• LA LIGNE DE DÉMARCATION

    LA LIGNE DE DÉMARCATION

    La ligne de démarcation

    Lors de la Seconde Guerre mondiale, pendant la période du régime de Vichy, la ligne de démarcation était la limite entre la zone libre (zone Sud à partir de novembre 1942) et la zone occupée par l’Armée allemande. Elle a été fixée par l’armistice du 22 juin 1940.

     

    En allemand c’est la Demarkationslinie, parfois contracté en Dema-Linie voire en Dema. Cette ligne de démarcation a aussi été appelée ligne verte car elle apparaissait sous la forme d’un trait de cette couleur dans la carte jointe à la convention d’armistice.

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    La France coupée en quatre: zone libre (appelée zone sud à partir de nov. 1942) ; zone occupée (appelée zone nord à partir de nov. 1942) ; Est de la France, départements annexés par le Reich ; Deux départements du Nord de la France, sous administration militaire allemande. La ligne de démarcation sépare la zone libre et la zone occupée.

    Art. 2. — Pour assurer les intérêts du Reich allemand, le territoire français situé au nord et à l’ouest de la ligne tracée sur la carte ci-annexée sera occupé par les troupes allemandes. Les territoires qui ne sont pas encore aux mains des troupes allemandes seront immédiatement occupés après la conclusion de la présente convention.

    artfichier_729028_1828746_201303011912973 dans RÉSISTANCE HISTORIQUE

    Pancarte sur le poste de contrôle : Avis aux Juifs il est défendu aux juifs de franchir la ligne de démarcation pour se rendre dans la zone occupée de la France.

    But de la ligne

    Le but de la ligne de démarcation, selon un officier allemand, est de rendre docile le gouvernement français : les trois quarts du blé et du charbon français sont produits en zone occupée, ainsi que presque tout l’acier, le textile, le sucre. La zone libre est ainsi très dépendante de l’Allemagne.

    Il n’était possible de la franchir légalement qu’en obtenant un Ausweis (carte d’identité) ou un Passierschein (laissez-passer) auprès des autorités d’occupation après maintes formalités.

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    Passierschein (laissez-passer)

    La fin de la ligne de démarcation

    À la suite du débarquement allié en Afrique du Nord, l’armée allemande envahit tout le territoire le 11 novembre 1942. La ligne fut supprimée le 1er mars 1943. Cela entraîna la dissolution de l’Armée de Vichy, le sabordage de la flotte française, notamment à Toulon, l’extension de la zone d’occupation italienne en France puis la mise sous contrôle du gouvernement de Vichy. Cependant, quatorze points de contrôle principaux subsistent.

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    La ligne de démarcation à Descartes

    Anecdotes

    Les Cartes Michelin avaient édité après-guerre une carte avec le tracé exact de la ligne. En 1940 existait une telle édition avec la limite de la zone de démarcation au 4 juillet 1940, en deux cartes au millionième. Le tracé de ligne mena à quelques aberrations. En effet, en Indre-et-Loire, celle-ci longeait le cours du Cher et coupait ainsi en deux le château de Chenonceau bâti sur le lit de la rivière : l’entrée principale se trouvait en zone occupée, tandis que le parc s’ouvrant au sud de la galerie était en zone libre.

    L’occupation allemande. Les Territoires occupés Les troupes allemandes occupent donc une partie de la France. Conformément aux clauses de l’Armistice du 22 juin 1940. C’est la zone occupée ou zone nord. Les autorités françaises représentées par les gouvernants d’un nouveau régime qui s’installe sous la houlette du maréchal Pétain exercent (théoriquement) leur entière souveraineté sur tout le territoire national et plus particulièrement sur une zone libre ou zone sud qui représente à peu près un tiers du territoire et qui, elle, n’est pas envahie. La zone occupée correspond à la partie la plus industrielle et urbanisée du pays alors que la zone libre est à dominante rurale. En zone libre, les gouvernements du régime qualifié de régime de Vichy ou dénommé par Pétain lui-même l’État Français, gouvernent comme bon leur semble (ce ne sera pas vraiment le cas, on est toujours tributaire d’un environnement.

