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Pierre Fresnay
également inquiété et emprisonné passait son temps de réclusion à frotter son carrelage à la paille de fer.
Cet acteur qui était lui aussi passé par le théâtre, notamment le Français, avant d'être appelé par le cinéma, fut révélé au grand public dans le corbeau.
C'est justement ce rôle du docteur Germain accusé par des lettres anonymes d'être l'amant de l'épouse de l'un de ses confrères dans une petite ville de province, qui va faire de Pierre Fresnay un homme suspect aux yeux des membres de ces juridictions d'exception.
Le film, présenté dans les salles de cinéma outre-Rhin sous le titreProvince française, et son interprète principal furent accusés d'avoir voulu réaliser une entreprise d'avilissement propre à montrer la dégénérescence du peuple français à travers les habitants d'une petite ville provinciale.
Parmi les plus célèbres de ces prisonniers n'y a-t-il pas la comédienne Arletty qui, au moment de l'épuration, a déjà inscrit son nom au générique de chefs-d'oeuvre tels que Hôtel du Nord, le jour se lève ou les visiteurs du soir, une vedette à qui l'on reprochait d'avoir eu des relations avec des duchesses et des comtesses.
Arrêtée, elle se retrouvera dans la même geôle que Tino Rossi qui, lui, offrait sa voix aux autres détenus, pendant les offices religieux.Quand François Mitterrand est arrivé au pouvoir, il a récompensé tout ceux qui avaient un moyen de chantage, car sachant qu'il avait été un collabo en servant l'Etat français à Vichy, ce qu'il fit très bien, puisque le maréchal Pétain lui remis personnellement la francisque, récompense qu'il avait demandée.
Mitterrand récompensa durant son règne, tout ceux dont le témoignage pouvait lui nuire, parce que il avait été résistant ou moins impliqué que lui dans la collaboration.
En résumé, des centaines de personnes, dont le silence fut acheté au moyen de postes de fonctionnaires ou d'entreprises dont l'Etat était actionnaire.
Lisez donc ce tableau, en détectant les complices du grand socialiste que fut François Mitterand, miniistre de l'intérieur de son cher camarade de la SFIO, Guy Mollet, et de toutes ses actions durant le début de la “Guerre d'Algérie”.
Quand on a tellement de cadavres dans de nombreux placards, il faut payer, mais ce fut l'Etat qui le fit, donc les contribuables!
Egalement enfermée:
Mary Marquet
l'actrice de théâtre entrée depuis vingt ans à la Comédie française où elle était devenue sociétaire et à qui on reprochait des articles écrits dans la revue Aujourd'hui, une revue dont le directeur n'était autre que Georges Suarez, l'un des journalistes fusillés.
Le 23 août 1944 à 10 heures du matin Sacha Guitry est arrêté à son domicile par deux hommes armés. On ne lui laisse pas le temps de s'habiller et on l'entraîne dehors.
Pour un spectacle, c'est un spectacle !
L'auteur dramatique se décrira lui même: Mon pyjama se compose d'un pantalon jaune citron et d'une chemise à larges fleurs multicolores. Je suis coiffé d'un panama exorbitant, et quant à mes pieds, qui sont nus, ils sont chaussés de mules de crocodile vert jade.
Il est conduit ainsi vêtu, par les rues, jusqu'à la mairie du VII" arrondissement où il est brièvement interrogé dans la cellule 117.Ce 23 août commencent les épreuves de Sacha Guitry en prison et ses démêlés avec la justice. Il racontera d'ailleurs tout cela dans un ouvrage édité en1949 qui s'intitule Soixante jours de prison et qui succède à Quatre ans d'occupations paru en octobre 1947.
On l'accuse d'antisémitisme lui qui, dénoncé par le Pilori, est obligé de se disculper de l'être alors même qu'il vient en aide à des amis juifs.De là à l'arrêter... Depuis 1942, Radio Londres et les journaux de la Résistance font circuler des listes noires de collaborateurs. Dans l'un de ces journaux, Guitry est condamne a mort.
L’époque de souffrance se prête à la revanche. Le seul fait d'avoir fréquenté l'ennemi est considéré comme suspect. Guitry ne peut nier ses fréquentations et tous les arguments développés dans ses livres de souvenirs écrits après l'occupation ne peuvent occulter certains faits accomplis au moment où des hommes et des femmes mouraient sous la torture, les balles et la hache,dans des camps.
