• l'Antisémitisme dans son apogée !

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    Statut des juifs Loi du 2 juin 1941

    remplaçant la loi du 3 octobre 1940

    dimanche 5 juin 2016.

     

     

    Cette loi pétainiste du 2 juin 1941 durcit celle d’octobre 1940 concernant les critères de judéité, les interdictions professionnelles, les peines encourues...

     

    Elle s’inspire de la législation raciste allemande de Nuremberg (15 septembre 1935) puis de la troisième ordonnance ( 26 avril 1941) tout en les durcissant sur plusieurs points essentiels.

    Cette loi du 2 juin 1941 porte indiscutablement la marque de Xavier Vallat, membre du gouvernement de Vichy comme Commissaire général aux questions juives. Dans la biographie intitulée Xavier Vallat Du nationalisme chrétien à l’antisémitisme d’Etat, Laurent Joly résume ainsi le rôle de celui-ci "Législateur méticuleux, il contribue à doter la France d’une législation antisémite qu’il veut la plus élaborée et la plus sévère d’Europe."

    La modification la plus évidente par rapport au statut des juifs d’octobre 1940, c’est l’extension des métiers interdits aux "juifs" à toutes les professions liées à la banque, à la Bourse, à l’immobilier et marchands de biens "Banquier, changeur, démarcheur ; Intermédiaire dans les bourses de valeurs ou dans les bourses de commerce ; Agent immobilier ou de prêts de capitaux ; Négociant de fonds de commerce, marchand de biens..."

    En définissant la judéité par des critères racialistes et religieux, il englobe parmi les "juifs" réprimés, des personnes dont deux grands parents juifs s’étaient convertis à une autre religion, de même que des libres penseurs.

     

     

    Même l’ordonnance allemande à logique génocidaire d’avril 1941 n’avait pas été aussi loin. Par exemple, deux demi-juifs (un parent non juif) mariés et convertis à une autre religion sont considérés juifs par la loi française du 2 juin 1941 ; tel n’est pas le cas pour l’ordonnance allemande.

     

     

    Dans sa préface à l’ouvrage "Juif ou Français" publié en 1942 explique ainsi l’utilisation complémentaire des critères racialistes et religieux "Nous n’avons pas d’autre moyen de détection à notre disposition".

     

     

    Lors d’un entretien pour la presse le 3 février 1942, Vallat justifie sa loi du 2 juin "La loi française ne fait nullement reposer la définition juridique du juif sur le critère religieux. Elle se contente de l’utiliser ainsi que le font les lois étrangères, comme élément de discrimination lorsque l’élément racial n’est pas déterminant. Un juif, baptisé (dans la religion catholique) et fils de baptisé, n’en est pas moins juridiquement juif si trois de ses grands parents sur quatre étaient juifs. Ce n’est que dans le cas où un individu est issu de deux grands parents juifs et deux grands parents aryens, que le facteur religieux personnel intervient pour faire pencher la balance du côté du judaïsme ou de l’aryanisme..."

    Nous, Maréchal de France, chef de l’État français, Le conseil des ministres entendu,

    Décrétons :

     

     

    Article 1er. – Est regardé comme Juif :

     

     

    1° Celui ou celle, appartenant ou non à une confession quelconque, qui est issu d’au moins trois grands-parents de race juive, ou de deux seulement si son conjoint est lui-même issu de deux grands-parents de race juive.

    Est regardé comme étant de race juive le grand-parent ayant appartenu à la religion juive ;

     

     

    2° Celui ou celle qui appartient à la religion juive, ou y appartenait le 25 juin 1940, et qui est issu de deux grands-parents de race juive.

     

     

    La non-appartenance à la religion juive est établie par la preuve de l’adhésion à l’une des autres confessions reconnues par l’État avant la loi du 9 décembre 1905.

    Le désaveu ou l’annulation de la reconnaissance d’un enfant considéré comme Juif sont sans effet au regard des dispositions qui précèdent.

     

     

    Art. 2. – L’accès et l’exercice des fonctions publiques et mandats énumérés ci-après sont interdits aux Juifs :

     

     

    1. Chef de l’État, membres du Gouvernement, du conseil d’État, du conseil de l’ordre national de la

     

    Légion d’honneur, de la cour de cassation, de la cour des comptes, du corps des mines, du corps des ponts et chaussées, de l’inspection générale des finances, du corps des ingénieurs de l’aéronautique, des cours d’appel, des tribunaux de première instance, des justices de paix, des tribunaux répressifs d’Algérie, de tous jurys, de toutes juridictions d’ordre professionnel et de toutes assemblées issues de l’élection, arbitres.

     

     

    2. Ambassadeurs de France, secrétaires généraux des départements ministériels, directeurs généraux, directeurs des administrations centrales des ministères, agents relevant du département des affaires étrangères, préfets, sous-préfets, secrétaires généraux des préfectures, inspecteurs généraux des services administratifs au ministère de l’intérieur, fonctionnaires de tous grades attachés à tous services de police.

     

     

    3. Résidents généraux, gouverneurs généraux, gouverneurs et secrétaires généraux de colonies, inspecteurs des colonies.

     

     

    4. Membres des corps enseignants.

    5. Officiers et sous-officiers des armées de terre, de mer et de l’air, membres des corps de contrôle de la guerre, de la marine et de l’air, membres des corps et cadres civils des départements de la guerre, de la marine et de l’air, créés par les lois du 25 août 1940, du 15 septembre 1940, du 28 août 1940, du 18 septembre 1940 et du 29 août 1940.

     

     

    6. Administrateurs, directeurs, secrétaires généraux dans les entreprises bénéficiaires de concessions ou de subventions accordées par une collectivité publique, titulaires de postes à la nomination du Gouvernement dans les entreprises d’intérêt général.

     

     

    Art. 3. – Les juifs ne peuvent occuper, dans les administrations publiques ou les entreprises bénéficiaires de concessions ou de subventions accordées par une collectivité publique, des fonctions ou des emplois autres que ceux énumérés à l’article 2, que s’ils remplissent l’une des conditions suivantes :

    a) Être titulaire de la carte du combattant, instituée par l’article 101 de la loi du 19 décembre 1926 ;

    b) Avoir fait l’objet, au cours de la campagne 1939-1040, d’une citation donnant droit au port de la Croix de guerre instituée par le décret du 28 mars 1941 ;

     

     

    c) Être décoré de la Légion d’honneur ou de la médaille pour faits de guerre ;

    d) Être pupille de la nation ou ascendant, veuve ou orphelin de militaire mort pour la France.