    La France après juin 1940

    Et le régime de Vichy, plus que tout autre doit aussi faire avec les différents belligérants puisque l’Europe est toujours en conflit, et la France, elle non plus, n’est pas encore en paix, contrairement à ses désirs). La zone occupée est officiellement une zone de guerre qui sert de base avancée aux troupes hitlériennes pour l’invasion de la Grande Bretagne. La zone occupée est à la charge du gouvernement français qui doit s’acquitter de 400 millions de francs par jour comme frais d‘occupation. Donc, en zone occupée, comme son nom l’indique, ce sont les autorités d’occupation qui imposent leurs règles. Même si l’État Français conserve la direction de l’administration française qui doit souscrire aux ordres et règlements édictés par ce dernier. Mais c’est toujours après le consentement des autorités occupantes.

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    La ligne de démarcation à Chalon. La ligne connaît des Matérialisations diverses, de la guérite.

    Ainsi donc, selon les conventions d’armistice, la France est coupée en deux. Mais les autorités occupantes vont faire quelques entorses aux accords passés en morcelant leur zone occupée de diverses zones interdites ou purement annexées. Le 15 juillet, le gouvernement français apprend que les Allemands ont purement et simplement rattaché l’Alsace et la Moselle à leur nation. Pétain proteste mais les autorités hitlériennes sont chez elles. C’est ainsi qu’un Gauleiter sorte de gouverneur qui règne à la fois sur l’administration civile et celle du parti est nommée. A charge pour lui de nazifier la nouvelle province ou plus exactement l’ancienne province de retour dans le giron allemand. Le réveil doit être sérieusement rude pour la majorité des Mosellans et Alsaciens (expulsions d’environ 120 000 personnes déclarées « indésirables, endoctrinement forcené pour les autres, service du travail obligatoire en 1941, incorporation de force dans les forces militaires allemandes des hommes en âge de combattre en août 1942.) Dans le même temps, ou presque, le Nord et le Pas-de-Calais sont rattachés à l’administration militaire de Bruxelles et non pas à celles du haut commandement militaire en France (Militärbefehlshaber in Frankreich ou MBH).

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    Deux femmes qui vont passer sous la guérite de la ligne de démarcation

    Ensuite ce sont les territoires du Nord-Est qui sont déclarés Zone interdite aux réfugiés qui auraient souhaité y retourner et aux autorités françaises; les fermes abandonnées pendant les combats furent réparties entre les agriculteurs allemands, par les soins de l’Osland rattaché au ministère de l’Agriculture. Cette zone interdite comprend une partie de la Somme et l’Aisne (dénommée zone interdite du Nord) et Ardennes, Meuse, Meurthe-et- Moselle, Vosges, Haute-Marne, Doubs, Jura, totalement ou partiellement (dénommés zone réservée mais dont le statut est le même que celui de la zone interdite du Nord). Revenons à l’Ostland renommée Reichsland en 1942, et qui a été chargée dès septembre 1940 d’assurer une

    véritable colonisation agraire. Au total,170 000 hectares sont soustraits en 1940 t 1941, à leur exploitants ligitimes, surtout dans les Ardenne (64% de la superficie). La Meuse (15%), L’Aisne (10%) et la Meuthe-e-Moselle (6%). Les meilleurs terres sont mises sous séquestre et remembrées pour former de vastes exploitations dirigées par un chef de culture allemand, maître absolu sur son territoire. le travail est assuré par des agriculteurs français rentrés d’exode et employés comme salariés, par des prisonniers de guerre et par des Polonais transférés par des milliers de leurs pays.