Pendant l'Occupation, Sacha Guitry ne va pas manquer d'occupations et ce sont elles qui vont le mener, en fonction de l'interprétation qu'on leur donne, au respect ou au déshonneur.
Lorsqu'il arrive à Paris il fait des démarches auprès du préfet Jean Chiappe et du recteur de l'Académie de Paris chargé des affaires culturelles pour obtenir la réouverture des théâtres, et il reprend dans son théâtre de la Madeleine une pièce créée en 1919 : Pasteur.
Le voilà aux prises avec les autorités allemandes qui, devant le nationalisme de la pièce, veulent la censurer. Encore une fois des démarches. Encore une fois il obtient gain de cause. L'homme est habitué aux succès. Il n'a connu que la gloire.
Tout cela lui paraît naturel. Tout au long de la guerre, les interventions, les sollicitations auprès des Allemands vont se succéder. Sacha en a les moyens, il a l'impunité des gens célèbres, il a les relations et les occasions ne manquent pas.
A la prison de la Santé, il est enfermé dans la cellule 42 avec ex-ministre de l'Education de Pétain.Prisonnier, il subit menaces, insultes et aussi... demandes d'autographes.
Pour qui est habitué au confort de l'hôtel particulier, la promiscuité, la saleté, le manque d'hygiène...tout cela n'est pas très réjouissant.
Le prisonnier reçoit quelques colis apportés par son chauffeur.
Bientôt Tristan Bernard intercède auprès du juge d'instruction en faveur de celui qui l'a sauvé en 1943.Le 24 octobre 1944, deux mois après son arrestation, Sacha Guitry est libre.
Le 8 août 1947, le commissaire du gouvernement rend une décision de non lieu, rien n'ayant été trouvé au cours de l'enquête et beaucoup d'accusations ayant été reconnues comme fausses.
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La répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation
Françoise LECLERC et Michèle WEINDLINGLa répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation ne fut pas un fait mineur de l'épuration.
Au 1er Janvier 1946, 21% des détenus pour faits de collaboration sont des femmes, 68% d'entre elles seront condamnées, certaines à de lourdes peines dont la peine de mort.
Les femmes traduites devant la Cour de justice de la Seine sont pour trois quart d'entre elles, délatrices.
La plupart n'avaient jamais été condamnées avant la guerre, mais une première condamnation de droit commun pendant l'Occupation s'avéra parfois être le point de départ d'une collaboration avec l'occupant.
D'autres condamnées par les Allemands pour dénonciation calomnieuse se retrouvent condamnées une seconde fois, pour ces mêmes dénonciations, à la Libération.
L'impact de la guerre et de l'occupation allemande sur la « délinquance » féminine fut considérable :
7 fois plus de femmes qu'avant-guerre sont détenues dans les prisons françaises, non seulement des femmes écrouées pour faits de collaboration, mais aussi des détenues de droit commun, alors que la population carcérale masculine quadruple pendant cette même période.
L'exécution sommaire des femmes à la Libération ne fut pas non plus un fait mineur.
454 au moins furent exécutées.
Si certaines d'entre elles paient les crimes de leur mari, de leur amant, de leur fils ou de leur employeur, d'autres sont exécutées pour avoir eu des relations intimes avec des membres de l'armée d'occupation ou avec des collaborateurs, mais aussi pour prostitution, dénonciations ou appartenance à la Milice ou à la Gestapo.
Le silence qui a entouré l'épuration des femmes procède de l'occultation ordinaire de l'histoire des femmes, mais plus encore de la difficulté de sortir de l'histoire apologétique ou victimaire, pour inscrire dans l'histoire cette irruption sur la scène publique de celles qui eurent à rendre compte de leurs actes à la Libération.
Les exécutions de femmes, les arrestations, leurs condamnations par les tribunaux, bousculent la représentation habituelle de l'épuration des femmes.
La représentation emblématique de la « femme tondue » nous a masqué jusqu'ici, la diversité des délits et des sanctions ; comme si cette cristallisation sur des délits de type sexuel opérait ici comme un filtre empêchant d'advenir toute autre forme de représentation de l'épuration et de la collaboration des femmes.