    Art. 4. – Les juifs ne peuvent exercer une profession libérale, une profession commerciale, industrielle ou artisanale, ou une profession libre, être titulaires d’une charge d’officier public ou ministériel, ou être investis de fonctions dévolues à des auxiliaires de justice, que dans les limites et les conditions qui seront fixées par décrets en conseil d’État.

     

     

    Art. 5. – Sont interdites aux juifs les professions ci-après :

    Banquier, changeur, démarcheur ;

    Intermédiaire dans les bourses de valeurs ou dans les bourses de commerce ;

    Agent de publicité ;

    Agent immobilier ou de prêts de capitaux ;

    Négociant de fonds de commerce, marchand de biens ;

    Courtier, commissionnaire ;

    Exploitant de forêts ;

    Concessionnaire de jeux ;

    Éditeur, directeur, gérant, administrateur, rédacteur, même au titre de correspondant local, de journaux ou d’écrits périodiques, à l’exception des publications de caractère strictement scientifique ou confessionnel ;

    Exploitant, directeur, administrateur, gérant d’entreprises ayant pour objet la fabrication, l’impression, la distribution ou la présentation de films cinématographiques, metteur en scène, directeur de prises de vues, compositeur de scénarios ;

    Exploitant, directeur, administrateur, gérant de salles de théâtre ou de cinématographie ;

    Entrepreneur de spectacles ;

    Exploitant, directeur, administrateur, gérant de toutes entreprises se rapportant à la radiodiffusion.

    Des règlements d’administration publique fixeront pour chaque catégorie les conditions d’application du présent article.

    Art. 6. – En aucun cas, les juifs ne peuvent faire partie des organismes chargés de représenter les professions visées aux articles 4 et 5 de la présente loi ou d’en assurer la discipline.

    Art. 7. – Les fonctionnaires juifs visés aux articles 2 et 3 sont admis à faire valoir les droits définis ci-après :

    1° Les fonctionnaires soumis au régime de la loi du 14 avril 1924 recevront une pension d’ancienneté avec jouissance immédiate s’ils réunissent le nombre d’années de service exigé pour l’ouverture du droit à cette pension. Si, sans remplir cette condition, ils ont accompli au moins quinze années de services effectifs, ils bénéficieront avec jouissance immédiate d’une pension calculée à raison, soit d’un trentième du minimum de la pension d’ancienneté pour chaque année de services de la catégorie A, soit d’un vingt-cinquième pour chaque année de services de la catégorie B ou de services militaires. Le montant de cette pension ne pourra excéder le minimum de la pension d’ancienneté augmenté, le cas échéant, de la rémunération des bonifications pour services hors d’Europe et des bénéfices de campagne ;

    2° Les fonctionnaires soumis au régime de la caisse nationale des retraites pour la vieillesse obtiendront, s’ils comptent au moins quinze ans de services effectifs, la jouissance immédiate d’une allocation annuelle égale au montant de la rente vieillesse qui leur serait acquise à l’époque de la cessation de leurs fonctions si leurs versements réglementaires avaient été effectués dès l’origine à capital aliéné. Cette allocation cessera de leur être attribuée à compter de la date d’entrée en jouissance de leur rente sur la caisse nationale des retraites ;

    3° Les fonctionnaires des départements, communes ou établissements publics qui possèdent une caisse spéciale de retraites bénéficieront, avec jouissance immédiate, de la pension d’ancienneté ou de la pension proportionnelle fixée par leur règlement de retraites, s’ils remplissent les conditions de durée de services exigées pour l’ouverture du droit à l’une de ces pensions ;

    4° Les agents soumis au régime de la loi sur les assurances sociales et comptant au moins quinze années de services effectifs recevront, de la collectivité ou établissement dont ils dépendent, une allocation annuelle égale à la fraction de la rente vieillesse constituée par le versement de la double contribution durant toute la période où ils sont restés en service. Cette allocation cessera de leur être attribuée à compter de la date d’entrée en jouissance de ladite rente ;

    5° Les fonctionnaires tributaires de la caisse intercoloniale de retraites ou des caisses locales, et comptant au moins quinze années de services effectifs, bénéficieront d’une pension dans les conditions qui seront déterminées par un règlement d’administration publique ;

    6° Les fonctionnaires et agents ne remplissant pas les conditions requises pour pouvoir bénéficier des pensions et allocations ci-dessus recevront leur traitement pendant une durée qui sera fixée par un règlement d’administration publique ;

    7° La situation des ouvriers des établissements militaires et industriels de l’État sera réglée par une loi spéciale. Les fonctionnaires ou agents juifs visés par les articles 2 et 3 de la loi du 3 octobre 1940 sont considérés comme ayant cessé leurs fonctions à la date du 20 décembre 1940. Les fonctionnaires ou agents qui sont atteints par les nouvelles interdictions édictées par la présente loi cesseront leurs fonctions dans le délai de deux mois après la publication de celle-ci.

    L’application des dispositions de la présente loi aux prisonniers de guerre est différée jusqu’à leur retour de captivité. Les fonctionnaires ou agents juifs visés aux articles 2 et 3 et actuellement prisonniers de guerre cesseront d’exercer leurs fonctions deux mois après leur retour de captivité.

    Les dispositions de la présente loi ne seront applicables aux ascendants, conjoint ou descendants d’un prisonnier de guerre que dans un délai de deux mois après la libération de ce prisonnier.

    En ce qui concerne les personnels en service outre-mer, un décret rendu sur la proposition des secrétaires d’État intéressés déterminera les conditions de la cessation de leurs fonctions.

    Art. 8. – Peuvent être relevés des interdictions prévues par la présente loi, les juifs :

    1° Qui ont rendu à l’État français des services exceptionnels ;

    2° Dont la famille est établie en France depuis au moins cinq générations et a rendu à l’Etat français des services exceptionnels.

    Pour les interdictions prévues par l’article 2, la décision est prise par décret individuel pris en conseil d’Etat sur rapport du commissaire général aux questions juives et contresigné par le secrétaire d’État intéressé.

