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    Aéro-Bank 1941

     

     

    L'Aéro-Bank fut fondée à Paris le 2 octobre 1941, sous la forme d'une société anonyme française au capital de 200 millions de francs par la Bank der Deutschen Luftfarth. Celle-ci détenait 199.400.000 frs du capital qui fut porté à 300 millions en décembre 1943. Le siège social était 3, rue Scribe, Paris IX".

     

    Le Conseil d'administration était composé comme suit :

    Fritz Rudorf Président
    Cari Schaefer Reichskommissar auprès de la Banque de France, vice-président
    Walther Dûring Administrateur
    Ernst-Robert Harcke Administrateur


    En vertu des statuts, le président Rudorf qui était aussi président du Conseil d'administration de la Bank der Deutschen Luftfahrt, à Berlin avait la responsabilité de la gestion de la Société.

     

    En fait il déléguait tous ses pouvoirs au directeur général Walther Winkler, assisté d'un directeur Georg Rogalski.

    Dûring et Harcke étaient également administrateurs de la Bank der Deutschen Luftfahrt, mais le premier demeurait constamment à Berlin cependant que le second assurait la liaison entre Berlin et Paris. Un sous-directeur, Johannès Winkler, prokurist de la Bank der Deutschen Luftfahrt fut adjoint à la direction de Paris en 1943.

    Quatre mandataires se partageaient les diverses sections de la Banque :

    Engel (Suisse) la section lettres de crédit ; Obertufer (Suisse), la section Caisse, Dépôts, Effets ; Langer et Jûrg (Allemands), la section Crédit, que dirigeait plus particulièrement Rogalski.

     

    L'activité essentielles de l'Aero-Bank consistait :

    A faire des avances aux entreprises françaises ou aux entreprises allemandes, ayant leur siège à Paris, sur production d'avis de versement de RM. au clearing franco-allemand par les entreprises allemandes ayant transféré des commandes ;
    A octroyer des crédits aux entreprises allemandes ayant leur siège à Paris, sur ordres de crédit de la Bank der Deutschen Luftfahrt ou d'autres banques allemandes :
    A octroyer des crédits normaux aux entreprises françaises d'aviation, comme S.E.C.M. (Amiot) et S.N.C.A. Sud-ouest ;


    A faire des avances aux entreprises françaises travaillant avec des firmes allemandes sur le vu des factures françaises reconnues par le représentant à Paris des firmes allemandes ;


    A faire des avances sur les engagements des services officiels allemands.


    Lorsque les délais de la poste ou du clearing n'amenaient pas un gonflement momnetané des crédits, leur importance était à peu près la suivante, aux termes d'une déclaration du directeur Rogalski.

    Avances sur avis de versements au 50.000.000 clearing
    Crédits sur ordre allemands 450.000.000
    Crédits aux entreprises d'aviation et 500.000.000 avances en excédent de crédits
    Avances sur factures certifiées 300.000.000
    Avances sur engagements officiels 150.000.000


    Total 1.600.000.000

    La banque avait toujours de très importantes réserves liquides (341 millions au bilan du 31 décembre 1943) ou immédiatement mobilisables (2.190 millions de bons du trésor à la même date). Les dépôts qu'elle recevait n'était pas toujours volontaires, il est vrai.

     

    Le directeur Rogalski se souvient que le Dr Schaefer et le directeur général Winkler se firent livrer les avoirs des banques anglo-américaines (Feindbanken) malgré l'opposition du séquestre allemand de celles-ci, Câesar, qui dût céder à l'intervention du vice-président de la Reichsbank, Lange, également administrateur de la Bank der Deutschen Luftfahrt.

     

    Ces avoirs furent d'ailleurs restitués sur la demande de Caésar, lorque l'Aero-Bank réussit à se faire confier les 1.750 millions de francs de la Treuhand-und Revisionsstelle auparavant déposés auprès du Militârbefehlshaber in Frankreich.

