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Qu'est-ce qu'un "collaborateur" ?
Qu'est-ce qu'un "collaborateur" ?
Pourqui faire l'Autruche et ramasser ce que l'on peut ?
Qu'est qu'un COLLABORATEUR ?
Manipulation = soumission = processus DICTATURE
La stratification sociale est l'un des dispositifs les plus favorables au transfert de responsabilité (et donc de "l'obéissance").
RECOMPENSE si tu te soumets, PUNI si tu refuse ! donc tu acceptes ?
= PRINCIPE de la DICTATURE
(exemple la PUBLICITE incite fortement les femmes et les hommes à se procurer
absolument de nouveaux produits, sinon "ils" vont être traités de looser ! )
Le déterminisme psychologique et la soumission à l'autorité
On parlera de déterminisme psychologique pour qualifier les mécanismes par lesquels l'homme se trouve déterminé dans son comportement par des forces ou des mécanismes psychologiques qui échappent au contrôle de sa raison et de sa conscience.
Nous avons choisi de l'illustrer à travers une expérience qui met en lumière la présence en l'homme de forces qui échappent au contrôle de sa raison et de sa conscience pour la bonne et simple raison qu'ils sont inconscients :
l'expérience de Milgram.
Pour que des mécanismes inconscients soient mis en lumière, il fallait :
a) que les individus soient conduits à adopter un comportement directement opposé à leurs principes de justification conscients
b) que l’impératif régissant ce comportement échappe à la conscience des individus, qu’ils ne le mobilisent donc ni dans les prévisions qu'ils effectueraient concernant leur comportement à venir, ni dans les tentatives de " rationalisation ",d'explication qu’ils peuvent effectuer de leur comportement passé.
L'expérience de Milgram prend sens dans l'espace de recherche ouvert après la seconde guerre mondiale, espace au sein duquel les scientifiques du monde occidental cherchent à mettre en lumière des mécanismes psychologiques susceptibles d'expliquer de façon rationnelle les processus d'obéissance collectiveque le régime nazi (mais pas seulement) a cruellement révélés.
Comment construire un modèle rationnel du fonctionnement psychologique de l'homme qui permette de comprendre le renoncement collectif à des valeurs fondamentales au profit d'une obéissance aveugle ?
- je te donne de l'argent...je te le prête.. tu n'en as plus ? je t'en reprete... si tu n'acceptes pas... je te PUNI ?
non je t'en reprete pour que tu soumette dans le GROUPE ( U.E. )
Un système stratifié permet à l'écrasante majorité des individus de se considérer comme des chaînons intermédiaires ;
et c'est cette innocence qu'ils tâcheront de préserver en se tenant à la plus grande distance possible desconséquences de leurs actes. "Je n'ai fait qu'obéir à la loi ; le reste ne me regardait pas" : je ne suis l'auteur ni de la décision (qui m'échappe), ni de ses conséquences (que j'ignore) :
en quoi serais-je responsable ? Tel est le raisonnement de l'individu obéissant, c'est-à-dire de l'individu "normal" et soumis.
Plusieurs facteurs historiques et culturels nous conduisent à envisager dès l'abord "le collaborateur" comme un être dénué de conscience, de tout sens moral, comme l'individu qui a "pactisé avec le diable", en l'occurrence l'abominable Hitler.
Une première remarque s'impose d'emblée :
étant donné la part de citoyens français qui se sont livrés à un tel "pacte" durant l'Occupation, une telle optique nous conduirait à considérer que la majorité de la nation française se trouvait alors dépourvue de conscience morale.
Ce qui, à bien y réfléchir, pose problème. Le problème du "collaborateur", si on accepte de ne pas limiter cette catégorie aux seuls miliciens fanatiques, c'est précisément qu'il ne correspond pas à un monstre, mais à l'individu ordinaire.
L'individu qui a supporté sans résistance le principe de l'exclusion, du marquage, de la dénonciation et de la déportation des Juifs, des homosexuels, etc. ne constitue pas l'exception, mais la règle générale.
