• MAQUIS NOIRS et FAUX MAQUIS

     

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    « Toute la France admire les gars du maquis et le monde entier rend hommage à ses français admirables ».

     

    Cette déclaration du 17 aout 1944 de Jean Oberlé, au micro de la BBC, est le point de départ de cette étude historique menée par Fabrice Grenard. Agrégé et docteur en histoire, l'auteur enseigne en tant que maître de conférence à Sciences Po Paris. Il a notamment publié La France du marché noir en 2008.

     

    Cet ouvrage possède un double objectif : il s’agit à la fois d’étudier un sujet peu abordé tout en déconstruisant la légende noire d’une Résistance qui n’aurait pas pris en compte ses dérives internes.

     

    La Résistance utilise officiellement le terme de « maquis noirs » pour dénoncer certains maquis qui ne se sont pas ralliés à ses instances ou à ses directives. Cette expression illustre le caractère particulièrement incontrôlable de ces mouvements armés qui utilisent le label de "maquis" pour éventuellement couvrir leurs exactions. L’idée de « faux maquis » est l’expression choisie par les historiens pour aborder scientifiquement cette question épineuse.

    Le raisonnement de l’auteur part d’un constat : la désintégration de l’Etat Français à partir de 1943.

     

    La dissolution de la "légitimité" du régime de Vichy laisse alors des espaces de pouvoirs dont se saisissent les mouvements armés résistants ou non en mettant localement sur pied une administration parallèle, parfois guidée par ses propres lois. Les maquis évoluent en effet dans des situations juridiques particulières, et cet état de fait est aggravé en cas de non affiliation aux instances officielles de la Résistance.

     

    Pour survivre les maquis doivent imaginer et développer une relation propre avec la population, qui consent assez régulièrement à coopérer tant que leur poids sur la vie du pays n’est pas trop lourd.

     

    Le ravitaillement de groupes, parfois nombreux, passe même en dernier recours par une forme de banditisme lorsqu'il devient indispensable de trouver de quoi survivre. Ces actes visent tout particulièrement les administrations ou les représentants officiels, mais ses actions illégales peuvent aussi être menées contre des particuliers considérés comme collaborateurs. Si la tradition des bandes de pillards n’est pas récente elle va ressurgir pendant cette période. Des "faux maquis" peuvent être en plus ou moins grande partie composés de criminels de droits communs, de services de renseignements qui visent à décrédibiliser la résistance ou encore de jeunes exaltés qui voient dans ce moment de l’histoire une opportunité pour s’enrichir. Ces actions vont parfois mettre en péril le support populaire -tel le maquis Lecoz- et vont pousser la Résistance à prendre des mesures, jusqu'à mener de véritables opérations militaires pour mettre ces faux maquis hors d’état de nuire, voire même à coopérer ponctuellement avec l’administration du régime de Vichy pour les détruire. Dans un contexte troublé, la concurrence entre mouvements résistants communistes et non communistes contribue à entretenir le flou et à rendre certains mouvements difficiles à catégoriser. Le retour à l’ordre implique une mise au pas des maquis non affiliés et l’étude de leurs actions. Ces procédures vont conduire à la reconnaissance officielle de leur action, ou au jugement de leurs responsables par des cours de justice plus ou moins appropriées.

    Le phénomène maquisard est un phénomène encore plus complexe qu'on ne le pense généralement, et cette étude historique permet une bonne première approche de cette compléxité. La démonstration est appuyée par des exemples précis et bien référencés. L’apport de cette étude peut aussi constituer son point faible majeur : en effet, l’auteur montre le flou juridique qui régit les actions de certains maquis, mais cette frontière entre légalité et illégalité ne conditionne pourtant pas toujours leur légitimité, Le critère déterminant est en fait le rapport entretenu à la population. Cette « zone grise », si elle est une clé importante, n’est pas suffisante pour dresser une typologie des maquis ou faux maquis. La distinction entre les deux types doit être encore précisée et formalisée. A raison, l’auteur présente d'ailleurs ce domaine d’étude comme un champ à approfondir.

    Les lecteurs intéressés par la Résistance trouveront dans cet ouvrage une source importante de documentation et surtout un regard neuf sur ce moment si particulier de notre histoire.

    Thibault Laurin.

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