• la tondue de robert capa

     

     

     

    Sur l'une des célèbres photos de Robert Capa, apparaît une proscrite de la Libération pourchassée par la foule pour avoir collaboré avec l'occupant ...

      

    La femme porte un nourrisson dans ses bras.

      

    Le photographe américain a pris, ce 18 août 1944 à Chartres, deux clichés de la malheureuse.

     

    On la voit marchant au milieu d'une multitude de femmes, suivie de quelques fillettes et d'hommes goguenards. Le spectacle n'est pas coutumier.

      

    Il est de ceux, cocasses et cruels, dont les foules sont friandes.

      

    La femme est précédée d'un gendarme.

      

    L'uniforme donne à la scène un semblant de légalité.

      

    Sans doute l'emmène-t-on en prison.

    Un homme porte son baluchon, carré de linge blanc noué hâtivement.

      

    Témoin de cette chasse aux sorcières à la française, le reporter questionne des badauds. Ils ne savent pas si cette femme est accusée d'avoir eu une liaison avec un Allemand ou d'avoir dénoncé des Français qui écoutaient Radio Londres.

      

    Nous penchons pour la première hypothèse, vu l'enfant à son bras.

     

     

     

     

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    Malheur aux vaincus, tel est le mot d'ordre de l'été 44, dans une France tout juste libérée. Il suffit d'avoir eu des contacts, pas forcément intimes, avec des militaires allemands, d'être victime de la délation qui prolifère, pour aller au pilori.

      

    Taxées de collaboration horizontale, des femmes par milliers sont promenées dans les rues, la plupart tondues, quelquefois nues, sous les huées d'une foule haineuse.

     



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    Source : http://www.histoire-en-questions.fr/deu ... ncues.html

    Le lynchage ...



    Cette répression improvisée prend parfois un tour plus tragique. Sans s’embarrasser de scrupules juridiques, certains résistants assassinent des victimes convaincues

      

    – parfois sans preuves matérielles – de collaboration.

      

    Dès la Iibération de Cavaillon, par exemple, un imprimeur qui a travaillé pour les Allemands est passé par les armes.

     

    Dans cette même ville, deux jeunes miliciens sont fusillés le 1er novembre 1944, bien que le préfet et le président du Comité de Libération aient tenté de s’interposer.

     

    Circonstance aggravante, un lynchage a précédé leur exécution.

     

    Dans le Midi, les manifestations de joies ou de colère sont évidemment plus colorées, mais aussi plus cruelles que dans le Nord.

     

     


    A Sarlat, note un témoin, une sorte de folie règne partout.

      

    La contrepartie du régime d'occupation est terrible.

     

    Les femmes qui ont "été" avec les Allemands souffrent le plus.

     

     

    Nues jusqu'à la ceinture, une croix gammée douloureusement tatouée

    ou scarrifiée, sur la poitrine, elles sont promenées dans la ville.

     

    On leur coupe les cheveux à ras. Le cuir chevelu avec, car le sang coule.



    A Perpignan, quatre mille suspects sont soumis à des traitements horribles.

     

     

    L'abbé Niort, de Tantavel, âgé de 65 ans, a le thorax enfoncé et les côtes cassées.

      

    On lui arrache les ongles, les cheveux et des morceaux de chair avec des tenailles.


    Condamné par une cour martiale, on doit lui faire des piqûres pour qu'il tienne jusqu'au poteau.

    Dès qu'il s'effondre, la foule se précipite sur son cadavre.

    Des femmes frappent le mort.

    D'autres urinent sur lui.

    Quelques mois plus tard, l'abbé sera réhabilité à titre posthume.

     

     

     


    A Aix-en- Provence, sur le majestueux cours Mirabeau, les cadavres de trois jeunes miliciens pendus se balancent plusieurs jours.

     

    Dessous, on fait défiler les enfants des écoles.

    Il n'est jamais trop tôt pour apprendre.



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    Source : http://www.histoire-en-questions.fr/deu ... resud.html




    Massacres à Nîmes ...

    A Nîmes, le maître des cérémonies est le commandant Boulestin, de son vrai nom, Teussier, ivrogne notoire qui, jusque-là, vendait des cacahuètes et des lacets dans les rues.

    Il se déplace en voiture sur laquelle il a fait peindre son nom de guerre en lettres énormes.


    Le noyau des F.T.P. de la ville est constitué d'Espagnols rouges, d'Indochinois du Mouvement Ouvrier International et de Russes de l'armée Vlassov qui ont changé de camp.