    En fait, il semble que la colonisation allemande qui devait pallier au départ de quelque 650 000 réfugiés partis durant l’exode fut loin d’être ce que l’on avait escompté. L’invasion de l’URSS en juin 1941 marque la fin de cette entreprise de colonisation par des Allemands qui jettent plutôt leur dévolu sur les immenses territoires de l’Est. C’est pourquoi les autorités allemandes ferment les yeux sur le retour de certains réfugiés surtout quand ce sont des travailleurs manuels, ouvriers et paysans (en six mois, 120 000 réfugiés rentrent en fraude, car elles ont besoin d’eux pour faire tourner la machine économique et fournir à l’Allemagne des denrées qui lui sont précieuses (céréales et oléagineux). Ce sont surtout les anciens dirigeants économiques, administratifs, politiques ou religieux qui sont toujours frappés par cette interdiction. Puisque les Allemands ne veulent pas s’installer dans cette zone réservée pour eux, l’Ostland doit requérir à l’emploi du travail forcé, des travailleurs étrangers comme les Polonais, ou des prisonniers de guerre coloniaux (prisonniers Nord-Africains, Sénégalais, Indochinois, Antillais.) Dès l’armistice, contrairement aux prisonniers de guerre français, les soldats coloniaux demeurent en France et sont internés dans les Fronts stalags au nombre de 18 en one occpée. En mars 1943, un contingent de 5 000 prisonniers coloniaux quittent les fronts stalags pour des activités allemandes dans le Nord-Est de la France occupée, raisemblablement pour le compte de l’Ostland, entreprise allemande d’exploitation agricole. Des travailleurs juifs détenus dans des camps pour le compte de l’Ostland auraient aussi fait partie de ces travailleurs forcés.

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    Poste de contrôle de la ligne de démarcation. La ligne de démarcation à Moulins. À partir du 1er mars 1943, le laissez-passer n’est plus nécessaire au franchissement de la ligne.

    Pour terminer avec le découpage de la zone occupée en zones annexées ou zones interdites, les autorités d’occupation imposent tout le long du littoral une zone côtière interdite (octobre 1941) d’une profondeur de 15 kms selon certaines sources, de 30 kms selon d’autres. Il y aurait même eu, après l’occupation de la zone libre en novembre 1942, la création d’une zone interdite le long de la frontière avec l’Espagne.

    La ligne de démarcation

    Véritable frontière entre la zone nord (zone occupée) et la zone sud (zone non occupée jusqu’en novembre 1942) traverse les départements de l’Ain, du Jura, de la Saône-et-Loire, de l’Allier, du Cher, du Loir-et-Cher, de l’Indre-et-Loire, de la Vienne, de la Charente, de la Dordogne, de la Gironde, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques. Son franchissement (marchandises et personnes) y est sévèrement réglementé et seulement aux postes de contrôle et munis des autorisations requises. Du côté allemands, ce sont les hommes du Service de surveillance des frontières qui en assurent le contrôle, et du côté français les Gardes mobiles de réserve (GMR). Même les riverains, ceux qui la franchissent quotidiennement, doivent se munir d’un Ausweis (laissez-passer) dit de proximité, valable dans un rayon de 5 kms et seulement pour trois mois. Les autres personnes doivent se munir d’un Ausweis valable pour un seul voyage, dirigeants de Vichy y compris. Le courrier est tout autant soumis à restriction, seules les fameuses cartes pré imprimées de formule standard sont autorisées. La ligne de démarcation, après l’occupation de la zone libre en novembre 1942 par l’armée allemande, n’est pas supprimée. Administrativement, elle existe toujours, bien que les postes de douane soient abandonnés à partir du printemps 1943. La circulation des marchandises se fait plus facilement, mais elle est toujours restreinte aux seuls points de passage autorisés. Celle des personnes connaît le même adoucissement, mais une pièce d’identité (la carte) est obligatoire pour qui veut la franchir. Le courrier, quand il n’est pas censuré, se diffuse de nouveau entre les deux zones.

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    Réfugiés passant la ligne de démarcation à Vierzon.

