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    Les entreprises face aux secrets du passé


     

    A la fin du mois de septembre, la famille Quandt, richissime propriétaire de BMW, a publié les travaux d'un historien indépendant, Joachim Scholtyseck, qui écornait sérieusement l'image du fondateur de cet empire industriel.

    Günther Quandt, affirmait-il, a exploité, parfois jusqu'à la mort, plus de 50 000 travailleurs forcés pour fabriquer des armes destinées au régime nazi.

    La volonté des entreprises de mener une politique de transparence sur les années sombres de l'Occupation ne va pas de soi.

     

     

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    Cet exemple sera-t-il suivi ?

     

    Une autre marque allemande, de prêt-à-porter, Hugo Boss, a fait appel à un historien qui vient de préciser le rôle de Hugo Ferdinand Boss considéré

    comme "le couturier préféré d'Hitler", selon la rumeur.

     

     

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    L'étude confirme qu'il a adhéré à la politique des nazis, sans être pour autant l'unique fournisseur d'uniformes du régime.

     

    L'entreprise a exprimé sur son site ses "profonds regrets" envers ceux qui ont souffert dans l'usine dirigée par Hugo Ferdinand Boss,

    sous le régime nazi.

     

     

     

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    En 1931, Hugo Ferdinand, créateur de la marque Hugo Boss, qui est désormais une marque de luxe incontournable, adhère au NSDAP (Parti Nazi) et est un ami d'Hitler.

    Sa société de textile est donc mise à contribution au service du Reich pendant la guerre, s'occupant donc de confectionner des uniformes de SS et de la Wehrmacht.
     

     

    .

     

     

     Il est de notoriété publique maintenant, que la maison de couture HUGO BOSS a habilléeles nazis durant la seconde guerre mondiale.

     

    L'info a été relatée partout, sur tout les sites d'informations et les journaux de ce monde.

     

    Mais essayons de comprendre vraiment le contexte de l'époque et la démarche du créateur et fondateur, Hugo Boss, pour s'engager de la sorte aux cotés des nazis. 

     

    En 1931, Boss adhère au parti nazi, parti fondée en 1920, qui, 10 ans après sa création, devient plus populaire que jamais, laissant sur la touche les partis de droite traditionnels.

     

    Hugo Boss n'est pas un cas isolé, en allemagne 11 millions de citoyens allemands ont adhérés au parti nazi. Il est aussi vrai que le chef d’entreprise n'a pas pris une part active au génocide des Juifs, cependant personne ne peut nier qu'il a été, consciemment, un rouage, et un acteur, de la guerre et de la terrible opression de cette époque. 

     

    On peut annoncer clairement, Oui, la maison de couture HUGO BOSS, à produit des uniformes militaires pour le compte des SS, des jeunesses hitlériennes et de la Wehrmacht., de 1933 à 1945.  

     

     

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    Les nazis ont sauvé l'entreprise, notamment par de grosses commandes, qui ont "contraint", la maison Hugo Boss, d'avoir recours à de la main-d'œuvre dites "forcés", des travailleurs majoritairement français et polonais.

     

    des PRISONNIERS de guerre ! des DEPORTES !

     

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    A la fin de la guerre, Hugo Ferdinand Boss reçut une amende de 80 000 marks et fut privé de droits civiques.

     

    C'est son gendre Eugen Holy qui repris ensuite l'entreprise pour la lèguer finalement à ses deux fils, qui firent de la maison de couture Hugo Boss, une célèbre entreprise internationale. 

     

    C'est le Washington Post qui révéla le passé nazis de l'entreprise.

     

    La maison Hugo Boss, dans le souci de couper court aux

     

    «déclarations vagues sur son passé», demanda

     

    à l’historienne Elisabeth Timm, une étude sur ses activités pendant la guerre et jusqu'à la fin des années 1990.

     

    Mais l’ouvrage ne fut pas publié.

     

    En 2000, la société Hugo Boss versa une somme de 500 000 livres sterlings au Fonds d'indemnisation des anciens travailleurs forcés, en compensation du travail effectué pendant la Seconde Guerre mondiale.   

     

    Difficile aujourd'hui de savoir si l'implication de la maison Hugo Boss aux côté des nazis, était un engagement politique, dû aux opinions extrémistes de son fondateur, ou simplement une manière de sauver l'entreprise.    Source : http://www.chromodesomey.fr/2014/05/mode-couture-2.html

     

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    En France, cette démarche n'est pas courante.

     

    L'entreprise face à son histoire pendant

    l'Occupation a longtemps été un sujet tabou.

     

    D'autant que personne, pas même l'Etat, ne peut obliger les sociétés privées à rendre accessibles leurs archives.

     

    Seuls quelques documents, comme les procès-verbaux des conseils d'administration ou les statuts des entreprises doivent être conservés.

     

    Les dossiers de carrière des salariés, par exemple, sont détruits quatre-vingt-dix ans après la naissance des intéressés.

     

    Le passé trouble de Coco Chanel dans les années 1940 vient de resurgir avec la publication, fin août, d'une nouvelle biographie de la créatrice, signée par le journaliste américain Hal Vaughan,Sleeping With the Ennemy

     

     

    Dans le lit de l'ennemi - Coco Chanel sous l'Occupation  

    ("Au lit avec l'ennemi",

    Editions Alfred Knopf, 280 pages, 27,95 dollars, non traduit).

     

    La direction de Chanel esquive la difficulté en assurant que

    "la maison de couture a fermé en septembre 1939.

    Il n'existe donc pas d'archives sur cette période".

     

    L'entreprise a repris son activité après la guerre.

     

    Le magazine Géo Histoire (Prisma) s'est, lui, autocensuré en renonçant à publier, dans son numéro de septembre-octobre, un article sur le passé collaborationniste de certains dirigeants de Louis Vuitton.

     

     

     

     

    Par crainte de représailles d'un très gros annonceur publicitaire ?

     

    Pourtant, par le passé, une journaliste, Stéphanie Bonvicini, avait eu

    accès aux archives de la maison.

     

     

    Les entreprises face aux secrets du passé

    Son ouvrage, Louis Vuitton, une saga française (Fayard, 2004), révélait que la maison de luxe avait été la seule à pouvoir rester dans l'Hôtel du parc,

    à Vichy, siège du gouvernement de Philippe Pétain en 1940.

     

     

     

    L'auteure affirmait qu'Henry Vuitton, décoré par les nazis en remerciement de sa loyauté, avait fondé, avec son frère Gaston, le dirigeant du groupe, une usine pour fabriquer des bustes du maréchal.

     

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    La direction de Vuitton (LVMH) assure que ses archives sont ouvertes - sans occulter aucune période - aux travaux des historiens et des chercheurs.

     

    Un porte-parole précise qu'une partie de la famille Vuitton, oubliée dans cet ouvrage, était du côté de la Résistance.

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    WUITTON à VICHY - maréchal Petain 

     

    Comme Jean Ogliastro, un gendre de Gaston Vuitton, qui a combattu sous le nom de Servien dans le réseau de Jean Cavaillès, avant d'être déporté à Buchenwald, puis à Bergen Belsen, jusqu'à la libération du camp.

     

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    Les historiens se sont battus pour forcer la porte des sociétés.

     

    Patrick Fridenson, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), souligne que les premiers travaux sur l'histoire des entreprises, à la fin des années 1960, ont été réalisés avec des archives allemandes, anglaises et américaines.

     

    L'historien britannique Alan Milward, auteur de The New Order and the French Economy ("Le nouvel ordre et l'économie française", Oxford University Press, 1970, non traduit), a publié sur ces questions bien avant les Français.

     

    "Les entreprises hexagonales n'avaient aucune envie qu'on parle de l'Occupation, même si elles s'étaient bien conduites, et l'Etat français fermait à qui mieux mieux ses archives", explique Patrick Fridenson.

     

    En 1966, la direction de Renault lui refusait d'enquêter au-delà d'avril 1936.

     

    "Le Front populaire, les grèves et les occupations d'usines étaient considérés comme une période trop sensible",

    se souvient-il.

     

     

     

    C'est parce que Pierre Dreyfus, PDG de Renault en 1972, a voulu lever le voile sur le rôle de l'entreprise pendant la seconde guerre mondiale qu'il a pu consulter tout le fonds d'archives, enrichi quatre ans plus tard par les documents familiaux,

    légués par la veuve de Louis Renault.

     

     

     

    Mais c'est finalement dans des archives allemandes stockées à Moscou,

    qu'il a retrouvé les minutes des entrevues entre Louis Renault et Adolf Hitler.

     

    "Aujourd'hui, nous disposons de trois fois plus d'archives qu'en 1972 mais plus le temps passe, moins il existe de témoins du passé", déplore-t-il.

     

     

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    Le rôle des associations juives a été fondamental, tout comme la volonté de l'Etat de faciliter, en 2002, l'accès aux archives publiques sur la seconde guerre mondiale.

    Le Renault de l’Occupation

    LA RÉPARATION DES CHARS POUR LA WEHRMACHT ACQUISE LE 1ER AOÛT 1940.

    Louis Renault, discuta avec les Allemands depuis le début de juillet 1940 « sur la question de la réparation des chars ».

    Le 1er août, il signifia son acceptation formelle, étayée par une lettre « remise à la fin [d’une] conférence » commune, de réparer les chars pour la Wehrmacht « dès le 2 août ».

    La réunion du dimanche 4 août à l’Hôtel Majestic, entre six Allemands, dont le chef de la division économique du MBF, et le trio français Lehideux, Petiet, Grandjean, fit le point. Son procès-verbal atteste de façon irréfutable qu’entre les 1er et 4 août 1940, Louis Renault et la direction de la SAUR agréèrent définitivement l’exigence allemande de réparation des chars pour usage allemand ; et que Lehideux, requit des Allemands « la direction allemande » de ces travaux, seule apte à soustraire la direction française à ses responsabilités.

    Ainsi naquit la thèse de la « réquisition » allemande, née d’une

    demande française, astuce juridique si utile après la Libération.

     

    sources / lien article complet :

    http://owni.fr/2011/03/10/louis-renault-et-la-fabrication-de-chars-pour-la-wehrmacht/

     

     

    Dès novembre 1940 Lehideux, administrateur de Renault et chef du COA, et le général von Schell, sous-secrétaire d’État et « plénipotentiaire chargé de l’automobile » (Generalbevollmächtigten für das Kraftfahrwesen, GBK), fondèrent à Berlin le « comité européen de l’automobile », cartel franco-germano-italien sous direction allemande. Louis Renault n’avait cessé depuis son entretien avec Hitler de 1935 d’appeler de ses vœux la constitution d’un « cartel européen

     

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    Un groupe de recherche (GDR) du CNRS sur les entreprises sous l'Occupation, le seul du genre, a permis, de 2002 à 2009, la publication de quatorze ouvrages.

     

    Une façon de rattraper le retard important pris par rapport aux Allemands et aux Suisses.

     

    Et de dénicher quelques histoires.

     

    Pierre-Antoine Dessaux, doctorant en histoire, a découvert que le patron du fabricant de pâtes alimentaires Panzani se jouait du fisc sous l'Occupation en établissant trois comptabilités différentes : une, fort décevante, à destination des Allemands ; une autre, tout aussi navrante, à l'attention des banques ; et une troisième, fort enviable, destinée aux actionnaires familiaux...

     

     

    Hervé Joly, chargé de recherche au CNRS qui a piloté ce groupe de recherche, s'est parfois heurté au désintérêt des entreprises pour leur histoire. Un constat plus flagrant encore si, au fil du temps, elles ont été rachetées, ont fusionné ou ont changé de nom.

     

    Les entreprises qui ont collabore avec les nazis sous l'Heure d'été

     

    La conservation de ces masses de documents coûte cher.

     

    Les archives sont parfois externalisées, stockées dans des zones industrielles, sans accès à la consultation.

     

    A chaque déménagement, des tonnes de documents sont vouées à la benne. Personne, dans les entreprises, n'était chargé de ces questions.

     

    Dominique Barjot, professeur d'histoire économique à La Sorbonne (Paris-IV), note un obstacle récent, "l'hyper-développement des services de communication, qui cherchent à façonner l'image des entreprises et n'admettent pas que des historiens fassent leur travail".

     

    L'accès aux informations est souvent plus simple au sein des entreprises qui ont rompu avec les familles fondatrices ou sont devenues publiques, comme Saint-Gobain ou Pechiney.

     

    A chaque entreprise, son histoire et sa façon d'y faire face.

     

    Chez Rhodia, une équipe de salariés motivés a pris l'initiative de classer les archives historiques.

     

    Chez Peugeot, la direction a mené un travail exemplaire de transparence.

     

    Aujourd'hui, les Archives de France, département du ministère de la culture, ne recensent toutefois que 28 fonds historiques d'entreprises

     

    (dont Air France, Allianz, ArcelorMittal, la Banque de France, BNP Paribas, EDF, France Télécom, Lafarge, La Poste, la RATP, Saint-Gobain, Sanofi-Aventis, la Société générale, la SNCF ou Total).

     

     

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    Selon Dominique Barjot, "les entreprises ont du mal à ouvrir leurs archives quand elles étaient divisées sous l'Occupation".

     

    Dans le secteur du bâtiment, il a eu, pour ces raisons, "carte blanche de Vinci" mais plus de mal avec une filiale de Spie, Drouard .

     

    Le comportement des individus - et leurs affaires avec les occupants - choque toujours aujourd'hui, alors que "la collaboration de la part des entreprises est mieux admise qu'il y a vingt ans. Au prétexte qu'elles étaient forcées d'obtempérer", dit-il.

     

    Dans les groupes de chimie, aluminium, caoutchouc ou de charbonnages, les contrats de livraison aux Allemands ont pu être retrouvés dans les archives publiques, témoigne Michel Margairaz, professeur à Paris-VIII-Vincennes.

     

    Il a aussi travaillé sur plus de 120 entreprises spoliées pendant la guerre grâce aux archives du Commissariat aux questions juives.

     

     

    Le cas de L'Oréal est instructif.

     

    Les écrits antisémites d'une rare violence, signés par Eugène Schueller, son fondateur, sont connus de longue date, comme son soutien à la Cagoule, l'organisation d'extrême droite d'Eugène Deloncle.

     

    Seul l'historien Jacques Marseille a décortiqué les archives du géant des cosmétiques, pour son ouvrage sur le centenaire du groupe, paru en 2009 (L'Oréal 1909-2009, Perrin).

     

    Mais les archives des banques, celles de l'ancien département de la Seine ou de la Bibliothèque nationale de France (BNF) l'ont davantage éclairé sur ces sujets sensibles, que celles de L'Oréal.

     

      

    Le passé est parfois long à resurgir.

     

    Il a fallu attendre 1992 pour qu'un colloque sur la SNCF mette à mal l'image de grande résistante forgée par l'entreprise publique.

     

    Depuis, elle a été accusée d'avoir convoyé, dans 74 trains, 76 000 juifs, français ou étrangers vers des camps d'extermination.

     

    Fin 2010, un accord de partenariat a été signé avec le Mémorial de la Shoah pour développer des recherches historiques.

     

    Candidate à l'exploitation de futures lignes TVG en Californie et en Floride, la SNCF avait été mise en cause par les élus de ces Etats américains pour n'avoir jamais présenté ses excuses ni payé de réparations aux déportés et à leurs familles.

     

     

    Contrairement aux sociétés d'assurance, les banques ont ouvert leurs archives sous l'impulsion de Jean Mattéoli, gaulliste de gauche et ancien déporté qui avait engagé, en 2000, un travail de fond sur leur rôle pendant l'Occupation.

     

    Roger Nougaret, archiviste de formation passé du

    Crédit agricole à BNP Paribas, assure que

    "l'Occupation est une période assez bien connue dans les banques".

     

    Depuis 1951, des historiens étudient les spoliations des biens des juifs par les 106 établissements bancaires recensés en France pendant la guerre.

     

     

    Pourtant, les portes entrebâillées sont promptes à se refermer. Certaines entreprises affirment redouter des tentatives d'espionnage industriel et hésitent à ouvrir leurs archives à des étudiants étrangers, notamment chinois, souligne Dominique Barjot.

     

    L'exemple suisse est encore plus éloquent : une commission indépendante d'experts (CIE) a eu carte blanche - et obtenu la levée du secret bancaire - pour étudier, entre 1996 et 2001, les relations entre les entreprises suisses et l'économie allemande pendant la guerre.

     

    Pendant cet âge d'or, 25 études ont pu être réalisées.

     

    Mais la CIE a été dissoute fin 2001 et cette initiative n'est plus

    qu'un souvenir dans un pays toujours jaloux de ses secrets.

     

    Nicole Vulser


    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/11/07/les-entreprises-face-aux-secrets-du-passe_1599955_3234.html#xok0eHLbzYEdPbAY.99

     

    et

    https://histoiredesvancleefetdesarpels.blogspot.fr/2012/12/van-cleef-s-et-j-arpels-vichy-en-1917.html

     

     

     

     

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  • Accusé, levez-vous ! Avant Après
     

    Le numero du 24 aout 42 rapporte un long entretien avec un resistant refugié aux USA sur la Resistance , en France , à cette époque ( page 86 )


    En tête de l'article :

     


    Liste noire de Français condamnés par la Resistance pour collaboration avec les Allemands
    - A abattre , ou à juger lorsque la France sera liberée -

    Enfin selon...........


    Des gens des arts , de la litterature , du spectacle, de la Presse
    Mistinguett, G.Carpentier , Corinne Luchaire , Pagnol , M. Chevalier , S. Guitry , Celine , Derain......