    Pour les autres interdictions, la décision est prise par arrêté du commissaire général aux questions juives.

    Le décret ou l’arrêté doivent être dûment motivés.

    Les dérogations accordées en vertu des dispositions qui précèdent n’ont qu’un caractère personnel et ne créeront aucun droit en faveur des ascendants, descendants, conjoint et collatéraux des bénéficiaires.

    Art. 9. – Sans préjudice du droit pour le préfet de prononcer l’internement dans un camp spécial, même si l’intéressé est Français, est puni :

    1° D’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 500 F à 10000 F, ou de l’une de ces deux peines seulement, tout juif qui s’est livré ou a tenté de se livrer à une activité qui lui est interdite par application des articles 4, 5 et 6 de la présente loi :

    2° D’un emprisonnement de un an à cinq ans et d’une amende de 1 000 F à 20 000 F, ou de l’une de ces deux peines seulement, tout juif qui se sera soustrait ou aura tenté de se soustraire aux interdictions édictées par la présente loi, au moyen de déclarations mensongères ou de manoeuvres frauduleuses.

    Le tribunal peut, en outre, ordonner la fermeture de l’établissement.

    Art. 10. – Les fonctionnaires ayant cessé leurs fonctions par application de la loi du 3 octobre 1940 et qui peuvent se prévaloir des dispositions de la présente loi, sont admis à solliciter leur réintégration dans des conditions qui seront fixées par décret en conseil d’État.

    Art. 11. – La présente loi est applicable à l’Algérie, aux colonies, pays de protectorat, en Syrie et au Liban.

    Art. 12. – La loi du 3 octobre 1940, modifiée par les lois du 3 avril et du 11 avril 1941, est abrogée ; les règlements et les décrets pris pour son application sont maintenus en vigueur jusqu’à ce qu’ils soient modifiés s’il y a lieu par des règlements et des décrets nouveaux.

    Art. 13. – Le présent décret sera publié au Journal officiel et exécuté comme loi de l’État.

     

     

    Fait à Vichy, le 2 juin 1941.

    Ph. PETAIN.

     

    Par le Maréchal de France, chef de l’État français :

    L’amiral de la flotte, vice-président du conseil, ministre secrétaire d’État aux affaires étrangères, à l’intérieur et à la marine, Amiral DARLAN.

    Le garde des sceaux, ministre secrétaire d’État à la justice, Joseph BARTHELEMY.

    Le ministre secrétaire d’État à l’économie nationale et aux finances, Yves Bouthillier.

    Le général d’armée, ministre secrétaire d’État à la guerre, Général HUNZIGER.

    Le ministre secrétaire d’État à l’agriculture, Pierre CAZIOT

     

     

    Sources

    http://www.gauchemip.org/spip.php?article6161

     

     

     

     

     

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    A la fin du mois de septembre, la famille Quandt, richissime propriétaire de BMW, a publié les travaux d'un historien indépendant, Joachim Scholtyseck, qui écornait sérieusement l'image du fondateur de cet empire industriel.

    Günther Quandt, affirmait-il, a exploité, parfois jusqu'à la mort, plus de 50 000 travailleurs forcés pour fabriquer des armes destinées au régime nazi.

    La volonté des entreprises de mener une politique de transparence sur les années sombres de l'Occupation ne va pas de soi.

     

    Cet exemple sera-t-il suivi ?

     

    Une autre marque allemande, de prêt-à-porter, Hugo Boss, a fait appel à un historien qui vient de préciser le rôle de Hugo Ferdinand Boss considéré

    comme "le couturier préféré d'Hitler", selon la rumeur.

     

    L'étude confirme qu'il a adhéré à la politique des nazis, sans être pour autant l'unique fournisseur d'uniformes du régime. L'entreprise a exprimé sur son site ses "profonds regrets" envers ceux qui ont souffert dans l'usine dirigée par Hugo Ferdinand Boss, sous le régime nazi.

    En France, cette démarche n'est pas courante.

     

    L'entreprise face à son histoire pendant l'Occupation a longtemps été un sujet tabou.

     

    D'autant que personne, pas même l'Etat, ne peut obliger les sociétés privées à rendre accessibles leurs archives.

     

    Seuls quelques documents, comme les procès-verbaux des conseils d'administration ou les statuts des entreprises doivent être conservés.

     

    Les dossiers de carrière des salariés, par exemple, sont détruits quatre-vingt-dix ans après la naissance des intéressés.

     

    Le passé trouble de Coco Chanel dans les années 1940 vient de resurgir avec la publication, fin août, d'une nouvelle biographie de la créatrice, signée par le journaliste américain Hal Vaughan,Sleeping With the Ennemy

     

    ("Au lit avec l'ennemi", Editions Alfred Knopf, 280 pages, 27,95 dollars, non traduit).

     

    La direction de Chanel esquive la difficulté en assurant que "la maison de couture a fermé en septembre 1939.

    Il n'existe donc pas d'archives sur cette période". L'entreprise a repris son activité après la guerre.

     

    Le magazine Géo Histoire (Prisma) s'est, lui, autocensuré en renonçant à publier, dans son numéro de septembre-octobre, un article sur le passé collaborationniste de certains dirigeants de Louis Vuitton.

     

     

    Par crainte de représailles d'un très gros annonceur publicitaire ?

     

    Pourtant, par le passé, une journaliste, Stéphanie Bonvicini, avait eu accès aux archives de la maison.

     

    Son ouvrage, Louis Vuitton, une saga française (Fayard, 2004), révélait que la maison de luxe avait été la seule à pouvoir rester dans l'Hôtel du parc, à Vichy, siège du gouvernement de Philippe Pétain en 1940.

     

    L'auteure affirmait qu'Henry Vuitton, décoré par les nazis en remerciement de sa loyauté, avait fondé, avec son frère Gaston, le dirigeant du groupe, une usine pour fabriquer des bustes du maréchal.

     

     

    La direction de Vuitton (LVMH) assure que ses archives sont ouvertes - sans occulter aucune période - aux travaux des historiens et des chercheurs. Un porte-parole précise qu'une partie de la famille Vuitton, oubliée dans cet ouvrage, était du côté de la Résistance.

     

    Comme Jean Ogliastro, un gendre de Gaston Vuitton, qui a combattu sous le nom de Servien dans le réseau de Jean Cavaillès, avant d'être déporté à Buchenwald, puis à Bergen Belsen, jusqu'à la libération du camp.