En d'autres termes, il faut accepter le principe de départ selon lequel les collaborateurs n'étaient en rien des individus "méchants" ou malveillants... puisque la méchanceté n'a de sens qu'eût égard à une norme, et que le collaborateur était cette norme.
Le collaborateur est donc l'individu normal ; il est donc préférable de cesser de stigmatiser et de le haïr, sous peine de misanthropie pure et simple. Mieux vaut chercher à le comprendre, puisqu'en le comprenant c'est nous-mêmes, en tant que gens normaux, que nous comprendrons.
Or le collaborateur des années 1940 avait de nombreuses raisons de se soumettre à l'autorité (bien davantage, en réalité,
que les cobayes de Milgram !), même en faisant abstraction des risques majeurs que la désobéissance aurait impliqués, pour lui et les siens.
D'une part, l'autorité était ici celle du gouvernement et de la Loi, bien supérieure au sein de l'inconscient collectif à celle d'un simple universitaire.
Et d'autre part, les justifications rationnelles de l'obéissance ne manquaient guère : n'est-il pas déraisonnable de vouloir s'opposer aux autorités gouvernementales dans une période d'occupation ?
Qui peut raisonnablement tenter la guerre civile lorsque la nation n'échappe que d'un cheveu à l'oppression totale ?
Et qui peut, dans une période d'incertitude radicale, refuser de joindre sa confiance à celle que le corps social accorde à l'une des figures héroïques de la nation (Pétain fut l'un des héros de la première guerre) ?
62,5 % des individus torturent et tuent un individu innocent pour la seule et unique raison qu'un scientifique l'exige ;
comment douter qu'une écrasante majorité de citoyens acceptera le principe de la dénonciation (active) des Juifs lorsque le chef légitime du gouvernement d'un Etat sous Occupation le leur commandera ?
La collaboration n'implique pas davantage une adhésion totale aux principes nazis que l'expérience de Milgram ne repose sur l'adoption des "valeurs" de l'expérience. Ni le collaborateur moyen, ni le cobaye n'agissent conformément àleurs convictions :
Ils obéissent simplement à l'impératif inconscient qui leur commande de se soumettre à l'autorité, quel que soit le conflit qui s'instaure avec leurs propres valeurs.
Telle est sans doute l'une des principales explications au fait qu'aucune résistance civile ne s'oppose à la rafle des Juifs à Paris,
notamment les 16 et 17 juillet 1942 (rafle dite "du vel'd'hiv").
Pas plus qu'il n'y en aura, toujours à Paris, autour du 17 octobre... 1961 ! Les Juifs auront laissé place aux Algériens (qui feront l'objet d'un couvre-feu spécifiquement réservé aux Français Musulmans d'Algérie... évitons de l'oublier) ;
le Vélodrome d'Hiver sera remplacé par la palais des Sports, le Parc des Expositions, le stade de Coubertin, le Centre d’Identification de Vincennes... L'un des responsables, lui, n'aura pas changé (Maurice Papon) ; les mécanismes psychologiques de l'obéissance non plus.
Y en aurait-il davantage de nos jours, si l'on venait à organiser de nouvelles rafles ?
Nous avons peu de raisons de le penser.
Pas plus que nous n'avons de raisons de supposer que cette obéissance supposerait une adhésion aux valeurs et principes servant de justification officielle à ces nouvelles rafles. La soumission à l'autorité est un principe explicatif beaucoup plus puissant que la méchanceté, l'égoïsme ou la barbarie.
Ce sont généralement des "gens normaux" qui sont les exécuteurs des massacres ; et les gens normaux ne sont pas méchants : ils obéissent.
Terminons cette page (peu rassérénante, je l'admets) en indiquant l'un des facteurs qui, pour Milgram, renforce l'efficacité du principe de soumission à l'autorité : la stratification sociale.