    Du monde politique et de leaders de partis


    Luchaire , Deat , Doriot , M de Polignac , R.de Chambrun, Fonck, Valery Radot........

    De membres du Gouvernement et de l' Armée
    Pétain , Laval , Darlan , Brinon , Pucheu , Dentz , Weygand , Vallat ..........

     
     
     

    ALAIN
    (Emile-Auguste CHARTIER, dit ) Philosophe radical-socialiste, pacifiste, libre-penseur.
    Signe l'appel "Paix immédiate" de Lecoin.

    Pendant la guerre, membre de la Ligue de la Pensée Française, ouvertement collaborationniste. Il écrit en outre dans la Nouvelle Revue Française de Drieu la Rochelle. A la chute de l'empire nazi, Alain a perdu son aura de penseur de la gauche républicaine au profit de jeunes loups qui la perdront à leur tour avec la décadence de l'empire soviétique.
    Sic transit gloria mundi.

    ANOUILH (Jean) Pendant la guerre, il continue à écrire comme si de rien n'était. Collabore à Aujourd'hui. Non-résistant. .

    ARLETTY Comédienne avant et pendant la guerre.
    A fricoté avec un officier allemand. Emprisonnée au moment de l'Épuration. Assignée à résidence pendant 75 semaines.

    AYMÉ (Marcel) Ecrivain très drôle. Signe en octobre 1935 le "Manifeste des intellectuels français pour la défense de l'Occident", qui soutient l'agression de Mussolini contre l'Ethiopie.
    Collaborateur des journaux collaborationnistes Aujourd'hui, La Gerbe, Je suis Partout. En 1945, il prend la défense de Céline et de Brasillach. Cet homme était politiquement incorrect, avant que le terme ne désigne un intellectuel mondain.

    BARJAVEL (René) Directeur littéraire aux Editions Denoël (associées à l'allemand Andermann) pendant la guerre. Directeur de la collection pour la jeunesse "la fleur de France". Publie un roman, Ravage, en 1942. Ce roman, ainsi que trois nouvelles, sera publié en feuilleton dans le journal collaborationniste Je Suis Partout . Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945.
    Innocenté par la suite (comme Roparz Hemon).

    BELMONDO (Paul) Sculpteur de talent et de renom. Membre du groupe "Collaboration". Familier des diners de l'ambassade d'Allemagne pendant la guerre. Ces artistes, ils se croient tout permis.
    Père de l'acteur Jean-Paul Belmondo.

    BENOIT (Pierre) Romancier. Commandeur de la légion d'honneur. Membre de l'Académie française.

    Membre du groupe "Collaboration". Familier des diners de l'ambassade d'Allemagne pendant la guerre. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945.
    Arrêté pour collaboration, emprisonné à Fresnes. Relâché faute de preuves

    BENOIST-MECHIN (Jacques) Secrétaire général du gouvernement Pétain chargé des rapports franco- allemands. Secrétaire d'État dans le gouvernement Laval. Partisan d'un collaborationnisme dur. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945.

    Sous la Vème république, il exercera des missions en pays arabes pour le compte du gouvernement français. Même de Gaulle, le chef de la Résistance, se serait-il ramolli ?
     
     
    BÉRAUD (Henri) Rédacteur au Canard Enchaîné de 1917 à 1934. Rédacteur aux journaux collaborationnistes L'Oeuvre et Gringoire. Violemment anglophobe. Condamné à mort pour intelligence avec l'ennemi. Gracié. Libéré en 1950. Meurt en 1958.
     

    BETTENCOURT (André) Violemment antisémite. Dirige pendant la guerre le journal La Terre Française. Secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil sous le gouvernement Mendès-France (1954-1955). Plusieurs fois ministre sous la Vème République. Sa femme est l'héritière des parfums L'Oréal (entreprise fondée par son père, Eugène Schueller, financeur du groupe d'extrême-droite La Cagoule), et une des premières fortunes de France.
    Citoyennes, ne vous parfumez plus !
     

    BLOND (Georges) Collaborateur jusqu'en 44 de l'hebdomadaire fasciste et antisémite Je Suis Partout.
    En 1944, il publie un livre violemment antibritannique, L'Angleterre en guerre. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945. Il a publié dès 1951 des ouvrages à la gloire des Alliés (Le débarquement, D'Arromanches à Berlin, L'agonie de l'Allemagne). Est-ce bien suffisant pour obtenir le pardon républicain ?
    BONNARD (Abel) Poète, essayiste, voyageur, journaliste, ami de Marcel Proust. Membre de l'Académie française.

    Antisémite, partisan de la collaboration, membre du PPF, anglophobe.
    Ministre de l'Education nationale du maréchal Pétain après Jérôme Carcopino. Se réfugie à Singmaringen, puis en Espagne.
    Condamné à mort par contumace.
    Meurt à Madrid en 1968.

    BORDEAUX (Henry) Auteur à succès.
    Elu à l' Académie française en 1919.

    Pétainiste convaincu. Voir le texte Les murs sont bons, 1940. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945. Siège encore à l'Académie après la guerre. Une honte. Libres penseurs, il faut boycotter l'Académie.
     
     
    BRASSENS (Georges) STO [NDLR: comme Georges Marchais, secrétaire du Parti communiste français, du temps de l'«Union de la gauche»]. Chanteur libertaire, peu enclin aux démarches citoyennes ("Le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet").
     


    CAMUS (Albert) L'Etranger paraît en 1942 aux éditions Gallimard. Camus rencontre Sartre en 1943 à la générale des Mouches. Il fait jouer sa pièce Le Malentendu en 1944, avec l'appui de Gherard Heller, de la Propaganda Staffel. [NDLR: Après Hitler, Staline!!!] .
     
     
    CARCOPINO (Jérôme) Fils de dreyfusard et dreyfusard lui-même. Membre de l'Académie Française. Auteur de "la vie quotidienne à Rome" Secrétaire d'Etat à l'Education nationale et à la Jeunesse en 1941 et 1942, jusqu'au retour de Laval aux affaires. Il propose à Pétain une limitation (numerus clausus) du nombre d'étudiants juifs. Révoqué de ses fonctions et traduit devant la Haute Cour. Emprisonné à Fresnes. Libéré en 1945.

    Bénéficie d'un non-lieu en 1947 pour les accusations de Collaboration. Comme Roparz Hemon.
    CARNÉ (Marcel) Réalisateur de chefs d'oeuvre du cinéma, dont "Les visiteurs du soir" (1942) et "Les enfants du paradis" (1945). Certains critiques disent, pour le couvrir, que "Les visiteurs du soir" est une allusion à l'occupation allemande. Les vrais résistants ont été moins naïfs : Carné a reçu un "blâme" du Comité de Libération du Cinéma.

    CASTELOT (André) Historien. Rédacteur pendant la guerre au journal collaborationniste La Gerbe. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945. Historien et vedette de la télévision nationale.

    Libre-penseurs, il faut boycotter les chaînes publiques...

    CAVANNA (François) STO (Lire son bouquin : "Les Russkoffs") [NDLR: comme Georges Marchais, secrétaire du Parti communiste français, du temps de l'«Union de la gauche»]. [NDLR: Après Hitler, Staline!!!] Résistant à tout
     

    CAYATTE (André) Réalisateur de cinéma. Pendant la guerre, a fait plus de 2 films pour la "Continental Films", société de production sous direction allemande. Condamné par le Comité de Libération du Cinéma à l'interdiction à vie d'exercer son métier. Il n'en a pas tenu compte, ce qui aggrave son cas. Un vrai Roparz.
     

    CÉLINE
    (Louis-Ferdinand DESTOUCHES, dit) Médecin dans une banlieue pauvre. Romancier.
    Antisémite virulent. Collaborationniste acharné. Se réfugie à Baden-Baden, à Singmaringen puis au Danemark. Emprisonné au Danemark.
    Condamné en France en 1950 à l'indignité nationale et à un an de prison. Considéré comme un écrivain innovant ce qui, pour un vrai libre-penseur, doit rendre l'innovation littéraire suspecte de collaboration avec l'étranger.

    CHACK (Paul) Ecrivain.
    Membre du bureau politique du PPF.
    Fondateur du Comité d'Action Antibolchévique Condamné le 18 décembre 1944 pour Intelligence avec l'ennemi et exécuté le 9 janvier 1945.
     

    CHARDONNE (Jacques) Romancier et épistolier.
    Fait deux fois le voyage en Allemagne, pendant la guerre, avec Drieu la Rochelle. Emprisonné en 1944. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945.
    Exerce une grande influence sur "les Hussards" (Nimier, Laurent, Blondin).
    François Mitterand a témoigné de son admiration pour cet écrivain.
     
     

    CHEVALLIER (Maurice) Chanteur. Excellent quand il chante en anglais.
    Pendant la guerre, il anime sur Radio-Paris des émissions de 30 minutes qui lui sont payées 60 000 francs chacune. Les nazis, vraiment, jetaient l'argent par les fenêtres.
    Une honte.
     

    CLAUDEL (Paul) Ambassadeur de France jusqu'en 1935, et poète comblé d'honneurs.
    Claudel publie dans le Figaro, le 10 mai 1941 un ode au maréchal Pétain. Claudel publie, toujours dans le Figaro, le 23 décembre 1944, une ode au général de Gaulle.
     
     
     
    CLAVEAU (André) Prince de la chanson de charme avant, pendant et après la guerre.
    Anime des concerts pour la LVF. Chanteur, parolier d'Edith Piaf. Acteur de cinéma. Comme si de rien n'était. C'est désespérant.
     

    CLOUZOT (Henri-Georges) Réalisateur de films, dont "L'assassin habite au 21" (1942), "Le Corbeau" (1943). Condamné par le Comité de Libération du Cinéma à l'interdiction temporaire d'exercer son métier.
    Récompensé au festival de Venise et au festival de Cannes pour "Quai des Orfèvres" (1947), "Manon" (1949), "le salaire de la peur" (1949).
    C'est un défi à la France combattante. Il ne s'est purgé ni de son erreur ni de son talent. Un vrai Roparz. A déconseiller.
     
     

    COCTEAU (Jean) 1940 : Ecrit dans le journal collaborationniste La Gerbe.
    1941 : fréquente Ernst Jünger et Otto Abetz, dine chez Maxim's avec Albert Speer. Il entame la collaboration culturelle avec le journal Comoedia.
    Publie le Salut à Breker.
    Cocteau et Giono ont, en commun, d'avoir parlé de Hitler comme d'un "poète". .
     
     
     
    COLETTE
    (Sidonie Gabrielle) Ecrivaine à la forte personnalité.
    Collabore au journal Le Petit Parisien. Pour un vrai libre penseur, une forte personnalité, c'est louche.
     

    COSTON (Henri) Ecrivain ; journaliste.
    Anti-franc-maçon. Antisémite.
    Chargé par le maréchal Pétain des dossiers maçonniques. Secrétaire de rédaction de La France au Travail et de Paris Soir. Décoré de la Francisque en 1943. Condamné aux travaux forcés en 1944. Libéré en 1951.
    A néanmoins continué à écrire avec succès... sur la Collaboration.
     

    DEBRÉ (Michel) Maître de requêtes au Conseil d'Etat en 1942.
    A prêté serment d'allégeance au maréchal Pétain. Partisan de l'Algérie française.
    Premier ministre du général de Gaulle de 1959 à 1962.
     
     

    DERAIN (André) Peintre, fondateur du fauvisme. Grande figure de l'Ecole de Paris.
    Représente pour les nazis l'art français authentique. Fait une visite officielle en Allemagne en 1941 (avec Maurice Vlaminck), et se prête à la propagande nazie. Dénoncé publiquement comme "collaborateur" en 1945. Interdit d'exposition.
    Ses peintures se vendent aujourd'hui pour des millions d'euros. Les amateurs d'art sont donc des mauvais français, ou pire des nationalistes bretons. Il ne faut pas oublier de boycotter les musées qui exposent des oeuvres de Derain.
     

    DESNOS (Robert) Poète surréaliste.
    Collabore pendant la guerre au journal Aujourd'hui. Arrêté et déporté malgré les efforts d'amis comme l'écrivain Georges Suarez (fusillé après la guerre pour crime de Collaboration), et d'officiers allemands comme le lieutenant Ewers. Meurt en déportation.
     
     

    DORGELÈS (Roland) Ecrivain.
    En Janvier 1941, il publie "Parole de Franc", une apologie du maréchal Pétain.
    Ecrit dans Gringoire. Bénéficie d'un non-lieu, en 1946, auprès du Comité d'épuration des gens de lettres.
     

    DRIEU LA ROCHELLE (Pierre) Nazi. Directeur de la Nouvelle Revue Française (NRF) pendant la guerre. S'est suicidé, ce qui lui a évité le désagrément d'être fusillé.
    A ne pas lire, surtout son meilleur roman, Gilles.
     

    DUNOYER DE SEGONZAC (André) Peintre, graveur, lithographe, sérigraphe. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur". Suspendu en tant qu'artiste (d'où le mot de Sacha Guitry, autre collaborateur notoire : "Suspendu, Segonzac ? Mais c'est au mur qu'il faut le suspendre !").
     
     

    DURAS (Marguerite) En 1939-1940, co-écrit avec Philippe Roque un livre raciste et colonialiste, L'Empire français.
    Pendant la guerre : secrétaire d'une commission de censure contrôlée par la Propaganda Staffel.
    Ecrivain branché. Icône littéraire de François Mitterrand.
    PS = Propaganda Staffel .
    Son mari Antelme proche de Pucheu.
     


    DUVERGER (Maurice) En 1937 : Dirigeant à Bordeaux de l'UJPF, organisation de jeunesses du PPF.
    Pendant la guerre, il enseigne à l'Institut d'Etudes Corporatives et Sociales, fondé sous le patronage du maréchal Pétain.
    Un article qu'il publie sur le statut des Juifs dans la Revue de Droit Public (1941-1942) est un modèle d'argumentation anti-communautariste. Constitutionnaliste républicain de renom. Collabore au Nouvel Observateur et au journal Le Monde.
     
     
     

    Elu au parlement européen en 1989 sur une liste présentée par le Parti Communiste Italien.
    Editions DENOËL Pendant la guerre, il a été associé à l'Allemand Andermann. Editeur de Voyage au bout de la nuit de Céline, de Les décombres de Rebatet (mais aussi d'Aragon et Elsa Triolet) Aragon accusa Denoël de lui avoir fait subir le voisinage d'écrivains fascistes.
    Robert Denoël a été assassiné le 2 décembre 1945.
     
     

    Editions GALLIMARD Editeur de la Nouvelle Revue Française (NRF) dirigée par Drieu la Rochelle.
    Gaston Gallimard fréquente l'Institut Allemand pendant la guerre. A continué son métier d'éditeur après la guerre. La honte.
     
     

    Editions GRASSET Editeur avant et pendant la guerre. Bernard Grasset fut dénoncé comme "ultra-fasciste" après la guerre. Il a néanmoins continué son métier.
     

    Editions FAYARD Editeur de Candide et de Je suis Partout.
    Militant d'Action Française, Arthème Fayard n'hésite pas à rendre visite à Charles Maurras en prison en octobre 1936.

    A la mort d'Arthème en 1936, on trouve à la tête de l'entreprise Jean Fayard, Fernand Brouty (administrateur de Candide pendant la guerre, et Pierre Gaxotte. .
     

    EFFEL (Jean) Dessinateur au journal collaborationniste Le Rouge et le Bleu. Dessinateur de gauche. A reçu le prix Lénine en 1968.
     

    FARGUE (Léon-Paul) Poète. Constamment poète.
    Collabore au journal Aujourd'hui. Toujours poète.
     

    FAURE (Sébastien) Théoricien de l'anarchisme.
    Un des principaux orateurs de la Libre-Pensée.
    En 1940, il appelle à la collaboration avec les nazis.
    Meurt en 1942. .
     

    FAVALELLI (Max) Rédacteur à l'hebdomadaire antisémite Je suis Partout avant la guerre. Spécialiste des mots croisés ; animateur de jeux télévisés.
    FERRÉ (Léo) Né en 1916. Pendant la guerre, il occupe un poste de distributeur de bons de ravitaillement aux hôteliers.

    Il se marie en octobre 43 avec Odette. Il entre à Radio Monte-Carlo, contrôlé par les Allemands, où il est tout à la fois, suivant l'occasion, speaker, bruiteur ou pianiste. Chanteur et poète anarchiste.
     

    FORT (Paul) Poète.
    Considéré comme le "prince des poètes" en 1912. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945.
    Georges Brassens, autre suspect, a mis ses poèmes en chansons (Le petit cheval blanc, allégorie de la soumission face aux voyageurs étrangers).
     
     

    FRESNAY (Pierre) Comédien. Joue dans Le dernier des Six (1941), L'assassin habite au 21 (1942), La main du diable (1942), Les inconnus dans la maison (1942), le Corbeau (1943), Je suis avec toi (1943), Le voyageur sans bagage(1944). Décoré de la Francisque. Emprisonné lors de l'Epuration. Normal.
    A néanmoins continué à faire l'acteur. Un vrai Roparz de l'écran.
     

    GAXOTTE (Pierre) Historien. Secrétaire de rédaction de l'Action Française. Secrétaire particulier de Charles Maurras. Créateur et éditorialiste de l'hebdomadaire fasciste et antisémite Je Suis Partout jusqu'en 1940. Après la guerre, devient éditorialiste au Figaro et entre à l'Académie Française en 1953.
    Ne jamais le citer. !!
     

