle recevait n'était pas toujours volontaires, il est vrai.

     

    Le directeur Rogalski se souvient que le Dr Schaefer et le directeur général Winkler se firent livrer les avoirs des banques anglo-américaines (Feindbanken) malgré l'opposition du séquestre allemand de celles-ci, Câesar, qui dût céder à l'intervention du vice-président de la Reichsbank, Lange, également administrateur de la Bank der Deutschen Luftfahrt.

     

    Ces avoirs furent d'ailleurs restitués sur la demande de Caésar, lorque l'Aero-Bank réussit à se faire confier les 1.750 millions de francs de la Treuhand-und Revisionsstelle auparavant déposés auprès du Militârbefehlshaber in Frankreich.

     

    Là encore Berlin intervint et Rogalski note des discussions non amiables (erhebliche Kàmpfe) entre Berlin et le Militârbefehlshaber, qui dut finalement s'incliner.

    Selon Rogalski, ces précautions étaient assez inutiles étant donné le très court termes de la plupart des avances consenties par la Banque. De son côté l'ELBAG (Luftfahrt AG), la ROGES et le Rustungskontor entretenaient des comptes courants créditeurs importants, atteignant respectivement au 31 mars 1944, 63, 337 et 552 millions de francs.

     

     

     

    L'ELBAG avait en outre consenti un prêt à échéance fixe de 101,7 millions à la même date. En outre l'Aéro-Bank disposait d'un crédit courant de 400 à 600 millions de francs auprès de l'Office des changes.

     

     

    Ce dernier avançait en effet des fonds à l'Aéro-Bank sous la seule condition que les fonds soient remboursés si, dans les 14 jours ou dans les 4 semaines, celle-ci ne pouvait présenter les documents prouvant l'exportation.

     

     



    De son côté, l'Aéro-Bank créditait les bénéficiaires en comptes bloqués (Sperrkonten) s'il s'agissait de particuliers, ou en comptes réservés (Vorbehaltskonten) s'il s'agissait d'autres banques.

     

     

    Lorsqu'aux mois de juillet et d'août 1944 les perturbations du trafic postal et des virements par le clearing attinrent leur maximum, cependant que les sommes virées atteignaient elles aussi des montants très élevés, et que la tenue de la comptabilité de la banque était entravée par le manque de courant électrique, le montant des avances sur avis de versement au clearing devait approcher selon Rogalski 1.200 millions de francs.

     

     



    La banque avait à l'époque de 400 à 600 millions de francs de factures qui, après vérification par l'office des changes devaient libérer une somme correspkndante sur les comptes bloqués, de ses clients, car il s'agissait de clients bénéficiant tous soit de crédits, soit d'avances sur avis de versement au clearing.

     

     

    Les crédits documentaires, la banque avaient une moyenne constante de 300 lettres de crédit en portefeuille, n'étaient accordés, conformément aux prescriptions de l'Office des Changes, que lorsque l'Aéro-Bank avait la couverture nécessaire, ou sur confirmation du crédit par une autre banque allemande.

     

    Selon Rogalski, l'Aéro-Bank n'a jamais acheté ni vendu de valeurs mobilières.

     



    Elle a seulement pris en garde les valeurs des Juifs qui lui furent remises par les banques françaises sur les ordres de l'administrateur allemand des biens juifs auprès du Militârbefelshaber, Ferdinand Niedermeyer.

     

     

    La plus grande partie de ces valeurs fût emportée en juillet 1944 par deux officiers du Militârbefehlshaber, sur l'ordre de Niedermeyer, vraissemblablement pour être transférée en Allemagne.

     

     

    L'autre partie fût déposée à la Société Générale au nom de Niedermeyer pour être vendue.

     

     

    Les dirigeants de l'Aéro-Bank quittèrent Paris le 17 août 1944 pour Nancy où la banque fut inscrite au Registre du Commerce.

     

    La comptabilité ainsi qu'un certain nombre de caisses déposées dans la salle des coffres de l'Aéro-Bank par la ROGES au nom de Niedermeyer et contenant des objets en or furent laissés à Paris sous la garde des mandataires.

     



    Un avoir estimé à 1.300 millions de francs par Rogalski avait été laissé à la Banque de France et à la Société Générale pour le remboursement des sommes en comptes bloqués n'appartenant pas à l'Aero-Bank et pour le payement des lettres de crédit confirmé. Tous les créditeurs français avaient été priés de retirer leurs dépôts.

     

    Après le départ de la direction allemande les mandataires devaient rembourser par chèque sur la Banque de France les dépositaires qui ne s'étaient pas présentés à ses guichets.