     

    Là encore Berlin intervint et Rogalski note des discussions non amiables (erhebliche Kàmpfe) entre Berlin et le Militârbefehlshaber, qui dut finalement s'incliner.

    Selon Rogalski, ces précautions étaient assez inutiles étant donné le très court termes de la plupart des avances consenties par la Banque. De son côté l'ELBAG (Luftfahrt AG), la ROGES et le Rustungskontor entretenaient des comptes courants créditeurs importants, atteignant respectivement au 31 mars 1944, 63, 337 et 552 millions de francs.

     

     

     

    L'ELBAG avait en outre consenti un prêt à échéance fixe de 101,7 millions à la même date. En outre l'Aéro-Bank disposait d'un crédit courant de 400 à 600 millions de francs auprès de l'Office des changes.

     

     

    Ce dernier avançait en effet des fonds à l'Aéro-Bank sous la seule condition que les fonds soient remboursés si, dans les 14 jours ou dans les 4 semaines, celle-ci ne pouvait présenter les documents prouvant l'exportation.

     

     



    De son côté, l'Aéro-Bank créditait les bénéficiaires en comptes bloqués (Sperrkonten) s'il s'agissait de particuliers, ou en comptes réservés (Vorbehaltskonten) s'il s'agissait d'autres banques.

     

     

    Lorsqu'aux mois de juillet et d'août 1944 les perturbations du trafic postal et des virements par le clearing attinrent leur maximum, cependant que les sommes virées atteignaient elles aussi des montants très élevés, et que la tenue de la comptabilité de la banque était entravée par le manque de courant électrique, le montant des avances sur avis de versement au clearing devait approcher selon Rogalski 1.200 millions de francs.

     

     



    La banque avait à l'époque de 400 à 600 millions de francs de factures qui, après vérification par l'office des changes devaient libérer une somme correspkndante sur les comptes bloqués, de ses clients, car il s'agissait de clients bénéficiant tous soit de crédits, soit d'avances sur avis de versement au clearing.

     

     

    Les crédits documentaires, la banque avaient une moyenne constante de 300 lettres de crédit en portefeuille, n'étaient accordés, conformément aux prescriptions de l'Office des Changes, que lorsque l'Aéro-Bank avait la couverture nécessaire, ou sur confirmation du crédit par une autre banque allemande.

     

    Selon Rogalski, l'Aéro-Bank n'a jamais acheté ni vendu de valeurs mobilières.

     



    Elle a seulement pris en garde les valeurs des Juifs qui lui furent remises par les banques françaises sur les ordres de l'administrateur allemand des biens juifs auprès du Militârbefelshaber, Ferdinand Niedermeyer.

     

     

    La plus grande partie de ces valeurs fût emportée en juillet 1944 par deux officiers du Militârbefehlshaber, sur l'ordre de Niedermeyer, vraissemblablement pour être transférée en Allemagne.

     

     

    L'autre partie fût déposée à la Société Générale au nom de Niedermeyer pour être vendue.

     

     

    Les dirigeants de l'Aéro-Bank quittèrent Paris le 17 août 1944 pour Nancy où la banque fut inscrite au Registre du Commerce.

     

    La comptabilité ainsi qu'un certain nombre de caisses déposées dans la salle des coffres de l'Aéro-Bank par la ROGES au nom de Niedermeyer et contenant des objets en or furent laissés à Paris sous la garde des mandataires.

     



    Un avoir estimé à 1.300 millions de francs par Rogalski avait été laissé à la Banque de France et à la Société Générale pour le remboursement des sommes en comptes bloqués n'appartenant pas à l'Aero-Bank et pour le payement des lettres de crédit confirmé. Tous les créditeurs français avaient été priés de retirer leurs dépôts.

     

    Après le départ de la direction allemande les mandataires devaient rembourser par chèque sur la Banque de France les dépositaires qui ne s'étaient pas présentés à ses guichets.