    Les historiens se sont battus pour forcer la porte des sociétés.

     

    Patrick Fridenson, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), souligne que les premiers travaux sur l'histoire des entreprises, à la fin des années 1960, ont été réalisés avec des archives allemandes, anglaises et américaines.

     

    L'historien britannique Alan Milward, auteur de The New Order and the French Economy ("Le nouvel ordre et l'économie française", Oxford University Press, 1970, non traduit), a publié sur ces questions bien avant les Français.

     

    "Les entreprises hexagonales n'avaient aucune envie qu'on parle de l'Occupation, même si elles s'étaient bien conduites, et l'Etat français fermait à qui mieux mieux ses archives", explique Patrick Fridenson.

     

    En 1966, la direction de Renault lui refusait d'enquêter au-delà d'avril 1936.

     

    "Le Front populaire, les grèves et les occupations d'usines étaient considérés comme une période trop sensible", se souvient-il.

     

    C'est parce que Pierre Dreyfus, PDG de Renault en 1972, a voulu lever le voile sur le rôle de l'entreprise pendant la seconde guerre mondiale qu'il a pu consulter tout le fonds d'archives, enrichi quatre ans plus tard par les documents familiaux, légués par la veuve de Louis Renault.

     

    Mais c'est finalement dans des archives allemandes stockées à Moscou, qu'il a retrouvé les minutes des entrevues entre Louis Renault et Adolf Hitler.

     

    "Aujourd'hui, nous disposons de trois fois plus d'archives qu'en 1972 mais plus le temps passe, moins il existe de témoins du passé", déplore-t-il.

     

    Le rôle des associations juives a été fondamental, tout comme la volonté de l'Etat de faciliter, en 2002, l'accès aux archives publiques sur la seconde guerre mondiale.

     

    Un groupe de recherche (GDR) du CNRS sur les entreprises sous l'Occupation, le seul du genre, a permis, de 2002 à 2009, la publication de quatorze ouvrages.

     

    Une façon de rattraper le retard important pris par rapport aux Allemands et aux Suisses. Et de dénicher quelques histoires.

     

    Pierre-Antoine Dessaux, doctorant en histoire, a découvert que le patron du fabricant de pâtes alimentaires Panzani se jouait du fisc sous l'Occupation en établissant trois comptabilités différentes : une, fort décevante, à destination des Allemands ; une autre, tout aussi navrante, à l'attention des banques ; et une troisième, fort enviable, destinée aux actionnaires familiaux...

    Hervé Joly, chargé de recherche au CNRS qui a piloté ce groupe de recherche, s'est parfois heurté au désintérêt des entreprises pour leur histoire. Un constat plus flagrant encore si, au fil du temps, elles ont été rachetées, ont fusionné ou ont changé de nom.

     

     

     

     

    La conservation de ces masses de documents coûte cher. Les archives sont parfois externalisées, stockées dans des zones industrielles, sans accès à la consultation.

     

    A chaque déménagement, des tonnes de documents sont vouées à la benne. Personne, dans les entreprises, n'était chargé de ces questions.

     

    Dominique Barjot, professeur d'histoire économique à La Sorbonne (Paris-IV), note un obstacle récent, "l'hyper-développement des services de communication, qui cherchent à façonner l'image des entreprises et n'admettent pas que des historiens fassent leur travail".

     

    L'accès aux informations est souvent plus simple au sein des entreprises qui ont rompu avec les familles fondatrices ou sont devenues publiques, comme Saint-Gobain ou Pechiney.

     

    A chaque entreprise, son histoire et sa façon d'y faire face.

     

    Chez Rhodia, une équipe de salariés motivés a pris l'initiative de classer les archives historiques.

     

    Chez Peugeot, la direction a mené un travail exemplaire de transparence.

     

    Aujourd'hui, les Archives de France, département du ministère de la culture, ne recensent toutefois que 28 fonds historiques d'entreprises (dont Air France, Allianz, ArcelorMittal, la Banque de France, BNP Paribas, EDF, France Télécom, Lafarge, La Poste, la RATP, Saint-Gobain, Sanofi-Aventis, la Société générale, la SNCF ou Total).

     

    Selon Dominique Barjot, "les entreprises ont du mal à ouvrir leurs archives quand elles étaient divisées sous l'Occupation".

     

    Dans le secteur du bâtiment, il a eu, pour ces raisons, "carte blanche de Vinci" mais plus de mal avec une filiale de Spie, Drouard .

     

    Le comportement des individus - et leurs affaires avec les occupants - choque toujours aujourd'hui, alors que "la collaboration de la part des entreprises est mieux admise qu'il y a vingt ans. Au prétexte qu'elles étaient forcées d'obtempérer", dit-il.

     

    Dans les groupes de chimie, aluminium, caoutchouc ou de charbonnages, les contrats de livraison aux Allemands ont pu être retrouvés dans les archives publiques, témoigne Michel Margairaz, professeur à Paris-VIII-Vincennes. Il a aussi travaillé sur plus de 120 entreprises spoliées pendant la guerre grâce aux archives du Commissariat aux questions juives.

    Le cas de L'Oréal est instructif.

     

    Les écrits antisémites d'une rare violence, signés par Eugène Schueller, son fondateur, sont connus de longue date, comme son soutien à la Cagoule, l'organisation d'extrême droite d'Eugène Deloncle.

     

    Seul l'historien Jacques Marseille a décortiqué les archives du géant des cosmétiques, pour son ouvrage sur le centenaire du groupe, paru en 2009 (L'Oréal 1909-2009, Perrin).

     

    Mais les archives des banques, celles de l'ancien département de la Seine ou de la Bibliothèque nationale de France (BNF) l'ont davantage éclairé sur ces sujets sensibles, que celles de L'Oréal.

     

    Le passé est parfois long à resurgir.

     

    Il a fallu attendre 1992 pour qu'un colloque sur la SNCF mette à mal l'image de grande résistante forgée par l'entreprise publique.

     

    Depuis, elle a été accusée d'avoir convoyé, dans 74 trains, 76 000 juifs, français ou étrangers vers des camps d'extermination.

     

    Fin 2010, un accord de partenariat a été signé avec le Mémorial de la Shoah pour développer des recherches historiques.