    GIONO (Jean) Ecrivain pacifiste et écologiste
    Collabore pendant la guerre à l'hebdomadaire La Gerbe et à la NRF de Drieu la Rochelle.. Incarcéré sept mois lors de l'épuration.
    Après la guerre, il persévère et reste un écrivain écologiste. Un Roparz bio.
     
     
     
    GISCARD D'ESTAING (Edmond) PERE Président des Compagnies d'assurances "Le Phénix"
    Décoré de la Francisque. Père de Valéry Giscard d'Estaing, président de la République (1974-1981).
     

    GUITRY (Sacha) Académie Goncourt. Artiste, écrivain. Une des figures de la vie parisienne pendant la guerre. [ndlr: arrêté, emprisonné plusieurs mois, jugé. Quand le président de la Cour l'accuse d'«intelligence avec l'ennemi», Guitry rétorque:
     
    «Monsieur le Président, de l'intelligence je n'en manque pas! Quand on rappelle que le PCF, Aragon, Vercors et consorts, on collaboré avec l'Allemagne nazie de 1939 à juin 1941, on voit à quel point le CNE a été dégeulasse!]. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945.

    Lors de l'épuration, emprisonné au Vel' d'Hiv', à Drancy puis à Fresnes. Il a l'air de s'en foutre. Un vrai Roparz mondain.
     
     

    HERGÉ (Georges RÉMI, dit) Dessinateur et auteur des aventures de Tintin.
    Il collabore au journal d'extrême droite Le Soir Volé. Ami de Léon Degrelle, chef du parti collaborationniste belge Rex. Hergé est belge, mais ce n'est pas une raison.
    Il faut censurer Tintin, qui pourrit notre belle jeunesse une et indivisible.
     

    HERMANT (Abel) Romancier, satiriste, homme de théâtre.
    Elu à l'Académie française en 1927. Condamné à la perpétuité pour faits de Collaboration. Grâcié et libéré en 1948.
     

    HERNU (Charles) Délégué à la propagande ouvrière du Maréchal Pétain en Savoie. Député-maire socialiste de Villeurbanne. Ministre des armées du gouvernement Mauroy lors de l'affaire Rainbow Warrior.
     

    JOUHANDEAU (Marcel) Ecrivain, homosexuel tourmenté, et antisémite à ses heures. Publie en 1937 " Le péril juif ". En Octobre 1941, il participe au voyage des écrivains français en Allemagne. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945.
     

    JOUVENEL (Bertrand de) Adhère au Parti radical en 1925.
    A partir de son interview d'Hitler en 1936, devient partisan du socialisme à la mode nazie. Adhère au PPF de Doriot. Un des fondateurs d'une nouvelle discipline, la prospective, qui permet d'anticiper les conséquences de ses actes.
     

    LA VARENDE (Jean De) Membre de l'Académie Goncourt Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945.
     
     

    LAFORGUE (René) Pionnier de la psychanalyse en France, disciple et ami de Freud. Membre du Comité central de la LICA.
    Entre 1940 et 1942, demande aux Allemands une aryanisation des professions psychothérapiques. Bénéficiera d'un non-lieu lors d'une procédure d'épuration.
    Reçoit la légion d'honneur en 1953.
     

    LECOIN (Louis) Anarchiste et pacifiste.
    En septembre 39, il lance la pétition "Paix immédiate" et réclame des négociations avec les Allemands. Il est soutenu par les libres penseurs pacifistes, les partisans de la collaboration comme Déat, ainsi que les communistes (pour pacte germano-soviétique). Il en profite, mais pas longtemps. Après la guerre, il persévère dans l'erreur.

    Il s'oppose à la loi républicaine sur le service militaire, au nom du communautarisme philosophique et religieux. Le statut des objecteurs de conscience de 1963, qu'il a inspiré, est un modèle de passe-droit et d'inégalité des citoyens devant la loi.
    Un vrai Roparz du communautarisme et du défaitisme.

    LIFAR (Serge) Maître des ballets au Palais Garnier. Il est reçu par Hitler et proposé par Göring pour diriger les futurs ballets européens. Lifar règne sur le monde de la danse dont les spectateurs, pour un tiers, sont des soldats allemands. Condamné à mort à sept reprises sur les ondes de Radio-Londres pour collaboration. Banni de l'Opéra de Paris. S'est lâchement réfugié à l'Opéra de Monte-Carlo, comme Roparz Hemon au Dublin Institute for Advanced Studies, invités tous les deux par des institutions dépourvues de valeurs universelles.
     
     
    LORULOT (André)
    Principal animateur de la Libre-Pensée entre les deux guerres.
    Publie La Bible comique illustrée, puis La vie comique de Jésus, ouvrages à la fois anticléricaux et antisémites. Publie aussi ces années-là des pamphlets antiféministes (Catéchisme du parfait mouton ; Notre ennemie : la femme)
    1939 : Publie Les hommes me dégoûtent, ouvrage où il exprime son mépris pour l'humanité.
    1940 : André Lorulot entame des contacts et persiste dans des pourparlers avec la Kommandantur de Versailles, puis de Paris, pour faire reparaître le journal de la Libre Pensée, L’idée Libre.
    Il poursuit son activité de libraire pendant toute la guerre, quémande désespérément auprès des Allemands le papier nécessaire à son activité d’auteur et d’imprimeur, et se plaint de leur incompréhension à son égard.
    Féroce partisan de l'Épuration, y compris chez les résistants (vu son passé collabo, il avait le profil de l'épurateur...).
    Principal animateur de la Libre-Pensée sous la IVème République. Les libres penseurs l'ont reconduit dans ses fonctions. Chez eux, on ne se pose pas de questions ! Lorulot a dominé la Libre Pensée pendant plusieurs décennies, jusqu'à sa mort en 1963.

    Ni le site internet de la Libre Pensée ni ses sites provinciaux, pourtant sourcilleux sur le comportement de Roparz Hemon, ne soufflent mot de l'antisémitisme de leur leader historique, ni de ses rapports avec les nazis... (Pour en savoir plus : La libre pensée en France 1848-1940, Jacqueline Lalouette, Ed Albin Michel 2001, pages 85, 207)
     


    LOUIS II de Monaco Très germanophile pendant la guerre.
    Décoré de la Francisque. Père de Rainier III ; grand-père d'Albert de Monaco, souverain actuel, ainsi que de Caroline et de Steph' de Monac'.
     

    LOUSTEAU-CHARTEZ (Jean) Journaliste à Je Suis Partout et à Radio-Paris. Il s'engage dans la Waffen-SS. Réfugié en Allemagne, il anime "Radio-Patrie". A été rédacteur en chef de Valeurs Actuelles.
    Faut-il brûler ce journal ?
     

    LUMIÈRE (Auguste) Biologiste et industriel, frère de Louis.
    Pendant la guerre, membre du Comité d'honneur de la LVF. Collabore au journal du PPF L'Emancipation Nationale.
    Décoré de la Francisque. Ne me parlez plus de la philosophie des Lumières.
     
     
    LUMIÈRE (Louis) Inventeur du cinématographe avec son frère Auguste.
    Pendant la guerre, membre du Conseil National de Vichy.
    Décoré de la Francisque. Avec de telles origines, le cinéma est-il un art citoyen ?
     
     
    MAC-ORLAN (Pierre) Ecrivain et pataphysicien.
    A signé en 1935 le manifeste de soutien à la colonisation de l'Ethiopie par Mussolini.
    Collabore au journal Les Nouveaux Temps pendant la guerre, et à d'autres journaux collaborationnistes.. A vécu à Brest, ville de Roparz Hemon, où il a écrit de beaux chants de marins.

    MARIN-MARIE Peintre de la marine.
    Décoré de la Francisque. Reste peintre de la marine. Officier de la légion d'honneur en 1950.
    Les militaires devraient prendre des leçons de patriotisme épurateur auprès des libres penseurs...
     

    MASSIS (Henri) Auteur de biographies de Renan, Proust, Salazar, Barrès.
    Directeur de La Revue Universelle. Proche de Charles Maurras.
    Décoré de la Francisque. Intellectuel de droite.
    Croix de guerre 39-45.
    Elu à l'Académie française en 1960.
     

    MAURIAC (Pierre) Doyen de la faculté de médecine de Bordeaux.
    Frère de François Mauriac. Décoré de la Francisque. A écrit un livre François Mauriac, mon frère.
    Pour se disculper ?
     

    MENDÈS-FRANCE (Pierre) Adhère au « Plan du 9 juillet », élaboré au printemps 1934. Il appelle à une conciliation avec l'Allemagne nazie et à un renforcement de l'exécutif d'État en France. Icône de la politique française.
     

    MITTERAND (François) Travaille dans le service public à Vichy pendant la guerre.Décoré de la Francisque. A réalisé une carrière politique et littéraire de premier plan. Président de la République française de 1981 à 1995.
     

    MOISAN (Roland) Dessinateur dans la revue vichyste Le Rouge et le Bleu. Dessinateur et rédacteur au Canard Enchaîné. au temps de Morvan Lebesque. Destins parallèles ?
     
     
    MONTANDON (Georges) Anthropologue. Publie en 1935 L'Ethnie française. Antisémite et "ethno-raciste". Président de la Commission ethnique du PPF. Abattu sommairement avec sa femme le 3 août 1944.
     

    MONTHERLANT (Henry De) Ecrivain avant et pendant la guerre.
    Publie en 1941 le texte Le solstice de Juin à la gloire de la vigueur allemande. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945.
    Elu à l'Académie française en 1960.
    Se suicide à 76 ans.
     

    MORAND (Paul) Ecrivain avant et pendant la guerre.
    Ambassadeur du gouvernement Pétain à Berne.
    Publie L'homme pressé en 1940.
    Il écrit dans Combats, l'hebdomadaire de la Milice.
    Décoré de la Francisque. Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945.
    Réfugié en Suisse.
    Entre à l'Académie française en 1968.
     

    MORLAY (Gaby) Actrice de cinéma et de théâtre.
    Tourne une quinzaine de films pendant l'Occupation.
    "Amie" de Max Bonnafous, ministre du maréchal Pétain de 1942 à 1944. Epouse Max Bonnafous en 1961, quand il est enfin veuf.
    NOHAIN (Jean) Animateur de radio.
    Décoré de la Francisque. Animateur de radio et de télévision
     

    POULAILLE (Henri) Ecrivain prolétarien. Signataire de Paix immédiate en 1939
    Pandant la guerre, collabore à Aujourd'hui , à La Gerbe, à Germinal. Ecrivain prolétarien.
     
     
    POURRAT (Henri) Ecrivain. Auteur de Gaspard des Montagnes. Il offre en octobre 1940 un éloge au Maréchal Pétain, Le chef Français.
    Prix Goncourt pour Vent de Mars en 1941, qui exalte le retour à la terre, un des thèmes pétainistes.
    Décoré de la Francisque. Mort en 1959.
    Ses oeuvres sont diffusées massivement en Auvergne comme celles de Per Jakez Helias en Bretagne.
    Les Auvergnats ne sont pas de bons libre-penseurs ; ils lisent et ils diffusent n'importe quoi.
     
     
     
    RIEUX (Jean) Humoriste, poète et chansonnier toulousain.
    Anime des concerts pour la LVF Dans la région de Toulouse, des rues et des centres culturels portent son nom. Les Occitans me déçoivent, vraiment...
    ROBIN (Armand) Poète et intellectuel parisien d'origine bretonne.
    1940 : Collaborateur de la NRF de Drieu la Rochelle.
    1941 : Espion chargé des écoutes au service des nazis, au Ministère de l'information.
    ( Bretonnant, on peut imaginer qu'il avait dans ses attributions l'écoute des autonomistes et des résistants bretons, en vue de leur surveillance ou de leur liquidation.)
    1942 : Collabore à Comoedia, journal de la collaboration culturelle franco-allemande (voir Cocteau, ci-dessus). Il anime aussi des émissions à Radio-Vichy.
    Il aurait écrit des poèmes "résistants" dès 1943, mais ceux-ci n'apparaissent qu'après la guerre. Il ne sera jamais inquiété par les nazis (et pour cause). Il faut être bien naïf pour avaler ce genre de calembredaines.
    Dénoncé publiquement comme "Collaborateur" par le Conseil National des Ecrivains (CNE) en 1944-1945.
    1946 : Ecrit des poèmes anti-communistes dans le Monde Libertaire, tout en étant protégé par les communistes Le même jeu d'agent double avec les communistes qu'avec les nazis ?
    Secrétaire de la Fédération Anarchiste de la région Sud de Paris et de la Seine.
    Contrairement à Roparz Hemon, il a été blanchi, alors que son activité d'écoute contribuait directement à la répression nazie. Combien d'arrestations, de tortures ou d'exécutions découlent de son activité ? Les archives ont été détruites.
     


    RODHAIN (Jean) Aumonier général des prisonniers.
    Décoré de la Francisque. Fondateur du Secours Catholique.
    Ce garçon n'est pas un modèle de laïcité.
     

    ROMAINS (Jules) Intellectuel de la gauche laïque avant la guerre.
    Membre éminent du Comité France-Allemagne.
    Dès 1933, il rêve d'une « démocratie hiérarchisée, selon d'autres lois que celles de l'argent (...), ce que seul le fascisme a su réaliser depuis la révolution de 1789 ».
    (J. Romains. Problèmes européens, Flammarion, 1933).
    Le 14 juin 1934, Jules Romains préside une conférence de Von Nabersberg, chef des Jeunesses Hitlériennes de Paris, à l'Ecole Normale Supérieure.
    En novembre de la même année, il fait un séjour en Allemagne. A son retour, il se pose, selon les archives officielles consultées par l'historienne Annie Lacroix-Riz (Le choix de la défaite, ed. Armand Colin 2006, p 172) , en avocat du Reich. Selon cette universitaire, il y trouve son profit. "Nombres d'indices attestent alors l'achat nazi du seul écrivain français dont les pièces étaient traduites et jouées en Allemagne et qui pouvait y faire des conférences payées. Romains bénéficiait d'une dérogation extraordinaire, voire même invraisemblable, le permis d'exporter en devises, sans aucune limitation de plafond, les sommes rémunérant ses diverses activités".
    Pendant la guerre, Romains est un habitué des fêtes organisées à Paris par Otto Abetz. Intellectuel républicain après la guerre. Chroniqueur à l'Aurore.
    Partisan de l'Algérie Française.
     
     

    ROQUEVERT (Noël) Acteur de cinéma Condamné à trois mois de suspension de travail lors de l'Epuration
     

    ROSSI (Tino) Chanteur avant et pendant la guerre. Anime des concerts pour la LVF. Emprisonné lors de l'Epuration.
     

    SARTRE (Jean Paul) Ecrivain. Publie L'Être et le Néant en 1943.
    Fait jouer ses pièces de théâtre pendant la guerre (Les mouches en 1943, Huis clos en 1944), devant des parterres d'Allemands. Les mouches sera jouée dans l'ancien théâtre Sarah Bernhardt, débaptisé par antisémitisme. Mais les affaires sont les affaires. La commission de Sartre sur les recettes avoisine les 13%. On lui doit l'affirmation : "Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande" (La république du silence).
    La principale phrase reprochée à Roparz Hémon est qu'il "passa un vent de liberté sur la Bretagne" de 1940 à 1944. Les commentateurs français considèrent que Sartre a dit le contraire de Roparz Hemon. Normal: l'un est philosophe, l'autre est breton.

    Directeur des Temps Modernes. Il y fait afficher pendant plusieurs années son refus a priori de tout manuscrit provenant de condamnés de l'Épuration.

    C'est sans doute le seul cas d'un intellectuel qui considère que la justice politique émet des jugements ayant force de vérité, y compris sur le talent littéraire.
    SOLIDOR (Suzy) Chanteuse, actrice, romancière, tenancière de cabaret.
    Pendant la guerre, elle chante pour les officiers allemands une version française de Lili Marleen. Elle anime des concerts pour la LVF. Interdite d'exercer pendant 5 ans après la guerre.
    Elle était d'origine bretonne, ce qui n'étonnera pas les vrais libres penseurs.
    SOREL (Cécile) Actrice de la Comédie Française. Immortelle auteure de la phrase "L'ai-je bien descendu ?". Amie de Maurice Barrès. Anime des concerts pour la LVF Après la guerre, Cécile Sorel tourne Les perles de la couronne de Sacha Guitry. Encore un qui est infréquentable (voir plus haut).
    TRENET (Charles) Chanteur avant et pendant la guerre Condamné par les épurateurs à une interdiction de 10 mois. Il s'en est très (trop ?) bien remis.
    VANEL (Charles) Acteur de cinéma.
    Décoré de la Francisque .
    VLAMINCK (Maurice de) Fait une visite officielle en Allemagne en 1944 (avec René Derain, qu'il n'aimait pas), et se prête à la propagande nazie. Arrêté après la guerre.
    Dénoncé comme "collaborateur" en 1945. Interdit d'exposition en tant qu'artiste.
     
     

     

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    Collaboration policière sous le régime de Vichy

     

     

    Le régime de Vichy choisit la voie de la « collaboration » avec l'Allemagne nazie, sous le prétexte qu'il s'agirait là du seul moyen d'alléger le poids de l'occupation. Cette collaboration prend plusieurs formes : économique, policière et culturelle.

    À la suite de l'armistice du 22 juin 1940, la France est, en gros, divisée en deux zones, la zone occupée, et la zone dite « libre ».

    L'ensemble du territoire est sous l'autorité du gouvernement de Vichy dirigé par le maréchal Pétain.