    L'exploit principal de Boulestin est l'organisation des tueries sur la place des arènes de NÎmes, le 28 août 1944.



    Ce jour-là, il prend livraison de neuf miliciens à la prison populaire. Il les fait aligner les bras levés, puis il organise un défilé à travers la ville.

      

    On jette sur les malheureux des détritus et on les frappe. Un haut-parleur convie les honnêtes citoyens à participer aux réjouissances. Arrivés aux arènes, les suppliciés sont collés au mur.

    Couvrant les cris de la foule, les fusils crépitent. Des énergumènes se précipitent. Ils écrasent les corps à coups de talon.


    Des femmes hystériques trempent leur mouchoir dans leur sang. La scène dure deux bonnes heures.


    C'est là que sera exécuté dans d'atroces conditions, Angelo Chiappe, préfet régional d'Orléans, ancien préfet de NÎmes où, à la Libération, on le réclama.


    A partir du 9 septembre, toujours à Nîmes, une cour martiale juge les suspects par paquets de 20.

    La foule se rue sur les accusés à leur arrivée pour les frapper.

    Ce jour-là, il y a 6 exécutions. Le 11 septembre, on en tue 5 autres, ainsi que le 14 et le 18. On exécute aussi en dehors de cette procédure. On exécute après un simulacre de jugement le président du Tribunal de Nîmes, le préfet de la Lozère, Dutruch, ou le commandant de gendarmerie Brugnère, que l'on réhabilitera ensuite.


    Les corps des victimes sont entreposés dans la cour du lycée avant d'être jetés à la fosse commune. On en dénombre parfois 34 ensemble.



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    Source : http://www.histoire-en-questions.fr/deu ... nimes.html

     

     




    Le petit Godard ...

    A Paris, il y a plusieurs prisons clandestines mais la geôle la plus sinistre est installée à l'Institut dentaire de l'avenue de Clichy, où sévissent d'authentiques truands, tel José Redrossa, et des spécialistes de la torture .

      

    L'un des anciens pensionnaires de l'établissement en a conté les scènes hallucinantes…


    Les F.T.P. ont amené Godard. Godard, c'était le jeune homme qui s'était jeté du second étage, la veille, parce qu'on le torturait trop. Il n'avait que vingt ans.

      

    Mais il avait appartenu à la L.V.F., le petit imbécile.

      

    Et les F.T.P. n'aimaient pas ça. Ils l'ont battu et torturé plusieurs fois, là-haut, au second étage, avec je ne sais quelle science chinoise.

      

    « C'était trop pour ce petit Godard de vingt ans.

    A un moment, sans doute, il n'a pu en endurer plus, de tout son corps d'enfant qui souffrait, qui saignait.


    Il a voulu s'échapper, n'importe comment. Il s'est jeté à travers la fenêtre, emportant au passage du bois, des vitres. Et ils l'ont ramassé en bas, les jambes brisées. Un d'eux l'a rapporté dans la salle, sur son épaule. Et les jambes de Godard lui pendaient dans le dos, comme des choses mortes.

    Ils l'ont jeté sur une paillasse, dans un coin. Il est resté là toute la nuit.

      

    Et ce fut une drôle de nuit.


    Personne n'a pu dormir. Les prisonniers jusqu'au matin ont entendu le petit Godard qui avait voulu fuir la torture et qui n'avait pas réussi. Il a souffert toute la nuit par ses jambes brisées. Il criait de douleur.


    Il appelait sa mère. Ou bien il râlait, longuement, comme s'il allait mourir. Nul ne l'a soigné, puisqu'il devait être fusillé au matin.

    C'eût été du temps perdu. Les F.T.P., parfois, en passant, le traitaient de salaud, et lui ordonnaient de se taire.


    Au matin, donc, ils l'ont amené jusqu'au mur, sur un brancard. Ils ont essayé de le mettre debout, de le faire tenir, tant bien que mal, en l'appuyant au mur, pour le fusiller, selon les règles. Mais le petit Godard s'est aussitôt effondré, sur ses jambes brisées. Alors ils l'ont remis sur le brancard et ils l'ont tué dessus.


    C'est ainsi qu'a fini de souffrir le petit Godard.



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    Source : http://www.histoire-en-questions.fr/deu ... odard.html


    La chasse aux notables ...