     

    Il ne restera à la Libération que 25 millions de francs appartenant à des entreprises françaises sous séquestre allemand.

     

    La Reichskreditkasse Paris qui était partie de nuit avant l'Aero-Bank transporta à Nancy, puis à Berlin un avoir de 800 millions de francs appartenant à celle-ci.

     

    En outre Rogalski emporta 10 millions de francs pour couvrir les frais de repli.



    Après payement de ceux-ci, de divers traitements et quelques mouvements de comptes à Nancy, il lui restait au départ de la France 6,7 millions de francs qui furent remis à Berlin à la Bank der Deutschen Luftfahrt pour le compte de la Reichsbank fonctionnant comme office des devises (Devisenstelle).

     

     

    La Deutsche Treuhand und Revisionsgesellschaft devait vérifier les comptes de l'Aero-Bank à Nancy, mais n'a pas eu le temps de le faire. L'Aero-Bank n'a fait aucun trafic d'or, de devises ou de marchandises selon Rogalski ; elle n'a eu de rapports directs avec aucun trafiquant de marché noir.

     

    Les fonds qui passaient par l'Aero-Bank provenaient en majeurs partie du Clearing ; 25% du chiffre d'affaires de ce dernier semble être passés par l'Aero-Bank.

     



    Celle-ci a reçu en outre des chèques sur la Banque de France (au nom du Général-Luftzeugmeister et d'autres services officiels allemands notamment) et a bénéficié de virements de la Banque de France ou de la Reichskreditkasse.

     

     

    L'Aero-Bank investissait l'excédent de ses disponibilités en Bons du Trésor. Lorsque les temps devinrent incertains, et que le fonctionnement de la Reichskreditkasse présenta des défaillances, l'Aero-Bank déposa ses fonds à la Banque de France puis retourna à la Reichskreditkasse lorsque le danger s'accrût. Se Ion Rogalski, le Dr Schaefer avait alors décidé avec le Dr Schulte, directeur de la Reichskreditkasse, de créer un clearing Berlin-Nancy, et par suite l'encaisse en Francs de l'Aero-Bank fut laissé à la Reichskreditkasse qui devaît être l'élément française du clearing.

     

     

    Rogalski estime de la façon suivante le bilan de l'Aero-Bank à Nancy

    (en millions de francs) :

     

    Actif

    Banque de France et Société Générale

    1.300 Reichskreditkasse

    800 Bons du Trésor Paris 400

    Débiteurs 2.600


    Passif

    Office des Changes 1.200
    Créditeurs allemands 1.700
    Treuhands und Revisionsstelle 1.800
    Capital & réserves 400

     

     


    A leur arrivée à Berlin, le président Rudorf fit nommer le Dr Schaefer administrateur de l'Aero-Bank par le commissaire allemand aux biens ennemis, Rogalski lui fut adjoint, mais ne reçut qu'un simple pouvoir pour signer la correspondance, sans disposer du droit de conclure des contrats.

     

    Il procéda à diverses opérations de régularisation avec les débiteurs allemands de la banque, opérations qui conduisirent à la situation suivante (en millions de francs) :

    Versements à la Deutsche Verrechnungskasse, non  parvenus à Paris 585
    Versements destinés au clearing bloqués par la Bank der Deutschen Luftfahrt 144
    Sommes bloquées par la Bank der Deutschen Luftfahrt et cédées à l'Aéro-Bank 37
    Versement au compte de l'administrateur allemand de l'Aéro-Bank, auprès de la Bank der Deutschen Luftfahrt 16

     


    Montants disponibles auprès de banques ou d'entreprises industrielles 541
    Versement au compte créditeur 1775 de Paris, qui devait être soldé par le Ministère de l'Air du Reich 59

     


    créances non douteuses sur des services officiels allemands 19
    Créances sur des grosses entreprises comme Deutche Waffen, Bosch, BMW d'après les factures reconues 234


    Soit un total de 1629 millions

    A noter que le compte 1775 susvisé (Konto Nr 1775, General-Luftzeugmeister fur Frontreparaturen) était alimenté uniquement sur les frais d'occupation par virement de la Banque de France ou de la Reichskreditkasse (25 millions à chaque fois).