Extrait article
La répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation
Françoise LECLERC et Michèle WEINDLINGarticle dans sa totalité http://clio.revues.org/519
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Le bilan officiel de l'épuration ne mentionne pas la répartition par sexe des condamnations prononcées à la Libération.
( je cite - Pour illustrer notre typologie qui émerge des dossiers d'archives, nous nous appuierons sur quelques exemples de femmes condamnées à de lourdes peines par la Cour de justice de la Seine. Sur les 901 femmes traduites devant cette cour, 687 soit 76 % l'ont été pour dénonciation dans le cadre de la sphère privée ou de la sphère publique. La dénonciation constitue bien le premier motif d'inculpation. )
Pourtant, au 1er janvier 1946, 6091 femmes sont détenues pour fait de collaboration dans les prisons françaises, soit 21% des personnes incarcérées pour ce motif, et 54% de la population carcérale féminine.
Ces chiffres nous obligent à penser la collaboration au féminin dans un cadre plus large que celui de la « collaboration de sexe », même si elle fut considérée par certaines cours de justice comme un crime d'intelligence avec l'ennemi.
L'histoire de ces femmes ne s'inscrit pas dans une quelconque tentative de réhabilitation, mais bien dans une perspective de visibilité, de lecture et d'analyse de la nature des faits qui leur sont reprochés et des mobiles qui les ont fait agir.
À la Libération, des femmes accusées d'avoir entretenu des relations intimes avec l'ennemi, ont été tondues, dénudées, exhibées sur la place publique.
Ces châtiments humiliants infligés aux femmes, aussi pour des délits de type non sexuel, semblent faire oublier qu'elles furent, au même titre que les hommes, exécutées sommairement et condamnées pour infraction aux articles 75 à 86 du Code pénal, à la peine capitale, aux travaux forcés, à des peines de réclusion, de prison.
Ceci nous oblige à penser la collaboration des femmes dans un cadre plus large que celui de la « collaboration de sexe », même si des femmes furent exécutées sommairement ou condamnées par des Chambres civiques et des Cours de justice, pour ce seul délit.
La défaite, l'Occupation et surtout la politique de collaboration d'État menée par le maréchal Pétain à la tête du gouvernement de Vichy participent du brouillage des repères habituels. Des hommes sont prisonniers de guerre, d'autres requis pour le STO.Les demandes de l'occupant se font de plus en plus pressantes, le ravitaillement se fait rare, la propagande distille les valeurs de l'ordre nouveau.
Les juifs, les communistes, les résistants, les réfractaires sont pourchassés.
Groupe de femmes tondues, photographiées devant l’entrée principale
du Palais de Justice de Bergerac, septembre 1944Les mouvements collaborationnistes recrutent, la Gestapo et la Milice opèrent, le marché noir prospère, la délation devient « monnaie courante ».
Les femmes vivent tous ces bouleversements socio-politiques qui autorisent et légitiment de nouveaux appétits, la transgression des normes sociales et des valeurs morales.
Certaines se firent délatrices, indicatrices, livrant aux forces de répression des hommes, des femmes qui furent ainsi arrêtés, emprisonnés, torturés, déportés...
L'intégralité de cet article est diponible en cliquant le lien ci-dessoushttp://clio.revues.org/index519.html
Référence électronique
Françoise LECLERC et Michèle WEINDLING, « La répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation », Clio. Femmes, Genre, Histoire [En ligne], 1 | 1995, mis en ligne le 31 mai 2005,
consulté le 14 décembre 2014. URL : http://clio.revues.org/519 ; DOI : 10.4000/clio.519
Pour citer cet articleFrançoise LECLERC et Michèle WEINDLING,« La répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation »,Clio, numéro 1-1995, Résistances et Libérations France 1940-1945
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Lore" est un film australo-germano-britannique réalisé par Cate Shortland,
L’histoire se déroule au printemps 1945 en Bavière.
Alors que les Alliés sont aux portes du pays et marchent sur Berlin, la famille Dressler se prépare à fuir, détruisant par le feu des documents incriminés.
Et pour cause : le père porte l’uniforme des SS tandis que la mère est une nazie ardente, échevelée, dont l’annonce de la mort d’Hitler l’a plongée dans un état catatonique, allant jusqu’à reprocher à son mari sa lâcheté et sa responsabilité dans l’effondrement du Reich.
Le père abandonne sa famille quand il devient clair qu’ils seront tous deux emprisonnés pour leur rôle dans le régime.