     

    Candidate à l'exploitation de futures lignes TVG en Californie et en Floride, la SNCF avait été mise en cause par les élus de ces Etats américains pour n'avoir jamais présenté ses excuses ni payé de réparations aux déportés et à leurs familles.

     

     

    Contrairement aux sociétés d'assurance, les banques ont ouvert leurs archives sous l'impulsion de Jean Mattéoli, gaulliste de gauche et ancien déporté qui avait engagé, en 2000, un travail de fond sur leur rôle pendant l'Occupation.

     

    Roger Nougaret, archiviste de formation passé du

    Crédit agricole à BNP Paribas, assure que

    "l'Occupation est une période assez bien connue dans les banques".

     

    Depuis 1951, des historiens étudient les spoliations des biens des juifs par les 106 établissements bancaires recensés en France pendant la guerre.

    Pourtant, les portes entrebâillées sont promptes à se refermer. Certaines entreprises affirment redouter des tentatives d'espionnage industriel et hésitent à ouvrir leurs archives à des étudiants étrangers, notamment chinois, souligne Dominique Barjot.

     

    L'exemple suisse est encore plus éloquent : une commission indépendante d'experts (CIE) a eu carte blanche - et obtenu la levée du secret bancaire - pour étudier, entre 1996 et 2001, les relations entre les entreprises suisses et l'économie allemande pendant la guerre.

     

    Pendant cet âge d'or, 25 études ont pu être réalisées.

     

    Mais la CIE a été dissoute fin 2001 et cette initiative n'est plus qu'un souvenir dans un pays toujours jaloux de ses secrets.

     

    Nicole Vulser


    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/11/07/les-entreprises-face-aux-secrets-du-passe_1599955_3234.html#xok0eHLbzYEdPbAY.99

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    «Personne n'osait écorner l'image de Coco Chanel»

     

    article écrit par  Audrey Pelé

     

    INTERVIEW

     

    S'appuyant sur certains documents d'archives inexploités, le journaliste américain Hal Vaughan revient dans une nouvelle biographie de la célèbre créatrice sur ses relations avec les Nazis.

    LE FIGARO. - 57 biographies ont déjà été écrites sur Coco Chanel. Quels sont les éléments nouveaux qu'apporte votre ouvrage* ?

    Hal VAUGHAN - Mon livre est le seul qui relate la première mission de Coco Chanel pour l'Abwehr, les services de renseignements de l'état-major allemand, peu après son recrutement en 1940. À l'époque, la créatrice connaissait beaucoup de personnes influentes notamment son amant, le Duc de Westminster ou encore Winston Churchill. Les services allemands ont alors voulu l'utiliser comme intermédiaire pour profiter de ses réseaux. En 1941 elle a été envoyée à Madrid, en Espagne, un pays qu'elle connaissait bien et dans lequel elle avait l'habitude de se rendre. Son objectif était d'introduire Louis de Vaufreland, un ancien agent de la Gestapo, dans les milieux diplomatiques et la haute société. Par ce biais, cet homme pouvait faire du renseignement et recruter de nouveaux agents pour les Allemands. En échange, Coco Chanel a demandé aux Allemands de libérer l'un de ses neveux, André Palace, qui avait été emprisonné dans un camp de concentration allemand.

    Mon ouvrage relate également d'autres épisodes de la vie de la créatrice qui sont déjà connus. Mais j'y apporte des détails très précis, étayés par de nombreux documents. J'explique notamment comment Coco Chanel a tenté de récupérer sa société de parfum, cédée à des industriels juifs avant la guerre, et comment elle a échoué. De même, je retrace pas à pas sa mission menée pour le compte des SS à Madrid en 1944. Elle avait essayé, sans succès, de négocier une paix séparée entre l'Allemagne nazie et la Grande-Bretagne après la conférence de Casablanca.

    Quelles sources avez-vous utilisées pour écrire cette biographie ?

    J'ai tout simplement utilisé les archives publiques disponibles en France, en Angleterre, en Allemagne et aux États-Unis. En réalité elles sont disponibles depuis les années 90 mais aucun autre biographe ne les avait utilisées. Certains ont écrit leur livre avant que ces documents ne soient exploitables, d'autres n'ont volontairement pas voulu s'en servir. En fait, personne n'a jamais voulu écorner l'image de Coco Chanel car c'est une icône. J'ai également utilisé quelques archives secrètes que je me suis procuré pour la rédaction de mon livre mais je ne souhaite pas en parler.

    Pourquoi qualifiez-vous Coco Chanel d'«antisémite» dans votre livre ?

    J'affirme que la couturière était farouchement antisémite car des archives l'attestent sous forme de citations de Coco Chanel que l'on retrouve à l'index de mon livre. Il faut notamment rappeler qu'elle a voulu se réapproprier sa société de parfum en tentant de spolier les propriétaires qui étaient de confession juive. Mardi, la maison Chanel a réagi en prétendant que leur égérie n'était pas antisémite. Leur réaction ne m'étonne pas car ils veulent cultiver une image positive de la créatrice. J'aborde d'ailleurs aussi dans mon livre la vie d'exception de Coco Chanel qui a changé la vie des femmes à travers ses créations.

    *«Sleeping with the enemy, Coco Chanel's secret war», édition Knopf, août 2011.

     

     

    SOURCES 

    http://www.lefigaro.fr/international/2011/08/17/01003-20110817ARTFIG00351-personne-n-osait-ecorner-l-image-de-coco-chanel.php

     

     

     

     

     

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  • Le Triple paradoxe français.

                 1920-1944 

                         Philosémites, marxistes et pacifistes devenus

                                  antisémites, pronazis et guerriers.

     

    Pendant l’occupation allemande, Marcel Déat et Jacques Doriot ont les inspirateurs et les chefs des deux importants partis néonazis français.

    Le premier à la tête du Rassemblement National Populaire (RNP) et le second du Parti Populaire Français (PPF).

    Durant l’entre-deux-guerres, les deux hommes furent cependant les soutiens déclarés de la Ligue Internationale contre l’Antisémitisme (LICA), une grande organisation philosémite. Déat déclare en avril 1936 au Droit de vivre, la revue de la LICA :

     

    « Je suis contre l’antisémitisme et le racisme ».

