-
« Gestapo » de la rue de la Pompe, Paris 1944
Marie-Josèphe Bonnet nous raconte le sombre parcours de criminels et de malfrats recrutés pour exécuter les bases besognes de la Gestapo pendant l'année 1944.
C'est cette sombre histoire, de l'installation de la bande rue de la Pompe à son procès en 1952, que raconte Marie-Jo Bonnet en se basant sur des documents et des témoignages d'époque.
« Gestapo » de la rue de la Pompe, Paris 1944
La page de Marie-Josèphe Bonnet
http://mariejobon.net/?p=676
Si l’épopée de la Libération de Paris est aujourd’hui bien documentée, il n’en est pas de même de sa face sombre, c’est-à-dire du tribut qu’ont dû payer les résistants arrêtés par les gestapos durant les trois mois de la bataille de Normandie.
Celle de la rue de la Pompe est très peu connue alors qu’elle n’a rien a envier à celle de la rue Lauriston, ou de la rue des Saussaies.
En quatre mois, du 17 avril au 17 aout 1944, une équipe de 44 auxiliaires français dirigés par l’Allemand Friedrich Berger a arrêté plus de 300 résistants, torturé la majorité d’entre eux pour leur extorquer des renseignements, déporté 163 hommes et femmes, sans parler de ceux
qui sont morts sous la torture ou fusillés.
Pour apprécier certaines vidéos, vous pouvez supprimer le fond musical de ce blog,
cliquez sur le logo central de RADIONOMY colonne à gauche.
"Marie-Josèphe Bonnet est docteur en histoire, spécialiste d'histoire culturelle, écrivaine, historienne d'art et conférencière.
Sa thèse, publiée une première fois en 1981, a été rééditée en 1995 aux éditions Odile Jacob Elle est l'auteur d'une dizaine de livres sur l'histoire des femmes, l'art, la Résistance et l'Occupation ainsi que de nombreux articles dans les Temps Modernes,
Esprit. Elle a publié Les voix de la Normandie combattante, Eté 1944 et Histoire de l'émancipation des femmes aux Editions Ouest-France. Elle est originaire du Pays d'Auge et vit à Paris et en Normandie."
Au cours du procès de la Gestapo de la rue de la Pompe au tribunal militaire, on dénombrera 110 morts dont 60 fusillés à Paris, parmi lesquels se trouvent les 42 jeunes gens fusillés à la cascade du bois de Boulogne le 16 aout 1944.
Les tortures, d’une violence inouïe, ont tué plusieurs résistants dans l’immeuble même du 180 rue de la Pompe réquisitionné par Berger.
Je pense à Jean Desbordes(1906-1944), alias Duroc, du réseau polonais F2, homme de lettres, secrétaire et amant de Cocteau avec lequel il vécut cinq ans, arrêté le 5 juillet 1944 avec vingt cinq de ses camarades, dont Catherine Dior, la sœur du grand couturier, et qui est mort sous la torture le lendemain.
Un autre résistant, membre de du Mouvement de Libération Nationale, du Plutus et de l’Organisation Juive de Combat est également mort sous la torture le 18 juillet 1944.
Il s’agit de Maurice Loebenberg (1916-1944), alias Cachou, dont le corps sera retrouvé dans un buisson du bois de Verrières.
Deux jours plus tard, Wlodzimierz Kaczorowski(1892-1944),
du réseau POWN-Monika, ex attaché du consulat général de Pologne, arrêté le 14 juillet, meurt à l’hôpital de la Pitié des suites de ses tortures.
C’est d’ailleurs un Polonais, M. Kedzierski, chef de service à la Délégation du gouvernement polonais à Paris, qui déposa une plainte auprès du Procureur de la République le 9 septembre 1944, donnant lieu à une commission rogatoire du juge Jadin grâce à laquelle une enquête judiciaire est déclenchée dès le 16 septembre 1944 tandis que la justice militaire s’empare elle aussi du dossier.
Il faut également citer les noms du général Bruncher, alias Félix, du colonel Zarapoff, du réseau Voix du Nord, de Pierre Schweitzer, futur directeur du Fonds monétaire international, de France Pejot la future mère de Jean-Michel Jarre, Georges Bruhat, directeur adjoint de l’Ecole Normale Supérieur, Nicole Clarens et le docteur Blanchet, de Chelles, abattu dans le bureau de Berger le soir du 16 août.