    Les conditions d’occupation C’est une commission d’armistice allemande logée à Wiesbaden qui est chargée d’imposer l’application des conventions de l’Armistice à une délégation française. La commission allemande est dirigée jusqu’en février 1941 par Karl Heinrich von Stülpnagel puis par le général Vogl, tandis que la délégation française est commandée par le général Huntziger (1880-1941) jusqu’en septembre 1940 où il sera remplacé par le général Doyen. Des sous-commissions spécialisées sont créées afin de régler les problèmes secteur par secteur: armée, marine, aviation, prisonniers de guerre, industries de guerre, etc., mais la sous-commission qui va prendre le plus d’importance est celle qui est chargée de l’exécution des modalités économiques et financières de la Convention; elle devait s’occuper plus particulièrement du règlement des frais d’occupation et de l’adaptation de l’économie française dans son ensemble aux besoins allemands.  L’action de cet organisme dont les Français ne comprirent pas tout de suite l’importance, devait très vite devenir décisive à Wiesbaden. Le Dr Hans Richard Hemmen, diplomate (il avait rang de ministre) et spécialiste fort rompu aux problèmes économiques puisqu’il avait négocié d’innombrables traités commerciaux pour le compte du ministère des Affaires étrangères, consacra toute ses capacités à extorquer le maximum de l’économie française. La commission d’armistice perdra progressivement son utilité, d’abord avec le retour de Laval au pouvoir en avril 1942 car les négociations se feront désormais essentiellement au niveau gouvernemental, puis avec l’invasion de la zone sud par les Allemands en novembre 1942.

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    L’arrestation de maquisars par les Allemands

    Passagers clandestins arrêtés dans la région de Pleumartin. La France doit donc verser une indemnité de guerre: 400 millions [de francs] par jour en 1940. 300 millions à partir de 1941 mais portée à 500 millions après l’invasion par les Allemands de la zone sud en novembre 1942 puis à 700 millions à partir du débarquement des alliés en Normandie le 6 juin1944. La ponction économique est, elle aussi, énorme. « Entre 12 et 15 % de la production agricole française ont été envoyé en Allemagne (céréales, viande, produits laitiers.) Les Allemands prélèvent charbon, électricité, minerai et produits industriels. Le bâtiment, l’automobile, la chaux, le ciment travaillent à 75 % pour l’Allemagne, la peinture et le caoutchouc à 60 %, le textile à 55 %. La ponction de la main d’œuvre n’est pas mal non plus. A l’été 1944, quand Vichy s’écroule, l’économie française est toute entière sous la dépendance du Reich. Aux 700 000 travailleurs français employés dans les usines allemandes au titre du STO (Service du travail obligatoire) s’ajoutent 1,9 millions des usines-Speer (usines et personnels sous la protection des services de Speer et qui fabriquent sur le sol français des produits exclusivement destinés à l’Allemagne) autant dans des usines produisant des matériels militaires, 500 000 employés de l’organisation Todt (qui construit des fortifications du Mur de l’Atlantique et en Méditerranée) et 1,3 millions qui travaillent indirectement pour l’Allemagne. Au total, plus de 6 millions de travailleurs français sont employés directement ou indirectement au service de l’Allemagne (soit près d’un actif sur trois), sans compter plus d’un million de prisonniers dont un grand nombre sont employés dans diverses activités.