Le transfert de responsabilité sur lequel repose, nous l'avons vu, l'obéissance, est d'autant plus facile que l'individu se trouve explicitement débarrassé de l'un des termes du processus d'action. Le schéma global d'un acte implique la décisionet le comportement qui lui correspond.
Or dans un système social stratifié, ceux qui prennent les décisions ne sont pas les exécutants, et inversement.
Il est donc plus facile, pour le "décideur", de nier toute responsabilité à l'égard d'un acte qu'il n'a pas lui-même exécuté ("je n'ai fait que signer des papiers") ;
comme il sera plus facile, pour l'exécutant, de nier la responsabilité d'un acte qu'il n'a en rien décidé ("je n'ai fait qu'obéir"); comme il sera (encore) plus facile pour tous les membres de la chaîne de distribution du commandement de nier toute responsabilité à l'égard d'un acte qu'ils n'ont ni décidé, ni commis !
La stratification sociale est l'un des dispositifs les plus favorables au transfert de responsabilité (et donc de l'obéissance).
C'est l'une des raisons qui expliquent la manière dont certains pays appliquent actuellement la peine de mort, prenant soin de maintenir une distance entre l'acteur et le dernier maillon de la chaîne d'exécution.
Ainsi, les mises à mort par injection létale impliquent, aux Etats-Unis, un dispositif ingénieux qui, reprenant le vieux principe du fusil non chargé dans les pelotons d'exécution, fait intervenir non pas un, mais deux, voire trois "bourreaux".
Tous activeront un interrupteur susceptible de déclencher l'injection : un seul le déclenchera effectivement.
Personne ne saura jamais lequel est "responsable", un ordinateur brouillant les données immédiatement après.
Ceci permet à l'exécuteur de se considérer comme un simple maillon intermédiaire, comme tel irresponsable.
Il n'a fait qu'appuyer sur un bouton (ce qui n'a peut-être tué personne), conformément à un ordre (qu'il n'avait pas lui-même donné).
Existe-t-il aujourd'hui des personnes démunies, n'ayant commis ni crime ni délit, que l'on traque, que l'on dénonce, que l'on enferme, que l'on expulse sans respect pour nos valeurs fondamentales, au nom du "respect de la loi" ?
Telles sont les seules questions auxquelles peuvent légitimement nous conduire l'expérience de l'histoire... et de la psychologie expérimentale.
A nous de nous servir de ces connaissances pour tenter, non de devenir héroïque, mais pour améliorer le comportement de l'homme "normal",notre comportement, en éclairant les forces qui le déterminent et lui échappent.
Car là est la faiblesse du principe de soumission à l'autorité : il tire l'essentiel de sa force du fait qu'il reste inconscient.
En le ramenant à la conscience, ne parviendrions-nous pas à l'affaiblir ?
Certes, il ne suffit pas de connaître les mécanismes de la psychologie humaine
pour s'en affranchir ; mais en nous appropriant les forces de notre propre psychisme,
ne sommes-nous pas sur la voie d'une maîtrise accrue de ce que nous sommes et de ce que nous faisons ?
Les POLITIQUES connaissent ce processus, à longueur de journée, de semaine, de mois, s'appliquent à vous manipuler,
ils savent à qui ils ont à faire, à une population soumise,
la prise de conscience de l’impératif inconscient de soumission à l’autorité lui permettait ainsi d’adopter une conduite en accord avec ses principes, par l'intégration d'un paramètre qui, en lui échappant, l’avait conduit à adopter une comportement incompatible avec sa raison et sa conscience.
C'est la partie réjouissante de ce cours :
il y a une chance pour que vous et moi soyons un (petit) peu moins soumis au principe de soumission à l'autorité que nous ne l'étions avant de l'avoir parcouru... ou que, du moins, averti de cette disposition, nous l'intégrions dans nos stratégies de comportement pour mieux la déjouer !
mais en êtes-vous capable ?
Tags : individu, principe, collaborateur, conscients, autorite
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