Le lendemain, la bande de la rue de la Pompe s’enfuit en Allemagne après avoir assassiné une quarantaine de jeunes résistants catholiques
et communistes à la cascade
du Bois de Boulogne et rue Leroux.
Elle fera encore de nombreuses victimes sur son chemin, comme à Sainte Menehould, le 24 aout.
L’étude des différentes sources d’archives
(Préfecture de Police de Paris,
Archives militaires, Archives nationales, SHD Vincennes, Mémorial de la Shoah…)
se révèle particulièrement intéressante car elle nous livre un aspect de la résistance parisienne peu connu, celle d’une pluralité de réseaux qui nous donne une image bien différente que celle qui avait été construite.
A côté des FFI, des FTP et des réseaux gaullistes, des forces essentielles ont participé au combat de la Libération.
Le NAP, Noyautage des administrations publiques qui prépare la prise de pouvoir insurrectionnel, réseau polonais F2, qui s’était reconstitué avec de nombreux français après son démantèlement en 1942, le réseau polonais POWN-Monica, l’Organisation Juive de Combat (OJC) rassemblant de nombreux Juifs venus de différents pays étrangers, le réseau Coty et le Comité d’Action contre la Déportation (CAD), dont l’action est peu connue, hormis le fait qu’il a été fondé par Yves Farges.
De nombreux étrangers ont ainsi participé à la résistance parisienne ainsi que des femmes, qui ont d’ailleurs subi les mêmes supplices que les hommes, en particulier celui de la baignoire dans une eau glacée jusqu’à l’étouffement. Sans parler des coups et des humiliations sexuelles.
Quatorze membres de la bande seront jugés au tribunal militaire de Paris en 1952, en l’absence de leur chef Friedrich Berger, arrêté en mai 1947 par les services anglais et mystérieusement évadé après avoir fait une déposition amplement consacrée aux rouages de l’organisation « Rote Kapelle ». Il travaillera pour les services secrets américains pour finalement mourir dans son lit.
J’ai rencontré plusieurs familles qui ont un oncle, une mère, un père, une fille, un ami arrêté par les auxiliaires français de la police allemande, conduits 180 rue de la Pompe, souvent torturés puis internés à Fresnes ou à Drancy et pour un grand nombre d’entre eux déportés en Allemagne.
Cette histoire nous concerne aujourd’hui où la violence grandit.
Article dans LE POINT
LE SAVIEZ-VOUS ?
Les tueurs de la bande de la rue de la Pompe
Le 5 juillet 1944 Jean Desbordes est arrêté, place de la Madeleine à Paris, à la suite de la trahison de son agent de liaison recrutée récemment. Il est conduit au 180 rue de la Pompe où des auxiliaires française de la Gestapo dirigés par l'Allemand Friedrich Berger ont installé centre de torture.
Desbordes a vécu 7 ans avec Jean Cocteau. Puis il s'est marié avec Madeleine et en 1943, il est entré dans le réseau polonais de renseignements militaires, le réseau F2. La Résistance va faire de cet homme délicat un combattant endurci qui révèle des qualités d'organisateur amenant Gilbert Foury, son chef, à le nommer à la tête du secteur Duroc chargé de collecter des renseignements sur la Normandie où le débarquement allié se déploie depuis un mois.
Torturé pendant des heures, Desbordes ne parlera pas. Mais les membres de son réseau sont arrêtés les uns après les autres. En tout, vingt six personnes dont onze femmes parmi lesquelles se trouve Catherine Dior, la sœur du couturier et le docteur Berlioz qui constatera que « sa respiration était comateuse ». Il meurt dans la nuit du cinq au six juillet 1944 à l'âge de 35 ans. Il sera décoré de la Virtuti Militari Cross ainsi que Wladimir Kaczorowski, qui mourra lui aussi quinze jours plus tard sous les coups de la bande de la rue de la Pompe.
« HOTEL MARTINEZ sous l'OCCUPATION (La bataille pour l'hôtel Martinez)La PRESSE - Propagande et censure du régime de Vichy »
Tags : 1947, rue, pompe, paris, reseau
-
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment
Suivre le flux RSS des commentaires
Vous devez être connecté pour commenter