     

    La liste serait interminable de ces notables ...assassinés en raison de leur fonction sociale : le général Nadal ; Lacroix, syndic de la corporation paysanne de Haute-Savoie ; Daniel Bedaux, ancien adjoint du général de Castelnau. Le baron Henri Reille-Soult, notable de la Vienne et authentique résistant, est assassiné le 19 octobre 1944.


    En Haute-Savoie, le comte de Sales est abattu en pleine rue, alors que deux gendarmes le conduisent au tribunal. Dans le Puy-de-Dôme, le grand aviateur Jean Védrines est abattu sous les yeux de sa femme et de ses enfants.

      

    Il avait été attaché pendant quelques semaines au cabinet du maréchal Pétain en1940...



    Le comte Christian de Lorgeril, âgé de 59 ans, combattant des deux guerres, est propriétaire d'un vaste domaine et d'un château historique. Sous le prétexte qu'il a toujours professé des idées monarchistes, les F.T.P. l'arrêtent le 22 août 1944. Complètement dévêtu, le malheureux est d'abord contraint de s'asseoir sur la pointe d'une baïonnette.


    Puis les tortionnaires lui sectionnent les espaces métacarpiens, et lui broient les pieds et les mains. Les bourreaux lui transpercent le thorax et le dos avec une baïonnette rougie au feu. Son martyre n'est pas fini.

    Il est plongé dans une baignoire pleine d'essence. Leur victime s'étant évanouie, ils le raniment en l'aspergeant d'eau pour répandre ensuite sur ses plaies du pétrole enflammé. Le malheureux vit encore. Il ne mourra que cinquante-cinq jours plus tard, dans des souffrances de damné.


    Les responsables de ce crime et de bien d'autres, commis notamment sur la personne de détenus à la prison de Carcassonne, seront traduits plus tard devant les juges. Trois furent condamnés à 10, 7 et 5 ans de prison. Les autres furent acquittés. Leurs avocats avaient invoqué les instructions du général de Gaulle comme les défenseurs de miliciens invoquèrent celles de Pétain.



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    Source : http://www.histoire-en-questions.fr/deu ... ables.html

    Madame Polge ...

    Le procès de Mme Polge est un épisode culminant des journées nîmoises.

     

    Cette jeune femme très belle était devenue l'amie du commandant allemand de la place. Beaucoup de Nîmois eurent recours à elle pour arranger nombre d'affaires.

     

     

    Son procès est attendu par la population avec autant d’impatience qu'une corrida. L'accusée est condamnée à être tondue et promenée dans la ville avant d'être fusillée.

    La foule s'acharnera plusieurs heures sur son cadavre qui sera transpercé, de la manière qu'on imagine, avec un manche à balai.



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    Source : http://www.histoire-en-questions.fr/deu ... polge.html

     



    Le salon de l'épicier ...

    Voici le « collabo » jeté dans une pièce qui a dû être le salon de l'épicier.

    S'y trouvent déjà un gendarme portant au front la mention « vendu », tracée à l'encre, un négociant de Marmande dont le visage tuméfié dit le traitement qu'il a da subir, trois dames légères au crâne rasé et un garçon de quatorze ans, qui s'est inscrit aux Jeunes du P.P.F.


    Au cours de la nuit, le « salon » reçoit un nouvel hôte.

     

    Un garagiste de La Réole.

     

    Il a été sérieusement tabassé pour avoir effectué des réparations aux voitures des officiers allemands.

     


    L'un de ses cousins, accusé d'avoir vendu sa marchandise aux occupants, a été, avec sa femme et son fils, collé à un mur et abattu à la mitraillette.

     

     

    Un des gardes-chiourme leur apporte du pain. Ce sera le seul ravitaillement durant les trois jours et les trois nuits passées dans cette première geôle.

     

    Le gardien leur annonce l'arrivée d'une grosse prise.

     

    Un dénonciateur capturé à Nérac. Vous allez entendre ce que vous allez entendre...


    L'homme est enfermé dans la cave. On entend les coups mats de gourdins et de nerfs de boeuf assenés sur son corps nu.

     

    Cela dure des heures.

    Parfois les hurlements cessent. Mais le supplice n'est pas achevé.

     

    De longs râles disent qu'il n'a pas fini de souffrir. Il sera achevé au matin.

     



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    Source : http://www.histoire-en-questions.fr/deu ... icier.html

     

     

     

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    La Bretagne est occupée par l’armée allemande dès le mois de juin 1940.