     

    Il ne restera à la Libération que 25 millions de francs appartenant à des entreprises françaises sous séquestre allemand.

     

    La Reichskreditkasse Paris qui était partie de nuit avant l'Aero-Bank transporta à Nancy, puis à Berlin un avoir de 800 millions de francs appartenant à celle-ci.

     

    En outre Rogalski emporta 10 millions de francs pour couvrir les frais de repli.



    Après payement de ceux-ci, de divers traitements et quelques mouvements de comptes à Nancy, il lui restait au départ de la France 6,7 millions de francs qui furent remis à Berlin à la Bank der Deutschen Luftfahrt pour le compte de la Reichsbank fonctionnant comme office des devises (Devisenstelle).

     

     

    La Deutsche Treuhand und Revisionsgesellschaft devait vérifier les comptes de l'Aero-Bank à Nancy, mais n'a pas eu le temps de le faire. L'Aero-Bank n'a fait aucun trafic d'or, de devises ou de marchandises selon Rogalski ; elle n'a eu de rapports directs avec aucun trafiquant de marché noir.

     

    Les fonds qui passaient par l'Aero-Bank provenaient en majeurs partie du Clearing ; 25% du chiffre d'affaires de ce dernier semble être passés par l'Aero-Bank.

     



    Celle-ci a reçu en outre des chèques sur la Banque de France (au nom du Général-Luftzeugmeister et d'autres services officiels allemands notamment) et a bénéficié de virements de la Banque de France ou de la Reichskreditkasse.

     

     

    L'Aero-Bank investissait l'excédent de ses disponibilités en Bons du Trésor. Lorsque les temps devinrent incertains, et que le fonctionnement de la Reichskreditkasse présenta des défaillances, l'Aero-Bank déposa ses fonds à la Banque de France puis retourna à la Reichskreditkasse lorsque le danger s'accrût. Se Ion Rogalski, le Dr Schaefer avait alors décidé avec le Dr Schulte, directeur de la Reichskreditkasse, de créer un clearing Berlin-Nancy, et par suite l'encaisse en Francs de l'Aero-Bank fut laissé à la Reichskreditkasse qui devaît être l'élément française du clearing.

     

     

    Rogalski estime de la façon suivante le bilan de l'Aero-Bank à Nancy

    (en millions de francs) :

     

    Actif

    Banque de France et Société Générale

    1.300 Reichskreditkasse

    800 Bons du Trésor Paris 400

    Débiteurs 2.600


    Passif

    Office des Changes 1.200
    Créditeurs allemands 1.700
    Treuhands und Revisionsstelle 1.800
    Capital & réserves 400

     

     


    A leur arrivée à Berlin, le président Rudorf fit nommer le Dr Schaefer administrateur de l'Aero-Bank par le commissaire allemand aux biens ennemis, Rogalski lui fut adjoint, mais ne reçut qu'un simple pouvoir pour signer la correspondance, sans disposer du droit de conclure des contrats.

     

    Il procéda à diverses opérations de régularisation avec les débiteurs allemands de la banque, opérations qui conduisirent à la situation suivante (en millions de francs) :

    Versements à la Deutsche Verrechnungskasse, non  parvenus à Paris 585
    Versements destinés au clearing bloqués par la Bank der Deutschen Luftfahrt 144
    Sommes bloquées par la Bank der Deutschen Luftfahrt et cédées à l'Aéro-Bank 37
    Versement au compte de l'administrateur allemand de l'Aéro-Bank, auprès de la Bank der Deutschen Luftfahrt 16

     


    Montants disponibles auprès de banques ou d'entreprises industrielles 541
    Versement au compte créditeur 1775 de Paris, qui devait être soldé par le Ministère de l'Air du Reich 59

     


    créances non douteuses sur des services officiels allemands 19
    Créances sur des grosses entreprises comme Deutche Waffen, Bosch, BMW d'après les factures reconues 234


    Soit un total de 1629 millions

    A noter que le compte 1775 susvisé (Konto Nr 1775, General-Luftzeugmeister fur Frontreparaturen) était alimenté uniquement sur les frais d'occupation par virement de la Banque de France ou de la Reichskreditkasse (25 millions à chaque fois).

     

    Ce compte servait à payer les entreprises françaises effectuant des travaux de réparations pour la Luftwaffe.

     

    Le personnel dirigeant à disparu à l'exclusion de Georg Rogalski.

     

    Rudorf a été arrêté par les Russes, le directeur général Winkler, qui était officier de réserve de la Luftwaffe fut emprisonné par les Anglais ; le sous directeur Winkler est mort à Berlin avant la capitulation.


     


     

     
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