     

    Ce compte servait à payer les entreprises françaises effectuant des travaux de réparations pour la Luftwaffe.

     

    Le personnel dirigeant à disparu à l'exclusion de Georg Rogalski.

     

    Rudorf a été arrêté par les Russes, le directeur général Winkler, qui était officier de réserve de la Luftwaffe fut emprisonné par les Anglais ; le sous directeur Winkler est mort à Berlin avant la capitulation.


     


     

     
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    sacha guitry
     
     
    SACHA GUITRY - Accusé et disculpé
     
     
     
     
    Bientôt Tristan Bernard intercède auprès du juge d'instruction en faveur de celui qui l'a sauvé en 1943.
     
    Le 24 octobre 1944, deux mois après son arrestation, Sacha Guitry est libre. Le 8 août 1947, le commissaire du gouvernement rend une décision de non lieu, rien n'ayant été trouvé au cours de l'enquête et beaucoup d'accusations ayant été reconnues comme fausses.
     
     
    ----------------------
     
     
    Le 23 août 1944 à 10 heures du matin Sacha Guitry est arrêté à son domicile par deux hommes armés.
     
    On ne lui laisse pas le temps de s'habiller et on l'entraîne dehors.
     
    Pour un spectacle, c'est un spectacle !
     
     
    L'auteur dramatique se décrira lui même: Mon pyjama se compose d'un pantalon jaune citron et d'une chemise à larges fleurs multicolores. Je suis coiffé d'un panama exorbitant, et quant à mes pieds, qui sont nus, ils sont chaussés de mules de crocodile vert jade.
    Il est conduit ainsi vêtu, par les rues, jusqu'à la mairie du VII" arrondissement où il est brièvement interrogé dans la cellule 117. Ce 23 août commencent les épreuves de Sacha Guitry en prison et ses démêlés avec la justice.
     
    Il racontera d'ailleurs tout cela dans un ouvrage édité en1949 qui s'intitule Soixante jours de prison et qui succède à Quatre ans d'occupations paru en octobre 1947.
     
    On l'accuse d'antisémitisme lui qui, dénoncé par le Pilori, est obligé de se disculper de l'être alors même
     
    qu'il vient en aide à des amis juifs.
     
     
    arrestation de Sacha Guitry à la liberation
     
    De là à l'arrêter... Depuis 1942, Radio Londres et les journaux de la Résistance font circuler des listes noires de collaborateurs.
     
     
     
     
    Dans l'un de ces journaux, Guitry est condamne a mort.
     
    L’époque de souffrance se prête à la revanche.
     
    Le seul fait d'avoir fréquenté l'ennemi est considéré comme suspect.
     
    Guitry ne peut nier ses fréquentations et tous les arguments développés dans ses livres de souvenirs écrits après l'occupation ne peuvent occulter certains faits accomplis au moment où des hommes et des femmes mouraient sous la torture, les balles et la hache,dans des camps.
     
     
    Pendant l'Occupation, Sacha Guitry ne va pas manquer d'occupations et ce sont elles qui vont le mener, en fonction de l'interprétation qu'on leur donne, au respect ou au déshonneur.
     
    Lorsqu'il arrive à Paris il fait des démarches auprès
    du préfet Jean Chiappe et du recteur de l'Académie de Paris chargé des affaires culturelles pour obtenir la réouverture des théâtres, et il reprend dans son théâtre de la Madeleine une pièce créée en 1919 : Pasteur.
     
    Le voilà aux prises avec les autorités allemandes qui, devant le nationalisme de la pièce, veulent la censurer.
     
    Encore une fois des démarches.
     
    Encore une fois il obtient gain de cause.
     