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    La question du ravitaillement devient un sujet de préoccupation quotidien alors que les Allemands prélèvent à leur profit 40 % et plus de la production. Papillon anti. Allemand. Et, pour confirmer cette subordination de l’économie française au service de l’Allemagne. Au printemps de 1942, 170 000 Français travaillaient sur place dans les services de la Wehrmacht, ses ateliers, etc., 275 000 à la construction du mur de l’Atlantique, 400 000 enfin à la fabrication d’armements, toujours pour l’Allemagne. Des commandes atteignant une valeur de 4,5 milliards de marks avaient été passées. Les usines de locomotives françaises, par exemple, produisaient exclusivement pour l’Allemagne, celles des machines-outils à 95%. Les chantiers navals étaient à la disposition de la marine allemande. Depuis l’Armistice, la France avait livré pour plus de 1,27 milliards R.M.(reichsmark) de marchandises, dont de l’acier, du mobylène (provenant du Maroc), des denrées alimentaires et des chevaux, plus de 21% de son parc de locomotives d’avant guerre, 27% de ses wagons pour voyageurs et 38% de ses wagons de marchandises. Il ne faut pas oublier non plus qu’en 1942, plus d’un million de français étaient toujours prisonniers de guerre en Allemagne, où la majorité d’entre eux avait été embauchée dans l’agriculture ou l’industrie des armements. Enfin à la date du 31 mai 1942 [la relève n'est pas encore en vigueur], près de 185 000 volontaires travaillaient dans le Reich. Avec l’instauration de la relève en juin 1942 (trois travailleurs français en Allemagne contre le retour d’un prisonnier de guerre), ce sont, fin 1942, 240 000 travailleurs volontaires qui viennent s’y ajouter.

    Toute cette razzia va entraîner la pénurie et nombre de Français vont connaître la faim. Le gouvernement de Vichy va rendre le rationnement obligatoire car les produits alimentaires et de premières nécessités deviennent rares. Les tickets de rationnement distribués à la population ne garantissaient pas l’approvisionnement; ils donnaient simplement le droit, après inscription dans un magasin déterminé, d’acquérir des produits à la condition qu’ils restent disponibles  En tout état de cause, les tickets de rationnement n’assuraient que la moitié des besoins alimentaires journaliers  Durant la guerre, la plupart des Français consacrèrent la majeure partie de leur énergie et de leur temps à assurer leur subsistance et celle de leur famille. Les carburants, le charbon, les tissus sont tout aussi rares ou alors (comme les produits alimentaires) ils sont vendus à des prix prohibitifs au marché noir. Inaccessibles à la majorité des Français.

    Administration en zone occupée. Le haut commandement militaire en France (Militärbefehlshaber in Frankreich ou MBH) prend ses quartiers à l’Hôtel Majestic, Av Kléber. Son chef est Otto von Stülpnagel (1848-1978) qui a succédé dès la fin octobre 1940 au général Alfred Streccius. Il sera lui-même remplacé par son cousin Karl-Heinrich von Stülpnagel (1886-1944) en février 1942. Le MBH se divise en deux branches: l’état-major militaire commandé par le général Speidel puis par Karl-Richard Kossmann en avril 1942 jusqu’en juin 1944 (chargé des affaires purement militaires), et l’administration militaire chargée des affaires civiles commandée par le Dr Schmidt. Le Dr Werner Best, juriste chevronné, y dirige les affaires administratives dont la police (il supervise aussi la police française), alors que le Dr Elmar Michel, lui, y dirige les questions économiques où il est assisté entre autres de Reinhardt plus spécialisé dans les questions agricoles, ou du Dr Medicus (Franz Albrecht Medicus né en 1890, selon un internaute) dans les questions juridiques. Le gouvernement militaire divise la zone occupée en 4 régions (Bezirk) avec 4 capitales qui sont Paris pour le Gross Paris, Dijon pour le Nord-Est, St Germain en Laye pour le Nord-Ouest et Angers pour le Sud-Ouest. Les districts sont sous la direction d’une Oberfeldkommandantur. Chaque chef-lieu de département a pour siège une Feldkommandantur dirigée par un colonel qui gère les opérations militaires de son territoire et qui parallèlement tient sous ses ordres tout un service administratif que commandent des conseillers militaires. Ils étaient tous dans le civil spécialisés dans le domaine qui est le leur (juridique, économique, administratif, etc.). Les préfectures françaises de la zone occupée sont sous la coupe des Feldkommandanturen. Les circulaires françaises sont envoyées en 3 exemplaires à la Feldkommandantur. Tous les services français (ponts et chaussée, ravitaillement, trésorerie générale, contribution directes et indirectes, médecins, agriculture, vétérinaires du service d’hygiène.) sont ainsi sous la coupe de leur homologues de la Feldkommandantur. A chaque arrondissement de département correspond la Kreis kommandantur tandis que les villes qui ne sont pas chef-lieu d’arrondissement mais où sont implantées au moins une garnison sont dirigées par une Ortskommandantur. A leur niveau départemental, les Feldkommandanturen diffusent lesordonnances du commandant militaire, délivrent les ausweis, controlent l’économie locale, réquisitionnent les biens et la main-d’oeuvre et organisent la propagande. Une propgande Staffel chargée de la censure et du contrôle de la presse locale est rattachée à chacune d’elle.