La mère confie à son aînée, Lore (diminutif de Hannelore, incarnée
par Saskia Rosendahl), quelques bijoux et le soin d’emmener ses trois jeunes frères et sa sœur à Hambourg, chez leur grand-mère, pour y trouver refuge (soit une sœur de peut-être 10 ans, deux jumeaux d’environ 6 ans, ainsi qu’un bébé).
Elle lui lègue surtout ce terrible héritage :
« Tu dois toujours te rappeler de qui tu es ».
Après avoir été battue et violée au village, elle disparaît à son tour.
Lore devient de facto chef famille et, sans argent, emmène ses frères et sa sœur dans un long et périlleux voyage de plusieurs centaines de kilomètres afin de rejoindre la résidence de leur grand-mère.
Ils sont rejoints dans leur voyage par un mystérieux jeune homme, Thomas, identifié, d’après ses papiers, comme Juif.
Ce dernier est en mesure de se procurer de la nourriture et devient leur protecteur dans une ironie évidente puisque Lore est forcée de s’appuyer sur lui alors que, toute sa vie, elle a été éduquée à haïr les Juifs, et le film est très subtilement tissé sur cette confusion croissante entre ses préjugés et son attirance à l’égard de ce nouveau compagnon d’infortune ...
"Lore" est un film australo-germano-britannique réalisé par Cate Shortland,
sources
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/
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Partout on dénonce : les lettres anonymes affluent.Un exemple qui donnera le climat : dans le journal France-Libre du 26 août, il est écrit : Il appartient à chaque Français de faire lui-même la police dans son immeuble et dans son quartier et de signaler immédiatement tout suspect aux autorités constituées.
Malheur aux concierges !Le fait de ne pas dénoncer, de cacher un homme en danger peut valoir à son auteur d'être étiqueté « collabo ».La France retrouve ses « tricoteuses » de la Révolution qui veulent voir du sang et des congénères humiliées.Malfrats, gangsters, policiers, avocats, juges… Ceux qui l’ont fait, ceux qui l’ont traqué, ceux qui l’ont défendu ou jugé, racontent pour la première fois le Milieu, de 1945 à nos jours, et ses relations avec le monde politique.Cette série met à jour le fil qui relie la Carlingue (Gestapo française) aux zones de non-droit qui hantent la République aujourd’hui.Ni du côté des voyous, ni dupes du discours officiel, les auteurs entendent décrypter l’engrenage qui a poussé tous ces personnages au bord du précipice et propose une relecture inédite de notre histoire contemporaine.Elle retrouve ses « chauffeurs » qui pillent, rançonnent, torturent.Elle retrouve en certains lieux ses sans-culottes mangeurs de curés.
Dans la Guyenne et le Languedoc, des prêtres sont tués l'un d'eux,en Lot-et-Garonne, eut la langue et les yeux arrachés,puis fut pendu par les pieds jusqu'à ce que mort s'ensuive.Des religieuses accusées d'espionnage sont torturées.La collaboration eut ses gangsters et ses tortionnaires.La Résistance, à son corps défendant, en sécréta aussi.Il y eut de véritables chefs de bande, des étrangers souvent, qui terrorisèrent des cantons (comme Le Coz qui fut fusillé).Ce sont eux qui, soucieux de raffinement, ont tué des hommes sous les yeux de leur famille, exécuté parfois femmes et enfants, massacré des détenus dans les prisons, fusillé des notables comme le docteur Nourrissiat à Saint-Bonnet-de-Joux qui était intervenu auprès des Allemands pour sauver des otages, comme le préfet de la Lozère ou le président du tribunal de Nîmes.
Pour beaucoup, la Résistance est un paravent derrière lequel se masquent de sordides jalousies, à l'abri duquel couvent des appétits douteux : ici c'est une femme que l'on convoite, là ce sont des richesses sur lesquelles ont projette de faire main basse, ailleurs c'est un concurrent, un rival plus heureux que l'on se propose d'abattre.
La vraie Résistance s'efforça de mettre à la raison toute la lie qui s'était levée. Mais dans une telle atmosphère passionnelle, froidement désirée par les communistes et indirectement provoquée par les gaullistes qui voulaient que le peuple se lève, il était difficile que, pendant quelques mois, l'exception ne fût pas de règle.
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