    L'homme est habitué aux succès.
     
    Il n'a connu que la gloire.
     
    Tout cela lui paraît naturel.
     
    Tout au long de la guerre, les interventions, les sollicitations auprès des Allemands vont se succéder.
     
     
    Sacha en a les moyens, il a l'impunité des gens célèbres, il a les relations et les occasions ne manquent pas.
     
    A la prison de la Santé, il est enfermé dans la cellule 42 avec ex-ministre de l'Education de Pétain.
     
    Prisonnier, il subit menaces, insultes et aussi... demandes d'autographes. Pour qui est habitué au confort de l'hôtel particulier, la promiscuité, la saleté, le manque d'hygiène...tout cela n'est pas très réjouissant.
     
    Le prisonnier reçoit quelques colis apportés par son chauffeur.
     
     
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  • La chasse aux notables ...

     

     

    La liste serait interminable de ces notables

    ...assassinés en raison de leur fonction sociale :

     

    le général Nadal ;

    Lacroix, syndic de la corporation paysanne de Haute-Savoie ;

    Daniel Bedaux, ancien adjoint du général de Castelnau.

     

     

    Le baron Henri Reille-Soult, notable de la Vienne

    et authentique résistant,

    est assassiné le 19 octobre 1944.

     

     


    En Haute-Savoie, le comte de Sales

     

    est abattu en pleine rue, alors que deux gendarmes

    le conduisent au tribunal.

     

     

     

    Dans le Puy-de-Dôme, le grand aviateur Jean Védrines est abattu sous les yeux de sa femme et de ses enfants.

     

     

    Il avait été attaché pendant quelques semaines au cabinet du maréchal Pétain en1940...

     

     



    Le comte Christian de Lorgeril, âgé de 59 ans,

    combattant des deux guerres,

    est propriétaire d'un vaste domaine et

    d'un château historique.

     

    Sous le prétexte qu'il a toujours professé des idées monarchistes, les F.T.P. l'arrêtent le 22 août 1944.

     

    Complètement dévêtu, le malheureux est d'abord contraint de s'asseoir sur la pointe d'une baïonnette.

     


    Puis les tortionnaires lui sectionnent les espaces métacarpiens, et lui broient les pieds et les mains.

     

    Les bourreaux lui transpercent le thorax et le dos avec une baïonnette rougie au feu.

     

    Son martyre n'est pas fini.

     

    Il est plongé dans une baignoire pleine d'essence.

     

    Leur victime s'étant évanouie, ils le raniment en l'aspergeant d'eau pour répandre ensuite sur ses plaies du pétrole enflammé. Le malheureux vit encore.

     

    Il ne mourra que cinquante-cinq jours plus tard, dans des souffrances de damné.

     


    Les responsables de ce crime et de bien d'autres, commis notamment sur la personne de détenus à la prison de Carcassonne, seront traduits plus tard devant les juges.

     

    Trois furent condamnés à 10, 7 et 5 ans de prison.

     

    Les autres furent acquittés.

     

    Leurs avocats avaient invoqué les instructions du général de Gaulle comme les défenseurs de miliciens invoquèrent celles de Pétain.

     

     

    la République ???!!

     

     

     

     

     

     

     

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  • Guérir l’homosexualité,

    le projet fou de Carl Vaernet

     

    guérir l'homosexualité

     

     

    Il y a quelques mois, j’ai reçu le livre « Les guérir » d’Olivier Charneux, sur Carl Vaernet. Le mec est danois, père de famille et médecin. Spécialisé dans les hormones, il va devenir le copain d’Himmler et va tenter de guérir l’homosexualité àBuchenwald, le camps de concentration. Découvrez son histoire…

    Carl Vaernet, le médecin danois

    Carl Vaernet est issu d’une famille d’agriculteurs du Jutland. Au Danemark. Tous les fils se sont partagés les terres, mais Carl, lui, ça ne l’intéresse pas. Il veut faire des études. Il veut être médecin. Après de longues et périlleuses disputes avec son père et quelques années d’études, il y parvient. Il est brillant et installe son cabinet de consultation à Copenhague. Loin de sa famille, des chevaux et du purin. Ça pue le purin. Carl s’est créé un beau réseau à la fac, parmi ses meilleurs amis, on peut noter Frits Clausen, le mec va être à la tête du parti nazi danois. Ah bin c’est classe hein, y’a pas à dire.