    Pour assurer le maintien de l’ordre, l’occupant bénéficie de la complicité de l’administration du gouvernement de Vichy mais également de celle de quelques Bretons acquis à l’idéologie nazie. Les opposants au nouvel ordre européen sont incessamment traqués et sévèrement réprimés.

     

    suite : http://enenvor.fr/eeo_edu/la_liberation_de_la_bretagne_et_le_retour_a_la_republique.html

     

     

    L’accueil triomphal des libérateurs témoigne du soulagement de la population. Pourtant, l’euphorie cède rapidement aux règlements de comptes.

      

    Les tensions et les rancœurs nées de quatre années d’Occupation entraînent un nouveau climat de violence en Bretagne.

    Suspectés d’avoir collaboré avec les Allemands, des hommes sont fusillés, des femmes sont tondues et humiliées sur la place publique : c’est l’épuration sauvage.

      

      

     

      

      

    Dans ce contexte particulièrement délicat, les Commissaires de la République administrent le territoire et œuvrent au rétablissement de la légalité républicaine, indissociable de la Libération.

      

    Dès le mois d’août, Victor Le Gorgeu, ancien maire de Brest, est en charge de la région de Rennes, et Michel Debré de celle d’Angers à laquelle est rattachée la Loire-Inférieure. Nommés par le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), ils disposent de pouvoirs élargis pour reprendre plus rapidement en main l’administration.

      

    Ils peuvent ainsi révoquer les fonctionnaires récalcitrants.

     

      

      

    Succédant au Comité français de libération nationale, le GPRF s’installe à Paris dès la fin du mois d’août 1944.

      

    Il se dote rapidement d’organisations exceptionnelles pour juger les collaborateurs : c’est l’épuration légale.

      

    Elle touche aussi bien les personnes physiques que morales.

      

    L’Ouest-Eclair et La Dépêche de Brest sont ainsi interdits et remplacés par Ouest-France et Le Télégramme.

     

    Si la peine de mort est prononcée à de nombreuses reprises, peu d’exécutions sont en réalité ordonnées.

      

    Et pour cause, certains accusés s’exilent dans des pays étrangers pour éviter leur condamnation.

      

    Olier Mordrel, un des fondateurs du Parti national breton se trouve en Amérique du Sud. Célestin Lainé, le père de la Bezen Perrot, est en Irlande …

    Malgré le retour de la légalité, les tensions deumeurent.

      

    De nombreux attentats sont commis, particulièrement dans les Côtes-du-Nord, à l’encontre de ceux qui passent à travers les mailles de la justice. La restauration républicaine est ainsi compliquée par les rancœurs persistantes.

    La démocratie reprend progressivement ses droits avec le retour des élections municipales le 29 avril 1945 (auxquelles ne participent pas les communes des poches), scrutin d’autant plus symbolique que, pour la première fois, les femmes peuvent voter !

      

    La paix retrouvée, la République peut être officiellement rétablie.

      

    Les Français sont alors invités à donner leur avis sur la nécessité de mettre en place une nouvelle constitution lors d’un référendum organisé le 21 octobre 1945: 98 % des Bretons (la moyenne nationale étant de 96,4 %) se prononcent favorablement. Pendant près d’un an, le débat démocratique renaît en France et, le 27 octobre 1946, le GPRF cède la place à la IVe République.

     

     

     Yves-Marie EVANNO

    http://enenvor.fr/eeo_edu/la_liberation_de_la_bretagne_et_le_retour_a_la_republique.html

     

     

     

     

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    1944-1945 : la Libération par le sexe ?

    1944-1945 : la Libération par le sexe ?

     

    le 15 juin 2013

    C’est l’une des pages sombres de la Libération de la France qui demeura longtemps un tabou. Il a fallu attendre longtemps avant que des historiens n’ouvrent le dossier – et encore étaient-ils pour la plupart américains, tel J. Robert Lilly

     

    (Taken by Force: Rape and American GIs in Europe during World War II) qui fit un certain bruit en France mais eut du mal à trouver un éditeur américain car il impliquait une “trop” grande proportion de noirs parmi les fauteurs. (publié en France en 2003, il ne paraîtra qu’en 2007 aux Etats-Unis). On l’aura compris, il s’agit du comportement des troupes alliées après leur débarquement en Normandie.

      

    Tous les libérés n’ont pas conservé un souvenir égal des libérateurs.