     

    Il est pro-sioniste, membre du Comité France-Palestine, ainsi que du Comité de défense du droit des Israélites en Europe centrale et orientale et du Comité de vigilance des intellectuels antiracistes.

     

    Au moment des élections de 1932, dans un rapport de son Comité central, la LICA décerne à Doriot « un brevet de civisme et un témoignage de solidarité à notre organisation ».[2]

    Rupture complète pendant l’occupation.

     

    La presse du RNP publie des articles violemment antijuifs pendant l’été et l’automne 1942. Les dirigeants exigent que les Juifs soient rejetés de la nation.

     

     En août 1942, Déat tient un discours raciste sur le « sol », le « sang » et la « race », parlant « d’un élevage rationnel et sélectionné des petits Français », il évoque au passage les « stérilisations ».[4]

     

     

    Doriot est plus brutal. Dès juin 1941, il déclare sans ambages : « Moi je veux que notre race redevienne la race française pure. Par conséquent j’interdis aux Juifs de se marier avec une Française ».

     

     Au congrès de 1942, Doriot réclame l’adoption et l’application d’un programme raciste qui met les Juifs français au ban de la nation, en attendant une solution « européenne » sur leur sort.[6] Doriot franchit une étape supplémentaire, passant des paroles aux actes, quand 300 à 400 militants du PPF en uniforme participent à la rafle du Vel d’Hiv le16 juillet 1942.[7]

    Avant la guerre, l’antiracisme se conjugue avec le pacifisme.

     

    « Contre l’antisémitisme pour la paix »,

    « Pacifistes de tous les pays unissez-vous »,

    tels sont les titres de Droit de vivre, le journal de la LICA

     

     « Le pacifisme a eu une importance proportionnée à la force de la détestation que la plupart des gens conservaient de l’expérience de la Première Guerre mondiale.

     

    Elle avait laissé un sentiment d’horreur absolu : ayant pris conscience de l’atrocité et de l’absurdité de la guerre, ils s’étaient juré de tout faire pour en prévenir le retour », écrit l’historien René Reymond.

     

    Cette analyse s’applique parfaitement à Doriot et à Déat. « Doriot fut le héros et le leader des grandes campagnes antimilitaristes lancées par le parti communiste au cours de la décennie 1920 ». « Déat, pacifiste depuis toujours. Figure de proue du pacifisme français de la fin des années 1930 »,

     

    écrit l’historien Simon Epstein.

    EPSTEIN Simon,

    Un paradoxe français.

    Antiracistes dans la collaboration et antisémites

    dans la résistance

    Albin Michel, Paris, 2008, p. 196

     

     

    Tous les deux sont en 1938 « munichois ».

    C’est le fameux cri de Déat en 1939 :

     

    « Mourir pour Dantzig, non ! »


    Alors comment comprendre que, quelques années plus tard, ces pacifistes soient prêts à « mourir pour le Reich ! » Car c’est bien leur nouvel engagement.

     

    Lorsqu’il reçoit un titre dans les SS, Déat prête serment d’allégeance à Hitler : 

     

    « Je jure de t’obéir, à toi et aux chefs que tu m’auras désignés, jusqu’à la mort ». Une fois encore Doriot passe aux actes. En juin 1941, lors de l’invasion de l’URSS, il est un des fondateurs de la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme (LVF). Ils sont 6 000 dont une bonne moitié membres du PPF à rejoindre avec Doriot lui-même les troupes allemandes qui combattent les Russes.[12] Le pacifiste est devenu guerrier. Plus prudent Déat s’est contenté le 27 août 1941 de participer à Versailles à la cérémonie de départ des premiers combattants de la LVF.[13]

    Troisième paradoxe, Déat et Doriot sont à l’origine des dirigeants marxistes militants. Or les pires ennemis des nazis, avant même les Juifs, ce sont les marxistes. Dans les années 1920 et début 1930, des batailles rangées dans les rues allemandes font des milliers de morts et des dizaines de milliers de blessés. Dès l’accession de Hitler au pouvoir, qu’ils soient communistes ou sociaux-démocrates, les SA les ont éliminés. Ils ont fui à l’étranger ou ont été emprisonnés par milliers dans des centaines de camps sauvages où les SA les ont martyrisés.[14]

    En 1924, Doriot dirige les Jeunesses communistes, il est membre du Comité central du parti, député de la Seine, et en 1931 maire communiste de Saint-Denis.[15] Peut-on imaginer un marxiste plus engagé, plus convaincu ?

    Déat est élu trois fois, en 1926, en 1932 et en 1939, député du parti socialiste SFIO. Il est brièvement ministre de l’Air du Front populaire en 1936. A l’époque la SFIO est un parti marxiste qui adhère à la Quatrième internationale dont la doctrine est « la destruction du système capitaliste comme régime de propriété et comme système d’oppression ».[16]

    Précurseurs de la lutte contre le fascisme, Doriot et Déat sont devenus des suppôts de l’Europe nouvelle sous la botte du troisième Reich.[17] On dépasse ici collaboration, complicité ou connivence. Les deux hommes se sont intégrés au système nazi. Doriot résume sans équivoque son programme dans le Cri du peuple du 6 novembre 1942 : « Nous voulons faire de la France un pays totalitaire (…) national, socialiste, impérialiste, européen, autoritaire ».[18] L’organe de presse officiel du PPF a atteint les 100 000 exemplaires, c’est dire l’importance de sa diffusion.[19]

    Il y a plus grave encore. Derrière eux Doriot et Déat ont entraîné des dizaines de milliers de militants. Ensemble le PPF et le RNP dépassent les 60 000 militants.[20] La grande majorité sont issus de la gauche d’avant guerre. En 1941, la Commission permanente du RNP de 14 membres, outre Déat, comprend 11 socialistes et 2 communistes. La même année, le directoire du PPF compte 5 communistes sur ses 11 membres.[21] L’historien René Reymond se demande « par quel étrange retournement ces précurseurs de la résistance au fascisme ont pu se muer en parangons de l’Europe nouvelle sous l’égide du troisième Reich ? »[22]

    Jean-Paul Sartre donne une explication : « Si le pacifisme français a fourni tant de recrues à la collaboration, c’est que les pacifistes, incapables d’enrayer la guerre, avaient tout à coup décidé de voir dans l’armée allemande la force qui réaliserait la paix (…).Ils ont vu la victoire nazie apporter au monde une paix allemande comparable à la fameuse paix romaine (…) ainsi est né un des paradoxes les plus curieux de ce temps : l’alliance des pacifistes les plus ardents avec les soldats d’une société guerrière ».[23]

    Que le pacifisme de Déat et de Doriot les ait entraînés à accepter la paix, la domination allemande, quoi de plus normal pour des hommes qui étaient prêts à accepter la paix quel que soit son prix. « Plutôt la servitude que la guerre ».[24] Mais ils ont franchi la ligne rouge en soutenant activement les guerriers allemands et en s’inféodant au régime nazi. En pacifistes convaincus, ils devaient suivre la voie prise par l’autre grand mouvement pacifiste, le Mouvement international de la réconciliation (MIR).