     Afficher l'image d'origine

    Prestation de serment

    Le 14 août 1941, un décret signé par Pétain enjoint à tous les fonctionnaires de lui prêter serment de fidélité. Une cérémonie officielle a lieu pour la police le 20 janvier 1942, au cours de laquelle 3000 délégués de la Garde de Paris, de la police nationale et de la Préfecture de police se réunissent dans la grande salle du Palais de Chaillot, sous la présidence de

    Pierre Pucheu, ministre de l'Intérieur.

     

     

     

     

    En 1941, le maréchal Pétain et l'amiral Darlan avec le maréchal du Reich Hermann Göring.

     

     

     

    Après que la musique des gardiens de la paix a joué la Marseillaise, le serment est prêté en ces termes : « Je jure fidélité à la personne du chef de l'État en tout ce qu'il commande dans l'intérêt du service, de l'ordre public et pour le bien de la patrie. ».

    Ce à quoi répondent tous les policiers présents en levant le bras et en disant « Je le jure ".

    Collaboration à la solution finale

    La collaboration de la police française, dans la zone occupée, a été décisive pour la mise en œuvre de la « Solution finale » nazie.

     

     

    René Bousquet (avec col de fourrure- grand ami de FRANCOIS MITTERAND bien après la guerre ) entouré notamment de Bernhard Griese

    et du préfet Antoine Lemoine, à l'hôtel de ville de Marseille, 1943.

     

     

    En effet, l'Allemagne hitlérienne ayant besoin d'hommes sur le front de l'Est, en particulier après l'invasion de l'Union Soviétique en juin 1941, elle s'est servie de la police française pour faire régner l'ordre et réprimer les « terroristes » : communistes, gaullistes, francs-maçons, « anarchistes » et autres Résistants.

     

    En outre, elle s'est elle-même chargée du recensement des juifs, de leur arrestation et de leur rassemblement dans les camps de concentration (Drancy, etc.), réquisitionnant pour cela, à Paris les bus, et sur l'ensemble du territoire français des trains de la SNCF. Soucieuse d'éviter une rébellion massive de la population française, la Gestapo pensait, avec raison, que de tels risques seraient minimisés si, au lieu de se charger elle-même des rafles, la police française le faisait.

     

     

    Le rôle de René Bousquet 

    La collaboration policière est d'abord marquée par la période Bousquet, secrétaire général de la police française de mai 1942 au 31 décembre 1943. Nommé deux jours après le retour de Pierre Laval au pouvoir, Bousquet réorganise les forces de l'ordre françaises qu'il unifie sous son commandement, créant la Police nationale puis les GMR

    (Groupes mobiles de réserve), ancêtres des CRS.

     

    Il passe notamment un accord, en juillet 1942, avec le général SS Karl Oberg, Polizeiführer dont les bureaux sont situés avenue Foch à Paris.

     

    Aux yeux de Bousquet, celui-ci vise à maintenir l'« indépendance » de la police française : il argumente ainsi en faveur de la « répression à la française », ce qui ne laisse pas Oberg insensible.

     

    En effet, la population civile, et d'abord les Juifs étrangers, premières victimes de la répression, se méfient moins des autorités françaises que de la Gestapo.

     

    Mais cette indépendance reste un leurre, puisqu'elle ne fonctionne que par une collaboration accrue entre les deux polices. Bousquet est finalement évincé, et remplacé

    par Joseph Darnand, à la tête de la Milice, qui complète le dispositif policier mis en place par Vichy.

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    La Collaboration sous Vichy

    Article détaillé : Régime de Vichy.

    L'entrevue de Montoire du 24 octobre 1940 entre le maréchal Pétain et Adolf Hitler, dont le but est de manifester la bonne volonté française dans le but d'obtenir des concessions ne débouche sur aucun résultat concret : juste après l'entrevue, sur ordre

    du Gauleiter Joseph Bürckel, près de 100 000 Mosellans sont expulsés de Lorraine vers la France.

     

    De plus, 6 500 Juifs allemands, que les nazis n'osent pas interner dans leur propre pays, sont raflés au Palatinat et en

    Bade-Wurtemberg, pour être

    confiés au gouvernement de Vichy.

     

    Celui-ci les interne au camp de Gurs, en zone sud, en attendant de les relivrer à l'ennemi, lorsque celui-ci aura pu mettre en route ses camps d'extermination de Pologne.

     

    La chasse aux communistes et autres dissidents

    La chasse aux communistes était une priorité du régime de Vichy et de la mise en œuvre de la dite « Révolution nationale ».

     

    Aussi, dès l'automne 1940, la police française se charge de la répression des militants communistes, considérés depuis le pacte germano-soviétique d'août 1939

    comme des « traîtres » à la patrie.

     

     

     

     

     

    Ainsi, le Parti communiste français (PCF) avait été interdit par le gouvernement Daladier en septembre 1939, et donc contraint à la clandestinité (ce qui explique en partie que la Résistance ait commencé à la fin 1940 - début 1941) :

    du 26 mai au 9 juin a

    lieu la grève des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais - principaux animateurs

    Charles Debarge, M. Brulé, E. Ferrari fusillés ou assassinés,

    Émilienne Mopty

    (décapitée à la hache).

     

    Intervention des Allemands : 327 arrestations.

      

     

    Coup de de feu de Fabien août 1941 principalement formée de communistes : ces derniers étaient déjà organisés et habitués à l'illégalité).

     

    Ce n'est qu'après l'opération Barbarossa de juin 1941 que les nazis demanderont explicitement au régime de Vichy de se charger d'une telle répression, ordres dont il n'avait nullement besoin.

     

     

    Photo : Arrestation des Juifs français par des policiers français - rafle du billet vert du 20 août 1941.

     

    En octobre 1941, le ministre de l'Intérieur Pierre Pucheu crée le Service de Police anti-communiste (SPAC) qui devient en juin 1942 après son départ, le SRMAN (Service de répression des menées antinationales) dirigé par Charles Detmar.

     

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    Ultérieurement, lorsque les communistes commencent à perpétrer des attentats contre les Allemands, puis à mettre sur pied diverses formes de résistances, les militants arrêtés par la police française seront livrés aux forces d'occupation.

     

     

     

    En outre, dès l'armistice de juin 1940, les Allemands viennent chercher dans les camps de prisonniers de guerre les républicains espagnols, sans que l'État français ne proteste. Ces derniers sont la seule catégorie recherchée par les nazis dans les camps de prisonniers, et la plupart sont déportés dans le camp de concentration de Mauthausen. Par ailleurs, Vichy met aussi sur pied une police antimaçonnique.

      

    La persécution des Juifs

    Le gouvernement de Vichy mène une politique de restriction des droits des Juifs dès son installation, sans que les Allemands n’expriment la moindre demande.

     

    Dès juillet 1940, le ministre de la justice Raphaël Alibert crée une commission de révision des 500 000 naturalisations prononcées depuis 1927.

     

    Le retrait de la nationalité concerne 15 000 personnes dont 40 % de Juifs.

     

    En outre, l'abrogation du décret Crémieux prive 100 000 Juifs d'Algérie de la citoyenneté française.

     

    En zone nord, sous contrôle allemand, l'Ordonnance du 18 octobre 1940 place sous séquestre les entreprises et biens appartenant aux Juifs absents ou arrêtés. L'ordonnance du 18 octobre 1940 impose aussi aux personnes souhaitant fonder un journal de fournir des preuves de leur « aryanité » depuis au moins trois générations.

     

     

    Jusqu'en novembre 1942, date de l'occupation de la zone « libre » à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord, la situation des Juifs n'est pas exactement la même en zone nord et en zone sud. Les lois anti-juives s'appliquent sur l'ensemble du territoire, mais en zone occupée s'ajoutent des décrets allemands.

     

     

     

    L'étoile jaune, qui permet d’arrêter, de brimer et d’interner tout Juif qui n'obéit pas à cette obligation, n'est portée qu'en zone nord.

     

    En revanche, Vichy interne dès 1940 nombre de Juifs étrangers dans les camps du sud, sans demande expresse des autorités allemandes.

     

     

    La racialisation du régime de Vichy s’accélérera tout au long de la guerre.

     

    Par ailleurs, à la suite de l'interdiction par les Allemands des postes radios, la police française se charge dès le 26 juin 1940 d'appliquer cette mesure.

     

    De même, elle fait appliquer l'interdiction de la photographie en plein air, et à partir

    du 16 septembre 1940, celle des élevages de pigeons voyageurs.

     

     

    De plus, ils remettent les tracts anti-allemands à la Kommandantur à partir du 14 septembre, et, à la suite d'une ordonnance du 10 octobre 1940, doivent prévenir les nazis des actes de sabotage.

     

    Ils transmettent aussi, à partir du 15 octobre 1940, aux forces d'occupation tout ce qui a trait aux ressortissants allemands inculpés de quelque délit que ce soit.

     

     

    En outre, ils surveillent la frontière entre les deux zones, nord et sud, et veillent à la suppression quasi complète du droit d'association

    (à la suite d'une ordonnance du 28 août 1940) ainsi que de l'interdiction de toute réunion publique ou cortège ou manifestation.

     

    Les Juifs français

    En octobre 1940, le Conseil des ministres promulgue le premier Statut des Juifs : les citoyens Juifs français sont exclus de la fonction publique, de l'armée, de l'enseignement, de la presse, de la radio et du cinéma.

     

     

    Les Juifs, « en surnombre », sont exclus des professions libérales.

     

     

    Le deuxième Statut des Juifs, de juin 1941, est encore un peu plus restrictif : il allonge la liste des professions d'où sont exclus les Juifs et établit un numerus clausus limitant la proportion de Juifs à 3 % dans l'Université et 2 % dans les professions libérales.

     

    Enfin, en juillet 1941, les Juifs doivent céder leurs droits sur les entreprises à des

    « Aryens ».

     

    Les Allemands avaient appliqué cette mesure en zone occupée depuis octobre 1940. Un Commissariat général aux questions juives, sous la direction de Xavier Vallat, est créé en mars 1941. Sa mission est de veiller à l'application de la législation antijuive, élément essentiel de la répression étatique. Selon les mots d'Asher Cohen :

     

     

    « Sans cette législation sanctionnée par un gouvernement français respecté parce que légitime, les déportations ultérieures étaient presque impensables, en tous cas, bien plus compliquées à exécuter… l'aryanisation semble être le domaine où une certaine efficacité fut obtenue et où les résultats furent impressionnants. Les Juifs furent effectivement écartés de la vie économique de la nation, apparemment sans grande difficulté. »

     

    Les Juifs étrangers

    Quant aux Juifs étrangers, ils sont considérés comme des déchets qui n'ont pas vraiment leur place en France. À partir du 4 octobre 1940, les préfets peuvent interner les étrangers de « race juive » dans des « camps spéciaux » ou les assigner à résidence.

     

     

    En février 1941, 40 000 Juifs étrangers croupissent dans une série de camps : Les Milles, Gurs, Rivesaltes… Ils sont 50 000, en zone sud, au printemps 1942.

     

     

    En juillet 1940, alors que la « Solution finale » n'était pas encore à l'ordre du jour, les Allemands avaient expulsé 20 000 Juifs d'Alsace et de Lorraine vers la zone non occupée.

     

     

    Plus tard, à partir de 1942, lorsque des pressions commencent à s'exercer pour pouvoir mettre en œuvre la « Solution finale », le gouvernement français saura toujours se montrer conciliant pour livrer aux Allemands des Juifs étrangers. En citant une note du commissaire Savart, commandant du camp de Drancy, adressée à André Tulard, le directeur du service des étrangers et des affaires juives à la préfecture de police, l’historien Maurice Rajsfus remarque que si…

     

     

    …« Laval a fait savoir qu'il n'est pas question de rafler des Juifs français de souche, et encore moins de les déporter, (…) nous apprenons (…) que parmi les 900 internés partis pour Auschwitz [dans le convoi Drancy-Auschwitz du 26 juin 1942], il y a 150 anciens combattants dont 14 ont participé à la Première Guerre mondiale et 114 à la campagne de France en 1939-1940. En segmentant ce groupe, on a trouvé 65 Français d'origine et 47 naturalisés après 1936.

      

    L'auteur de la note souligne que le docteur Bloch, chevalier de la Légion d'honneur, a été spécialement ajouté au convoi par le SS Theodor Dannecker. Ce qui représente une façon comme une autre, observe Rajsfus, d'indiquer à Laval et à Bousquet que leurs gesticulations en faveur des Juifs français n'émeuvent pas les nazis. »

     

     

    À partir de l'automne 1940, Laval commence à faire des concessions unilatérales aux Allemands, dans l'espoir d'être payé en retour d'une façon ou d'une autre.

    L’amiral Darlan pousse la politique de collaboration un peu plus loin que ne l'a fait Laval en essayant de pratiquer avec Hitler la politique du donnant-donnant.

     

    En fait, Hitler ne sera jamais vraiment favorable à une collaboration avec les Français,

     

    et les concessions militaires et policières faites par Darlan n'obtiendront pas les contreparties politiques souhaitées.

     

     

    En avril 1942, Laval revient au pouvoir et essaye de promouvoir la politique de la « Relève », c'est-à-dire, le départ en Allemagne de jeunes travailleurs français dans le cadre du STO (Service du travail obligatoire), en échange du rapatriement de prisonniers dans la proportion d'un prisonnier pour trois ouvriers.

     

    À la suite de l'instauration du STO, nombre de jeunes Français s'engagent dans la Résistance; d'autres, voulant échapper de même à l'exil en Allemagne, entrent en masse dans la police française.

     

    Quelques mois plus tard, en novembre 1942, à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord, baptisé opération Torch, la zone « libre » est envahie, et la France devient complètement vassalisée par l'Allemagne.

     

     

    Dès 1940, des lois sur le statut des Juifs excluent ceux-ci de la société française, en créant une citoyenneté au rabais, tandis que nombre de Juifs étrangers sont internés, en zone sud, par le gouvernement de Vichy.

     

     

     

    La « Solution finale » au « problème juif », consistant à exterminer la totalité des juifs, est décidée lors de la Conférence de Wannsee du 20 janvier 1942, et mise en œuvre dès mars 1942, avec l’envoi d’un premier convoi de juif en Allemagne à partir de Compiègne, puis la rafle du Vel d’hiv du 16-17 juillet 1942.

     

     

    Les convois de Juif sont constitués de 1 000 à 1 500 juifs chacun, et un système de vase communicants se met en place entre les camps de concentration situés en France et les convois ferroviaires :

     

    Vichy interne en zone sud des juifs étrangers, qui servent pendant une partie de la guerre comme sorte de monnaie d’échange contre les juifs dotés de la nationalité française (bien que les nazis ne respectent pas ce « marché », et déportent tout aussi bien juifs français qu’étrangers, ne comprenant pas l’insistance politique de Pétain à vouloir protéger les ressortissants français, entêtement qui vise à prévenir un retournement de l’opinion publique).

     

     

    Lorsqu’Adolf Eichmann, chargé de l’organisation de la déportation en Europe, demande aux autorités nazies en France l’envoi d’un convoi, celles-ci le font savoir aux autorités de Vichy qui organisent une rafle et/ou envoient de la zone sud un convoi affrêté par les trains réquisitionnés de la SNCF. Berlin décide de la logistique du rail, Vichy de remplir les wagons.

     

    Statistiques

    Il y avait en 1940 environ 330 000 juifs en France métropolitaine, parmi lesquels 150 000 citoyens français et 150 000 étrangers. Sur les 150 000 Juifs français, 90 000 sont de vieille souche et parmi les 60 000 Juifs étrangers, souvent immigrés de l'Europe de l'Est, la moitié a été naturalisée dans les années trente.

     

    Entre le printemps 1942 et la Libération de 1944, 76 000 Juifs sont déportés vers les camps d'extermination, en 79 convois. 2 500 seulement reviendront.

     

     

    Un tiers sont des Juifs français, et deux tiers des Juifs étrangers. 14 % avaient moins de dix-huit ans et 12 % plus de soixante ans. De mars à décembre 1944, 43 000 Juifs ont été déportés en 43 convois, à destination d'Auschwitz. Les trois quarts venaient de la zone Nord et le quart restant de la zone Sud. En 1943, 17 000 Juifs sont déportés en 17 convois dont 14 pour Auschwitz et 3 pour Sobibor.

     

     

    La grande majorité des 75 000 Juifs déportés vers les camps de la mort l’ont été avec la participation active de la police française, le sort des Juifs étrangers, en particulier, désintéressant complètement le régime de Vichy. Ce sera en tout plus de 600'000 personnes, communistes, Juifs, étrangers, qui seront internées dans les camps français entre 1939 et 1945.

    La collaboration sous Bousquet

     
     
     
    (à droite) durant une entrevue avec de hauts responsables de la SS, Marseille 1943

    Nommé deux jours après le retour de Pierre Laval au gouvernement, le 16 juillet 1942, le chef de la police nationale, René Bousquet et son adjoint Jean Leguay travaillent en étroite coopération avec le général SS Karl Oberg, chargé de la police allemande et des SS en France, et avec Helmut Knochen, officier supérieur de la Sicherheitspolizei à Paris. Mais Bousquet s’assure d’abord du commandement unifié de la police française.

     

       

    La réorganisation de la police

    Il s’occupe d’abord de la réorganisation de la police française, chose faite par une loi du 23 avril 1941 qui créé la police nationale. Celle-ci est divisée en trois sections: la Sécurité publique pour les corps de police urbains, la police judiciaire (PJ) et les Renseignements généraux (RG), unifiés sous une nouvelle direction générale chapeautée par Bousquet lui-même.