      

    Une étude paraît ces jours-ci aux Etats-Unis qui enfonce le clou en osant présenter des GI’s comme des « bandits », voleurs, pilleurs et violeurs :

      

    What Soldiers Do: Sex and the American G.I. in World War II France (University of Chicago Press). Son auteur Mary Louise Roberts enseigne l’histoire de France à l’université du Wisconsin (Madison). Elle en avait déjà donné un avant-goût fortement teinté d’esprit « gender » il y a plusieurs années dans une analyse déconstruisant les photos de GI’s accueillis par des baisers, et la situation de ce photojournalisme dans le registre de la propagande.

     

      

      

    A partir de recherches dans des sources de première main qui ont été manifestement peu consultées, et en tout cas rarement croisées avec des données analogues américaines, elle assure que la libération de la France a été “vendue” aux GI’S davantage comme une expédition érotique que comme un combat pour la liberté ;

      

    on conçoit dès lors que, dans certains endroits, leur passage ait été vécu comme une seconde offense à la dignité et à l’honneur par un certain nombre de Françaises.

      

    Une vision des choses assez féministe qui tranche avec l’épopée virile, héroïque et immaculée le plus souvent présentée au public ;

      

    l’éditeur s’attend d’ailleurs à ce que celui-ci reçoive le livre moins bien que les historiens. En examinant le matériel de propagande militaire à destination des soldats, l’historienne n’en croyait pas ses yeux :

      

    la France y était parfois évoquée comme une maison de tolérance habitée par 40 millions d’hédonistes ! Une boutade courait alors la Normandie :

      

    »Avec les Allemands, les hommes devaient se camoufler. Quand les Américains sont arrivés, il a fallu cacher les femmes ». Interview.

     

    La République des livres : Qui et de quelle manière dans l’US Army a vendu aux soldats la Libération comme une escapade exotique et sentimentale ? Dans quel but ?

     

    Mary Louise Roberts :

      

    « C’est en lisant la collection du journal Stars and Stripes que j’ai découvert comment l’armée américaine présentait la Libération comme une expédition sexuelle. Il s’agissait après tout du plus important des journaux militaires, produit par l’armée américaine et largement lu par les GI’s en France. C’était pour l’essentiel un outil de propagande ; un simple coup d’œil à ses pages suffisait à comprendre qu’on leur vendait une campagne militaire comme une bonne occasion de s’envoyer à l’air avec des Françaises. Il n’avait pas été difficile de motiver les soldats pendant la guerre du Pacifique car le Japon avait attaqué leur pays ; ça l’était beaucoup plus sur le théâtre européen, et le sexe était un bon moyen d’y parvenir.

     

    RDL : Qu’est-ce qui vous a poussé à focaliser vos recherches sur la dimension, disons, « sexuelle » de la Libération, si toutefois ce terme vous paraît adapté s’agissant de crimes tels que des viols ?

     

    M.L. Roberts : Pendant que j’effectuais des recherches pour mon livre, j’ai été convaincue que tout ce qui touchait à la question sexuelle, principalement la prostitution et le viol- était une question pivot dans les rapports conflictuels entre les autorités locales (maires, préfets, etc) et l’armée américaine dans le nord de la France.

      

    Dès lors je voulais montrer qu’on ne pouvait se contenter de décrire leur comportement sexuel sur le mode « ce que les soldats ont fait » mais que cela avait joué un rôle dans la négociation du pouvoir entre les deux nations. Sur ce point, j’ai été principalement influencée par Michel Foucault, notamment la notion qu’il a développée selon laquelle le sexe est une question cruciale dans la relation et le transfert de pouvoir entre les gens.

     

    RDL : Quelles typologies et catégorisations de sexualité avez-vous effectuées ?

     

    M.L. Roberts : Je me suis concentrée essentiellement sur les relations hétérosexuelles entre les GI’s et les Françaises. Je n’ai pas pu trouver que des sources superficielles concernant les homosexuels.

      

    J’ai donc construit mon livre autour de trois types, chacun en relation avec le sexe :

    l’amour, la prostitution et le viol.

     

    RDL : Votre recherche a-t-elle un quelconque rapport avec l’esprit des « gender studies » (études sur le genre et les inégalités entre les sexes ?

     

    M.L. Roberts : Etant une « gender historian », je m’intéresse à la manière dont la norme du genre structure (et est structurée par) les relations de pouvoir.