    Carl Værnet

    Ça marche bien pour Carl, il a des copains, du boulot, du fric et de nombreux soutiens, mais aussi une famille : de sa première épouse, il va avoir trois enfants. Et de la seconde : deux garçons. Le problème, c’est que Gurli, sa deuxième épouse va devenir un peu alcoolique. Beaucoup en fait. Elle ne gère pas très bien la mondanité, le champagne, puis la faillite et le départ en Allemagne de toute la famille. 

    L’arrivée en Allemagne de Carl Vaernet

    Eh oui, la famille va finir par s’exiler. Au Danemark, c’est assez moche, il y a les nazis et les résistants, et pour son business, Carl Vaernet a tout intêret à partir se mettre à l’abri du coté des nazis. Vu que personne ne pipe un mot d’allemand, la fille du premier mariage de Carl Vaernet, Aase, va les accompagner et va servir d’interprète durant quasiment tout le projet pour guérir les homosexuels.

     

    A Berlin non plus la vie n’est pas douce, ça bombarde à tout va. Personne n’est à l’abri. Rapidement, le médecin, Gurli et les gosses sont envoyés à Prague.

     

    Près de Buchenwald.

     

    Soit disant la vie est pépouz là-bas. Lol.

     

    Pendant que son épouse termine de devenir complètement ivrogne, Carl cherche des financements pour ses capsules d’hormones.

     

     

    Personne ne veut investir. Faut dire que c’est pas courant, et pourtant, pour Carl Vaernet, c’est la seule possibilité.

     

    Il faut implanter des capsules qui libèrent de la testostérone dans le corps des malades pour guérir les homosexuels. Ouais, bonne ambiance.

     

     

     

    tours

     

     

     

    Il se trouve que ce projet plaît tout particulièrement à Himmler (depuis le début je dis que ce mec est grave cinglé), il veut faire entrer Carl Vaernet dans le milieu nazi, la Waffen-SS et dans les camps afin de faire quelques expériences sur les homosexuels emprisonnés.

     

    C’est vrai, à les avoir sous la main, autant les torturer. Ça va être le cas à partir de juin 1944.

    Les expériences à Buchenwald pour guérir l’homosexualité

    Avant même l’arrivée de Carl Vaernet dans les camps, l’idée de guérir l’homosexualité fait partie des priorités de Himmler. C’est comme ça, il peut pas saquer les PD, ils vont à l’encontre de la prolifération aryenne alors ça l’emmerde. Il alterne entre : les tuer ou tenter de les soigner. Concrètement, rien de bon quoi. Plusieurs techniques ont déjà été mises en place, on peut parler de la lobotomie, de la stérilisation et plus radicalement : la castration. C’est sûr, les homosexuels sont homosexuels à cause de la bite. Tu la leur coupes et direct ils veulent se taper une gonzesse. Ça tombe sous le sens. Bref, ça leur permet au moins de se dire que ceux qui n’ont pas de bite ne pourront plus pénétrer d’autres hommes. Et c’est réconfortant. Ah ça oui. Avec l’arrivée du médecin danois, on passe aux capsules de testostérone implantées sous le bras. Merci qui ? Merci Carl Vaernet !

    table 093 USHMM

    Il va opérer une quinzaine d’hommes avec différents dosages, afin de voir les différences. L’intervention dure une vingtaine de minutes, maximum. L’anesthésie se fait à l’éther.