     

    Il obtient ainsi que tous les services de police soient réunis sous ses ordres, contrairement aux vœux du Commissaire général aux Questions juives Darquier de Pellepoix dont il supprime la police antijuive. Ce nouveau régime de la police est étendu à toutes les villes de plus de 10 000 habitants, tandis que le recrutement des policiers devient régional (échappant ainsi aux maires, pourtant nommés par Vichy: la police municipale de la Troisième République devient ainsi nationale, nommée par les préfets).

     

    Enfin, Bousquet obtient la création des Groupes mobiles de réserve (GMR, ancêtres des CRS), composés de 20 000 hommes. En outre, une école de la police nationale est ouverte à Lyon.

     

    Des brigades spéciales, constituées de volontaires, sont aussi chargées des « affaires juives » et sont présentes dans chaque commissariat. « Préparée en collaboration avec la Gestapo » selon Maurice Rajsfus, cet appareil répressif, unifié sous la direction de Bousquet, sera complété plus tard par la Milice dirigée par Darnand. Deux lois additionnelles, le 13 et le 20 mai 1941, étendent les pouvoirs de la police, jusqu’à l’intéresser au domaine économique.

     

    Sans compter la gendarmerie et les GRM, la police nationale compte alors plus de 120 000 hommes, et arrête en quelques mois plus de 11 000 personnes pour des motifs politiques.

    Les Brigades Spéciales (BS) des Renseignements Généraux, qui constituent 10 % des effectifs de chaque commissariat, sont spécialisées dans la traque aux « ennemis intérieurs », aux dissidents, prisonniers évadés, Juifs et plus tard réfractaires au STO. Ils forment des barrages filtrant dans le métro et établissent des contrôle au faciès. Pour autant, selon un policier résistant, responsable syndical après la guerre :

     

    « Ce serait une explication simpliste que de vouloir faire porter à ces policiers plus « actifs » que les autres la responsabilité de l’intégralité des méfaits des forces de l’ordre, de 1940 à 1944 (…) Il ne faut pas oublier que, de temps en temps, c’est au service général que la préfecture de police faisait appel pour arrêter des Juifs, particulièrement aux sorties des stations de métro. »

     

    S'engageant à maintenir l'«ordre public», René Bousquet obtient par une lettre du 18 juin 1942, adressée au général SS Karl Oberg, la fin de la subordination directe de la police française à l'occupant allemand et un peu d'autonomie, en acceptant de les satisfaire de son mieux. Bousquet continua par la suite inlassablement à préconiser la « répression à la française ».

     

     

     

    Oberg a loué par la suite l'efficacité technique de René Bousquet, approuvé par Reinhard Heydrich, chef de l'Office central de sécurité du Reich, qui avait conclu au regard de son expérience «qu'une large autonomie de la police et de l'administration réaliserait les meilleurs résultats». Cette « autonomie », néanmoins, est un leurre, en ce que si la police française se charge du recensement des Juifs (« fichier Tulard »), de la mise en place de l'étoile jaune et des rafles, elle n'en obéit pas moins aux ordres des nazis.

     

    La Police aux questions juives et l'état d'exception

    Par ailleurs, Pierre Pucheu, ministre de l'Intérieur, créé une Police aux questions juives (PQJ) par un arrêté du 19 octobre 1941 (non publié au Journal officiel : seul le Commissariat général aux questions juives (CGQJ), la police nationale de Bousquet et la Gestapo est au courant). Cette police spéciale dépend du cabinet du ministre de l'Intérieur.

     

     

     

     

    Elle est divisée en deux sections correspondant aux deux zones nord et sud.

     

     

     

    Elle a notamment comme attribut de faire respecter les dispositions du deuxième Statut des Juifs, instauré par la loi du 2 juin 1941, ainsi que de renseigner les autres polices sur les activités des Juifs.

     

     

    Pierre Dupont est nommé chef de la PQJ pour la zone non occupée le 17 octobre 1941, Joseph Antignac est nommé à la tête de la PQJ de Limoges, Serge Kiriloff sur Toulouse et André Boyer sur Clermont-Ferrand. Enfin, le colonel Durieux est désigné comme chef de la PQG pour l'ensemble du territoire national.

     

     

    En outre, elle dispose d'un service juridique dirigé par François Luciani, qui tente de légaliser la situation conflictuelle entre le droit nazi et le droit de l'« État français ». Il innove ainsi dans la sphère du droit, en écrivant le 17 janvier 1942:

     

     

    « Il peut arriver qu'il y ait conflit entre un texte français et un texte allemand, en zone occupée. Lequel des deux doit-on appliquer ? En droit, c'est la loi française malgré l'existence d'une ordonnance allemande en sens contraire. (…) Les tribunaux continuent à rendre la justice au nom de l'autorité investie de la Souveraineté, les lois nouvelles sont promulguées par la même autorité et exécutées de la même manière que les anciennes. »

     

     

     

    Se référant à l'ordonnance allemande du 10 mai 1940 pour les territoires sur le point d'être occupés (Belgique, Pays-Bas et France), il ajoute:

     

     

    « Les ordonnances et règlements, arrêtés pendant l'Occupation par les chefs militaires, ont force de loi : ils priment tous ceux propres aux pays. La désobéissance contre les ordonnances et les règlements arrêtés par les chefs militaires allemands ne peut être excusée par le renvoi aux lois du pays. "

     

     

    Chargé des questions juridiques à la PQG, François Luciani légitime ainsi d'une part la soumission du droit français au droit nazi ; d'autre part, en affirmant que les ordonnances militaires nazies (qui relèvent donc du pouvoir exécutif) ont force de loi, il justifie l'état d'exception. Comme l'ont analysé les philosophes Jacques Derrida et Giorgio Agamben, cette théorisation qui donne « force de loi » à ce qui n'est pas la loi est au centre de l'état d'exception, que le juriste nazi Carl Schmitt tente par ailleurs de théoriser en s'appuyant sur le Führerprinzip .

     

     

     

    Ce « juridisme nazi » est, selon Hannah Arendt, un aspect central du génocide juif. Cette dernière soutient en effet, dans Les Origines du totalitarisme (1951), que le préalable à l'extermination des Juifs est la dépossession de leur statut de citoyen, les réduisant ainsi à la « vie nue » d'un être humain dénué de tout droit.

     

     

     

    Arendt renverse ainsi la conception habituelle des droits de l'homme : tandis que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 subordonne les droits du citoyen aux droits de l'homme, Arendt montre au contraire que l'homme n'est protégé qu'en tant que citoyen. Ainsi, les apatrides et les réfugiés, dénués de toute protection étatique, sont les premières victimes de la violence de l'État terroriste. Cette thèse, reprise par Agamben, reste cependant controversée.

     

     

    L'historien Maurice Rajsfus montre comment la Gestapo, sur proposition du général SS Helmut Rötkhe, craignant les réactions de la population civile en 1943 (qui marque le tournant de la guerre, Pétain voyant un « vent mauvais » se lever) notamment parce qu'elle veut que soient raflés non seulement les Juifs français, mais les Juifs de tout âge, y compris les enfants, essaie de convaincre Vichy de passer une loi de dénaturalisation qui révoquerait la citoyenneté des Juifs naturalisés après 1927 (année durant laquelle la Troisième République a passé une loi instaurant définitivement le droit du sol).

     

     

    Les Juifs naturalisés après 1936 avaient déjà été déchus de la nationalité française. Les nazis comptent ainsi vaincre les réticences de la population française et du gouvernement de Vichy — la police de Bousquet, elle, leur est déjà acquise.

     

     

     

    En juillet 1943, les nazis veulent en effet déporter 10 000 Juifs, et, après les nombreuses rafles de 1942 (dont la rafle du Vel d'hiv), il leur faut innover. Le préfet de police Amédée Bussières renseigne donc Röthkhe en juin 1943 sur le nombre de naturalisations entre le 10 août 1927 et juin 1940 (37 000 dans le département de la Seine, dont, selon ses estimations, « 25 % de Juifs ).

     

     

    Mais le plan de la Gestapo échoue. Pétain, en effet, refuse de contre-signer le texte de loi concocté par Laval, Bousquet, Darquier de Pellepoix et Gabolde, le garde des Sceaux, sans doute en raison de l'évolution de l'opinion publique française, émue par le sort fait aux Juifs français ainsi qu'aux enfants juifs. La rafle de juillet 1943, devant trouver 10 000 Juifs, est ainsi reportée. L'historien Rajsfus note ainsi :

     

     

     

    « Finalement, la loi sur la dénaturalisation des Juifs devenus Français après 1927 ne sera jamais promulguée.

     

    Ce qui n'empêchera pas la police et la gendarmerie française d'arrêter des Juifs, quelle que soit leur nationalité, jusqu'au mois d'août 1944.

     

    Six convois quitteront Drancy pour Auschwitz d'août à décembre 1943 et 14 convois de janvier à août 1944.

     

    Soit environ 20 000 Juifs arrêtés et déportés durant cette période, dont approximativement 10 000 Juifs français de souche. Jusqu'à la dernière minute, la police française poursuivra sa coopération avec la Gestapo. Avec ou sans loi ! "

     

     

     

    Quoi qu'il en soit, la Police aux questions juives, constituées de truands qui n'hésitent pas à voler les Juifs arrivant à Drancy, est mal vue de la police nationale dirigée par Bousquet.

     

     

    Ce dernier, qui espère aussi contrôler tous les organes répressifs de Vichy, obtient finalement sa transmutation en Section d'enquête et de contrôle (SEC) par l'arrêté du 5 juillet 1942 (quelques jours à peine avant la rafle du Vel d'hiv), qui reste rattachée au CGQJ de Darquier de Pellepoix. La PQJ, qui avait débordé ses attributions pour faire la chasse aux communistes et aux gaullistes, est ainsi privée de ses pouvoirs d'arrestation ou de perquisition.

     

     

    Comme chez les nazis, on constate ainsi une lutte de pouvoir entre les différents responsables de Vichy et des forces de sécurité.

     

     

    Constituée de collaborationnistes acharnés, la SEC réprime en allant bien au-delà de la législation de Vichy (notamment des lois sur le Statut des Juifs), arrêtant au hasard dans la rue toute personne portant l'étoile jaune et se rendant coupable de multiples provocations policières. Jusqu'aux derniers instants de la guerre, ces miliciens resteront virulents contre les Juifs et le « spectre de la révolution » [13].

    Les « accords Bousquet-Oberg » (août 1942)

    René Bousquet négocie en juillet 1942 avec les responsables de la police allemande un accord (connu sous le nom d'accords Bousquet-Oberg), officialisé par une déclaration d'Oberg, le 8 août 1942, devant tous les préfets régionaux.

     

     

    Le chef des SS reconnaissait, alors théoriquement, l'«indépendance» de la police et de la gendarmerie nationales, qui, ne devaient plus être obligées de fournir des otages, ni des personnes arrêtées par les Français.

     

     

     

    Or, trois jours plus tard, à la suite de l'assassinat de huit Allemands, la police française dut livrer soixante-dix otages français, que les occupants exécutèrent (dont cinquante-sept arrêtés par les Français pour des délits d'opinion : distribution de tracts, aide aux évadés, suspicion de communisme…).

    Les accords Bousquet-Oberg aboutissent à ce qu'en 1942, ce soit la police française, toute seule, qui prenne en charge les rafles de juifs parqués avant la déportation vers les camps de la mort. Ce sont également les gendarmes français ainsi que les douanes qui prennent en charge, avec zèle, la garde du camp de Drancy. Les volontaires qui gardent les camps bénéficient d'ailleurs de toute sortes de dédommagements et de privilèges.

     

     

     

    Selon le rapport Theodor Dannecker (du nom du chef de la Gestapo à Paris, représentant d'Adolf Eichmann en France), le « fichier Tulard », qui recense les Juifs, est obligeamment fourni par la préfecture de police de Paris au service IV J de la Gestapo, chargée de la question juive.

     

     

     

    Ce fichier a permis par la suite nombre de rafles et d'arrestations, dont celles d'août 1941 dans le XIe arrondissement de Paris. Outre le « fichier Tulard », les nazis ont bénéficié, grâce à la préfecture de police, « d'archives, voire de fichiers datant de 1938, quand après les décrets-lois Daladier, les commerçants et artisans étrangers avaient été recensés par types d'activité.

     

     

    Quelques années plus tard, écrit ainsi l'historien Maurice Rajsfus, il était facile de déceler d'éventuels Israélites dans certaines professions comme l'ameublement ou la confection, pour ne prendre que ces deux exemples. L'emploi des archives de la République au service des nazis ne fait là aucun doute. » [16]

    La rafle du Vel'd'hiv et la mise en œuvre de la « Solution finale »

     
     
     
     
     
     
     
    Article détaillé : Rafle du Vélodrome d'Hiver.

    Les Allemands commencent à mettre en œuvre en France leur politique d'extermination massive des Juifs d'Europe dès mars 1942, où un convoi de déportés juifs quitte Compiègne, plaque tournante vers les camps d'extermination. Officiellement, il s'agit de les regrouper dans une région mal définie (on parle de la Pologne) que les Allemands auraient décidé de mettre à la disposition des Juifs.

     

    Parmi eux se trouvent des Juifs français, et le gouvernement de Vichy n'exprime pas de protestation. En zone occupée, les Juifs sont obligés de porter l'étoile jaune à partir de mai 1942 (mesure qui ne sera pas imposée en zone sud, même après son occupation militaire).

    Le 2 juillet 1942, René Bousquet et Karl Oberg organisent la préparation de rafle du Vel’d’hiv. En échange de l'ajournement des déportations de juifs français (que les Allemands n'ont pourtant garanti par aucune promesse écrite ni même verbale), René Bousquet propose de « faire arrêter les juifs étrangers dans toute la France ».

     

     

    Cet engagement de René Bousquet à assurer l'exécution des rafles de juifs étrangers sera approuvé, le 3 juillet, par Pierre Laval. 12 884 juifs apatrides (3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants) sont arrêtés dans la nuit du 16 au 17 juillet 1942 par la police française, rassemblés au Vélodrome d'hiver dans des conditions sordides, puis à Drancy, d'où ils sont acheminés vers les camps d'exterminations.

     

     

    De plus, dix mille Juifs sont arrêtés par la police nationale dans la zone sud le 26 août.

    Afin d'augmenter le rendement de la grande rafle prévue le 26 août 1942, Bousquet de sa propre initiative communiqua aux préfets de nouvelles instructions annulant les précédentes dispositions réglementaires, qui mettaient à l'abri des arrestations certaines catégories d'enfants.

     

     

    Rafle de Juifs à Paris. Source : DR

    Les rafles en province et la "livraison" des Juifs étrangers aux Allemands


     

    En juillet 1942, des rafles visent également des Juifs réfugiés dans des villes de la zone occupée, notamment à Bordeaux, Tours et Dijon.

     

    De plus, en application d'accords franco-allemands, l'État français livre aux occupants plus de 10 000 Juifs étrangers internés dans des camps de la zone sud.

     

    Pour compléter cette « livraison », il multiplie par ailleurs les rafles de Juifs étrangers, notamment les 26, 27 et 28 août 1942, dans les régions de Limoges, Clermont-Ferrand, Lyon, Grenoble, Toulouse, Montpellier, Marseille et Nice.

     

    Hommes, femmes et enfants arrêtés ces jours-là sont à leur tour acheminés à Drancy et déportés vers Auschwitz.

     

    En 1943 et  1944 arrestations, rafles et déportations se poursuivent, tant à Paris qu'en zone occupée ou en zone sud.

     

    Au total, de mars 1942 à août 1944, 75 000 Juifs sont déportés hors de France. La majorité sont des Juifs étrangers mais un tiers environ de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants sont des Juifs français. Il faut dire que les autorités allemandes ne faisaient aucune différence entre Juifs français et Juifs étrangers.

     

    Pour l'Allemagne nazie, tous les Juifs, sans distinction d'âge et de nationalité, étaient voués aux déportations et à l'extermination.

     

    Certes le régime de Vichy ne poursuivait pas les mêmes objectifs. Il cherchait surtout à « évacuer » les Juifs étrangers du territoire national. Nolens Volens, son implication dans les rafles et les déportations a joué un rôle déterminant dans la mise en application de la solution finale en France.

     

    Source : Claude Singer, Historien, enseigne à l'université de Paris I (DUEJ).
    Revue "Les Chemins de la Mémoire n° 119 - Juillet-Août 2002 pour Mindef/SGA/DMPA
     
     

    Rassemblement après une rafle. Source : DR

     

     

    Désormais, ceux de moins de 18 ans et les pères et les mères ayant un enfant de moins de 5 ans ne sont plus épargnés.

     

     

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    Le 22 août, il recommande aux préfets de sévir contre les fonctionnaires manquant de zèle.

     

    Déçu par le résultat de la grande rafle, il communique aux préfets le 30 août afin d'attirer leur attention sur cet écart sensible entre le nombre d'israélites étrangers recensés et le nombre d'arrêtés.

     

     

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    Il ordonne la poursuite et l'intensification des opérations de police en cours. Certains enfants, réfugiés dans des foyers après l'arrestation de leurs parents, le 26 août, furent ainsi récupérés par les policiers français et déportés en Allemagne.

      

    Autres rafles, attitude de la population civile et révocation de Bousquet  !

     

    Si Laval et Pétain prétendent défendre les Juifs français, l'historien Maurice Rajsfus peut constater qu'« en ce printemps 1942, la répression contre les étrangers en général et les Juifs en particulier est bien plus vive en deçà de la ligne de démarcation.

     

     

    Près de 50 000 Juifs immigrés sont déjà parqués dans les camps de Vichy, sous la vigilante surveillance des gendarmes.