     

    RDL : Le politiquement correct a-t-il influencé jusqu’à présent la vision des historiens sur cette question s’agissant de la surreprésentations des soldats noirs dans les viols ?

     

    M.L. Roberts : Non, je ne crois pas que le silence qui a couvert les accusations de viol ait été causé par le politiquement correct.

     

      

    RDL : Il semble que les archives municipales du Havre vous aient été essentielles. Lesquelles précisément et en quoi vous ont-elles révélées des informations qui n’étaient pas ailleurs ? Et que vous a apporté la consultation des archives américaines ?

     

    M.L. Roberts : Le plus important, ce fut les Archives municipales de la ville du Havre, les Archives départementales de la Marne, les Archives départementales et du patrimoine de la Manche, ainsi que les archives nationales américaines de College Park, Maryland. Côté français, j’ai trouvé des rapports de préfets, des lettres échangées entre entre officiels frnçais et américains, des dossiers de justice et des rapports de police.

      

    A partir de là, j’ai appris qu’il y avait eu un grand nombre de cas de mauvaise conduite chez les GI’s (vols, attaques, accidents de voitures, viols etc) ; je ne crois pas que leur niveau ait été une nouveauté aux yeux des Français dans les villes où se trouvaient des forces américaines, et même aux yeux des Français en général ; mais c’est nouveau pour les lecteurs américains, à qui on a toujours présenté une vision propre et épurée de la campagne militaire en Normandie.

      

    J’ai été non pas le premier mais l’un des premiers chercheurs à consulter ces documents depuis leur ouverture en 2005 ; ils sont corroborés par les dossiers sur la violence sexuelle de GI’s trouvés aux National Archives. Le plus important d’entre eux est le rapport Lineman qui raconte en détail une enquête sur les efforts du général Gerhardt pour monter un bordel en Bretagne.

      

    A ma connaissance, ce document, longtemps recherché, n’avait jamais été retrouvé. J’ai pu également obtenir grâce au Freedom of Information Act les transcriptions de quinze procès en cour martiale de soldats américains accusés de viols.

     

    RDL : Les résultats de votre recherche concernent-ils la France ou la région du Havre ?

     

    M.L. Roberts : Ils concernant tout le nord de la France, en débordant car mes recherches touchent aussi bien la Normandie, la Marne, la Bretagne que Paris.

     

    RDL : Un éditeur français doit-il publier votre livre?

     

    M.L. Roberts : Plusieurs éditeurs sont actuellement penchés dessus.

     

    RDL : Votre recherche modifie-t-elle votre vision de la Libération ?

     

    M.L. Roberts ; Oui. Ce fut beaucoup plus compliqué que je ne le croyais… »

     

    Cela dit, les troupes des autres pays ne sont pas en reste.

     

    On sait déjà par différentes études que l’Armée rouge n’a pas été la seule à laisser un souvenir atroce aux Allemandes.

     

    Les troupes françaises aussi, précédées par la légende noire attachée aux éléments de l’armée d’Afrique (goumiers marocains, tirailleurs sénégalais etc) que la propagande allemande annonçait comme étant coutumiers d’une grande sauvagerie.

      

    En Italie également :

      

    La Peau de Curzio Malaparte s’en fait l’écho dans le sud du pays ; et dans son adaptation à l’écran, Liliana Cavani met en scène la prositution des enfants affamés dans des images insoutenables qui déchainèrent la polémique du côté de Naples.

      

    On en aura une idée plus précise à la rentrée (16 septembre) avec le livre de Julie Le Gac Vaincre sans gloire. Le corps expéditionnaire français en Italie (novembre 1942-Juillet 1944) (500 pages, 27 euros, Les Belles Lettres).

      

    L’historienne y étudie le comportement des troupes sous le commandement du général Juin.

      

    A propos des batailles de Monte Cassino et du Garigliano, qui ont permis la libération de Rome, le livre propose

      

    « une analyse renouvelée des nombreux viols et pillages perpétrés à l’encontre des civils italiens qui ternirent les victoires remportées. Dépassant les explications trop souvent manichéennes des historiographies française et italienne, il souligne la pluralité des facteurs ayant provoqué ce déferlement de violence »…

     

     

    (Photos US Signal Corps)

    Cette entrée a été publiée dans Histoire.
     
    sources
    http://larepubliquedeslivres.com/1944-1945-la-liberation-par-le-sexe/
     
     
     
     
     
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    Quand il s’agit d’évoquer la Libération, curieusement, ce sont toujours les mêmes images qui me viennent à l’esprit.