     

    Enfin, lorsqu’il y en a. Les cobayes ont entre 23 et 55 ans.

     

    Ils sont homosexuels, fatigués, décharnés et affamés, mais ils sont malins. Trois semaines après l’intervention, ils doivent rendre des comptes au médecin Carl Vaernet.

     

    Persuadés d’être libérés s’ils ne sont plus homosexuels, les cobayes ne signalent aucun effet négatif et au contraire, ils font croire qu’ils ne pensent plus aux hommes et ont des envies pour des femmes.

     

    Certains affirment avoir eu des érections en pensant à des femmes. Carl Vaernet est fier comme un coq ! Son intervention fonctionne, il a trouvé comment guérir les homosexuels ! Malgré tout, deux des cobayes vont mourir d’infections.

     

    Et évidemment, ça ne fonctionne pas, il ne parvient pas du tout à guérir l’homosexualité.

     

    Bien qu’il soit couvert par ses supérieurs, Carl Vaernet perd de nombreux soutiens. Mais de toute façon, c’est le début de la fin pour lui mais aussi pour l’Allemagne

     

    .

    L’exil en Amérique du Sud

    La capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945 signe l’arrestation de Carl Vaernet. Alors qu’il est parti se planquer chez son frère au Danemark, comme un bon lâche, un matin, quatre jeunes résistants viennent l’arrêter.

     

    Finalement libéré en payant grassement la police danoise, il va réussir à s’enfuir avec une fausse identité vers le Brésil, puis le Paraguay et finalement l’Argentine.

    Toute sa vie, il en sera certain : il n’a rien fait de mal, il a juste souhaité guérir l’homosexualité.

     

     

    Marine GASC

    http://www.racontemoilhistoire.com/2016/05/18/guerir-l-homosexualite/

     

     

     

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  • Les "ARTS" sous l'occupation

     

     

    Claude Pommereau,

    Les arts sous l'occupation, chronique de années noires

     

     

    Véritable éphéméride, cet ouvrage raconte jour après jour la vie, les réalisations des créateurs, pris dans le maelström de la Seconde Guerre mondiale.
    Malgré ce drame collectif, malgré la censure, malgré les restrictions, la qualité de la création française de cette époque est stupéfiante :

     

    Matisse, Braque, Clouzot, Guitry, Claudel, Camus…

     


    Un récit passionnant avec, en filigrane, l’éternelle question de la posture des artistes face à l’occupant.


    Devaient-ils se taire ?

    Ce livre, neutre, essaie d'en finir avec les simplifications et les raccourcis historiques.

    "Il n'y a plus d'histoire quand on ne cherche plus à comprendre, mais seulement à juger ou à stigmatiser."

    (Pierre Laborie, historien)

     

     

    - Jean Debucourt (au conservatoire),

     

     

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    Germaine Lubin

     

     

    (après la guerre, a été violée, a subi des horreurs...)
     

     

    - Alfred Greven.
    - Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne en France.

     

    La "liste Otto" 

     

    169 écrivains (juifs ou "dévoyés"), des centaines de livres interdits.
     

    révélé pendant la guerre.


    - M Carné et J Prévert :

     

    les Visiteurs du soir, Les Enfants du paradis, chef d’œuvre parmi les chef d’œuvre.

     


    - Jean Anouilh :

    Antigone (1944), ni résistant ni collabo, a toujours été complètement neutre
    - Rebatet, Cousteau, Lebreau : critiques cultivés, acerbes (dans 'Je suis partout').
     

     

    - Drieu la Rochelle.
    - Aragon a continué à publier pendant la guerre.

    Fut pourtant un épurateur forcené à la Libération

    - Céline :

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    Les beaux draps. Il a toujours gardé son franc-parler, anarchiste. Invité à l'ambassade d'Allemagne ., il délire imitant et caricaturant Hitler, disant que les All. vont perdre la guerre !!!