    Puisqu’il est question de propagande, il faut signaler l’action d’Otto Abetz, sous les ordres de Von Ribbentrop. Bon connaisseur du pays puisque par l’intermédiaire de la DFG (Deutsch-Franzöchiche Gesellschaft ou Société franco-allemande) qui était sous son contrôle, il avait coudoyé tous les milieux dirigeants du Paris de l’avant-guerre, afin de mettre sur pied un réseau pro-allemand qui toche tous les millieux de l’opinion (au moins parisienne), de l’aristocratie au syndicalsme en passant par la classe politique, l’intelligentsia, groupe très divers mais de plus en plus convaincus que contre la menace bolchevique, le reich hitlérien est un rampart indspensable.  Il entre dans Paris en même temps que la Wehrmacht, le 14 juin 1940, car il est le représentant officiel de la Wilhelmstrasse (le ministère des Affaires étrangères) auprès du MBH qui se met en place dans la capitale. Il est officiellement nommé ambassadeur le 8 août, avec pour principale tâche, le contrôle de la presse et la propagande. Abetz renoue contact avec des personnalités comme Fernand de Brinon qui sont appelés à devenir les ultras de la collaboration, peu à peu, un service diplomatique indépendant se constitua dans la capitale, à l’écart des militaires pls pragmatiques de Paris ou de Wiesbaden. C’est par ses services que les différents gouvernements de Vichy passeront pour se mettre directement en liaison avec les autorités de Berlin, quand ils en sentiront la nécessité. Ses services servent aussi de relais entre le gouvernement de Vichy et les diverses autorités allemandes qui régissent la France occupée.

    L’organisation des pouvoirs de police allemands Les généraux de l’OKW (Oberkommando der Wehrmacht, commandement suprême des forces armées), suite à l’invasion de la Pologne où les agents du RSHA (Office central de sécurité du Reich) dont les hommes du SD extérieur (Police de sûreté, qui est un organisme du Parti Nazi) et ceux de la Gestapo (qui est un organisme d’État) se sont livrés aux pires exactions, ont obtenu pour la France et les autres territoires de l’Europe de l’Ouest occupée que les pouvoirs de police soient confiés aux seules autorités militaires (Ce ne sera plus le cas quand ils s`attaqueront à l`URSS). Ce sont la Geheime Feld Polizei (Police secrète de campagne ou GFP) et la Feldgendarmerie, qui en assurent la fonction et elles dépendent directement de l’État-major.

    Mais Himmler (1940-1945), le chef de la SS et dirigeant des forces de polices allemandes n’entendent pas perdre ainsi ce qu’il estime être ses prérogatives. Il charge Helmut Knochen ancien universitaire désargenté et membre du SD, de former un Commando autonome à mission spéciale, de s’installer à Paris (72, av Foch notamment) avec pour principale activité, celle de saper progressivement l’autorité des militaires. Deux autres Commandos vont venir renforcer la première équipe. Knochen charge l’un des membres de son commando, Hagen, lui aussi du SD, de former une antenne à Bordeaux afin de surveiller la côte atlantique. Au début Knochen, puisqu’il ne dispose officiellement d’aucun pouvoir, se contente de récolter des renseignements sur les francs-maçons, les immigrés, les communistes et les juifs. Car même la recherche du renseignement militaire et les questions de sécurité dépendent des autorités militaires puisque que l’Abwehr, le service d’espionnage et de contre-espionnage de la Wehrmacht (installé à l’Hôtel Lutétia sous le commandement du lieutenant-colonel Rudolph), en a seul la charge.

