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1944 : la Banque de France braquée deux fois en six jours !
Chablais
1944 : la Banque de France braquée deux fois en six jours !
Le Messager votre hebdomadaire d'informations de haute-savoie chablais faucigny genevois au quotidien,
- Un fait divers étonnant a marqué la fin de la guerre.
«c'est un événement aujour-d'hui occulté par les Thononais, constate un Chablaisien d'adoption, arrivé enfant dans la région quelques années après les faits.
Selon la Banque de France, 27 attaques ont ainsi été commises dans ses bureaux pendant la guerre : soit par l'armée allemande en retraite (9 cas), soit par des miliciens , soit par des forces de la résistance , soit par de vulgaires brigands .Le double braquage de Thonon est un cas atypique, et il a donné lieu à deux rapports très circonstanciés rédigés par le chef de bureau de l'époque, M. Monsallut.Ils ont été depuis publiés dans les Cahiers anecdotiques de la Banque de France.
Première attaque /
M. Monsallut raconte ainsi comment, vendredi 21 juillet vers 9 h 10, tout le bâtiment de la banque a été investi par une petite dizaine de jeunes gens armés (au moins autant montant la garde à l'extérieur), qui ont enfermé le personnel et les quelques premiers clients dans le vestibule, neutralisé l'alarme et coupé les fils du téléphone.
Les membres du commando« déclarèrent l'un qu'ils étaient "le maquis" et un autre "les FTP", un autre déclarait après qu'ils appartenaient aux FFI (...). L'un (...) qui paraissait être le chef déclara qu'il agissait sur des ordres d'Annecy, qui lui prescrivaient de "s'emparer de toute l'encaisse de la Banque de France de Thonon". (...) Un de ces jeunes gens déclara qu'ils avaient besoin d'argent pour secourir des veuves de camarades et pour acheter des vêtements. » Pendant une demi-heure se déroule alors un ballet plutôt comique, qui voit les employés cacher tout ce qu'ils peuvent aux résistants, malgré la menace des revolvers, en profitant de leur méconnaissance manifeste des lieux et du fonctionnement de la banque. Puis tout le monde repart en voiture.Montant du butin : 20 154 110 F.
Seconde attaque
Cinq jours plus tard, mercredi 26 juillet, un nouveau groupe armé, plus nombreux, fait irruption dans la banque vers 14 h 30.Cette fois, les braqueurs se disent des FTP et du MUR (Mouvements unis de la Résistance).Ces derniers veulent d'ailleurs encaisserun chèque d'un million de francs sur la Banque d'Algérie !Mais si les jeunes gens du MUR se montrent « très courtois », ceux des FTP sont« agressifs et brutaux. Ils se déclarèrent furieux d'avoir été "couillonnés" le 21. »De fait, leurs chefs les ont tancés de n'avoir emporté que 21 millions sur les quelque 160 que détenait la banque, ce qui était d'ailleurs exact.
Cette fois, les rapports sont donc visiblement plus tendus.M. Monsallut dit même avoir été frappé.Malgré les nouveaux efforts déployés par les employés, le butin est plus important (26 995 320 F, plus des sacs plombés non comptabilisés) :« Les jeunes gens poussaient des cris de joie... et l'excès de celle-ci eut au moins le résultat que leur colère en fut moindre ».Cela dit, ces résistants ne sont toujours pas des professionnels du hold-up ;l'un d'eux rend d'ailleurs à deux employés 360 000 F pour leur« usage personnel », et un autre oublie même sur un bureau les pièces d'or qu'il vient de compter...
YVAN STRELZYK
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