    André Trocmé, le pasteur emblématique du Chambon-sur-Lignon était l’exemple à suivre. Membre du MIR depuis les années 1920, il en deviendra le président après la guerre. Pacifiste, objecteur de conscience, il prône la non-violence. Son engagement dès 1934 : « trouver un moyen de résister au nazisme sans tuer des hommes ».[25]

    Il sauvera des centaines de Juifs et refusera toute collaboration avec les autorités de Vichy et l’occupant. Il appelle ses fidèles à « opposer les armes de l’Esprit à la violence exercée sur leur conscience. »[26] Il réprouve la résistance armée qui s’installe aux portes du Chambon.

    Déat, Doriot et leurs dizaines de milliers de militants ont préféré suivre la voie de la trahison de la cause du pacifisme, ils ont renié leurs convictions marxistes et antiracistes. Ils ont « vendu leurs âmes au Führer ». Des « hommes de gauche authentiques, parmi les plus sincères et les plus engagés de l’avant-guerre, ont rejoint les partisans d’une collaboration directe avec l’Allemagne nazie ».[27]

     

    Par Marc-André Chargueraud.

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  • Journaux collabos

    ... Où l'on retrouve des noms connus

     

     

    Ceci n'est pas une liste exhaustive de tous les journaux collabos. Il y en eut des centaines, un peu partout.
                   C'est un mémo pour situer les personnages dont les accointances journalistiques sont évoquées dans les études Bête immonde et Roparz.

     


    Journal L'Oeuvre            

     

    Bien sûr, ces journaux ne sont pas homogènes, et leurs collaborateurs sont plus ou moins vichystes, plus ou moins neutralistes, plus ou moins pro-nazis.

    Certains d'entre eux ne rédigent que des articles culturels, sportifs ou de faits divers.

     

    Journal Je suis Partout
     
              Mais je rappelle la règle du jeu qui nous a été imposée. Tout intervenant bretonnant dans un journal collaborationniste est forcément un nazi.

     

    Nos républicains épurateurs font pression sur les élus lorsqu'une rue, une école ou un parc est baptisé du nom de ces personnes, quelles qu'aient été leurs contributions au patrimoine humain avant ou après la guerre.


                  Donc condamnation sans appel pour Roparz Hemon, pour Morvan Lebesque (qui fut après-guerre collaborateur du  Canard Enchaîné et sentinelle de la démocratie), et pour bien d'autres.
     
     

    La Gerbe

     

    Cette règle nous est imposée par ceux qui considèrent que la Bretagne, c'est la France.
    Eh bien soit. Le jeu de massacre ne connaîtra pas de frontière bretonne. La machine qu'ils ont lancé continuera sa route.

     

    Nous nous contenterons de l'affranchir de toute censure.
    L'ironie de l'histoire serait que leur propre machine les écrase.

     

    Nous habiterons tous, alors, place de la mairie ou rue des primevères.