    Mais Himmler (1940-1945), le chef de la SS et dirigeant des forces de polices allemandes n’entendent pas perdre ainsi ce qu’il estime être ses prérogatives. Il charge Helmut Knochen ancien universitaire désargenté et membre du SD, de former un Commando autonome à mission spéciale, de s’installer à Paris (72, av Foch notamment) avec pour principale activité, celle de saper progressivement l’autorité des militaires. Deux autres Commandos vont venir renforcer la première équipe. Knochen charge l’un des membres de son commando, Hagen, lui aussi du SD, de former une antenne à Bordeaux afin de surveiller la côte atlantique. Au début Knochen, puisqu’il ne dispose officiellement d’aucun pouvoir, se contente de récolter des renseignements sur les francs-maçons, les immigrés, les communistes et les juifs. Car même la recherche du renseignement militaire et les questions de sécurité dépendent des autorités militaires puisque que l’Abwehr, le service d’espionnage et de contre-espionnage de la Wehrmacht (installé à l’Hôtel Lutétia sous le commandement du lieutenant-colonel Rudolph), en a seul la charge.

    En juin 1941, Hitler entre en guerre contre l’URSS. Les communistes français jusqu’ici étrangement amorphes (hormis quelques exceptions comme Charles Tillon (1897-1993) ou Georges Guingouin (1917-le plus tard possible, je le lui souhaite) commencent à semer la pagaille. La GFP débordée concède dans un premier temps à Knochen le droit de perquisitionner, puis peu de temps après celui de procéder à des arrestations. Très vite les services de Knochen surclassent la GFP et l’Abwehr. Et en avril 1942, Himmler obtient d’Hitler de transférer les pouvoirs de police à ses services. Le représentant d’Himmler à Paris le général SS Karl Oberg (1897-1965) arrive le 5 mai. Il réorganise donc tous les services de police, la section de l’administration militaire chargée de la surveillance de la police en France entrent dans ses service, La GFP disparaît ou presque. Il divise ses services en deux: l’Orpo (police d’Ordre) et le SIPO-SD (Police de Sûreté) dont l’organisation est calquée sur celle du RSHA. Le SIPO-SD est placé sous les ordres de Knochen qui l’essaime en 11 directions régionales: Dijon, Rouen, Bordeaux, Angers, Châlons-sur-Marne, Nancy, Orléans, Poitiers, Rennes, Saint-Quentin et Paris. Le SIPO-SD, et son principal service la Gestapo, est devenu tout puissant en ce qui concerne les pouvoirs de police.

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    Ordonnance allemande du 4 octobre 1940 contre le franchissement illicite de la ligne de démarcation publiée dans L’Oeuvre du 18 octobre 1940.

    Occupation allemande de la zone sud En novembre 1942, les Allemands vont envahir la zone libre. Les Italiens de leurs côté s’emparent de huit départements. Les services du SIPO-SD vont donc s’installer dans la nouvelle zone d’occupation avec, dans un premier temps, la volonté d’éviter le refuge des gens qu’ils traquent et, principalement les juifs, en zone italienne où on leur accorde un certain droit d’asile. Les Italiens, en tous cas, s’opposent à leurs extraditions. Au niveau militaire, un commandant de la région militaire France-sud, le général Niehoff s’installe à Lyon. Il sert sous les ordres du maréchal von Rundstedt, commandant en chef du front Ouest au 1er mars 1942 et dont dépendent les troupes allemandes stationnées en France, et non sous les ordres du haut commandement militaire en France. Le général Niehoff