     

    Il y a des milliers d'enfants internés dans les camps de Gurs, Noé, Récébédou, Rivesaltes, Rieucros, etc. »

     

     

    Le 25 août 1942, René Bousquet fournit des cartes d'identité françaises à plus de deux cents policiers allemands, dont quelques membres de l'Abwehr, des policiers de la section IV J de la Gestapo, et des techniciens de la police d'ordre, et les autorisent à pénétrer en zone sud, afin qu'ils puissent y faire la chasse aux radios-clandestines, interdites depuis le début de la guerre.

     

     

    Sous le commandement de Boemelburg, assisté de Rolf Mühler, le futur KdS de Marseille, ce groupe d'Allemands reçoit de la police française « un certain nombre de cartes d'identité françaises en blanc, ainsi que des permis de circuler pour leurs véhicules dispensant les occupants de justifier leur identité, de toute fouille, et priant les autorités françaises de leur prêter assistance en cas de besoin.

     

     

    Un officier français, le capitaine Deloges, spécialiste radio, fut adjoint à ce groupe ainsi que quatorze inspecteurs des brigades de surveillance du territoire. »

    Malgré ces diverses opérations répressives, certains affirment que les actions de la police en zone sud (dite « libre ») seraient restées relativement discrètes jusqu'en novembre 1942.

     

     

    En effet, pendant cette période, la chasse aux dissidents n’aurait été que l'affaire des services de renseignements de la Marine et de l'Armée d'armistice (ce qui n’aurait pas empêché quelques éléments des services secrets de l'Armée de terre de tremper secrètement dans la Résistance).

     

    L'organisation du transport des juifs étant décidée depuis Berlin (avec notamment Adolf Eichmann, le « spécialiste », qui s'occupe de cette logistique), il faut garder constamment plein les camps de concentration français afin de pouvoir remplir à tout moment les trains réquisitionnés.

     

    Ainsi, le SS Rötkhe veut accélérer les rafles fin août 1942, car si le ministère des Transports du Reich lui a mis à disposition treize trains, aucun convoi ne pourra être mis en route de novembre 1942 à janvier 1943 à cause du manque de moyens de transport.

     

     

    Fin août 1942, ce sont donc 7 000 juifs étrangers qui ont été raflés et livrés aux Allemands en zone « libre », chiffre qui n'inclut pas les milliers de juifs internés. Ainsi, la France fut le seul pays d'Europe dans lequel des juifs séjournant dans un territoire non occupé par les Allemands ont été déportés. Sous l'autorité de la Gestapo, la police française, des pompiers et la troupe ont participé aux rafles de la fin août.

    Sous prétexte de ne pas séparer les familles, Laval fait inclure dans les convois de déportation les enfants juifs de moins de 16 ans, ce qui n'avait pas été demandé par les nazis. Bousquet exécute la mesure, et renonce lui-même à ne pas inclure les enfants de moins de deux ans.

     

     

    Or les enfants sont déportés séparément de leurs parents par ses services, le plus souvent après avoir été arrachés à leurs mères dans les camps d'internement français. Aucun signe d'identité n'indique le nom et la famille des bébés et des jeunes enfants installés dans les convois séparés.

     

     

    L'opinion publique !

     

    À la suite des rafles de l'été 1942, quelques évêques et cardinaux protestèrent mais René Bousquet les fit taire en menaçant de supprimer leurs subventions et les privilèges fiscaux des écoles catholiques.

     

    Cette argumentation sera reprise directement par Laval.

    Les deux séries de mesures antijuives, celles d'octobre 1940 et de juin 1941, n'avaient pas plus soulevé de protestations de la part des autorités religieuses qui restaient le plus fidèle soutien du régime.

     

     

     

    Tout juste, le cardinal Gerlier primat des Gaules avait-il remis au chef de l'État, en septembre 1941 une note exprimant des réserves sur la politique antisémite. Son homologue protestant, le pasteur Boegner, avait adressé une lettre personnelle à l'amiral Darlan un peu plus tôt, en mars 1941.

     

     

     

    De même, les conditions très dures d'internement des Juifs étrangers n'avaient guère ému l'opinion publique, Seules, quelques organisations charitables, soit catholiques soit juives, soit protestantes (la CIMADE), s'étaient préoccupées de porter secours aux internés des camps de Gurs, Noé, du Récébédou, etc.

     

     

     

    Néanmoins, à partir de la mi-1942, on assiste à un revirement de l'opinion publique. Le port de l'étoile jaune avait suscité la réprobation de beaucoup de Français ainsi qu'une nouvelle protestation du pasteur Boegner.

     

    Ce sont enfin les rafles de l'été 1942 qui provoquent un tournant décisif.

     

    Non seulement parmi les chrétiens de base, mais également parmi la hiérarchie catholique.

     

     

     

    En plus des démarches confidentielles, cinq prélats catholiques de la zone sud font connaître publiquement, en chaire, leur désapprobation. La protestation la plus célèbre est celle de Mgr Jules Saliège, archevêque de Toulouse, dont la lettre est lue en chaire le 23 août. Certains membres des institutions religieuses, catholiques, protestantes ou juives ont joué un rôle de premier plan pour l'accueil, la production de faux papiers et l'organisation de filières d'évasion.

     

     

    Une partie des 225 000 Juifs qui ont réussi à échapper à la déportation a bénéficié du silence, de la complicité ou de l'aide active d'un très grand nombre de Français qui sont restés, pour la plupart anonymes. Beaucoup de couvent et d'abbayes ont accueillis des Juifs.

     

     

    Les protestants aussi, très minoritaires en France se sont souvent montrés d'une grande détermination dans ce sauvetage. Sous la conduite du pasteur André Trocmé et de sa femme Magda, Le Chambon-sur-Lignon, village de Haute-Loire, accueille, de 1941 à 1944, pour des périodes plus ou moins longues, un total de 2 500 Juifs.

     

     

    Dorénavant, Laval et Bousquet mettent en avant l'opposition de l'Église dans les pourparlers avec Oberg pour réduire l'implication de la police française dans le processus de déportations des Juifs français (le sort des Juifs étrangers ne les émeut guère). Selon les mots du célèbre « chasseur de nazis » Serge Klarsfeld, « la fin de cette coopération massive ne se situe pas en 1943… mais en septembre 1942 ».

     

     

    Ce tournant, cependant, ne veut pas dire arrêt : la police française, toujours sous les ordres de Bousquet, arrête dans la région parisienne 700 personnes en octobre, 600 en novembre et 835 en décembre, dont la plupart étaient françaises.

     

     

    En septembre 1942, René Bousquet reçoit un message du Consistoire central « expliquant qu’il a été établi par des informations précises et concordantes que plusieurs centaines de milliers d’Israélites ont été massacrés en Europe Orientale ou y sont morts à la suite de mauvais traitements ». Il ne semble pas y avoir réagi d'aucune manière.

     

     

    De l’occupation de la zone sud à la Libération

     

    À la suite du débarquement en Afrique du Nord, les Allemands envahissent la zone sud en novembre 1942.

     

    Aussitôt, le Höherer SS und Polizeiführer s'installe dans toutes les préfectures pour développer ses activités antijuives.

     

    Formellement décidée lors de la Conférence de Wannsee du 20 janvier 1942, la mise en œuvre de la « Solution finale » s'accélère; Vichy ne parvient plus guère à défendre sa souveraineté au sujet des Juifs français.

     

     

    Lors de la rafle de Marseille, en janvier 1943, 1 600 immeubles du Vieux Port sont dynamités et 2 000 Juifs, français et étrangers, arrêtés par la police française.

    De novembre 1942 à septembre 1943, la zone d'occupation italienne, à savoir les deux départements de la Savoie et surtout les Alpes-Maritimes, devient le dernier refuge pour les Juifs.

     

    On en trouve près de 30 000, en septembre 1943 dans ce qui s'avèrera être une souricière, lorsque les Allemands envahissent la zone après la capitulation de l'Italie. Sous la conduite d'Alois Brunner, la police allemande et une unité de Waffen-SS ratissent alors les trois départements, mais faute d'un appui suffisant des autorités françaises, l'opération n'aboutit qu'à l'arrestation de 2 000 Juifs, déportés à Drancy puis à Auschwitz.

     

     

    À partir de 1943, la lutte de la police contre les résistants (arrestation de Médéric) est complétée et surpassée par l'action de la Milice de Darnand, notamment contre les maquis.

    Le SS Lischka, proche collaborateur du chef de la Gestapo Knochen, informe le 24 février 1943 l'Office central de sécurité du Reich à Berlin de « l'avancement de la Solution finale de la question juive en France ».

     

    Tandis que la police française vient d'arrêter 2 000 juifs, il s'énerve du refus des forces d'occupation italiennes de relayer la répression raciale dans le Sud-Est. Ainsi, il écrit:

     

     

    « Dans la circonscription de Grenoble, cent de ces Juifs ont été arrêtés par la police française afin de nous être livrés. Mais les Italiens ont protesté et refusé la livraison de ces Juifs en arguant que les Juifs capturés étaient considérés comme bloqués.

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    Le chef de cabinet du délégué de la police française dans la zone anciennement non occupée m'a dit que la position des Italiens était incompréhensible à la police française puisque aucun Juif de nationalité italienne n'avait été pris. »

     

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    Bousquet louvoie ainsi entre les instructions de Pétain, qui ne comprend pourquoi des juifs français sont raflés alors qu'il reste des juifs étrangers en France, et celles de la Gestapo qui ne comprend pas pourquoi Pétain tente de défendre ses nationaux.

     

    La Gestapo se rend bien compte que Laval est plus propice à ses vues.

     

     

    Quoi qu'il en soit, la police de Bousquet est bien aux ordres de la Gestapo, malgré les velléités d'indépendance de Bousquet, qui le poussent à un comportement courtisan servile.

     

     

    En avril 1943, Bousquet rencontre Heinrich Himmler durant plus de cinq heures lequel se déclare «impressionné par la personnalité de Bousquet» et le qualifie de « collaborateur précieux dans le cadre de la collaboration policière ». Parallèlement, René Bousquet joue un rôle essentiel de conseiller auprès de Pierre Laval au côté de Jean Jardin et Charles Rochat, le secrétaire général du Quai d'Orsay.

     

    Le chef du gouvernement lui faisait souvent lire ses discours.

     

     

     

    Le 2 décembre 1943, l'artisan du rapprochement entre certains radicaux et Laval, Maurice Sarraut, est assassiné par des miliciens. René Bousquet fait alors de leur arrestation une affaire personnelle, mais la Milice de Darnand et les collaborationnistes demandent à Berlin sa révocation. Après avoir ordonné quelques libérations et détruit ses archives, Bousquet démissionne le 31 décembre 1943. Il est remplacé par Joseph Darnand, le chef de la Milice, avant de s'enfuir pour l'Allemagne.

     

     

     

     

    Si Bousquet était un technocrate opportuniste, méprisant certes les juifs, Darnand partage profondément l'idéologie nazie. Une lettre de Max Knipping, adjoint de Darnand et chef de la Milice en zone nord, adressée au SS Knochen, le 7 mars 1944, propose ainsi de ne pas seulement recenser tous les juifs du département de la Seine, mais tous ceux de la zone nord, témoignant de sa fébrilité à devancer les ordres des nazis.

     

    Ainsi, si la fin de la collaboration massive se situe en septembre 1942, selon Serge Klarsfeld, elle n'en continue pas moins jusqu'à la fin de la guerre.

     

    Les juifs, néanmoins, se font plus rares, et davantage méfiants, beaucoup s'enfuyant ainsi pour la zone d'occupation italienne, ou se réfugiant dans les zones frontalières montagneuses. Mais désormais, tous les juifs sont des cibles légales pour les nazis, quel que soit leur âge, leur nationalité ou leur état physique.

     

    Le SS Knochen écrit ainsi, au printemps 1944:

    « Toutes les personnes qui, d'après la loi, sont considérées comme juives, doivent être arrêtées, sans tenir compte de la nationalité ou autres circonstances (…)

     

    Les parents, les enfants, les enfants mariés, les frères et sœurs maris, les enfants en bâs âge qui se trouvent dans les foyers sont également à inclure dans les actions. ».

     

    L'historien Maurice Rajsfus constate ainsi:

     

     

    « Et la police française exécute ces consignes ultimes car la Gestapo ne dispose pas du personnel nécessaire pour conduire ces « actions ».

    Les grandes manœuvres vont bientôt se terminer.

     

    Policiers et gendarmes, jusque dans les derniers jours de juillet 1944 et même parfois dans les premiers jours d'août, continuent à arrêter des Juifs — étrangers ou français — par petits groupes, souvent dans l'est de la France.

     

    Ils procèdent seuls ou parfois en compagnie d'éléments de la Feldgendarmerie.

     

     

     

    Les Alliés ont débarqué le 6 juin 1944 sur les plages de Normandie mais la consigne doit être respectée.

     

    Jusqu'au bout, il n'y aura pas de refus d'exécution des ordres reçus. "

     

     

    Les principaux policiers collaborateurs

     

     

    • Fournet et Piednoir seront révoqués pour avoir alerté Joinovici de l'enquête à son sujet. Ni Piednoir ni Fournet ne furent jamais des collaborateurs. Sont révoqués aussi Yves Bayet, l'un des dirigeants du NAP-police, qui aurait été lié avec le SPAC (Service de police anticommuniste), alors qu'il était sous-préfet à Nantes; le directeur de la police générale, Redon, celui de la PJ, Desvaux, et le commissaire Poulzelgues, qui a fait disparaître des documents comptables compromettants pour Joseph Joinovici). Ni Redon ni Desveaux ni Poulzelgues ne sont non apparus à ce jour comme ayant été collaborateurs (cf les Archives de la Préfecture de Police), tout au contraire.

     

     

      

     propagande

    Longtemps, cet homme en pleurs, on la souvent confondu avec Jacques BONSERGENT regardant les troupes allemandes

    défiler aux Champs Elysées en 1940 !! NON !

    mais il s'agit de :

    M. Jérôme Barzotti et son épouse (en chapeau) en juin 1940 sur la Canebière à Marseille. M. Barzotti pleure en voyant les drapeaux des régiments dissous défiler une dernière fois avant de quitter la métropole pour rejoindre l'Afrique du Nord.

    (Photo extraite du film de propagande américain de 1943 de Franck Capra,

    "Why we fight")

     

     

    Civils français regardant et saluant les troupes françaises, repoussées au sud par l'offensive allemande, quitter la métropole pour rejoindre les colonies françaises où seront organisées les Forces Françaises Libres. Capture d'écran du film de propagande de l'Armée Américaine de 1943 Divide and Conquer (Why We Fight #3, @54:50) réalisé par Frank Capra et basé en partie sur des archives des actualités de l'époque, des animations, des reconstitutions de scènes, et du matériel de propagande capturé provenant des deux bords. En tant que film de propagande de source "inconnue", l'authenticité de la scène est incertaine et pourrait avoir été reconstituée avec acteurs et figurants en studio.

     

    Chronologie

    Article détaillé :
     
    • 22 juillet 1940 : Création par Raphaël Alibert, ministre de la justice, d'une commission de révision des 500 000 naturalisations prononcées depuis 1927. Retrait de la nationalité pour 15 000 personnes dont 40 % de Juifs.
    • Dès juillet 1940 : Les Allemands expulsent plus de 20 000 Juifs alsaciens-lorrains vers la zone sud.
    • 27 septembre 1940 : Zone occupée : recensement des Juifs (« fichier Tulard »), écriteau "Juif" sur les magasins tenus par des Juifs.
    • 27 septembre 1940 : Une loi de Vichy permet d'interner tout étranger « en surnombre dans l'économie française » dans les groupements de travailleurs étrangers
    • 3 octobre 1940: Premier statut des Juifs. Les citoyens juifs sont exclus de la fonction publique, de l'armée, de l'enseignement, de la presse, de la radio et du cinéma. Les Juifs « en surnombre » sont exclus des professions libérales.
    • 4 octobre 1940 : Les préfets peuvent interner les étrangers « de race juive » dans des « camps spéciaux » ou les assigner à résidence.
    • 7 octobre 1940: Abrogation du décret Crémieux de 1871. La citoyenneté française est donc retirée aux Juifs d'Algérie.
    • 18 octobre 1940: Zone occupée : « aryanisation » des entreprises.
    • 29 mars 1941: Création du Commissariat général aux questions juives (CGQJ). Xavier Vallat premier commissaire.
    • 13 mai 1941: Zone occupée : premières rafles de Juifs étrangers, organisées par la préfecture de police de Paris avec l'accord de la délégation générale du gouvernement de Vichy dans la zone occupée et sur demande des autorités d'occupation : 3 747 (sur 6 494 convoqués par la préfecture de police) sont parqués dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, sous administration française[25].
    • 2 juin 1941: Deuxième statut des Juifs : par rapport au premier statut, durcissement de la définition du Juif, allongement des interdictions professionnelles, numerus clausus à l'Université (3 %), et les professions libérales (2 %). Les Juifs sont obligés de se faire recenser en zone libre.
    • 21 juillet 1941: « Aryanisation » des entreprises en « zone libre ».
    • 20 août 1941: Zone occupée : « rafle du XIe arrondissement de Paris »: internement de 3 200 Juifs étrangers et 1 000 Juifs français dans divers camps dont celui de Drancy.
    • Décembre 1941: Zone occupée : 740 Juifs français membres des professions libérales et intellectuelles sont internés à Compiègne.
    • janvier 1942: Conférence de Wannsee : les officiels Nazis définissent les modalités pratiques de la « Solution finale », c'est-à-dire l'extermination complète des Juifs d'Europe, enfants compris.
    • 27 mars 1942: Le premier convoi de Juifs déportés quitte Compiègne (Frontstalag 122), en direction d'un camp d'extermination.
    • 29 mai 1942: Zone occupée : port de l'étoile jaune obligatoire. (application le 7 juin)
    • 6 mai 1942 : Reinhard Heydrich, chef de la SIPO-SD, adjoint d'Heinrich Himmler, venu installer Oberg à Paris, rencontre Bousquet. L'entrevue jette les bases d'un accord de principe engageant la collaboration de la police française en échange de son autonomie[26].
    • 18-juin au 8 août 1942: négociation des accords Bousquet-Oberg pour la collaboration des polices françaises et allemandes, officialisés le 8 août par une déclaration d'Oberg aux préfets régionaux de la zone occupée[26]
    • 16-17 juillet 1942: Paris Rafle du Vel' d'hiv, arrestation de 12 884 Juifs « apatrides » (en fait, de nationalité indéterminée; 3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants).
    • 26-28 août 1942: « Zone libre » : série de rafles aboutissant à la déportation de 7 000 personnes.
    • Janvier 1943: Rafle de Marseille : destruction du Vieux-Port et rafles par les forces de l'ordre françaises. Près de 2 000 Marseillais arrêtés et déportés.
    • Le Petit Marseillais du 30 janvier 1943 écrit: « Précisons que les opérations d'évacuation du quartier Nord du Vieux-Port ont été effectuées exclusivement par la police française et qu'elles n'ont donné lieu à aucun incident. »
    • Février 1943: Rafle de Lyon dans les locaux de l'UGIF (Union générale des Israélites de France)
    • 3 juillet 1943: les SS prennent en charge le camp de Drancy, jusque-là administrés par les forces de l'ordre françaises. Selon Maurice Rajsfus, « les conditions d'hygiène y seront sensiblement améliorées… »
    • 8 septembre 1943: Capitulation de l'Italie conduisant à l'occupation de la zone italienne (Nice) jusqu'alors épargnée par les rafles.
    • Avril 1943: Rafles de Nîmes et d'Avignon
    • Septembre 1943: Rafles de Nice et de l'arrière-pays niçois
    • Août 1944: Dernier convoi de déportation depuis Clermont-Ferrand.