    Titre Position idéologique Collaborateurs
    L'Appel Hebdomadaire de la "Ligue Française  d'épuration, d'entraide sociale et de collaboration européenne" de Pierre Costantini. Pierre Costantini, Robert Julien-Courtine, Paul Riche.
    Aujourd'hui Journal non conformiste, fondé par Henri Jeanson, remplaçant le Canard Enchainé avec l'accord des Allemands. Le 22 juin 1940, Jeanson est remplacé par Georges Suarez, ouvertement collaborationniste. Georges Suarez ; Robert Desnos ; Félicien Challaye ; Achille Dauphin-Meunier ; Jean Anouilh ; Marcel Aymé ; Léon-Paul Fargue ; André Juin ; Henri Poulaille.
    L'Effort "Organe socialiste de reconstruction nationale". Revue des collaborateurs issus de la SFIO, dirigée par Charles Spinasse et Paul Rives. Devient franchement pro-allemand à partir de 1942. Compère-Morel ; François Desphelippon ; Eugène Gaillard ;  Pierre Hamp ; Louis L'Hévéder ; Julien Peschadour ; Paul Rives ; Charles Spinasse ; Angelo Tasca ; Marcelle Capy ; Luc Durtain.
    Le Mot d'ordre Revue vichyste créée par L.O. Frossard, député socialiste, ex-fondateur du Parti Communiste. L.O. Frossard ; René Gounin
    La France au travail Quotidien pro-nazi et socialiste, créé sur demande d'Otto Abetz par l'avocat Picard et Juliette Gouflet, et calqué sur l'ancienne presse communiste de façon à en capter les lecteurs. Interdit en 1944. René Chateau ; Charles Dieudonné ; Gaston Guiraud ; Pierre Vigne ; Jacques Duboin ; Henri Coston.
    L'Oeuvre Quotidien du RNP de Marcel Déat (130 000 exemplaires par jour entre septembre 1940 et août 1944) Marcel Déat ; René Château ; René Gérin ; Georges de la Fouchardière ; Georges Lefranc ; Francis Million ; Barthélémy Montagnon ; Jean-Michel Renaitour ; Alexandre Zévaès ; Ludovic Zoretti ; Francis Delaisi ; René Gérin ; Henri Béraud.
    L'Illustration Grand journal d'avant-guerre. Reparaît en août 1940 avec l'accord d'Otto Abetz. Pro-nazi. Epuré en  1944. Jacques de Lesdain
    Le Cri du peuple Journal du PPF, pro-nazi, de Jacques Doriot. Albert Clément ; Marcel Gitton ; Henri Jacob ; Oscar Mérieux ; Henri Renaud ; Jules Teulade ; René Dubosc (caricaturiste) ; Victor Barthélémy ; Fernand Soupé
    L'Atelier Hebdomadaire syndicaliste et collaborateur en zone nord, dirigé par René Mesnard. Félicien Challaye ; Armand Charpentier ; Francis Delaisi ; Jean Desnots ; Georges Dumoulin ; Gaston Guiraud ; Fernand Hamard ; Gabriel Lafaye ; Lucien Laura ; Louis Louis ; Louis Loréal ; Gabriel Lorriot ; René Mesnard ; Roger Paul ; Georges Reverdy ; Marcel Roy; Aimé Rey ; Pierre Vigne ; Ludovic Zoretti; Marcel Déat ; Georges Albertini ; Léon Duvernet.
    La France Socialiste Quotidien socialiste, qui remplace La France au Travail, et dont la direction est prise à partir de 1941 par René Chateau. René Chateau ; Pierre Hamp ; André Delmas ; Fernand Hamard ; Claude Jamet ; Gabriel Lafaye ; Hubert Lagardelle ; Lucien Laura ; Camille Frey ; Charles Delval ; Charles Dhooghe ; Camille Planche ; Louis Louis ; Paul Perrin ; Paul Rives.
    Les Nouveaux Temps Journal pro-allemand de gauche créé par Jean Luchaire, ami d'Otto Abetz, Président du groupement corporatif de la presse française. 56 000 exemplaires en août 41. Pierre Mac Orlan ; Marcel Aymé ; Jacques Audiberti ; Abel Hermant ; Jean Luchaire ; Barthélémy Montagnon ; Jean-Michel Renaitour ; Emile Roche ; Guy Crouzet ; Guy Zucarelli ; René de Marmande ; Luc Durtain ; Alfred Mallet ; Louis Thomas.
    Germinal Journal pro-allemand de gauche, créé par Claude Jamet, ancien secrétaire départemental (Vienne) de la SFIO, en 1944. Marcelle Capy ; Félicien Challaye ; Armand Charpentier ; Francis Delaisi ; Léon Emery ; Claude Jamet ; Robert Jospin ; Louis Loréal ; Paul Rives ; Jean Ajalbert ; Charles Pivert ; Henri Poulaille.
    Le Rouge et le Bleu "Revue de la pensée socialiste française", créé en 1941. S'arrête en août 1942 René Chateau ; Maurice Saillet; Nicole Vedrès ; Moisan (caricaturiste) ; Pierre Hamp ; Georges Lefranc ; Anatole de Monzie ; Paul Rives ; Charles Spinasse ; Georges Albertini ; Auguste Savoie ; Hubert Lagardelle ; Justin Arnol ; Jean Garchery .
    La Gerbe Journal fondé en 1940 par Alphonse de Chateaubriand. Collaborationniste, admirateur des idéologies fascistes et nazies. Disparaît en août 1944. Alphonse de Châteaubriant ; Paul Morand ; Marcel Aymé ; Jean Giono ; Saint-Loup ; Charles-Albert ; Camille Fegy ; Ramon Fernandez ; André Castelot ; Jean Cocteau; L-F Céline ; Pierre de Pressac ; Henri Poulaille.
    Le Petit Parisien Journal très populaire sous la Troisième République. Pendant la guerre, il devient un journal de propagande du gouvernement militaire allemand. Supprimé en 1944. Claude Jeantet ; André Algarron ; Jules Rivet ; Colette
    Le Matin Journal radical et laïque, fondé en 1882. Il est dirigé à partir de 1901 par Maurice Bunau-Varilla, germanophile de longue date, et ouvertement pro-nazi pendant la guerre. Supprimé en 1944, à la mort de Bunau-Varilla. Maurice Bunau-Varilla ; Paul Allard ; Stéphane Lauzanne.
    Je Suis Partout Journal parisien créé par Arthème Fayard en 1930. Au cours des années 30, il devient antisémite et admirateur du fascisme italien. Pendant la guerre, il est collaborationniste et confirme son antisémitisme et son attrait pour la fascisme. Il paraît jusqu'en août 1944. Pierre Gaxotte ; Robert Brasillach, Lucien Rebatet ; Pierre-Antoine Cousteau, Claude Jeantet,  Maurice Bardèche, Alain Laubreaux, Claude Roy ; Michel Zamacoïs; Pierre Halévy ; Pierre Drieu La Rochelle ;  Ralph Soupault (dessinateur) ; Jean Anouilh ; Marcel Aymé ; Louis-Ferdinand Céline ; Georges Blond ; Jean de La Varende ; René Barjavel.
    Candide

     

     

    Journal fondé par Auguste Blanqui en 1865. Le nom est repris en 1924 par Arthème Fayard. 340 000 exemplaires en 1939. Pendant la guerre, le journal quitte Paris et passe dans la zone sud où il soutient la politique de Vichy. Interdit en 1944

    Pierre Gaxotte ; Lucien Rebatet ; Robert Brasillach ; Georges Blond ;Sennep (caricaturiste) ; Irène Némirovsky ; Albert Thibaudet
    Gringoire

     

    Journal Gringoire

    Hebdomadaire satirique parisien fondé en 1924. Déplacé à Vichy après l'invasion allemande, le journal est pétainiste bon teint.

    Pierre Drieu La Rochelle ; Francis Carco ;  Roger Roy (dessinateur) ; Philippe Henriot ; Roland Dorgelès.

     

    Journal Germinal Journal La France au Travail
    Journal La France Socialiste Journal L'Atelier
    Journal L'Oeuvre Journal Gringoire
    Journal Je suis Partout La Gerbe


    L'étude ci-dessus pioche dans des documents nombreux et variés.

    Toutefois, elle ne retient que des noms qui sont cités au moins une fois dans les ouvrages de référence suivants :
        La collaboration... à gauche aussi, Rémi Handourtzel et Cyril Buffet. Ed Perrin, Paris 1989
        Fascisme français.  Pierre Milza, Ed Flammarion , Paris 1987
        La grande histoire des Français sous l'occupation, Raymond Amouroux,

    Ed Laffont, 1998
        Histoire de la collaboration, Dominique Venner. Ed Pygmalion, 2000
        Un paradoxe français, Simon Epstein, Ed Albin Michel, 2008

     

     

    SOURCES  http://www.contreculture.org/AT_Presse_Collabo.html

     

     

     

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