     

    Les scènes de liesse populaire, les défilés de résistants paradant dans les rues des villes et des villages libérés, les cérémonies patriotiques, les drapeaux suspendus dans les rues, les bals et les flonflons sur les places publiques… les tontes des “collaboratrices”.

     

    La nature de cette accusation constitue un premier clivage entre les sexes, relatif quand les accusations de dénonciation, de collaboration économique ou politique touchent femmes et hommes de manière similaire, marqué pour les accusations de relations sexuelles uniquement reprochées aux femmes.

     

    La Libération de la France a été une période complexe où se mêlèrent joie et enthousiasme pour certains mais aussi crainte et tristesse pour d'autres.


    Pour cimenter cette joie collective, un exutoire commun permet d'exprimer ces retrouvailles : s'en prendre aux collaborateurs, aux prisonniers allemands, à tous ceux qui ont eu des comportements jugés indignes.


    Parmi ceux-là, les femmes qui ont eu des relations affectives avec des soldats allemands seront tondues dans le meilleur des cas...


    Pour la plupart d'entre elles, c'est presque toujours la même histoire, celle d'une France occupée dans laquelle des jeunes filles, par insouciance ou inconscience, franchissent les interdits et commettent l'impensable : le délit d'adultère avec l'ennemi de la Nation.

     

     

     

    La France sera "virile ou morte".

     

    C'est à partir de cette phrase que l'historien Fabrice Virgili fonde son étude sur les tontes des femmes entre 1943 et 1946.

     

     

     


    Cette pratique fut tristement et pourtant massivement répandue sur l'ensemble du territoire français de 1943 à 1946.

     

     

    Les femmes tondues sont les femmes qui ont subi, à l'issue ou lors d'un conflit majeur, diverses humiliations, dont la tonte de leur chevelure, de la part de compatriotes indignés de leur comportement, généralement des relations intimes volontaires avec les soldats ennemis.

     

    La nature de cette accusation constitue un premier clivage entre les sexes, relatif quand les accusations de dénonciation, de collaboration économique ou politique touchent femmes et hommes de manière similaire, marqué pour les accusations de relations sexuelles uniquement reprochées aux femmes.La "collaboration horizontale" est vécue, dans le prolongement de l'adultère à la Nation, comme une véritable souillure dont est victime le pays. C'est le corps de Marianne qui en est à la fois l'auteur et la victime. Un avocat, dans une forme de justice particulière aux Cours martiales, peut ainsi réclamer "une punition de rigueur (pour sa cliente, coupable) d'avoir déshonoré la femme française".

     

    Le caractère sexué de la collaboration relève un discours spécifique qui reflète l'image d'une femme incapable d'agir de sa propre initiative.

     

     


    Soit qu'elle suive l'homme avec qui elle partage sa vie (les femmes de collaborateurs sont autant condamnées que leurs maris), soit qu'elle se conforme à une nature jugée insouciante, irresponsable, cupide ou immorale.


    Ce sont les explications avancées par certains tribunaux pour expliquer les actes des collaboratrices.

     

    Les "faiblesses du sexe faible" participent à la représentation des collaboratrices.

     

    La tonte est une sanction de faits sans gravité.

     

    Les relations sexuelles avec les Allemands n'influent en rien sur le cours des événements.


    C'est un acte symbolique de rupture avec l'ennemi qui produit sa propre image.


    Elle devient peu à peu le châtiment unique et exclusif des relations avec les Allemands et la marque provisoire d'une culpabilité sexuelle.
    La coupe de cheveux n'est pas le châtiment d'une collaboration sexuelle mais le châtiment sexué d'une collaboration.

     

     

     

     

    Dans sa thèse, Fabrice Virgili, recense le nombre de tontes et leur périodicité.


    20 000 femmes furent tondues entre 1943 et 1946, mais seulement la moitié

    fut accusée de "collaboration horizontale".

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    Un tiers pour les femmes détenues, c'est à dire ayant eu des

    relations sexuelles avérées ou non avec l'ennemi.

     

    Les femmes tondues sont les femmes qui ont subi, à l'issue ou

    lors d'un conflit majeur, diverses humiliations, dont la tonte de leur

    chevelure, de la part de compatriotes indignés de leur comportement,

    généralement des relations intimes volontaires avec les soldats ennemis.

     

     

     

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