     

    Bibliographie

      

      • Serge Klarsfeld :
        • Vichy-Auschwitz, t. 1 : 1942 : le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France, Paris, Fayard,‎ 1983 (ISBN 978-2-213-01297-1) .
        • Vichy-Auschwitz, t. 2 : 1943-1944 le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France, Paris, Fayard,‎ 1983 (ISBN 978-2-213-01573-6) 

      

    • Limore Yagil :
        • Limore Yagil (préf. Yehuda Bauer), Chrétiens et Juifs sous Vichy, 1940-1944 : sauvetage et désobéissance civile, Paris, Cerf, coll. « Histoire »,‎ 2005, 765 p.
         
      • La France terre de refuge et de désobéissance civile, 1936-1944 : Implication des fonctionnaires le sauvetage aux frontières et dans les villages-refuges, Paris, Éditions du Cerf, 2010.
      • Limore Yagil (préf. François-Georges Dreyfus), La France terre de refuge et de désobéissance civile, 1936-1944 : exemple du sauvetage des juifs., t. 1 : Histoire de la désobéissance civile : implication des corps de métiers, Paris, Les Éditions du Cerf, coll. « Histoire »,‎ 2010 (ISBN 978-2-204-08863-3) .
      • L'« homme nouveau » et la révolution nationale de Vichy, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 1997, 382 pages.
    • Maurice Rajsfus, La police de Vichy : les forces de l'ordre françaises au service de la Gestapo, 1940-1944, Paris, Le Cherche midi, coll. « Documents »,‎ 1995, 286 p.
    • (ISBN 978-2-862-74358-5, OCLC 33362188) .
    • Michel Slitinsky :
    • Jean-Marie Muller, Désobéir à Vichy. La résistance civile de fonctionnaires de police, Presses Universitaires de Nancy, 1994, 144 p.
    • Sylvain Le Bail, Le GMR du Périgord. Les forces de l'ordre sous Vichy, 1941-1944, Éditions le Chêne Vert, 2003.
    • Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l'étranger. Les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance, Paris, Fayard, 1989.
    • Jean-Marc Berlière :
      • « L'épuration de la police parisienne en 1944-1945 », in Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 49, Presses de Science Po, janvier-mars 1996, p. 63-81, [lire en ligne]
      • entrée Brigades spéciales in Michel Auboin, Arnaud Teyssier, Jean Tulard (dir.), Histoire et dictionnaire de la police, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2005, p. 587-589.
      • « Archives de police / historiens policés ? », in Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, no 48-4bis, 2001, p. 57-68, [lire en ligne]
      • « L'impossible pérennité de la police républicaine sous l'Occupation », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 94, 2007, p. 183-198, [lire en ligne]
      • « Archives « interdites », archives « spéciales » ? Quelques réflexions à propos des archives policières... », in Histoire@Politique. Politique, culture, société, no 8, mai-août 2009, [lire en ligne]
      • « Les Polices de l'État français : genèse et construction d'un appareil répressif », in Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Jean Quellien (dir.), La répression en France 1940-1945, Caen, Publications du CRHQ, 2007, p. 107-127.
    • Jean-Marc Berlière et Denis Peschanski, « La police parisienne face à la lutte armée » in Jean-Marc Berlière et Denis Peschanski (dir.), Pouvoirs et polices au XXe siècle, Bruxelles, Complexes, 1997, p. 137-176.
    • Jean-Marc Berlière et Laurent Chabrun, Les policiers français sous l'Occupation, Perrin, 2001, ISBN 2-262-01626-7. Réédition : Perrin, coll. « Tempus », 2009.
    • Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre :
      • Le sang des communistes. Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée. Automne 1941, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles études contemporaines », 2004.
      • Liquider les traîtres, la face cachée du PCF 1941-1943, Paris, Robert Laffont, 2007.
    • Frédéric Couderc, Les R.G. sous l'Occupation. Quand la police française traquait les résistants, Olivier Orban, 1992.
    • Denis Peschanski, « La confrontation radicale. Résistants communistes parisiens vs Brigades spéciales », texte préparatoire septembre 2003 à la publication in Les Résistances, miroir des régimes d'oppression. Allemagne, France, Italie, François Marcot et Didier Musiedlak (dir.), Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, série Historiques, 2006, p. 335-349,
    • [lire en ligne]
    • Richard Montbeyre, L'épuration administrative dirigée contre les services de lutte anticommuniste de la Préfecture de Police de Paris à la Libération, Mémoire de Master 2 Recherche d'Histoire du Droit, 2005-2006, [lire en ligne]
    • Louis Sadosky, édition critique établie et présentée par Laurent Joly, Berlin, 1942. Chronique d'une détention par la Gestapo, CNRS Éditions, 2009, [compte-rendu en ligne]
    • Laurent Joly, L'Antisémitisme de bureau. Enquête au cœur de la préfecture de police de Paris et du commissariat général aux questions juives (1940-1944), Paris, Grasset, 2011, 448 p.
    • Luc Rudolph (dir.), Au cœur de la préfecture de police : de la résistance à la Libération,
    • 1re partie : Les Proto-résistants, 2e partie : Une résistance oubliée, 1940-1944, 3e partie : La libération de Paris, Paris, imprimerie de la préfecture de police, 2009-2011.
    • Luc Rudolph, Policiers rebelles. La Résistance au cœur de la Préfecture de Police, 1940-44, Éditions LBM, 2012.

     

     

      

    René BOUSQUET, grand ami de François MITTERAnd

    EN 1974, à LATCHE.

     

     

     

     

     

     

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  • Pétain et les femmes : une relation ambigüe

     
    Pétain et sa femme

    « Maréchal nous voilà », c’est lui, le héros de Verdun, celui qui a épargné des millions de vie durant la première guerre mondiale. Cet officier devenu si populaire que vingt ans plus tard, on lui accorde les pleins pouvoirs. C’est lui aussi que nos grands-parents acclamaient encore comme vainqueur quelques jours après le débarquement en Normandie, comme si il avait résisté depuis 4 ans.

    Pétain Place Stanislas le 26 mai 1944.

    Pétain Place Stanislas le 26 mai 1944.

    Né dans un petit village du Nord en 1856, Henri Philippe Pétain est un grand admirateur de Napoléon. Il se destine à une carrière militaire et entre de justesse à Saint-Cyr, classé 403e sur 412. Ce sera pourtant le seul Maréchal de sa promotion.

    En 1901, il rencontre sa future femme : Eugénie dit Annie de 19 ans sa cadette. Il la demande en mariage mais la famille d’Eugénie refuse. Elle épousera un médecin en 1903.

    Suite à cette déception, il s’est réfugié dans bras d’autres femmes. Je cite d’ailleurs plusieurs exemples tiré du documentaire Pétain, ce héros si populaire :

     » Pétain un célibataire endurci, un chaud lapin qui cachait soigneusement sa vie privée, un libertin aimant coucher avec plusieurs femmes comme le montre sa correspondance intime »

    « Pétain était un officier ordinaire, un libre-penseur, étranger aux mœurs de la grande bourgeoisie et de l’aristocratie. Jeune homme, il fréquente les bordels, et il est durant le premier conflit mondial, un homme adulé des femmes. »

    La première guerre mondiale a d’ailleurs tout déclenché. En 1914, Pétain a 58 ans. Il rêve de prendre une petite retraite bien pépére dans le sud de la France.  Pour un peu, on n’aurait jamais entendu parler de lui.  Manque de pot, un Archiduc va se faire assassiner et il se retrouve en 1916 à Verdun.  Adieu les douceurs terrestres ? Pas vraiment,  lorsqu’on le cherchait pour lui annoncer sa nouvelle nomination sur le front de Verdun le 25 févier 1916, il était introuvable. Pétain était dans un hôtel privée en compagnie de sa maîtresse: Eugénie qui venait de divorcer.

    Pétain en 1917 discutant avec des soldats

    Pétain en 1917 discutant avec des soldats

    Le succès de Verdun, lui vaut l’admiration des Français et surtout des Françaises.  On recense plus de 4 500 correspondances entre Pétain et ses « amies ».  On va même jusqu’à dire que le « Chemin des Dames » et la «  Voie Sacrée » sont de belles allusions à ses penchants pour la gente féminine.

    En 1920, il épouse civilement sa maitresse Eugénie lors d’une cérémonie très discrète. Le premier mariage religieux d’Eugénie Hardon est ensuite annulé le 30 janvier 1929.

    Dans les années 30, ils se retirent dans le Sud de la France espérant l’oubli de leur contemporain. Bien entendu, personne ne l’a oublié et il revient sur le devant de la scène avec le fameux «  Travail, Famille, Patrie »

    La situation matrimoniale du Maréchal entraîne des désaccords au sein de l’Église française. Pétain veut échapper au devoir de la confession et organise un  mariage religieux par procuration en 1941. Mais ses relations avec la Maréchale se dégradent.  Selon Jean-Yves Le Naour : «  Mme Pétain est  une vieille femme acariâtre et prétentieuse auquel  an a voulu en faire une icône de douceur et de dévouement ». Joseph Simon ira même jusqu’à déclarer : « Elle a  la méchanceté dans la peau » « Quelle garce ! Avec quel plaisir je lui botterais les fesses ». Même le curé de Port-Joinville juge que « Mme Pétain n’est pas sociable. Grossière et mal embouchée, elle scandalise tout le monde ».

    Pétain et sa femme

    Pétain et sa femme

    Qu’à cela ne tienne, Monsieur Travail, Famille, Patrie ira voir ailleurs. Il aura encore de nombreuses aventures durant la seconde guerre mondiale et jusqu’à ses 86 ans !  Un bel exemple du  » Fais ce que je te dis pas ce que je fais. »

    Si Pétain aime les femmes, il ne leur rend pas forcément hommage. Il aurait même déclaré :  » les femmes sont responsables de l’esprit de jouissance qui a nui à la France. » Ils les accusent d’être responsables de la défaite ­ «Trop peu d’enfants, trop peu d’armes, trop peu d’alliés, voilà les causes de notre défaite » « Elles doivent rentrer au foyer et rattraper le temps perdu en procréant à la chaîne de vrais petits Français pour contrer l’afflux d’étrangers ». Entre autre, Vichy exclut les femmes mariées de la fonction publique dès octobre 1940 et  les met en congé sans solde si elles ont moins de trois enfants.

     

    Le divorce est interdit trois ans après le mariage  

    (sauf pour la Maréchale)

    et l’avortement est puni de mort.

     

    Pour redonner de la légitimité aux femmes, il instaure la Fête des Mères.

     

    Fête qu’on avait déjà essayé d’instaurer après la guerre de 14-18.

     

    Ce jour célèbre la maternité et la féminité pour rappeler aux femmes leur «juste» place dans la société devient un événement national.

     

    Pétain réussit à glorifier les femmes tout en les mettant à l’écart de la scène publique.

    Pour Vichy, le patriotisme de la femme dépend de sa  fonction reproductrice.

    Trop aimable.

     

     

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    Fête des mères déjà instauré lors de la première guerre mondiale

    Si Pétain reste un drôle de personnage à la vie si contradictoire, il n’est pas étonnant qu’il soit pour certain un héro et pour d’autre une honte nationale. Encore maintenant, il divise les Français qui ne savent pas sur quel pied danser lorsqu’il s’agit de son souvenir.

    Pour aller plus loin, voici deux documentaires :

    Pétain un héros si populaire

     

     

    SOURCES

    http://www.lejournaldelynor.fr/petain-et-les-femmes-une-relation-contradictoire/

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    Jean Cocteau ni résistant, ni même attentiste mais

    plutôt complaisant avec les occupants

     

     

    Annonce des représentations de La Machine à écrire au Théâtre des Arts-Hébertot en 1941. Cocteau et Arno Breker le 18 mai 1942, au milieu des œuvres du sculpteur exposées à Paris.

     

     

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      Le « Salut à Breker » de Cocteau dans Comœdia du 23 mai lui attire les foudres de son ami. Arno Breker, que Cocteau semble avoir connu en 1925, est devenu le sculpteur favori de Hitler lorsqu’il reprend contact avec lui à l’automne 1940, pour lui offrir ses services en cas de péril grave (il est aussi l’ami du colonel Speidel, qui commande la place de Paris).

     

     arno breker sculpture - Hitler:

     

    arno breker sculpture - Hitler

     lettre-de-cocteau-a-breker-1

     

    Le comportement de Cocteau durant l’Occupation n’est pas à l’abri des malentendus, et lui attire successivement les éloges et les reproches de Mauriac.
     
     
     
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    Jean Cocteau, né le 5 juillet 1889 à Maisons-Laffitte et mort le 11 octobre 1963 dans sa maison de Milly-la-Forêt, est unpoète, graphiste, dessinateur, dramaturge et cinéaste français.

     

     

    Il est élu à l'Académie française en 1955. !

     

     

    Comptant parmi les artistes qui ont marqué le xxe siècle, il a côtoyé la plupart de ceux qui ont animé la vie artistique de son époque. Il a été l'imprésario de son temps, le lanceur de modes, le bon génie d'innombrables artistes. En dépit de ses œuvres littéraires et de ses talents artistiques, Jean Cocteau insista toujours sur le fait qu'il était avant tout un poète et que tout travail est poétique.

     

    Dans les années 1930, Cocteau aurait eu une liaison avec la princesse Nathalie Paley, fille morganatique d'un grand duc de Russie, elle-même modiste, actrice ou modèle et ancienne épouse du couturier Lucien Lelong.

     

    Elle aurait été enceinte, mais la grossesse n'aurait pu être menée à son terme, ce qui plongea Cocteau et la jeune femme dans un profond désarroi.

     

    Cocteau évoque la fausse couche de Nathalie dans Le passé défini, et dit que cet avortement serait la conséquence d'une scène violente avec Marie-Laure de Noailles :

     

    « Elle est responsable de l'avortement de Nathalie ».

     

    Cependant, Cocteau ayant initié la princesse à l'opium, il se peut qu'il y ait eu des répercussions dues à cette drogue sur la grossesse.

     

     

    Jean Cocteau a écrit dès le début de l’Occupation, dans l’hebdomadaire collaborationniste « La Gerbe » (fallait le faire…), créé par l’écrivain Alphonse de Châteaubriant.

     

    En décembre 1940 il y a lancé une « adresse aux jeunes écrivains », en fait, un message aux jeunes Français les appelant à prendre part au « Nouvel Ordre européen », autrement dit au national-socialisme, au fascisme et au pétainisme capitulard et collaborationniste. Cocteau a reçu à Paris durant l’été 1942 son ami Arno Breker, le sculpteur officiel du Troisième Reich, lors de sa grande exposition aux Tuileries.

     

     

    Son film de 1943 « L’éternel retour » – transposition moderne de la légende de Tristan et Yseult – inquiéta les critiques après la Seconde Guerre mondiale.

     

    Un quotidien britannique a écrit en 1945 que

    « Jean Marais avec ses cheveux blonds d’archange exterminateur, ses bottes de cuir y ressemble plus à un héros wagnérien ou à un SS qu’à un chevalier du Moyen Age ».

     

    Comme écrit plus haut, il a eu cette amitié entre Jean Cocteau et le collaborationniste Alphonse de Châteaubriant.

     

    Cocteau lui a rendu visite en 1950, alors qu’Alphonse de Châteaubriant, condamné à mort, vivait caché en Autriche.