    - Cocteau :

    ami de certains Allemands, il faisait cependant un art dégénéré qui pouvait faire peur aux autorités allemandes

     


    Arno Breker (sculpteur allemand),

     

    Abel Bonnard (ministre de l’Éducation nationale de février 1942 au 20/08/1944), Jean Cocteau, Sacha Guitry, Jean Marais.

     


    Cocteau est ami de Max Jacob, qu'il a essayé de sauver, avec Arletty, mais en vain. L'éternel retour.


    'La machine à écrire' lui a bien servi :

    critiquée par Lebeau, lui a donc servi à se défendre par la suite.

     


    - Éluard

     


    - Picasso

     

    en 1940, il s'est installé à Paris et a vendu aux AllEMANDS
     

     

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    Jean PAUL SARTRE

     

    "nous n'avons jamais été aussi libres que sous l'Occupation". Il a donné ses pièces dans d'excellentes conditions.

     

    Il a pris la place d'un professeur Juif à la Sorbonne qui avait été licencié !
     

     

    Des concerts tous les soirs, avec les compositeurs fr et all.

     

     

    - Pierre Blanchard, grand épurateur après guerre,

    alors qu'il a tourné dans des films pendant l'Occupation...

     


    - Qqs sculpteurs partis en Allemagne :

     

     

    de Vlaminck, Despiau, van Dongen, Belmondo, Derain.

     

     

    A la Lib., certains ont eu de gros problèmes :


     Arletty

    amoureuse d'un colonel de l'aviation all. (Cering), ne l'a jamais renié

    ("J'ai été la femme la plus invitée, je suis maintenant la plus évitée.")


    En 1944, on lu a dit que ça aller se passer très très mal pour elle.

     

    Elle a été arrêtée, et elle a fait 6 mois de tôle, dans des conditions épouvantables (à la sortie, on lui a demandé comment elle se sentait, elle a répondu :

    "pas très résistante...")


    "Mon cœur est Français, mais mon cul est international".

    "Tuez-moi, je ne verrai plus vos sales gueules".

    Sa carrière a été brisée, foutue après la guerre...

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    - Sacha Guitry a été arrêté le jour même de la Lib., a fait 6 semaines de prison, procès, non-lieu mais interdiction de travailler pendant 3ans...

     

    Un drame de sa vie, puisqu'il ne s'en est finalement jamais remis.

     

    Il n'a recommencé à travailler qu'en 1947!... Il avait du succès :

     

    "Que voulez-vous, ce n'est pas moi qui ai fait entrer les Allemands  à Paris, je ne vais pas leur interdire l'accès à mon théâtre..."

     


    - Charles Trenet :

    la grande vedette de l'époque, d'avant et d'après la guerre, tous les music-hall se l'arrachaient.

     

    Il était toujours avec une bande d'amis.

    Il était très intelligent.
     

     

    Avec Édith Piaf, il a donné un concert en Allemagne  pour les prisonniers de guerre.

    Mais la 2e fois qu'on a voulu l'emmener en Allemagne

     

    Edith Piaf raconte qu'on a essayé de le trainer vers la gare de l'Est, il est monté dans le train et est sorti par la porte de derrière et s'est sauvé !!!


    A la sortie du film 'La romance de Paris', Pathé (compromis avec les All.), avait organisé une petite fête avec les Allemands (PropagandaStaffel) :

     

    tous les acteurs étaient là, mais Charles Trenet lui s'est porté absent... Grand ami à cette époque de Corinne Luchaire, de Cocteau, de Barillet.


    - Corinne Luchaire :

     

    cervelle d'oiseau, elle n'a rien compris à rien de ce qui se passait.

     

    Après guerre, tuberculeuse, son père fusillé, la maladie l'a emportée, elle est morte 4ans après (1949).

     

    'Pour me rendre à mon bureau' Jean Boyer, 1943 (chantée par Georges Brassens) : décrit la dégradation des conditions de vie du Parisien moyen au fil de la guerre.

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