    devait entrer directement en contact avec les autorités françaises pour toutes les affaires courantes. Aussi installa-t-il auprès des six préfets régionaux de sa zone à Limoges, Clermont-ferrand, Lyon, Toulouse, Montpellier et marseille, un état-major de liaison principale et auprès de vingt-six autres préfets un état-majorde liaison. Au niveau gouvernemental. le temps des surveillants allemands était désormais et diffinitivement. On laissait subsister le gouvernement de Vichy parce qu’il pouvait épargner beaucoup de travail aux services allemands,mais on lui tenait la bride très serrée. C’est donc le temps des Hemmen devenu

    délégué du gouvernement du Reich pour les questions économiques et financières auprès du gouvernement français, des Sauckel, des Oberg qui imposent leurs conditions aux Français: augmentation des frais d’occupation pour l’un, réquisition de main d’œuvre pour le second, nominations aux postes importants de l’État Français comme celle des préfets ou celle de Joseph Darnand (1897-1945), en janvier 1944, à la tête des policiers français en remplacement de René Bousquet, pour le troisième.

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    Monument Courage-Liberté à la mémoire des passeurs clandestins en zone libre, Thénioux.

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    Un panneau qui se passe de commentaire. D’un côté, la France dite (libre)  administrée par le Gouvernement de Vichy. De l’autre, la France occupée par les troupes allemandes. La ligne de démarcation va être une véritable frontière entre Français jusqu’au 11 novembre 1942, date à laquelle l’occupant décide d’y mettre un terme en envahissant tout le pays. (En réalité, la Ligne  subsistera jusqu’au 1er mars 1943).

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    Tracée de la ligne de démarcation

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    Un contrôle à la ligne de démarcation

    Dès sa naissance, la ligne de démarcation possède une partie symbolique considérable. Elle est matérialisée par des poteaux, guérites, cabanes pour salles de fouille et bureaux, herses, barrières en fil de fer barbelé et, même, des mines. Toute cette matérialisation gène les habitants limitrophes, en particulier les cultivateurs d’autant que, souvent, la ligne épouse, dès la fin d’une agglomération, les obstacles naturels : rivières, crêtes, plateaux la rendant plus facile à contrôler.

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    Poste de contrôle

    Aux privations quotidiennes, à la présence pesante de l’occupant une riposte clandestine naît. Le village de Chamblay, 1er village en zone libre est devenu une terre d’accueil pour les fugitifs de zone interdite, de zone occupée ou d’Allemagne. Même situation pour Champagnole, Montbarrey, Parcey, Pupillin en zone occupée, Buvilly, Poligny en zone libre. Le passage clandestin devient acte humanitaire, acte d’entraide. Difficile d’en écrire l’histoire. Deux grandes familles de passeurs : ceux qui travaillent seuls, occasionnellement ou non, et ceux des filières.

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    Fouille et contrôle d’un camion à la ligne de démarcation. Les gardes allemands  recherchent des armes, des personnes ou tout de sortes de marchandises passées en contrebande

    La dynamique spontanée d’entraide et de liens noués entre fugitifs et frontaliers est parsemée de drames comme de petites histoires de la vie quotidiennes. Si, pour les Français, le phénomène du passage est souvent un acte de refus individuel ou collectif, c’est, pour les allemands, un délit, un défi à l’occupation. Passeurs et passagers, acteurs du passage clandestin, acquièrent donc une signification historique. Les passeurs ont-ils été d’obscurs sans grade ? Des passeurs résistants ? Un demi-clandestin ou un clandestin ? Sont-ils l’interface entre la Résistance de la zone occupée et celle de la zone libre ?

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    La ligne de démarcation à l’entrée du village de Mijoux dans l’Ain

    « LA LIBERATION en FRANCE ? pas pour tout le monde !MAURICE PAPON »
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