     

    Deux ans plus tard, en 1952, après le décès d’Alphonse de Châteaubriant, Jean Cocteau est retourné en Autriche pour y rencontrer sa compagne, Gabrièle Castelot.

     

     

    Aujourd’hui, après la disparition d’Edouard Dermit, dernier compagnon de Cocteau,

     

    c’est Pierre Bergé qui serait, me dit-on, l’exécuteur testamentaire ou le titulaire du droit moral sur l’œuvre de Cocteau et le coordinateur des manifestations du cinquantenaire de sa mort.

     

    Pierre Bergé se souvient-il que Cocteau avait écrit, en parlant des dirigeants français d’avant la Seconde Guerre mondiale :

     

    « Chez Hitler, c’est le poète qui échappait à ces âmes de pions ».

    Les « pions » étant les dirigeants français, imparfaits mais libres,

    d’avant Pétain

     

     

     

     

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    Inauguration de l’exposition Arno Breker à l’Orangerie des Tuileries, mai 1942.
    Discours d’Abel Bonnard, en présence de Benoist Méchin, Cocteau, S. Lifar, A. Breker et... d’officiers allemands.

     

     

    Jean Cocteau joue un rôle ambigu durant la Seconde Guerre mondiale, les résistants l'accusent de collaboration avec les Allemands, une partie de son passé (1939-1944) reste mystérieuse16. Jean Cocteau écrira dès le début de l’Occupation dans l’hebdomadaire collaborationniste « La Gerbe » créé par le célèbre écrivain breton Alphonse de Châteaubriant.

     

    En décembre 1940 il y lance une « adresse aux jeunes écrivains », sorte de message pour les jeunes Français les appelant à prendre part au « Nouvel Ordre européen "


     

    Cocteau est d'ordinaire assez réservé quant à l'affirmation de son engagement politique. Pendant l'Occupation, il fait preuve d'un certain pacifisme

     

    « L'honneur de la France, écrit-il dans son Journal du 5 mai 1942, sera peut-être, un jour, d'avoir refusé de se battre »), mais surtout, il n'hésite pas à accueillir Arno Breker, sculpteur officiel du troisième Reich, lors de son exposition à Paris, pendant l'été 1942. Leni Riefenstahl bénéficie de sa protection après la guerre pendant sept ans.

     

     

    « L'Allemagne nazie n'est pas non plus sans le séduire, surtout son chef, dont il se fait une représentation qu'il faut placer au musée des Hitler imaginaires. […] Il est fasciné par l'idée du chef-artiste, politique tout-puissant en même temps que mécène et protecteur des arts, à la fois Napoléon et poète (« Chez Hitler, c'est le poète qui échappait à ces âmes de pions », écrit-il en parlant des dirigeants français de l'avant-guerre). »

    — Philippe Burrin, La France à l'heure allemande, Seuil, 1995, p. 352

     
     

    En 1941, la reprise La Machine à écrire au Théâtre des Arts-Hébertot suscite une campagne de diffamation très violente dans la presse collaborationniste (La Gerbe, Le Pilori, Je suis partout).
     
    D’abord refusée par la censure allemande, qui y voit une critique de l’Occupation, puis autorisée après de nombreux remaniements, à nouveau interdite dès le lendemain de la première le 29 avril, puis autorisée deux jours plus tard après suppression d’une scène, la pièce était partie pour faire des remous.
     
    Alain Laubreaux notamment, influent critique dramatique pro-collaboration, consacre trois articles de plus en plus polémiques à la pièce et à l’auteur.
     
     
     
     
    Son article du 16 juin lui vaut le soir même une réplique de Jean Marais qui lui crache au visage dans un restaurant et le frappe à plusieurs reprises dans le restaurant et dans la rue où il l’a jeté à terre.
     
     
    Mauriac, présent à la représentation du 16 juin, est aussi témoin d’une partie de la scène.
     
     
    Il écrit le lendemain à Cocteau son approbation :
     
     
    « La France est devenue la petite ville que tu évoques et une bande de salauds a volé la machine et s’en sert… Et ce n’est pas un acte gratuit, fichtre non ! »

     


    L’année suivante cependant, le « Salut à Breker » de Cocteau dans Comœdia du 23 mai lui attire les foudres de son ami. Arno Breker, que Cocteau semble avoir connu en 1925, est devenu le sculpteur favori de Hitler lorsqu’il reprend contact avec lui à l’automne 1940, pour lui offrir ses services en cas de péril grave (il est aussi l’ami du colonel Speidel, qui commande la place de Paris).
     
     
     
    Début mai 1942, Breker revient à Paris pour une exposition de ses œuvres.
     
    Cocteau est sollicité par le gouvernement français pour faire le discours d’accueil au moment du vernissage :
     
     
    « Tout le monde est suspect. Ils doivent estimer qu’il n’y a que moi d’assez libre et d’assez fou pour prendre la parole.
     
    Et, comme Breker m’a rendu service, je le ferai.
     
    Le drame, c’est sa sculpture.
     
     
     
    Elle doit être médiocre » (Journal 1942-1945, 6 mai 1942).
     
    Remplacé par Abel Bonnard pour le discours d’accueil, le poète dîne avec Breker le 18 mai et lui promet un article (« Mon goût des mauvaises postures »,
     
    écrit-il dans son journal), qu’il écrit presque aussitôt et envoie à Comœdia, sans mesurer les reproches qu’il va immanquablement s’attirer dans les milieux résistants ni les ennuis que cela lui vaudra à la Libération.
     
    Mauriac fait partie de ceux qui ne peuvent pas accepter ou pardonner un tel geste. Il ne semble pas cependant l’avoir fait savoir directement à Cocteau, qui ne l’apprend qu’en avril 1944 par un tiers, et réagit en laissant entendre l’existence d’un donnant donnant avec Breker et en faisant valoir les persécutions dont il a été l’objet :
     

    « André Dubois me rapporte que François Mauriac est très monté contre moi. Il trouve que je n’ai pas opté politiquement et me reproche mon article sur Breker. Ceci est encore de la bile et il ferait mieux de se souvenir, comme moi, de notre amitié si grande et si ancienne. L’article sur Breker a sauvé d’Allemagne Patrice de La Tour du Pin.
     
    En outre — et si je me place sur ce terrain absurde — quels gages a donnés Mauriac ?
     
    Moi, on m’a ruiné dans l’affaire des Parents terribles, on m’a frappé et blessé l’œil, etc. » (Journal 1942-1945, 5 avril 1944).
     
     
     
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     Jean Marais,1963 - Arno Breker
     
     
    (Mise en graph. JEA / DR).
     
     


    Eluard à Cocteau :

    "Que vous avez eu tort de vous montrer soudain parmi les censeurs"...
     
     
    Arno Breker. Retrato de Cocteau:
     
     
     
     


    Si vous revenez à la Page 157 de ce blog :
    "Août 1945, Pierre Dac face à Leni Riefenstahl",
     
     
    vous (re)lirez ce commentaire de Claire :
     

    - "... si un jour l'envie vous prend, cela m'intéresserait que vous puissiez nous instruire davantage sur l'ambiguïté politique de Cocteau."
     


    Vont suivre quelques tentatives de réponses.
     
    Plus exactement des esquisses. Pas de jugements. Sans évocations esthétiques. Mais se posent la question de choix moraux. Et d'engagements publics.
    Quand la politique et l'art sont dans le lit d'un même fleuve vert de gris.
     
     
     
     
    Jean Cocteau by by Arno Breker (German 1900-1991):
     
     

    Jean Cocteau by by Arno Breker (German 1900-1991)

     


    Cocteau fut-il antisémite ? Tira-t-il profit de la mise au ban de la société vichyste ou même de l'extermination d'autres créateurs lui portant ombrage ?
     

    La réponse est sans équivoque : non.
    Son père, Georges, était certes un antisémite notoire mais Cocteau se garda bien de s'inscrire dans sa lignée (le suicide de ce père - le 5 avril 1898 - fut d'ailleurs couvert par une chappe de non-dits).
    Dans les montagnes d'écrits racistes et injurieux quand ils ne contenaient pas des délations et/ou des appels au meurtre des juifs, dans cette montagne qui reste une honte pour nombre d'intellectuels français, jamais la signature de Cocteau n'a été relevée.

    Cocteau compta-t-il au nombre des artistes collaborateurs ?
    La balance de l'histoire présente deux plateaux.


    Oui, Cocteau servit de cible à quelques chevaliers blancs de la Révolution nationale ainsi qu'à des cireurs des bottes allemandes.

    Son homosexualité et sa toxicodépendance n'entraient pas exactement dans les cadres des serviteurs de l'ordre nouveau. Inutile d'insister.

    Mais la lecture de journaux de ces années noires apprend que parmi ceux rédigés en Français par des Français, figurent des articles d'anthologie, haineuse vis-à-vis de Cocteau s'entend.

    Deux pièces de Cocteau servent de paratonnerres :
    - La Machine à écrire
    et
    - Les Enfants terribles.

    De la première, dans Je suis Partout, Lucien Rebatet écrivit :
    - "Nous ne pouvons plus que mépriser Cocteau, le truqueur, l’énervé, le cuisinier de l’équivoque, des artifices les plus soufflés et les plus écoeurants (…). Il est responsable de tout ce qu’il a cassé et flétri, du cortège de jobards mondains, de pédérastes, de douairières excitées qui gloussaient au génie derrière ses pas (…). De palinodies en mensonges, de tarabiscotages en turlupinades, il a touché le bas de la pente." (1)
    Fernand de Brinon, "délégué du Gouvernement français auprès des autorités d’occupation", avait marqué sa totale opposition à la mise à l'affiche de cette pièce au Théâtre Hébertot et ceci, au nom de la "morale".
    Néanmoins autorisée le 29 avril 1941 par la Propaganda-Staffel, n'hésitant pas à ingliger ce camouflet au "délégué", La Machine à écrire se trouva interdite dès le lendemain pour cause de scandale.
    Jean Marais, acteur principal, se distinguera en offrant un mauvais quart d'heure à Alain Laubreaux (2) qui avait signé, dans Je suis partout (3), cette répugnante allusion :
    - "Marais ? L’homme au Cocteau entre les dents". (4)

    Les Parents terribles connurent aussi une interdiction d'affiche le 8 décembre 1941. Toujours en conséquence d'une levée de boucliers de collabos dénonçant une pièce "contraire à l’œuvre de résurrection nationale". Pour mieux muscler leur opposition vertueuse, ces serviteurs zélés de l'ordre nouveau attaquèrent en règle la salle de théâtre...
     
     
    Puis, au nom sacré du "service de l’ordre", pour un motif "avant tout raciste", le même Alain Laubreaux, dans le même Je suis partout, y alla de son venin.
     
     
    Avec l'approbation et l'appui de Céline :
    - "Sur le plan raciste, alors je vous suis à cent pour cent.
    Raison de race doit surpasser la raison d’Etat.
    Aucune explication à fournir." 

     
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    Paris aux bottes d'Adolf Hitler.
    A sa droite, le sculpteur
    en uniforme (Cadr. JEA / DR).
     
     
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    Adolf Hitler, le 23 juin 1940 devant la Tour Eiffel à Paris.
    Il est entouré de l'architecte Albert Speer et du sculpteur Arno Breker. AFP/HO

     
     
     
    Arno Breker (1940), rechts Albert Speer

    Cocteau ne fut pas pour autant un innocent persécuté.

    Ainsi, rien qu'en 1943, sa pièce Renaud et Armide est jouée à la Comédie-Française. Il met en scène, décore et habille Antigone à l’Opéra.
     
    Il supervise la musique de L’Éternel retour. Il tient un rôle dans le film de Guitry La Malibran

    S'il comptait des censeurs acharnés mais français, du côté allemand nazi, il put compter sur une protection efficace et sans faille.
     
    En réalité, il donna plus que des gages et au Vichysme et à la collaboration littéraire.
     

    Ce relevé personnel ne se veut pas exhaustif. Il se passe de commentaires :

    - Comparant les politiques d'avant l'invasion avec Hitler, le poète estima : "Chez Hitler, c'est le poète qui échappait à ces âmes de pions"... 
     
     


    - Cocteau participa aux débuts de La Gerbe, journal financé par l’Ambassade allemande et la Propaganda-Staffel.
     
     
    Jean Anhouil et Charles Dullin, pour ne citer qu'eux, adoptèrent le même engagement.

    - Il a rejoint les auteurs d'un complaisant :
     
    "De Jeanne d’Arc à Philippe Pétain", livre luxueux placé sous la direction de Sacha Guitry.

    - A la NRF, version collabo, Cocteau écrivit "suffisamment pour donner une apparence de légitimité à l’entreprise de Drieu". (7)

    - Il se plaça sous la protection officielle d'Ernst Jünger, officier (chargé de la censure) à l'Etat-Major de la Wermacht à Paris.

    Il fréquenta avec assiduité l'ambassade allemande à Paris et sut s'attirer les sympathies de l'épouse de l'ambassadeur, Otto Abetz.

    L'Institut Allemand était également incrit à son agenda. De même que des rencontres avec Albert Speer, l'architecte chouchou d'Hitler (au Maxim’s).
     
     
    Cocteau veillait à ses entretiens avec Gerhardt Heller (chez Prunier), ce responsable de la section littéraire de la Propaganda qui affirmait aux autorités allemandes :
     
    "Vous ne comprenez pas qu'en interdisant, en internant, vous fabriquez des martyrs. Cela nuit à votre cause bien plus que l'activité des gens que vous frappez ainsi. Jamais vous n'obtiendrez de cette façon votre Europe nouvelle". 
     
     
     
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    Mai 1942, inauguration de l'exposition Breker, à l'Orangerie des Tuileries (Photo : LAPI/Roger-Viollet. DR).

    Si l'on en croit le Centre Pompidou, dans son "Parcours pédagogique pour les enseignants", le seul problème posé par le poète sous toute l'occupation se résumerait à une "imprudence" :

     
     
     
     "Cocteau commet une imprudence qui lui sera vivement reprochée.
    Au printemps 1942, Laval décide d’organiser une exposition du sculpteur officiel du Reich, Arno Breker, et Cocteau sans la moindre pression publie dans Comœdia du 23 mai un "Salut à Breker".

    Ce faisant, le Centre évite soigneusement soigneusement de rappeler des réactions à cet article où le salut à Breker, sculpteur officiel du IIIe Reich, passe par la mise en valeur du "trésor du travail national".

    Or Paul Eluard ne mâcha pas ses mots :
     

    - "Freud, Kafka, Chaplin sont interdits par les mêmes qui honorent Breker. On vous croyait parmi les interdits. Que vous avez eu tort de vous montrer soudain parmi les censeurs ! Les meilleurs de ceux qui vous admirent et qui vous aiment en ont été péniblement surpris."(9)
    Ni Mauriac :
    - "L’infâme article de Cocteau." (10).

     
    Comœdia, 23 mai 1942 (DR).

    Enfin, le plus triste. L'arrestation comme juif de Max Jacob. Il écrit à Cocteau le 24 février 1944. Donc il a toute confiance en celui qu'il considère comme l'un de ses plus précieux amis :
     
    - "Cher Jean,

    Je t'écris dans un wagon par la complaisance des gendarmes qui nous encadrent. Nous serons à Drancy tout à l'heure. C'est tout ce que j'ai à dire. Sacha, quand on lui a parlé de ma sœur (11), a dit :
     
    « Si c'était lui, je pourrais quelque chose ! » Eh bien, c'est moi. Je t'embrasse.
    Max"
     

    Le 5 mars, Max Jacob s'éteint à Drancy.
     
    Cocteau a tenté en vain de faire jouer ses relations nazies.
     
    La Shoah ne s'encombrait pas de copinages...

    Jean-Claude Brialy résumait ainsi ce drame :

    - "Le fait est qu'il y a eu une vraie lâcheté de la part de Guitry.
     
    Cocteau, lui au moins, avait des remords. Il faut dire qu'il était très occupé à surveiller Marais dans toutes ses frasques.
     
    Guitry et Cocteau se sont bougés mais pas assez tôt, pas assez vite.
     
    Picasso, lui, n'a rien fait du tout et c'est sans doute ce qui a le plus blessé Max Jacob, même s'il savait que Picasso était moins bien introduit dans le milieu. mais a bien vendu ses oeuvres aux nazis.
     
    De toutes façons, à part lui-même, personne ne l'intéressait.
     
    Cocteau, en revanche, s'en voulait de ne pas avoir fait davantage pour Max car il l'adorait." 

    Ainsi se termine un bilan forcément réducteur.

    Cocteau a effectivement été malmené par quelques collabos.
     
    Il est passé à travers ces tempêtes sans entrer en clandestinité, sans jamais faire un pas vers la résistance.
     
    Il a préféré la fréquentation assidue des occupants.
     
     
    Ces derniers en tirèrent profit qui préféraient ne pas affronter les intellectuels français mais au contraire les amadouer, les flatter, les compromettre, susciter des tumeurs à l'intérieur même de la culture. Paris, quel symbole de la revanche sur 14-18, devait être le club de vacances des troupes mises au repos loin du front. Et Paris devait garder son maquillage de ville lumière avec ses théâtres, ses cinémas, ses journaux, ses cabarets... avec des artistes sans allergies aux uniformes venant grossir le public.

    S'il fallait résumer : Cocteau, un opportuniste de l'occupation. Mais cet avis n'est que personnel.

     
     
    Non, ils ne regrettèrent rien : Breker et Cocteau, le sculpteur qui porta l'uniforme nazi et celui qui salua son "travail national" (DR).
     
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