« Maréchal nous voilà », c’est lui, le héros de Verdun, celui qui a épargné des millions de vie durant la première guerre mondiale. Cet officier devenu si populaire que vingt ans plus tard, on lui accorde les pleins pouvoirs. C’est lui aussi que nos grands-parents acclamaient encore comme vainqueur quelques jours après le débarquement en Normandie, comme si il avait résisté depuis 4 ans.
Né dans un petit village du Nord en 1856, Henri Philippe Pétain est un grand admirateur de Napoléon. Il se destine à une carrière militaire et entre de justesse à Saint-Cyr, classé 403e sur 412. Ce sera pourtant le seul Maréchal de sa promotion.
En 1901, il rencontre sa future femme : Eugénie dit Annie de 19 ans sa cadette. Il la demande en mariage mais la famille d’Eugénie refuse. Elle épousera un médecin en 1903.
Suite à cette déception, il s’est réfugié dans bras d’autres femmes. Je cite d’ailleurs plusieurs exemples tiré du documentaire Pétain, ce héros si populaire :
» Pétain un célibataire endurci, un chaud lapin qui cachait soigneusement sa vie privée, un libertin aimant coucher avec plusieurs femmes comme le montre sa correspondance intime »
« Pétain était un officier ordinaire, un libre-penseur, étranger aux mœurs de la grande bourgeoisie et de l’aristocratie. Jeune homme, il fréquente les bordels, et il est durant le premier conflit mondial, un homme adulé des femmes. »
La première guerre mondiale a d’ailleurs tout déclenché. En 1914, Pétain a 58 ans. Il rêve de prendre une petite retraite bien pépére dans le sud de la France. Pour un peu, on n’aurait jamais entendu parler de lui. Manque de pot, un Archiduc va se faire assassiner et il se retrouve en 1916 à Verdun. Adieu les douceurs terrestres ? Pas vraiment, lorsqu’on le cherchait pour lui annoncer sa nouvelle nomination sur le front de Verdun le 25 févier 1916, il était introuvable. Pétain était dans un hôtel privée en compagnie de sa maîtresse: Eugénie qui venait de divorcer.
Le succès de Verdun, lui vaut l’admiration des Français et surtout des Françaises. On recense plus de 4 500 correspondances entre Pétain et ses « amies ». On va même jusqu’à dire que le « Chemin des Dames » et la « Voie Sacrée » sont de belles allusions à ses penchants pour la gente féminine.
En 1920, il épouse civilement sa maitresse Eugénie lors d’une cérémonie très discrète. Le premier mariage religieux d’Eugénie Hardon est ensuite annulé le 30 janvier 1929.
Dans les années 30, ils se retirent dans le Sud de la France espérant l’oubli de leur contemporain. Bien entendu, personne ne l’a oublié et il revient sur le devant de la scène avec le fameux « Travail, Famille, Patrie »
La situation matrimoniale du Maréchal entraîne des désaccords au sein de l’Église française. Pétain veut échapper au devoir de la confession et organise un mariage religieux par procuration en 1941. Mais ses relations avec la Maréchale se dégradent. Selon Jean-Yves Le Naour : « Mme Pétain est une vieille femme acariâtre et prétentieuse auquel an a voulu en faire une icône de douceur et de dévouement ». Joseph Simon ira même jusqu’à déclarer : « Elle a la méchanceté dans la peau » « Quelle garce ! Avec quel plaisir je lui botterais les fesses ». Même le curé de Port-Joinville juge que « Mme Pétain n’est pas sociable. Grossière et mal embouchée, elle scandalise tout le monde ».
Qu’à cela ne tienne, Monsieur Travail, Famille, Patrie ira voir ailleurs. Il aura encore de nombreuses aventures durant la seconde guerre mondiale et jusqu’à ses 86 ans ! Un bel exemple du » Fais ce que je te dis pas ce que je fais. »
Si Pétain aime les femmes, il ne leur rend pas forcément hommage. Il aurait même déclaré : » les femmes sont responsables de l’esprit de jouissance qui a nui à la France. » Ils les accusent d’être responsables de la défaite «Trop peu d’enfants, trop peu d’armes, trop peu d’alliés, voilà les causes de notre défaite » « Elles doivent rentrer au foyer et rattraper le temps perdu en procréant à la chaîne de vrais petits Français pour contrer l’afflux d’étrangers ». Entre autre, Vichy exclut les femmes mariées de la fonction publique dès octobre 1940 et les met en congé sans solde si elles ont moins de trois enfants.
Le divorce est interdit trois ans après le mariage
(sauf pour la Maréchale)
et l’avortement est puni de mort.
Pour redonner de la légitimité aux femmes, il instaure la Fête des Mères.
Fête qu’on avait déjà essayé d’instaurer après la guerre de 14-18.
Ce jour célèbre la maternité et la féminité pour rappeler aux femmes leur «juste» place dans la société devient un événement national.
Pétain réussit à glorifier les femmes tout en les mettant à l’écart de la scène publique.
Pour Vichy, le patriotisme de la femme dépend de sa fonction reproductrice.
Trop aimable.
Si Pétain reste un drôle de personnage à la vie si contradictoire, il n’est pas étonnant qu’il soit pour certain un héro et pour d’autre une honte nationale. Encore maintenant, il divise les Français qui ne savent pas sur quel pied danser lorsqu’il s’agit de son souvenir.
Pour aller plus loin, voici deux documentaires :
SOURCES
http://www.lejournaldelynor.fr/petain-et-les-femmes-une-relation-contradictoire/